Pour beaucoup dans les corons artésiens, la télévision était synonyme de Bouvigny-Boyeffle. Érigé en 1958, ce grand émetteur de plus de 300 mètres remplaçait pour la région celui installé sur le beffroi de Lille.
Le premier émetteur restera jusqu’en 1989
Télé Lille, c’était un peu l’ancêtre de FR3 Nord-Picardie. Installé Boulevard de la Liberté à Lille, la Direction Régionale de la Radiodiffusion Télévision Française (RTF) diffusait chaque jour sauf le dimanche des émissions de variété à 12h30 et le journal régional à 13h30
Direct sur le plateau de Télé Lille (photo RTF parue dans Notre Mine)
Mais l’émission la plus regardée était sans aucun doute le « Magasine du Mineur ».
En octobre 1959, un dénommé Léopold SIMONS présenta la maquette d’une nouvelle émission : « Le magazine du Mineur ». C’était la première fois qu’une émission est émise spécialement pour une catégorie professionnelle. Diffusée un dimanche par mois à 13h30, ce magazine a réussi à obtenir de la RTF l’autorisation d’un décrochage du programme national présenté pourtant par un certain Jean Nohain !
Le magazine étaitcomposé d’un mélange d’informations et de variétés présentées par Christine Rabiéga et Michel Chastant.
Michel Chastant (à gauche)
La speakerine de Télé Lille Christiane Rabiéga
Il abordait des sujets comme la colombophilie, les peintres ou poêtes mineurs, le sport bien sur (avec le RCL et l’Etoile d’Oignies), les fêtes de Sainte Barbe, les variétés avec des chanteurs ou groupes locaux, les vacances des mineurs à Berck ou La Napoule et les reportages sur les houillères : formation des jeunes, histoire avec la « mine à papa », reportages au fond, etc
Un groupe folklorique Polonais dans le magazine
Une équipe de tournage descend « au fond »
La grande figure du Magazine des Mineurs était Léopold Simons, connu par tous sous le seul nom de « SIMONS ». D’abord simple présentateur, il en devint rapidement la vedette avec ses nombreux sketches patoisants qui s’adaptaient au thème de l’émission du jour.
SIMONS dans l’un de ses nombreux sketches
Cependant, l’émission était sous sous le contrôle étroit des Houillères (la RTF est la télévision d’Etat) jusqu’au choix des artistes invités. Il n’est pas question d’aborder les accidents, la silicose et les mouvements sociaux. Le “Magazine” ne parle pas de l’une des plus longues grève des mineurs en mars 1963 et il ne sera pas diffusé en avril. En juin 1963 devait être diffusé un numéro consacré à “Germinal” et au tournage du film d’Yves Allegret. Mais le sujet est sans doute trop brûlant pour la RTF suite aux grèves récentes : le sujet est abandonné et remplacé par un autre sur les progrès et à la modernisation afin de prouver que le temps de “Germinal” est révolu.
Il n’y aura pas de diffusion non plus en juin 1968.
La mire remplaça les programmes de mai 68
A partir de septembre 1967, Simons n’intervient plus dans l’émission. En 71, l’émission passe au samedi à 13h30. C’est le début de la fin : l’audience chute et à la fin de sa 110ème émission, le 29 mai 1972, le Magazine du Mineur s’arrête définitivement.
Réclames parues dans Notre Mine dans les années 60
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