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samedi 24 février 2024

catastrophe

 

Catastrophes Minières en France

le 10 avril 1824, à Ronchamp (Haute-Saône, France), la première catastrophe du puits Saint-Louis constitue le tout premier coup de grisou dans le bassin minier de Ronchamp et Champagney (Haute-Saône) et l'un des premiers de France. Il apparaît également comme l'un des plus meurtriers de l'histoire des houillères de Ronchamp, faisant vingt morts et seize blessés. Cette catastrophe marque profondément la population locale et l'opinion nationale, remettant en question la sécurité dans les mines grisouteuses et les conditions de l'aérage. Au 1er juillet 1824, l’Administration des Mines décide d'imposer la première lampe de sûreté primitive Davy ; 

le 11 octobre 1861, à Bessèges (Gard), l'inondation de la mine provoque la mort de 106 ouvriers ; 

le 12 septembre 1867, à Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire, France), un coup de grisou au puits de Cinq-Sous, appelé depuis de Sainte-Eugénie, entraîne la mort de 89 ouvriers. D'autres explosions ont eu lieu : le 23 avril 1851 (6 victimes), le 29 septembre 1853 (13 victimes), le 8 novembre 1872 (41 victimes) 

le 18 novembre 1869, à Bully-les-Mines (Pas-de-Calais, France), au fond de la fosse du puits no 1 et à 300 m de l'axe du puits, les gaz chauds d'une machine à vapeur mettent le feu aux bois de soutènement et aux parties charbonneuses des remblais du conduit des fumées. Lors de la tentative d'étouffement du feu, dix neuf personnes périssent asphyxiées, dont neuf enfants qui, légalement, n'auraient pas dû travailler, ; 

le 14 janvier 1885, à Liévin (Pas-de-Calais, France), un coup de grisou et un coup de poussier dans le puits no 1 de la Compagnie des mines de Liévin font 28 morts ; 

le 10 mars 1906, à Courrières, dans le Pas-de-Calais (France), la Catastrophe de Courrières se classe comme la plus grave catastrophe minière d'Europe. Du nom de la compagnie des mines de Courrières, alors exploitant du gisement de charbon), elle fait 1 099 morts à la suite d'un coup de poussière sur les territoires de Billy-Montigny (fosse 2 dite Auguste Lavaurs), Méricourt (fosse 3 dite Lavaleresse), Noyelles-sous-Lens et Sallaumines (fosse 4/11 dite Sainte-Barbe). L'émotion soulevée est à l'origine d'un vaste mouvement de grève débouchant sur l'instauration du repos hebdomadaire. À partir de cette époque, les lampes à feu nu sont bannies ; 

le 15 mars 1907, à Petite-Rosselle (Moselle, France), un coup de grisou fait 83 morts au puits Vuillemin. D'autres suivent le 10 janvier 1948 faisant 24 morts, et le 21 novembre 1958 faisant 12 morts. En 1929, une nouvelle catastrophe se produit également au puits Saint-Charles, faisant 25 morts ; 

le 3 septembre 1912, à Divion (Pas-de-Calais, France), un coup de grisou dans la fosse La Clarence de la Compagnie des mines de La Clarence fait 79 morts ; 

le 26 janvier 1950, à Saint-Éloy-les-Mines (Puy-de-Dôme, France), une catastrophe minière fait 13 victimes. Le 20 mai 1952, un autre coup de grisou cause à nouveau 12 victimes à Frugères-les-Mines, dans le bassin de Brassac, également en Auvergne ; 

le 2 février 1965, à Avion (Pas-de-Calais, France), un coup de grisou à la fosse no 7 fait 21 morts qui laissent 41 orphelins, ; 

le 4 février 1970, dans une mine de Fouquières-lez-Lens (Pas-de-Calais, France), appartenant à la Compagnie des mines de Courrières, un coup de grisou fait 16 morts ; 

le 27 décembre 1974, à Liévin (Pas-de-Calais, France), un coup de grisou dans la fosse Saint-Amé de la Compagnie des mines de Lens fait 42 victimes. La catastrophe marque la fermeture du site ;

le 01 Octobre 1976, à Merlebach (Moselle), dans la mine de charbon, le puits N° 5 : 16 mineurs ont laissé leur vie dans l'explosion d'un puits de mine suite à un coup de grisou.

le 25 février 1985, à Forbach (Moselle) un coup de grisou, suivi d'un coup de poussier au puits Simon fait 22 morts et une centaine de blessés parmi les mineurs ;

mardi 13 février 2024

Catastrophes de novembre NPDC

 

Catastrophes de novembre NPDC

LES CATASTROPHES DU MOIS DE NOVEMBRE DANS

LES MINES DU NORD/PAS-DE-CALAIS

Vendredi 28 novembre 1969 : fosse Barrois à PECQUENCOURT, 4 morts

Le siège Barrois, à PECQUENCOURT à côté de DOUAI, est, avec ses deux tours d’extraction de 55 m de hauteur qui lui permettent de remonter près de 6200 t de charbon par jour, l’un des gros sièges du Nord/Pas-de-Calais en 1969. Depuis 1957, il concentre toute la production des anciennes fosses Barrois, Lemay et Bonnel ; 3400 personnes travaillent dans ce grand ensemble surnommé par les ingénieurs des HBNPC le "siège de l’an 2000".

Vendredi 28 novembre 1969, 8h du matin: quatre hommes (deux ouvriers et deux agents de maîtrise) sont affairés au nettoyage d’un chantier dans une taille en dressant presque verticale à 300 m de profondeur. Soudain, c’est l’accident : la galerie s’effondre sur une longueur de 12 m environ et les malheureux sont ensevelis sous des mètres-cubes de caillasses. L’alerte est donnée par un gazier venu mesurer la teneur en grisou et qui est tout surpris de trouver la taille complètement éboulée dans un nuage de poussières. Malgré la probabilité très faible de retrouver des survivants, de nombreux volontaires (sauveteurs, ouvriers, agents de maîtrise) se relaient pendant des heures pour avancer cm par cm en déblayant soigneusement les roches. C’est un travail considérable car l’éboulement a tout emporté, les hommes éreintés n’ont avancé que de 2,5 m à 16h. A 23 h, on découvre un premier corps ; à 13h le lendemain, on en atteint un deuxième. Le troisième malheureux est dégagé le lundi 1er décembre à 6h du matin et le dernier à 21h, soit 85 h après l’éboulement !

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A trois jours de la Ste Barbe, cette catastrophe vient à nouveau endeuiller le Groupe de DOUAI ; le 24 mars 1969, il y avait déjà eu 5 morts à LEFOREST (chute d’une cage de bure à la fosse 10 de l’Escarpelle). La Direction affirme que les nombreux efforts accomplis depuis quelque temps pour une plus grande sécurité face à la complexité croissante des techniques et des méthodes d'exploitation doivent encore être développés. Pour les syndicats, cette recrudescence des accidents est un nouveau signe de la récession: on veut plus de productivité avec moins de moyens, le progrès technique n’a de sens que s’il est mis au service des hommes et non simplement au service d’impératifs économiques.

Les obsèques ne seront pas collectives selon les souhaits des familles, elles se succéderont le mercredi 3 décembre. Toutes les cérémonies prévues le lendemain pour la Ste Barbe seront annulées ou reportées dans le Groupe de DOUAI sauf les messes au cours desquelles on rendra un dernier hommage aux victimes.

Entre 1931 (début de l’exploitation) et 1984 (date de la fermeture), on a extrait 30 millions de t de charbon au Siège Barrois.

Les catastrophes en septembre NPDC

 

Les catastrophes en septembre NPDC

LES CATASTROPHES DU MOIS DE SEPTEMBRE DANS

LES CHARBONNAGES DU NORD/PAS-DE-CALAIS

Mercredi 3 septembre 1912 : fosse 1 de La Clarence à DIVION, 79 morts

La fosse 1 de La Clarence à DIVION est toute jeune en 1912. Les fonçages des deux puits commencés en 1896 ont duré très longtemps car il a fallu atteindre -1186 m et -1069 m pour chacun d’entre eux. La fosse semble très grisouteuse mais il faut produire du charbon !

Le mardi 3 septembre 1912, il est 14h 30 et les cages qui remontent les ouvriers du matin redescendent avec ceux de l’après-midi. Soudain, on entend une grande explosion, c’est un coup de grisou et c’est l’horreur. Prévenus, les sauveteurs des fosses voisines accourent pour essayer de dégager des camarades mais c’est surtout de nombreux tués et des hommes blessés gravement qu’ils découvrent. On remonte 39 corps dans les premières heures mais il manque encore beaucoup de mineurs. Les recherches durent plusieurs jours malgré d’autres explosions qui font de nouvelles victimes parmi les sauveteurs. Le bilan final est très lourd : 79 morts, 23 blessés provenant de toutes les villes et villages des environs (DIVION, CALONNE-RICOUART, AUCHEL, OURTON, FLORINGHEM, …). 26 corps n’ont pas été retrouvés car la fosse a dû être noyée pour éviter les incendies à répétition qui détruisent toutes les installations du fond.

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La fosse 1 début du 20ième siècle

Le jour de la catastrophe

Six ans à peine après la catastrophe de COURRIÈRES, des consignes ont été données aux médias par le Ministre des Travaux Publics, Jean DUPUY, pour éviter un nouvel embrasement de tout le Bassin Minier ; cette catastrophe n’a donc pas eu le même écho dans le pays que celle qui a fait 1099 morts en 1906. Il n’y a pas eu d’obsèques globales mais séparées, chaque ville organisant les siennes. Elles ont toutes été encadrées par des gendarmes à cheval chargés de disperser les manifestations qui pourraient être improvisées (il ne faut surtout pas laisser les anarchistes tels Benoît BROUTCHOUX haranguer la foule pour provoquer des grèves.

Le défilé mortuaire sur le carreau de la fosse

Cette catastrophe a eu comme conséquence de faire creuser le puits n°2 à CALONNE-RICOUART à environ un km du n°1 à partir de 1916, il servira à l’aération de celui-ci.

Un second accident faisant 10 morts se produira le dimanche 20 juin 1954 à la fosse de La Clarence qui faisait partie du Groupe d’AUCHEL depuis la nationalisation. Cette nouvelle catastrophe et le faible rendement (930 t/j au maximum en 1954 malgré la modernisation des puits en 1951) entraîneront la fermeture de l’établissement (voir l’article sur les catastrophes de juin). Elle aura produit 6,55 millions de t.

Samedi 28 septembre 1940 : fosse 6 d’HAILLICOURT (Compagnie des Mines de BRUAY), 34 morts

18h 15 : trois avions allemands, certainement de retour d’Angleterre (on est en pleine bataille aérienne d’Angleterre) passent au-dessus de la fosse 6. L’un deux, sans doute touché, fait demi-tour pour se délester de cinq bombes qui tombent sur le bâtiment de criblage-moulinage. Les poussières de charbon soulevées provoquent instantanément un coup de poussier et tout s’enflamme transformant les membres du personnel en torches humaines. Il y a 34 morts (dont 22 trieuses sur les 27 présentes) et 16 blessés.

La fosse 6 avant modernisation

Entre 1913 et 1979 (date de sa fermeture définitive), le siège 6 qui était l’un des plus importants du Bassin Minier a produit 50,48 millions de t de charbon nettes.

La fosse modernisée vers 1970

Vendredi 10 septembre 1948 : fosse 7 d’AVION (Groupe de LIÉVIN), 7 morts

La fosse 7 d’AVION est en 1948 l’une des plus productives du Bassin mais elle est très grisouteuse.

La fosse 7 avant modernisation

Le vendredi 10 septembre, on s’affaire dans une nouvelle taille qui vient d’être mise en exploitation. Vers 10h, on prévient le porion qu’un incendie s’est déclaré dans une galerie voisine ; il s’y rend pour voir ce qui se passe. C’est déjà la fournaise, il avertit le jour qui lui demande de faire remonter son personnel ; lui reste encore un peu pour essayer d’éteindre l’incendie qui fait rage avec de l’eau. D’un seul coup, c’est l’explosion due à un coup de poussier très violent qui se propage dans les galeries ; le porion est gravement brûlé. Dès lors, tout est organisé au jour pour acheminer les sauveteurs et leur matériel sur les lieux de l’accident. Dans la taille, c’est l’enfer ! On remonte rapidement les corps sans vie de deux galibots et les premiers blessés dont cinq affreusement brûlés qui décèderont les jours suivants dans les hôpitaux de LIÉVIN et de FOUQUIÈRES dans d’atroces souffrances que le corps médical des Mines en relation avec les spécialistes de l’Hôpital Foch de PARIS a essayé en vain d’atténuer. Le bilan final s’établit à 7 morts et quelques blessés légers qui ont pu reprendre le travail.

Les obsèques ont lieu le lundi 13 septembre ; des milliers de personnes rendent un dernier hommage aux malheureux mineurs dont les cercueils sont alignés devant l’Hôtel de Ville d’AVION. La presse communiste (Liberté, l’Humanité) se déchaîne contre la déshumanisation de la fosse et les rendements excessifs et surtout contre les Décrets Lacoste qui viennent d’être imposés aux mineurs : baisse des rémunérations, transfert de la gestion des accidents du travail et maladies des mains des Sociétés de Secours Minières à la Direction des Houillères, et enfin la diminution de 10 % des effectifs de jour. Trop, c’est trop ! La grande grève de 1948 commence le 4 octobre, elle sera réprimée dans le sang par les CRS envoyés par le Ministre de l’Intérieur, Jules MOCH.

La fosse modernisée après 1953

Pour ce qui est de la catastrophe d’AVION, l’enquête n’a pas permis de déterminer avec certitude les causes de l’explosion. Pour les syndicats, c’est un coup de poussier classique dû aux cadences infernales ; pour la Direction, l’eau envoyée par le porion sur le charbon incandescent a formé un mélange gazeux détonant d’hydrogène et de monoxyde de carbone appelé ''gaz à l’eau'' par les chimistes : H2O + C → H2 + CO.

Une autre catastrophe une nouvelle fois due au grisou a fait 21 morts le 2 février 1965 (voir catastrophes de février).

Entre 1923 et 1973 (date de sa concentration sur le siège 11/19 de LENS), la fosse 7 d’AVION constituée de deux puits profonds de 1105 m et 928 m a produit 40,78 millions de t de charbon avec une pointe à 3000 t/j vers 1960. Elle a encore servi pour l’aérage du 11/19 jusqu’en 1986.

Les catastrophes en Juillet-Août

 

Les catastrophes en Juillet-Août

LES CATASTROPHES DES MOIS DE JUILLET ET AOÛT

DANS LES CHARBONNAGES DU NORD/PAS-DE-CALAIS

Mercredi 31 juillet 1929 : fosse 7-7bis de l’Escarpelle à COURCELLES-LES-LENS, 8 morts

Juillet 1929 : c’est un été pourri mais ce n’est pas grave. Il y a un climat d’insouciance dans toute la société, on se passionne pour le cinéma devenu parlant, le jazz et les danses américaines. Personne ne le sait encore mais la fin des années folles approche. Dans quelques mois, ce sera le retour des inquiétudes : krach boursier à NEW YORK, Hitler, Staline, … Dans le Nord/Pas-de-Calais, c’est l’ère du "charbon roi " ; toutes les fosses détruites en 1918 sont désormais réparées et rénovées. Grâce à l’appoint des mineurs étrangers (les polonais constituent 49% des effectifs du fond tous bassins confondus) et la mécanisation des chantiers, la production nordiste et celle du pays atteignent des sommets (la France produira 59 millions de tonnes l’année suivante). La fosse 7 de l’Escarpelle participe comme toutes ses voisines à cette frénésie de production en cette fin du mois de juillet 1929 où tous les mineurs sont au travail car il n’y a pas encore de congés payés.

Mercredi 31 juillet 18h : au milieu du poste de l’après-midi, une grande explosion au puits 7 bis secoue les entrailles de la terre. L’alerte est donnée et on ordonne à tous les mineurs de remonter sur le champ. A la lampisterie, on constate qu’il manque 8 taillettes. La sirène prévient les habitants du coron qui affluent en grand nombre vers la fosse. Les secours s’organisent rapidement, c’est le Directeur des Mines de l’Escarpelle en personne qui dirige les opérations. Au fond, c’est l’horreur ; une équipe de sauveteurs venue de LENS découvre les corps sans vie des huit malheureux qui sont tous dans le même secteur. Le grisou a encore tué et cette nouvelle catastrophe fait 12 orphelins de plus. Le 21 août 1885, il y avait déjà eu 7 morts dans cette fosse dont 3 de moins de 15 ans.

Les funérailles ont lieu le samedi 3 août en présence des Préfets du Nord et du Pas-de-Calais car les victimes sont originaires des deux départements ; ils remettront la Médaille d’honneur du Travail aux huit mineurs à titre posthume.

De 1877 à 1948 (date de sa concentration sur la fosse 8 d’AUBY), la fosse 7-7 bis de l’Escarpelle qui a employé jusqu’à 800 personnes a produit 7,02 millions de t de charbon. Le puits 7 a été remblayé en 1953 et le 7 bis a encore servi pour l’aérage du 8 jusqu’en 1966.

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La fosse 7-7 bis de l’Escarpelle à COURCELLES-LES-LENS en 1930.

Mardi 12 août 1952 : fosse Schneider de LOURCHES (Groupe de VALENCIENNES), 10 morts

La fosse Schneider qui vient d’être modernisée en 1950 est réputée grisouteuse, poussiéreuse et difficile. Dans la nuit du 11 au 12 août 1952 (deux jours avant les congés annuels), 160 mineurs creusent les galeries et aménagent les tailles pour le poste du matin. Dans le quartier Adélaïde, à - 840 m, le boutefeu s’apprête à exécuter comme chaque soir un tir de mines à retardement.

Dès qu’il appuie sur le détonateur, c’est l’enfer ! L’explosion crée une boule de feu gigantesque et incandescente qui se propage à grande vitesse dans toutes les galeries en dévastant tout sur son passage. 3 mineurs sont tués sur le coup et 17 autres sont gravement brûlés ; 6 mourront dans les heures suivantes et un autre le 19 août. Les funérailles des malheureux ont lieu à LOURCHES devant plus de 10000 personnes le samedi 16 août dans l’après-midi. Dans son allocution, le Délégué-mineur précise qu’il a maintes fois alerté la Direction sur la présence anormale d’une trop grande quantité de poussières dans le quartier et qu’il a demandé depuis longtemps une augmentation de l’aérage. D’après lui, c’est l’utilisation de mines à retardement qui explosent en cascade, les unes après les autres, à quelques dixièmes de seconde d’intervalle, qui a créé l’explosion ; les premières charges ont libéré le grisou et soulevé les poussières et les suivantes ont enflammé l’ensemble en créant la boule de feu qui s’est propagée à plus de 200 m/s dans les galeries. Le Délégué-mineur ne veut donc pas entendre parler de fatalité (argument de la Direction), c’est le manque d’aérage qui a provoqué la catastrophe.

La fosse Schneider s’appelait au départ ″fosse Ste Barbe″ de 1837 à 1886, date à laquelle la production s’est arrêtée pour manque de rentabilité. On construit un peu après 1900 un second puits qu’on appelle ″Paul Schneider″ (grand industriel du charbon et de l’acier du CREUSOT) et qui commence à être opérationnel en 1907. De 1837 à 1955 (fin brutale de l’exploitation suite à une inondation de toute la fosse), on a produit 26,57 millions de t. Le puits a été remblayé en 1957.

La fosse Schneider de LOURCHES en 1946.

Mardi 26 août 1975 : explosion du terril de la fosse 6 de CALONNE-RICOUART, 5 morts

Le terril du 6 de l’ancienne Compagnie de MARLES à CALONNE-RICOUART est un des plus imposants du Bassin Minier par sa hauteur et parce qu’il est situé sur la colline de la ville qui sépare les cités de Quenehem (majorité de polonais travaillant surtout au siège 2) à l’est de la cité du 6 (peu de polonais). En 1975, la fosse 6 qui était l’une des plus importantes d’Europe avant la Seconde Guerre Mondiale (plus de 1500 t/j , 23,15 millions de t extraites de 1908 à 1966, date de la concentration sur le 2) est arrêtée depuis neuf ans mais son terril qui est exploité semble encore bien vivant car souvent des fumées s’en dégagent. Des émanations de grisou ont déjà provoqué deux explosions sans gravité dans le passé. Il se dit que le lavoir construit en 1922 n’a jamais très bien fonctionné et que les schistes déversés sur le terril ont toujours été chargés d’un pourcentage non négligeable de charbon poussiéreux. À cause de la pression intense des roches dans les entrailles du géant, celui-ci est décomposé par la chaleur et il se forme des poches de méthane (grisou) qui ne peut s’enflammer seul, il a besoin d’un comburant, l’oxygène en l’occurrence qui peut être créé par la décomposition thermique de l’eau de pluie infiltrée (celle-ci donne également de l’hydrogène, un gaz très inflammable). Lors d’une forte pluie, des glissements de roches peuvent se produire et des poches de méthane et d’oxygène peuvent entrer en contact ; la moindre étincelle créée par le choc de deux cailloux peut alors faire exploser le mélange tonnant méthane-oxygène et d’autant plus violemment que l’on se rapproche de la proportion 1/3 méthane-2/3 oxygène, ce qui est rarement le cas.

Dans la nuit du mardi 26 août 1975, des pluies diluviennes s’abattent sur le terril et ce qui vient d’être décrit comme très improbable se produit. Une explosion très violente propulse 11000 m3 de roches plus ou moins grosses et des cendres brûlantes sur les rues du haut de la cité Quenehem. A certains endroits, il y a un mètre de poussière noire qui s’est répandue sur trois hectares ; un des pompiers présents a dit que ses bottes fondaient, il a dû s’échapper en courant. L’explosion a été si violente qu’un bulldozer présent sur le terril a été projeté à 250m et est venu s’écraser sur une maison où les gens dormaient. Tous ces projectiles ont provoqué la mort de 5 personnes et 4 ont été gravement brûlées, toutes sont d’origine polonaise. Une stèle dans la rue montante du Mont St Eloi rappelle cette catastrophe sans précédent.

Le siège 6 en 1945 : le terril sépare la cité 6 au premier plan et la cité Quenehem limitée par le terril du siège 2 à l’arrière plan. Un tunnel au niveau de la rue d’Arras (la deuxième rue de la cité Quenehem en partant du bas) permettait de traverser le terril.

La partie est du terril a été éventrée et les débris projetés par l’explosion recouvrent une partie de la cité Quenehem.

Les catastrophes en juin

 

Les catastrophes en juin

LES CATASTROPHES DU MOIS DE JUIN DANS LES CHARBONNAGES DU NORD/PAS-DE-CALAIS

Dimanche 20 juin 1954 : fosse 1 de La Clarence à DIVION (Groupe d’AUCHEL), 10 morts

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La fosse 1 de la Clarence avant sa rénovation en 1950

Samedi 19 juin 1954, c’est la fête à La Clarence (c’est le quartier haut de DIVION). Les manèges ont envahi la place des Frères Viseur à côté de l’Ecole Curie et de l’église et la journée s’achève tardivement par un grand bal populaire. Au fond de la fosse 1-1 bis voisine, la plus profonde d’Europe (deux puits à -1069 m et - 1186 m) mais aussi l’une des plus grisouteuses, le poste de nuit se termine. Soudain à 4h 15, une violente explosion ébranle la taille Rosalie à - 875 m. Dix mineurs sont tués et il y a deux blessés graves. A cause de l’éboulement, le dernier corps ne sera remonté que le mardi matin. Les funérailles ont lieu le jeudi 24 juin à DIVION. Dans son intervention, Léon DELFOSSE, au nom de la CGT, signale que c’est la cinquième catastrophe due au grisou ou à un coup de poussières dans le Nord/Pas-de-Calais depuis 1948 :

  • Avril 1948 : SALLAUMINES, fosse 4 du Groupe d’HENIN-LIETARD, 16 morts,

  • Décembre 1948 : AVION, fosse 7 du Groupe de LIEVIN, 7 morts,

  • Décembre 1951 : DIVION, fosse 5 du Groupe de BRUAY, 11 morts,

  • Août 1952 : LOURCHES, fosse Schneider du Groupe de VALENCIENNES, 9 morts.

Il précise qu’un mineur est tué par jour en moyenne dans les mines françaises et on apprend que dans la nuit qui a précédé les obsèques, il y a encore eu deux morts dans un éboulement à la fosse 5 de DIVION (Groupe de BRUAY) distante d’à peine 2 km à vol d’oiseau de celle de La Clarence.

C’est la seconde catastrophe due au grisou à la fosse 1 après celle qui a fait 79 morts et 23 blessés le 3 septembre 1912, elle venait d’être modernisée en 1951 malgré l’épuisement du gisement en profondeur. Une semaine avant l’explosion, il y a pourtant eu une évacuation des mineurs suite à une accumulation de grisou dans les étages de production mais tout n’a apparemment pas été fait pour évacuer complètement le gaz. La catastrophe du 20 juin 1954 provoque la fermeture de la fosse 1 (deux puits) et de la fosse 2 (un puits d’aérage) le 1er septembre, les 800 personnes qui y travaillaient sont mutées dans les sièges voisins d’AUCHEL et de BRUAY. Le chevalement moderne de la fosse 1 sera remonté à la fosse Sabatier de RAISMES.

De 1901 à 1954, la fosse 1 de La Clarence a produit 6,55 millions de t de charbon (550 t/j au maximum).

Le nouveau chevalement de la fosse 1

remonté à la fosse Sabatier de RAISMES

Jeudi 21 juin 1962 : fosse 13 d’HULLUCH (Groupe de LENS-LIÉVIN), 6 morts

Fosse 13 de LENS à HULLUCH vers 1950 Photo JM MINOT

Il est 20h en ce 21 juin, six mineurs (le chef de taille et cinq ouvriers marocains) sont en train de consolider le toit d’une petite taille où on exploite la veine Elisa d’ouverture 1,20 m à -550 m. Soudain, dans un grondement d’enfer, tout s’effondre. Malgré l’arrivée rapide des secours, la progression pour déblayer l’éboulement est très lente mais les sauveteurs ont un contact avec le chef d’équipe. Il faut faire vite car l’eau monte et on sent le gaz. Malheureusement un nouvel éboulement se produit et on n’entend plus aucun signal.

Vers 13h, on atteint les six malheureux qui sont tous décédés. C’étaient des mineurs très jeunes, le plus âgé avait 31 ans et les épouses de deux d’entre eux s’apprêtaient à accoucher. La catastrophe fera finalement 14 orphelins.

Les obsèques du chef de taille ont lieu à ANNEZIN le lundi 25 juin au matin. Les funérailles de ses cinq collègues se déroulent l’après-midi à LENS en présence de nombreuses personnalités et de 5000 mineurs marocains.

La fosse 13 d’HULLUCH a produit 6,80 millions de t de charbon entre 1908 et 1955, date à laquelle elle a été concentrée sur le siège 18 de LENS distant de quelques centaines de mètres. 400 mineurs y travaillaient au moment du drame.

Le siège 18 sur lequel étaient concentrées les fosses 6, 7, 13 de LENS, les fosses 3 et 4 de MEURCHIN et les fosses 3 et 8 de BÉTHUNE a produit 9,86 millions de t de charbon (3000 t/j au maximum) entre 1955 et 1978.

Siège 18 de LENS à HULLUCH en 1974

Mercredi 17 juin 1964 : fosse 5 d’AUCHEL (Groupe d’AUCHEL), 5 morts

Très belle photo aérienne de la fosse 5 vers 1950 : le 5 ter est à gauche, les 5 et 5 bis au centre, le début de la Cité 5 en bas, l’hôpital Ste Barbe au centre derrière les arbres et les Grands Bureaux en haut à droite à proximité de la Cité 3.

Il est 22h 15, au 5 ter d’AUCHEL, 27 mineurs entament leur descente pour le poste de nuit. La cage doit les amener à 8m/s aux étages de production à -420m et -534 m. Depuis quelque temps, les hommes savent que, juste avant d’arriver à destination, vers -400m, celle-ci est  légèrement secouée car les guides du puits sont un peu abimés à cet endroit ; on ne répare pas car il est prévu que la fosse ferme dans quelques semaines. En ce 17 juin, le choc est plus violent que d’habitude et les portillons de sécurité en acier perforé de la cage qui protègent les hommes sortent de leurs gongs provoquant la chute brutale de cinq d’entre eux dans le vide sans que leurs camarades s’en aperçoivent du fait de l’obscurité. On retrouve leurs corps meurtris au fond du puits. Cette catastrophe unique en son genre n’est donc pas due à la fatalité. Les cinq malheureux mineurs n’ont pas droit à des funérailles collectives, comme il est de coutume en pareil cas (peut-être pour éviter les manifestations…), mais à des obsèques simultanées à AUCHEL, MARLES LES MINES et CALONNE-RICOUART ; ils laissent 14 orphelins.

Entre 1876 et 1963 (concentration sur le siège 2 de MARLES LES MINES), la fosse 5 qui employait près de 1000 personnes vers 1950 a produit 37,47 millions de t (1580 t/j au maximum) de charbons flénus d’excellente qualité (brillants, lisses, peu friables, idéaux pour le chauffage domestique en convecteur ou en chaudière car ils font très peu de cendres mais pas pour la fabrication du coke).

Les puits 5 et 5 bis ont été remblayés entre 1967 et 1969 et le puits 5 ter (réparé…) a encore servi quelques années pour la descente des hommes et du matériel ainsi que pour l’aérage du Siège 2 de MARLES LES MINES.

Catastrophes du mois d'Avril

 

Catastrophes du mois d'Avril

LES CATASTROPHES DU MOIS D’AVRIL DANS LES CHARBONNAGES DU NORD/PAS-DE-CALAIS

Six catastrophes ont eu lieu en avril, quatre dans la Pas-de-Calais et deux dans le Nord.

Mercredi 9 avril 1823 : fosse La Pensée à ABSCON (Compagnie des Mines d’ANZIN), 22 morts

Deux coups de grisou successifs ont été à déplorer dans cette fosse qui venait d’entrer en extraction :

  • le 9 avril 1823 : 22 morts,

  • le 26 juin 1824 : 20 morts.

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La fosse La Pensée d’ABSCON vers 1906.

Foncée en 1822, elle a produit seulement 338000 t de charbons gras et demi-gras jusqu’en 1871 (fin de l’extraction), elle a ensuite servi de puits d’aération pour la fosse St Mark d’ESCAUDAIN jusqu’en 1950.

13 avril 1882 : fosse 3 de LIÉVIN (Compagnie des Mines de LIÉVIN), 9 morts

C’est la première catastrophe de la fosse 3 dite "Ste Pauline" qui était très grisouteuse (à ne pas confondre avec la fosse 3 de LENS à LIÉVIN). Il y en aura deux autres :

  • le 28 janvier 1907 : coup de grisou, décès de deux ingénieurs et d’un maître-porion,

  • le 16 mars 1957 : coup de grisou, 10 tués (voir article Apphim "Les catastrophes du mois de mars dans les Charbonnages du Nord/Pas-de-Calais").

La fosse 3 Ste Pauline de LIÉVIN vers 1950.

Entre 1876 et 1958, la fosse 3 de LIÉVIN aura produit 23,02 millions de tonnes de charbon. Elle est alors concentrée sur les sièges 6 d’ANGRES et 7 d’AVION. Quelques années après sa fermeture en 1970, l’entreprise BENALU (bennes en aluminium) s’est installée sur son carreau.

Lundi 16 avril 1917 : fosse 9 d’HERSIN-COUPIGNY (Compagnie des Mines de NŒUX), 42 morts

Lundi 16 avril 1917, 7h 30, la sirène de la fosse 9 d’HERSIN hurle, une explosion vient d’avoir lieu au fond de la mine. Les habitants de la cité 9 de BARLIN où habitent la majorité des mineurs se ruent vers le chevalement mais un cordon de soldats britanniques est déjà là pour les empêcher de franchir le grand portail. On est en pleine guerre et la fosse est dans le secteur anglais. Il pleut, il neige, toute une foule inquiète et transie de froid attend les nouvelles qui ne peuvent être que mauvaises. L’armée britannique prête du matériel d’urgence aux sauveteurs qui se relaient pendant des heures pour chercher et ramener les victimes qui sont éparpillées un peu partout. Il faut trois jours pour faire remonter 38 tués et 15 blessés ; la plupart d’entre eux sont des soldats démobilisés qui ont quitté l’enfer des tranchées pour retrouver celui de la mine. La catastrophe fera finalement 42 morts. Pendant les obsèques qui ont lieu le jeudi 19 avril, on entend les bruits de la canonnade car la bataille de VIMY à quelques kilomètres vers l’est vient à peine de se terminer mais les combats font toujours rage dans le secteur. Le lundi 9 avril, en effet, quatre divisions canadiennes (30000 hommes) avaient pris d’assaut la côte 145 qu’ils ont emportée le 14 au prix de pertes très sévères : 3598 morts, 7104 blessés, c’est pire chez les allemands qui ont perdu 20000 hommes ; ces chiffres surpassent de beaucoup ceux de la catastrophe, ce qui explique que celle-ci a été un peu oubliée dans les ouvrages de l’époque.

La fosse 9 des Mines de NŒUX à HERSIN en 1927

La fosse 9-9 bis foncée entre 1905 et 1907 a produit 2,09 millions de tonnes de charbon entre 1908 et 1921. A partir de cette date et jusqu’à 1957, elle a servi pour l’aérage de la fosse 7 de BARLIN.

Lundi 19 avril 1948 : fosse 4/11 de SALLAUMINES (Groupe d’HÉNIN-LIÉTARD), 16 morts

La fosse 4/11 déjà durement touchée le 10 mars 1906 (506 des 1099 morts de la catastrophe de COURRIÈRES en étaient originaires) va de nouveau être le siège d’un accident collectif très grave. Le lundi 19 avril 1948, 365 mineurs travaillent de l’après-midi dans les trois étages d’exploitation (- 289m, - 341 m, - 403 m). A 17h 35, une gigantesque explosion secoue la mine et une flamme géante sort du puits 11 ; le coup de grisou a soulevé la cage de 20 mètres et celle-ci s’est incrustée dans la partie haute du chevalement. Les installations du jour sont ravagées et trois jeunes filles du triage sont atrocement brûlées. Quant au puits 4, il est bouché par les débris et on doit remonter les premiers blessés du fond par le puits 3 de MÉRICOURT situé à 2 kilomètres. Va-t-on assister à un nouveau COURRIÈRES ? Dès que le puits 4 redevient fonctionnel, on peut faire un premier bilan humain et un état des lieux des différents étages :

  • 12 morts, 35 blessés dont une dizaine très gravement,

  • étage 403 : gros dégâts matériels ; étage 341 : dégâts légers ; étage 289 : peu de dégâts.

Les arrêts-barrages Taffanel ont bien joué leur rôle et ont empêché la propagation de l’explosion.

Celle-ci ayant provoqué un court-circuit électrique, le moteur du ventilateur principal du 4 s’est arrêté et c’est un coup de chance car celui-ci aurait envoyé le monoxyde de carbone formé dans les chantiers d’abattage et le bilan aurait été bien plus lourd. Ce gaz dangereux légèrement moins dense que l’air s’est donc dilué dans le puits et en est sorti naturellement. Le bilan final sera de 16 morts dont deux femmes et d’une quarantaine de blessés.

La fosse 4/11 de SALLAUMINES après la catastrophe

Les funérailles ont lieu le jeudi 22 avril en présence de nombreuses personnalités politiques, syndicales et religieuses. Il est à noter que le Ministre de l’Industrie et du Commerce, M. Robert LACOSTE, pourtant présent à SALLAUMINES depuis les premières heures de la catastrophe, a été prié par le Président du Conseil de ne pas assister à la cérémonie car celui-ci trouvait déplacé que les événements servent de prétexte pour des revendications syndicales. Dans leurs interventions virulentes, M. Auguste LECOEUR, ex Secrétaire d’Etat au Charbon de janvier à décembre 1946 et père du statut du mineur, venu en tant que Président de la Fédération régionale des mineurs du Nord-Pas-de-Calais, et le Délégué LEBLOND de la fosse 4/11 adressent un véritable réquisitoire contre l’Etat-patron (on est dans la deuxième année de la nationalisation) et parlent de négligences criminelles (on pousse à la production en sacrifiant la sécurité du mineur). L’enquête très longue qui s’en est suivie n’a pas déterminé les causes exactes de la catastrophe car l’explosion s’est produite dans le puits-même qui s’est comporté comme un "canon".

Les dégâts occasionnés par l'explosion

Le puits n°4 a été foncé en 1865 et terminé en 1867, le puits n°11 foncé en 1898 fonctionne en 1901. Entre 1867 et 1954 (date de la concentration sur le siège 3/15 de MERICOURT), la fosse 4/11 a produit 21,13 millions de tonnes de charbons gras contenant de 35 à 40 % de matières volatiles. Les chevalements ont été abattus en 1962 et les puits remblayés.

Mercredi 6 avril 1949 : fosse 11 de GRENAY (Compagnie des Mines de BÉTHUNE), 1 mort

Moins d’une année après SALLAUMINES, une catastrophe du même type s’est produite à la fosse 11 de GRENAY. L’explosion d’une canalisation d’air comprimé dans le puits a provoqué un coup de poussières qui se sont enflammées. Au jour, tout est dévasté ; on dénombre 32 blessés dont 4 au fond et parmi les victimes, il y a 5 femmes. Un jeune allemand de 19 ans, gravement brûlé, succombera huit jours après l’accident.

Le mauvais état de la canalisation était, semble-t-il, connu mais le remplacement aurait coûté trop cher. C’en est trop pour Auguste LECOEUR ; dans le Tribune du Mineur, il s’en prend au Ministre LACOSTE et à la Direction des Charbonnages : "Les morts et les blessés leur coûtent moins que la réfection des puits". Pour la Fédération du Sous-sol, les mêmes n’ont pas tiré les leçons de la catastrophe de SALLAUMINES ; seuls comptent les chiffres de la production. Dans le compte rendu officiel de l’enquête, on émet plusieurs causes possibles de la catastrophe : inflammation due à une fuite d’huile, sabotage… Le flou demeure.

La fosse 11 de GRENAY vers 1950.

Le puits no 11 est foncé par la Compagnie des mines de BETHUNE en 1904 et le 11 bis en 1906. La fosse produit dès 1908 mais elle est complètement détruite à la fin de la Première Guerre Mondiale. Reconstruite dès 1920, la fosse no 11 - 11 bis est alors dotée d'un nouveau chevalement original en béton armé. De 1908 à 1967, on y a extrait 14,62 millions de tonnes de charbon. Les deux puits sont remblayés et détruits en 1969.

Jeudi 10 avril 1974 : fosse Agache de FENAIN (Groupe de VALENCIENNES), 2 morts

Veine n°3, - 640 m, 20h 45 : les ouvriers terminent leur poste de l’après-midi dans une taille montante à 46°, mécanisée (scraper), d’ouverture variant de 0,80 m à 0,90 m et d’une longueur de 105 m. Soudain, un grondement énorme… Le soutènement de la galerie se tord comme du fil de fer et tout le toit de la galerie s’effondre sur une vingtaine de mètres ensevelissant deux ouvriers qui n’ont pas eu le temps de fuir l’éboulement. La quinzaine de sauveteurs qui s’est immédiatement mise au travail pour libérer les malheureux a dû déblayer les terres en posant de nouveaux étançons métalliques. Les équipes se relaient pendant 115 heures et c’est finalement le mardi 15 avril qu’on dégage les corps sans vie des deux mineurs vraisemblablement tués sur le coup. Dans son rapport, le Délégué de la fosse précise que la Direction connaissait très bien la nature du chantier et notamment la friabilité du toit. D’après lui, dans ce type de taille, l’exploitation doit se faire de façon traditionnelle au marteau-piqueur comme c’est le cas aux étages - 480 et - 560 et non par un engin mécanisé ; c’est ce choix qu’aurait fait la Direction pour une question de rentabilité.

La fosse Agache de FENAIN vers 1970.

Les deux puits de la fosse Agache des Mines d’ANZIN ont été foncés à partir de 1907 et l’extraction a commencé en 1913. A l’issue du premier conflit mondial, la fosse est complètement détruite et sa reconstruction est terminée en 1921. Elle intègre le Groupe de VALENCIENNES à la Libération et devient un siège de concentration à partir de 1950. De 1913 à 1976, on y a extrait 21,90 millions de tonnes. Les chevalements ont été abattus en 1979.

Les catastrophes du mois de mars

 

Les catastrophes du mois de mars

LES CATASTROPHES DU MOIS DE MARS DANS LES CHARBONNAGES DU NORD/PAS-DE-CALAIS

Une demi-douzaine de catastrophes ont eu lieu en février mais c’est le mois de mars qui bat tous les records pour le nombre de victimes avec notamment le drame du 10 mars 1906 de la Compagnie des Mines de COURRIÈRES qui fit 1099 morts (fosses 2 de BILLY-MONTIGNY, 3 de MERICOURT et 4 de SALLAUMINES). Voici les autres graves accidents.

Mars 1901 : fosse 2 ROUVROY (Compagnie des Mines de DROCOURT), 3 morts

C’est la première catastrophe du XXème siècle dans le Nord/Pas-de-Calais : un coup de grisou à la fosse 2 des Mines de DROCOURT a fait 3 morts et 4 brûlés graves.

Le fonçage de celle-ci commencé en 1891. Cette fosse dite "Nouméa" située à proximité de la grande cokerie de DROCOURT a produit des charbons gras jusqu’en 1955, elle a encore servi pour l’aérage jusqu’en 1979.

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La fosse "Nouméa" au moment de la catastrophe de 1901

Mardi 2 mars 1943 : fosse 9 d’ANNEQUIN (Compagnie des Mines de BÉTHUNE), 6 morts

Le 2 mars 1943, un coup de grisou à la fosse n° 9 fait 16 morts et 6 blessés dans un quartier pourtant peu grisouteux. L’explosion s’est produite lors d’un tir de mine pour faire tomber le toit.

Cette fosse a produit 14,28 millions de t de charbon demi-gras de 1896 à 1964.

La fosse 9 d'ANNEQUIN vers 1909

Jeudi 23 mars 1944 : fosse 9 d’OIGNIES (Compagnie des Mines de DOURGES), 6 morts

Le 23 mars 1944, à 15h 30, dans la voie descendante de la veine Ste Michelle à -456 m de la fosse 9, un coup de grisou a fait 6 morts. Avant que les obsèques aient lieu à DOURGES, COURRIERES et OIGNIES, un nouvel accident dû à un éboulement a tué un autre mineur sur un chantier voisin.

Foncée en 1930, cette fosse dite "De Clerq-De Crombez" a produit 4,78 millions de t de charbon maigre jusqu’en 1963 où elle a été raccordée à l’étage -531 m au nouveau siège 10 de concentration. Elle a ensuite été utilisée pour le service et l’aération jusqu’au 21 décembre 1990 et c’est là qu’a été remontée la dernière berline de charbon du Nord/Pas-de-Calais de la taille Michelle 224, ce qui mettait un terme de plus de deux siècles de production dans la région.

La fosse 9 d'OIGNIES vers 1950

Jeudi 28 mars 1946 : fosse 1 d’OIGNIES (Groupe d’OIGNIES), 13 morts

Le 28 mars 1946, 76 hommes descendus à 22h arrivent vers 22h 45 dans la taille n°2 de la veine 16 à -574m. Soudain, une grosse explosion secoue tout le quartier, le soutènement en bois craque et s’effondre dans un nuage de poussières. 3 mineurs tués sur le coup sont retrouvés à l’entrée de la taille mais on découvrira 8 nouveaux corps sans vie en déblayant l’éboulement. 3 autres ouvriers sont grièvement brûlés, 2 d’entre eux décèderont les jours suivants. A 10h 45, tous les corps sont remontés ; parmi eux, il y a deux prisonniers allemands.

La fosse 1 d’OIGNIES (ancienne fosse 1 dite "Auguste Dupire" de la Compagnie d’OSTRICOURT) a été foncée en 1856 et a commencé à produire en 1858. Détruite en 1918, reconstruite, elle a été concentrée sur la fosse 2 en 1949 et a servi pour l’aérage du siège 10 à partir de 1958. Elle a produit 6,29 millions de t.

La fosse 1 d'OIGNIES

Mercredi 13 mars 1957 : fosse 6 d’HAILLICOURT (Groupe de BRUAY), 2 morts

Le 13 mars 1957, la recette du puits 6 bis à - 851m est en cours d’aménagement. Il doit être procédé à un élargissement de l’endroit pour couler du béton ; soudain, un gros craquement, quatre cadres métalliques cèdent et le toit s’effondre. Trois mineurs sont ensevelis ; deux sont tués sur le coup et le troisième libéré après deux heures de déblaiement s’en tire avec quelques égratignures.

La fosse 6 est constituée de trois puits (6 et 6 bis foncés en 1909, 6 ter en 1915), elle commence à extraire en 1913 des charbons flénus et flambants gras dans un gisement riche mais déjà très profond (-591 m). Choisie comme futur siège de concentration pour tout le Bruaysis à la Libération, elle remontera à partir de 1954 les productions de toutes les fosses avoisinantes (BRUAY, DIVION, HAILLICOURT, HOUDAIN, BARLIN). Vers 1967, c’est l’un des plus grands sièges d’Europe (3800 salariés, 10500 t de charbon brut extrait par jour) mais aussi l’un des plus profonds (les trois puits à plus de 1000 m). Vers 1970, les sondages s’avèrent décevants et la production baisse continuellement ; les dernières berlines remontent le 6 septembre 1979, le 6 aura produit en tout 50,48 millions de t de charbon.

En cours d’aménagement et dans l’attente d’être bétonnée, la recette du puits 6bis, en vue de son élargissement, a vu se produire en ce 13 mars à l’étage de 851, un éboulement dû au décollement d’un bloc de terrain jusqu’au toit de la 9ème veine qui fit céder quatre cadres métalliques, et qui causa la mort d’un porion, Jules DUHAMEL, né le 26 mai 1924, marié, 3 enfants, ainsi que d’un ouvrier raucheur, René GRAVELEINE, né le 4 mai 1921, marié, 2 enfants.

Après deux heures d’efforts mettant en lumière les ouvriers Maurice ELUECQUE, Gilbert HEUMETZ et Félix ANDRYSIAK, le boute – feu Léon SZYMANOWSKI, également enseveli, put être dégagé vivant en ne présentant que des blessures légères, au même titre que Victor LANCELOT souffrant de fractures de côtes dues à la chute de la tuyauterie d’air comprimé causée par l’éboulement.

Source Lampe au Chapeau col APPHIM 1957

Le siège 6 d'HAILLICOURT, fierté du Bruaysis vers 1910

Samedi 16 mars 1957 : fosse 3 de LIÉVIN (Groupe de LIÉVIN), 10 morts

16 mars 1957, 14h 10, taille Coecilia-Beurtia 59 : l’équipe du matin (17 personnes) fait un peu de rabiot, elle termine la préparation du travail pour celle de l’après-midi. Le quartier est très productif car on y a installé en janvier un nouveau rabot. Le boutefeu procède à un tir de mine et c’est l’explosion. Le grisou et le coup de poussier qui a suivi tuent dix mineurs, quatre autres sont brûlés. 150 hommes des chantiers voisins arrêtent le travail et à 17h, tous les corps meurtris sont remontés. Les funérailles ont lieu le mardi 19 mars à LIÉVIN ; les dix cercueils recouverts de fleurs et de plaques sont déposés dans le hall de l’Hôtel de Ville drapé de noir pour l’occasion.

Ce mardi 19 mars, les quelques clichés des obsèques ne peuvent totalement révéler l’impact de cette intense douleur ressentie par tout le Groupe de Lens-Liévin, ainsi que par la population minière dans son ensemble, face à la fin tragique des malheureuses victimes de la fosse 3 de Liévin.

Conjointement aux nombreuses et touchantes marques de sympathie parvenues de l’étranger et de toute la région minière, nous souhaitions exprimer aux épouses ainsi qu’aux mamans de nos camarades disparus, toute la force de l’élan de sympathie qui, de tout le personnel du Bassin, est monté vers elles.

Les victimes

  • Claude MENUGE, 27 ans, conducteur de rabot, marié, 1 enfant.
  • Frantz OWCZARCZAK, 37 ans, chef de taille, marié, 2 enfants.
  • Henri HOCQ, 17 ans, rouleur, célibataire.
  • André LEMAIRE, 19 ans, rouleur, célibataire.
  • Jean FILIPPINI, 35 ans, boute - feu, marié, 3 enfants.
  • Henri SODERTROM, 32 ans, surveillant, marié, 1 enfant.
  • Louis CORNEZ, 36 ans, conducteur de rabot, marié, 2 enfants.
  • Gilbert PAGNIEZ, 25 ans, traceur, marié, 1 enfant.
  • Robert DEREGNAUCOURT, 26 ans, électro - mécanicien, célibataire.
  • Maurice POLFIET, 29 ans, porion, marié, 2 enfants.

                          Les blessés

  • Henri NINY, 17 ans, surveillant de tête motrice.
  • Georges PAGNIEZ, 28 ans, traceur.
  • Léon DEFIEUX, 17 ans, surveillant de tête motrice.
  • Eugène POMAER, 36 ans, chef de train.

Source Lampe au Chapeau, col APPHIM 1957

Les cercueils des dix victimes ont été exposés devant l’Hôtel de Ville de Liévin pendant le service funéraire

La fosse 3 de LIEVIN vers 1950

Les plaques commémoratives de la catastrophe du 16 mars 1957

Lundi 24 mars 1969 : fosse 10 de l’Escarpelle à LEFOREST (Groupe de DOUAI), 5 morts

Le 24 mars 1969, cinq mineurs dont quatre électromécaniciens effectuent leur travail de contrôle à l’étage -270 m ; il est aussi prévu qu’ils aillent à l’étage -370 m. Pour effectuer le trajet, ils ont trois possibilités : revenir vers le puits et emprunter la cage pour aller au niveau inférieur, descendre sur des échelles (100 m de dénivellation…) ou monter dans la cage d’un bure reliant les deux étages. Ils choisissent cette dernière solution car l’un d’entre eux est reconnu silicosé à15% et un autre handicapé à 23%. La cage dans laquelle ils s’engagent ne sert que pour le transport de charbon ou de matériel et n’est pas pourvue des dispositifs de sécurité pour le personnel comme celle du puits. Au bout de quelques secondes, on entend un choc (rupture du treuil). La cage effectue une chute dans le vide que le frein de secours ne peut ralentir et arrêter. Quatre des mineurs sont tués sur le coup et le cinquième décèdera à l’hôpital.

La fosse 10 a exploité entre 1926 et 1973 (concentration sur la fosse 9 de l’Escarpelle) un gisement de charbons maigres, on y a extrait 11,87 millions de t ; elle servira jusqu’en 1990 pour l’aérage.

La fosse 10 de l'Escarpelle dans les années 50

Catastrophe de Simon Lorraine

 

Catastrophe de Simon Lorraine

25 FÉVRIER 1985 :

LE CAUCHEMAR DE FORBACH

Lundi 25 février 1985 : 930 mineurs du siège Simon de FORBACH viennent de descendre pour le poste du matin. A 7h 21, dans la veine 18 du secteur F3 de l’étage 1050, c’est le drame. Un coup de grisou suivi d’un coup de poussier tue 19 mineurs ; 3 de leurs camarades voulant les secourir sont asphyxiés par les fumées. Aux 22 morts s’ajoutent 103 blessés et intoxiqués par le monoxyde de carbone CO ; 300 autres recevront des soins à l’infirmerie. A 11h 30, tout le personnel rescapé est remonté ; les recherches pour retrouver et remonter toutes les victimes seront arrêtées à 18h.

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Les puits Simon 1 et 2 dans les années 80

Le choc dans la corporation minière est effroyable. Comment, en 1985, une telle catastrophe est-elle encore possible ? Le siège sera fermé jusqu’au 4 mars pour les besoins de l’enquête qui durera six mois, la population exige que toute la lumière soit faite sur la tragédie. Le 1er mars, 15000 personnes assistent aux obsèques des malheureuses victimes qui ont lieu à FORBACH. Ce n’est que le 23 juin 1992 que le Tribunal de SARREGUEMINES donnera son verdict en déclarant les HBL responsables de la catastrophe. Quelques temps après le drame, de nouvelles mesures de sécurité furent prises avec l’obligation de créer des niches-refuges pressurisées à proximité des chantiers (zones contenant de l’air respirable à une pression légèrement supérieure à la pression atmosphérique pour empêcher l’entrée des gaz asphyxiants provenant de l’incendie) et le port de l’appareil d’évacuation autonome fut généralisé.

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Archives, col APPHIM

Quelques précisions concernant le siège Simon

  • Il est situé sur le territoire de FORBACH (sauf le puits n°4 à SCHOENECK) dans le Groupe de PETITE-ROSSELLE (Est du département de la Moselle).

  • Il doit son nom à Guillaume SIMON, Directeur des Houillères de PETITE ROSSELLE au moment où elles appartenaient à la famille de WENDEL.

  • Il est constitué de cinq puits :

  • puits n°1 : foncé en 1904 → extraction, service, aérage, chevalement de type anglais;

  • puits n°2 : foncé en 1908 → extraction, service, aérage ;

  • puits n°3 : foncé en 1932 → service, aérage ;

  • puits n°4 : foncé en 1947 → service, aérage ;

  • puits n°5 : foncé en 1958 → extraction, service, aérage, tour d’extraction en béton.

On peut encore voir les puits nos 1,2 et 3 à FORBACH et n°4 à SCHOENECK.

Les puits Simon 1,2 et 5 avant la destruction de la tour
  • Production totale de charbon sur le site de FORBACH de 1904 à 1997 : environ 100 millions de t.

  • Production record : 6 millions de t en 1959.

  • Fin de l’exploitation de l’UE FORBACH (Simon-Marienau) : le 5 décembre 1997, la dernière berline de charbon a été remontée au puits Simon n°2.

Les puits Simon 1 et 2 en août 2013

Stèle commémorative puits Simon photo Alain Meier 2012

Descente dans un cuffat