Le canal de Lens
Au début du 16ème siècle, le canal de la Deûle fut prolongé jusque Courrières en passant par Pont-à-Vendin. L’acte d’ouverture du canal de Lens à Lille fut signé en 1520 par Antoine Le Censier, échevin. A l’époque, on y transportait de la tourbe, des grains et des bestiaux.
En 1587, on trouve des traces d’écrits sur le canal dans les délibérations de l’échevinage de Lens (sorte de juridiction municipale), il était alors alimenté par les marais. Les échevins de Lens percevaient un droit de péage en échange de l’entretien du rivage du canal.
Au Nord-Est de Lens, le canal de la Souchez (aussi appelé canal de Lens à la Deûle) n’était autre que la rivière du même nom dont le lit avait été redressé à partir d’Eleu-dit-Leauwette.
A l’époque, le canal faisait tourner quatre moulins de Lens : Peskebeuf, la Poterne, Mollaines et Arondelle.
Ce plan de 1648 montre (en bleu) le canl de la Souchez qui se jette dans les marais de Harnes.
Mais trop mal entretenu, il n’est plus utilisé et est comblé en 1791. Son emplacement partagé entre les riverains
Avec la découverte du charbon et l’essor des compagnies minières, un nouveau canal devient une nécessité. Le 2 août 1881, un décret autorise le creusement d’un canal à la demande du conseil municipal et de la compagnie des mines de Liévin.
En 1886, il prolonge jusqu’au pont d’Eleu le canal de la Souchez qui avait été concédé aux Mines de Courrières en 1860.
En 1898, 557 000 tonnes de marchandises ont transité par le canal.
Le canal de Lens comportait 4 écluses avait un mouillage de 2,20 mètres
Pour franchir la Route de Douai et se rendre à Sallaumines, un pont fut construit auprès de l’ écluse n°1. Il sera détruit pendant la première guerre mondiale. A noter qu’au 11ème siècle, un pont avait déjà été édifié à cet endroit près de la Porte de Douai lorsque Lens construisit ses remparts. Il évitait aux lensois de « tant se salir pour joindre Salleau » selon une expression de l’époque.
Les péniches disposaient d’un quai de déchargement pour, par exemple, les matériaux de construction destinés aux Mines…
… et d’un quai d’embarquement pour les charbons venant des Mines de Liévin.
Mais les rives du canal étaient aussi un lieu de promenade par un raccourci entre les rues d’Avion et de Douai.
Cette carte est prise de la rue des Jardins, on y voit le grand tourillon de la brasserie.
Sur cette autre image, on aperçoit les travaux d’extension du quai de déchargement et une vue sur la place de la République dont l’un des côtés n’est pas encore bâti.
Au sud de Lens, le canal passe sous la route d’Avion qui mène à la cité des Cheminots …
… et sous les voies de chemin de fer de la Compagnie du Nord.
A hauteur d’Eleu-dit-Leauwette, se trouvait l’extrémité du canal de Lens. Les péniches pouvaient y faire demi-tour.
Apres la 1ère guerre mondiale, le canal est en piteux état :
14 ponts ou passerelles et 3 écluses sont détruits. 240 ouvriers sont employés à sa restauration.
Le canal est réouvert partiellement en 1920 et totalement le 1er février 1922. En 1923, les ponts de la Compagnie des Chemins de Fer du Nord sont terminés.
En 1927, le Pont de la Route Nationale 43 dit Pont de Douai est terminé. C’est un Pont Métallique de 27 mètres d’ouverture
Cette année là, le canal draine 1 434 000 tonnes et 5209 chargements de péniches ont été réalisés.
Mais le canal sert aussi de lieu de loisirs. En 1930, l’USOL (Union Sportive Ouvrière Lensoise) organise le 20 juillet sa 1ère fête nautique et crée la « Traversée de Lens à la nage ». Au cours de cette fête, d’autres épreuves sont inscrites entre le Pont de Douai et l’écluse: exercice de sauvetage, concours de plongeon, courses de vitesse. Les spectateurs sont installés sur 500 chaises réparties sur les deux rives du canal
Autre club, le CNL (Club nautique lensois) est créé en 1930, organise sa 1ère fête le 14 septembre 1930 : match de water polo mais aussi des jeux qui auraient pu inspirer Guy Lux pour Interville : mât de cocagne sur l’eau, traversée du canal avec cochon.
Pour les ducasses de quartier, était organisées des joutes très appréciées des lensois.
En 1932, M. Goutte, directeur des Pingouins Lensois (issus de la fusion entre les Dauphins et l’Union nautique lensoise), crée une école de natation.
En 1934, une piscine est inaugurée le long du canal, près de Pont de Douai. Elle comportait 3 bassins, des gradins pouvant accueillir 800 spectateurs, 130 cabines et des plages gazonnées.
En 1943, un arrêté déclare urgents et d’utilité publique les travaux d’aménagement du canal de Lens nécessaires au maintien de la navigabilité. Ces travaux d’abaissement du plan d’eau sont entrepris de 1948 à 1953 et la navigation est suspendue. Une nouvelle écluse est construite et la navigation est à nouveau possible en février 1953.
Quelques années plus tard, le canal est devenu un véritable égout à ciel ouvert ; les eaux provenant des abattoirs municipaux, les eaux pluviales et ménagères y sont déversées.
Dès 1962, le conseil municipal émet le vœu de supprimer le canal. Un décret du 19 avril 1968 stipule que le canal de Lens est finalement rayé de la nomenclature des voies navigables. En 1974, la Souchez est canalisée sous terre dans d’énormes conduits en béton afin de laisser la place en surface, à la rocade sud qui emprunte le lit de l’ancien canal. La rocade minière sud est mise en service en 1976.
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