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dimanche 18 août 2024

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Les Maires de Lens du 20e siècle : Guy DELCOURT

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           C'est avec Guy Delcourt à sa tête que la ville de Lens quitte le vingtième siècle. Il est le huitième ‘Premier Magistrat’ de ce centenaire et est resté 5344 jours à la tête de la cité. Lens 2000 n'a, bien sur, plus rien à voir Lens 1900 : la ville a été totalement reconstruite après la première guerre mondiale et ce qui faisait sa richesse essentielle, l'exploitation du charbon, a totalement disparu de l'activité industrielle.

          Guy Delcourt est élu Maire le 14 octobre 1998 lors d'une réunion extraordinaire du Conseil Municipal au cours de laquelle en préambule André Delelis a annoncé sa démission.

         Le Député-maire de Lens se présente lui-même sur son blog : ''Né le 13 juillet 1947 à Palaiseau dans l’Essonne, je suis marié et père de deux enfants. Après une carrière dans le secteur privé, une implication dans le secteur associatif et l’entrée dans la Fonction Publique Territoriale, j’ai exercé divers mandats politiques''.

          C’est à Palaiseau qui était à l’époque sous-préfecture de Seine-et-Oise que Guy Delcourt voit le jour. Son père, fils de mineur, ne voulant pas ‘descendre au fond’ comme le voulait la tradition familiale quitte le Nord après la seconde guerre mondiale pour la région parisienne où il se fait embaucher dans les pompiers de Paris. C’est là qu’il rencontre une jeune standardiste qui deviendra quelque temps plus tard la maman du petit Guy.

         Un an plus tard, le couple revient dans le Pas de Calais et s’installe à Noeux-les-Mines. C’est donc dans l’ambiance des corons et parmi les mineurs que Guy Delcourt est élevé. Il assiste souvent aux longs échanges passionnés entre ses quatre oncles et son père sur le travail à la mine, les patrons, les syndicats et la politique. Certains sont communistes, les autres socialistes et les discussions enflammées animent les après-midis dominicaux.

          Guy Delcourt, qui avoue être ‘un athée pur et dur’, a cependant été enfant de chœur ‘parce que, dit-il, dans les mines, c’était comme ça !’’. Dès l’âge de 16 ans, il devient membre de la SFIO.  C’est Arthur Notebart, un grand homme politique socialiste de la région lilloise, Député-maire de Lomme, qui lui met le pied à l’étrier.

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          En 1969, Guy Delcourt, muni d’un certificat d’études administratives, entre dans la vie active. Il trouve un emploi correspondant à ses idées puisqu’il travaille d’abord comme contrôleur, puis comme chef de magasin à la Société des Coopérateurs de Flandres et d’Artois.  Dès 1972, il est élu délégué syndical dans cette coopérative dont il devient en 1974 responsable du service ‘Vie associative et association de consommateurs’.

          La Société des Coopérateurs de Flandres et d’Artois était bien connue dans la région Nord-Pas de Calais pour ses magasins COOP puis, plus tard, ses supermarchés Rond-Point.

          En 1980, Guy Delcourt traverse la France pour se retrouver Directeur d’un village de vacances en Savoie. Membre de la Fédération Régionale du Tourisme de Savoie, il est président dès 1983 de la Société Coopérative de gestion des Karellis, une station de sports d’hiver se trouvant dans le village de Montricher-Albanne (Haute Savoie) ne comprenant que des villages de vacances ouverts aux familles modestes.

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       On retrouve Guy Delcourt à Paris en mars 1986 quand il est nommé Conseiller Technique à la Délégation à l’Economie Sociale auprès du gouvernement. Cet organisme, créé en 1981 par François Mitterrand, a pour mission d’aider au développement des mutuelles et des coopératives.

          Quatre ans plus tard, le jour de la Sainte Barbe, Guy Delcourt arrive à Lens. Il est chargé de mission au District Lens-Liévin créé en 1968 à l’initiative d’André Delelis.

          C’est à cette époque que, lors d’une mission au Liban en guerre pour France-Liberté, association dont il est membre, il y adopte la jeune Carine qui devient la petite sœur de son fils Fabrice.

          Au sein du District, il assume les charges de secrétaire général adjoint, puis de directeur des activités physiques et sportives. En 1992, il est intégré conseiller territorial et détaché au District. Dans le même temps, à la demande d’André Delelis, il anime avec son ami Jean-Pierre Hamon la section lensoise du Parti Socialiste qui regroupe 1200 membres.

          C’est donc sans surprise que le 11 juin 1995, il se présente sur la liste socialiste menée par André Delelis lors des élections municipales de Lens. Elue dès le premier tour avec près de 57% des suffrages exprimés, cette liste compte 31 conseillers municipaux. C’est pour Guy Delcourt, à 48 ans, le tout premier mandat électif. Aussitôt l’équipe mise en place, il se voit confier les fonctions d’adjoint au maire, chargé de la Culture, de la Jeunesse et de la Prévention de la Délinquance.

         Mission peu évidente au départ, au niveau national et malgré les nombreux efforts, Lens n’est toujours pas reconnue pour être une ville de culture. Pour beaucoup, le football est le seul loisir d’une majorité de la population. Son prédécesseur à la Culture, Christian Daubresse, confie que les soirs de match de football à Lens, les spectacles culturels présentés au Colisée perdaient plus de la moitié de leurs spectateurs.

           Aussi, c’est un peu à contre courant qu’à l’initiative de Guy Delcourt, la ville organise dès 1997 son premier salon du national livre consacré à la littérature pour la jeunesse. Ce salon prendra de plus en plus d’importance au fil des ans, changera plusieurs fois de thème pour devenir incontournable aujourd’hui sous le nom de ‘Salon du Livre Policier’. En 2007, la municipalité décide de doter cette manifestation d’un prix littéraire.

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            L’année suivante, le football est à l’honneur à Lens. L’équipe des ‘Sang et Or’ est championne de France pour la première fois de son existence et la ville organise quelques matches de la Coupe du Monde. Si le succès populaire de cette manifestation est énorme, les suites seront moins réjouissantes.

          Pour accueillir quelques rencontres, le stade Bollaert a été rénové. L'attribution du marché de construction des panneaux d'affichage du stade attire l’attention de la justice. Poursuivi avec trois autres prévenus pour délit de favoritisme (il sera condamné en 2004 à 30000 euros d'amende), André Delelis en est très affecté. Il décide alors de se retirer de la vie publique.

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          Le 14 octobre, l’ancien ministre convoque les élus municipaux à une réunion extraordinaire au cours de laquelle il annonce sa démission. Sur sa proposition, Guy Delcourt est élu Maire de Lens. Celui qui travaille alors au Centre National de la Fonction Publique Territoriale sera détaché sans traitement sur le mandat de Maire de Lens.

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          Au sein du Parti Socialiste, Guy Delcourt est élu membre du Conseil National le 26 novembre 2000.

          En 2001, deux échéances importantes figurant dans l’agenda du Maire de Lens auront lieu le même jour, le dimanche 18 mars. Les lensois sont  appelés aux urnes pour le premier tour (et le seul à Lens) des élections municipales. Sur les 14 364 votants, la liste présentée par le maire sortant en obtient 9786 soit plus de 70%.        

          On renouvelle aussi certains Conseillers Généraux comme celui de Lens Nord-Ouest où se présentent cinq candidats dont Guy Delcourt. Ce dernier est facilement élu avec près de 62% des suffrages exprimés. Au Conseil Général, il sera le rapporteur général du budget.

         En 2002, Guy Delcourt est le suppléant de Jean Claude Bois (à qui il remettra lui-même la Légion d’Honneur en 2009)  lors des élections législatives qui prennent une ampleur nationale lorsque Marine Le Pen se qualifie pour le deuxième tour. Le 16 juin, l’ancien professeur lensois est largement élu avec plus de 72% des voix.

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         Guy Delcourt devient cette année là vice-président de la Communauté d’Agglomérations de Lens-Liévin qui a succédé au District l’année précédente et dont le Président est Michel Vancaille, le Maire de Bully-les-Mines.

          La CALL permet à la ville de Lens de se développer dans les domaines de sa compétence : le renouvellement de quartiers, le développement des actions de formation, ouverture de la Maison de Justice et du Droit à la Grande Résidence, modification des dessertes de bus avec la création de TADAO sur Lens-Liévin et Hénin-Carvin, aménagement du Parc des Cytises en haute qualité environnementale, etc. …

          C’est à cette époque que le Ministre de la Culture Jean-Jacques Aillagon envisage de décentraliser certains musées parisiens. Metz accueillera une annexe du Centre Pompidou. Le Louvre ouvrira un second musée. La Région Nord-Pas de Calais est désignée. Mais entre Amiens, Arras, Béthune, Boulogne-sur-Mer, Calais, Lens et Valenciennes, la compétition est difficile. Le 29 novembre 2004, Jean Pierre Raffarin en visite à Lens annonce que la ville accueillerait l'antenne du Louvre.

          Le site est tout trouvé : l’ancien carreau de la fosse 9 à la limite de Liévin où de larges terrains vagues en friche ont remplacé l’activité minière disparue depuis les années 70.

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          Guy Delcourt, qui vient d’être élu Vice-Président du Conseil Général du Pas de Calais, annonce que la ville et l’agglomération vont devoir accompagner l’arrivée du Louvre. La mutation de Lens, la ville au 20% de chômeur, encore réputée pour être un désert industriel, va s’accélérer.

          A titre personnel, Guy Delcourt renonce à son poste de vice-président du Département pour suivre au plus près le dossier de l’implantation du Louvre et assurer la charge de responsable national du Parti Socialiste auprès de Daniel Vaillant.

          En 2006, la ville participe aux fêtes du centenaire du RC Lens. Depuis 2002, les rapports entre la ville et le club ont été clarifiées. La gestion du Stade Bollaert a été confiée au RC Lens par la signature d'un bail emphytéotique pour une durée de 50 ans. Contrairement à son prédécesseur, Guy Delcourt ne veut pas s’immiscer dans les affaires du club. ''Je suis fier de l’étendard Sang et Or, dit il, mais un élu qui représente des milliers de gens ne doit pas avoir de passion personnelle. J'estime depuis toujours que le RC Lens est une entreprise à part entière et que ce n'est pas le rôle d'un maire de s'immiscer dans ses affaires. Je ne m'éclate pas au foot.  Je ne vais quand même pas dire le contraire pour des raisons électoralistes !’’. Lorsqu'en 2012 celui-ci fait face à de graves problèmes financiers frôlant la faillite, il appuie cependant la reprise du club par le Crédit Agricole et le plan de sauvetage mis en place par les dirigeants de la banque.

          L’homme apprécie pourtant le sport, l’hippisme en particulier (’’Ce n’est pas pour cela que je vais construire un hippodrome à Lens’’ dira t-il). Mais c’est le rugby à quinze que la ville de Lens met en avant en septembre 2007 en participant à l'organisation de la sixième Coupe du Monde. Après avoir déjà accueilli le match amical entre l’Irlande et l’Argentine en 1999, ce sont cette fois trois rencontres (Angleterre – Etats-Unis le 8 septembre ; Afrique du sud – Tonga le 22 et  Géorgie – Namibie le 26) qui se déroulent au stade Félix Bollaert.

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       Sous l’impulsion de Guy Delcourt, Lens se transforme, se métamorphose, se modernise. ’’Nous n’avions pas le choix, dira t-il. Soit nous accompagnions la ville dans son déclin sans bouger et Lens deviendrait une cité fantôme comme certaines communes de l’est de la France, soit nous agissions pour qu’elle ne meurt pas. Même avant le Louvre, nous avions décidé de prendre le taureau par les cornes. C’était indispensable’’.

          Les lensois, qu’ils habitent au centre ville ou dans les cités, voient leur ville se transformer.  La richesse du patrimoine lensois reposant notamment sur les cités minières, nombre d’entre elles bénéficient de rénovations. Les remises en état des habitations sont réalisés par 'Maisons et Cités' (anciennement SOGINORPA). La ville a en charge l'entretien des 55 kilomètres de voiries dans la cadre des crédits du GIRZOM créé au début des années 70 à la demande de l'Association des Communes Minières présidée par André Delelis. Entre 2001 et 2012, plus de huit millions d’euros sont consacrés à ces rénovations dans plus d’une trentaine de rues.

 

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        De nouveaux logements sont créés dans les Résidences Georges Sand et Simone de Beauvoir de la cité 14. Sept cents habitations sont attribuées par an. La ville recense 62% de logements sociaux en 2002.

       D'autres transformations sont réalisées sur le Boulevard Basly, la rue Casimir Beugnet et dans les cités autour de la ville : début de la transformation de la Grande Résidence, de la résidence Sellier et de la cité Mongré. Dans le même temps, ce sont plus de cinquante espaces verts qui sont aménagés.

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          En ville, le quartier des gares subit d'importantes modifications : la gare routière a changé de place, la place du Général De Gaulle est entièrement piétonnière.

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         Dans le cadre de ces aménagements, Guy Delcourt s'est opposé aux architectes des Bâtiments de France au sujet des travaux à réaliser sur le site de l'ancien cinéma 'Apollo'. Finalement un accord est trouvé : la façade sera conservée et rénovée et le site transformé en un grand pôle hôtelier et commercial.

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          Lens se veut aussi être reconnue ville culturelle en attendant le 'Louvre-Lens'. Chaque année, de nombreux peintres, chanteurs, comédiens, musiciens ou acrobates se croisent dans les rues du centre ville, mettant ainsi l'art à la disposition de tous. Les artères de Lens reçoivent également de nombreux visiteurs lors des carnavals, des marchés du terroir, de Noël ou de la braderie.

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          Le 17 mars 2007, Lionel Jospin tient à Lens une réunion publique devant 350 personnes pour soutenir le candidat Delcourt, désigné par le PS pour succéder à Jean Claude Bois lors des prochaines élections législatives.

          Le 17 juin 2007, Guy Delcourt est élu Député de la treizième circonscription où se présentent 13 candidats. Il est arrivé en tête lors du premier tour avec 34,93 % des suffrages exprimés devant Béatrice Permuy (UMP) 22,34 % ; Bruno Troni (PC) 13,18 % et Freddy Baudrin (FN) 11,63 %. Il emporte le siège au second tour face à la candidate de l'UMP avec 64,22 % (23 514 voix contre 13 137).

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          En 2008, lors des élections municipales, la liste du PS n'obtient pas la majorité absolue dès le premier tour, ce qui n'était jamais arrivé à Lens, place forte du socialisme depuis 1900 et l'élection d'Emile Basly (à part l’intermède communiste de 1947 avec Auguste Lecœur). Avec 47,22 % des voix exprimées (moins de 50 % des inscrits ont pris part au vote), elle arrive cependant largement en tête. Cinq listes sont toujours présentes au deuxième tour. Avec 48,37 % et 5780 voix, la liste de Guy Delcourt emporte 30 sièges au Conseil Municipal (4 à l'UMP de Béatrice Permuy (18,88%), 2 aux Divers Gauche de Annie Saint Arnould (11,97%), 2 aux verts de Naceira Vincent (11,66%) et 1 au PC de Jean Michel Humez (9,12%).

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         Cette élection envenime les relations entre Guy Delcourt et André Delelis. Ce dernier intervient vigoureusement lors d'une réunion de la section locale du PS en clamant que ne pas être élu au premier tour, équivaut pour un socialiste lensois à une défaite. A. Delelis n'apprécie pas la manière avec laquelle Guy Delcourt conduit la ville et dira à qui veut bien l'entendre que dans sa carrière, il a fait peu d'erreurs mais que celle du choix de son successeur est la plus importante. Guy Delcourt se prononcera plus tard sur l'attitude de son prédécesseur : 'Un homme politique de cette grandeur ne doit pas donner de leçons. Son rôle est d'échanger et de donner des conseils aux jeunes générations. C'est quelque chose sur quoi je ne veux pas m'exprimer mais je ne peux pas oublier car cela m'a fait très mal à titre personnel et pour ma famille' (La Voix du Nord du 5 septembre 2012).

          Fin 2009, le Centre Albert Camus, ouvert le 28 février 1971 à l'initiative de Jean Claude Bois ferme ses portes. Ses locaux abritent désormais la Maison du Projet du Louvre-Lens. S'y trouvent une équipe chargée du pilotage du projet, la région Nord-Pas de Calais et Euralens. Les lensois peuvent y trouver tous les renseignements sur le futur Louvre et l'avancement des travaux.

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          Conjointement, les travaux se poursuivent en ville. La rue Jean Letienne est totalement transformée, ses immeubles rasés malgré l’opposition de quelques irréductibles propriétaires. Entre la gare routière et le carrefour Bollaert, un espace entièrement réservé aux piétons est aménagé. Les lensois voient disparaître des sites qui appartenaient à l’histoire de la ville comme le garage Lallain au carrefour Bollaert ou le stade vélodrome Maurice Garin laissant ainsi de l'espace à des investisseurs immobiliers dans le cadre des aménagements des abords du Louvre-Lens.

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          L’antique Pont Césarine construit après la première guerre mondiale subit un lifting : élargissement des trottoirs, barrières de protection des piétons, surveillance vidéo. Dans le secteur de l’ancienne fosse 9, les transformations sont spectaculaires. Des passerelles piétonnes franchissent les rues Paul Bert et Bernanos. L’ancien cavalier du chemin de fer des mines est transformé en sentier pour piétons. Ainsi, à terme, un itinéraire entièrement piétonnier permettra de rejoindre le site du Louvre-Lens depuis les quartiers des gares en une vingtaine de minutes.

            Du côté de l’avenue Alfred Maës, c’est le stade vélodrome Maurice Garin, inauguré en 1933, qui disparaît sous les assauts des pelleteuses. Cette destruction et celle de l’ancienne usine Zins libèrent une surface de trois hectares et laissera place à une esplanade agrémentée de programmes immobiliers hauts de gamme comprenant un hôtel ‘quatre étoiles’ de quatre-vingt sept chambres.

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           Il n’y en n’a pas que pour le Louvre. En 2011 est lancé le grand projet de rénovations urbaines. Lens devient ‘la ville aux dix-neuf grands chantiers’. Sont concernés outre le secteur du Louvre : celui de la Grande Résidence, le quartier des gares, la cité Mongré, la résidence Sellier, le secteur de la place de la République, le quartier Van Pelt, celui des Tréfileries (plus connu des lensois sous le nom des Laminoirs), les établissements scolaires et universitaires et le stade Bollaert. 

          Des écoles rénovées ou reconstruites ouvrent leurs portes lors des rentrées scolaires de septembre 2009 (Ecole Alfred Maës) et 2011 (Jules Vernes et Lapierre).

          Le site de l’usine Nexans, rue de Londres dans le quartier des Tréfileries, va donc être restructuré avec la construction de 381 logements et d’une surface commerciale.

          Le plus grand chantier de rénovation se trouve sans aucun doute à la Grande Résidence. De nombreuses tours datant des années soixante sont abattues et remplacées par des logements modernes dont certains en accession à la propriété. Des espaces publics, des commerces, des écoles sont créés.

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          L'aspect sportif n'est pas oublié avec la rénovation du Stade Léo Lagrange qui devient un fleuron pour l’athlétisme international (installation d'une piste d'athlétisme de huit couloirs et rénovation de la tribune) et d'importants travaux à la halle Coubertin et au gymnase Jean Jaurès. La piscine olympique sera également rénovée (par un partenariat public-privé) et équipée d'un grand bassin de balnéothérapie.

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          Ces rénovations ne se font pas sans heurts. Certains regrettent l'état d'abandon de certaines maisons de mineurs qui finiront par être rasées et non réhabilitées pour laisser place à des constructions neuves. Le Maire de Lens se trouve de nouveau opposé aussi aux Bâtiments de France au sujet de la maison du directeur de l'école Jean Macé de la cité 12. Jugeant que cette habitation est dangereuse pour la population Guy Delcourt n'hésite pas à se mettre hors la loi et commande une pelleteuse pour la démolir. Le secteur de la cité 12 comprenant l'église, les groupes scolaires et leurs alentours est classé aux Monuments Historiques et l'ordre de démolition stoppé par décision du préfet. Finalement, la maison sera remplacée par des logements pour étudiants. Dans le même secteur, un béguinage va voir le jour avec en contrepartie la réhabilitation de quatre maisons minières de la rue Brazza initialement vouées à la démolition. D'autres destructions laisseront la place à des logements pour personnes âgées.

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           Le 4 décembre 2009, jour de la Sainte Barbe, patronne des mineurs, est posée la première pierre de ce qui restera la plus grande des réalisations de la magistrature de Guy Delcourt. Cette symbolique cérémonie a lieu en présence de nombreuses personnalités politiques comme Daniel Percheron, Frédérique Mitterrand ou Martine Aubry, des architectes de l'agence japonaise SANAA mais aussi avec la participation de groupes d’anciens mineurs de la fosse 9, site sur lequel sera construit le musée du Louvre-Lens.

          Souvent provocateur pour faire avancer les choses, Guy Delcourt est critiqué pour ses positions dans plusieurs dossiers : sa façon de gérer l'hôpital Schaffner, sa proposition de privatiser la rocade minière, son idée de contrat ‘public-privé’ pour la gestion de la piscine municipale, sa décision de faire payer les places de parking en ville …

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            Il connaît aussi quelques problèmes avec certains membres de sa propre famille politique. En novembre 2008, il se présente à la présidence de la fédération Socialiste du Pas de Calais pour uniquement ’’casser le monopole Percheron’’. Sans réelle campagne, il est battu par l'arrageoise Catherine Genisson. Quelques mois plus tard, en juillet 2009, le maire de Lens décide de s'auto-exclure de la fédération du PS du Pas-de-Calais pour protester contre l'exclusion par la même Catherine Génisson de Pierre Ferrari (qui a été l’un des premiers à dénoncer le ‘système Dagongeville’ à Hénin-Beaumont)

          En avril 2010, en raison de divergences avec Michel Vancaille, le président PS de la CommunAupôle de Lens-Liévin (CALL), Guy Delcourt présente  sa démission de la présidence du groupe Socialiste, Vert et apparenté. Cette crise entraînera la démission de M. Vancaille et l'élection de Jean Pierre Kucheida.

          Puis c'est avec Arnaud Sanchez, son ancien attaché parlementaire, qui en novembre 2012 a battu Frédérique Masson soutenue par Guy Delcourt lors de l'élection du secrétaire de section de Lens du Parti Socialiste. De lui, le maire de Lens dira qu’il n’a ''plus rien à dire sur M. Sanchez. Il n’en vaut pas le coup''. (La Voix du Nord 25 Mai 2013).

           Cela ne l'empêche pas en juin 2012, lors de ces élections législatives qui suivent l'élection de François Hollande à la Présidence de la République, d'être élu Député de la troisième circonscription du Pas de Calais au deuxième tour avec 59,53 % des suffrages exprimés (25 286 voix) contre 40,47 % à son adversaire Freddy Baudrin. C'est la première fois à Lens qu'un candidat du Front National est qualifié pour le deuxième tour d'une élection.

          Deux semaines auparavant, Guy Delcourt était arrivé en tête du premier tour avec 33,80% devant Freddy Baudrin (24,68%), Bruno Troni (Front de gauche : 16,97%), Sophie Gauthy (UMP : 11,69%) et 7 autres candidats.

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          Avec lui, la ville de Lens continue d'évoluer au sein d'Euralens. Lens est maintenant le centre d'une métropole qui a pour but de définir et de mettre en œuvre un grand projet de mutation urbaine et paysagère du territoire dans le respect de l’histoire du Bassin Minier, ce Bassin Minier qui est depuis le 30 juin 2012 inscrit au Patrimoine Mondial de l’UNESCO. Euralens est composé des villes de Lens, Liévin, Loos-en-Gohelle et des autres communes de la Communaupole.

          Le mardi 4 décembre 2012, le grand projet qui restera marqué à vie dans la carrière municipale de Guy Delcourt est réalisé : François Hollande inaugure, le jour de la Sainte Barbe, le musée du Louvre-Lens implanté sur l'ancien carreau de la fosse 9 des mines de Lens.

          Lens, renommée pour être une ville de labeur, de misère, de chômage va devenir aux yeux du monde entier une ville culturelle et touristique. Le maire de Lens déclare : ''Nous avons sorti Lens de son vieillissement naturel, nous l'avons empêché de mourir grâce à une mobilisation générale autour du musée du Louvre''.

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          Guy Delcourt a atteint son but. Cependant, il crée la surprise lorsqu'il annonce à son bureau municipal le jeudi 24 janvier qu'il démissionnera de son poste de maire en juin 2013. Pourtant, en juillet 2009, il déclarait dans une interview : ''Il n'a jamais été question que je quitte la mairie avant la fin de mon mandat. J'avais simplement dit que je ne me représenterai pas pour laisser la place aux jeunes.''  

           De ces quinze années passée à la mairie de Lens, Guy Delcourt en dira : ''Une phrase revient chez les gens qui reviennent à Lens : la ville s’est métamorphosée, on ne la reconnaît plus''.  Il ajoute : ''L'objectif de faire prendre en considération ce territoire à l'échelle nationale est atteint et symbolisé par le Louvre-Lens. Certains détracteurs disaient que cela était trop beau pour Lens. Aujourd'hui je leur envoie une carte postale avec une pyramide et un terril. Et cela ne fait que commencer : c'est le renouveau d'une ville qui va être capitale d'une nouvelle métropole".

          Quelques jours plus tard, il démissionne également de ses fonctions de vice-président de la Communaupole. Il est toujours à ce jour Député de la troisième circonscription du Pas de Calais.

          Lors de la séance du Conseil Municipal du 16 juin 2013, c'est son premier adjoint Sylvain Robert qui, à quarante ans, est élu et devient le nouveau Maire de Lens.

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          Cette date marquera donc la fin de la saga des 'Maires de Lens du vingtième siècle' commencé 113 ans plus tôt par un certain Eugène Courtin.

Les Bollaert, père et fil

 


Edouard Bollaert

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     Edouard Jacques François Bollaert nait le 26 décembre 1813 à Bailleul, ses parents demeurent  au 44 de la rue de l’Hôpital Militaire à Lille. Il est le second d’une famille de cinq enfants de Aloyse Bollaert ‘propriétaire, rentier’ comme le stipule son acte d’état civil et de Marie Augustine Derycke. Edouard Bollaert fait ses études comme pensionnaire au Mont des Cats puis au lycée de Douai qui en fait un bachelier en 1832.

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   Il entre ensuite à l’Ecole Polytechnique d’où il sort dans les toutes premières places et termine sa formation à l’Ecole des Ponts et Chaussées. Quand il en sort en 1839, il est nommé ingénieur à Saint-Lô dans le département de la Manche avant de rejoindre Avesnes puis Lille.

   Là, il participe aux études du tracé des voies ferrées des Chemins de Fer du Nord. En 1849, il est fait chevalier de la Légion d’Honneur à l’âge de 35 ans.

   Le 19 septembre 1850, il épouse Célina Tilloy, fille d’Amé Tilloy un riche industriel également co-fondateur de la société de recherches de Lens, entreprise chargée des sondages houillers. Le 13 août 1855, elle lui donne un enfant qu’ils prénomment Félix. C’est le second de la famille après Léon né en 1851 et avant Valentine et Elisabeth nées en 1858 et 1860.

   En 1853, Edouard Bollaert devient ingénieur en chef des ponts et chaussées pour le département du Nord.

   En 1856, quatre ans après la constitution de la Société des Mines de Lens, son oncle Jules Castelyn, président du Conseil d’Administration l’engage comme agent général, c'est-à-dire directeur de la société. La compagnie ne compte alors qu’une seule fosse en activité et à peine 300 ouvriers pour une production annuelle de 62 000 tonnes.

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   Edouard Bollaert s’installe alors à Lens. Près de la fosse 1 dite Sainte Elisabeth, il fait construire un grand immeuble qui accueille les bureaux centraux de la société près des quels la compagnie achète une maison pour y loger son agent général.

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   En 1860, Bollaert est élu conseiller municipal de Lens et le restera jusqu’à sa mort. Le maire est alors Guislain Decrombecque, le riche cultivateur du bourg.

   En 1866, Bollaert fait engager Elie Reumaux pour être son adjoint. Sous leur direction, la société des mines de Lens devient une ville dans la ville. Des corons sont construits en périphérie du bourg. On y voit apparaître des écoles, des centres de formation ménagers, des églises, des cercles d’activités, des terrains de sports. Tout est fait pour que le mineur et sa famille n’aient pas besoin de quitter le coron et soient totalement à la disposition de la compagnie. En 1877, la Société des Mines de Lens possède 1 085 maisons habitées et 257 en construction pour 5 100 personnes logées.

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   Très croyant, Edouard Bollaert associe l’église catholique à la vie dans les corons. Chacun d’entre eux est doté d’une église, les écoles privées dans les quelles doivent être obligatoirement scolarisés les enfants des mineurs sont dirigées par les prêtres. Les sœurs y enseignent ainsi que dans les centres ménagers, elles sont aussi présentes dans les dispensaires où elles assistent des médecins eux-mêmes salariés de la compagnie.

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    Le 1er juin 1889, le Président Sadi Carnot accompagné du ministre de l’industrie Yves Guyot sont en voyage à Lens. Ils se rendent à la fosse 5, modèle de modernisme et de production pour l’époque. Le Président est accueilli par Edouard Bollaert et Elie Reumaux. Dans son discours, il souligne ‘’la qualité de l’entreprise et la 'paternelle sollicitude' de ses dirigeants envers les mineurs’’ ainsi que  ‘'l'union et la concorde dans les corons’'.

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   Cette visite doit servir surtout à calmer la grogne sociale qui règne dans les compagnies minières. Peine perdue puisque le 10 octobre 1889, les mineurs de la société de Lens se mettent en grève, grève qui s’étale rapidement à l'ensemble du bassin.

   Car si Edouard Bollaert fait beaucoup pour la prospérité de la société minière, il est aussi celui qui réprime les grèves et punit les meneurs avec une grande sévérité. De 1860 à la fin de sa carrière, de nombreux mouvements sociaux ont lieu pour dénoncer les conditions inhumaines dans les quelles travaillent et vivent les mineurs et leurs familles. Pour leur répondre et bien que le droit de grève soit reconnu depuis 1864, les dirigeants n’hésitent pas à faire appel à la troupe, à licencier sur le champ les grévistes et à chasser leur famille de leur logement. Ainsi, après la grève de 1893, ce ne sont pas moins de 600 familles qui sont expulsées des corons.

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   Bollaert ne se fait pas que des amis. Les interventions de la troupe entraînent la démission du pourtant conservateur maire de Lens Auguste Frémicourt-Douchet en 1892. Ce dernier, vigoureusement opposé à l’utilisation des militaires contre les mineurs en grève avait répondu à un officier venu lui apporter un ordre de réquisition de logements pour ses soldats : ‘La ville n’a pas de locaux à vous donner. Allez demander à Monsieur Bollaert ‘. Mis en minorité au conseil municipal, il doit démissionner et est remplacé par Alfred Wagon, un ami de Bollaert et de la famille Decrombecque.

  Devant les énormes bénéfices réalisés par les actionnaires (le titre, émis à 1000 francs en 1852 en vaut 44 700 en mars 1875), les mineurs veulent une petite part du gâteau. Leur salaire horaire pour sept jours de travail par semaine qui était  de 3,55 francs en moyenne en 1852, n’est que de 5,70 francs en 1875 et les amendes, décidées par le chef-porion, sont importantes.

  En septembre 1882, à l’initiative d’Arthur Lamendin, mineur compagnie de Liévin, est créée la première chambre syndicale des mineurs à Lens et la loi du 21 mars 1884, dite loi Waldeck-Rousseau, accorde aux syndicats un statut légal reconnu. Bollaert a maintenant des interlocuteurs avec lesquels il doit composer.

  Quelques rares avancées sociales ont vu le jour sous l’aire Edouard Bollaert. En 1860, la toute première caisse de secours est créée ; alimentée uniquement par des cotisations ouvrières (retenue de 3 % sur les salaires), elle vient en aide aux mineurs invalides blessés en service. Ce n’est que le 29 novembre 1891 qu’elle est en partie à la charge de la caisse patronale.

  Le 29 juin 1894 voit la naissance de la caisse autonome de retraite des ouvriers mineurs de la société des mines de Lens.

  En 1896, alors qu’il est toujours en activité, le conseil d’administration de la société de mines de Lens donne le nom d’Edouard Bollaert à la fosse 12 et la paroisse du quartier est appelée Saint-Edouard.

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  Edouard Bollaert décède d’une congestion pulmonaire le 7 janvier 1898 à l’âge de 85 ans alors qu’il est toujours en activité. A cette date, la société regroupe plus de 10000 salariés et produit environ deux millions sept-cent mille tonne par an.

  Ses funérailles ont lieu le lundi suivant en l’église Saint Léger en présence de nombreuses personnalités et d’une foule importante composée surtout de mineurs en tenue. Après la cérémonie, un train spécial quitte la gare de Lens, emportant la dépouille d’Edouard Bollaert vers Lille où il sera inhumé.

  Après son décès, le maire de Lens qui est aussi son ami, Eugène Courtin, agent commercial de la compagnie de Liévin, propose au conseil municipal de renommer la rue où se trouvent les bureaux centraux des mines ‘rue Edouard Bollaert’.

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Félix Bollaert

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   Félix Flavien André Bollaert voit le jour le 13 août 1855 à Lille. Un an plus tard, ses parents rejoignent Lens où Félix passe son enfance. Après ses études qui le menèrent jusqu’au baccalauréat, il entre à l’école Polytechnique en 1876. C’est un étudiant moyen qui en sort deux ans plus tard, classé 119ème sur 258 élèves. Il rejoint alors l’école des Mines de Paris qui lui permet d’obtenir le 9 juin 1881 le titre d’ingénieur civil des mines.

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   Son père l’envoie se former aux métiers de la mine lors d’un stage de 5 ans en Belgique, à Mariemont et Bascoup dans le Hainaut. Le rapport qu’il en fait, diffusé dans ‘la Réforme Sociale’ en 1884, démontre que le développement des industries ne peut être effectif que si leurs dirigeants s’attachent à développer un bien-être social afin d'avoir de l'emprise et de l'autorité sur leurs ouvriers. Tout le long de sa carrière, il tentera d’appliquer ces méthodes.

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   A son retour en février 1886, il est nommé directeur du service commercial de la société des Mines de Lens.

  Le 3 mai 1887 à Lille, Félix Bollaert épouse Pauline Le Gavrian (qui se fait usuellement appeler par son troisième prénom Marthe), fille d’un député du Nord, riche industriel qui a fait fortune dans la construction de machines à vapeur. Le couple s’installe rue Carnot à Lens. Ils n’auront pas d’enfant. La famille de Marthe est si influente dans le nord de la France que Félix se fait souvent appelé ‘Bollaert-Le Gavrian’.

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   En 1902, après le décès de Léonard Danel, il rejoint le conseil d’administration mais reste attaché comme inspecteur à la société des mines de Lens dirigée par Elie Reumaux depuis la mort d'Edouard Bollaert. C’est à ce poste qu’il connait la grande grève de 1906 dans laquelle il reste pour le moins discret.

   Félix est chargé entre-autre de visiter les corons afin de s’assurer du bon entretien des maisons, de la propreté des rues et trottoirs, du soin apporté aux jardins. Il décide de l’attribution des récompenses aux meilleurs mais aussi des sanctions à d’autres.

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  Il fait aussi partie de bien d’autres conseils d’administration : la Compagnie des Chemins de Fer du Nord, celle des Forges et Aciéries du Nord et de l’Est, de compagnies minières en Belgique. Il sera aussi président de la Chambre de Commerce de Charleroi et membre de nombreuses associations.

  A Lens, le couple Bollaert-Le Gavrian fait dpnc preuve de paternalisme envers les ouvriers mineurs. Au tout début du 20ème siècle, la société des mines de Lens admet l’importance des œuvres sociales. Félix Bollaert, fort de son expérience belge, travaille à leurs réalisations.

  Lui et son épouse transforment peu à peu leur domicile en bureau de bienfaisance. Lorsqu’en 1902, le préfet du Pas de Calais dénonce la recrudescence de la mortalité infantile dans le bassin minier, ils créent le service de la "goutte de lait", afin de distribuer gratuitement soins et alimentation aux nourrissons aux familles. La première consultation de bébés à lieu dans la cité de la ‘fosse 3 de Lens’ à Liévin.

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  Le 24 janvier 1912, Félix Bollaert est fait chevalier de la Légion d’Honneur. Pendant la première guerre mondiale, il est mobilisé en tant que capitaine au premier régiment d'artillerie à pied  et rejoint le front de l’Artois mais, rapidement blessé, il, est appelé à Paris, au ministère de l’Armement avec le grade de Chef d’Escadron Territorial. Son épouse se consacre au secours des blessés sur le front et devient ambulancière. Elle reçoit en 1918 la médaille de la Reine Élisabeth.

  Félix Bollaert reçoit le grade d’officier de la Légion d’Honneur le  9 juillet 1919.

  Il n’a donc pas connu directement la destruction de la ville et des puits de mine de la compagnie.

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   Dès son retour dans un Lens en ruines, il fait élevé du côté de ce qu’il reste de la rue Diderot, un baraquement en bois qu’il offre aux catholiques afin d’en faire un lieu de culte pour la paroisse Saint-Léger.

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   Avec Ernest Cuvelette, le nouveau directeur de la compagnie minière lensoise, il participe à la reconstruction de la société minière. La priorité est donnée à la remise en route de l’exploitation par la réparation des puits de mine inondés par les allemands. Puis, en moins de quatre années, 12 000 logements entourés de jardins sont bâtis.

  L’idée de ‘la ville dans la ville’ est conservée : les cités de corons comprennent toutes des terrains de jeux, dispensaires, gouttes-de-lait, écoles élémentaires, ménagères et églises ou chapelles. Progressivement, une coopérative de consommation est mise en place, de même que des sociétés de musique ou des associations sportives. Le mineur habite au pied du terril, autour du puits de sa mine, se fait soigner au dispensaire de la mine, va à l'église de la mine, joue dans la fanfare de la mine, pendant que sa femme s'approvisionne à la coopérative de la mine et que son fils fait du sport dans le club de la mine, va au cathéchisme au cercle de la mine et étudie à l'école de la mine en espérant devenir... mineur!  C'est ce que l'on appelle le 'paternalisme catholique' car cette politique sociale voulue par la compagnie a aussi pour but de maintenir le mineur dans sa cité où il trouve tout ce qu’il lui faut pour travailler, vivre, se divertir et manger. Il est ainsi beaucoup moins astreint à fréquenter les estaminets où il risque d’entendre et de participer à des conversations revendicatives.

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  En 1922, après mort d’Elie Reumaux qui a cumulé pendant deux ans les fonctions de directeur et de président du conseil d’administration, Félix Bollaert prend cette dernière fonction. Il préside de nombreuses associations, encourage les fêtes, soutient les fondations d’aide aux anciens mineurs. Toujours accompagné de son épouse, il fait revivre les actions sociales et crée diverses fondations, un "prix de vertu sociale" ou encore un concours pour encourager le jardinage.

  Peu de grands mouvements sociaux ont lieu pendant la période où Félix Bollaert est le président du conseil d’administration des mines de Lens mais difficile de dire si la cause en est cette période de reconstruction ou l’attitude paternaliste de Bollaert envers les mineurs de la compagnie. Bollaert ne s'oppose pas aux syndicats. Il laisse cette tâche à Ernest Cuvelette et agit en marge des relations purement professionnelles, s'interresse plus à la vie dans les corons qu'à celle dans les fosses.

   Le couple Bollaert mène donc une vie caritative et mais aussi mondaine. Il possède un appartement à Paris, au n° 27 du quai d’Orsay, une grande demeure rue de l’Arcade à Chantilly, une autre Boulevard de la Liberté à Lille, le château de la Frégate à Cassel et une maison rue Decrombecque à Lens. Félix Bollaert est un grand et riche collectionneur. Il possède bon nombre d’objets et de meubles de l’époque napoléonienne. Cela attire les malfaiteurs comme en avril 1925 quand sa maison de Chantilly est cambriolée.

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   En 1928, Bollaert est président du comité pour la création de la statue en l’honneur du Maréchal Foch à Cassel qui est inauguré le 6 juillet par le président Poincaré.

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   En 1928 également commencent les travaux du symbole de la fin de la reconstruction des mines de Lens. Sur une butte du quartier Saint Laurent, près de la fosse 1 et de la gare Sainte Elisabeth sont édifiés les Grands Bureaux, le futur nouveau siège directorial et administratif de la compagnie.

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   En ce début des années trente, la compagnie ressent les effets de la crise de 1929  mais la Société des Mines de Lens reste une des plus riches entreprises de France. Bien que la vente du charbon se soit considérablement ralentie, la production continue mais ne sert qu’à constituer des stocks pour les jours meilleurs. Des grèves sont déclenchées pour protester contre la baisse des salaires. De nombreux mineurs sont mis au chômage.

   En 1929, Félix Bollaert décide de construire un lieu de sports et d’activités de plein air pour les familles des mineurs sur un terrain que la compagnie a acheté à l’ouest de la ville entre les fosses 1 et 9. Il fait venir pour cela les mineurs de la fosse 5 dont l’activité est totalement arrêtée. Ils sont ainsi cent quatre-vingt à rejoindre tous les jours le site de construction. Le stade des mines de Lens est inauguré en 1933. 

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  Les Grands Bureaux, le stade des mines : des chantiers qui veulent démontrer la puissance de la société minière face aux élus socialistes de la ville de Lens. Les maires de Lens Emile Basly puis Alfred Maës ont construit une belle mairie, un grand stade avenue Raoul Briquet ; un autre est projeté avenue de Liévin. Le syndicat des mineurs a fait reconstruire l'imposante maison syndicale rue Emile Zola. Bollaert contre-attaque avec les Grands Bureaux et le stade.

  Il ne s’arrête pas là. Il parvient à convaincre les dirigeants du plus grand club de football de la ville, le Racing Club Lensois, de céder la gestion du club à la compagnie. Alfred Maës qui en 1931 avait fêté les vingt-cinq ans du club en grandes pompes doit s’avouer vaincu, le RCL devient aussi le 10 mars 1934 l’un des symboles de la société des mines de Lens qui en fait aussitôt un club professionnel.

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  Marthe Bollaert-Le Gavrian décède le 10 juillet 1931. Bien que définitivement installé à Chantilly, son époux continue ses activités jusqu’à son propre décès, le 26 décembre 1936 à Paris à l'âge de 81 ans. Le couple est enterré au cimetière Bourillon de Chantilly.

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   Pour lui rendre hommage, la Société des Mines de Lens donne son nom à la fosse 13bis, un puits d'aérage construit en 1920 et situé à Bénifontaine. Le stade des mines deviendra mondialement connu sous le nom de Stade Félix Bollaert. La ville de Lens modifie le nom de la rue qui portait le nom de son père en ‘rue Bollaert’ afin s’associer les deux personnages.

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