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dimanche 18 août 2024

lens

 


Le dimanche 24 juin dernier avait lieu la deuxième édition du carnaval des Géants à Lens. Emmenés par les géants lensois, Taraderuze, Rosalie tata et Ch’Meneu, géants, fanfares et groupe folkloriques de France et de Navarre ont animé les rues de la ville. Un carnaval digne de ceux qui se déroulaient à Lens dans les années 60 !

Alors pour tous ceux qui, comme moi, n’ont pu participer à cette manifestation voici  en quelques images, un résumé de cette grande fête. Et à l’année prochaine pour la troisième édition.

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Voici l’intégralité de l’article de Auriane Stanesco publié dans La Voix du Nord du 25 mai 2018 :

Comment Mai 68 a-t-il été vécu? Le témoignage d’un collégien lensois de l’époque(1/2)

Mai 1968 a mobilisé les travailleurs et aussi certains élèves du Lensois. La ville de Lens a vécu au rythme du travail arrêté, des grèves, et des manifestations. L’historien Claude Duhoux avait alors 16 ans et était scolarisé au collège Michelet de Lens. Il se souvient n’avoir plus eu cours et être allé manifester avec des lycéens.

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Un peu partout dans la région, les élèves se mobilisaient en faveur de la grève. Photo d’illustration Voix du Nord.

À 16 ans, le jeune Claude Duhoux ne s’intéressait pas beaucoup à la politique. Pourtant, il s’est pris au jeu de la manifestation, se souvient-il aujourd’hui. « À cette époque, effectivement je ne m’intéressais pas trop à cela. Mai 68 a démarré sans qu’on s’en rende compte. Mon père était délégué syndical, il suivait un peu la politique, mais nous les jeunes, on ne s’y intéressait pas. Dans les corons, il n’y avait pas d’étudiants. Pour mon père, c’était des gosses de riches, qui s’amusaient à faire la révolution. J’étais scolarisé à Michelet, et ma soeur se trouvait juste à côté, car les garçons et filles étaient encore séparés. J’étais en 3e, elle en 4e. Au lycée Condorcet, les élèves n’allaient plus en cours. Ma soeur n’était pas contente, car nous continuions à aller en cours, et pas eux », se souvient Claude Duhoux, qui, presque du jour au lendemain, s’est mis à prendre part au mouvement.

L’arrêt des cours, avant une manifestation pacifique

« Un beau jour, d’une idée commune spontanée, on n’est pas entrés en classe, on est tous restés assis dans la cour. Ça a duré une après-midi. Dès le lendemain, les profs ne nous faisaient plus classe. On était dehors, on passait nos journées à attendre. Puis, quelque temps après, les élèves de Condorcet ont décidé d’aller manifester devant la mairie. On a décidé d’aller les rejoindre. On l’a proposé à nos profs, on voulait faire comme les autres, il n’y avait pas de connotations politiques pour nous. De toute façon, on n’avait pas cours. Nos profs ont tout de suite accepté. Ils ont voulu y aller pour nous encadrer. Christian Daubresse, un de mes profs, m’avait dit que c’était pour éviter les accidents », se remémore le Lensois, qui allait ainsi participer à sa première manifestation.

« On s’y est rendus en rang. On a manifesté, il n’y avait pas vraiment de slogans. À 16 h 30, on s’est tous dépêchés de rentrer pour pouvoir prendre nos bus. Mon père, ça ne lui plaisait pas qu’on manifeste en ville. Un week-end, on a appris qu’il y avait eu un mort à Paris. À partir de ce moment-là, mon père a décrété que c’était trop dangereux d’aller à l’école. Alors on restait à la maison, on jouait avec les copains dans la rue. » Pour Claude Duhoux, Mai 68 a finalement dans ses souvenirs comme un goût de « vacances ».

  


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À l’époque, Bernard Duhoux (Laloux) était plus âgé que son frère de Claude Duhoux, aujourd’hui historien. Il travaillait chez Finalens, une usine chimique, filiale des houillères à Douvrin. Il se souvient avoir joué à la belote dans l’entreprise pendant Mai 68.

« L’usine, comme toutes celles de France, a dû s’arrêter de tourner autour du 20 mai, jusqu’au 4 juin. Je suis approximatif sur le début de la grève car j’étais en congés à partir du 18 mai. Je suis parti en vacances et, au retour, il n’y avait plus de train pour rentrer. On a donc dû trouver une solution dans la famille. Comme beaucoup d’autres, l’usine était occupée, il y avait une surveillance organisée par le personnel 24 h sur 24. Je me souviens d’avoir fait deux postes, après-midi et nuit. Des équipes de surveillance tournaient en permanence dans l’usine. Le reste du temps, c’était discussions et belotte. Nous étions nombreux à chaque prise de poste pour démontrer notre intérêt à la grève. Nous restions une demi-heure, puis on rentrait. »


    Dans un article du journal La Voix du Nord du 3 octobre 1978, était retranscrit le texte dans lequel Alfred Bucquet avait relaté son voyage à Lens en 1918. Il fut l’un des tous premiers civils à passer une nuit dans les ruines de la cité.

   Alfred Buquet, instituteur pour les Mines de Lens à l’école de la cité Saint-Pierre, revient à Lens le 22 octobre 1918. Cela fait exactement 18 jours que les Allemands ont été chassés et que les troupes anglaises ont posé l’étendard de la liberté sur les ruines de la ville.

bucquet

   L’auteur de « Lens, son passé, ses houillères » raconte :

   « En permission à Saint-Hilaire Cottes dans ma famille, j’entreprends mon pèlerinage à Lens … Le train ne va pas plus loin que Bully. Par Grenay, j’arrive à pied là où se trouve un poteau indicateur «Saint-Pierre». Pour les Anglais, notre cité n’est ni Lens, ni Loos, ni Liévin mais Saint-Pierre.

001 gare bully

   Je continue à avancer. La route est entretenue par les Anglais pour leur ravitaillement. J’ai laissé à gauche la fosse 16. Il n’y a plus que la carcasse en fer et des tôles percées comme des écumoires. Les murs en briques sont abattus. Le carreau de la fosse est bouleversé par les tranchées et les trous d’obus. Du terril vers le 11, de la fumée : il brûle.

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    J’avance jusqu’à la maison du chef-porion et descend l’avenue derrière l’église puis vers l’école et la rue d’Artois jusqu’à l’avenue de la fosse. Les maisons sont toutes fortement touchées, bon nombre n’existent plus tels les écoles des filles, l’atelier de couture, la coopérative, les cabarets, la maison de l’ingénieur et de chef-porion, l’église et le presbytère et l’école des garçons.

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   La sixième classe, celle en bordure de l’avenue de la fosse, est debout à hauteur des murs, les autres classes n’ont plus que les fondations. Et encore ! Elle est remplie de pierres. Au milieu, un puits avec une échelle. J’y descends 8 à 10 mètres en m’éclairant avec mon briquet. Je me trouve dans une galerie qui aboutit à deux chambres souterraines masquées par des couvertures puis un deuxième puits par lequel je remonte. Je suis dans le jardin scolaire, il est transformé en cimetière allemand : 200, 300 tombes ?

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   Je reviens vers ce qui fut ma maison, mon bureau, ma bibliothèque. Tout est rasé. La cave est devenue le rez-de-chaussée. On entre par le jardin scolaire. La pente du terrain a permis de faire la même chose avec la cave du presbytère : tout le chemin de croix est remisé dans l’escalier, un caveau est plein de bouteilles vides. Autour de l’église, il y a des tombes de civils tués par les bombardements en 1915. Mon jardin est dévasté, les murs de clôture abattus. Je ne retrouve rien des objets qui nous ont appartenu.

   Du carreau de la fosse 11, le sol apparait bouleversé, chaotique. Tranchées et boyaux, sapes et abris, blockhaus bétonnés, chevaux de frise, barbelés s’enchevêtrent à perte de vue parmi les milliers de trous d’obus. De-ci de-là, quelques squelettes d’avions, des cadavres de chevaux, des véhicules brisés, de menus objets hétéroclites, pauvres choses de la vie des tranchées.

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   La cote 70 rendue célèbre par les communiqués anglais est bouleversée par d’immenses cratères. Je continue vers Lens par le Chemin Manot et la route de Béthune. La fosse 12, le puits 12bis, l’hôpital (des mines) : rien ne reste que des carcasses en fer. L’eau ruisselle le long de la route de Béthune vers le fossé Sigier (cours d’eau artificiel qui reliait avant la guerre les fosses 3, 3 bis, 9, 12 et 1 des mines de Lens). Elle déborde de la fosse 12. Toutes les fosses sont donc noyées puisqu’elles communiquaient entre-elles.

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   Je descends la rue Bollaert jusqu’au boulevard des Ecoles (Bd Basly aujourd’hui). J’arrive à l’église Saint-Léger qui n’est plus qu’une grosse motte de débris d’où émergent quelques colonnes brisées. J’y grimpe, je n’aperçois que ruines ! La ville n’est plus qu’un amas informe de gravats ; aucun pas de mur ne domine.

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   Les rues ont disparu … Rue Bollaert, Boulevard des Ecoles, Rues de Lille et de Douai : plus d’arbres. La plaine de Lens a bien la forme d’une cuvette ; rien ne domine plus assez pour en rompre le dessin.

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   Le soir est venu. Où loger ? J’ai vu des gendarmes anglais près de la brasserie Shinckel, rue Decrombecque. J’y vais et les joins dans la cave. Ils m’indiquent dans la rue de la Porte d’Arras l’endroit aménagé pour les relais. Je m’y installe mais suis bientôt délogé par les rats. Je n’aime pas ce voisinage et préfère aller coucher au 11 où le cabinet du docteur m’a semblé plus confortable. Il pleut un peu mais bon …

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   Un groupe d’Anglais est logé dans la cave. J’adopte une des couchettes. Je suis un moment à m’endormir, il me semble entendre des souris. Quand je me réveille, il fait jour. Je parcours un peu la cité. Vers 10h00, je suis au passage à niveau de Loos en route vers Angres. Les voies ferrées sont restés mais il manque de nombreux rails.

   Depuis hier, je n’ai pas vu 10 civils. Je traverse le 3 de Lens (cité Saint-Amé à Liévin), descend dans Liévin et arrive à Angres. Des ruines, rien que des ruines, plus rien d’intact ! (…)

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   Je reprends la route, je traverse le cimetière, les tombes sont brisées, les cercueils sont ouverts, les ossement baignent dans l’eau de pluie. Je rejoins la route d’Arras à Béthune. La colline de Lorette est dévastée, la chapelle n’existe plus. C’est le bled avec d’innombrables trous d’obus et aussi des tombes de soldats.

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   Sitôt sur la grande route, je remarque que les champs ont été cultivés. Le contraste est poignant … Je suis resté là un long moment à regarder. Rien ne gène la vue. Je ne vois personne : aucun être vivant, que des oiseaux ! Sur les hauteurs à ma gauche se dressent les carcasses de la fosse 11 de Béthune (située à Grenay) et celles des fosses 16, 11, 12 et 14 de Lens. Plus loin, le 8 et les usines de Vendin. La cité Saint-Pierre retient mes regards avec ses squelettes de maisons alignées aux flancs de la côte 70.

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   Je repars par Aix-Noulette qui a bien souffert aussi. Je regagne la gare de Bully où j’ai un train pour Lillers. Je rentre à Saint-Hilaire à la nuit bien fatigué mais bien décidé à raconter en détail tout ce que j’ai vu. »

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Après 4 années d’occupation, les troupes allemandes décident de se retirer de Lens dans la nuit du 2 au 3 octobre 1918. Avant de partir, les occupants ont détruit tout ce qui pouvait encore l’être dans une ville déjà bien abimée par les tirs d’artillerie et les bombardements des armées alliées. Quand dans la nuit du 3 au 4 octobre 1918, les premiers soldats britanniques pénètrent dans ce qui était quatre ans plus tôt une ville prospère, il ne reste que des amas de ruines. Puits de mines, usines, immeubles, maisons individuelles, églises, écoles : tout est par terre, tout est au niveau du sol, tout est à reconstruire.

Un petit aperçu tout en images de ce qu’était Lens en 1914 et ce qu’elle est devenue quatre ans plus tard. (Cliquez sur l’image pour la voir en taille réelle).

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   Les manuels d’histoire rapportent que Robert II d’Artois dit « le Noble » fut inhumé en l’abbaye de Maubuisson à Saint-Ouen-l’Aumône en 1304. Mais aucun ne mentionne que sa dépouille fut d’abord conservée dans un tombeau provisoire à Lens.

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   Son père, Robert 1er est décédé lors de la bataille de Mansourah le 9 février 1250 lors de la septième croisade. C’est sur cette base que l’on sait que c’est cette année là que Mathilde de Brabant mit au monde Robert II dont la date de naissance n’est pas connue exactement.

    L’orphelin devient donc dès sa naissance comte d’Artois. Il est élevé par sa tante Béatrice de Courtrai et est nommé chevalier pas son oncle Louis IX dit Saint Louis alors qu’il n’a que 17 ans. Bien que résident dans son château d’Hesdin (détruit en 1553 par Charles-Quint lors de la bataille de Thérouanne) , Robert II fit de nombreux séjours à Lens.

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   En 1270, il participe à ses premiers combats lors de la croisade de Tunis.

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   A la demande du roi Philippe III qui a succédé à Saint Louis quatre ans plus tôt, il participe au siège de Pampelune en 1274 puis se bat en Italie en 1282 où il devient régent du royaume de Naples.

   En 1296, c’est Philippe IV le Bel qui l’envoie combattre en Guyenne puis en Flandres. Après avoir séjourné à Lens avec sa garnison, il défait les troupes flamandes à Furnes en août 1297, s’empare de Lille et de la plupart des villes de la Flandre maritime. Deux ans plus tard, c’est à Pont-à-Vendin qu’il remporte une nouvelle victoire contre les flamands mais son fils est tué lors de la bataille.

   Le 11 juillet 1302 à Courtrai, il est de nouveau à la tête de 50 000 soldats face aux armées de Guy de Dampierre composées hâtivement de 20 000 hommes, la plupart bourgeois et artisans flamands inexpérimentés et armés essentiellement de lances et de pics.

   Robert II, certain d’une rapide victoire face à ces « amateurs », lance sa cavalerie au galop vers les lignes ennemies sans vouloir écouter ceux qui proposaient de les contourner. Il n’imagine pas que Guy de Dampierre a positionné ses hommes derrière un large fossé boueux qu’il a fait dissimuler par des branchages. Les premiers cavaliers français basculent dans le fossé, s’embourbent. Les suivants viennent s’encastrer dans cet amas d’hommes, de chevaux, de ferrailles. Tous sont empêtrés dans leurs lourdes armures et ne peuvent de dégager…. Les Flamands n’ont plus qu’à les frapper, les massacrer, les achever ! Des centaines de seigneurs sont tués lors de ce désastre.

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   L’histoire nous rapporte que Robert II est l’un des rares combattants à franchir le fossé. Il réussit même à s’emparer d’un étendard flamand. Il se trouve encerclé par les troupes de Guy de Dampierre. Mis à terre, il retire et tend son gant en signe de sa reddition. Les flamands, peu habitués aux usages de la chevalerie, le frappent, le blessent à de nombreuses reprises puis l’achèvent d’un coup de glaive qui le transperce.

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   Son corps, retrouvé trois jours plus tard, est transporté à l’abbaye de Groeninge de Courtrai. Ce n’est que deux ans plus tard, le 2 octobre 1304 que sa fille Mahaut, devenue comtesse d’Artois, fut autorisée à récupérer la dépouille. Elle envoie Jacquesmart de Villers la quérir et la ramener dans son fief de Lens. Le cercueil, posé sur un tapis vert et recouvert de couvertures bleues, de draps d’or et de serge noire, met trois jours à rejoindre Lens où il arrive par la Cauchie (route de La Bassée aujourd’hui). Il traverse toute la ville, passe devant l’église Saint-Laurent avant d’entrer à l’intérieur des remparts par la porte du Bourg. Après être passé devant la maison de ville et l’église Saint Léger, le cortège parvient à la collégiale de Lens qui se trouve sur la motte châtelaine (emplacement approximatif du rond point Van Pelt aujourd’hui).

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   Devant les chanoines entourant le cœur de l’église Notre Dame, Mahaut reçoit officiellement les restes de son père. Le cercueil est placé sous une pierre tombale en marbre gravée à Douai.

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   Le 9 décembre 1304, la dépouille de Robert II est exhumée pour être transférée en la cathédrale d’Arras où les obsèques du comte sont solennellement célébrées. Elle sera ensuite transportée à l’abbaye de Maubuisson pour y être inhumée le 20 décembre. Cet édifice subit le même sort que la collégiale de Lens : en 1797, il fut vendue à trois entrepreneurs qui procédèrent à sa démolition afin de récupérer les matériaux. Il ne reste aujourd’hui de cette abbaye que quelques bâtiments réhabilités mais aucune trace du tombeau de Robert II d’Artois.

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Je suis triste.

J’ai appris le décès de Monsieur Christian Daubresse survenu hier dans sa 90ème année.

Monsieur Daubresse a été mon professeur au collège Michelet au début des années 60, un professeur de Français et d’Histoire-géographie qui avait le don de passionner ses élèves. Il y est certainement pour beaucoup dans le plaisir que j’éprouve à effectuer des recherches historiques et à écrire.

Je l’ai retrouvé grâce à Internet bien des années plus tard. Nous avons repris contact et mon ancien professeur est devenu mon ami. Que de bons moments passés dans son appartement à évoquer l’histoire de la ville de Lens. Monsieur Daubresse a été longtemps au conseil municipal, responsable de l’Education, de la Jeunesse puis de la Culture.

Il a passé sa vie à s’occuper des jeunes lensois. Il me racontait les voyages qu’il organisait et effectuait à l’étranger pour les adolescents, les colonies de Grossouvre et le lac de la Goule. Il était fier d’avoir été le responsable du Colisée lorsque la ville l’avait racheté pour le transformer en théâtre. Il me racontait ses rencontres avec de grands noms du spectacle : Guy Bedos, Raymond Devos… Il me racontait comment était la commune sous la gestion d’André Delelis, comment elle tentait de résister à la fin de l’exploitation charbonnière.

Il était intarissable… parlait beaucoup… de tout. De son père, ouvrier aux mines de Lens, dont il était fier, de sa jeunesse dans les corons, de la difficile période pendant et après la Seconde Guerre, de ses années à Michelet, de sa retraite, de la mairie, de sa famille… Son épouse, une merveilleuse dame, approuvait, rectifiait parfois mais prenait aussi beaucoup de plaisir à l’écouter.

La dernière fois que l’on s’est téléphoné, c’était en décembre. Il a abrégé la conversation et se disait fatigué.

Ces longues discutions autour de la table dans son appartement lensois vont me manquer. Lui que, malgré son insistance, je n’ai jamais pu appeler Christian. Pour moi, il restera toujours « Monsieur Daubresse ».

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   A la fin de la Première Guerre Mondiale, les lensois reviennent en nombre dans leur ville. Ils veulent la reconstruire, la faire renaître de ses cendres. Aucune maison n’est habitable en 1919, les premières familles revenues vivent dans les caves. La Société des mines de Lens et la municipalité d’Emile Basly font édifier des logements pour les ouvriers affectés à la reconstruction et pour les familles lensoises de retour. Importés par l’armée américaine, ces habitations sont en forme de demi-lune en taule sans aucun confort même pour des lensois peu exigeants.

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   Au début de 1919, le gouvernement néerlandais, pays qui est resté neutre durant tout le conflit, crée une association « Retour au Foyer » et offre à la France trois millions de florins afin de reloger les populations sinistrées. Après la visite effectuée par les délégués de la conférence pour la Paix en avril, il a été décidé que cette somme serait affectée à l’édification de deux cités, l’une à Lens, l’autre à Liévin. Une société de construction est créée, elle a pour nom « Société anonyme franco-hollandaise d’Entreprise générale du bâtiment ». C’est l’ingénieur français Paul Dislère qui en est le président.

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   L’état néerlandais a également participé à l’édification de baraquements pour accueillir les services médicaux en remplacement de l’hospice de Lens détruit.

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   Une enquête d’utilité publique conclue au bien fondé de l’édification de 300 maisons en bois sur un territoire de près de seize hectares situé sur les communes de Lens et de Loison-sous-Lens du côté de la fosse 2, de part et d’autre de la route de Lille. L’État se désigne locataire des terrains (il les achètera aux propriétaires en 1926).

   Les maisons sont importées de Hollande en en pièces détachées. Elles proviennent de bâtiments utilisés pendant la Grande guerre dans les camps hollandais de Waschkolk à Nunspeet et du Vluchtoorp d’Uden où étaient hébergés des familles de réfugiés belges.

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  Les bâtiments, trop grands pour les besoins de la cité, ont été retaillés pour concevoir des petites maisons familiales. La mise en place et la construction sont assurées par des ouvriers français salariés de l’Etat dirigés par l’ingénieur hollandais Hendrik Sangster et son architecte Van den Harend qui réalisent les plans de la cité.

   Sangster sera secondé par son épouse Willy Warnaars dont les premières tâches seront de préparer les repas pour les ouvriers et d’assister les familles à emménager. Le couple habitera dans l’une des toutes premières maisons construites dans la cité et madame Sangster donnera à Lens, naissance à leur premier enfant le 4 juin 1921.

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   Dès l’été 1919, la construction peut commencer mais est rapidement arrêtée. Le 12 novembre 1919 à l’Assemblée Nationale Emile Basly, le maire de Lens qui habite lui-même dans une maison provisoire en bois, interpelle violemment Clémenceau, le président du conseil des ministres : « Le gouvernement hollandais avait décidé de construire à Lens 346 maisons provisoires. Les dispositions avaient été prises pour qu’elles soient construites pour l’hiver. Elles ne seront pas réalisées du fait qu’il est impossible au gouvernement d’affecter au chantier le nombre d’ouvriers nécessaire et d’acheminer les matériaux jusque Lens. Les promesses que vous avez faites à Lens ne peuvent rester lettre morte mais il est temps d’agir » et ajoute : « Le devoir qui s’impose à la France est de donner un abri suffisant à la population ouvrière que l’industrie attend ».

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   En 1920, les travaux reprennent et s’accélèrent. Les petites maisons poussent comme des champignons.

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   Au mois de novembre 1920, John Loudon, ambassadeur des Pays Bas à Paris vient se rendre compte lui-même de l’avancée des travaux. Près d’un an et demi plus tard, le 12 juin 1921, il remet officiellement à Emile Basly une cité pratiquement terminée où pourront être logées près de 2000 personnes.

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   Les maisons sont des baraquements en bois à double paroi entre lesquelles ont été maçonnées des briques. Elles possèdent des toits pentus faits de carton bitumé recouvert d’une épaisse couche de goudron. Devant chacune, un petit jardinet où les locataires cultiveront quelques légumes ou planteront des fleurs . D’ailleurs, Emile Basly comparent ces maisonnettes à celles construites par la France notamment dans la cité Chouard : « Contrairement aux maisons de la Cité hollandaise, il pleut dans toutes les pièces, il n’y a pas de cabinet d’aisance. Les abords de la cité sont recouverts de dépôts et de résidus ». Pourtant, les habitations de la cité hollandaise sont loin d’avoir tout le confort, il n’y a pas de raccordement au gaz ou à l’électricité et pas d’eau courante. Les habitants se fournissent à l’une des sept pompes installées dans les rues.

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   La cité hollandaise, ce n’est pas seulement ces habitations toutes peintes de couleurs vives cernées d’un petit jardinet destinées aux familles. Dix dortoirs pouvant héberger chacun 12 personnes sont réservés aux célibataires. On trouve également dans la cité trois écoles (garçons, filles et maternelles), une hôtellerie avec une grande salle des fêtes, dix chalets pour recevoir des commerces et en son centre, un coquet square de la Reine.

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   De plus, l’association néerlandaise « Retour au foyer » fournit aux familles qui emménagent mobilier et ustensiles de première nécessité : tables, chaises, lits, buffet, draps, batterie de cuisine …

   Ce 12 juin 1921 donc, la ville de Lens est en effervescence. De nombreuses personnalités sont présentes le jour de l’inauguration : Emile Basly, le maire de Lens, le commandant Fontana représentant M. Millerand, le secrétaire de la préfecture du Pas-de-Calais, le sous-préfet de Béthune, monsieur Stirn ainsi que Jules Lugol, sous-secrétaire d’Etat aux Régions Libérées.

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   John Loudon dit à ce dernier : « Je n’ai pas de clef à vous remettre comme dans les anciens temps mais j’ai le cœur de la Hollande à vous offrir ». Sur le banc du suare de la Reine, une plaque est découverte. On peut y lire : « 1919-1921. La Cité hollandaise fut érigée, pour les sinistrés de la Grande Guerre, par le royaume des Pays-Bas, avec le concours du gouvernement français ».

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   Après les discours et les toasts au cours desquels une nouvelle passe d’armes a lieu entre Basly et Lugol au sujet des autres habitations provisoires de la commune, les fillettes de l’école entonnent quelques airs avant que l’ambassadeur des Pays Bas ne leur face une distribution de bonbons.

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   Dans le Gauheria n°36, en août 1996, René Meurisse, un ancien habitant de la cité raconte : « Février 1922. Différentes boutiques ouvrent les unes après les autres : épicerie, boucherie, boulangerie, lingerie. Des artisans s’installent : menuisier, peintre, maçon, vitriers. On trouve même un rempailleur de chaises. Un cinéma et un estaminet complètent cet ensemble. Dans la plupart des foyers, le chef de famille est soit mineur à la fosse 2, soit ouvrier aux Tréfileries. Une véritable communauté se forme, des liens familiaux, professionnels ou de simple voisinage entretiennent une agréable convivialité. »

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   Mais très vite, cette cité tant louée par les autorités se dégrade : le gel fait exploser les canalisations et la moitié des pompes à eau est inutilisable, le goudron des toitures se fissure et laisse pénétrer l’eau dans les habitations, les peintures extérieures s’écaillent, les clôtures sont volées ou démontées par les locataires pour en faire du bois de chauffage. Les bains-douches, qui devaient être alimentés par une éolienne qui n’a jamais fonctionné, sont vandalisés, les baignoires sont dérobées. Ils finiront par être rasés sans n’avoir jamais servi.

   Au cours d’une séance du Conseil général le 29 septembre 1926, Emile Basly demande à l’Administration des Régions libérées qui perçoit les loyers des habitants de « prendre rapidement les mesures nécessaires à l’entretien des maisons, notamment en les faisant repeindre et de mettre en état de viabilité les rues en établissant un filet d’eau permettant l’écoulement des eaux pluviales et ménagères et en assurant de façon permanente l’entretien et le nettoyage des rues. »

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   En 1928, c’est le conseil municipal qui vote à l’unanimité l’envoi au préfet d’une lettre de protestation contre une substantielle augmentation des loyers décidée par l’Etat qui « n’a pas cru se conformer lui-même à la loi sur les lotissements ».

  En 1930, la cité est enfin alimentée en électricité. C’est la Compagnie la Saint-Quentinoise qui effectue le raccordement des maisons au réseau de 110 volts.

  Au début des années 1930, la municipalité conduite par Alfred Maës fait construire tout près de la Cité hollandaise l’école Emile Basly. Selon le maire de Lens, c’est une nécessité engendrée par « l’accroissement de la population consécutif à la construction de l’imposante Cité hollandaise où dans des écoles provisoires, les enfants étaient logés étroitement dans des locaux exigus manquant d’hygiène et de confort ».

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  Au printemps 1936, Paul Sion, conseiller général, déplore le manque de moyens de la part de l’Etat pour l’entretien de la Cité hollandaise : « Aucun crédit n’a été alloué pour l’entretien des chemins, réparation de pompes, des baraquements et l’enlèvement des ordures ménagères. De ce fait, les habitants de la cité vont se trouver dans une situation pitoyable l’hiver prochain ». Il demande à ce que la cité devienne propriété des communes qui en assureraient l’entretien. La ville de Loison-sous-Lens devient propriétaire de 9 hectares et 188 maisons pour 260 000 Francs et le bureau de bienfaisance de la ville de Lens d’un peu plus de 4 hectares et 173 habitations pour 280 000 Francs.

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   En octobre 1939, à l’emplacement des écoles détruites sont installés des abris afin que les habitants puissent se réfugier en cas de bombardements. En 1943, jugeant ces abris pas très sécurisants, les jeunes de la cité en creusèrent d’autres à 20 mètres de profondeur.

   De nombreux lensois habiteront ces logements « provisoires » pendant plus de quarante ans. En mars 1969, le conseil municipal d’André Delelis approuve le tracé de la rocade minière. Celle-ci passe au milieu de la cité hollandaise, pratiquement à la limite de Lens et de Loison-sous-Lens. Le 19 mars 1970, la ville de Lens autorise la vente des terrains au syndicat intercommunal gestionnaire de la construction de la rocade.

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  La cité est éventrée, ne reste sur le territoire de Lens que quelques maisons devenue masures, la ville décide de reloger les habitants dans des petites habitations modernes à peu de distance de là et crée la Résidence Anne Frank.

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  La Résidence Anne Frank est inaugurée le 15 avril 1970 en présence de monsieur Hoop-Scheffer, ambassadeur des Pays-Bas en France. En souvenir de la cité rasée, deux artères de la résidence Anne-Franck sont appelées « rue Rembrandt » et « rue de Rotterdam ».

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   Depuis cette époque, c’est à Loison-sous-Lens qu’il faut chercher ce qu’il reste de la cité hollandaise.

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  Aujourd’hui, quelques petites maisons rappellent un peu l’architecture de l’époque. Les rue d’Amsterdam, de la Couronne, du prince d’Orange, du ministre Loudon ou encore de Zuyderzee restent parmi les rares signes qui rappellent qu’il a près de 100 ans, le pays des tulipes est venu en aide aux sinistrés lensois.

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   Bonjour, je me présente. Je me nomme Séraphin Bouthemy, je suis né le 12 juillet 1808 à Lens. Mon père était ouvrier-tanneur et moi en cette année 1951, je suis concierge à la mairie. Je suis chargé de vous présenter ma ville.

   Lens n’est qu’un petit bourg de 2750 habitants pas très riche bien que 41 personnes soient considérées comme rentières d’après le dernier recensement. Pour beaucoup d’autres, c’est la misère, l’oisiveté.

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   La vie se concentre principalement autour de l’imposante église Saint-Léger. Autour de la place sur laquelle elle s’ouvre, on compte quelques commerçants : deux boulangeries, trois boucheries, quelques épiceries, une pharmacie, deux marchands de vin et même un vendeur de bonbons. C’est surtout l’habillement et les tissus qui font commerce : quatre marchands de laine, autant d’étoffes, cinq tailleurs, deux chapeliers et un perruquier. Ce domaine génère quelques emplois puisque la ville possède une blanchisserie, trois couturières, deux repasseuses, trois peigneurs et deux fileurs de laine, un teinturier, deux dentellières. Dans la rue de la Place, il y a aussi le magasin de Joseph Guffroy, le « marchand de nouveautés » !

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  Parmi les autres magasins, on trouve un serrurier, deux cordonniers, un horloger. Les autres artisans sont un peu plus éloignés du centre, ils sont surtout dans le Grand Faubourg : des ébénistes et tourneurs sur bois, des couvreurs, un maçon, un vitrier, un tanneur, un tonnelier, un vannier, un ramoneur, quelques menuisiers, deux fabricants de chandelles et même un bucheron. Le métal est également travaillé à Lens par un ferrailleur, deux ferblantiers et trois chaudronniers.

   Nous avons aussi deux fabriques d’huile et une autre de sel. La fabrication de bière engendre quelques emplois puisque nous possédons à Lens cinq brasseries appartenant à messieurs Crespin, Delagranville, Douchet, Durot et Saudemeont. La bière est vendue dans les 14 estaminets de la commune, on en trouve certainement aussi chez les quatre aubergistes.

   Sur la place Verte, un marché a lieu une fois par semaine dans la halle aux grains et dans la rue de la Place, en face de l’église, un marché aux victuailles et tissus a lieu les premiers samedis de chaque mois.

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   Mais la principale activité de la ville reste l’agriculture. D’ailleurs notre maire, monsieur Guislain Decrombecque, élu peu après l’arrivée de Louis Napoléon Bonaparte au pouvoir, est lui-même l’un des plus grands agriculteurs de France, il vient d’obtenir la médaille d’or à la dernière exposition nationale. Il a rendu fertile la plaine de la Gohelle si aride il y a encore quelques dizaines d’années. Il possède également une sucrerie, une fabrique de tuiles et de briques, une distillerie dans laquelle il produit du genièvre.

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   Il est également le propriétaire, à la croisée des chemins d’Arras et de Liévin, d’un relais de poste aux chevaux. La diligence publique reste le seul moyen de voyager puisque notre ville n’est pas encore desservie par le chemin de fer et que notre canal a été remblayé il y a maintenant 60 ans.

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   Il y a cinq ans, une compagnie de chemin de fer privée a bien envisagé de créer une voie de chemin de fer entre Hazebrouck et Fampoux, près d’Arras et passant par Lens mais elle a fait faillite. Peut-être qu’un jour la toute puissante Compagnie des chemins de fer du Nord décidera de relier notre bourg à son réseau.

   La ville a également vu disparaître ses remparts et son château au siècle dernier. Il ne reste que les portes vers les chemins de Lille, de Douai et d’Arras en souvenir des temps anciens.

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   La suppression du canal a eu pour conséquence la fermeture des trois moulins qu’il alimentait. Il ne reste qu’un seul meunier à Lens à l’entrée nord de la ville, sur la route de Lille, Monsieur Bonvarlet. Un de mes amis y travaille, il est « chasse manée », c’est-à-dire qu’il va chez les particuliers recueillir les manées (gerbes de blé à moudre) pour les porter au moulin.

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  Pas moins de 34 exploitations agricoles sont recensées dans la commune, de la plus petite à la plus grande. D’ailleurs, près de 20% des habitants (hommes, femmes, enfants) sont des journaliers, ces ouvriers de ferme que l’on embauche et que l’on ne paye que lorsqu’il y a du travail. Ces personnes résident pour la plus part en dehors des anciens remparts, dans des masures insalubres en campagne. Dans les rues du bourg, il n’est pas rare de rencontrer quelques mendiants.

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  L’église catholique est toujours aussi influente sur notre ville bien que le couvent des frères Recolets, fermé pendant la révolution de 1789, n’ait jamais été rouvert. Le doyen du diocèse de Saint-Léger est le Père Amé Crespin. Il est secondé par un prêtre et un vicaire. L’école communale est dirigé par le Père Pierre Buron, son adjoint qui fait fonction d’instituteur est le frère Théodore Colin. A l’hospice, six religieuses franciscaines assistent le Docteur Testu. Il y a un autre médecin, le docteur Carlier en ville ainsi qu’une sage-femme. Ils n’ont pas pu faire grand-chose il y a deux ans lorsqu’une épidémie de choléra a tué des centaines d’habitants.

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   La police est assurée par 6 gendarmes aidés dans leurs tâches par trois gardes-champêtres. Nous avons également un juge de paix et deux huissiers de justice.

   On nous dit qu’il y a des entreprises qui effectuent des sondages dans les bois du côté du Faubourg Saint-Laurent. On y aurait trouvé du charbon à 150 mètres de profondeur.

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   Des sondages, il y en a un peu partout dans la région depuis qu’à Oignies il y a 9 ans, on a trouvé de la houille dans le parc du château de Madame De Clercq. Cette année, on a commencé à exploiter à Courrières la première fosse du Pas-de-Calais.

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   Ah ! Si seulement, les veines de charbon du sous-sol lensois étaient exploitables ! On pourrait voir peut-être une société minière se créer à Lens. Cela sortirait la ville de la misère et donnerait un travail mieux rémunéré à tous ces pauvres journaliers…

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HISTOIRES ILLUSTREES DU PAYS LENSOIS

   Il est paru, le nouveau livre du lensois normand publié en compagnie de son ami photographe Laurent Bouvier.

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   58 textes sur l’histoire : des grandes invasions du Moyen Âge aux conflits du 20e siècle, de la Révolution française aux grèves des mineurs, de l’épopée charbonnière à la difficile reconversion, de la victoire de Condé à l’ouverture du Louvre-Lens, de l’essor du protestantisme à l’influence du catholicisme.

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   Ces textes sont illustrés de superbes photographies représentant ces sites tels qu’ils sont aujourd’hui. Des grandes villes aux petits villages, des splendides édifices aux graffitis gravés dans la pierre, des magnifiques châteaux aux multiples cités ouvrières, des somptueuses églises aux modestes chapelles, des remarquables monuments aux simples stèles, des statues des puissants personnages aux stèles des illustres inconnus, des sites miniers aux espaces verts, tout est représenté avec l’amour de cette région.

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   Le livre, des 272 pages au format 20cm x 20, est en vente au prix de 22 euros sur le site de l’éditeur : les Lumières de Lille ou à commander dans toutes les bonnes librairies de la région.

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    Torturée pendant plusieurs jours au siège de la Gestapo à Douai, elle meurt le soir du 6 mars 1944, sans avoir livré de noms de résistant du Front National. Elle avait 31 ans et un enfant de 16 mois.

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    Le guide émotionnel du territoire de Lens-Liévin vu et raconté par ses habitants est sorti mercredi dernier. Il a été présenté par M. Sylvain Robert, Président de la CALL et maire de Lens et M. Bertrand Petit, Président de Pas-de-Calais Tourisme.

   Géré de main de maître par Mélanie Martini, chargée de projets à la mission Louvre-Lens Tourisme, ce guide est issu d’une idée de la directrice artistique de Strange Cargo, Brigitte Orasinski qui en avait déjà publié un sur la ville de Folkestone.

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   Initié par la Mission Louvre-Lens, on trouve dans ce recueil près de quatre cents histoires très courtes qui sont autant de témoignages vécus par le passé et reliés à un site connu ou inconnu, important ou minime du territoire de la Communauté d’Agglomérations de Lens-Liévin. Chaque texte est illustré d’une photo d’aujourd’hui de ce même site.

    Le lensois normand et quelques amis comme Bernard Ghienne, Christian Vallez,  Gérard Tredez Maurice Devos, Muriel Labenda, Serge Barrois ont eu le plaisir de participer à la rédaction de certains textes en compagnie de célébrités locales comme Guy Delcourt ou Daniel Leclercq.

   Le guide est disponible à Lens, au musée du Louvre bien sur mais aussi au Furet du Nord, Boulevard Basly et à l’Office de Tourisme de Lens-Liévin, rue de Lille.

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Depuis début août la guerre est déclarée, la ville et les puits de la Société des Mines tournent au ralenti depuis le départ des nombreux mineurs mobilisés. Les allemands sont aux portes de Lens. Certes, nous en avons déjà vu depuis le début de la guerre : d’abord ce jeune officier arrogant venus avec quelques complices début septembre pour menacer et voler les lensois et les lensoises. Puis ces mouvements de troupes, ces officiers envahissant l’ambulance installée dans l’école Condorcet pour y faire prisonniers les soldats français blessés.

Nous avons vu passer aussi dans notre ville ces malheureux réfugiés fuyant Douai et ses environs. Ils prennent la direction de Saint Pol sur Ternoise où ils pensent être en sécurité. Ces jours derniers, ils sont de plus en plus nombreux. Ils font une halte devant la mairie où Emile Basly, notre maire, leur donne un peu de nourriture avant qu’ils ne reprennent la route.

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Depuis hier, d’autres groupes qui veulent fuir l’ennemi viennent de communes voisines : Sallaumines, Méricourt, Harnes ou Loison. Les évènements qu’ils nous relatent incitent aussi beaucoup de lensois  à prendre le chemin de l’exode. Aujourd’hui, nous ne sommes plus que 16 000 en ville contre 35 000 il y a encore un mois.

Les troupes allemandes qui ont traversé Lens nous ont laissé une mauvaise impression et nous font craindre le pire en cas d’invasion. Il y a quelques jours, nous avons repris espoir en voyant arriver un régiment de goumiers nord-africains. Mais ils sont repartis avant-hier en nous promettant toutefois de revenir bientôt.

Nous avons peur. La ville est isolée : aucun train ne circule, la navigation est interdite sur le canal, la poste ne fonctionne plus. Comme il n’y a plus de journaux il nous est impossible d’obtenir des nouvelles des combats dans la région.

Aurons-nous encore du pain pour longtemps ? Nous avons appris que les frères Deligne, les derniers meuniers de Lens, se sont enfuis hier emportant des pièces de leur moulin à gaz afin de l’empêcher de fonctionner.

Hier dans la journée, un escadron de dragons est arrivé et s’est dirigé vers Loison en prenant position à la sortie de Lens sur la route de Lille et dans le quartier du Marais. Cette nuit, une compagnie de chasseurs à pied cyclistes est entrée en ville. Les soldats ont se sont postés entre le pont de Douai et la gare, le long du canal. Ils veulent, nous a-t-on dit, reprendre le cimetière où se trouve des troupes allemandes.

Ce matin peu avant la messe de 6 heures, nous avons entendu les premiers tirs d’artillerie du côté du pont de Douai et vers Loison. Les allemands avançaient vers le canal. Quelques groupes tentaient de le traverser en barque mais étaient encore repoussés par nos soldats qui utilisaient les wagons des mines comme abri. La fosse 5 vers Avion était déjà occupée par l’ennemi.

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A 6 heures, les cloches de l’église Saint-Leger ont sonné pour annoncer la messe. Peu de lensois s’y sont rendus. Le chanoine Occre a d’ailleurs aussitôt renvoyé ses fidèles et leurs a conseillé de rester chez eux. Les seuls qui osèrent sortir ne le firent que pour fuir vers Saint Pol sur Ternoise. Pourtant, on raconte que quelques lensois intrépides seraient montés au sommet du clocher de l’église St Léger pour assister aux combats.

Cette bataille faisait rage le long du canal. Nous avons appris que Madame Julia Olivier, qui habite le chemin du Halage a été la première lensoise à périr sous les tirs allemands.

Dans la matinée, les soldats de l’escadron de dragons se replièrent dans la cité du Vieux Condé, près de la fosse 2. L’ordre leur a été donné de se regrouper avec les chasseurs sur la place de la République. Les premiers soldats allemands ont alors réussi à traverser le canal.

Vers 11h00, les troupes françaises reçurent l’ordre de se replier vers Liévin et les collines de Lorette. L’un des dragons, Henri Fernand, originaire de Blois n’en eut pas le temps, il a été abattu sur la place de la Gare. Il est le premier soldat français mort à Lens. A midi, toutes les troupes françaises avaient abandonné la ville nous laissant à la merci des envahisseurs.

Pourtant les allemands continuèrent à pilonner la place de la République faisant une deuxième victime civile, Monsieur Brutsaert.  A la fin de la journée, on comptera 6 victimes civiles lensoises. Les habitants se sont terré dans les caves. On a vu des maisons en flamme dans le quartier de l’Abattoir.

Dans l’après midi, on constata une légère accalmie. Il n’y avait plus aucun soldat français en ville. Des troupes allemandes se sont positionnées au pont de Douai, dans le quartier du Marais et sur la route d’Avion. Elles attendaient l’ordre d’entrer en ville. De nombreux lensois profitèrent de ce répits pour entasser ce qu’ils pouvaient sur des chariots de fortune qu’ils attelèrent rapidement pour fuir la ville.

Monsieur Thellier de Poncheville est allé à Sallaumines où il tient une brasserie. Il a aussitôt été intercepté par un colonel ennemi qui l’a promptement renvoyé à Lens afin de remettre à Emile Basly l’ordre de se présenter rapidement au quartier militaire allemand.

Le maire est arrivé à Sallaumines à 4 heures. Il a immédiatement été fait prisonnier; l’officier allemand le rendant responsable du fait que des civils lensois auraient tiré sur des soldats de l’armée germanique et seraient montés dans le clocher de l’église.

Il a ordonné à Basly de parapher deux messages pour la population que Thellier de Poncheville a apportés à Lens et fait afficher à la mairie. Le premier concerne l’interdiction faite à la population de pénétrer dans l’église, le second menace les lensois des pires répressions en cas de manifestations.

C’est après avoir obtenu l’assurance qu’aucun soldat français ne restait dans la ville que, vers cinq heures du soir, le commandant des forces allemandes donna l’ordre à ses troupes d’entrer dans Lens.

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Toute la soirée, les lensois assistèrent au défilé de militaires ennemis. Par groupe, les soldats du Reich se rendirent dans les écoles et autres bâtiments publics ou privés afin d’y installer leur bivouac. Les officiers choisirent les plus belles maisons de Lens comme logement,  exigeant de l’habitant gite et repas bien arrosé. D’autres se sont rendus à l’hôtel des Voyageurs et ont exigé de se faire servir un copieux repas.

Pendant ce temps, du côté de la cité de la fosse 11, le médecin-chef de l’hôpital des mines évacuait vers Arras dans un train de marchandises quarante-huit militaires français gravement blessés afin de les soutirer à l’ennemi.

Vers neuf heures, dans la nuit, on a pu distinguer un convoi de civils encadrés de militaires venant de Sallaumines, longer le canal et prendre la route d’Arras. Parmi ces civils se trouvait Emile Basly.

On ne sait aujourd’hui combien de temps durera cette occupation : des jours, des semaines, des mois ? Mais on imagine qu’elle sera pénible et difficile à vivre pour les lensois. Ce que nous ont rapporté les réfugiés des communes voisines nous font craindre le pire. Ils définissaient les soldats allemands d’ivrognes rustres, arrogants, tyranniques, voleurs et même violeurs …


             Nous sommes en décembre 1902. Un article de presse est consacré à Michel Dransart. Cet homme aurait pu n’être qu’un illustre inconnu s’il n’avait à cette époque réalisé une sorte de record.

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            Cinquante ans plus tôt, alors qu’il n’est encore qu’un enfant, Michel est embauché à la mine. Il n’a certainement pas débuté sa carrière de galibot à la Société des Mines de Lens, puisque celle-ci n’a commencé à exploiter sa première fosse qu’en 1853. L’histoire ne dit pas où le jeune Michel est descendu pour la première fois.

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            Le 3 octobre 1902, Michel fête le cinquantième anniversaire de sa carrière dans les galeries de la fosse 11 des Mines de Lens. Un demi-siècle sous terre, voilà qui n’est pas courant à l’époque. Il fallait être résistant, non seulement pour continuer à travailler au fond mais aussi pour pouvoir simplement survivre à ce métier dans lequel peu vivaient assez longtemps pour accéder à la retraite.

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            D’ailleurs, la retraite, le vieux Michel n’y pense pas. S’il quitte la mine, il doit quitter aussi sa petite maison du coron dominé par le chevalet de la fosse et le double clocher de l’église Saint Pierre. A cette époque, quand on arrête de travailler à la mine, on quitte le monde du charbon et son coron.

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            Michel a donc aux environs de la soixantaine lorsque la Société des Mines de Lens le fête. Le dimanche 5 décembre, une messe est dite dans l’église Saint Pierre de la cité à l’occasion de la Sainte Barbe, patronne des Mineurs.

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         Après la célébration, Michel reçoit des mains d’Elie Reumaux, la médaille du travail catégorie ‘Grand Or’. Pour cette grande fête, l’Harmonie des Mines de Lens s’est déplacée.

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            Michel se dirige ensuite vers la salle du patronage où les dirigeants de la compagnie offrent un repas à la famille du récipiendaire.

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            Michel est fier de son métier et de l’honneur qui lui est fait. Il est accompagné de son épouse et de ses trois enfants. Emile, l’ainé à commencé sa carrière à ‘gratter la veine’ avec son père avant d’être promu porion aux Mines de Lens. Louis, le cadet, qui est descendu aussi dès son plus jeune âge, est devenu ‘Agent de charbonnage’ à Montdidier dans la Somme. Enfin, la benjamine, Mathilde est caissière dans un grand magasin parisien. La  »réussite sociale » de ses enfants est aussi une fierté pour Michel : bien qu’il aime son métier et la vie dans les corons, il est heureux que ses trois enfants aient pu en sortir.

            Au soir de sa carrière de mineur, on lui confie  des tâches moins rudes, moins physiques. Il ne manie plus le pic ou le marteau, il ne gratte plus les parois poussiéreuses, il est devenu ‘Boutefeu’. Son rôle est de préparer les galeries en les dynamitant afin que ses collègues travaillent en toute sécurité.

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          Ce rôle, on ne le confie qu’à des gens qui ont du métier et en qui on a une entière confiance. La vie de centaines de mineurs ne dépend que de lui.

         Pour cela, il faut que chaque jour encore, il prenne place dans les berlines qui le descendent ‘au fond’, là où il a passé la moitié de sa vie.

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          Pour combien de temps ? On ne connait pas encore le jour où, après son ultime remontée, il restituera pour la dernière fois sa lampe à la jeune lampiste.

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            Mais aujourd’hui, c’est jour de fête. Michel est entouré de ses amis, de ces collègues de travail qui ont appris à apprécier et à aimer celui qu’ils appellent ‘le Père Michel’.


    Aujourd’hui, si on demandait à un jeune lensois à quoi correspond le nom de René Lanoy. la réponse serait certainement : ‘’C’est une rue qui va de la place Jean Jaurès à celle du Cantin’’. Cependant, pour les plus anciens, elle est et sera toujours appelée ‘rue de Lille’.

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   Pourtant, elle est dénommée officiellement ‘Rue René Lanoy’ depuis le 14 septembre 1947 suite à une délibération du Conseil Municipal dirigé par le maire communiste de Lens Auguste Lecœur assisté de son adjoint Roger Pennequin tous deux eux-mêmes anciens Résistants.

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    A l’occasion du soixante-dixième anniversaire de la libération de Lens le 2 septembre 1944, il est important de rappeler quel grand Résistant fut René Lannoy.

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    Né le 11 septembre 1910 à Bruille-lez-Marchiennes, petit village au nord d’Aniche, René Lanoy est professeur de sciences-naturelles à l’école normale de Douai à la déclaration de la guerre. Communiste de toujours, il entre dans la Résistance dès 1940.

    En mai 1941, il créée le comité clandestin de libération du Pas-de-Calais et devient responsable du réseau Front national dans le Douaisis et le Cambresis. Ce Front National, qui n’a rien à voir avec le parti politique qui aujourd’hui porte le même nom, est créé par le parti communiste et regroupe au sein de la Résistance les patriotes français quelques soient leurs opinions.

   En août 1943, René Lanoy devient responsable de la direction départementale du Pas-de-Calais, fonction qu’il exercera jusqu’à la libération sous le pseudonyme de «Gilbert». Il assure la diffusion du journal clandestin Le patriote du Pas-de-Calais. Il est décédé accidentellement alors qu’il se rendait à un congrès du Front National du Pas-de-Calais qui se tenait à Arras.

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   Son épouse Suzanne née Blin que René avait épousée en novembre 1940 était professeur d’histoire au collège des filles à Douai. Egalement engagée dans la Résistance en 1940, elle était chargée de la rédaction des publications clandestines. En octobre 1942, elle est arrêtée par la police française, mais est relâchée.

   Le 2 mars 1944, elle est de nouveau arrêtée par la gestapo qui perquisitionne à son domicile et retrouve des documents en lien avec la résistance.

   Torturée pendant plusieurs jours au siège de la Gestapo à Douai, elle meurt le soir du 6 mars 1944, sans avoir livré de noms de résistant du Front National. Elle avait 31 ans et un enfant de 16 moi


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