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dimanche 18 août 2024

Sylvain Robert élu Maire de Lens

 



   Le dimanche 30 mars, la liste menée par Sylvain Robert, Maire sortant de Lens a été élue lors du deuxième tour des élections municipales. Cette liste a recueilli  42,02 % des suffrages exprimés. Elle devance celles d’Arnaud Sanchez à la tête d’une coalition ‘dissidents socialistes-UMP’ (33,94 %) et d’Hugues Sion (FN, 24,05 %).

   Pour rappel, la liste des Maires de Lens depuis 1900 :

basly

maes

hanotel+

Émile Basly

Alfred Maës

Marcel Hanotel

6 mai 1900 – 11 février 1928

 

1er avril 1928 – 17 août 1941

 

22 décembre1941 – 2 septembre1944

 

sion

lecoeur

schaffner

Paul Sion

Auguste Lecœur

Ernest Schaffner

3 septembre 1944 – 13 mai1945

13 mai 1945 – 26 octobre1947

 

26 octobre 1947 – 23 septembre1966

 

delelis+

delcourt

robert

André Delelis

Guy Delcourt

Sylvain Robert

4 décembre 1966 – 14 octobre 1998

 

14 octobre 1998 – 16 juin 2013

16 juin 2013- en cours

 

nnnVous pouvez retrouver l’histoire des Maires de Lens du vingtième siècle (ainsi que celles d’autres lensois célèbres)



Après de nombreuses incertitudes, la décision est enfin tombée hier jeudi dans la soirée : le préfet de Moselle a pris des mesures exemplaires contre les supporters du RC Lens.

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Pourtant, on est toujours bien reçu d’habitude à Metz (photo L’Est Républicain)

Les abords du stade seront interdits à toute personne se prévalant d’être lensois, le nombre de supporters Sang et Or sera limité à 400 dans le stade au lieu de 1100 lorsque les grenats reçoivent d’autres équipes.

Tout ça parce que lors du match aller au Stade Bollaert-Delelis, quelques ivrognes lorrains aux neurones anémiées et à la vessie houblonnée n’ont pas bien digéré les excès de notre excellente Bière du Chti ayant pour conséquences quelques ‘déboires’ avec la marée-chaussée.

Alors, Monsieur le Préfet de Moselle a pris les décisions qui le feront entrer dans la légende. En effet, peut être a-t-il là évité une troisième guerre mondiale ! Sa décision est justifiée : ″considérant la forte mobilisation des Ultras à risques de Lens pour la prochaine rencontre opposant Metz à Lens et pour laquelle ils recevront le soutien de supporters d’Anderlecht, Rennes et Guingamp″.

Imaginez cette armée de brutes lensoises envahissant la Lorraine, baïonnette au canon et sabre au clair, ces hommes aux uniformes rouges de sang et jaunes d’or investir la cité de Paul Verlaine renforcés des hordes bretonnes et flamandes. Que serait il resté du patrimoine de nos cousins ex-germains ? Le Centre Pompidou rasé, la belle gare exposée, la cathédrale ruinée, les commerces pillés, les caniveaux des belles rues piétonnes ruisselants du sang des autochtones que les pluies abondantes ne parviennent pas à diluer !

Car se sont de vrais sauvages ces supporters lensois. De peur d’importantes représailles, les médias et les autorités du football sont obligés de leur attribuer le titre de meilleur public de France toutes divisions confondues !

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Quelques uns des hooligans lensois interdit s à Metz. C’est vrai qu’ils font peur !

Imaginez les en train d’arpenter les rues de Metz en hurlant leur hymne de guerre ‘Les Corons’. Ce chant partisan qui partout ailleurs est connu pour ses paroles sanguinaires. Ce chant, véritable appel à la violence, qu’ils hurlent partout pendant les trêves entre chaque combat obligeant comme à Dijon, les gens du coin à les ovationner !

Regardez comment ils ont laissé les champs de bataille après leur passage dans les villes au cours de leur dernière campagne : Dijon, on l’a dit mais aussi Laval, Le Havre, Tours, Arles, Clermont-Ferrand, Niort, Nancy, Angers, Brest, Auxerre, Troyes, Créteil ne sont plus que ruines et désolation.

Alors, Monsieur le Préfet, vous avez pris la bonne décision. La ville de Metz, la Lorraine, La France et même le monde entier sauront reconnaître votre volonté d’éviter un nouveau drame humanitaire mais aussi votre capacité de discernement. Car vous auriez même pu aller plus loin : faire intervenir la DST, demander l’intervention de l’armée, du GIGN et du RAID et pourquoi pas, reconstruire la ligne Maginot.

Et vous avez gagné la guerre ! Grâce à vous, les armées lensoises ont pris peur et renoncent à leur projet d’investir votre ville. Aucun régiment n’organisera de déplacement de troupes. A vous seul, vous avez mis toute une armée en déroute. Votre nom restera dans l’histoire pour avoir été à l’origine de ‘la retraite de Lorraine’.

Si vous êtes est encore en place lors de la prochaine saison et si l’équipe de Metz monte en première division, vous allez en avoir du boulot, monsieur le Préfet de Moselle. Il va falloir l’utiliser votre beau stylo à plume pour en signer des arrêtés : il parait qu’il y a encore plus féroces que les lensois parmi les supporters en ligue un. Nice, Marseille, Saint Etienne, Paris…. Vous connaissez ?

Le football est et doit parait-il rester un sport populaire. Ce n’est pas avec le genre de décision comme la votre qu’on évitera les débordements. J’entends déjà quelques artésiens annoncer une reprise des hostilités dès la prochaine saison.

Mais pour la plus part des lensois, les supporters messins, les vrais, seront reçus comme seuls les chtis savent le faire l’an prochain quelque soit le stade où joueront les Sang et Or.

Allez Metz et surtout ALLEZ LENS et que le meilleur gagne !

Quant à vous monsieur le préfet, ce serait marrant de vous voir muté…. dans le Pas-de-Calais !

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    Septembre 1962, c’est le jour de la rentrée des classes. Aujourd’hui, j’entre chez ‘les grands’.

    Le petit gamin des corons a dit ‘Adieu’ à son école de la cité du 12 au début du mois de juillet. Ce matin, il a pris l’autobus des ‘Transports en Commun’ qu’il a attendu à l’arrêt devant la porte de la propriété de l’Ingénieur sur la Route de La Bassée.

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L’école des garçons du 12, près de l’église Saint Edouard, c’est fini !

    Il est arrivé là, la ‘carnasse’ à la main, encore vide des bouquins qu’il va ramener ce soir et qu’il faudra recouvrir. Les ‘grands’ l’ont regardé, l’ont testé. Comment sera-t-il accepté parmi tous ceux de l’arrêt de bus ? On le saura dans quelques jours …..

    Le vieux bus jaune, bondé et asthmatique le dépose sur la place de la Gare. A pied, il se rend à l’entrée principale du CEG Michelet sur le Boulevard Basly. Il n’a pas le temps d’admirer les vitrines des Nouvelles Galeries.

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Les bus des ‘Transports en Commun’ mous conduisait au collège

   Le voici dans la cour du collège. Le monde ! Il se sent perdu. Ca crie, ça marche, ça court dans tous les sens. Heureusement, il rencontre un copain du 12. A deux, on se sent plus fort.

   Des hommes qu’il ne connait pas tentent de canaliser les enfants. Rien que des garçons, bien sur. Les filles, elles, sont de l’autre côté du mur, à Campan. Ce n’est pas encore le temps de la mixité dans les écoles.

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La cour de Michelet

   ‘‘Les sixièmes, en rang par là !’’. L’ordre tant craint est venu ! On se range par deux, en silence ; la colonne face à une porte d’entrée d’un bâtiment.

  Un homme vient se placer en tête du groupe, une sacoche à la main. ‘’C’est lui’’ entend-on chuchoter. Il donne l’ordre de mise en marche. On entre, on monte des escaliers, on arpente des couloirs. Que c’est grand !

  On pénètre dans une salle de classe qui sent la peinture verte et neuve de ses murs : un grand tableau noir, d’immenses fenêtres, trois rangées de bureaux à deux places et celui de l’homme qu’on n’appelle pas encore ‘le prof’ sur une estrade, comme pour affirmer qu’il peut tous nous surveiller d’un seul regard.

  L’homme s’assoit, il se présente: ‘’Bonjour, je suis Christian Daubresse, votre Professeur Principal, ma matière est le Français’’. L’homme a l’air sympathique : grand brun avec un sourire qui semble nous inviter à nous décontracter.

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Monsieur Daubresse

   Mais pas facile pour ces enfants qui ne sont pratiquement jamais sortis de leur coron. Le silence est total, l’anxiété à son comble !

   Tout à coup, l’homme se lève. Il ouvre les boites de craies qui se trouvent sur son bureau, prend un bâton dans chaque et se dirige vers le tableau noir. Il place une à une les craies de couleur dans la petite boite qui se trouve sous le tableau, près de l’éponge.

   Et là, au fur et à mesure qu’il en pose, il dit d’une voix de comédien : ’’Une blanche… une bleue… une rouge… une verte et ….. une marrone !’’.

   Quand on sait ce que veut dire ‘marrone’ en patois de chez nous, on comprend que cette sortie a fait éclater de rire toute la classe. La soupape a explosé, la pression s’est échappée sur un simple mot, un mot d’humour dont on se souviendra toute sa vie !

  Notre carrière de collégien peut commencer. Merci Monsieur Daubresse.

  C’était en septembre 1962, au Collège Michelet de Lens…

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le talent d achille

 


   En fouillant dans le passé de l’Histoire de Lens, on se rend compte qu’il est fait d’une multitude d’histoires : des grandes histoires et des petites histoires.

   Celle qui nous concerne aujourd’hui, à peine romancée, nous narre la dernière journée de la vie d’un brave représentant de commerce, Achille Claveleux (ce n’est bien sur pas la véritable identité de notre héros du jour). Notre homme, qui aurait pu ne rester qu’un illustre inconnu, est entré dans l’Histoire de Lens le jour même où il terminait la sienne.

   Le 25 janvier 1931, le Tribunal de Béthune rend son jugement dans l’affaire opposant la veuve Claveleux à Madame Savaete, propriétaire d’une brasserie à Fauquembergues, 16 rue de Fruges.

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A Fauquembergues, la Brasserie Savaete se trouve dans le grand bâtiment blanc avec le porche en arcade

   Claveleux est voyageur de commerce pour le compte de la brasserie depuis plusieurs années. Voyageur de commerce dans une brasserie : où voulez vous qu’il vante les qualités de sa bière, ce brave homme ? Dans les établissements où on en boit, bien sur.

   Claveleux et son épouse habitent Fournes-en-Weppes. En ce jeudi 11 octobre 1928 un peu avant neuf heures, il quitte son domicile à bord d’un véhicule automobile qui lui est prêté par la brasserie et dont il a rempli le coffre d’échantillons de ce breuvage dont il doit vanter les mérites.

   Sa mission aujourd’hui : visiter quatre clients à Hénin-Liétard, des estaminets, bien sur. Claveleux arrivera chez le premier d’entre eux à… 18h30 !

   L’itinéraire le plus court est le plus logique aurait du le faire passer par Carvin et Courrières. Mais voilà, vers neuf heures trente, Claveleux est aperçu alors qu’il entre dans la gendarmerie de … Liévin, loin de sa route.

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La Gendarmerie de Liévin se trouvait alors avenue des Grands Bureaux

   Que va-t-il y faire ? On ne le saura jamais. Peut-être s’est-il perdu et cherche auprès de la marée-chaussée de quelle manière reprendre le droit chemin.

   Il quitte la gendarmerie vers onze heures, le coffre un peu plus léger. Et comme pour aller de Liévin à Hénin, il n’y avait pas la rocade à cette époque, il semble qu’il se perde de nouveau. Est-ce l’excuse qu’il trouverait si on lui demandait pourquoi on le voit passer sa journée dans des estaminets de Lens, de Loison ou de Vendin-le-Vieil ?

   Quelle journée éreintante pour notre brave représentant ! Il arrive enfin à Hénin vers 18h30 et ‘visite’ ses quatre clients. Grâce au talent d’Achille, à vingt heures, son carnet de commande est plein. Sa patronne va encore être contente, il est l’un de ses meilleurs vendeurs.

   La journée est finie ! De Hénin, il va enfin pouvoir rentrer chez lui après cette longue journée de … travail.

   Hé bien non ! Jugeant certainement qu’il n’avait pas encore assez ‘vendu’, il retourne à Lens à bord de son véhicule. Il doit encore lui rester quelques échantillons houblonnés dans le coffre.

   Peut-être veut-il simplement vérifier comment les clients apprécient la bière qu’il a vendue au commerçant. On le retrouve au comptoir du café François, du côté de la Place du Cantin qu’il quitte vers vingt-et-une heures. Le commerce doit être difficile car on ne trouvera aucune commande du patron de cet estaminet dans les papiers d’Achille.

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La place du Cantin telle qu’Achille a du la voir une dernière fois

   De la place du Cantin, la route de Lille, Carvin, il devrait être rentré à la maison avant vingt-deux heures.

   Mais les chemins de Claveleux semblent vraiment tortueux. Une heure plus tard, on le retrouve remontant le Route de La Bassée à bord de son véhicule, l’esprit somnolant certainement dans les vignes du Seigneur et la vessie surement bien pleine.

   En arrivant du côté des corons de la cité de la fosse 14, le véhicule de notre homme tamponne brutalement une voiture hippomobile pourtant munie de ses lanternes de signalisation.

   Le choc a du être violent car Achille passe aussitôt de vie à trépas. Ainsi se termine la laborieuse dernière journée de travail d’un homme totalement investi dans sa mission.

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Les corons de la route de La Bassée au niveau de la cité de la fosse 14

   Le Tribunal de Béthune estimant que Dame Savaete n’a donné à Achille aucun délai ni aucun horaire précis pour effectuer sa mission, qu’elle ne lui a pas précisé d’itinéraire à prendre, que ses ‘clients’ tenant des estaminets ne peuvent être visités que pendant leurs heures d’ouverture parfois tard le soir, que le fait de ne pas avoir enregistré de commandes ne signifie en rien qu’Achille n’ai pas rempli sa mission de représentant, donne raison à la veuve Claveleux et reconnait donc que le décès de son mari est bien consécutif à un accident de trajet.

   La propriétaire de la brasserie est condamnée à lui verser une indemnité correspondant à 20% du montant annuel du salaire de feu notre représentant de commerce.

   Ceci devrait lui permettre de se consoler de cette ‘mort subite’ et d’offrir à son défunt une belle…. mise en bière !

mort subite



   Le 6 novembre 1929, la Société des Mines de Lens devient propriétaire de la totalité d’un terrain de treize hectares soixante dix-huit limité par  la voie ferrée de Lens à Dunkerque, les carreaux des fosses 1 et 9 et la route de Béthune.

   L’idée de Félix Bollaert, le président du conseil d’administration de la compagnie est de faire de cet espace un lieu d’activités de plein air pour les familles des mineurs. La politique de la compagnie est d’encadrer au mieux les loisirs de ses ouvriers afin que leur attention ne soit pas toujours occupée par des idées revendicatives.

  Au début des années trente, la lutte que se livrent la compagnie et le syndicat des mineurs est intense. Ce dernier est depuis le début du siècle à la tête de la ville. Emile Basly puis Alfred Maës, deux anciens mineurs, leaders du puissant syndicat occupent le fauteuil de maire et sont députés de la circonscription.

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     Pour marquer sa puissance, la Société des Mines de Lens, propriétaire de la grande majorité des terrains autour du centre-ville, s’est établie aux portes de la cité. Sa reconstruction après les dégâts occasionnés par la Première Guerre Mondiale est maintenant terminée. Les Grands Bureaux, sièges de la direction et des services administratifs, fonctionnent dès 1929. La compagnie possède son propre réseau ferroviaire, ses propres quais de manutention le long du canal, ses propres usines électriques, sa propre gare. Pour les familles de mineurs, elle dispose de logements bien sur mais aussi d’écoles, de centres ménagers, de coopératives, de salle des fêtes, de stades et même d’églises.

   Afin d’asseoir définitivement son indépendance vis-à-vis de la ville et de ses élus socialistes, il ne lui manque qu’un grand complexe sportif. En outre, ses dirigeants ne sont pas insensibles à la notoriété naissante de l’excellent club régional qu’est le Racing Club Lensois.

   Depuis 1924, la compagnie a créé son club, la Section d’Education Physique de la Compagnie des Mines de Lens dont le siège social se trouve aux Grands Bureaux. Mais cette association, dont le secrétaire est l’ingénieur Dubouchet, n’a pas la notoriété du RCL. Elle deviendra omnisport quelques années plus tard en s’associant avec ‘Gwiada’ sous le nom de l‘AS Lens … et la section ‘football’ devra quitter le stade des Mines pour celui de la cité de la fosse14.

   Car ce qu’on appelle aujourd’hui le stade Bollaert-Delelis n’a pas été édifié pour le RCL. En 1930, lorsque débute la construction du stade, le plus important club de football de la ville évolue en division d’honneur régionale. C’est un bon club amateur qui fut créé au début du siècle par des commerçants lensois afin d’offrir des structures à leurs lycéens ou étudiants de fils. Ses deux derniers présidents, René Moglia et Georges Renoult sont bonnetier et importateur de café à Lens.

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  Les rencontres se déroulent au stade de l’Est, à l’extrémité de l’Avenue Raoul Briquet dont la rénovation vient de se terminer. Il le partage avec le club municipal de l’USOL (Union Sportive et Ouvrière de Lens). Un autre stade sera construit par la ville à partir de 1933 sur l’Avenue de Liévin (qui deviendra Avenue Alfred Maës). Il disposera d’un vélodrome et sera mis à la disposition des ‘sociétés bénéficiant de l’aide de la municipalité’ et des enfants des écoles communales.

  Cette municipalité aide le Racing Club Lensois. Une subvention annuelle lui est allouée et il bénéficie de la gratuité de l’utilisation du stade Raoul Briquet pour les rencontres de l’équipe fanion mais aussi pour les entraînements et les matches d’équipes de jeunes. En 1931, alors que le stade des Mines est en construction, le RCL fête  ses vingt-cinq ans à la mairie de Lens où joueurs et dirigeants sont reçus par Alfred Maës et tous les élus. Un banquet de cent cinquante personnes parmi lesquelles on ne voit aucun des dirigeants de la société minière est offert dans la salle de l’Alambra. Il n’est pas envisageable à cette époque que ce club devienne un jour professionnel sous la houlette de la compagnie.

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  En ce début des années trente, Félix Bollaert et Ernest Cuvelette, Agent Général de la Société des Mines de Lens, adoptent les plans proposés par l’Ingénieur de la compagnie, Auguste Hanicotte. La construction du stade peut commencer. La compagnie ressent les effets de la crise de 1929 : la vente du charbon s’est considérablement ralentie. Mais la Société des Mines de Lens reste une des plus riches entreprises de France. Ce qui est produit ne sert qu’à constituer des stocks pour les jours meilleurs et de nombreux mineurs sont mis au chômage. Plusieurs grèves son déclenchées dans le bassin minier.

  Félix Bollaert prend alors la décision de faire construire le stade par ses ouvriers de la fosse 5 dont l’activité est totalement arrêtée. Ils sont ainsi cent quatre-vingt à rejoindre tous les jours le site de construction.

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  En 1933, cet immense complexe sportif est terminé. Il comporte un terrain principal engazonné entourée d’une piste d’athlétisme en terre battue et de deux zones de lancer et de saut. En allant vers la pépinière (site du jardin public actuel), on trouve un terrain de football et deux terrains de basket. Du côté de la cité minière du 9, une perche pour la pratique du tir à l’arc a été installée sur un terrain aménagé. Le tout est situé dans un site boisé où peut se pratiquer le cross-country. L’accès au stade s’effectue par une rue percée en direction de l’Avenue de Liévin du coté du centre-ville et par un pont étroit qui surplombe les voies ferrées des mines reliant les différentes fosses du côté de la cité du 9 bis.

  D’un côté du terrain principal, une tribune de six cents places assises a été édifiée. Tout autour de la pelouse, des gradins peuvent recevoir près de sept mille spectateurs dont deux cents d’entre eux sont abrités de la pluie grâce à deux petites tribunes du côté de la fosse 1.

tribunes

  Le terrain principal est appelé à recevoir les concours de gymnastique et d’athlétisme ainsi que les représentations de préparations militaires. Ainsi, les spectateurs peuvent apprécier les démonstrations de mouvements d’ensemble, les pyramides humaines, les défilés militaires ….

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   Le stade des Mines quelques années après son inauguration: la tribune d’honneur a été agrandie. En bas, la perche de tir à l’arc et les aires d’athlétisme encadrées par les lignes de chemin de fer (à droite celle des mines; à gauche, le ligne Lens-Dunkerque des Chemins de Fer du Nord). Derrière le stade principal, on aperçoit le terrain d’entraînement et les terrains de basket. A gauche, les installations de la fosse 1.

   La Compagnie de Lens met aussi ses installations à la disposition des Sociétés Gymniques des cités minières comme l’Association Saint Edouard (cité 12), la Société Sante Barbe (cité 4) ou le cercle Saint Pierre (cité 11). Les écoles des cités viennent aussi y pratiquer le sport. Y sont organisés des camps de vacances pour les enfants des mineurs. Ce stade est, après les Grands Bureaux, l’un des symboles de la puissance de la compagnie.

    Le 18 juin 1933 est le jour de l’inauguration du nouveau Stade des Mines de Lens.

   L’annonce de la manifestation est parue dans la presse locale comme le Journal de Lens : ″Nos concitoyens auront l’avantage de visiter et d’admirer le magnifique et grandiose parc des sports, édifié par la Société des Mines de Lens au cœur même de la ville″.

   Tout ne monde ne partage pas cette enthousiasme. La Tribune des Mineurs, le journal du syndicat, reproche en ces temps de crise financière ″des dépenses folles et inutiles pour ces vastes terrains de sport qui servent à l’occasion à faire des victimes en les laissant sur le pavé″. Félix Bollaert n’est pas du même avis : ″Notre jeunesse si nombreuse n’était pas à l’aise dans ses mouvements. Le stade qu’on inaugure aujourd’hui lui permettra de les perfectionner. ″

   Dès le matin du 18 juin, des messes spéciales sont dites à l’église Saint Leger, à la chapelle Sainte Elisabeth et à l’église Saint Barbe de la cité de la fosse 4. A 11 heures, un concours musical au carrefour de des Grands Bureaux et dans la rue Bollaert.

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  Le midi, dans la des salles des fêtes des Grands bureaux est offert un banquet par la compagnie. C’est à 13 h 30 que les portes sont ouvertes au nombreux public. Beaucoup de spectateurs arrivent par la gare Sainte Elisabeth, la Société des Miens de Lens a mis en place de nombreux trains supplémentaires.

   De nombreuses associations sportives dépendant des compagnies minières de la région sont invitées. Elles viennent de Barlin, Grenay, Billy-Montigny, Bruay, Meurchin, Loos-en-Gohelle, Liévin, Mazingarbe, etc. Des clubs ‘amis’ sont également présents comme le RC Arras ou le club de boxe de Calais. La qualité du spectacle est assurée avec la participation des champions du Bataillon de Joinville. On remarque aussi une forte délégation d’associations polonaises c’est pourquoi retentirent dans le stade, les hymnes nationaux français et polonais.

  Après un défilé de cinq mille gymnastes autour du stade, peuvent commencer les démonstrations sportives accompagnées par l’harmonie des Mines de Lens et par la fanfare Saint-Amé : Courses de plat et de haies, le grimper à la corde, le saut en hauteur, à la perche, lancer du disque, du javelot et du marteau, le saut du cheval. De nombreux prix d’une valeur totale de 40000 francs sont offerts aux meilleurs. Les garçons et les filles des écoles des Mines de Lens font une démonstration de mouvements d’ensemble.

jeunes

   A 21h30 débute la seconde partie de la journée avec une fête de nuit. Des spectacles de danses et de ballets sont présentés sur trois podiums installés sur le terrain principal.

   Mais aucun match de football n’est organisé lors de cette fête.

  Pourtant, on ne peut imaginer que Félix Bollaert n’a pas une idée derrière la tête. Depuis deux ans, les clubs sont ‘autorisés à rémunérer leurs joueurs’. Certaines grandes entreprises, comme Peugeot à Sochaux, se sont lancées dans l’aventure du football professionnel. Au Racing Club Lensois, Jules Van den Weghe, fils du premier président du club, a remplacé Renoult.

   En 1933, le nouveau président a inscrit le RCL comme prétendant au professionnalisme mais comme il s’y est pris trop tard, le club n’a pu être engagé dans le championnat national. Cela ne convient pas à tous, le journal socialiste ‘le Populaire’ écrit le 3 mars 1934 : ″La saison prochaine, le RC Lens, l’US Boulogne, le FC Dieppe et le Stade Malherbe de Caen accèderont au professionnalisme. Encore quatre qui n’ont rien compris″.

   Le 10 mars 1934, une réunion est organisée entre les représentants de la Société des Mines et les dirigeants du club. La compagnie est prête à subventionner le club, à offrir à l’équipe première ses installations du Stade des Mines et à proposer à tous les joueurs professionnels un emploi dans la société. Les commerçants lensois acceptent à la condition de continuer à être partenaires. Jules Van den Weghe cède sa place de Président à Louis Brossard, un ingénieur de la Compagnie des Mines, le siège social du club est transféré dans les Grands Bureaux.

   Le dimanche 26 août 1934, le Racing Club de Lens reçoit au Stade des Mines le Racing Club de Calais pour la première journée du championnat professionnel de deuxième division. Les deux équipes se quittent sur un match nul de deux buts partout. Les dessinateurs humoristiques d’alors peuvent se laisser aller à leur inspiration.

dessin

   Le mariage entre le stade des Mines et le Racing est définitivement scellé. Le stade et le club vont devenir des éléments incontournables dans la besace de la compagnie qui n’hésite pas à démontrer que le RCL est maintenant ‘son’ club.

RCL a la mine

Les footballeurs de Lens et de Sochaux sont invités à visiter les galeries de la fosse 2

   Mariage entre la société minière et le RCL donc mais le divorce entre le club et la ville est consommé. Alfred Maës, qui refusera toujours d’assister à un match de ‘l’équipe de la compagnie’ pour ne pas être accusé de connivence avec ses dirigeants, envoie un courrier au club dans lequel il lui demande de libérer le stade de l’Est de ses équipes de jeunes afin de donner la place à l’USOL, le club municipal. Plus aucune subvention, plus aucune aide ne sera apportée par la ville au RCL jusqu’au début des années cinquante et l’arrivée du Docteur Ernest Schaffner à la tête de la municipalité. Cela n’empêche pas que toutes les deux semaines, le dimanche après-midi, des milliers de gueules noires se passionnent pour leur équipe.

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  En 1934, après une victoire au stade des Mines contre l’équipe de Metz, un journaliste parisien écrit : ″Quel enthousiasme parmi cette rude population qui sait peiner toute la semaine mais veut aussi laisser libre court à son trop plein de vie le dimanche quand l’équipe chérie, l’équipe au maillot sang et or joue chez elle et marque de précieux points. On est comme ça dans le pays minier où le football et le cinéma ont tout détrôné. La foule quitta le stade pour rejoindre la cité minière, grouillante de vie, pleine d’une joie qui ne demandait qu’à s’éclater″.

  Le 26 décembre 1936 à Paris, Félix Bollaert décède à l’âge de quatre-vingt un ans. En son honneur, la compagnie minière de Lens décide donner son nom au stade des Mines.

   C’est alors que les termes ‘Stade Bollaert’ et ‘Sang et Or’ deviennent inséparables.

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avant 1940 1


lens

 


   Lorsque j’ai appris le résultat du tirage au sort des seizièmes de finale de la coupe de France de football, de nombreux souvenirs me sont revenus. Le RC Lens affrontera dans quelques jours l’équipe de Bastia. Loin de vouloir relancer d’anciennes rancœurs ou des envies d’affrontements, je ne peux laisser passer l’occasion de relater cette page d’histoire, de notre histoire à nous, les lensois.

   Je me retrouve tout à coup quarante-deux ans en arrière, le dimanche 14 mai 1972.

   Quelques années auparavant, notre RC Lens a bien failli mourir. Les HBNPC, ‘les mines’ comme nous disions, vivaient leurs derniers moments et avaient décidé de grandes coupes dans leurs finances. Le Racing était sacrifié comme l’avaient été la quasi-totalité des chevalets de nos cités.

   Et pas de Mamadov en ces temps là ! C’est le Maire de Lens d’alors, André Delelis, qui prend les choses en main. Lens ne pouvait se passer de la seule attraction qui, toutes les deux semaines, attirait des milliers de mineurs ‘aux matches’.

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   Le club continuerait d’exister, d’abord en vivotant dans le championnat de France des équipes d’amateurs. Au début des années soixante-dix, une réforme de l’organisation des compétitions permet au RCL de disputer le championnat national, la seconde division de l’époque qui regroupait en deux groupes des équipes professionnelles et les meilleurs clubs amateurs.

   C’est dans ce championnat qu’évoluent les Sang et Or lors de la saison 1971-1972. Plutôt pas mal, d’ailleurs : ils terminent la saison à la troisième place.

   La Coupe de France s’ajoute au plaisir des supporters. Les équipes de Quevilly, Châteauroux, Mantes-la-Ville et du Red-Star de Saint Ouen subissent la loi des joueurs lensois.

  Ils sont plutôt talentueux, ‘nos’ joueurs et possèdent surtout l’esprit d’équipe et la volonté de s’en sortir des hommes du pays minier.

   Point de recrues issues d’autres continents à cette époque. Nos renforts  étrangers viennent d’un pays connu et ami : la Pologne. C’est souvent de là-bas que sont arrivés ceux qui, au fond, grattaient les parois noires et poussiéreuses des galeries avec les mineurs français. Ils sont venus et se sont installés, faisant du Bassin Minier leur seconde patrie.

   Dans l’effectif du club de 1972, les Lannoy, Lhote, Macquart, Hédé ou Elie côtoient plusieurs joueurs d’origine polonaise, de ‘la deuxième génération’ comme on dirait aujourd’hui : Kalek, Cieselski, Marzalec, Janizewski, Wolniak, Zuraszek.  Leur entraîneur aussi était venu de là-bas pour extraire l’or noir avant d’avoir la chance d’être repéré d’abord comme un excellent gardien de but puis comme un très bon meneur d’hommes : Arnold Sowinski.

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   Pour élever le niveau de l’équipe, les dirigeants ont fait venir deux joueurs du pays de la mer Baltique. Nos immigrés d’alors se nomment Eugenius Faber et Richard Gregorczyk, deux hommes qui symboliseront le renouveau du Racing.

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   Leur talent et leur courage exemplaire font de ces deux joueurs des pièces indispensables de l’effectif. Ils sont donc présents lors du match ‘aller’ de cette demi-finale de la Coupe de France au stade Furiani de Bastia le 10 mai.

   L’ambiance est électrique. Les jeunes joueurs lensois sont impressionnés, l’arbitre peut-être aussi.

   Peu de lensois verront ce match : il n’y a pas de retransmission télévisée à l’époque. C’est l’oreille collée au transistor que les lensois apprennent par Jean Crinon, le fougueux et explosif reporter de Radio Lille que les bastiais remportent le match pas trois buts à zéro.

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   Mais les lensois apprennent aussi que l’ambiance en dehors du terrain a été terrible. Un climat ‘anti-Lensois’, issu d’un climat ‘anti-continent’ régnait partout en ville. On racontera que des voitures immatriculées ‘62’ ont été jetées dans le port de Bastia. Humiliés, battus et vexés, tous les lensois le sont alors.

  En réponse, pour le match ‘retour’, ils vont se mobiliser. Henri Trannin, dirigeant emblématique du club, lance un appel au peuple. Ce n’est pas le RCL qui a été humilié en Corse, c’est tout le Bassin Minier. Il faut que les ‘gueules noires’ se regroupent et prouvent au pays entier qu’ils ne sont pas morts.

   La veille du match, une indiscrétion permet de savoir que la délégation corse passerait la nuit à l’Hôtel de Flandre, près de la Gare. La nouvelle fait tâche d’huile. Les lensois se relaient sous les fenêtres, utilisent tous les moyens pour faire du bruit : klaxons, trompettes, pétards, tonneaux roulés sur les pavés…. A tel point que les responsables du club corse décident de faire transférer leur délégation à Arras afin de pouvoir dormir un peu.

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   Le dimanche 14 mai, les lensois mangent tôt bien que le match ne soit programmé qu’à dix-sept heures. Il faut être de bonne heure au stade pour avoir une place car il n’y a pas encore de réservations. On sait aussi que l’on va rester plusieurs heures debout : les places assises, ‘c’est pour les riches’ !

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   De notre maison des corons de la fosse 14, nous partons à pied. Près de quarante-cinq minutes de marche ne nous font pas peur. De toute manière, on n’aurait pas trouvé de place pour se garer, même pour ma petite 4L.

   Nous descendons par la Route de La Bassée en groupe. Mes sœurs, des copains, celui qui allait devenir mon beau-frère, celle qui allait devenir mon épouse et mon père qui, a soixante-dix ans, n’aurait surtout pas voulu rater cet événement de portée ‘lensoise’. Ce fut son dernier match à au stade Bollaert.

   En passant devant la gare Sainte Elisabeth et le carreau de la fosse 1 fermée et remblayée l’année précédente, on sent que la tension monte. Ce ne sera pas un match ordinaire ! Tout Lens est là. Nous serons plus de 22000 dans les gradins, serrés comme des sardines.

   A l’entrée, on achète le journal du club, ‘Sang et Or’ que l’on conservera en souvenir.

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   Nous avons trouvé des places ‘en secondes’, la tribune couverte de tôles face à la tribune officielle. C’est là que se regroupaient déjà les groupes de supporters.

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   La foule est partout : sur les toits des tribunes, sur les poteaux d’éclairages, dans les arbres mais aussi sur la pelouse même tout proche des lignes délimitant l’aire de jeu. Aujourd’hui, il est certain que l’arbitre du match, Monsieur Debroas, n’aurait pas donné le coup d’envoi de la rencontre pour des raisons de sécurité.

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   Lorsque les équipes pénètrent sur la pelouse, c’est une bronca énorme : le stade Bollaert en tremble sur ses bases. Chaque action lensoise est vivement encouragée. Chaque action corse est huée et sifflée.

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   Le gardien de but corse d’origine yougoslave se nomme Pantélic. Une grande banderole est installée derrière le but : ‘Pantélic, pends tes loques’. L’homme passera la rencontre à sauter pour éviter les nombreux pétards lancés dans ses jambes par les spectateurs sous les yeux quasi indifférents de quelques rares policiers. Sur une autre banderole était écrit : ‘Allo Napoléon, ici Waterloo’’.

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   Dans les tribunes, un petit groupe d’hommes est repéré comme étant des supporters corses. Quelques lensois avaient prévu : des litres d’eau se déversent sur eux avant qu’ils ne soient aspergés de sacs de farine !

   Mais tous ces événements ne sont en aucun cas méchants, il n’y aura aucun blessé, aucune bagarre. Cette ‘revanche’ n’est finalement qu’une grande fête comme seuls les chtis savent en faire.

   Le déroulement du match ne restera pas le principal des souvenirs. Lens marqua deux fois en première mi-temps par Faber et Zuraszek. Après chaque but, la pelouse est envahie par ces milliers d’inconditionnels.

   La deuxième mi-temps ne permet pas aux joueurs du RCL de marquer le troisième but tant espéré. La partie se termine avec une élimination mais avec le sentiment que les gens du Pays Noir ont, devant toute la France, largement lavé l’affront de Furiani.

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  C’est fini ! Les spectateurs quittent le stade lentement, serrés les uns contre les autres le long de la rue menant au pont Césarine comme lors d’une procession funèbre. Parmi les nombreux commentaires, on entend souvent : ‘On a sauvé NOTRE honneur !’. Notre groupe remonte la Route de La Bassée, un peu déçu par cette élimination mais, déjà à l’époque, ‘’fiers d’être lensois’’.

samedi 17 août 2024

Wagon déraille en mairie de Lens

 


   Ce texte ne relate en aucun cas un accident ferroviaire. Ici, le Wagon dont il est question n’est autre qu’Alfred Wagon, maire de Lens de 1892 à 1896.

  Alfred Joseph Wagon est né le 4 mai 1849 à Oisy-le-Verger, près de Marquion dans le Pas-de-Calais.

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  Fils de médecin, il fait des études de pharmacie et en 1874 ouvre une officine dans le Grand Faubourg de Lens (qui allait devenir le Boulevard des Ecoles puis le Boulevard Basly) . Là, il habite avec son épouse et ses trois enfants.

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   Alfred Wagon travaille également auprès de la famille Decrombecque pour qui il effectue des recherches sur l’amélioration de la nourriture animale par la chimie.

   Pharmacien réputé, il accueille souvent dans son commerce de jeunes stagiaires qui viennent profiter de son expérience. Le plus connu est sans aucun doute Auguste Béhal qu’il prend sous sa protection pendant trois ans. Amant Valeur, autre savant lensois, effectue également un stage chez Alfred Wagon.

   Excellent musicien, Wagon est aussi le président de l’Harmonie des Enfants de la Plaine de Lens créée par Guislain Decrombecque.

   Il est conseiller municipal depuis plusieurs années lorsque le maire Auguste Frémicourt-Douchet, un négociant en vin de la Grand’Place, donne sa démission.

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   Auguste Frémicourt est un radical modéré. Dès 1889, il s’oppose à l’utilisation des troupes contre les mineurs grévistes. Il réitère sa position lors des grèves de 1891 et 1892 déclarant qu’il préfère démissionner plutôt que de donner des tickets de logement aux militaires.

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   Frémicourt, Wagon et Basly sont pourtant de la même famille politique, le tout récent Parti Radical dirigé par Georges Clemenceau. Ce parti hétéroclite est composé selon la presse d’alors de politiciens ‘’sachant louvoyer pour se faire élire en dehors des partis traditionnels’’. On y trouve des anti-royalistes, des anti-bonapartistes, des anticléricaux, des anti-anarchistes ….

  En 1891, lors d’une réunion à Carvin des membres de ce parti, Frémicourt soutient Basly contre Wagon pour la désignation de leur candidat aux élections législatives du 21 février. Les adhérents élisent cependant le pharmacien. Cette décision entraîne des heurts violents entre les partisans des deux candidats.

  Finalement Basly se présente tout de même …. avec l’étiquette socialiste et est élu aisément, dès le premier tour de scrutin, obtenant 8.895 suffrages contre 5.477 à Alfred Wagon. Ce dernier créée alors à Lens ‘la Ligue Radicale’ aux idées ‘très avancées’ selon la presse d’alors.

  En août 1892, un nouvelle grève des mineurs se déclare à Carmaux et s’étale rapidement à tous les bassins miniers. A Lens, Frémicourt s’oppose de nouveau à l’utilisation de la troupe. Il n’hésite pas à envoyer l’officier qui lui transmet les ordres de réquisition de logements chez Edouard Bollaert, le Directeur de la compagnie minière qui avait sollicité l’intervention de l’armée auprès du gouvernement.

  Le 2 septembre, jour de quinzaine dans les mines, Frémicourt remet officiellement au préfet sa démission du poste de Maire de Lens, n’étant plus soutenu par la majorité des conseillers municipaux.

  Alfred Wagon est alors désigné maire par intérim. Il prend définitivement ses fonctions en octobre.

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La mairie de Lens

   La Société des Mines de Lens a maintenant les mains libres pour réprimer les grèves comme elle l’entend. Lors d’un nouveau mouvement en 1893, les responsables du Syndicats des Mineurs protestent auprès du maire de Lens contre l’utilisation des militaires et leur cantonnement dans les propriétés privées lensoises. Alfred Wagon leur répond qu’il ne peut ni s’y opposer ni légiférer contre une décision nationale.

   Pourtant, c’est bien un Arrêté Municipal qui ordonne à la Gendarmerie d’expulser les grévistes des établissements publics de la ville.

  Dès lors, entre le maire de Lens et le Député de la circonscription, c’est la guerre. Les deux hommes n’hésitent pas à déclarer publiquement la haine qu’ils ont l’un de l’autre.

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   C’est alors que des bruits se rependent en ville et que des lensois commencent à parler de malversations financières à la mairie, Basly voit là une occasion de se débarrasser de Wagon. Il parvient à faire parler le Receveur Municipal. Et il en apprend !  Le Député s’arrange pour que la presse locale reprenne ces accusations et refuse de se rendre à une réunion locale le 9 février au cours de laquelle Wagon promet de s’expliquer.

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   Après avoir monté un dossier complet, inattaquable, Basly intervient auprès du Président du Conseil des Ministres Léon Bourgeois à qui il dépose une plainte contre Alfred Wagon pour malversations financières dans la Caisse Municipale de Lens. Bourgeois demande au Préfet du Pas de Calais et à la Cour des Comptes d’effectuer des enquêtes.

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   Le 1er février 1896, un inspecteur général des finances et un agent de la Sureté Nationale investissent la mairie de Lens et épluchent les comptes municipaux. Les faits sont rapidement établis.

   En 1892, 1893 et 1894, Lefevre-Blondiau, Directeur de la salle de l’Alcazar, établit des factures prétendues couvrir  les frais de location pour l’organisation de banquets municipaux du Nouvel An. Or ces banquets n’ont jamais eu lieu. Malgré l’opposition du Receveur Municipal, le montant de ces factures a été remis en espèces à Alfred Wagon par le comptable. Le maire se défend et, tout en ne niant pas avoir encaissé cet argent, prétend qu’il sert à couvrir ses frais personnels de représentation.

   Wagon a aussi prélevé de l’argent dans la caisse pour régler de fausses factures d’entreprises de Mont Saint Eloi pour la fourniture de bordures de trottoirs bien que celles-ci n’aient jamais été livrées à la ville.

   Le budget des dépenses municipales est passé de 170.000 francs en 1890 à 670.000 francs en 1895. D’autres malversations apparaissent dans la comptabilité de la commune :

-          la disparition d’une partie de la recette de la location d’emplacements des marchés de Lens,

-          le détournement de ‘’deniers provenant de souscriptions particulières pour la création de l’Institut Pasteur de Lille’’ dont la liste de souscription a mystérieusement disparu,

-          l’absence de factures pour des locations d’établissements municipaux réglées en espèces,

-          le paiement du salaire d’une femme travaillant au service personnel de Wagon avec des bons du bureau de bienfaisance municipal,

   Outre cela, bon nombre de notes manuscrites afférentes aux budgets des années 1892,1893 et 1894 ne sont pas soldées.

   Le 13 février 1896, Emile Basly rencontre de nouveau Léon Bourgeois. Il lui apprend qu’il va interpeller le Gouvernement à la Chambre des Députés au sujet de la gestion des deniers de la ville de Lens par Alfred Wagon. Bourgeois demande au Préfet du Pas de Calais de suspendre à titre conservatoire Alfred Wagon de ses fonctions de maire de Lens..

   A l’issue de son enquête, la Cour des Comptes conclura lors de son jugement du 21 juin 1897 : ‘’Le sieur Wagon, ancien maire de Lens, est déclaré comptable des deniers de la commune dont il a eu le maniement irrégulier pendant les années 1893,1894 et 1895’’.

   Le 2 mars 1896, le Président de la République Félix Faure accepte et signe le décret de destitution proposé par Léon Bourgeois. Les biens ‘actuels et futurs’ d’Alfred Wagon sont saisis jusqu’à concurrence du remboursement à la ville de la totalité des sommes détournées.

   Alfred Wagon abandonne la vie publique, vend sa pharmacie quitte Lens avec sa famille. Il décèdera en 1928 à Vercelli (Italie) à l’âge de 80 ans.

  Basly ne prendra pas pour autant la mairie puisque c’est Eugène Courtin, administrateur des Mines de Liévin et Président de la Caisse d’Epargne de Lens qui remportera l’élection municipale du mois de mai 1896. Basly aura sa revanche et deviendra Maire de Lens en 1900.


   4 octobre 1914, les troupes allemandes envahissent Lens. Elles y resteront quatre années. Aussitôt, pour la population, ou plus exactement pour les lensois qui n’ont pas voulu quitter la ville (18000 sont partis), ce ne sont que privations et humiliations.

   En ce Noël 1915, les lensois n’ont pas le cœur à réveillonner, n’ont pas de quoi faire un repas de fête, n’ont pas de jouets à offrir aux enfants. Depuis 15 mois, l’ennemi est dans leurs murs et leur pille tout et depuis plus d’un an des obus tombent sur la ville et les corons.

   Les soldats allemands sont partout en ville, dans les corons. Ils ont fait leur les habitations abandonnées par les lensois partis en exode. Les officiers ont pris les plus belles maisons du centre ville, les simples soldats habitent ‘’chez l’habitant’’, souvent dans les maisons des mines.

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   Dans la plupart des familles de mineurs, le papa n’est pas là. Il est parti quelques mois auparavant, ‘la fleur au fusil’. Peut être est il dans une tranchée en Champagne, en Belgique, à Verdun ; peut être est il blessé dans un hôpital ; peut être est il mort …..

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   Ce Noël 1915 ne peut être un Noël ordinaire. Chaque jour, dans les corons, les femmes doivent faire preuve d’imagination pour donner à manger aux enfants : avec le moulin à café, moudre du mauvais blé glané dans ce qu’il reste des champs pour qu’un peu de farine de mauvaise qualité aide à leur donner du pain, utiliser des trognons de choux ou des feuilles de pissenlit pour aromatiser la soupe épaissie par quelques pommes de terre ramassées dans la boue et le froid de cet hiver.

   Pour les aider, le maire de Lens, Emile Basly a mis en place une épicerie municipale en ville dans les locaux de la Banque de France et la commune alloue 30 francs aux plus démunis.

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   Mais la ville, c’est loin pour celles qui vivent dans les corons, habitent dans des maisons déjà pratiquement en ruine. Il faut parfois traverser les lignes entre les armées. Les plus chanceuses reviennent avec leurs maigres victuailles, d’autres sont dévalisées sans vergogne par d’avides soldats, d’autres encore sont blessées par des tirs sans savoir s’ils sont allemands ou français, d’autres ne reviennent jamais nourrir leurs enfants …

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   Pourtant, Noël, c’est Noël ! Il faut célébrer. Les messes ne peuvent être dites dans les églises qui ont déjà reçu les cicatrices de la bêtise humaine. L’église Saint Pierre dans la cité 11 est inutilisable, trop dangereuse avec ses plaies béantes et sa tour décapitée. Les lensois des corons devront rester chez eux et se réunir dans les caves pour prier et chanter.

   Une famille entière ne fêtera pas Noël, celle d’un mineur nommé Moisse. Le 22 décembre  un obus allié tombe sur sa maison de la fosse 1. Lui est grièvement blessé et sera amputé d’une jambe. Sa femme et ses quatre enfants sont morts sous ses yeux. Le même jour, Rue de la Paix (joli nom pour l’époque), c’est un cheminot, Paul Leflon, sa femme et l’une de ses filles qui sont tués alors qu’ils se croyaient en sureté dans leur cave. A trois jours d’un bien triste Noël !

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  Malgré les privations, quelques gamins de la ville peuvent aller à l’école. Des classes sont installées dans les sous-sols d’une salle des fêtes. Emile Basly veut récompenser ces élèves particuliers qui apprennent à lire en vivant comme les taupes. Il demande à ses administrés de rechercher des livres parmi les décombres. Le jour de Noël 1915, dans ces conditions exceptionnelles, il donne un peu de joie à ces enfants en organisant une distribution des prix.

   On apprend que la Comité Américain fait don à chaque habitant de 100 grammes de farine. Mais comme on ne trouve pas d’œufs, il n’y aura pas de coquille de Noël cette année. Quant au bâton de sucre d’orge qui accompagnait la coquille avant la guerre, il y a bien longtemps que les enfants en ont perdu le goût. Il n’y aura pas de viande non plus, on n’en trouve plus depuis plusieurs jours à Lens. Peut être que les allemands se sont servis.

   Pourtant, en ville, on voit beaucoup de sapins, de décorations. Les Allemands veulent faire la fête ! On voit des soldats arriver en voiture porteurs de paquets cadeau pour les officiers. Ces mêmes officiers qui interdisent aux lensois de recevoir le moindre colis.

  Le soir du 24 décembre, dans les estaminets de la ville où se retrouvent les soldats, ce ne sont que chants paillards et beuveries. Les officiers sont eux sur la Grande Place, à l’hôtel des Voyageurs dont ils ont fait leur lieu de détente. Ils réveillonnent en compagnies de quelques jeunes lensoises de petite vertu. Ils assisteront à ‘leur’ messe de Noël à l’église Saint Léger où pourtant un obus a détruit l’un des piliers quelques jours plus tôt tuant deux soldats allemands.

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   Le jour de Noël, alors que sur certaines zones de combats, les soldats respectent une trêve et font ‘ami-ami’ comme l’année précédente, il n’en est rien à Lens. Les soldats allemands assisteront à ‘leur’ messe de Noël à l’église Saint Léger où pourtant un obus a détruit l’un des piliers quelques jours plus tôt tuant deux de leurs hommes.La grande messe de Noël pour les civils est dite à la chapelle de l’hospice mais peu de lensois osent s’y aventurer.

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   De nombreuses bombes tombent sur le Boulevard des Ecoles, sur la Place du Cantin. Le nord-ouest de Lens est aussi bombardé. Le lendemain, un communiqué officiel des forces alliées parlera d’un bombardement ‘efficace’ sur la gare. Réussi peut être militairement mais toutes les rues avoisinantes sont touchées et on relève bon nombre de victimes civiles.

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   Il y aura encore un autre Noël à Lens, en 1916, encore plus triste. Puis plus rien, les autorités allemandes évacuent toute la population en avril 1917. La prochaine fois que des lensois fêteront Noël dans leur ville, ce sera en 1919 …. dans ce qu’il restera de Lens.

Documents utilisés principalement :

‘’Dans la fournaise de Lens, journal du notaire Léon Tacquet’’, édité par Gauheria dans son dossier n° 7 (2004)

‘’Le martyre de Lens’’ d’Emile Basly aux Editions Plon 1918

‘’Lens, son passé, ses houillères’’ d’Alfred Bucquet, Edition Centrale de l’Artois 1950

‘’Mineur de Fond’’ d’Augustin Viseux pour Terre Humaine, Edition Plon 1991