Décidément, Grossouvre reste ancré dans les mémoires des anciens « jeunes lensois ». Cette fois,
1958 :
Comme pour les autres, je vous mets le détail pour y retrouver des visages (cliquez sur la photo pour la voir plus grande) :
1959 :
Le détail :
Maurice nous informe que le gamin au premier rang, complêtement sur la droite, aux pied de M. Robillard, n’est autre que M. Roger RUDINSKI, speaker officiel du Stade Bollaert lors des matches du Racing.
Aujourd’hui, c’est l’hiver même si la météo était bien à l’avance au rendez-vous à Lens comme ailleurs.
Mais aujourd’hui, c’est aussi un jour historique, le 21 décembre 2010, le nombre de connections sur les deux blogs du Lensois Normand atteint les 70 000. De qui remplir deux fois le Stade Bollaert (même plus en ce moment !).
70 000 visites, une moyenne de 200 par jour, 170 ooo pages vues ! Des chiffres qui prouvent une fois de plus que l’histoire de Lens, de la Mine et du Nord-Pas de Calais en général intéresse beaucoup de monde.
Sur « le Lensois Normand » tome 1, j’avais réalisé une série d’articles montrant à l’aide de photos comparatives certains endroits de Lens à des périodes différentes. C’est gràce à qui nous parlerons bientôt des TCL : les Transports en Commun Lensois) que je dois bon nombre de ces photos anciennes tirées d’un bulletin municipal de 1970.
Et c’est parti pour 27 photos de Lens. La place du Cantin (ou Roger Salengro) :
Côté rue Lanoy :
Côté Avenue Raoul Briquet :
L’ Avenue du 4 Septembre près de l’école Carnot :
La Rue Pierre Brossolette (cité 12) :
Le canal devenu l’autoroute :
La place de la Gare ou du Général De Gaule à trois époques :
L’entrée de l’hôpital, Route de la bassée :
L’Avenue Alfred Maës :
A un autre endroit :
La Rue Notre dame de Lorette (cité 4) :
Le carrefour Notre Dame :
Et pour finir, la rue Romuald-Pruvost :
Pour beaucoup dans les corons artésiens, la télévision était synonyme de Bouvigny-Boyeffle. Érigé en 1958, ce grand émetteur de plus de 300 mètres remplaçait pour la région celui installé sur le beffroi de Lille.
Le premier émetteur restera jusqu’en 1989
Télé Lille, c’était un peu l’ancêtre de FR3 Nord-Picardie. Installé Boulevard de la Liberté à Lille, la Direction Régionale de la Radiodiffusion Télévision Française (RTF) diffusait chaque jour sauf le dimanche des émissions de variété à 12h30 et le journal régional à 13h30
Direct sur le plateau de Télé Lille (photo RTF parue dans Notre Mine)
Mais l’émission la plus regardée était sans aucun doute le « Magasine du Mineur ».
En octobre 1959, un dénommé Léopold SIMONS présenta la maquette d’une nouvelle émission : « Le magazine du Mineur ». C’était la première fois qu’une émission est émise spécialement pour une catégorie professionnelle. Diffusée un dimanche par mois à 13h30, ce magazine a réussi à obtenir de la RTF l’autorisation d’un décrochage du programme national présenté pourtant par un certain Jean Nohain !
Le magazine étaitcomposé d’un mélange d’informations et de variétés présentées par Christine Rabiéga et Michel Chastant.
Michel Chastant (à gauche)
La speakerine de Télé Lille Christiane Rabiéga
Il abordait des sujets comme la colombophilie, les peintres ou poêtes mineurs, le sport bien sur (avec le RCL et l’Etoile d’Oignies), les fêtes de Sainte Barbe, les variétés avec des chanteurs ou groupes locaux, les vacances des mineurs à Berck ou La Napoule et les reportages sur les houillères : formation des jeunes, histoire avec la « mine à papa », reportages au fond, etc
Un groupe folklorique Polonais dans le magazine
Une équipe de tournage descend « au fond »
La grande figure du Magazine des Mineurs était Léopold Simons, connu par tous sous le seul nom de « SIMONS ». D’abord simple présentateur, il en devint rapidement la vedette avec ses nombreux sketches patoisants qui s’adaptaient au thème de l’émission du jour.
SIMONS dans l’un de ses nombreux sketches
Cependant, l’émission était sous sous le contrôle étroit des Houillères (la RTF est la télévision d’Etat) jusqu’au choix des artistes invités. Il n’est pas question d’aborder les accidents, la silicose et les mouvements sociaux. Le “Magazine” ne parle pas de l’une des plus longues grève des mineurs en mars 1963 et il ne sera pas diffusé en avril. En juin 1963 devait être diffusé un numéro consacré à “Germinal” et au tournage du film d’Yves Allegret. Mais le sujet est sans doute trop brûlant pour la RTF suite aux grèves récentes : le sujet est abandonné et remplacé par un autre sur les progrès et à la modernisation afin de prouver que le temps de “Germinal” est révolu.
Il n’y aura pas de diffusion non plus en juin 1968.
La mire remplaça les programmes de mai 68
A partir de septembre 1967, Simons n’intervient plus dans l’émission. En 71, l’émission passe au samedi à 13h30. C’est le début de la fin : l’audience chute et à la fin de sa 110ème émission, le 29 mai 1972, le Magazine du Mineur s’arrête définitivement.
Réclames parues dans Notre Mine dans les années 60
La persévérance finit toujours par payer. Il y a longtemps rechercher l’endroit exact du silo des Mines de Lens
Avec l’aide du service des archives de la ville, il a trouvé un plan situant ce silo et le centre d’approvisionnement tout proche. Par rapport à aujourd’hui, on les situent rue Frédéric Sauvage où sont les Ambulances Lensoises.
Voici le plan retrouvé :
Voici une vue de Google Earth où sont notés les emplacements :
Il est quand même surprenant que ce plan datant de 1985 montre l’emplacement du centre d’approvisionnement et des silos alors qu’il ne reste que très peu de souvenirs d’eux. Quand ont ils été fermés ? Quand les bâtiments ont ils été rasés ? Cela mérite encore des recherches.
Un autre document concernant les Mines de Lens, mais beaucoup plus ancien celui-là. Un livret intitulé «Le jardin du Mineur» écrit au début du siècle dernier par Arthur Choquet, responsable de ce qu’on appellerai aujourd’hui «les espaces verts» à la Compagnie des Mines de Lens.
Dans la préface, Ernest Cuvelette, ingénieur aux Mines (et futur Directeur) y vante le plaisir pour le mineur de cultiver son propre jardin : c’est à la fois un loisir et un moyen de nourrir sa famille.
Les Mines de Lens (comme d’ailleurs) préconisaient le jardinage surtout pour donner aux mineurs un moyen d’évasion et d’occupation afin d’éviter de se rendre dans les estaminets y boire leur quinzaine ou y rencontrer des syndicalistes toujours prêts à les inciter à revendiquer.
Dans ce livret, on trouve aussi quelques recettes de cuisine pour madame dont une assez cocasse où l’on recommande, pour faire un gâteau de courgettes, d’ajouter du beurre et un oeuf «si les moyens le permettent».
En 1605, Lens était totalement différente de ce qu’elle devint par la suite : pas ou peu de culture (la ville est entourée de marais et De Crombecque ne viendra les assécher qu’après 1800) et bien sur, pas encore de charbon (découvert dans les bois de Lens vers 1850).
D’après les recherches que j’ai réalisé, voici, sur ce plan de Lens, l’implantation approximative des remparts de la ville au début du 17ème siècle. Ces fortifications sont très anciennes, elles auraient été érigées en 1028 par le Comte Baudouin à la Belle-Barbe (ça ne s’invente pas un nom comme celui-là). Faites de grès et de briques, les énormes murailles étaient flanquées de tours rondes munies de meurtrières. Les fossés qui l’entourent sont garnis de pieux. Vers 1700, la ville fut démantelée et ne resta qu’entourée de fossés.
Sur ce document, on y voit que la ville ne représente que très peu par rapport à son territoire d’aujourdhui. Elle est limitée aux emplacements actuels de la Place de la République, la Rue Gambettea, l’avenur du Maréchal Leclerc, l’avenue du 4 septembre, le Rond point de l’avenue Van Pelt et le pont de Douai.
Vue d’un peu plus près :
Ceci nous permet de comparer avec la peinture des albums de De Croÿ de 1605 :
1 Le Chateau : (à l’emplacement de la Place de la République) Le premier chateau fut élevé par les Romains et devint ensuite sous les Francs et les Carlovagiens une résidence royale où l’on « frappa monnaie ». Il fut ensuite habité par les Comtes de Flandres, d’Artois et les Ducs de Bourgogne. Le chateau présentait quatre côtés flanqués de six tours et avait deux portes : l’une donnant sur la ville, l’autre sur la campagne en direction d’Avion. Au milieu des années 1600, ravagés par les nombreuses guerres, le chateau n’était déjà plus que ruines.
Un autre chateau exista à Lens au 13ème siècle, celui de la Chatellenie près de la Collégiale Notre Dame.
2 La « Maison de Ville » se trouve a peu près à l’emplacement de l’actuel Hôtel de Ville. Il faudrait remonter aux temps anciens pour trouver l’origine de la municipalité de Lens. On trouve trace d’échevins dès 1255 qui étaient à la fois juges et administrateurs. Les échevins, parmis lesquels était désigné le Maire, étaient nommés par le Comte et l’envoyé du Roi. A l’aube du 16ème siècle, les échevins nommaient eux même leur successeur.
En 1756, l’échevinage exercait encore la haute, moyenne et basse justice. Le lieu de justice se trouvait à l’extérieur du bourg en direction de Pont à Vendin. On apperçoit sur la peinture la « justice à trois piliers » (au dessus du chiffre 10) à l’orée du Bois de Lens.
Près de la Maison de Ville avec la même architecture, sur la gauche de la peinture, on apperçoit la Halle dont la construction remonte au 13ème siècle. Certains jours de la semaine, on y exposait en vente toute sorte de marchandises. Sous Louis XI, les marchands n’avaient pas le droit de négicier à moins de deux lieues du bourg s’ils n’avaient pas exposé leurs marchandises pendant trois jours sous halle ! Bien plus tard, une halle aux grains sera construite à l’emplacement du chateau.
Sur la droite de la Maison de Ville, on distingue un édifice nom répertorié en légende. Il est rouge donc construit en briques et muni d’une tourelle avec un toit en pointe. Il semble que ce soit le Baillage de Lens. Le baillage de Lens, dont l’origine est fort ancienne, était l’un des plus importants de l’Artois. Le baillage, qui jugait et prononçait sentence au nom du Grand Bailly de Lens, était nommé par le Roi. La prison se trouvait dans les dépendences du chateau. Une anecdote : en 1378, le baillage de Lens condamna à mort un criminel, François Bochet. Celui ci fut pendu la nuit même au bois de Lens. Mais le criminel était clerc et le’évèque d’Arras décida, en représailles, d’excommunier le bailli de Lens, le lieutenant et les officiers du baillage. D’autres histoires comme celle-ci sont relatées dans Le Dictionnaire historique et archéologique du Pas de Calais de 1879, tome 3. Le premier bailly de Lens en 1277 se nommait Huon de Saint Omer et le dernier, en 1780, Lefevre de Lassure (ou de Lessus).
3 La Porte du Bourg (à l’emplacement de la jonstion de l’avenue du Maréchal Leclerc et du Boulevard Basly). Elle fut ensuite appelée Porte d’Arras.
4 Les fossés qui entourent la ville sont alimentés par la Souchez gràce au »tenur d’iau » (que l’on peut traduire par « retenue d’eau », c’est une sorte de barrage). Outre la Souchez, deux autres cours d’eau sont proches de la ville : la Glissoire (au premier plan) et la Couture.
5, 6 et 7 : Là, le peintre représente les édifices qui se trouvent en dehors du bourg : en 5, le Couvent des Cordeliers appelé par ailleurs Couvent des Recollets. construit par Saint Pacifique en 1227. Ce monastère fut transféré en 1614 à l’intérieur des remparts. En 6 l’hôpital de la Cauchie, situé dans le quartier Saint Laurent, pas très loin de l’actuel Centre Hospitalier. L’hôpital de la Cauchie qui existait déjà au 13ème siècle. Il fut démantelé sur lettre patente de Louis XIV en 1698 et ses biens transmis à l’hôpital du Bourg. Enfin en 7, l’église du Bourg (ou de Saint Laurent) se situait sur « le Chemin de La Bassée ». Entourée de son cimetière, on en trouve déjà trace en 1070. Elle disparut sous la Révolution.
8 La Porte de Magdelaine défendue par un bastion de briques et un pont levis. Elle devint Porte de Pesquebeuf du nom du moulin que l’on apperçoit sur la Souchez.
9 La Collégiale Notre Dame devant laquelle se trouve la Grande Motte. Cette église bâtie sur une ancienne chapelle par Eustache, Comte de Boulogne et de Lens dès 1028 fut terminée en 1070 sous son fils Eustacle aux Grenons qui, avec son épouse Ide, créa le Chapitre. C’était une construction imposante que l’on appelait aussi basilique. De nombreuses fois abimée ou partiellement détruite par les conflits (1478, 1501,1546, 1647 …), la Collégiale ne résista pas à la révolution de 1789. Elle était tenue et habitée par des chanoines (d’où son nom sur l’image de Chanesie ou Channesie). Le Chapitre se composait de 12 chanoines et de 18 chapelains. La principale association religieuse de la Collégiale était la confrérie ou charité de Notre dame des Varlets établie en 1226.
10 Un peu à gauche, avec un clocheton de charpente, l’hôpital du Bourg et le Couvent des Soeurs Grises dont il a été question dans les articles « Hospice et hôpital de Lens ».
11 L’église paroissiale ou église Saint Leger. Déjà au même emplacement qu’aujourd’hui, elle est mentionnée dès 1070. elle a été construite par les Comtes de Lens et de Boulogne en pierres de tailles avec une grande tour divisée en quatre étages et trois nefs. Trop exposée lors des guerres et des sièges qui marquèrent la ville de Lens, elle fut détruite en 1648. L’église fut reconstruite à partir de 1776 au même emplacement avant d’être de nouveau totalement rasée en 1917.
12 Le Jardin des Archers est un espace verdoyant devant le chateau. Il donna son nom à l’actuelle rue des Jardins située entre la Place de la République et l’autoroute, sur les rives de l’ancien canal. C’est Charles Quint qui créa à Lens deux « compagnies bourgeoises », l’une de canonniers, l’autre d’archers. ces derniers s’exercaient à tirer sur une perche que l’on voit à l’extrème gauche de la peinture. Aujourd’hui, la rue de la Perche existe toujours.
C’est Maurice Dhédin qui m’avait fait connaître les albums de De Croÿ. Lors de mon excursion à Lens, il m’a fait cadeau d’une copie du tome XVII : le Comté d’Artois. L’oeuvre totale représente 23 volumes et 2500 vues.
Un peu d’histoire : Lens n’a pas été qu’une ville rurale comme sous De Crombecque vers 1800 ou minière comme à partir de 1850. Lens existait avant et de nombreux blogs ou sites racontent son histoire.
Les albums de De Croÿ nous font un peu mieux connaître ce qu’était Lens au 17ème siècle. Le Duc Charles de Croÿ appartient à l’une des grandes familles sous les Ducs de Bourgogne et les rois d’Espagne. Il est né le 1er juillet 1560 dans le chateau de Beaumont (Hainaut) et à la mort de son père en 1595, il hérite de tous les domaines de la maison De Croÿ. En décembre 1605, après avoir participé à de nombreuses expéditions militaires, et assumé plusieurs fonctions importantes, il quitte les affaires publiques afin de se consacrer essentiellement à la gestion de ses domaines et de ses collections. Il meurt à l’âge de 52 ans, en 1612.
De Croÿ est un collectionneur passionné. Dès 1590, il fait réaliser des « cartulaires » de ses terres. Ce sont des sortes d’atlas avec de nombreux plans coloriés. Au début du 17ème siécle, il entreprend de faire peindre à la gouache sur du parchemin les provinces dans lesquelles il exerçait des fonctions. On trouve donc dans ses albums le Hainaut, le Tournaisis, les chatelleries de Lille, Douai, Orchies, etc… C’est à partir de 1605 qu’il fait réaliser les tableaux sur l’Artois et donc sur Lens. La direction de l’oeuvre a été confiée au peintre valenciennois Adrien de Montigny.
Voici les peintures des albums de De Croÿ qui concernent la ville de Lens.
Les armoiries des villes d’Artois; Celle de Lens représente une tour inspirée du chateau. Elle est de couleur rouge sur fond blanc et encadrée de deux fleurs de lys.
Les collégiales appelées en vieux français Chanesies puisque tenues par des chanoines. Celle de Lens représente Notre Dame qui a donné son nom à la collégiale de la ville.
La collégiale Notre Dame.
La vue est prise de l’ouest-sud ouest. La collégiale est en pierre couverte d’ardoises et de tuiles. Elle a disparu lors de la Révolution et se situerait aujourd’hui au niveau du Monument aux Morts de l’Avenue Van Pelt.
Peinture de la ville de Lens fortifiée en 1605 :