Témoignages sur les bombardements de la centrale électrique de Vendin
22AOÛT
La centrale électrique des mines de Lens à Vendin-le-Vieil a été bombardée à plusieurs reprises au cours de la Seconde Guerre mondiale. D’abord en mai 1940 par l’aviation allemande et à partir d’à peine quelques mois plus tard par la flotte aérienne alliée. Pendant toute la guerre, on comptera 21 bombardements à Vendin qui coûteront la vie à 29 personnes.
Printemps 1940 : depuis le 10 mai, les armées allemandes effectuent une offensive générale en Belgique, au Luxembourg et dans le nord-est de la France.
Vendin est plutôt calme, l’activité y est intense là où la Société des Mines de Lens possède de nombreuses installations : un grand réseau de voies ferrées, des quais de manutention, un lavoir, des fours à coke, une usine à briquettes, les fosses 8 – 8 bis et 10 – 10 bis, cette dernière se trouvant au centre des installations de la grande centrale thermique dont la construction remonte au début du siècle.
Le dimanche 19 mai semble n’être qu’un dimanche comme les autres dans une des maisons de la compagnie minière de la rue de l’Enclos, aux portes de la centrale électrique. Là sont présents la maman Yvonne, ses quatre enfants Yvette, Simone, Roland et Rolande.
Le père n’est pas là, il est du service du matin à son poste de machiniste à la centrale.
La suite, laissons Roland (11 ans à l’époque) nous la narrer : « Nous habitons presque dans la cour de la centrale, point stratégique ciblé par l’aviation allemande mais pas trop pour préserver l’avenir. Je quitte la maison pour aller chez mon copain Charles lui rendre un petit illustré qu’il m’avait prêté. Je m’arrête sur le pas de la porte et aperçois un avion en rase-motte qui semble menaçant…
L’instinct de survie peut-être ? Je fais demi-tour et donne l’alerte : « Vite ! A la cave ! ». Bien m’en a pris car l’un des avions qui suivait celui que j’avais vu largue une bombe qui éclate, écrase notre maison et la table autour de laquelle nous étions installés. Notre mère qui couvrait notre fuite vers la cave reçoit dans le dos casseroles et autres ustensiles de cuisine. On a souvent pensé à ce qu’a pu ressentir notre père lorsqu’il a vu à travers la petite lucarne de la salle des machines que notre maison n’était plus que ruines.
La suite, c’est la solidarité (entre les gens de la mine) et la générosité des habitants de Vendin jusqu’au moment de l’exode sur les routes de l’évacuation…. C’était il a presque 80 ans ! ».
Ce jour là, Adrien Bocquet, un habitant de Pont-à-Vendin, affecté spécial aux usines des mines de Lens, fut tué lors du bombardement alors qu’il se trouvait dans la centrale.
Quelques jours plus tard, l’armée allemande occupe toute la région ; le Nord-Pas de Calais est sous le joug germanique mais déjà un début de résistance tente de s’organiser.
En 1941, employé aux ateliers centraux des Mines de Lens à Wingles, André Pezé entre dans la Résistance au sein des Francs-tireurs et partisans (FTP). Arrêté le 20 août 1942 par les autorités allemandes, il sera fusillé le 5 novembre 1942 à la citadelle d’Arras. Un jeune lensois de 15 ans, Joseph Laurent, apprenti aux ateliers, se joint au réseau créé par André Pezé. Ce gamin habite la cité 11 de Lens, au numéro 8 de la rue du Saint Esprit.
Maintenant, c’est au tour des alliés de vouloir anéantir la production d’électricité. Le 30 juin 1941, vers 18h30, environ 90 bombardiers britanniques survolent Vendin et lâchent leurs projectiles sur la centrale et ses abords immédiats. Dans la rue de l’Enclos, la maison voisine de celle de notre famille ci-dessus est à son tour rasée. D’autres habitations de la compagnie minière sont détruites dans les rues adjacentes.
Dans la centrale, les dégâts sont considérables. Un incendie s’est déclaré dans le magasin à huile, les lignes électriques sont inutilisables. Dès la fin de l’attaque, les ouvriers de la centrale sont chargés du déblaiement.
Joseph Laurent reçoit l’ordre de retranscrire les dégâts et de comptabiliser le plus juste possible les impacts des bombes. Il établi un plan destiné aux services anglais.
Lorsque le réseau est démantelé et André Pezé arrêté, Joseph Laurent se met au vert, termine cependant son travail et cache le plan chez lui entre les pages d’un livre. C’est ce plan que son fils Michel retrouvera par hasard bien des années plus tard. Il nous en a fait parvenir une copie.
Joseph continuera ses actions dans la Résistance, rejoindra la 2ème compagnie de FTP créée à Harnes en juillet 1943 puis en voulant rejoindre le maquis des Ardennes, il se retrouve dans les villages d’Aisonville-et-Bernoville et de Vadencourt-et-Boheries (actuellement connu sous le seul nom de Vadencourt) dans l’Aisne où il participe à de violents accrochages avec les soldats allemands. Revenu dans la Pas-de-Calais en train, il participe aux combats de la Libération notamment à Pont-à-Vendin et Annay. Il s’engage ensuite pour la durée de la guerre dans la 1re armée française (surnommée Rhin et Danube en raison de ses victoires remportées sur le Rhin et le Danube en 1945) avec laquelle il ira jusqu’au lac de Constance.
Pour ses exploits, Joseph Laurent sera plusieurs fois médaillé en tant que Résistant, combattant et engagé volontaire.
Témoignages de MM. Roland Duhoux (le petit garçon de 11 ans) et Michel Laurent (Fils de Joseph Laurent).
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