Houillères du bassin du Nord et du Pas-de-Calais : services centraux et groupes. Entrée 2010 32.
Contenu :
Ce fonds se compose de documents relatifs au service central des Houillères du Bassin du Nord Pas-de-Calais mais également des archives de quelques uns des groupes d'exploitation gérés par cette entité : Auchel-Bruay, Béthune et Oignies. Les archives administratives, comptables et du personnel y tiennent une place importante. De nombreux ouvrages enrichissent ce fonds et apportent un sérieux éclairage sur l'organisation de l'activité minière.
Le fonds permet de saisir les relations qu'entretiennent les Houillères du Bassin du Nord Pas-de-Calais avec leurs différents groupes d'exploitation. Il donne une vue d'ensemble de l'organisation de l'activité minière dans le Nord Pas-de-Calais.
Cote :
2010 32 1 à 99
Inventaire d'archives :
Informations sur le producteur :
Moins de trois mois après les derniers combats de la Libération, l'ordonnance du 13 décembre 1944 créée, à partir de 18 compagnies initiales, les Houillères nationales du Nord-Pas-de-Calais. Le 17 mai 1946, la loi sur la nationalisation leur donne le nom de Houillères du Bassin du Nord-Pas-de-Calais (HBNPC). C'est un établissement public à caractère industriel et commercial. Charbonnages de France (CdF) et les Houillères des deux autres bassins (Centre et du Midi, Lorraine) sont créées dans le même temps .
À ses débuts, les Houillères doivent se relever des dommages que la guerre a laissés derrière elle. Les bombardements de 1939 ont détruit 30% des logements ouvriers existants. Les Houillères ont donc à la Libération, la lourde responsabilité de relever la région de ses ruines, mais aussi de fournir l'énergie pour reconstruire le pays, à une époque où le charbon représente 86% de la consommation. Les années 1945 s'annoncent comme une véritable lutte pour que l'activité minière reprennent rapidement, bataille que l'on nomme la « bataille du charbon ».
En 1947, les premiers efforts se font sentir. Le Bassin compte 200 000 mineurs et la production est remontée à plus de 28 millions de tonnes. Sous l'impulsion du Commissariat au Plan, les Houillères entreprendrent un programme ambitieux de modernisation. Les résultats sont probants : en moins de 20 ans, le nombre de puits d'extraction passe de 114 à 40 sans diminution notable de la production. A cela s'ajoute la mécanisation progressive des chantiers du fond. Des engins modernes : haveuses, rabots pour abattage et soutènement métalliques améliorent ainsi les conditions de travail des ouvriers, malgré le handicap d'un gisement difficile, aux veines étroites et dangereuses. Cette phase de modernisation du bassin du Nord-Pas-de-Calais se poursuit de 1950 à 1969. En 1952, le record de la période d'après-guerre est enregistré : ce sont ainsi 97 000 mineurs qui extraient 29,4 millions de tonnes de charbons. Le rendement atteint 1 228 kilos notamment grâce à la mécanisation des fonds. Pourtant les résultats financiers de l'établissement se dégradent face à la concurrence du pétrole et du gaz. L'ouest du gisement, dont l'exploitation a été intensive pendant la Première Guerre mondiale, s'épuise rapidement. Des puits sont fermés à Auchel, Noeux-les-Mines, Bully et Vendin tandis que les stocks de production d'invendus s'accumulent sur les carreaux des mines
Les investissements de modernisation réalisés depuis la Libération n'ont pas permis aux Houillères de se constituer la réserve financière désormais indispensable pour affronter la nouvelle concurrence des énergies nouvelles. Rapidement les débouchés s'amoindrissent. En 1960, les Houillères ne dégagent plus aucun bénéfice de l'exploitation du charbon et les stocks d'invendus ne cessent de s'accumuler.
Face à ces difficultés, le gouvernement met au point, en 1960, un plan de régression de la production charbonnière et demande l'arrêt de l'embauchage. Cette mesure provoque la colère et le mécontentement de la corporation minière, allant jusqu'à entrainer une grève des mineurs en mars 1963. Elle va durer 35 jours. Les Houillères n'embauchent plus massivement pour compenser les départs et les fils des ouvriers mineurs se détournent progressivement d'un métier qui ne représente plus un avenir assuré. Les Houillères sont amenées à faire appel à la main d'œuvre marocaine. En 1966, sur un effectif de 70 000 ouvriers, on compte 12 000 ouvriers marocains.
Dès 1960, la Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA) décide la fin du charbon en Europe. En 1968, André Bettencourt, ministre de l'Industrie, prévoit de ramener la production de 20 à 10 millions de tonnes en 1975. Compte-tenu d'un tel plan, de conditions d'exploitation de plus en plus difficiles, l'arrêt des Houillères du Bassin du Nord-Pas-de-Calais est envisagée pour le début des années 1980.
Entre 1967 et 1973, les Houillères et Charbonnages de France entreprennent une politique d'aide à l'industrialisation de la région minière avec la Société financière pour favoriser l'industrialisation des régions minières (SOFIREM). Les pouvoirs publics interviennent également. Pour favoriser la conversion du bassin minier, ils décident d'implanter l'industrie automobile : Renault à Douai, la Française de la Mécanique à Douvin. Par ailleurs, les Houillères s'efforcent de tirer parti de leurs savoirs-faire. Leurs services informatiques, leurs ateliers de mécanique et d'entretien travaillent désormais pour une clientèle extérieure.
Un vaste programme de réhabilitation du parc immobilier des Houillères commence en 1972. Avec la crise de l'énergie et le renchérissement du prix du pétrole survenu en 1974, les Houillères n'ont pas su transformer le plan de récession en plan de relance. Néanmoins, cette époque est propice aux ressources jusqu'alors négligées. Les produits charbonneux accumulés en terrils sont récupérés et alimentent les centrales thermiques du Bassin. Le grisou est lui aussi utilisé. Il est capté et sert de combustible aux usines du Bassin. Les HBNPC apportent ainsi une contribution originale et importante aux économies d'énergie.
Les années 1980 s'annoncent comme décisives. Le déficit à la tonne extraite ne cesse de s'accroître. Il atteint 207 francs/tonne en 1981. Le 25 avril 1983, le Président de la République, François Mitterrand, annonce à Lille la reconversion du bassin du Nord Pas-de-Calais. Il met fin aux vains espoirs quant à l'avenir de l'extraction dans le Nord Pas-de-Calais. Ce choix se concrétise l'année suivante par la création du Fonds d'Industrialisation du Bassin miner (FIBM) et de la Société financière du Nord Pas-de-Calais (FINORPA, filiale de Sofirem), tous deux dotés de 100 MF/an, pour contribuer à l'essor des entreprises et l'emploi dans la région minière.
Les Houillères comptent encore 21 000 salariés au début de l'année 1984. Le plan d'entreprise de CdF prévoit en 1986 l'arrêt complet de l'extraction dans le Nord-Pas-de-Calais. Un programme de fermeture échelonnée des derniers établissements liés à l'extraction est établi. Afin de mener cette dernière phase de la récession, sans heurts, de favoriser la mobilité et la conversion du personnel, différentes mesures leur sont proposées, suivant leur situation et leurs capacités : conversion à EDF ou dans d'autres entreprises, transfert à l'intérieur du groupe CdF, aide à la création d'entreprise ou aide au retour au pays pour le personnel d'origine marocaine le souhaitant. Le personnel ayant de l'ancienneté bénéficie de retraites anticipées. Plusieurs milliers d'entre eux, travaillent dans des sociétés héritières des HBNPC comme les cokes de Drocourt, Agglonord, Terchanor, Surchiste ou le GIE Méthamine (créé par Gaz de France, pour valoriser le grisou extrait des terrains houillers).
En 1987, un véritable plan social est mis en œuvre dans les derniers sièges et usines. Après formation, des centaines de mineurs retrouvent un emploi, dans les métiers du bâtiment et des travaux publics. D'autre part, toutes les activités des Houillères ne sont pas pareillement condamnées. Les cokes de fonderie, la fabrication des boulets, les schistes de terrils, les briques Surschistes ont un marché et représentent encore des activités rentables. Diverses adaptations sont ainsi engagées dès 1984 dans le but d'améliorer leur compétitivité.
Le 21 décembre 1990, l'extraction du charbon du siège du 10 de Oignies dans le Pas-de-Calais est arrêtée. Cette date marque la fin de la production de charbon dans le bassin du Nord Pas-de-Calais.
Un décret du 11 décembre 1992 acte la disparation des HBNPC. 270 ans après la découverte du premier gisement houiller dans le Valenciennois, 24 milliards de tonnes de charbon ont été extraites dans cette région qui reste historiquement le plus grand bassin charbonnier français.
Un décret du 11 décembre 1992 acte la disparation des HBNPC. 270 ans après la découverte du premier gisement houiller dans le Valenciennois, 24 milliards de tonnes de charbon ont été extraites dans cette région qui reste historiquement le plus grand bassin charbonnier français.
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Repères historiques :
- 13 décembre 1944 Création des Houillères nationales du Nord-Pas-de-Calais.
- 17 mai 1946 Nationalisation de l'institution et changement de nom : les Houillères du Bassin du Nord-Pas-de-Calais.
- 1952 Record de production pour la période d'après-guerre : 97 000 mineurs ont extrait 29,4 millions de tonnes de charbon.
- 1960 Début du déficit financier et accumulation des stocks de charbons invendus.
- 1960 Mise en place par le gouvernement d'un plan de régression de la production charbonnière et l'arrêt de l'embauchage suite aux directives de la CECA..
- mars 1963 Organisation d'une grève des mineurs.
- 1967-1973 Mise en œuvre d'une politique d'aide à l'industrialisation de la région minière par les Houillères et Charbonnages de France.
- Début des années 1980 Prévision de l'arrêt des Houillères du Bassin du Nord-Pas-de-Calais.
- 1981 Augmentation du déficit à la tonne extraite.
- 25 avril 1983 Intervention de François Mitterrand, Président de la République, annonçant la reconversion du bassin du Nord-Pas-de-Calais.
- 1986 Prévision de l'arrêt complet de l'extraction dans le Nord-Pas-de-Calais par le plan d'entreprise de Charbonnages de France.
- 1987 Mise en œuvre du plan social dans les derniers sièges et usines.
- 21 décembre 1990 Fin de l'extraction du charbon du siège du 10 de Oignies (Pas-de-Calais) et de la production de charbon dans le bassin du Nord-Pas-de-Calais.
- 11 décembre 1991 Décret attestant de la disparation des HBNPC.
Informations sur l'acquisition :
Une convention signée le 17 octobre 1994 entre les Houillères du Bassin du Nord-Pas-de-Calais et le département du Pas-de-Calais a permis le transfert de ces archives au Centre des Archives du monde du travail en octobre 1994.
Historique de conservation :
Le fonds des Houillères du Bassin du Nord Pas-de-Calais a été identifié suite au classement du fonds des mines de Vicoigne, Noeux et Drocourt, entré au Centre des Archives du monde du travail en 1994 (n°1994 51). Ces archives minières étaient conservées jusqu'en 1994 aux Archives départementales du Pas-de-Calais.
Description :
Mise en forme :
Le classement du fonds est présenté selon le plan de classement type de l'activité minière. Les groupes d'exploitation sont classés par ordre alphabétique du nom du groupe.
Conditions d'accès :
L'essentiel du fonds constitue des archives publiques, car produites par les Houillères du bassin du Nord-Pas-de-Calais, établissement public depuis 1946. Néanmoins quelques documents antérieurs à cette date sont issus des compagnies minières avant leur nationalisation et sont donc des archives privées.
Librement communicable. En effet, les délais applicables sont ceux du Code du patrimoine pour les archives publiques : ils sont aujourd'hui tous échus.
Publiable sur internet