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dimanche 18 août 2024

Les Maires de Lens du 20è Siècle : Alfred MAES

 


En mémoire de "Papa Alfred"

             Ton arrière petite fille, Catherine.

Alfred Maës, le Délégué des Mineurs

   A Saint Omer, l'acte de naissance n°335 de l'année 1875 nous apprend que le 15 juillet de cette année là à 16h30, nait Jacques Alfred Wilfrand MAËS, fils légitime de Emile Fidèle Isidore Maës, 32 ans, né à Renescure (59)aide-brasseur et de Delphine Marie Declémy, 25 ans, née à Louches (62), qui se sont mariés le 27 juin 1871 à Arques (62).

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    Le 27 mai 1883 à Saint-Martin-au-Laërt (62), Emile Maës décède laissant une veuve et quatre jeunes enfants. Alfred (qui ne veut pas qu'on l'appelle Jacques de peur de moqueries), n'a que 8 ans et il n'a d'autres ressources que d'aller travailler aux champs avec sa mère pour subvenir aux besoins de la famille.

   Dès 13 ans il est attiré par la Mine et le travail assuré et, après avoir obtenu brillamment son certificat d'études, il part travailler aux Mines de Lens où il est embauché à la fosse 2 d'abord puis à la fosse 11.

   En 1895, il est appelé sous les drapeaux à l'escadron du train des équipages militaires, stationné dans la caserne Saint Ruth à Lille

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   Démobilisé le 20 septembre 1899, il est réembauché aux Mines de Lens, à la fosse 1 'Saint Élisabeth' cette fois. Il adhère aussitôt au 'Vieux Syndicat' d'Émile Basly et d'Arthur Lamendin. En juin 1904, il est élu “Délégué à la sécurité” à la fosse où il travaille. Parallèlement, il est aussi élu Conseiller Municipal sur la liste de son ami Basly.

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La fosse 1 des Mines de Lens en 1900

   Le 30 juillet 1900 à Salperwick, un petit village de l'Audomarois, il épouse Marie Irma LEBLOND, cuisinière de son état qu'il a certainement connu alors qu'elle travaillait dans l'estaminet de son père à St Omer.

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   Ils auront trois enfants nés à Lens :

      - Marthe, Elise, Delphine née le 18 octobre 190

      - Elise, née le 1er novembre 1902

      - Voltaire Emile Louis MAËS né le 17 mars 1904 à Lens et décédé le 04 mars 1929 à Fort Archambault (Congo) alors qu'il y travaillait comme ingénieur agronome. Alfred Maës fit revenir la dépouille de son fils pour le faire inhumer civilement à Lens, dans le caveau familial du cimetière Est. Il ne s'est jamais remis de la mort précoce de son seul fils.

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   La famille habite Avenue de la Fosse 12 puis Avenue du 4 Septembre, puis enfin 20 rue Anatole France, à l'angle de la rue Victor Picard, où Marie Maës tient un estaminet. L'endroit abrite aujourd'hui une agence d'assurance. Son jeune frère Fidèle l'a suivi à Lens. Il travaille également à la fosse 1 et habite rue Bollaert avec sa femme Mathilde et ses filles Delphine et Marie.

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   Alfred Maës participe activement aux grandes grèves de 1906 qui ont suivi la catastrophe de Courrières. Le 16 avril, il préside une réunion devant 3000 sympathisants dans la cour de l'école Condorcet, Boulevard des Ecoles où il prêche pour l'union de tous. Partisan de la discussion plutôt que de la révolution, il déclare: 'Si la révolution éclat à l'heure actuelle, j'en pleurerai'. Bien que cette grève n'apporte pas de résultats satisfaisants pour les mineurs, elle instaure tout de même une nouveauté importante : le 17 avril, une loi rendra les allocations de retraite réversibles par moitié pour le conjoint survivant et non remarié. 

  Comme ses amis Basly et Beugnet, Alfred Maës est la cible des articles de presse du jeune Syndicat révolutionnaire de Broutchoux qui l'accuse surtout de n'en vouloir qu'aux cotisations des mineurs.

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  Dès cette époque, il se bat déjà contre la «médecine patronale» et réclame des médecins libres et non plus salariés des Compagnies minières.

  Il est réélu le 7 février 1909 comme délégué à la Sécurité dans les Mines de Lens. Celles ci posent une requête en annulation devant le Conseil de Préfecture se basant sur le fait qu'en plus de son salaire de mineur, Maës exploite un estaminet. Cette requête est acceptée dans un premier temps puis rejetée en appel par le Conseil d'Etat lorsqu'il prouve que ce commerce est au nom de son épouse.

  Toujours à l'écoute de ce qui se passe dans le monde, en décembre 1909, il organise avec ses amis Beugnet et Evrard une conférence à l'Alcazar de Lens au cours de laquelle intervint un membre du Parti socialiste de l'Inde anglaise, Krishna.

  En 1910, il succède à Casimir Beugnet, décédé, à la tête du Contentieux des Mineurs. Il s'occupe particulièrement des accidents du travail, de l'application des conventions de retraite.

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Réunion de délégués dans une fosse de Lens

   Le dimanche 22 mai 1910, la Fédération Syndicale des Mineurs du Pas-de-Calais organise une grande conférence publique et contradictoire à Liévin, sur le thème de l'unité syndicale dans la région minière. Les orateurs représentant le Vieux Syndicat sont Alfred Maës, Séraphin Cordier et Léon Dégreaux, le futur Maire de Liévin. C'est le début de la réunification entre les syndicats de Basly et de Brouchoux qui sera officialisée l'année suivante.

   Maës écrit dans 'La Voix du Mineur' des articles où il dénonce la main mise des Compagnies sur la médecine sociale et les médecins salariés qui les soutiennent lors des accidents du travail. Il demande que ce soit le Conseil d'Administration de la Caisse de Secours et non plus les Compagnies qui nomment les médecins.

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   Il défend farouchement le Docteur Hemery à qui la Compagnie des Mines de Lens a intenté un procès. C'est avec lui qu'il crée dans les mines un 'Secrétariat Ouvrier d'Hygiène' chargé d'enquêter 'librement' sur les accidents du travail et de venir en aide aux mineurs accidentés. 

   En 1910, toujours avec Basly, il est réélu Conseiller Municipal. Deux ans plus tard, il devient secrétaire du Syndicat des Mineurs du Pas de Calais. C'est cette année là que sont appliqués le journée de 8 heures et le repos hebdomadaire obligatoire.

  Arrive alors la première guerre et l'invasion de Lens par les Allemands. Maës doit quitter sa ville car il est mobilisé au 1er escadron du Train de Bergerac le 4 octobre 1914.

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   Le 17 janvier 1915, il revient dans le Bassin Minier où l'Armée l'affecte comme mineur de fond à Noeux les Mines. Il réside chez son ami Henri Mailly avec lequel et Henri Cadot il réorganise aussitôt le syndicat des Mineurs qui se réunit à Bruay en Artois. Dans un tract lancé à la population minière, il n'hésite pas à écrire : 'Nous avons décidé de réorganiser les mineurs jusqu'au jour où nos régions seront débarrassées de la présence de l'ennemi.'. A lire sur ce sujet le dossier de Gauheria n°76 de mars 2011 :'Registre du conseil d'administration du syndicat des Mineurs du Pas de Calais 1916-1919' édité par Bernard Ghienne.

  Malgré le conflit, il contribue à faire payer aux mineurs et à leur famille les pensions des retraites selon la loi votée le 25 février 1914 qui institue la caisse autonome de retraite des mineurs. 

   En avril 1916, les délégués syndicaux que sont Maës, Mailly et Cadot signent, avec l'Etat représenté par le Sous-préfet Bonnevoy-Sibour et les Compagnies Minières, une convention attribuant au mineur 5 sous par enfant et par journée de travail : petite prime, grands effets car il s'agit là de la naissance des allocations familiales !

  En décembre 1916, c'est la crise du charbon, l'Etat veut augmenter la production dans les Mines. Le ministre des Travaux Publics du gouvernement d'Aristide Briand, Marcel Sembat lance un appel aux mineurs pour leur demander d'accepter de travailler jusqu'en mars 1917 une heure de plus par jour. Alfred Maës, fait une contre proposition : pour intensifier réellement la production, il propose de mettre à la disposition des mines tous les ouvriers mineurs des classes 1899, 1900 et 1901 ainsi que ceux qui ont quitté la mine avant le 1er janvier 1910 et qui justifiaient de dix ans de service au fond.

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Marcel Sembat

 Maës, Le Député Syndicaliste

   Après la Grande Guerre, Alfred Maës reprend sa place au sein de la vie politique lensoise. En 1919 on lui propose de se porter candidat à la députation. Il hésite à se présenter. Au Syndicat des Mineurs qui désire le conserver comme secrétaire et lui propose même d'aligner ses appointements de délégué sur ceux d'un député, il répond : 'Pour moi, aucune question d'argent ne me préoccupe. Ce qui me préoccupe le plus, c'est l'intérêt général de notre corporation' (Source Gauheria n°76 cité ci dessus). Finalement, il se présente sur la liste socialiste avec Basly, Cadot, Evrard,etc... Il recueille 63.305 suffrages sur 125.137 votants. Il défendra ardemment les travailleurs de la Mine au Palais Bourbon qu'il fréquentera jusqu'à sa mort en 1941. Pour être sur place lors des sessions, il loge dans un appartement au 17 rue Gerbert dans le 15è arrondissement.

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Alfred Maës pose fièrement devant l'Assemblée Nationale

   En juin 1919, des pourparlers sur la question des salaires ont lieu. Les sections syndicales des mineurs du Pas-de-Calais, du Nord et d'Anzin tiennent une réunion à Béthune sous la présidence d'Émile Basly. Alfred Maës y relate les résultats obtenus lors des négociations et regrette l'attitude des Compagnies qui traînent à appliquer les décisions gouvernementales. Contre toute attente, les mineurs de Marles décident d'une grève immédiate en dehors de toute assistance de la Fédération. Ce mouvement ne sera pas légitimé par le Syndicat. 

   L'année suivante, il est élu président de l'Union Régionale des caisse de secours du Nord et du Pas de Calais. 

  Le 22 juillet 1921, lors de la séance du Conseil Municipal a lieu la délibération sur la construction d'un monument aux Morts. Les élus communistes y sont opposés . A. Maës déclare: 'Plus tard, quand nos ruines auront disparu, rien ne rappellera la guerre. Mais il faut que les générations de demain sachent ce qu'elle nous a coûté pour la haïr davantage'. La proposition d'une dotation de 100 000 francs est acceptée par 11 voix contre 5.

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  En janvier 1922, il assiste à la réunion au cours de laquelle les dirigeants des Compagnies Minières annoncent aux syndicats qu'en raison de la concurrence étrangère, des baisses de salaires de plusieurs francs par jour seraient appliquées. Bien entendu, les syndicats rejettent la proposition et menacent une nouvelle fois de faire grève. L'Etat prend cette menace au sérieux. Yves Le Trocquer et Daniel Vincent, les ministres des travaux publics et du travail du gouvernement d'Aristide Briand reçoivent une délégation conduite par Basly, Cadot, Goniaux, Lefebvre et Maës. 

  Malgré cette opposition, les compagnies diminuent les salaires horaires de 2,00 F puis de 1,25 F au 15 avril alors que le salaire moyen en janvier était de 19,25 F plus 5,25 F de vie chère soit 25,50 F; le chômage s’installe (2 jours par quinzaine). 

  En février 1922, Lens et les autres villes minières du Pas-de-Calais accueillent le ministre des régions libérées du gouvernement Poincaré, Charles Reibel. Ce sont Basly et Maës qui sont chargés de le diriger. 

  En février 1923, Alfred Maës rencontre un autre ministre, Albert Peyronnet. Il relance les discussions sur l'amélioration des retraites des mineurs et de leurs veuves. Ce débat sera discuté à la Chambre le 20 décembre. 

  Le 11 mai 1924, il se représente sur la liste socialiste et est réélu Député dès le premier tour avec 70.278 suffrages sur 149.106 votants

  Sous la direction d'Ernest Cuvelette, l'effort de reconstruction des Mines de Lens est très important; dès 1925 la production a atteint 28 500 000 tonnes.

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La fosse 2 du Grand Condé en 1925 

   Pour y parvenir, une convention d’émigration est signée entre la France et la Pologne. Près de 75 000 mineurs étrangers, Polonais pour la plupart, arrivent à Lens. Leurs conditions d’accueil sont pour le moins spartiates, l’État les tient à l’écart et ne leur attribue ni prime de naissance, ni droit à l’enseignement. Leur arrivée rend aussi méfiants les mineurs qui craignent une diminution de leur salaire pour les ajuster à ceux des immigrés. Maës convainc le Syndicat que ces hommes sont des ouvriers comme les autres et ont donc le droit d'être aidés et défendus. Il n'hésite pas à faire des voyages en Pologne pour confirmer l'amitié Franco-Polonaise ouvrière. En octobre, il fait partie d'une délégation de parlementaires français en visite à Wejherowo en Porémanie, près de la Mer Baltique. Sur la photo ci dessous, des enfants de Sibérie posent avec les autorités franco-polonaises.

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  Depuis 1919, dans l'ombre de son ami Emile Basly, il apporte sa contribution à la reconstruction de Lens. Le 14 août 1927, il inaugure avec lui la nouvelle gare des Chemins de Fer du Nord et l'Hôtel de Ville.

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  Son activité syndicale n'est pas de tout repos. En effet, le 15 avril 1927, en raison des difficultés économiques, les compagnies décident une nouvelle réduction des salaires de 2,60 F pour l’ouvrier base. Les syndicats se trouvent devant le fait accompli.

Les Maires de Lens du 20è Siècle : Emile BASLY

 


 BASLY, de l'épicier au Tsar de Lens

   En 1914, alors que l'ennemi est aux portes de la France il doit de nouveau s'expliquer sur son attitude lors du Congrès d'Amiens du Syndicat et s'engager à 'travailler à l'unité minière'. Son attitude gène aussi chez les socialistes dont les journaux le qualifie de 'notable égoïste'. Il semble vaciller. Ses carrières politiques et syndicales semblent arriver à leur terme. Mais un grand malheur va servir sa cause : le 3 septembre 1914, devant des lensois médusés, les troupes allemandes s'installent à Lens.

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   Basly, qui vient d'avoir 60 ans devient alors par la force des choses l'interlocuteur privilégié des troupes d'occupation. Il doit utiliser tout son savoir faire pour, à la fois, ne pas contrarier les Allemands sous peine de graves représailles et venir en aide à la population qui subit de plus en plus les affres de cette guerre.

  Devant l'adversité, il constitue une coalition d'union sacrée face aux autorités allemandes regroupant Eugène Courtin, son adversaire conservateur lors des élections municipales, Elie Remaux, Directeur des Mines de Lens, Léon Tacquet, Notaire et gendre du précédent, Thellier de Poncheville, brasseur, Boulanger, entrepreneur, le chanoine Ocre, curé de St Léger. Dans un premier temps et devant l'urgence de la situation, ils transformèrent les écoles Campan et Michelet en hôpital.

  Basly assiste, impuissant, au sabordage des puits de mine puis au pillage de la ville. Lorsqu'il se rend compte que les derniers meuniers de Lens sont partis, il décide, pour éviter la famine, de demander aux femmes de moudre elles-même le blé. Plus tard, il décide, pour partager les vivres qui restent en ville, de créer une 'épicerie' dans la loge du concierge de la mairie. Au début de 1915, l'épicerie est transférée dans la salle du Trésor de la Banque de France et accueille plus de 400 clients par jour. Tout cela, il le raconte dans son livre 'Le Martyre de Lens', paru en 1918 aux Editions Plon.

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 Les Allemands imposèrent à la ville des 'contributions de guerre', la première de 900 000 francs et une autre de 800 000. Basly n'eut d'autres ressources que de demander à la population de participer à cet effort. Pour pallier au manque de numéraire, la ville a émis des bons communaux signés du Maire et échangeables en francs à la fin de la guerre.

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  Basly tente de soulager les lensois des conséquences de cette guerre. Il reste à la tête de sa ville jusqu'au 11 avril 1917, date à laquelle il est déporté en Belgique avec les derniers lensois restés sur place.

  Lorsque l'armée allemande se replie enfin le 4 octobre 1918, la ville n'est plus que ruines, rien n'est reconnaissable. Lens n'est plus qu'un énorme tas de gravas! Le 19 décembre 1918, à la tribune du Palais Bourbon, le Député Louis Dubois rend compte de sa visite à Lens: 'Il ne reste plus une maison debout, pas même un pan de mur. C'est un massacre effroyable, c'est un hachis de maisons. Il est impossible de reconnaître l'emplacement de l'Église .... '. Le 24 octobre, Emile Basly est cité à l'Ordre de la Nation pour son rôle et son courage pendant la guerre.

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  Dès la fin du conflit, il reprend la vie politique. Les réunions du Conseil Municipal Lensois se déroulent au 6 rue de Hanovre à Paris. Basly se rend aussi parfois à quelques réunions du Syndicat des Mineurs du Pas de Calais qui se tiennent depuis 1915 à Bruay-en-Artois sous la direction de son ami Alfred Maës.

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La Rue de Hanovre à l'époque

 Mais c'est la reconstruction de Lens qui reste sa priorité. Dans son livre, Basly écrit : 'C'est l'existence d'une ville que j'ai voulu faire revivre'. Il consacrera les 10 dernières années de sa vie à la faire renaître Lens de ses cendres.

 En novembre 1919, les réunions du Conseil Municipal peuvent se tenir de nouveau à Lens dans des locaux provisoires construits à la hâte sur la Place du Cantin. Près de là sont installés les services communaux dans des baraquements et des demie-lunes servent aussi d'habitations Avenue du 4 Septembre.

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  Emile Basly se rend compte lui-même des dégâts et du travail qu'il reste à faire pour refaire de Lens une ville. Pour sa conduite et son œuvre, il reçoit la Légion d'Honneur. C'est le Président de la République Raymond Poincaré, lui même, qui vint à Lens le 28 décembre 1919, lui remettre cette haute distinction

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  Réélu lors du scrutin municipal et aux législatives de 1919 (avec 65.740 voix sur 125.137 votants), il se battra jusqu'au bout de sa vie pour faire revivre Lens. Il crée la 'Société Civile Coopérative de Reconstruction de la Ville de Lens' dont la Présidence sera assurée par Eugène Courtin, épaulé de Louis Barthelet, Directeur des Travaux communaux et de Jean Goniaux, un architecte douaisien.

  Les cités hollandaises et Chouard vont servir à reloger les sinistrés revenus à Lens. La cité hollandaise, permettant de loger 335 familles, a été appelée ainsi car elle a été construite grâce au don du gouvernement hollandais de 3 millions de Florins. Son inauguration le 12 juin 1921 a été l'occasion pour Basly de dénoncer à la Chambre des Députés la lenteur des actions du Gouvernement envers les régions sinistrées (source Dossier Gauheria n°8, la Renaissance de Lens 1918-1932).

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  L'hôpital provisoire (avec l'aide de l'Union des femmes de France), la Caisse d'Epargne, les écoles et collèges (du Grand Condé, Michelet-Campan, Carnot, Berthelot et Paul Bert pour lesquels la municipalité avait contracté un emprunt de 4 millions), la nouvelle gare, l'abattoir, la caserne des pompiers, la Maison Syndicale, l'église Saint Léger et l'Hôtel de Ville seront construits ou reconstruits sous son mandat avec un budget de 10 millions de francs dont 3 à la charge de la commune. Mais d'autres travaux moins visibles étaient aussi nécessaires : la voirie, les égouts, la distribution de l'eau, du gaz et de l'électricité.

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La reconstruction de la gare

  En 1922, alors qu'elle renait à peine de ses cendres, Lens reprend l'habitude de faire la fête. C'est avec le concours de la Municipalité que l'Union du Commerce organise le premier carnaval d'été le 31 juillet. Reprenant ses habitudes d'avant guerre, Emile Basly couronne la Reine Lucie Boulanger qui défile en ville sur un char offert par la Compagnie des Mines de Lens à la tête d'un cortège impressionnant. Tout ce beau monde se regroupe sur la Place de la république pour assister à un concert.

 En 1924, il est réélu député puis Maire de Lens l'année suivante. Ceci le consolera d'avoir été battu aux élections sénatoriales la même année. En 1927, pour venir en aide à un club de football local qui a des difficultés financières, il fait voter une subvention de 8400 francs. Ce club s'appelle le Racing Club de Lens qui bénéficiera aussi de la gratuité pour l'utilisation du nouveau Stade de l'Est, avenue Raoul Briquet. A cette époque, le club n'appartient pas encore à la Compagnie Minière.

  Le 24 mai 1925, Emile Basly invite Edouard Hérriot à Lens pour inaugurer le monument aux morts dont la construction a été adoptée par décision du Conseil Municipal le 22 juillet 1921. Plus de 10 000 personnes se sont massées Place du Cantin. (A voir sur ce sujet toutes les photos de la visite de Henri Herriot dans le dossier de Gauheria n°8, 'La Renaissance de Lens 1918-1932 de Ginette Haÿ).  Autre fête à Lens le 5 octobre : la première braderie sur le Boulevard des Ecoles attire plus de 20 000 personnes.

 La dernière grande sortie officielle d'Emile Basly a lieu le 16 septembre 1926, jour de l'inauguration de la nouvelle maison Syndicale, rue Casimir Beugnet. Le vieil homme fatigué de 72 ans est fier de son oeuvre et aime montrer sa ville en exemple.

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 A la fin de l'été 1927, Basly est malade. Pour la première fois, il est absent de plusieurs réunions de Conseil Municipal. Le 7 février 1928, il fait une hémorragie cérébrale et en reste totalement paralysé. Il décède le 11 à son domicile, 12 rue Urianne Sorriaux. Sa dépouille est exposée dans le hall de l'Hôtel de Ville drapé de noir où une multitude de lensois vient lui rendre hommage.

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  Il est inhumé le 15 février et enterré dans le tombeau des Maires de Lens au cimetière Est devant une foule considérable. Toutes les associations sportives, musicales, les enfants des écoles lensoises, les organisations ouvrières et syndicales suivent le convoi funèbre.

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 Devant les portes du cimetière Est, une foule immense s'est aglutinée pour écouter les personnalités, dont Léon Blum prononcer quelques mots en mémoire de celui qu'on surnomma 'le Patriarche de Lens'.

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 Le 7 avril, le Conseil Municipal de Lens, sous la présidence de son nouveau maire, Alfred Maës, décide de renommer le Boulevard des Ecoles pour lui donner le nom de Boulevard Emile Basly. D'autres communes utiliseront aussi son nom pour nommer une rue ou un emplacement en sa mémoire, que ce soit dans le pays minier ou même en région parisienne (Asnières, Gennevilliers). 

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  En même temps, une souscription est ouverte pour faire ériger un monument en son honneur. Quelques années plus tard, une statue sera sculptée par Augustin Lesieux, représentant Emile Basly dans sa célèbre posture et exposée, d'abord au carrefour Bollaert puis déplacé à l'entrée de Lens, rue Alfred Maës, près du Pont Césarine. Haute de 2,50 m et pesant près de 700 kg, elle est portée par un socle sur lequel figurent trois bas-reliefs représentant la mine, la Mairie de Lens et la Chambre des Députés.

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Les Maires de Lens du 20è Siècle : Emile Basly

 

Les Maires de Lens du 20è Siècle : Emile Basly (2)

  BASLY, l'homme politique lensois :

  Au début des années 1890, l'homme politique prend souvent le pas sur le syndicaliste. Ainsi en 1894, il adhère au groupe socialiste de la Chambre des Députés pour en démissionner un an plus tard ! Pourtant, en 1898, c'est de nouveau sous l'étiquette socialiste qu'il se représente aux élections législatives. On a entendu à l'époque dire de lui qu'il changeait de vêtements dans le train reliant Paris à Lens afin d'avoir une tenue appropriée pour ne pas choquer ses électeurs en arrivant sur les quais de la gare de Lens.

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Dessin du Journal l'Illustration en 1884

  De plus en plus politique et de moins en moins syndicaliste, Basly s'oppose même à son ami Florent Evrard. On lui reproche de plus en plus son attitude trop autoritaire au sein du syndicat.

  En mai 1900, face à Eugène Courtin son prédécesseur, Emile Basly est élu Maire de Lens. Basly Premier Magistrat de la ville, c'est l'image de Lens qui va changer.

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Basly en 1900 (dessin du Progrès Illustré)

  A l'époque, Lens n'est qu'un gros bourg où sont implantées de nombreuses fermes mais la ville compte près de 25 000 habitants avec les constructions de corons en périphérie.

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Les corons du Grand Condé vers 1900

  Basly va moderniser la commune pour qu'elle réponde aux besoins de cette population grandissant rapidement suite à l'essor des Compagnies Minières. Développement du réseau des égouts, réfection de la voirie, création de groupes scolaires, de crèches, d'un hôpital et d'un hospice pour les personnes âgées (administré par Florent Evrard).

  Basly veut que l'on soit heureux à Lens : de nombreuses manifestations et festivités ont lieu comme les grandes fêtes organisées pour le couronnement des Muses de 1901 et 1913 ou les Fêtes de la Gymnastique de 1905 et 1907. Sous Basly, Lens est devenue la Capitale du Pays Minier et son Maire sera surnommé: 'Le Tsar de Lens'. Cela contribue à sa popularité : en 1906, il est réélu Député sans problème avec 12 330 voix sur 17 880 votants.

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Basly avec la Muse des Mineurs de 1901

  Basly décide de se concentrer plus sur sa ville qu'à son action syndicale bien qu'il soit toujours à la tête du 'Vieux Syndicat'.

  Vieux syndicat pourquoi ? Parce que c'est en 1902 qu'un dénommé Broutchoux arrive à Lens et forme avec Goudemetz un syndicat révolutionnaire dans les mines appelé aussitôt le 'jeune syndicat'. Jusqu'en 1907, ce sera une lutte haineuse entre les deux organisations ouvrières comme le prouve ces extraits du journal 'L'Action Syndicale' des amis de Broutchoux.

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Journal action syndicale

  Cela ne l'empêche pas en 1902 d'être réélu Député avec 15225 voix contre 792 à son adversaire Norange et les dirigeants du vieux syndicat ne restent pas inactifs. Ils réclament même dès 1903 la nationalisation des houillères.

  1904, Basly est réélu sans problème Maire de Lens. Sur sa liste, on trouve Casimir Beugnet, Florent Evrard, François Huleux, Alfred Van Pelt, ses compagnons de lutte mais aussi Lucien Duvet, brasseur Place du Cantin, Victor Lefebvre 'rentier' qui vit des loyers de ses 28 maisons lensoises, Arthur Masquelier, un des plus gros entrepreneur de la ville, Fernand Popot, le plus grand épicier de Lens ou encore Auguste Hoëlle, grand architecte. Quatre de ses colistiers avaient fait parti de l'équipe d'Eugène Courtin lors d'un précédent mandat.

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L'épicerie de Fernand Popot se trouve en face du café Carpentier, siège du syndicat des Mineurs

  Cela déclenche de nouveau la haine des membres du 'Jeune syndicat'. Le 'Vieux Syndicat' des Basly, Lamendin, Evrard, etc... est accusé de n'en vouloir qu'aux cotisations des mineurs et de connivences avec les Directions des Compagnies Minières. Les adhérents du vieux syndicat sont surnommés 'les baslycots'.

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Caricature parue dans 'L'action Syndicale' en 1908

  Les 12 et 13 juin 1905 sont deux jours de grandes fêtes à Lens. Emile Basly inaugure le monument en l'honneur de G. Decrombecque sur la Place du Cantin et la Maison des Associations, Boulevard des Ecoles. A cette occasion, il fait venir à Lens les ministres radicaux Jean Bienvenu-Martin et Joseph Ruau à qui il offre un banquet de 500 convives. Puis, après leur avoir adroitement fait tenir des promesses sur les réformes des retraites des mineurs, les emmène à la fête de la gymnastique sur la Place Verte. Le poète mineur Jules Mousseron figure aussi parmi les invités.

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La statue Decrombecque, la rue de la Gare lors de la fête

La Maison des Associations, la tribune officielle

  En 1906, c'est la catastrophe de Courrières, Emile Basly joue un rôle très important dans la grève qui suit bien que coincé entre son rôle de Maire avec ses devoirs vis à vis de Clémenceau et ses responsabilités de leader syndical. Dès le 14 mars, premier jour de la grève, Basly se met au service des mineurs pour lesquels il tente de négocier avec les Compagnies en prenant à témoin les autorités. Il fait de nombreux aller-retours entre Lens et Paris et effectue après chaque voyage un compte rendu à la foule constituée par les mineurs en colère. Au Parlement, il réclame en vain la déchéance des dirigeants de la Compagnie de Courrières.

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Basly rend compte de ses entretiens devant la Mairie de Lens

  Cependant la grève tourne mal, de nombreuses violences sont commises et Clémenceau décide d'envoyer les troupes à Lens pour tenter de ramener le calme , ce qui ne fera qu'exacerber encore plus les mineurs grévistes, surtout ceux du jeune Syndicat de Broutchoux.

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Les troupes arrivent à Lens

 Finalement la grève est un quasi-échec : peu de propositions ont été acceptées par les Compagnies et les mineurs, affamés, reprennent le travail fin avril, déçus. De nouveau, on en veut beaucoup à Basly et à son syndicat.

  Il s'oppose toujours au jeune Syndicat et est tenu responsable du peu de résultats obtenus à la fin du mouvement. Il refuse la réunification des deux syndicats décidée au niveau national ; le syndicat du Pas de Calais vit alors isolé pendant plus de deux ans. Après que certains amis de Basly aient rejoint la CGT en 1908, il faudra attendre 1911 la réunification. Le nouveau siège se trouve alors à la Maison Syndicale de Lens.

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La Maison Syndicale

  Réélu à la Chambre lors des élections des 24 avril et 8 mai 1910 avec 15 739 voix contre 6210 à Rouzé, Basly serpente entre ses rôles de Maire de Lens et de député qui l'obligent à avoir de bonnes relations avec les notables comme les Directeurs des Compagnies Minières et le syndicalisme où il se doit de venir en aide et de soutenir les mineurs dans leurs revendications. La ville continue de se moderniser. L'Hôtel de Ville, qui a d'abord été agrandi avec l'achat par la ville de la ferme Roussel mitoyenne et la modification du perron...

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… a ensuite été démoli pour faire place à un nouveau bâtiment commencé en 1912 mais qui ne sera jamais terminé.

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