Allemagne : le bassin houiller de la Ruhr
La région de la Ruhr (Ruhrgebiet en allemand) est une aire urbaine située dans le land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie dans l'ouest de l'Allemagne. Elle regroupe plusieurs grandes villes industrielles (Duisburg, Oberhausen, Bottrop, Essen, Gelsenkirchen, Bochum, Herne, Hamm, Dortmund...) qui forment une conurbation d'environ 5,7 millions d'habitants.
Il existe dans la vallée de la Ruhr d'immenses gisements de houille, sur lesquels s'est appuyé le développement économique et qui a fait sa gloire, mais la production est en forte régression. La fermeture de la dernière mine de charbon est prévue pour 2018. Cependant, c'est toujours de la Ruhr qu'est issue une grande partie de la production allemande de fer, d'acier, de produits métalliques, de produits chimiques et de textiles.
Le développement à grande échelle de l'exploitation du charbon et de l'industrie lourde dans la Ruhr remonte à la seconde moitié du XIXe siècle. La métallurgie et la sidérurgie connurent un développement fulgurant grâce à de grandes entreprises comme Krupp ou Thyssen. Vers 1850, plus de 300 mines de charbon étaient en activité dans toute la région. Le charbon était ensuite transformé dans des fours à coke pour alimenter les hauts fourneaux qui produisaient la fonte et l'acier. Avant que les gisements de charbon de la vallée de la Ruhr n'aient été épuisés, de nouveaux gisements furent exploités plus au nord. L'industrie charbonnière se déplaça vers les vallées de l'Emscher et de la Lippe, dans des mines plus profondes. L'expansion du chemin de fer dans toute l'Allemagne à partir de la seconde moitié du XIX° siècle donna une impulsion nouvelle aux industries métallurgiques de la Ruhr. Les employeurs recrutaient des milliers de travailleurs pour les mines et les industries sidérurgiques au fur et à mesure de leur croissance, et la population augmenta rapidement. Les vieilles cités situées le long du Hellweg s'agrandirent et les villages devinrent des villes à leur tour. Les mineurs et leurs familles étaient souvent logés dans des «colonies de mineurs» (à l'image des corons du nord de la France) dont la plupart étaient construits par les houillères. La région minière de la Ruhr devint rapidement la plus grande région industrielle d'Europe.
Contrairement à ce qui se passe en France, il existe dans la Ruhr une véritable «culture industrielle» ; ici on ne cherche pas à effacer les traces de l'industrie lourde, mais l'on cherche à les valoriser. Bien qu'il y ait aussi eu de nombreuses démolitions, un grand nombre de sites miniers ont été préservés, reconvertis et ouverts au public. Les autorités ont fait le choix de conserver à chaque fois que c'était possible un site minier représentatif d'une technique particulière, d'une époque ou d'une architecture. C'est ainsi que, fier de son passé, la région de la Ruhr est devenue en 2010 la capitale européenne de la culture. La Route de la Culture Industrielle (Route der Industriekultur), inaugurée en 1999, fait une boucle de 400 kilomètres et permet de découvrir plus d'une cinquantaine de sites exceptionnels issus des 150 ans d'histoire industrielle de la région.
Je remercie particulièrement Peter R. (RAG Montan Immobilien Gmbh) pour son aide lors de mon séjour dans la Ruhr.
Zeche Amalie / Essen-Bergeborbeck
Début de l'exploitation : 1850
Fin de l'exploitation : 1966
Nombre de puits : 3
Aujourd'hui les puits Amalie et Marie sont maintenus ouverts pour le pompage de l'eau.
Zeche Auguste Victoria / Marl & Haltern am See
Début de l'exploitation : 1905
Fin de l'exploitation : 2015
Nombre de puits : 9
Le puits 1 est foncé à partir de 1899 et mis en service en 1905, le
puits 2 en 1906. A noter qu'en 1930, lors du fonçage des puits 4/5, du
minerai de plomb-zinc est découvert par hasard. Il sera exploité
jusqu'en 1962 pour une production totale de 5,5 millions de tonnes de
minerai de plomb-zinc et 400 tonnes d'argent. Le siège 4/5 n'est alors
utilisé que pour l'aérage de la mine Auguste Victoria. Le siège 1/2 est
abandonné en 1966 et la cokerie fermée. L'année suivante, le puits 5 est
remblayé et le nouveau puits 8 mis en service. En 1991, la mine est
vendue par BASF à la RAG.
En 2000, la production atteint 3,54
millions de tonnes pour 4003 employés. En 2001, la mine Blumenthal/Haard
est rattachée à la mine Auguste Victoria pour former la mine Auguste
Victoria/Blumenthal. Le 1er janvier 2007, avec l'abandon du champ
Haltern, la mine reprend son nom Auguste Victoria ; les puits 1/2 sont
remblayés. Le puits 6 est remblayé en 2013. La mine Auguste Victoria
était une des 2 dernières mines en activité en 2014 dans le bassin de la
Ruhr ; seuls les puits 3, 7, 8 et 9 étaient en service pour
l'exploitation. Elle est définitivement fermée le 18 décembre 2015. Le
puits 9, profond de 1200 mètres et mis en service en 1990, est remblayé
en juin/juillet 2016 ; la tour d'extraction du puits 6 est démolie.
Le chevalement du puits 4 et l'ancien carreau des puits 1/2 sont classés
et seront préservés. Le siège 3/7 et les installations du puits 8
seront probablement complètement démolis.
Siège 1/2
Siège principal 3/7
Siège 4/5
Puits 6
Puits 8
Bergwerk Blumenthal/Haard / Recklinghausen, Oer-Erkenschwick, Haltern, Herne et Marl
Début de l'exploitation : 1992
Fin de l'exploitation : 2001 (intégration dans la mine Auguste Victoria).
Nombre de puits : 16
Cette
mine a été créée le 1er octobre 1992 par la fusion des mines General
Blumenthal et Haard (anciennement Ewald Fortsetzung). Elle incluait
alors les sièges Ewald Fortsetzung 1/2/3, General Blumenthal 1/2/6, le
puits central d'extraction General Blumenthal 11 (anciennement puits 11
de la mine Shamrock, fermée en 1967), les puits d'aérage Ewald
Fortsetzung 4/5, General Blumenthal 3/4, General Blumenthal 7, An der
Haard 1 et enfin les puits de service General Blumenthal 8 et Haltern
1/2. L'exploitation s'arrêta le 30 juin 2001 avec le rattachement à la
mine Auguste Victoria. Les puits General Blumenthal 4 et 7 sont
remblayés la même année, suivis en 2002 par les puits General Blumenthal
2, 3, 6 et 8. Les puits Haltern 1/2 sont remblayés en 2006.
Le
carreau du puits central d'extraction Blumenthal/Haard 11 avec lavoir,
recette et tour d'extraction en béton a été intégralement rasé en 2011.
Les installations des autres puits ont été démantelées, à l'exception
des puitsGeneral Blumenthal 7, An der Haard etEwald Fortsetzung 3, encore visibles en 2015.
Puits central d'extraction 11
Puits An der Haard 1
Zeche Bonifacius / Essen-Kray
Début de l'exploitation : 1859-1861
Fin de l'exploitation : 1967 (rattachement à la mine Holland)
Nombre total de puits : 5
Le
1er décembre 1966, la mine Bonifacius est reliée à la mine Holland. En
1967, elle cesse d'extraire du charbon ; la production est concentrée
sur le siège Holland 3/4/6. Le puits 3 est abandonné. Lors du
rattachement de la mine Holland à la mine Zollverein, les puits
Bonifacius 1 et 5 sont également transférés ; le puits 2 est détruit. Au
début des années 80, les champs Bonifacius et Holland sont abandonnés.
Plusieurs
bâtiments du siège 1/2 dont certains d'architecture néogothique, ont
été conservés et reconvertis. Le chevalement du puits 1 et ses deux
machines d'extraction ont aussi été préservés : une machine d'extraction
à vapeur à tambour construite en 1913 par la Gutehoffnungshütte de
Sterkrade et une machine d'extraction électrique à poulie Koepe
construite par Siemens-Schuckert en 1914.
Siège 1/2
Machine d'extraction 'ouest' du puits n°1
Machine d'extraction 'est' du puits n°1
Zeche Brockhauser Tiefbau / Bochum-Sundern
Début de l'exploitation : 1873
Fin de l'exploitation : 1904
En
1886, la mine est reprise par la mine Carl Friedrich's Erbstollen. Le
puits est encore utilisé pour l'aérage ; il est équipé d'un ventilateur
en 1888. En 1904, le champ d'exploitation est abandonné et le puits sera
remblayé en 1912.
La tour Malakoff construite en maçonnerie au-dessus du puits en 1874 a été conservée.
Zeche Carl / Essen-Altenessen
Début de l'exploitation : 1861
Fin de l'exploitation : 1929
Nombre de puits : 2
Le
puits d'extraction Carl I (Hercule) est équipé d'une grande tour
Malakoff. En 1899, un chevalement est construit au-dessus de la tour.
Après l'arrêt de la production en 1929, le puits devient un puits
d'aérage pour la mine Emil-Emscher. Le chevalement est démantelé en
1931. Le puits d'aérage est abandonné en 1955 ; toute activité cesse en
1970.
L'ensemble des bâtiments de la mine Carl, dont la tour Malakoff, sont classés monument historique.
Zeche Carl Funke / Essen-Heisingen
Début de l'exploitation : 1804 (à flanc de coteau)
Fin de l'exploitation : 1973
Nombre de puits : 6
En
1967, la mine est fusionnée avec la mine Pörtingssiepen. Le 30 avril
1973, la mine Pörtingssiepen/Carl Funke est définitivement fermée. Le
chevalement du puits 1 (Friedrich Wilhelm) est conservé.
Zeche Carolinenglück / Bochum-Hamme
Début de l'exploitation : 1850
Fin de l'exploitation : 1964
Nombre de puits : 4
La
mine est fermée le 31 mai 1964, mais les puits 2 et 3 sont maintenus
ouverts pour le pompage de l'eau. La tour Malakoff du puits 2 et le
chevalement du puits 3 sont encore visibles.
Zeche Concordia / Oberhausen
Début de l'exploitation : 1854
Fin de l'exploitation : 1968
Nombre de puits : 6
La
mine est fermée le 22 mars 1968, mais les puits 2 et 6 sont encore
utilisés pour le pompage de l'eau. Les chevalements d'origine ont été
remplacés par de plus petites structures.
Siège 2/3
Puits 6
Kleinzeche Egbert / Witten-Herbede
Début de l'exploitation : 1962
Fin de l'exploitation : 1976
A sa fermeture, cette mine était la dernière «petite mine» de la Ruhr.
Zeche Erin / Castrop-Rauxel
Début de l'exploitation : 1867
Fin de l'exploitation : 1983
Nombre de puits : 7
La
mine Erin est fermée le 23 décembre 1983. La tour d'extraction
'marteau' du puits 3, haute de 38 mètres et construite à partir de 1918
(restaurée en 1993), ainsi que le chevalement du puits 7 sont conservés.
En haut de la tour du puits 3, la machine d'extraction électrique à
poulie Koepe est également visible. Depuis 1937 jusqu'à la fermeture de
la mine, le puits 3 n'était utilisé que pour la descente du personnel ;
le charbon était remonté par le puits 7.
Puits 3
Machine d'extraction du puits 3
Siège 1/2/4/7 : puits 7
Zeche Ewald Fortsetzung / Oer-Erkenschwick
Début de l'exploitation : 1904
Fin de l'exploitation : 1992 (la mine est intégrée à la mine Blumenthal/Haard)
Nombre de puits : 5
En
1975, la mine est reliée avec la mine General Blumenthal. Le 1er
juillet 1978, elle prend le nom de mine Haard. Le 1er octobre 1992, la
mine Haard est fusionnée avec la mine General Blumenthal pour former la
mineBlumenthal/Haard.
L'extraction du charbon est concentrée sur le puits central 11 de la
mine General Blumenthal. Le puits 2 est remblayé en 1997 ; les puits 1,
3, 4 et 5 le seront en 1999.
Les bâtiments administratifs, le puits 3
(chevalement et recette) et sa superbe machine d'extraction à vapeur,
construite par la firme Eisenhütte Prinz Rudolph (EPR) de Dülmen en
1940, furent préservés lors de la démolition du siège 1/2/3. Le siège
4/5 a été rasé.
Siège 1/2/3
Machine d'extraction à vapeur du puits 3
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