jeudi 22 février 2024
mercredi 14 février 2024
Le puteux et autres gaz
Le puteux et autres gaz
Puteux et autres gaz
Au fond de la mine, divers gaz sont libérés du fait de l'exploitation minière, le plus connu est le grisou, le méthane gaz incolore et inodore terreur des mineurs car explosif à forte concentration. Il a été étudié dans un autre article.
Explosion à cause du grisou
Le gaz carbonique : appelé aussi « puteux » par les mineurs. Il provient de l'activité humaine mais aussi par la décomposition des matières organiques. Il s'accumule surtout en fin de voie ou dans les chantiers abandonnés sans circulation d'air. Il est incolore et inodore. A faible concentration, (7%), il stimule le rythme cardiaque et la respiration.. A 10%, il provoque des maux de tête et des troubles de la vision. A 20%, la respiration devient difficile : l'homme est en danger de mort. La lampe à flamme est le meilleur moyen de la détecter car il étouffe la flamme. L'appareil Fenzy était recommandé pour aborder les chantiers infestés.
Décès par asphyxie
Le monoxyde de carbone : Il provient des échappements des locomotives. Il est incolore et inodore. Le monoxyde de carbone est dangereux pour l'homme car il prend la place de l'oxygène dans le sang avec des proportions de plus en plus importantes en fonction du taux dans l'air ambiant et du temps de l'exposition à cet air. Les symptômes sont quasi-identiques à ceux du gaz carbonique. Le détecteur est le meilleur moyen pour alerter de sa présence.
Appareil respiratoire fin XIXème
L'hydrogène sulfuré : Il est incolore mais sent l'œuf pourri. Il provient de la décomposition de la pyrite de fer sous l'action de l'eau. Ce gaz est le moins dangereux car on le retrouve dans les anciens travaux et qu'il a mauvaise odeur. Un détecteur permettait de compléter l'information olfactive.
Appareil respiratoire fin XIXème
Pour tous ces gaz, les houillères avaient la charge de la détection et de l'alerte des mineurs. Le meilleur moyen de lutte consistait à aérer au mieux les chantiers et d'évacuer ainsi les gaz. En cas de forte concentration, les chantiers, étaient à l'arrêt, jusqu'à un retour aux taux autorisés. En cas de besoin, d'accès aux lieux (sauvetage), les mineurs étaient équipés d'appareils respiratoires de type Fenzy.
La chaleur
La chaleur
La chaleur
Mineurs torse nu
C’est un phénomène naturel: la température augmente de 3°C tout les 100 mètres. Il faut donc imaginer que la température à -1000 est aux alentours de 40°C. Ce sont les terrains qui rayonnent et dégagent cette chaleur.
Il faut encore rajouter à cette chaleur naturelle, celle dégagée par l’activité humaine au fond (moteurs et travail). Les loco diesel, les moteurs, les soutènements et autres outils automatiques rajoutent des calories à l’air ambiant. HBNPC soucieuses de ce problème ont inventé un système de réfrigération. Ce système qui fonctionnait comme une climatisation était placé à quelques mètres de la sotie des buses de ventilateurs.
Compresseur pour refroidir les travaux
Heureusement, le système d’aérage permet de refroidir l’air ambiant mais les galeries de retour d’air en fin de cycle restent relativement chaudes. Dans les chantiers en creusement, la température est élevée du fait de l’activité et d’un aérage secondaire.
A la chaleur, se cumule encore l’humidité des sols et celle dégagée par les machines utilisant énormément d’eau. Il n’est donc par rare à toutes les époques de la mine de voir les mineurs travailler torse nu ou entièrement nu !
On transpire au fond ...
L'aérage
L'aérage
L'aérage
Au fond, il n'y a pas la circulation naturelle de l'air pourtant nécessaire au travail des mineurs et à l'évacuation des gaz comme le grisou ou le gaz carbonique. Les premiers sièges d'extraction ne possédaient qu'un puits mais depuis la catastrophe de Courrières, les Compagnies ont foncé deux puits pour chaque siège d'extraction afin de permettre la circulation de l'air. Le puits de service servait à l'entré d'air et l'autre puits de retour d'air.
Ventilateurs fosse 10 Sains en Gohelle
Le puits de retour était équipé de puissants ventilateurs qui aspiraient l'air directement dans le puits. Bien sûr, la base du chevalement était close pour augmenter le rendement des ventilateurs.
Portes du puits d'aérage de Lewarde
L'aérage était tellement important qu'il y avait toujours 2 ventilateurs
installés : un en fonctionnement et un de rechange en cas de panne ou
entretien.
Au fond, l'air était dirigé dans les bowettes ou galeries au moyens de portes d'aérage qui étaient closes ou laissées ouvertes selon les plans d'aérage établis par les ingénieurs. Ces portes s'ouvraient et se fermaient automatiquement au passage des trains de berlines.
feniesse Musée Lewarde
Dans les chantiers éloignés, l'aérage guidé ne suffisait plus. Les mineurs installaient donc des ventilateurs secondaires, qui grâce à un tuyau en fer ou souple appelé "ventube" , amenaient l'air directement dans les chantiers d'abattage.
Ventilateur secondaire Musée de Noeux
Le système relativement efficace induisait des différences : à l'entrée des puits les mineurs subissaient un rude courant d'air alors qu'à certains endroits l'arrivée d'air était juste suffisante.
Le grisou
Le grisou
Le grisou
Le pénitent
Le grisou ou CH4 ou méthane est le nom donné à ce gaz de mine par les mineurs. Il y a 2 à 10 L de gaz par mètre cube de charbon selon les lieux et les charbons.
Contrôle du grisou à la lampe à flamme
Durant l’abattage du charbon le gaz naturellement emprisonné dans les roches s’échappe. Le grisou est incolore et inodore. Il devient asphyxiant à une certaine dose et explosif entre 6 et 16%. Le grisou est à l’origine avec les coups de poussières des causes de catastrophes au fond. Il était d’autant plus dangereux que les premiers mineurs descendaient avec des raves ou des astiquettes (lampes à flammes nues).
Contrôle du grisou à la lampe à flamme
Contrôle du grisou au grisoumètre
Par la suite les lampes furent améliorées pour emprisonner la flamme et éviter les risques. Elles continuèrent à être utilisées pour surveiller la quantité de grisou. plus la flamme grandissait plus le risque augmentait. On a aussi parfois utilisés des serins (légende ou réalité) pour vérifier les quantité de grisou ou de gaz carbonique.
Contrôle du grisou au grisoumètre
Les derniers appareils étaient les grisoumètres portatifs dont le Verneuil 54. Les têtes de télégrisoumétrie situées dans les chantiers étaient reliés à un poste de télégrisoumètrie en surface. Le grisou était donc surveillé 24h/24. Les chantiers étaient évacués au-delà de 2%.
Verneuil 54
De 0.8% a 1% arrêt du tir a l'explosif, à 1.5% coupure des installations électriques : Les valeur diffèrent si le chantier est une taille ou un traçage ( plus stricte )
Tête de télégrisoumétrie Musée de Harnes
Télégrisoumètre Musée de Harnes
Pendant l’exploitation, le gaz était récupéré par des tuyauteries par aspiration et conduit en surface où il était valorisé en chaufferie ou en centrale thermique. Après l'exploitation, le gaz remonte dans les galeries sous la pression des eaux qui remontent. Le gaz est capté par des tuyauteries pour être valorisés (centrale Hornaing, fosse Désirée) ou réinjecté dans le réseau public.
Le cheval de mine
Le cheval de mine
Le cheval à la mine
Descente du cheval
L’emploi du cheval au fond de la mine de manière systématique remonte à 1860. L’utilisation maximale revient à l’année 1930 ou ils sont estimés à 10000 têtes pour la France. Le cheval est principalement utilisé pour tirer des berlines mais aussi pour le matériel.
En 1919, l’activité du cheval est réduite à un poste par une loi mais ce n’est pas souvent le cas. Une anecdote raconte que le cheval savait compter. En effet, le cheval était habitué à tirer un nombre identique de berlines. Lorsqu’une berline était rajoutée le cheval refusait d’avancer. En fait, il connaissait les berlines quand elles claquaient lors des démarrages. Il suffisait d’empêcher la berline de claquer lors du démarrage pour berner le cheval.
A l'écurie
Lors de la première descente du cheval, il était conduit à l’écurie du fond et il s’habituait à l’obscurité. Au fil des jours, le cheval s’habituait à son parcours. Mais on lui protégeait le dessus de la tête par une bande de cuir afin d’éviter qu’il s’assomme sur le toit des galeries. Les chevaux ont souffert. Ils étaient souvent blessés par les parois, les accidents notamment lorsque le train de berlines s’emballait et déraillait. En outre, les meneux d’quévaux du 19ème étaient plutôt rudes avec les chevaux car leur salaire dépendait de la rapidité des trains de berlines.
Remonte du cheval
Les brimades ou surcharges de travail étaient pourtant sanctionnées par des amendes. Les chevaux ont aussi payé un lourd tribu pendant les catastrophes. On sauvait les hommes mais les chevaux étaient abandonnés à leur sort. Le 28 avril 1866, lors de l’effondrement du puits 2 de Marles, sous l’effet de la pression des eaux, les hommes sont évacués mais pas les chevaux. 27 sont restés au fond ensevelis.
Le cheval est protégé à la tête
Une dernière anecdote raconte que le cheval ressortait aveugle mais il n’en était rien. En réalité, le cheval retrouvait la vue au fil de jours après la remontée.
Bienfait
En avril 1966, bienfait est le dernier cheval des HBNPC (Houilllères du Nord-Pas de Calais) remonté des galeries d’Oignies à l’âge de 19 ans. Il finira sa carrière en 1971 dans une pâture.
mardi 13 février 2024
Van Gogh dans le Borinage
Van Gogh dans le Borinage
VISITE AU SIÈGE MARCASSE (BASSIN DE MONS, BELGIQUE)
Une fois n'est pas coutume, une délégation de l'A.P.P.H.I.M, s'est rendue en Belgique sur le carreau du Charbonnage de Marcasse (Bassin de MONS). Le site est bien connu des passionnés de la Mine d’outre QUIÉVRAIN car il a été le théâtre de plusieurs catastrophes mais aussi parce qu’il a été le cadre d’un séjour de Vincent VAN GOGH, le futur célèbre peintre néerlandais, venu quelque temps en 1878 aider et soutenir les mineurs au cours d’une mission de pasteur débutant.
Historique du Charbonnage
Le Siège de Marcasse ou 7 Saint Antoine Escouffiaux est issu de la S.A. du Charbonnage d'HORNU-WASMES, il se trouve à COLFONTAINE.
Ses deux puits A et B sont utilisés pour l'extraction et au service du personnel ; B est entrée d'air, A retour d'air.
Au milieu du XIXème siècle, le Bassin du Borinage qui vient de passer sous le contrôle de sociétés françaises (la France est son principal client) est l’un des plus importants d’Europe mais il ne conservera plus longtemps son rôle de leader. Le manque d’investissements de ses patrons qui souhaitent se limiter à une activité exclusivement charbonnière fera qu’il sera progressivement dépassé par ses voisins (LIÈGE et CHARLEROI) qui se sont lancés, eux, dans la sidérurgie avec beaucoup de succès.
Le Bassin a aussi un autre inconvénient, il est très grisouteux. L’épopée charbonnière qui a duré près de quatre siècles (fermeture du dernier puits ‘’les Sartys’’ à HENSIES le 31 mars 1976) est ainsi parsemée de quelques nombreux coups de grisou. Le dernier en date, le 13 janvier 1953, qui survient au siège de Marcasse fait 21 morts le jour du drame et 3 blessés succomberont peu après.
Les Charbonnages du Borinage ont aussi été longtemps ̎réputés dans toute la Belgique ̎ parce que les salaires des mineurs y étaient les plus bas du pays. De grands mouvements sociaux ont donc jalonné son histoire (1829, 1833, 1924, 1930, 1932, 1933, …). Victimes de la concurrence pétrolière, toutes les fosses cessent progressivement leur activité à partir de la fin du second conflit mondial. Le siège de Marcasse est arrêté en 1958, les puits sont remblayés en 1960 (le puits A avait atteint 1127m de profondeur).
Sur le site, de nombreux bâtiments sont encore visibles : salles des machines, base de la cheminée, le réfrigérant, le silo de mise à terril, les bureaux...
Bâtiment de la recette, le chevalement était situé sur le dessus, puits B
Salle des machines puits B
Réfrigérant
Passerelle de mise à terril pour faire circuler les berlines
Base des silos de stockage de la mise à terril
Le terril conique du siège est situé derrière les installations.
Vincent VAN GOGH à Marcasse
Vincent VAN GOGH arrive dans le Borinage en 1878, il a 25 ans. Il n’est qu’un peintre amateur qui essaie de survivre comme ̎marchand d’art en vendant les tableaux des autres. Comme il n’a pas du tout l’esprit commercial, l’aventure s’arrête rapidement car il se fait licencier. Il essaie alors de devenir pasteur comme son père en entamant des études de théologie. Dans le cadre de sa formation, on lui demande de trouver une mission de prédicateur laïc de six mois ; c’est ainsi qu’il commence son séjour dans le Borinage à PÂTURAGES puis à WASMES.
maison où a résidé Van Gogh à COLFONTAINE à proximité du Charbonnage de Marcasse
Très touché
par la condition pitoyable des mineurs (dureté du métier, salaires
dérisoires, vie misérable), il s'investit totalement dans son nouveau
rôle et essaie d’aider les familles ouvrières désœuvrées en leur offrant
tout ce qu’il peut trouver (vêtements, nourriture) mais aussi en
tentant de négocier avec un patronat impitoyable quelques indemnités
pour les hommes.
Autoportrait au chapeau de feutre Musée Van Gogh Amsterdam
Le 17 avril 1879, il est témoin du coup de grisou qui a lieu au puits de l'Agrappe ; cette catastrophe fait 121 morts. Le futur peintre est alors aux premières loges pour réconforter les familles et pour soigner les blessés. Lors d’un autre coup de grisou au puits B du Charbonnage de Marcasse à -700m, il n’hésite pas descendre au fond pour sauver un mineur.
Usines à coke dans le Borinage Van Gogh musée van Gogh Amsterdam
Comme il échoue aux examens de théologie, il quitte le Borinage pour rejoindre le peintre Jules BRETON à COURRIÈRES. Il fera le voyage en train jusqu'à VALENCIENNES puis à pied jusqu'à sa nouvelle destination, visitant ainsi la campagne et le Bassin minier du Nord/Pas-de-Calais. C’est à partir de cette époque qu’il commencera à peindre et à dessiner des milliers de toiles mais sans être connu du grand public. Son instabilité mentale et ses déboires successifs le pousseront au suicide en 1890. Sa gloire ne sera que posthume car ses œuvres ne commenceront à être mondialement connues qu’à partir de 1930 à la faveur d’une exposition dans un célèbre musée de NEW YORK. Le film ̎La vie passionnée de Vincent VAN GOGH ̎ de 1955 avec Kirk DOUGLAS sera en partie tourné sur le site de Marcasse.
Augustin Lesage
Augustin Lesage
Augustin Lesage