La colonie :
Dès 1949, 262 enfants lensois partirent en vacances au château de Grossouvre pour un séjour de 3 semaines. Pendant les 32 années suivantes, de nombreux autres lensois y passèrent d’agréables vacances au rythme de 450 à 500 par an.
La propriété fut aménagée d’année en année avec la création d’un grand parc de jeux avec terrain de football, la construction de quatre bâtiments servant de dortoirs pour les colons, d’un édifice regroupant administration, douches, cantines et infirmerie puis un peu plus tard d’une piscine en plein air.
Un journaliste rapporte en 1959 : « C’est au château de Grossouvre que chaque année, 500 à 550 jeunes lensois vont s’ébattre trois semaines durant dans un site merveilleux de verdure.
A l’orée du bois, une pancarte indique : »Colonie de vacances de la ville de Lens ». Une allée nous conduit au château. A ce moment des groupes de jeunes colons qui rentrent de promenade avec leur moniteur nous narguent en chantant : « 500 kilomètres à pied, ça use, ça use…. ». Bientôt tous les petits lensois se trouvent réunis en rangs pour nous souhaiter la bienvenue par des chants. Nous admirons leur bel ensemble : short bleu, chemisette jaune. » (NB : Ce sont les couleurs de la Ville de Lens).
Dans les années 60, un autre journaliste nordiste se rend à Grossouvre. Voici quelques extraits de son article :
« Pendant leur séjour à la colonie, les enfants … habitent dans quatre bâtiments neufs contenant les dortoirs. Les chambres, bien disposées et largement aérées sont séparées des installations sanitaires par un couloir discrètement éclairé la nuit. Ces dortoirs offrent aux enfants un réel bien-être dont beaucoup d’entre-eux, malheureusement, ne disposent pas chez eux. A l’entrée du domaine, les communs servent surtout à l’élevage des bêtes. Celles ci constituent une bonne réserve et ont l’avantage de consommer les déchets de cuisine.
Le Directeur de la colonie est responsable de la bonne marche de l’établissement. Il est tout à la fois économe, surveillent général, professeur d’éducation physique et de natation. Il est secondé par deux sous-directeurs chargés l’un de la discipline, l’autre de l’éducation physique.
Chaque journée se passe avec le dérouillage matinal suivi du petit déjeuner, la toilette, les chants et les sports. Le déjeuner est suivi d’une sieste obligatoire. Les activités de plein air tiennent la plus grande part dans l’emploi du temps. L’après midi est consacrée aux activités principales laissées à l’initiative des moniteurs ou monitrices (jeux d’initiation sportive, jeu de piste, natation, pêche, promenade en groupe). En cas de pluie, les enfants peuvent se livrer à des travaux manuels. Le soir, la veillée est constituée de séances de cinéma ou récréatives avec chants et danses folkloriques.
A 21 heures, tout le petit monde rejoint les dortoirs …
Le Berry est une région propice aux séjours de vacances : l’air y est pur et le soleil plus chaud que chez nous. Quel est le petit colon qui n’est pas rentré grossi ? Il est vrai que la nourriture y est saine et abondante. La gymnastique et les sports contribuent à développer physiquement les enfants. L’esprit de camaraderie se développe… Même la discipline est source de profit… Le moniteur est à la fois éducateur et animateur. De ce fait, les sanctions corporelles sont interdites.
La colonie de Grossouvre est une remarquable entreprise : son importance est appelée à croître chaque année.
La fête de clôture a lieu chaque année à la fin des vacances en la salle de l’Apollo à Lens. »
Mes souvenirs :
Pour ma part, je suis allé 6 fois comme colon à Grossouvre de 1958 à 1964 environ. Je ne me souviens plus des « uniformes jaunes et bleus ». Peut être que cette tenue n’était utilisées que pour les grandes occasions ? Les groupes étaient composés d’une dizaine d’enfants classés par âge. A mon époque, ils étaient appelés simplement par une lettre et un chiffre, par exemple les A1 pour les plus âgés.
Pour le sport, nous disposions d’une aire de jeux, d’un terrain de football qu’il fallait rejoindre en traversant la forêt et d’une piscine en plein air devant les dortoirs.
Dans le programme de la journée relaté par le journaliste ci-dessus, il faut ajouter au moins une fois par semaine le courrier obligatoire aux parents. Les moniteurs étant chargés de vérifier ce qui était écrit, pas seulement pour corriger les fautes d’orthographe, je présume.
Il y avait aussi la traditionnelle sortie à l’église de Grossouvre le dimanche pour ceux dont les parents avaient inscrits leurs enfants à la messe et la visite le dernier jour dans l’un des rares magasins du village pour ramener un précieux souvenir de notre séjour. Le commerçant été réglé par notre moniteur à qui nous remettions notre cagnotte au début de la session.
Un groupe au début des années 60. Cherchez bien sous les casquettes si vous reconnaissez quelqu’un
Les chants :
A mon époque, le chant, c’était en fin d’après midi, juste avant le repas du soir. Plusieurs groupes du même age se retrouvaient assis sur les marches devant le château, face au petit bassin rond.
Et là, on apprenait des chansons traditionnelles (Dans la forêt lointaine, Dedans ma chaumière, Nous marchons dans la nuit profonde..). Souvent il fallait chanter « en canon », c’est à dire qu’une partie chantait un couplet en même temps que l’autre chantait le refrain.
Il y avait aussi les chansons « Spéciales Grossouvre ». J’ai fait travailler la mémoire de ma grande soeur Claudine pour en retrouver les textes, Elle n’en a pas dormi de la nuit, la pauvre mais elle en a retrouvé la plus grande partie.
La Colonie :
En colonie de vacances,les petits lensois
Partent plein d’espérance
On comprend pourquoi
C’est le château de Grossouvre
Qui les a conquis
Refrain :
Le coeur plein d’espoir et la chanson toujours aux lèvres
Ils s’en vont joyeux vers le beau pays du Berry
2ème couplet :
A l’arrivée quel délire, quel débordement
Ce ne sont que cris,
que rires, moments affolants
C’est le château de Grossouvre
qui les a conquis
La natation :
1 et 2, 3, 4
1 et 2, 3, 4
Nous aimons bien la natation
C’est un sport idéal pour colons
Nous voulons savoir nager
Brasser, Crawler et plonger
Et nous y réussirons
Avant la fin de la saison
Nous revenons d’Grossouvre
Nous revenons d’Grossouvre,
Village bérrichon
Entre Nevers et Bourges
Et pas loin de Vierzon
Et nous rapportons
Dans nos pays miniers
Un peu du vieil accent
Du pays nivernois
Nous avons pendant 20 jours
Joué à l’ombre des tours
Et nous sommes revenus ravis
De la colonie du Berry
Et si vous nous enviez
Nos belles pommettes rouges
Faites donc comme nous
Venez tous à Grossouvre
Vous y verrez mêler
Dans un cadre charmant
L’ombre des chevaliers
Aux rires des enfants
Pour ma part, je me souviens de celle-ci, un peu partisane tout de même :
On est heureux comme des poissons dans l’eau
Au château de Grossouvre
Château construit en plein coeur du Berry
Le château de Grossouve
Vive monsieur l’Maire
Ses conseillers,
D’avoir pensé à nous y envoyer …
Claudine m’a dit que beaucoup de ces chansons ont été écrites par Monsieur Saintober, qui devait être aussi le Directeur de la colonie à une certaine époque. Si ce nom vous dit quelque chose, n’hésitez pas à écrire vos commentaires.
La fin :
En 1982, la Ville de Lens quittait le château de Grossouvre et choisit la montagne savoyarde pour les enfants.
Le domaine resta en vente 6 ans : le coût de la réhabilitation du château freinait les éventuels acquéreurs. Enfin, le 4 juillet 1988, M. et Mme BASQUES achetèrent le domaine, non pas pour le château mais pour les installations avec le projet d’en faire un site touristique.
Aujourd’hui :
Le château est maintenant la propriété de Mr Chevaux et de Mme Lesches. Contrairement aux anciens propriétaires qui considéraient le château comme une verrue à l’intérieur d’un projet de centre de loisirs, ils ont magnifiquement rénové le chateau et ses alentours.
Les anciens dortoirs ont été vendus et sont devenus des résidences privées et de nombreux travaux ont été réalisés à l’intérieur du domaine a été créé un gite.
Si vous voulez passer quelques jours dans ce domaine plein de souvenirs pour les jeunes lensois, vous pouvez appeler les propriétaires au 02 48 74 09 32.
Je remercie aussi les charmantes personnes qui m’ont aidé à rédiger cet article à la Mairie et au château de Grossouvre ainsi que le service Archives et Documentation de la Ville de Lens.
Les Retrouvailles après 38 ans !
38 ans !!! Ca faisait 38 ans que l’on ne s’était pas vu. Et grace à Internet et à Copains d’avant, nous nous sommes retrouvés. Chacun a eu sa vie, ses joies, ses malheurs et chacun était parti sur sa route.
Certe, nous nous étions recherchés, nous qui au tout début des années 70 étions inséparables ! Mais rien n’y faisait. Et puis là, on s’inscrit tous les deux sur Copains d’Avant et … c’est le miracle. Chez les ch’tis, le temps ne peut effacer l’amitié !
On a alors décidé de passer un week end ensemble. Formidable : que de souvenirs nous sont revenus en tête, notre jeunesse, nos « conneries », nous qui tout en travaillant avec sérieux, aimions nous amuser et faire la fête. Il a la mémoire des noms, moi celle des visages et à chaque fois qu’il prononçait un nom, une petite lumière s’allumait dans ma mémoire. On s’est presque tout dit mais comme on ne peut narrer 38 ans de vies en un seul wek end, on a décidé de se revoir ….. mais pas dans 38 ans : on n’a plus le temps !
Les traits se sont marqués, les corps se sont arrondis, les cheveux (ceux qui restent) ont changé de couleur mais le plaisir de se retrouver a été immense.
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