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dimanche 18 août 2024

Le canal de Lens

 



Au début du 16ème siècle, le canal de la Deûle fut prolongé jusque Courrières en passant par Pont-à-Vendin. L’acte d’ouverture du canal de Lens à Lille fut signé en 1520 par Antoine Le Censier, échevin.  A l’époque, on y transportait de la tourbe, des grains et des bestiaux. 

En 1587, on trouve des traces d’écrits sur le canal dans les délibérations de l’échevinage de Lens (sorte de juridiction municipale), il était alors alimenté par les marais. Les échevins de Lens percevaient un droit de péage en échange de l’entretien du rivage du canal. 

Au Nord-Est de Lens, le canal de la Souchez (aussi appelé canal de Lens à la Deûle) n’était autre que la rivière du même nom dont le lit avait été redressé à partir d’Eleu-dit-Leauwette. 

A l’époque, le canal faisait tourner quatre moulins de Lens : Peskebeuf, la Poterne, Mollaines et Arondelle. 

Ce plan de 1648 montre (en bleu) le canl de la Souchez qui se jette dans les marais de Harnes. 

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Mais trop mal entretenu, il n’est plus utilisé et est comblé en 1791. Son emplacement partagé entre les riverains 

Avec la découverte du charbon et l’essor des compagnies minières, un nouveau canal devient une nécessité. Le 2 août 1881, un décret autorise le creusement d’un canal à la demande du conseil municipal et de la compagnie des mines de Liévin. 

En 1886, il prolonge jusqu’au pont d’Eleu le canal de la Souchez qui avait été concédé aux Mines de Courrières en 1860. 

En 1898, 557 000 tonnes de marchandises ont transité par le canal. 

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Le canal de Lens comportait 4 écluses avait un mouillage de 2,20 mètres 

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Pour franchir la Route de Douai et se rendre à Sallaumines, un pont fut construit auprès de l’ écluse n°1. Il sera détruit pendant la première guerre mondiale. A noter qu’au 11ème siècle, un pont avait déjà été édifié à cet endroit près de la Porte de Douai lorsque Lens construisit ses remparts. Il évitait aux lensois  de « tant se salir pour joindre Salleau » selon une expression de l’époque. 

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Les péniches disposaient d’un quai de déchargement pour, par exemple, les matériaux de construction destinés aux Mines… 

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… et d’un quai d’embarquement pour les charbons venant des Mines de Liévin. 

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 Mais les rives du canal étaient aussi un lieu de promenade par un raccourci entre les rues d’Avion et de Douai. 

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Cette carte est prise de la rue des Jardins, on y voit le grand tourillon de la brasserie. 

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Sur cette autre image, on aperçoit les travaux d’extension du quai de déchargement et une vue sur la place de la République dont l’un des côtés n’est pas encore bâti. 

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Au sud de Lens, le canal passe sous la route d’Avion qui mène à la cité des Cheminots … 

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… et sous les voies de chemin de fer de la Compagnie du Nord. 

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A hauteur d’Eleu-dit-Leauwette, se trouvait l’extrémité du canal de Lens. Les péniches pouvaient y faire demi-tour.

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Apres la 1ère guerre mondiale, le canal est en piteux état : 

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14 ponts ou passerelles et 3 écluses sont détruits. 240 ouvriers sont employés à sa restauration. 

Le canal est réouvert partiellement en 1920 et totalement le 1er février 1922. En 1923, les ponts de la Compagnie des Chemins de Fer du Nord sont terminés.

En 1927, le Pont de la Route Nationale 43 dit Pont de Douai est terminé. C’est un Pont Métallique de 27 mètres d’ouverture 

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Cette année là, le canal draine 1 434 000 tonnes et 5209 chargements de péniches ont été réalisés. 

Mais le canal sert aussi de lieu de loisirs. En 1930, l’USOL (Union Sportive Ouvrière Lensoise) organise le 20 juillet sa 1ère fête nautique et crée la « Traversée de Lens à la nage ». Au cours de cette fête, d’autres épreuves sont inscrites  entre le Pont de Douai et l’écluse: exercice de sauvetage, concours de plongeon, courses de vitesse. Les spectateurs sont installés sur 500 chaises réparties sur les deux rives du canal 

Autre club, le CNL (Club nautique lensois) est créé en 1930, organise sa 1ère fête le 14 septembre 1930 : match de water polo mais aussi des jeux qui auraient pu inspirer Guy Lux pour Interville : mât de cocagne sur l’eau, traversée du canal avec cochon. 

Pour les ducasses de quartier, était organisées des joutes très appréciées des lensois. 

En 1932, M. Goutte, directeur des Pingouins Lensois (issus de la fusion entre les Dauphins et l’Union nautique lensoise), crée une école de natation. 

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En 1934, une piscine est inaugurée le long du canal, près de Pont de Douai. Elle comportait 3 bassins, des gradins pouvant accueillir 800 spectateurs, 130 cabines et des plages gazonnées. 

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 En 1943, un arrêté déclare urgents et d’utilité publique les travaux d’aménagement du canal de Lens nécessaires au maintien de la navigabilité. Ces travaux d’abaissement du plan d’eau sont entrepris de 1948 à 1953 et la navigation est suspendue. Une nouvelle écluse est construite et la navigation est à nouveau possible en février 1953. 

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Quelques années plus tard, le canal est devenu un véritable égout à ciel ouvert ; les eaux provenant des abattoirs municipaux, les eaux pluviales et ménagères y sont déversées. 

Dès 1962, le conseil municipal émet le vœu de supprimer le canal. Un décret du 19 avril 1968 stipule que le canal de Lens est finalement rayé de la nomenclature des voies navigables. En 1974, la Souchez est canalisée sous terre dans d’énormes conduits en béton afin de laisser la place en surface, à la rocade sud qui emprunte le lit de l’ancien canal. La rocade minière sud est mise en service en 1976. 

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     « In va à l’Coopératif ou a l’CCPM ? ». Cette question, les familles de mineurs de Lens pouvaient se la poser au siècle dernier. Deux organismes possédaient leur coopérative, composée de magasins tels les superettes d’aujourd’hui. On pouvait s’y fournir en alimentation mais aussi en tissus, mercerie et même électroménagers. 

 

           La réponse à la question devait peut-être être due à la qualité du service, aux prix pratiqués, à l’amabilité des serveuses mais aussi certainement aux opinions politiques ou syndicales du mineur. Celle que l’on nommait la Coopérative était propriété de la Compagnie puis des HBNPC ; La CCPM était géré par des dirigeants de tendance communiste ou cégétistes.

 LA COOPERATIVE DES MINES : 

     La Coopérative des Mines de Lens a été créée à la fin du 19ème  siècle par la Compagnie dans le cadre de sa politique « sociale » qui l’avait poussé à faire beaucoup pour ses mineurs afin d’attirer des ouvriers d’autres régions, voire de pays. Elle entrait dans ce cadre avec la construction de logement, la création d’associations sportives, musicales et même colombophiles. 

 

    En 1920, elle portait le nom de Coopérative des Ouvriers et Employés des Mines de Lens comme le prouve ce document.

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           Le siège de la Coopérative se trouvait rue Bollaert, juste à côté de la fosse 1 (Là où se trouve aujourd’hui la Résidence Bollaert).

 

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      Plus tard, à la nationalisation, elle fit appelée « Coopérative des Mines du Groupe de Lens » puis « Coopérative des Mines Groupe Lens- Oignies ».

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       Dans chaque coron, on trouvait une succursale de la Coopérative. Plusieurs bâtiments existent toujours et ont changé de destination. Par exemple, celle de la Route de La Bassée (cité 14) où travaillaient Madame Monthuel et ma petite sœur est devenue une agence de la Caisse D’Epargne.

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   Dans le bâtiment de celle de la cité du 12, rue Fénelon ont été installés des logements sociaux. Dans celle–ci, la boucherie était distincte des autres commerces.

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La CCPM : 

    C’est entre les années 1942 et 1944 que la Coopérative Centrale du Personnel des Mines du Nord-Pas-de-Calais (CCPM) tire ses origines, au départ pour succéder au service d’approvisionnement des houillères (SAH dissous en 1941). La CCPM est d’abord une association civile de type 1901 dont les statuts ont été déposés le 20 janvier 1945 et c’est alors un simple organisme de distribution, mais elle se transforme rapidement après la fin du ravitaillement afin de devenir une coopérative de consommation interentreprises anonyme à personnel et capital variables le 14 avril 1947 (249 500 actions de 100 francs sont mises en vente).

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    Les statuts de la CCPM sont une nouvelle fois modifiés lors de l’assemblée générale extraordinaire du 9 juillet 1955. La Coopérative Centrale du Personnel des Mines devient Coopérative Centrale du Pays Minier, c’est-à-dire qu’elle ne s’adresse plus uniquement aux mineurs mais à l’ensemble des consommateurs qui sont à l’époque admis dans les magasins sociaux. 

    La CCPM est une coopérative marquée par une forte empreinte communiste et elle est caractérisée, pour ses fondateurs et dirigeants, Auguste Lecoeur, Victor Foulon, par une idéologie progressiste qui vise à l’émancipation ouvrière par l’accès à une contre-culture à l’opposé de l’atmosphère de l’époque.

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Auguste Lecoeur 

      La CCPM a connu une implantation plutôt houleuse dans le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais. Entre 1947 et 1949 la CCPM ouvre plus de soixante magasins qui sont en concurrence directe avec ceux d’autres coopératives allant parfois jusqu’à occuper des locaux qui ont dû être abandonnés au début de la guerre : comme à Billy-Montigny en 1948 où la CCPM a dû restituer des locaux utilisés pour la distribution du ravitaillement à la coopérative de Courrières propriétaire des lieux. 

    La CCPM connaît un développement très rapide et très important avec un chiffre d’affaire et un nombre de sociétaires supérieurs à ceux de toutes les autres coopératives existantes. Ci-dessous une réclame de la CCPM dans les années 50 sur un buvard de l’époque.

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      Mais la CCPM ce n’était pas que ces magasins de corons : La Maison du Peuple , rendue célèbre par les grèves de 1906 et Broutchoux, est devenue une librairie coopérative fondée par la CCPM et qui sera cédée par la suite au Syndicat des Mineurs Cégétistes. De colonies de vacances qui ont été organisées par la coopérative en partenariat avec L’Entr’aide Sociale du personnel des HBNPC (par exemple dans la villa d’Acq à Villers-au-Bois dans le Pas-de-Calais).

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La CCPM de la Route de Lille (cité 2)

     La CCPM reste en activité jusqu’en 1985, année au cours de laquelle elle est mise en règlement judiciaire le 18 septembre puis en liquidation des biens le 25 novembre à la suite de grosses difficultés financières. C’est sous la direction de Gaston Filiot, dernier président directeur général de la coopérative, que celle-ci cesse définitivement son activité le 14 février 1986. 

     Dans la mémoire collective, le nom de Beaumont (commune qui fusionnera avec Hénin Liétard) est toujours très attaché à la CCPM, là s’était implantée le siège social et les entrepots sur le site d’une ancienne briqueterie qui laissera place ensuite à une filature de lin.

    Dans la cité 14, la CCPM se trouvait Route de La Bassée, à côté d’une boulangerie et d’une boucherie. Ce bâtiment, transformé en habitation, existe toujours :

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   On peut voir au dessus des fenêtres les traces de l’enseigne du magasin : 

 

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D’autres photos de la grève de 1906 à Lens. Je ne pouvais pas vous en priver :

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L’Estaminet Carpentier, « siège du syndicat des Mineurs ». On peut penser que c’est celui du « Vieux Syndicat » de Basly car celuide Broutchoux se trouvait à la maison du Peuple, rue de Paris.

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Les troupes interdisant l’accès à la fosse 5 des Mines de Lens située sur le territoire d’Avion. Qu’attendent les femmes devant le mur du carreau ? On ne le sait pas mais sûrement pas la « quinzaine ».

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Après la mort du Lieutenant Lautour, les troupes sillonnent le centre ville : ici, Rue de Paris.

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La Gare des Chemins de Fer du Nord est également sous la protection des militaires.

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La gare où, comme le montre cette photo, se trouve le Quartier Général du Commandant des troupes envoyées par Clemenceau.


Encore une photo trouvée. La légende indique « Mines de Lens ». Ce paysage me rappelle quelque chose mais je n’arrive pas à le situer.Des chevalets groupés par 2, je sais qu’il y en avait au 3 de Lens à Liévin, au 2, au 15 ….

Est ce que quelqu’un pourrait me dire où a été prise cette photo. Il n’y a rien à gagner, juste mes remerciements.

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Voici une nouvelle photo trouvée sur le net.Au premier plan, Bollaert, bien sûr. mais le bollaert des années 50/60 avec ses populaires, ses virages, ses « s’gontes ». Au premier plan, la voie du Chemin de Fer des Mines puis le terrain près du stade où l’on allait faire du sport avec l’école. A droite, les voies SNCF et la gare de triage de Lens. Sur la gauche, la fosse 1 et plus au fond, la ville avec l’église Saint Leger que l’on distingue bien et l’horizon peuplé de terrils.

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Fin avril 1906, bassin minier       

Sous l’influence des femmes de mineurs qui voient de jour en jour les assiettes se vider dans les corons, la grève perd de son ampleur. Elle dure déjà depuis 6 semaines, les gens ont faim.

Le moindre incident menace de prendre des proportions dramatiques. Le gouvernement ne se dissimule pas la gravité du conflit.

Extraits de « Les enfants de Germinal » de Cavana 

« Mais son meilleur allié (Clémenceau), c’était la misère… Et bon, quoi, petit à petit, pour pas voir leurs gosses crever, les gars ont repris le chemin des fosses…«  ». 

25 avril 1906 

Le ministre du travail, Barthou, fait pression sur les directeurs de compagnie pour les amener à une meilleure compréhension. 

Une majorité de mineurs se prononce encore pour la grève. Mais le travail reprend progressivement.

28 avril 1906, Arras 

A la demande du ministre du travail, les patrons des compagnies se réunissent le à Arras. Aprés une longue discussion, ils consentent à entrer en relation avec les délégations syndicales de leurs concessions 

2 mai 1906, bassin minier 

Le préfet du Pas de Calais préside des réunions entre les représentants des compagnies et du vieux syndicat. La direction accorde une petite augmentation de salaire. Les revendications du début de la grève sont loin d’être satisfaites. 

6 mai 1906, bassin minier 

Ce matin, la totalité des mineurs a repris le travail comme ici à la fosse 4 de Lens.

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7 mai 1906 Le 7 mai, la grève est officiellement terminée. Les 2 syndicats s’accusent mutuellement d’être responsable de la faiblesse des résultats obtenus. 

Les suites de cette grève : 

Le salaire journalier du mineur passe de 6.28 F en moyenne à 6.79. Le salaire du galibot augmente de 20%, passant de 1,51 F à 1,95. Les prix de tâche sont augmentés de 20%. Ces prix sont majorés par une prime de 17% 

La catastrophe de COURRIERES et la grève qui s’ensuit font progresser la sécurité dans les mines. 

-          Dès 1906, un arrêté préfectoral interdit les lampes à feu nues, l’usage d’explosifs autre que ceux de sûreté. 

-          Le Comité Central des Houillères installe à Lens une station expérimentale de lutte contre le grisou. On y forme aussi les sauveteurs. 

Le travail de fond est interdit aux jeunes de moins de 12 ans. 

BASLY sort comme le grand vainqueur puisque Le 20 mai, la gauche remporte les élections de façon écrasante et il est réélu député du Pas de Calais. 

En mai 1907, le tribunal d’Arras a rendu une ordonnance de non-lieu confirmée le 24 juillet par la cour d’appel de Douai.
La Compagnie des mines de Courrières est sortie totalement blanchie, au grand dam de la communauté ouvrière. 
Le 26 mars 1911, lors d’un congrès extraordinaire des syndicats des mineurs du Pas de Calais, les deux syndicats fusionnent et l’unité syndicale est réalisée. 

Broutchoux est libéré à la fin du mois de mai, il devient gérant d’un café mais continue d’éditer l’ »Action syndicale », grâce à une petite imprimerie. De nouveau incarcéré à plusieurs reprises et envoyé de force au front en 1914. Il mourra  dans la misère et malade à Villeneuve-sur-Lot le 2 juin 1944.


17 avril 1906, Lens

Lens et ses environs connaissent un état insurrectionnel. Basly en fait porter la responsabilité « aux mineurs anarchistes ». Est-ce vraiment exact ? La révolte a été un phénomène de masse auquel ont participé de nombreux mineurs du bassin excédés de l’attitude des Compagnies à leur égard. On y remarque même la participation massive de militants du Vieux Syndicat.

Maintenant, l’armée est partout et protège les bâtiments publics comme la Poste et le lycée Condorcet.

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Les mineurs arpentent les rues de Lens et des environs. Ils sont partout.

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18 avril 1906, Lens  Rue Diderot à Lens, la maison de Elie Remeaux, Directeur Général des Mines de Lens, est dévastée par des grévistes du jeune syndicat. 

D’autres se sont rassemblés sur le Pont des Chemins de Fer du Nord et s’affrontent avec les troupes. Des projectiles sont lancés sur les soldats. Le lieutenant Lautour reçoit une pierre et est mortellement blessé. 

20 avril 1906, Lens 

Ce sont les obsèques du Lieutenant Lautour à l’église Saint Leger en présence de Georges Clemenceau et du ministre de la Guerre. Dans son allocution, le ministre de l’intérieur saluera le lieutenant Lautour, mort « sabre au fourreau ». 

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Le centre ville de Lens est totalement interdit aux civils. Les grévistes se regroupent à la barrière du 3 à Liévin et tentent de rentrer dans Lens, ils sont repoussés par l’armée.

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Clemenceau décide alors d’utiliser la manière forte : convocation des commissaires de police et mobilisation de 42 escadrons affectés à la couverture de l’Est du pays, détournés dans le Nord et le Pas-de-Calais.


29 mars 1906, Lens 

A une réunion des délégués du vieux syndicat, Octave Delcourt déclare : « Il est toujours facile, non seulement de soulever les masses, mais encore de leur faire applaudir à des revendications irréalisables. … Ceux qui, hier, criaient 8 heures ! 8 francs ! Les ont lâchés aujourd’hui et ils viennent nous demander : prenez-nous sous votre protection et organisez un référendum pour demander aux ouvriers ce qu’ils veulent… Ce qu’il faut valoir, c’est un salaire fixe, un salaire qui vous permette de vivre pendant que les actionnaires se partagent les bénéfices … ».

Mais la grève continue.

30 mars 1906, Méricourt Coup de théâtre, 13 rescapés remontent du fond et surgissent à l’air libre par la fosse 2 à Méricourt. Ils ont survécu aux gaz, à la faim, la soif, le noir. Ils ont erré vingt jours à travers les galeries éboulées. Leur apparition fait l’effet d’une bombe. L’opinion publique a désormais la certitude que les ingénieurs responsables des secours ont abandonné trop vite les recherches. 

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Ces évènements tragiques sont à l’origine d’un déchaînement de fureur chez les ouvriers qui circulent en bandes saccageant tout sur leur passage et s’opposent en batailles rangées à la cavalerie. Les arrestations sont nombreuses et le conflit dans une impasse.

2 avril 1906, bassin minier  La remontée au jour des treize « rescapés » a relancé le mouvement dans le bassin minier. Depuis deux jours, la grève a pris à nouveau de l’extension. Les cités des corons connaissent des violences : pillages de maisons, combats de rue entre grévistes et soldats, sabotage des voies ferrées. Partout, la production quasiment interrompue. Les compagnies doivent faire remonter les chevaux du fond. Certaines ont même été obligées d’éteindre leurs fours à coke par manque de charbon. Déjà vingt jours de grève ! 3 avril 1906, Paris 

A la Chambre des députés, débat sur la catastrophe de Courrières. Basly , avec le soutien de Jean Jaurès, se dit favorable à la « déchéance » de la compagnie de Courrières et s’en prend violemment aux personnes responsables des opérations de sauvetage et des travaux de déblaiement : « Trois jours après la catastrophe, dans un conseil composé des ingénieurs de l’Etat et des mines de Courrières, il a été décrété qu’il n’y avait plus de vivants (…). On se mit donc à travailler au plus vite à remettre l’exploitation en activité… tel était le désir surtout des exploitants. Eux ne voyaient qu’une chose : l’extraction arrêtée et, par conséquent, la diminution des bénéfices ».  4 avril 1906, Sallaumines 

On apprend qu’un quatorzième rescapé, Auguste Berthon, a été retrouvé par les sauveteurs dans les travaux du puits 4 à Sallaumines.

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10 avril 1906,Lens

  Nouveau congrès à Lens pour les 160 délégués mais aucune avancée ne semble émerger. Dans les corons, c’est toujours la révolte ! 

14 avril 1906, Paris 

Le rapport rendu par la commission d’enquête présidée par le directeur de l’École des mines absout la Compagnie des Mines de Courrières et ses dirigeants. Cela ne va pas calmer les grévistes. 


20 mars 1906, Lens 

Ce sera une journée cruciale pour le mouvement. Le matin arrive à Lens le directeur du journal « L’ou­vrier mineur allemand », Wyssmann, venu faire une enquête sur la catastrophe et voir comment répartir équitablement les fonds recueillis en Allemagne. Il apporte un premier secours de 5 000 marks (environ 6 000 F) pour les familles des victimes. 

Vers midi, à la Maison du Peuple, conférence du jeune syndicat. Broutchoux appelle les deux organisations syndicales à fusionner et invite les grévistes à se rendre en masse à 14 heures devant la mairie pour réclamer l’entrée des délégués de sa Fédération au Congrès. La citoyenne Sorgues (à droite sur la photo ci-dessous) attaque le Vieux Syndicat, et surtout Basly.

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20 mars 1906  14h00, Lens 

Une longue colonne de grévistes se porte vers la place de la mairie de Lens où le congrès des délégués siège sous la protection de gendarmes à cheval. Les broutchoutistes ne sont pas admis à parti­ciper. Dehors, c’est le vacarme. 2000 manifestants, drapeau rouge, cravatés de noir, en tête, veulent forcer le barrage.

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Une violente bagarre éclate ; Un gendarme s’empare d’un drapeau, les émeutiers ripostent. Broutchoux et deux de ses adjoints sont arrêtés.

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Cependant, la réunion continue. Des fenêtres, les délégués peuvent voir la foule. Le jeune syndicat veut la fusion. A quoi, les amis de Basly rétorquent : « Impossible de fusionner avec le néant ».  La discussion avec Elie Reumaux est animée, les directeurs des compagnies offrent une augmentation de 10 % aux mineurs de fond et 5% aux ouvriers du jour.

Les délégués repoussent à l’unanimité les propositions patronales et adoptent un manifeste particulièrement sévère contre « les anarchistes de Broutchoux ».

A la fin de la réunion, deux délégués sont reconnus et entourés par la foule. Ils sont aussitôt  jetés à terre et piétinés. L’un arrive à se relever et se réfugie à l’intérieur de l’estaminet tenu par Beugnet, le trésorier du syndicat situé rue de … la Paix !!! 

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Beugnet s’oppose à l’entrée des manifestants, favorables à Broutchoux. Les manifestants hurlent, brisent tout. Les gendarmes interviennent, les refoulent sans ménagements et prennent position devant le café. 

A la suite de cette échauffourée, le préfet interdit tout rassemblement …


21 mars 1906, bassin minier  Ils sont plus de 50 000 à ne pas travailler. C’est le sommet de la grève dans le Pas-de-Calais.  Ce même jour, à la suite du Congrès tenu la veille à Lens, Basly informe Reumaux, président de la délégation patronale, que les délégués des Syndicats des mineurs du Nord, d’Anzin et du Pas-de-Calais ont décidé de maintenir le programme des revendications présentées à Paris.  23 mars 1906 , Lens  Elie Reumaux répond au syndicat que les Compa­gnies restent sur leurs positions.  Basly est consterné. Pendant ce temps, les partisans de Broutchoux continuent leurs « actions d’éclat » et interviennent partout ou des mineurs travaillent comme à Bruay. 

25 mars 1906, Lens 

La situation semble bloquée. Réunis en Congrès à Lens (école Condorcet), les délégués de chaque bassin examinent la situation. Décider de la poursuite de la grève ou de la reprise du travail: un rude dilemme. 15 000 mineurs sont rassemblés et attendent les délibérations. Après plusieurs heures de délibérations, le Congrès estime devoir procéder à une consultation indivi­duelle par voie de référendum, seule procédure permettant aux ouvriers de se prononcer librement et aux responsables syndicaux d’avoir un reflet aussi exact que possible de l’opinion. 

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28 mars 1906, bassin minier 

C’est le jour du référendum : partout dans le bassin minier, les mairies sont ouvertes pour cette consultation. Les maires eux-mêmes prennent le poste de Président de bureau de vote. 

Le préfet les communique les résultats du référendum dans le Pas-de-Calais 

POUR LA GREVE :                           20 569 

POUR LE TRAVAIL :                        12 567 

ABSTENTIONNISTES :                    21 000 environ. 

Les régions de Lens, Hénin, Béthune, Salaumines,  Méricourt,  Mazingarbe, etc … sont majoritairement pour la poursuite tandis que celles de Bruay et d’Auchel votent la reprise. 

Les « Broutchoutistes » contestent ce résultat et affirment que le pourcentage pour poursuivre la grève est beaucoup plus important. Selon eux, les victimes de la catastrophe seraient encore inscrits sur les listes et donc considéré comme « non-votant ». 



Nuit du 17 au 18 mars 1906, Lens : 

Comme Clémenceau l’a promis, les troupes arrivent la nuit. Dès le petit matin, le déploiement de force est visible dans les rues de Lens. Plus de 30.000 cuirassiers, dragons, gendarmes et fantassins occupent les mines du bassin. Sur cette photo, un régiment pose pour la photo au 3 de Lens à Liévin :

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Des bivouacs sont installés partout comme à l‘école Jeanne D’arc et sur la place verte.

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Le 94eme régiment de ligne réquisitionne les haras et le manège du Grand Condé appartenant à Notaire Léon Tacquet, gendre de Elie Remeaux.

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Benoit Broutchoux est bien décidé à profiter de la situation pour imposer sa loi et conquérir l’ensemble des mineurs à sa cause.

 

18 mars 1906, Paris   

Une réunion a lieu à Paris entre les 26 délégués des mineurs et 11 représentants des compagnies minières du Nord-Pas de Calais dont Elie Reumaux, Directeur des Mines de Lens. La délégation syndicale arrive à 11 heures au ministère des Travaux publics. Les représentants des Compagnies sont déjà réunis dans la cour d’honneur. Dans une salle de réunion, le ministre Barthou déclare : « Le Gouvernement qui vous a rapprochés et réunis attend avec confiance les résultats de vos délibérations ». Reumaux se plaint qu’il n’y ait pas eu des pourparlers avant à la grève. Basly répond que le mouvement s’est déclaré soudainement et fait suite à la catastrophe de Courrières. 

A 12 h 30, fin de la première séance. La délégation patronale refuse l’examen de la proposition concer­nant le salaire minimum.  L’après-midi, poursuite des débats. Les délégués pré­sentent les revendications formulées par les mineurs au Congrès de Lens. Ils les défendent avec une telle compétence et une telle loyauté que Reumaux tient les à assurer que, seul, le Vieux Syndicat sera reconnu comme interlocuteur dans le conflit en cours. 

 

C’est là la seule concession des Compagnies à ce jour.

19 mars 1906, bassin minier 

 46200 mineurs sont en grève, les plus virulents empêchent les non-grévistes, qu’on appelle les « renards » ou « les rouffious », d’aller travailler, pillent leurs maisons. Ces derniers doivent être protégés par la troupe.

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   Une assistance considérable est venue écouter les résultats de la négociation de la veille. 3000 personnes s’étaient ainsi entassées dans la salle de l’Alcazar à Liévin.