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samedi 17 août 2024

armoiries

 


  Je ne pouvais pas passer quelques jours sur les côtes du Pas de Calais sans m’arrêter à Berck et dormir une nuit à l’hôtel Régina, là où sont passées avant moi des centaines de familles de mineurs.

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L’hôtel Régina le 27 août 2001

  L’hôtel Régina, c’est toute une histoire à lui seul : des années 50 aux années 80, il faisait parti du patrimoine du pays minier. On le sent encore dès que l’on franchit la porte d’entrée.

  Ici, des mineurs sont passés, ici leurs traces subsistent.

 Certes, l’hôtel a changé, il s’est modernisé, c’est la logique des choses. Mais il conserve et conservera longtemps encore, j’espère, des traces sa vie d’antan. 

 Dans le long couloir qui mène de la réception à la salle à manger, une galerie de photos rappellent l’opération ‘La Route des Mineurs’ du 12 juin dernier

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  Et dans le hall de l’ancienne entrée de l’hôtel, une exposition nous replonge dans les années 50. Une reproduction grandeur nature de trois mineurs jouant aux boules dans la cour de l’hôtel nous interpelle. L’un d’eux à la cigarette collée aux lèvres, du tabac brun, certainement roulé ! Comme celui qui devait enfumer la salle du bar lors des interminables parties de belote !

  Des panneaux présentent l’hôtel à cette époque, son personnel et relate son histoire. D’autres font découvrir aux novices ce qu’étaient les métiers de la mine.

  Mais c’est dans l’immense salle à manger que l’on ressent le plus les traces de nos anciens. La fresque murale n’est plus là, elle a été remplacée par des coquelicots. Il faut y aller prendre son petit déjeuner de bonne heure le matin, les jeunes clients dorment encore : cette heure là appartient aux gens qui ont toujours eu l’habitude de se lever tôt pour travailler. Les ouvriers ont aussi disparu, il ne reste que des retraités, en grande majorité des femmes seules, des veuves de mineur. On imagine aisément que la silicose y est pour quelque chose.

  On écoute et on se délecte, on replonge dans les années de notre jeunesse. L’accent du pays minier est obligatoire dans les conversations. Quelques mots du patois ch’ti aussi. Mis ce n’est pas ridicule, loin de là : ici, les phrases ne se terminent pas par ‘hein’. Ce n’est pas du patois de cinéma ! C’est le vrai langage des corons.

  Ici, on se dit ‘bonjour’, on se salue, on se parle. Les plus ‘alertes’ aident les moins valides : Aider, c’était le maître mot dans les corons !

  On imagine que ces hommes et ces femmes doivent avoir tant de choses à dire sur leur passé :  la vie dans les cités, les coups durs, les grèves et … les vacances à Berck ou à la Napoule !

  On les regarde : chaque visage nous fait penser à quelqu’un qu’on a connu : cette dame à notre ancienne voisine, cet homme au collègue de notre père, etc…

  On se dit que certainement, quelques uns de ces vieillards devaient avoir moins de vingt ans lors qu’ils ont vu le Régina pour la première fois. Ils devaient y être avec leurs parents ! Quelle fidélité ! Pas seulement à l’hôtel lui-même, mais à ce qu’il représente.

  Aucune tristesse ne transparait de leur visage, ils sont heureux d’être là, heureux de se retrouver entre ‘gens de la mine’….

  Alors, laissons les sans oublier de les saluer une dernière fois : ici, c’est chez eux …….


  La saison du RC Lens en Ligue 2 vient à peine de commencer que déjà on se pose des questions. Les premiers résultats ne sont guère encourageants en championnat : 3 défaites pour une victoire ! Et encore en ne rencontrant pas les favoris pour la montée.

  J’ai eu l’occasion de voir deux matches cette saison et je craignais que cette équipe soit faible : les résultats semblent le confirmer. Le but ‘tout fait’ raté par Edouardo qui tire à côté du ballon alors qu’il se trouve seul à un mètre du but est tout un symbole.

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  Qu’est donc devenu ce RCL si flamboyant d’il y a 10 ou 15 ans ? Que s’est il passé pour en arriver aussi bas ? Des erreurs, sûr mais lesquelles ? De casting surement : Guy Roux, Papin, Santini, Boloni pour les entraîneurs; Sidi Keita, Milosevic et d’autres pour les joueurs. De politique aussi : départ de jeunes talents sans qu’ils ne se soient pleinement exprimés à Lens : Assou Ekotto, Nolan Roux, etc… Mais aussi un manque de discipline et de respect du public surtout de la part de jeunes gens qui avaient le porte-feuille bien trop gros par rapport à la taille de leur cerveau !

  Gervais Martel a beaucoup fait pour le club, il s’y est investi personnellement. Trop, peut être ! Aujourd’hui, il reconnait s’être trompé mais ne possède plus le pouvoir de faire changer les choses. Aujourd’hui, le RCL appartient au Crédit Agricole qui a décidé que les recettes dues aux transferts réalisés (dont celui du jeune Varane pour 10 M d’Euros au Réal de Madrid) ne serviraient qu’à éponger le déficit et non à renforcer l’équipe comme l’avait espéré, cru et annoncé le Président presque déchu. Mais ce n’est plus lui qui décide ! Les quelques nouveaux joueurs n’ont rien coûté puisqu’ils étaient en fin de contrat et sans club.

   Le monde du football professionnel vit sur une planète qui n’est pas la notre. Ils se permettent tout alors que la misère règne de plus en plus autour d’eux sans qu’ils ne s’en aperçoivent. Les exemples de l’attitude des joueurs de l’équipe de france en 2010, le fric brassé par les nouveaux dirigeants du PSG, celui annoncé sans aucune pudeur par le Président de la FFF pour ‘indemniser’ Domenech le prouvent.

  Ce qui se passe aujourd’hui est trite pour le RCL mais aussi triste pour tous ses fidèles supporters. Il suffit de lire le livre de Marion Fontaine « Le Racing Club de Lens et les Gueules Noires » pour comprendre pourquoi ce club est ainsi encré indélébilement dans la vie lensoise; pour comprendre ce qu’il doit aux lensois et ce que les lensois lui doivent ! Le racing a la chance d’avoir les meilleurs supporters de France, qu’il en profite encore avant qu’il ne soit trop tard !

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  Je ne connais pas assez les rouages du monde professionnel et mon opinion n’est donc que celle d’un naïf triste de voir ce club dans cet état. J’espère que dans quelques temps, Bollaert vibrera à nouveau aux exploits des Sang et Or et que l’on entendra de nouveau dire « FIER D’ETRE LENSOIS’.

  ALLEZ LENS




 Chaque ville peut posséder ses armoiries mais la loi ne permet pas de faire n’importe quoi. Le blason d’une commune doit être inspiré des sceaux qui étaient utilisés par les autorités lors des siècles passés et répondre à des normes bien précises pour être approuvé par l’Archiviste du Département de la commune.

Les premières armoiries dessinées à Lens semblent être celles de la famille de Lens qui possédèrent la Châtellerie de Lens dès 975 (avec Watier de Lens) suite au rattachement de l’Artois à la Flandre. Cette châtellerie existait déjà aux environs de l’an 900 est était tenue par des seigneurs féodaux qui dépendaient du châtelain. Son territoire s’étendait sur la majeure partie de la Gohelle. Au 10ème siècle, un châtelain de Flandre devenu chef d’une puissante famille prend le nom « de LENS ». Ils conserveront la châtellerie jusqu’en 1312 ( Jean IV de Lens) avant qu’elle ne passe à la maison de Récourt.

Les armes de la famille de Lens et donc de la châtellerie sont alors : ‘Ecartelé d’or et de sable’. (dictionnaire Historique et Archéologique du Pas de Calais – tome 3)

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De nombreuses villes du Pas de Calais comme Annequin, Sailly la Bourse, Neuve-Chapelle ou Camblain ont conservé dans leurs armoiries, des traces de la famille de Lens. Les anciennes armes d’Hulluch y faisaient aussi référence.

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Un acte de confirmation des possessions de la collégiale Notre Dame par le Comte Eustache prouve que la ville de Lens a déjà été créée en 1070 (Les origines urbaines de Lens en Artois Pierre Beuchère 1952).

Vers 1200, Lens possède un château mais reste un bastion militaire, un centre administratif de châtellenie et de baillage (endroit où l’on rend la justice). En 1228, un sceau du baillage de Lens reproduit le château. (Alfred Buquet – Lens, son passé, ses houillères).

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Entre 1300 et 1700, le sceau du baillage de la ville de Lens n’a pas beaucoup évolué. Le château est remplacé par sa représentation stylisée de 3 tours. Vers 1400, les fleurs de lis lui sont ajoutées et une herse est visible à la porte. Elle est remplacée vers 1700 par ‘le monde sommé d’une croisette’ avec comme légende ‘Lens en Artois’.(sceaux reproduits par Alfred Buquet – Lens, son passé, ses houillères).

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Les couleurs de l’écu de Lens ne sont pas clairement définies au 17ème siècle. Dans « Histoire des Villes de France » d’Aristide Guilbert, les armoiries de Lens sont ainsi définies : elles sont ‘de gueule au château d’argent cantonné de deux fleurs de lys de même’. Cela signifierait il que le fond du blason fut rouge comme le laisse entendre l’expression ‘de gueule’ ? Cependant vers 1650, dans les albums de De Croy, sur les gravures représentant la ville de Lens, l’écu est composé d’une seule tour de couleur rouge sur un fond argenté. Les deux fleurs de lys l’encadrent.

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A cette époque, les armoiries de la ville de Lens sont ainsi définies par Borel d’Hauteville dans son ‘Armoriel d’Artois’: ‘D’argent à la tour d’or, maçonné de sable et accostée de deux fleurs de lis aussi de sable’. C’est cet emblème qui semble être dessiné dans les albums de De Croy représentant la plaine de Lens bien que les couleurs ne soient pas tout à fait celles définies.

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Borel d’Hauteville décrit aussi les armes du corps des magistrats (l’Echevinage : regroupement de notables désignés pour rendre la justice et assurer la police de la ville): ‘d’azur à un château donjonné des trois tours d’or, garni de sa herse de même, et accosté de deux fleurs de lys, aussi d’or’. L. Danscoine dans monnaies, méreaux de la ville et de l’arrondissement de Béthune, en 1859, confirme cette définition comme étant celle des armes de la ville de Lens en souvenir de la maison royale et des princes ‘de première race’ de l’époque mérovingienne. C’est donc certainement dans la seconde moitié du 17ème siècle que la ville de Lens prit définitivement comme armoiries celles du corps des magistrats.

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Vers 1700 donc, la herse de la porte disparaît au profit d’une représentation de la terre et d’une croix. La définition des armoiries de la ville sont ainsi définies : ‘D’azur au château formé d’une grosse tour, crénelée, ajourée et ouverte, l’ouverture coulissée et chargée d’un monde sommé d’une croisette; la grosse tour flanquée de deux autres plus petites aussi crénelées, ajourées et ouvertes, le tout d’or; le château accosté de deux fleurs de lis aussi d’or’.

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  Après la révolution de 1789, la ‘commune’ de Lens utilisa, pour les en-tête de ses documents officiels une gravure d’un certain Lepagelet (Bulletin de la Commission Départementale des Monuments Historiques de 1909).

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  Cette vignette représente un palmier coiffé du bonnet phrygien et deux citoyensqui se serrent la main. La devise inscrite est : ‘L’Egalité fait la Liberté’ comme le démontre cet extrait du bulletin :

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Après la première guerre mondiale au cours de laquelle la ville de Lens a atrocement souffert, la croix de Chevalier de la Légion d’Honneur (décret du 30 août 1919) et la croix de guerre 1914-1918 avec palme (décret du 30 août 1919) ont été décernées à la ville. Elles ont alors pris place sur les dessins représentant les armoiries.

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En 1927, le blason utilisé pour l’affiche annonçant l’inauguration de la gare est plutôt fantaisiste et n’a rien d’officiel.

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 Il faut dire que bien souvent, lorsqu’on voulait représenter Lens par un logo, on pensait plutôt aux Mines de charbon qu’au blason de la ville comme sur cette oblitération pour la Foire Commerciale de 1939.

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En 1948, la croix de guerre 1939-1945 avec palme (décision n° 79 du 11 novembre 1948) est attribuée à la ville de Lens, on dit alors que le blason ‘est timbré d’une couronne murale d’or et est soutenu par deux palmes de sinople posés en sautoir. A l’écu sont appendus les trois décorations’. Les palmes d’or symbolisent les victoires de la ville souvent détruite au cours des siècles et qui sut à chaque fois se relever; elles représentent le chêne, symbole de la force et l’olivier, la paix. Les quatre tours servant de couronne symbolisent la ville lorsqu’elle était fortifiée.

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Cette version officielle, adoptée par décision du Conseil Municipal le 5 novembre 1951 a été dessinée par Robert Louis, dessinateur symboliste des services officiels. Voici la même, en noir et blanc pour les documents et courriers de la ville :

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L’Histoire de Lens est enfin entièrement représentée dans ses armoiries :

  • la couronne de 4 tours pour la ville fortifiée qu’elle a été jusqu’au 17ème siècle

  • les palmes rappelle toutes les guerres subies par la ville

  • les trois tours, le château où siégaient la châtellenie et le baillage

  • les fleurs de lis, la maison royale

  • les croix les citations reçues par la ville après les deux guerres mondiales

La définition officielle des armoiries de la ville devint la suivante :

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Une autre version fut soumise au Conseil Municipal en 1945. Elle avait été réalisée par le Docteur Bourriau mais a été refusée certainement parce qu’elle ne représentait pas assez la ville et n’était pas conforme aux règles de la reproduction des armoiries.

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Cependant, différentes versions ‘moins officielles’ de la représentation des armoiries de Lens ont existé.

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Dans les années 70, le blason du Racing Club de Lens qui, jusque là, ne comportait qu’une lampe de mineur prend en compte son rapprochement avec la municipalité en y ajoutant une partie des armoiries de la ville.

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Les armoiries de la ville représentées sur les cartes postales étaient très à la mode dans les années 60/70

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Mais dans ce cas, il faut vérifier ses sources et ne pas faire comme sur celle ci. C’est le blason du Département du Nord qui illustre les photos de Lens !

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Les armoiries ont également souvent été représentées en philatélie.

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Un timbre de collection a été émis en 1970. Il représente les chevalets des mines de Lens, une lampe de mineur et ses outils ainsi que le blason simplifié de la ville.

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Lors de la mode des pin’s, les armoiries furent également souvent utilisées par les associations.

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Bien sur, les armoiries de la ville ont aussi toujours figuré sur les fanions et instruments de l’harmonie Municipale.

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Il y a peu, le Conseil Municipal a décidé de changer le logo de la ville pour le moderniser : les couleurs bleues et jaunes de la ville ont disparu, le château aussi. C’est un autre style !!!

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decrombecque

 


   Qu’évoque le nom de Decrombecque pour les lensois d’aujourd’hui ? Une rue qui donne sur le Boulevard Basly pour beaucoup ? Une statue qui se trouvait Place du Cantin avant la première guerre pour quelques uns ? Mais très peu connaissent la véritable histoire de Guislain Decrombecque, le défricheur de la plaine de Lens.

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  Au début du 19ème siècle, Lens n’était qu’un petit bourg d’environ 2500 habitants, essentiellement rural ne vivant que par la culture de quelques céréales. La terre est pauvre autour de la ville. Ne dit on pas alors : «Quand un lièvre veut traverser le riez (nom donné à la plaine de la Gohelle), il doit garnir sa besace». Guislain Decrombecque a trois ans au début du siècle: il est né à Lens, rue des Sans-culottes le 17 décembre 1797 (le 28 frimaire de l’an VI comme le disait alors le calendrier révolutionnaire).

  Vers 1810, son père, Maître des Postes, lui ordonne de quitter le lycée où il est pensionnaire pour rejoindre l’entreprise familiale. Dès 1816, il prend la suite de l’activité, hébergeant ainsi les voyageurs et soignant les chevaux faisant escale dans ses écuries. Il s’occupe également de la petite exploitation agricole.

  A son mariage en 1821 avec Sabine ROUSSEL, Lensoise d’origine et fille d’un marchand de vin, il possède 75 ares de labour du côté de la Route de Douai, près de la Deûle. De ce mariage naîtront 10 enfants. En 1932, il cesse son activité de Maître des Postes, celle-ci déclinant avec l’arrivée du chemin de fer et se consacre exclusivement à l’agriculture. ‘Ils seront un jour millionnaires‘ disait du couple le père Decrombecque. La ferme se trouve derrière l’église Saint Leger, à l’angle des actuelles rues Diderot et de Varsovie.

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   Pour se développer, Guislain Decrombecque a besoin de terrains. Dès 1832, il lorgne sur le cimetière de Lens situé près de l’hospice et mitoyen à ses terres. Pour cela, il entre en conflit avec la municipalité d’alors et use de divers stratagèmes comme écrire au préfet pour dénoncer l’insalubrité des lieux et le risque de contamination. En 1841, Decrombecque perd ce conflit : l’hospice devient le propriétaire du terrain et le cimetière est déplacé à son emplacement actuel Route de Douai. (Voir sur ce sujet, l’excellent dossier de Gauheria n°71 de décembre 2009 : Le cimetière de Lens de Christophe Lefevre).

  En 1836, jugeant qu’il faut joindre l’industrialisation à la production et constatant le nombre grandissant de sucreries dans le Pas de Calais (18 en 1828, 103 en 1838), il en ouvre une à Lens qui peut traiter 175 tonnes de betteraves. Betterave d’ailleurs qu’il utilise au maximum, recyclant les feuilles, la pulpe et la mélasse qu’il mélange au fourrage pour nourrir ses animaux. Il ne cessera d’élargir ses activités. A sa ferme, il ajoute alors plusieurs ateliers et industries annexes. En 1868, il possède : la sucrerie, une distillerie, un moulin à farine, un atelier de maréchal ferrant, une boucherie, un four à chaux, une briqueterie, etc…).

Grand cultivateur, il entreprend d’assécher les marais autour de Lens. Il utilise des méthodes nouvelles et audacieuses pour l’époque (utilisation d’engrais conçu sur place avec des cendres de houilles, de l’argile, des terres des dépôts de betteraves, du tourteau, du sang des abattoirs, et même des «déjections solides et liquides provenant du personnel de la ferme et de la sucrerie» selon le rapport de MM. Payen et Pommier à la Société Nationale d’Agriculture en 1849). En peu de temps, la terre stérile des marais lensois devient une terre riche et excellente pour la culture. Il modifie les règles de l’assolement, il laboure plus profond. Sa notoriété va grandissant et il est surnommé : « Le défricheur de la plaine de Lens« . Il est très souvent cité ou pris en exemple dans de nombreuses revues agricoles, vétérinaires ou chimiques tant pour ses méthodes de culture que pour la qualité de son élevage.

   Pour cela, il trouve facilement de la main d’œuvre : Lens n’est pas encore le Pays Minier qu’il deviendra. ‘Des hommes inoccupés encombrent nos villes tandis que nos campagnes manquent de travailleurs‘ (rapport de Payen et Paumier). Il emploiera jusque 2000 ouvriers pour l’ensemble de ses activités (culture et dérivés). Ouvriers et ouvrières qu’il sait récompenser ou punir. ‘M. Decrombecque surveille lui-même très attentivement tous les travaux dans ses fermes et ses fabriques. Il examine comment chacun exécute ses ordres… Dans ses visites à des heures différentes, on le voit noter avec soin tout ce qu’il observe. Il signale à leur intention tout ce qu’il remarque d’utile ou de défavorable. Lorsqu’on assiste à la paie, à mesure que chaque ouvrier -homme, femme, enfant- se présente pour recevoir le fruit de son travail, on remarque chez les uns une certaine inquiétude, chez les autres un air de satisfaction… C’est qu’effectivement, chez M. Decrombecque, une uniformité n’existe pas dans les salaires : ceux qui ont rendu service sont notés et leurs efforts se résument à la fin de la quinzaine en deniers comptans’ (La Revue des Deux Monde, tome 1-1856). Cette paie au mérite ne plaira pas, bien sur, à tout le monde à tel point que le ‘Journal Syndical’ de tendance anarchiste le surnommera ‘l’Exploiteur Agricole’.

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  Le 10 septembre 1846, dans une conjoncture politique très perturbée, Guislain Decrombecque devient Maire de Lens, succédant ainsi à son grand-père (Maire de la ville en 1793). Il conservera ses fonctions 19 ans (jusqu’au 29 septembre 1865). C’est le tout début de l’ère du charbon à Lens avec l’arrivée de nombreux ouvriers qui ne tardent pas à se fédérer. En 1849, il adhère dès sa création à ‘l’Association du Pas de Calais contre la propagande socialiste’. La même année, il reçoit la médaille d’Or de la Société Nationale d’Agriculture.

  Le 7 novembre 1849, il est fait Chevalier de la Légion d’Honneur. Il sera élevé au grade d’Officier le 29 décembre 1867, sa rosette lui sera remise par l’Empereur lui-même.

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  L’an 1852, c’est à la fois le rétablissement de l’Empire et la création des Mines de Lens. Decrombeque voit Lens s’agrandir à une vitesse vertigineuse, de nombreux chevalets apparaître tout autour de la ville et le nombre des administrés explose (2500 en 1846, 5700 en 1865) car de nombreux ouvriers sont attirés par cette nouvelle activité qu’est l’exploitation charbonnière.

  En 1853, la notoriété de Guislain Decrombecque est telle que le poète artésien Frumence Duchemin compose en son honneur une ode intitulée ‘Le Roi de la Plaine’ qui est publiée dans le journal ‘Le progrès du Pas de Calais’. (source ‘Lens de A à Z’ de Jérôme Janicki aux Editions Allan Sutton)

  Le 23 Novembre 1854, la Cour Impériale de Douai, jugeant en appel, condamne G. Decrombecque à payer 60 000 francs de l’époque de dommages et intérêts à un certain Lefebvre, pour non respect d’un contrat de vente de mélasse de betterave. Ceci ne l’empêchera pas d’être confirmé à son poste de Maire par Napoléon III en 1860.

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  En 1855, à l’exposition universelle de Londres, il est reconnu comme l’un des meilleurs agriculteurs français et reçoit le Grand Prix d’Honneur.

  En 1856, le ‘Journal d’agriculture pratique‘ par un reportage d’un certain Bouscasse vante les méthodes de l’agriculteur lensois pour nourrir son cheptel par un système de nourriture fermentée et hachée à base de fourrage broyé mélangé à de la mélasse de betteraves. Un schéma du bâtiment et un plan des cuves illustrent cet article dans lequel il est précisé que Decrombecque n’achète que des chevaux de trait «malades et poussifs» et qui, grâce à cette méthode, les remet sur pied en mois de 3 mois

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   Vers 1858, il est l’un des premiers en France à introduire le labourage à vapeur. Pour cela, il n’hésite pas à acheter ses engins à l’étranger (un rouleau brise-mottes en Angleterre, une herse en Norvège …). mais il utilise aussi des machines imaginées par lui, fabriquées et réparées dans ses ateliers comme les rouleaux dentés de différentes tailles selon le type de labourage désiré ou le plantoir à betteraves ci-dessous.

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  En 1859, son exploitation représente 250 hectares répartis sur 16 communes, 25 chevaux de trait et 30 boeufs de labour 300 vaches d’élevage 200 à 400 moutons.

  En 1861, c’est le décès de son épouse Sabine. ‘Une ménagère laborieuse, intelligente, douce aux serviteurs mais exigeant de chacun le devoir, et en donnant l’exemple’ (Journal du droit administratif 1860).

  En 1862, il reçoit la Prime d’Honneur du Département décernée par l’Empire. A cette époque, il cultive surtout la betterave (184 hectares), mais aussi le blé (85), l’avoine (50) et l’orge (14) aux quels il faut ajouter 19 hectares de prairies. Dans son rapport à l’empereur, le Ministre de l’Agriculture, Eugène ROUHER, conclue : «Chez Monsieur Decrombecque, le cultivateur intelligent se complète pat l’industriel habile».

  En 1865, après les élections qui ont vu la lourde défaite du gouvernement mis en place par Napoléon III, il crée avec François Brasme, député et propriétaire de la sucrerie de Bully-Grenay ‘Le cercle agricole du Pas de Calais’ (association républicaine) dont le but est ‘d’unir les forces agricoles de ce département‘ (Bulletin de la Société des Agriculteurs de France 1869).

  En 1867, il écrit dans «La Gazette du village» un article vantant les mérites des ‘cultures en billons’. Pour illustrer son article, il publie un dessin de ses semoirs et de la herse qu’il utilise.

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  C’est cette année là que Guislain Decrombecque verra son travail récompensé et sa notoriété atteindre son apogée. A l’Exposition Universelle de Paris où il présente son matériel, il est désigné Premier Agriculteur du Monde et reçoit le Grand Prix International d’Agriculture. Pour cela, on lui décerne un objet d’art créé par le sculpteur Charles Gumery : ‘L’Agriculture Glorieuse’.

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  En 1868, il s’étend sur 450 hectares. Outre la Ferme de Lens, (située entre la Route de Douai et la rue Etienne Dollet), il en exploite 4 autres : l’ex-ferme Rohart à Avion, Le Bois Rigaut, Le Bois de Lens et la ferme de la Folie à Vimy. À Béthune, lors d’un banquet organisé en son honneur, le Préfet prend la parole pour lui adresser des louanges.

  En 1869, il reçoit la Prime d’honneur des fermes écoles lors du concours national.

  1870, c’est la guerre entre la France et la Prusse. Pour palier au manque de numéraires, Decrombecque émet des billets de confiance qu’il garanti par des placements effectués dans une banque de Bordeaux. Sa monnaie est acceptée par les commerçants de Lens et des environs.

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    A la fin de l’année 1870, alors que le pays est toujours en guerre, Guislain Decrombecque s’éteint dans sa ferme de Lens. L’un de ses fils prend la suite de ses activités. Il décèdera en 1880 laissant à son beau-frère Jules Hugot, époux de sa soeur Olive, la direction des entreprises.

  Guislain Decrombecque, sorti du lycée alors qu’il n’avait pas encore 14 ans, décida sur le tard de se remettre à étudier. C’est son ami François Frasme qui le citera dans son projet de loi sur l’enseignement agricole en 1876 : ‘Quand, dans ma culture, j’ai été au bout de la pratique et de la meilleure connue, avide de faire mieux, je me suis mis à étudier. J’ai bientôt trouvé un nouveau champs d’activité et j’ai plus avancé en quelques années que je n’avais fait de toute ma vie.’ Et d’ajouter :’Faites étudier vos enfants car c’est un pauvre métier que l’agriculture réduite à elle-même. La science, seule peut la sauver‘ (Anales de l’Institut National Agronomique 1876).

  Le 26 avril 1890, est créée la S.A. des Etablissements Industriels et Agricoles Decrombecque dotée un capital de 800 000 francs qui exploite pour une durée de 18 ans le domaine laissé en héritage à ses enfants. Elle est liquidée en 1909 : la Société des Mines de Lens devient propriétaire des Etablissements Decrombecque. Le matériel de la société est mis en vente.

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  Sur la photo ci-dessous de la rue Diderot vers 1900, la grande demeure que l’on voit à l’arrière plan qui se situait au n°1 de la rue de Douai devait être le logement de la ferme. Après 1909, elle deviendra la maison de des Directeurs des Mines de Lens et sera habitée par Elie Remaux.

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  En 1903, un journal humoristique, ‘Le Glaneur Lensois’ publie en couverture une image de Decrombecque ‘semant le progrès’. Dans le fond, on aperçoit le monument érigé sa en mémoire.

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  Construit en 1901, ce monument, situé sur la Place du Cantin, vers la Route de Lille est remis officiellement à la ville de Lens par M. Maseler, Président du Comité du Monument, le 12 juin 1905 devant une foule de 50 000 personnes. Sur le socle, l’écu de la ville de Lens est encadré d’épis de blé. Un homme, représentant un ouvrier de l’exploitation, semble saluer son patron tout en labourant avec une charrue tirée par un bœuf.

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  Le monument est inauguré par Emile Basly, Maire de Lens, en présence de Joseph Ruau, Ministre de l’Agriculture, Jean Bienvenu-Martin, Ministre de l’Instruction Publique et Jules Mousseron, le mineur-poète.

  Ci-dessous, un article du journal ‘l’Humanité’ du 13 juin relatant cet événement :

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  La statue sera détruite pendant la Première Guerre. Il n’en restera que le socle. Certains émettent l’hypothèse que le buste en bronze a été enlevé par les Allemands pour être refondu comme les cloches de l’église Saint Léger.

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  Le socle restera sur la place plusieurs années après la fin de la guerre.

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  En 1925, le sculpteur Auguste Lesieux réalise un projet pour reconstruire le monument à l’identique. Il doit être placé à l’entrée de Lens, à l’angle des routes d’Arras et de Liévin. Cet emplacement déplait aux descendants qui lui préfèrent le rond-point du Chapitre (Rond point Van Pelt aujourd’hui) plus près de l’emplacement de la ferme. Des problèmes financiers font aussi que le projet traine tant qu’il n’aboutira jamais. A la place prévue, on installera le monument en hommage à Emile Basly.

  Au début du XXème siècle, la ville de Lens donna le nom de Decrombecque à la rue du Petit Faubourg qui donne sur le Boulevard des Ecoles (Basly aujourd’hui). De nombreux anciens lensois connaissent bien cette rue pour être allé faire des achats chez ‘Marchand Frères’, commerce qui resta plus de 100 ans à la même place.

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  Pour finir, cette image datant de 1907 représentant sur un panorama les personnages qui, pour l’époque, ont marqué le plus l’histoire de Lens : Condé, Decrombecque et Edouard Bollaert.

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  A noter, la fille de Guislain Decrombecque, Aglaé, née en 1833, épousera en 1855 Constantin Tacquet. Ils eurent trois enfants dont un certain Léon Tacquet en 1858. Notaire, propriétaire de haras à Lens, le petit fils du grand cultivateur deviendra le gendre d’Elie Remaux, Directeur des Mines de Lens. Pendant la guerre 14-18, dans le Lens occupé il écrivit un journal qui sera publié dans un dossier de Gauheria en 2004