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dimanche 28 janvier 2024

Les maires de Lens du 20ème siècle : André Delelis

 

Les maires de Lens du 20ème siècle : André Delelis

De Cauchy-à-la-Tour à la mairie de Lens :

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   André Delelis a été le Maire de Lens qui est resté le plus longtemps dans le fauteuil de premier magistrat. Elu en 1966 après le décès d'Ernest Schaffner, il dirige la ville jusqu'à ce qu'il prenne la décision de présenter sa démission le 14 octobre 1998, soit 32 ans plus tard.

André Delelis est né le 23 mai 1924 à 5 heures à Cauchy-à-la-Tour, alors petite commune de 350 habitants proche d'Auchel. Dans les archives en ligne du Pas de Calais, on trouve dans les recensements de 1911 que son père, Eusèbe Delelis, né le 8 septembre 1893, est mineur de fond. Selon certaines sources, il était militant de base à la SFIO. La mère d'André Delelis, née le 22 avril 1903, avait pour nom de jeune fille Lucienne Flahaut et tenait une épicerie à Cauchy. Il avait une sœur ainée prénommée Renée.

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André Delelis a été élevé dans l’atmosphère de la mine : ses deux grands-pères, son père et son oncle furent mineurs. Son grand-père paternel, François Delelis, originaire de Nédonchel (62), travailla à la fosse 1 de La Clarence avec ses fils Eusèbe (le père d'André) et Ulysse. Tous trois connurent donc la catastrophe de 1912 qui, dans ce puits, coûta la vie à 79 mineurs. Son grand père maternel, René Flahaut, né en 1874, travaillait à la Compagnie des Mines de Ferfay (qui fut rachetée par celle de Marles en 1925) et fut Maire de Cauchy-à-la-Tour de 1919 à 1929, période à laquelle le père d'André Delelis devint Secrétaire de Mairie dans cette commune.

Elevé dans un athéisme total, le jeune André suit les cours de l'école primaire de Cauchy et s’intéresse très jeune à la politique puisqu'il possède une carte aux Jeunesses Socialistes dès l'âge de 11 ans avant même d'obtenir son certificat d'études primaires en 1936. Il entre ensuite en secondaire au collège d'Auchel. Durant son adolescence, il connait le Front Populaire et ses effets sur la population ouvrière (l'école obligatoire jusqu'à l'âge de 14 ans, la reconnaissance du syndicalisme, les congés payés,....). La Seconde Guerre Mondiale l’empêchera d’obtenir le Brevet Elementaire.

Dès son plus jeune âge, André Delelis se passionne pour le football. Il y joue à Cauchy-à-la-Tour et devient même Secrétaire du Sous-District de Football de Norrent-Fontes en 1942.

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    Lors de la seconde guerre mondiale, il est arrêté par les Allemands le 13 juillet 1942 en même temps que ses parents et sa sœur. Alors que lui-même est libéré après une journée en cellule, le reste de sa famille est déporté en Allemagne.

    Le futur maire de Lens épouse le 1er mai 1944 à Auchel, Mademoiselle Suzanne Soupart (née le 14 septembre 1924 à Auchel) avec qui il aura quatre filles (Annie en 1944, Danielle en 1946, Pascale en 1952 et Dominique en 1953).

    A la fin de la guerre, on le retrouve au poste de secrétaire de mairie à Cauchy-à-la-Tour succédant ainsi à son père. Il est un militant du syndicat CGT, secrétaire de la Section d'Auchel où il fait partie de la tendance réformiste (non communiste) qui est en minorité au sein de l'organisation. Après la scission du 12 avril 1948, il rejoint logiquement les rangs de la CGT-FO. Depuis les élections municipales qui ont suivi la libération, Cauchy-à-la-Tour est administrée par des membres du Parti Communiste et il ne fait pas bon y afficher ses opinions socialistes. André Delelis est victime de brimades et risque d'être licencié à tout moment (entretien avec M. Delelis en mai 2012). C'est certainement à ce moment qu'il devient un anticommuniste convaincu. En 1948, il est nommé Secrétaire Départemental des Services Publics et de Santé de la CGT-FO (il le restera jusqu'en 1955).

   Comme son opposition au communisme le pousse finalement à démissionner de son poste en 1950 et que de par ses obligations syndicales il est appelé à se déplacer souvent à Lens, il déménage alors pour la capitale du Pays Minier où il est d'abord hébergé chez un camarade avant d’habiter dans une maison de la Cité Mongré. En 1952, il trouve un emploi de représentant de commerce aux Etablissements HACHE à La Madeleine (59). Son arrivée à Lens lui permet de rencontrer des hommes influents de la SFIO locale et notamment le maire de l'époque, Ernest Schaffner, dont il sera premier adjoint quelques années plus tard. C'est là le départ d'une grande carrière politique qui le mènera jusqu'à un poste de Ministre.

   Toujours en 1952, on le retrouve Secrétaire Départemental FO du Pas de Calais. Militant actif de la SFIO, il est élu Secrétaire de la Section Socialiste de Lens en 1959 puis membre de la commission exécutive fédérale de la SFIO.

   Arrivent alors les élections municipales de 1959. Ernest Schaffner, Maire de Lens depuis 1948, conduit la liste de la SFIO. Bien qu'encore très peu connu des lensois, figure sur cette liste A.Delelis. Mise en ballotage favorable au premier tour (face aux listes communistes de Jeannette Prin et aux gaullistes d'Emile Coyez), cette équipe fusionne avec les MRP d'Edouard Crépel. Le 15 avril, cette liste obtient 8098 voix lensoises contre 7083 à celle du PC et 949 suffrages pour l'UNR. Elle remporte donc les 33 sièges à pourvoir.

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   Président de l'Harmonie Municipale en 1959 (il le restera jusqu'en 1966), André Delelis est de tous les déplacements, c'est ainsi qu'on le retrouve en septembre 1960 pour l'anniversaire de la colonie de vacances au Château de Grossouvre où l'Harmonie, accompagnée de celle des Mines de Lens, donne un concert au cours d'une tournée dans le centre de la France. En 1962, il est élu Conseiller Général du Canton de Lens-Nord Ouest (qui regroupe une partie de la ville et Loos-en-Gohelle) et le restera jusqu'en 1982.

   De nouvelles élections municipales ont lieu les 14 et 21 mars 1965. Seules deux listes sont présentées. Celle d’Union Socialiste et Républicaine menée une nouvelle fois par Ernest Schaffner est élue facilement dès le premier tour avec 11 898 voix face à celle des communistes de Jeannette Prin (6308 suffrages). Parmi les 33 élus, on trouve donc André Delelis mais aussi Victoire Lampin, Jean Claude Bois, Charles Daubresse, Jean Deteuf et le MRP Edouard Crépel. Marion Fontaine, dans son livre 'Le RC Lens et les Gueules Noires', constate : 'On assiste à la baisse constante de la part faite aux mineurs (dans le Conseil Municipal) au profil des commerçants, des professions libérales et, de plus en plus, des enseignants'. Ils sont tout de même 11 mineurs ou anciens mineurs à siéger. Cependant la composition de cette équipe coïncide bien avec le début du déclin des houillères.

   La nouvelle équipe municipale possède plusieurs projets qui contribueront à poursuivre la modernisation de la ville : le développement des infrastructures scolaires (40% du budget municipal en 1964) et sportives, du logement, la construction d'une gare routière, d'abattoirs modernes, d'un marché couvert et d'une salle des fêtes sur la Place du Cantin, etc...

   Le 22 mars, lors de la première réunion du Conseil Municipal, Ernest Schaffner est réélu Maire de Lens et André Delelis devient son Premier Adjoint avec 31 voix contre une seule à son adversaire Edouard Crépel.

   A la mairie, Ernest Schaffner lui confie la gestion du Personnel et des Finances. C'est ainsi qu'il participe avec le maire et les autres conseillers municipaux à la rénovation des écoles qui avaient appartenu aux HBNPC (cités 4,9,11,12), à la construction de logements pour les enseignants, à l'amélioration de la voirie, de l'adduction d'eau ou de l'éclairage public, à la construction d'un parc de sports avenue Raoul Briquet, d'une piscine olympique couverte et du nouvel Hôtel de Ville. Il participe aussi au projet lancé par E. Schaffner d'édification d'une une zone à urbaniser en priorité (ZUP) au Nord Ouest de Lens.

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   Le 23 septembre 1965, Ernest Schaffner décède subitement. Il faut donc élire un nouveau Maire pour Lens. Lors de l'élection municipale complémentaire sont élus MM. Léonce Halluin et Christian Daubresse. C'est donc un Conseil Municipal au complet qui se réunit le 4 décembre 1966, jour de la Sainte Barbe pour désigner le nouveau Maire et ses adjoints. André Delelis est élu à l’unanimité premier magistrat de Lens.

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  La fin du charbon à Lens :

  Dès lors, André Delelis imposera son style et son caractère dans la gestion de la ville. Il dénoncera puis accompagnera la fin de l'exploitation charbonnière en misant sur le commerce et les zones industrielles. Il tâchera de retarder l'inévitable mais surtout de préparer l'avenir sans le charbon en tentant de limiter ses conséquences industriellles, sociales et politiques. Il sera le principal artisan de la mise en place de la reconversion socio-économique dans le Bassin Minier, persuadé que Lens ne s'en sortira pas seule. Il sera donc aussi le précurseur et l'instigateur d'une union des communes afin de répondre aux exigences de «l'après-houillères».

   Sa carrière sera marquée également par un attachement sans faille au club de football professionnel local, le Racing Club de Lens.

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   Le 22 janvier 1967, l'un des grands projets de la municipalité lensoise, initié par Ernest Scahffner et confirmé par A. Delelis devient réalité : André Delelis pose la première pierre d'un ensemble immobilier situé près de l'hôpital et de la piscine. Cette ensemble d'immeubles, appelé 'La Grande Résidence' comptera d'abord 1092 logements destinés aux familles du personnel des usines de Douvrin (Finalens, Française de Mécanique ...). A terme, ce quartier que beaucoup de lensois appellent 'la ZUP' comportera 4500 logements à la fin de sa construction en 1979.

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    C'est aussi en janvier 1967 qu'une opération «ville morte» est organisée à Lens pour la défense du bassin minier. Lors des élections législatives du 5 mars 1967, André Delelis, qui s'est rallié à la FGDS (Fédération de la Gauche Démocrate et Socialiste) de François Mitterrand, est élu dès le premier tour Député de la 13ème circonscription du Pas-de-Calais). Il succède ainsi à Lucien HARMANT, le Maire de Loison qui avait remplacé Ernest Schaffner après sa mort.

   Le 11 mars, à l’appel des organisations départementales CGT, CFDT, CFTC, CGC et FEN,  d'importantes manifestations pour l’emploi et les salaires ont lieu dans les grandes villes du nord de la France: 10 000 manifestants à Lens, 5000 à Douai, 4000 à Bruay, 2000 à Valenciennes.

   A l'Assemblée Nationale, André Delelis intervient pour défendre la région minière face à la politique charbonnière du gouvernement de Georges Pompidou. Le 30 juin, il demande de contrôler les importations de pétrole et déclare : «L'élimination des mines de houille viables doit être considérée comme une folie économique». Le 20 octobre, il déplore le peu de moyens mis à la disposition du Nord-Pas de Calais par le Vème plan décidé par le gouvernement et demande des crédits pour la modernisation de l'infrastructure et la ré-industrialisation du bassin minier. Il intervient aussi à plusieurs reprises pour demander une augmentation des salaires et des retraites des mineurs, pour une meilleure indemnisation des silicosés.

  Marion Fontaine souligne aussi que, depuis le désengagement des houillères, les élus lensois reçoivent les doléances des habitants des corons :

«Ce que le mineur n’osait pas réclamer aux Houillères parce qu’on avait peur de l’ingénieur et du garde des mines, on le réclamait avec d’autant plus de force aux élus qu’ils étaient, des élus donc des candidats aux élections. ». S’esquisse dans ces propos à peine voilé le contenu d’une relation clientéliste paradoxale entre les maires des communes minières et les habitants des cités dont le logement minier est l’objet. «Paradoxale» parce que le maire est sollicité ici pour régler des problèmes dont il n’a a priori pas la maîtrise. » (Le RC Lens et les Gueules Noires).

   André Delelis, se faisant le porte-parole de ses administrés des corons, intervient à plusieurs reprises auprès des HBNPC en soulignant l'état déplorable des cités : «Il faut espérer qu'une solution soit trouvée rapidement, écrit-il, pour que les cités minières soient en meilleur état. L'entretien et l'embellissement de ces cités doivent contribuer à améliorer le cadre de vie des mineurs et de leur famille».

 

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   C'est à la même époque qu'il invective pour la première fois le Ministre de l'Education Nationale, Alain PEYREFITTE, afin qu'une IUT soit implantée à Lens comme c'était le cas à Lille et à Valenciennes.

    Arrivent les évènements de mai 1968. A Lens comme dans toute la France des manifestations ont lieu contre la politique menée par le Gouvernement Pompidou, amplifiée dans cette région par l'importante récession des houillères. André Delelis dit : 'C'est à partir des grèves de 1963 que De Gaulle a voulu régler son compte au Bassin Minier '(L'Unité : Lens, une région entière à l'agonie', 8 décembre 1978).

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   Mais on connait la suite de ces évènements. Le Général De Gaulle en sort plus fort encore.

   Les élections législatives ont eu lieu les 23 et 30 juin 1968, après la dissolution de l'Assemblée Nationale. La majorité présidentielle, qui a basé sa campagne sur le thème de la défense de l'ordre et la dénonciation de la menace subversive, remporte très largement ces élections. Elle recueille 46 % des suffrages et obtient 354 sièges sur 456. La gauche est balayée ; les socialistes n'ont plus que 57 députés mais dans la 13ème Circonscription du Pas de Calais, A. Delelis est réélu : opposé à trois candidats au 1er tour, le PSU Gérard Chevalier, le communiste Jules Tell (maire de Sallaumines) et le gaulliste Gaston Van Brabant (propriétaire d'une compagnie de cars à Lens), il arrive largement en tête et se fait élire facilement au second tour face à l'autocariste lensois. Son suppléant est Paul Beaufils, le maire de Billy-Montigny. A l'Assemblée Nationale, André Delelis est nommé membre de la commission de la production où il siègera jusqu'en 1978.

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   Pour lui, le sauvetage du Bassin Minier ne peut se résumer à la seule ville de Lens. Le 29 aout, on assiste à la création du District Lens-Liévin, l'une des toutes premières intercommunalités de France. Avec Henri Darras de Liévin et Léandre Letoquart, Maire communiste d'Avion, ils décident d'unir leurs moyens pour développer le secteur et assurer l'après-houillères. André Delelis en sera le Président jusqu'à son départ en 1998. Dès lors, les 30 villes du Bassin Minier vont travailler ensemble à l'échelle intercommunale. Le District prendra le nom de Communauté d'Agglomération de Lens-Liévin au 1er janvier 2000.

   «Jusqu’alors, les élus sont isolés dans le Bassin Minier, c’est ‘chacun pour soi’. Dès mon arrivée à la tête de la ville de Lens, j’engage une action tendant au regroupement des communes minières (environ 120 localités regroupant 1 200 000 habitants) et, dans un premier temps, l’union des collectivités de l’arrondissement de Lens. C’est ainsi qu’est créé le District Lens-Liévin (36 communes 300 000 habitants) dont je deviens le Président. La première préoccupation, le traitement des déchets, conduit à la construction d’une usine d’incinération des ordures ménagères (à Noyelles-sous-Lens)suivie d’un crématorium  (à Vendin-le-Vieil) : le second de la région Nord-Pas de Calais). ». (André Delelis – Eté 2012).

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   La récession des houillères a aussi d'autres conséquences : 1968 voit le club de football local, le RC Lens, dont les performances et les performances sont en régression parallèlement à l'activité déclinante des houillères, descendre dans la deuxième division du Championnat de France. André Delelis dénonce la mauvaise gestion du club par les dirigeants des HBNPC. Il est en conflit permanent avec Jean Michaux, leur directeur. Un an plus tard, pour les houillères, en déficit chronique, le football n'est plus une priorité. Albert Hus, alors président du RCL dit : « A Lens, depuis toujours nos joueurs occupent un emploi ... Alors pourquoi ne pas laisser ce rutilant survêtement marqué du coûteux label pro et endosser la simple, mais peu onéreuse tenue amateur ? » ('Racing Club de Lens, un siècle de passion en Sang et Or' aux Editions Jordan - 2006). Les Houillères arrêtent de soutenir financièrement le club qui doit abandonner le professionnalisme, et évoluer dès lors dans les compétitions réservées aux amateurs. Cela désole André Delelis, fervent supporter des Sang et Or, qui fera tout pour que ce club retrouve son faste et sa notoriété d’antan.

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  Passionné de sport, et notamment de football (il inaugure le 2 novembre 1968 le nouveau stade Jean Wattiau à la cité 11 de Lens), André Delelis ne peut accepter la fin du club professionnel qui a fait vibrer tant de lensois et ne joue plus dorénavant que devant quelques centaines de spectateurs. Alors qu'il semble que le sort du club soit définitivement réglé, aidé d'Henri Tranin et d'Arnold Sowinski, les seuls survivants de l'ancienne direction, André Delelis fait prendre par la ville le destin du club.

   Le passage de témoin a lieu au tout début des années 70 : René Houdart, nouveau président du club amateur qu'est le RCL demande l'aide de la mairie. Celle ci lui octroie une subvention de 150 000 francs pour officiellement, créer d'autres sections sportives. En échange, Jean Claude Bois, adjoint au maire, devient le vice-président du club et André Delelis est nommé Président d'Honneur.

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   Allant jusqu'à faire des collectes en ville, mettre des troncs dans les cafés et arpenter les rues de Lens pour vendre des cartes de membres actifs afin de relancer le club, il trouve également de nombreux soutiens chez les commerçants et industriels locaux. Les résultats seront rapides : après deux années dans les rangs 'amateurs', le RCL rejoint la deuxième division en 1971 et même l'élite nationale en 1973.

  Les inaugurations continuent comme celle du lundi 15 septembre 1969 du château d'eau de la Grande Résidence. L’extension urbaine lensoise et l'augmentation de la consommation d'eau potable rendent obligatoire la modernisation du réseau de distribution de l'eau. La construction du château d'eau situé près de l'ancienne fosse 14 (dont le puits a été comblé en 1967) revient à 1 500 000 francs. André Delelis et le sous-préfet de Lens Jean Souvraz procèdent ensemble à l’inauguration de ce magnifique nouvel ouvrage.

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  Quelques jours plus tard ces deux hommes accompagnés du préfet du Pas-de-Calais, Monsieur Eriau et de Yves Delaporte, inspecteur d'académie, procèdent à une autre inauguration, celle du groupe scolaire "Georges-Lapierre" à la Grande Résidence.

Le début de l'après-charbon :

  28 janvier 1970 à Hénin Liétard : les maires du Bassin Minier sont réunis à l'initiative d'André Delelis. Ils décident de la création de '' l’Association des Communes Minières du Nord et du Pas-de-Calais''dont le Maire de Lens sera le président pendant dix ans. Les obstacles politiques à ce rapprochement ne manquent pas mais l'union est absolument nécessaire.

  André Delelis dit : ''Nous étions en période de guerre froide, il y avait entre le P.S. et le P.C. une guerre de tranchées (…). Ca ne nous a pas empêché d’être très unis parce qu’il y a eu un réflexe d’autodéfense face à l’Etat d’une part, aux charbonnages et surtout aux HBNPC dont l’état d’esprit n’était pas différent de celui des compagnies minières d’autrefois. La grande crainte des élus était de voir les Houillères qui avaient entamé leur processus de récession, balancer du jour au lendemain leur patrimoine immobilier. Nous avons craint de voir atterrir tout cela dans nos bras, nous les communes qui n’avions pas les moyens financiers de pouvoir traiter ces questions».

  Cette association obtiendra la création du GIRZOM (Groupe Interministériel pour la Restructuration des Zones Minières) que les élus nordistes 'arrachent' au Gouvernent Chaban-Delmas malgré les réticences du Président Pompidou. Pour cela, le Président de l'ACM n'hésite pas à utiliser de fins stratagèmes comme lors de la visite du Ministre de L'Equipement et du Logement Albin Chalandon : ''Après Lens, dira André Delelis, il devait repasser à la sous-préfecture de Béthune. J'avais fléché l'itinéraire pour qu'il prenne la route de Béthune et voit l 'état désastreux des routes des cités minières... Tous les moyens étaient bons pour que l'on obtienne les crédits de l'Etat''. (L'Avenir de l'Artois 20-10-2011).

  Le GIRZOM, c'est la « prise en charge par l'Etat des dépenses de rénovation des cités minières à 100 % : logement, assainissement, équipements sportifs, culturels, associatifs, églises, espaces de loisirs (plans d'eau, etc...). Pour la plupart, ces équipements n'étaient plus entretenus depuis longtemps par les Houillères ».(André Delelis – été 2012)

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 La délégation de l'ACM se rend au Ministère de l'Intérieur.

De gauche à droite: Jacques Piette (Maire d'Hénin Beaumont) ; Louis Beugnet (Maire de Noyelles Godault) ; Roger Miquet (Maire de Waziers) : Léandre Létoquart (Maire d'Avion) ; Emile Roger (Député du Nord) ; Lucien Harmant (Maire de Loison) ; André Delelis et Georges Bustin (Maire de Vieux Condé).

   Au début des années 70, Lens continue son expansion.

   Dans le secteur de la Grande Résidence : ouverture de l'école Émilienne Moreau et du Collège Jean Zay. On assiste aussi à la création d'un Tribunal d'Instance, d'un foyer-restaurant pour personnes âgées rue Galilée (cité 14) qui portera plus tard le nom de Louis Voisin, de la résidence Anne Franck (dont l'inauguration des premiers logements à lieu le 15 avril 1970 et où des maisons modernes remplacent les baraquements en bois de la Cité Hollandaise).

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   Le Centre Hospitalier Ernest Schaffner est aussi agrandi avec la création du Pavillon de l'Enfance de 172 lits et où sont réunis les services de pédiatrie et de chirurgie infantile.

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   Un budget important est consacré à l'entretien et la modernisation des écoles lensoises. En 1970 est inauguré le collège Jean Jaurès à la cité 11.

   Dans le domaine de la Jeunesse et des Sports, on note aussi :

    • la création d'un Service Municipal d’Éducation Physique (dont le point d'orgue est l'organisation des lendits lors de la fête annuelle des écoles, manifestation à laquelle participent 2500 élèves lensois des cours moyens),

    • de deux Classes de Neige au Carroz-Arraches (Haute-Savoie)

    • la modernisation de la colonie des vacances de Grossouvre créée par Ernest Schaffner

    • l'organisation d’excursions ou de colonies à Maison-Ponthieu et Lumbres, de Centres Aérés au mois de juillet dans les écoles de Lens auxquels participent 2500 jeunes enfants.

   Côté installations sportives, près de 150 millions d'anciens francs sont consacrés à la modernisation du Stade Léo Lagrange, avenue Raoul Briquet : terrains de football, de rugby de hockey sur gazon, piste d'athlétisme, 6 cours de tennis.

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   Au cours du premier trimestre 1971 s'ouvre dans rue Bernanos de la cité 9 la Maison des Jeunes et de la Culture.

   Le nombre de bourses scolaires communales attribuées aux familles modestes est passé de 289 en 1965 à près de 1300 en 1970.

  La voirie change aussi d'aspect : 700 millions de francs ont été consacrés en 6 ans à l'amélioration des rues du centre ville. Cela a conduit au remplacement des pavés par du bitume (place de la Gare et rues adjacentes), création de parkings (Centre hospitalier, Grands Bureaux ...), aménagements des carrefours Bollaert et de la Route d'Arras, de la place Jean Jaurès, multiplication des panneaux indicateurs, éclairage public.

   En 1970, André Delelis est réélu au Conseil Général où il intervient afin que Lens et les communes voisines soient correctement desservies par des infrastructures routières : c'est la création de 'La Rocade Minière'. Après de nombreux palabres, il obtient que ce soit finalement l'Etat qui finance les travaux sans aucune participation des collectivités locales. Cette réalisation permet de relier la Capitale du Pays Minier à celle de la France mais aussi avec d'autres grandes villes françaises ou étrangères.

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   Malgré de nombreuses oppositions sur le tracé, André Delelis obtient que cette rocade contourne la ville au Nord comme au Sud et desserve les points importants par des échangeurs. ''Je n'étais pas encore Maire de Lens que déjà j'avais entrepris un combat difficile contre le Préfet, le Directeur de l'Equipement et celui du groupe Lens-Liévin des HNBPC qui voulaient imposer à notre ville d'avoir la rocade minière uniquement au sud de Lens'' (André Delelis - 14 octobre 1998). En ville, cette rocade (entièrement gratuite) permet le désengorgement des carrefours Maës, Bollaert ou du Cantin. Le lit du canal de la Souchez, asséché, devient la partie sud de cette rocade.

    La première partie construite rejoint Hénin-Liétard (au branchement de l'Autoroute A1) à Lens. Un second tronçon reliera la ville à l'A26 à hauteur d'Aix-Noulette puis la zone industrielle de Douvrin et la zone commerciale 'Lens 2' seront également desservies. A cette époque, une seule ombre au tableau : l'impossibilité de contourner Lens par le sud-ouest du fait de divergences avec le maire de Liévin.

   Le 14 mars 1971 ont lieu les élections municipales. La liste socialiste écrase littéralement ses adversaires. Le recul du Parti Communiste à Lens est important. Associés à quelques 'MRP', les candidats emmenés par André Delelis recueillent 12419 voix contre seulement 3602 à la liste du PC dirigée par Marcel Barrois et 1812 à celle de l'UNR, le parti gaulliste de Van Brabant.

   Deux ans plus tard, en janvier 1973, c'est l'inauguration tant attendue de la Gare Routière. Envisagée, espérée, reportée, déplacée : sa construction n'a pas été facile. Elle est finalement implantée sur les anciens terrains de la cour marchandise de la SNCF, entre la Place du Général de Gaulle et la rue d'Avion. La même année, André Delelis est élu au Conseil Régional dont il devient en janvier 1974 le secrétaire et le Président du Groupe Socialiste.

   Le 2 avril 1974, le Président Georges Pompidou décède. De nouvelles élections ont lieu les 5 et 19 mai. Mitterandiste convaincu, A. Delelis est désigné délégué départemental du candidat de l'Union de la Gauche pour le Pas de Calais. Mais François Mitterand est battu par Giscard d'Estaing de 425 000 voix (50,81 % contre 49,19), le plus faible écart existant encore aujourd'hui lors d'une élection présidentielle au suffrage universel.

   Le 1er avril 1975, André Delelis est l'invité de l'émission télévisée 'Les Dossiers de l’Écran' consacrée au Bassin Minier. Il lance : 'Il faut que le pays le sache : c'est un scandale, les salaires des mineurs sont des salaires de misère'.

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   En 1975, le Maire de Lens devient membre du Comité Directeur du Parti Socialiste. Il devra quitter ce poste en février 1977 suite à son refus de s'unir aux communistes lors des élections municipales du mois de mars. Pour cette attitude, il recevra même un blâme de ce Comité Directeur.

    Ceci n'empêche pas une écrasante victoire dès le premier tour : sur les 20 825 suffrages exprimés, la liste du PS obtient 14 184 voix soit 68,11 %, ne laissant que des miettes à ses opposants : les communistes de Régine Scaps (20%) et la liste du 'Refus de l'Union de la Gauche' (11%) dont le leader est Jean Delvincourt, Chef de Gare Honoraire.

Del023CM1977Le Conseil Municipal élu en 1977 pose devant l'entrée de l'Hôtel de Ville

  Dans ces années 70, le ralentissement de l'exploitation charbonnière s'amplifie. Sur le territoire de la commune de Lens, les puits sont fermés à tour de rôle. Dès 1967, la fosse 14 a cessé son activité et son chevalement est abattu en 1974. La fosse 1 est fermée en 1971, en 1972, c'est le tour des fosses 2 et 12, l'année suivante, le 2 bis. Les puits des fosses 9 et 12bis ne servent plus qu'à l'aérage et le 4 au service du personnel du 11/19 (situé sur le territoire de Loos en Gohelle).

 

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   L'exploitation du charbon n'est plus rentable même après le premier choc pétrolier de 1973. La mine agonise mais tue encore comme lors de la catastrophe de la fosse 3 à Liévin le 27 décembre 1974 où un coup de grisou fait 42 victimes.

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  La ville de Lens se transforme, même si les modifications ne sont pas immédiatement visibles. Les terrains des Houillères, de plus en plus abandonnés et laissés à l'état de friches entrent dans la giron de la Municipalité. Le Stade Bollaert devient également propriété de la commune pour un franc symbolique mais, devenu obsolète et même dangereux, il a besoin de travaux. Lors d'un match opposant le RCL à Nancy le pire est évité lorsqu'un bloc de béton chute du toit de la tribune honneur, sans faire la moindre victime. Une première phase a lieu dès 1973 puis une seconde en 1977  qui voient l'allongement de la tribune d'honneur, la création de la tribune 'Tranin' du côté de la Cité des fleurs et le remplacement de la célèbre tribune des 'Secondes' par une beaucoup plus grande , la 'panoramique'.

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  La ville 'hérite' aussi définitivement du Racing Club de Lens, lui aussi délaissé par les Houillères. En 1974, le club retrouve sa place en 1ère division nationale, la Municipalité engage 1 150 000 francs pour son fonctionnement. Placé sous la présidence de Jean Bondoux qui est aussi Président de la Chambre de Commerce et d'Industrie, le fonctionnement du club est assuré par l'argent de la ville de Lens mais aussi de nombreuses enseignes et PME locales démarchées par André Delelis. Après la finale de la Coupe de France de 1975 (contre le grand club de Saint Etienne de l'époque), le RCL accède pour la première fois aux compétitions européennes : les retombées pour la ville sont énormes. Pour marquer l'union désormais définitivement scellée entre le club et la ville, sur le blason 'Sang et Or' jusque là orné de la seule lampe de mineur, sont ajoutées la tour crénelée et les fleurs de lys de celui de la commune.

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   Il faut réfléchir au devenir des espaces délaissés par les Houillères. Au sud de Lens, à la limite de la ville d'Avion, les terrains et les terrils de l'ancienne fosse 5 sont aussi à l'abandon et servent de décharges sauvages. Avec Léandre Letoquart, le Maire communiste d'Avion, André Delelis crée un Syndicat Intercommunal pour l'aménager. Dès 1972, la création d'un parc de loisirs y est décidée. Comme autrefois en ce lieu coulait une rivière appelée La Glissoire, ce nom fut donné à ce grand parc de 55 hectares dont les étangs de pêche furent inaugurés le 26 juin 1977. Au nord de Lens, près de l'aérodrome, c'est le Parc des Cytises qui voit le jour. 

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   Toujours au nord, c'est un autre emplacement délaissé par les Houillères qui évolue. Ce terrain de 40 hectares situé près de la fosse 14, contigu à la voie du Chemin de Fer des Mines et à la limite de Vendin-le-Vieil devient une zone d'activités : le Parc des Renardières pour lequel un budget de 2 180 000 francs a été voté au Conseil Municipal. D'autres parcs d'activités suivront : en 1984, sur l'ancien carreau de la fosse 12 bis, Route de Béthune ; puis le Parc de la Croisette ouvrira en 1986, toujours au nord de la ville à proximité de l'autoroute A21 ; Au sud, c'est le terrain de la gare des mines et des ateliers de la fosse 4 qui est baptisé Parc d’Activités du Gard ouvert en 1989 ; tout près de là, l'ancien carreau de cette fosse devient la Parc du Moulin à partir de 1991. Enfin, ce sont les friches de l'ancienne fosse 9, rue Paul Bert qui verra s'installer 5 entreprises (cette zone disparaitra en 2010 pour être englobée dans le site du Louvre-Lens).

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   Plus tard, en 1988, sera créé le Syndicat Intercommunal du Bois-Rigault dont le rôle sera d'aménager le parc du même nom situé sur les territoires de Lens et de Vendin. Cette grande zone verra s'établir une dizaine d'entreprises sur ses 120 hectares.

   La jeunesse et la culture font aussi parti des préoccupations d'André Delelis. Initiée par son premier Adjoint Jean Claude Bois, c'est le 28 février 1971 qu'est ouverte la Maison des Jeunes et de la Culture qui deviendra en 1982 le Foyer Albert Camus, rue Bernanos (cité 9). L’édifice a coûté 150 millions d'anciens francs à la ville. C'est un établissement à vocation socio-culturelle et éducative susceptible d’intéresser toutes les catégories d'âge. Théâtre, poésie, danse, bibliothèque, musique, labo-photo, bricolage, sports, jeux de cartes : toutes ces activités sont réunies en un seul lieu. Pour son fonctionnement, une subvention de 2 millions d'anciens francs a été votée par le Conseil Municipal en 1970. (A noter que le Centre Camus est devenu maintenant la 'Maison du Projet' en rapport avec l'arrivée du Musée du Louvre-Lens sur le site de l'ancienne fosse 9).

   Installée dans l'Hôtel de Ville, la bibliothèque municipale, ouverte en 1965, compte en 1970 plus de 1000 abonnés. Les subventions municipales lui permettent d'augmenter chaque année le nombre d'ouvrages, ce qui en fait l'une des plus importantes du département.

   Dans la cadre du transfert des biens des Houillères à la ville, celle ci récupère pour 550 000 francs la salle Jean Nohain de la Route de Béthune. Après restauration, elle est inaugurée en 1981 en présence de Dominique Nohain, le fils du célèbre présentateur télé des années 50. Elle accueille aussi bien des expositions que des spectacles musicaux ou théâtraux.

   En 1979, la ville achète à la Société Lensoise de Spectacles, l'ancien cinéma 'Le Colisée', situé rue de Paris. Afin de le transformer en une belle salle de spectacle de 600 places, des travaux d'aménagement y sont effectués pour la somme de 6,4 millions de francs. Le hall d'accueil est transformé en salle d’exposition. De nombreuses pièces de théâtre, des concerts, des récitals y sont présentés sous la responsabilité de Christian Daubresse, Adjoint à la Culture.

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De la mairie de Lens au ministère :

  Sur le plan politique, arrivent les élections législatives de 1978. La rupture du programme commun de la gauche en septembre 1977 accélère la rivalité entre le PCF et le PS . Les résultats décevants du PCF aux élections municipales et cantonales de mars 1977 amènent celui-ci à conditionner le maintien de sa participation à une radicalisation du programme, ce qui crée une ambiance délétère entre socialistes et communistes et conduit finalement à l’échec de la réactualisation du programme commun. Dès lors, chacun se renvoie la responsabilité de la rupture. Cette situation ne peut qu’ébranler l’électorat de gauche car le programme commun aura été, pendant six ans, à la fois la carte d’identité de la gauche, un engagement passé avec le peuple, un slogan et une promesse de changement démocratique.

   Dans la 13ème circonscription du Pas de Calais, André Delelis est opposé à 6 candidats dont Jean René Lereste (RPR) et Julles Tell (PC). C'est face au candidat gaulliste qu'il emportera largement le siège lors du second tour.

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   Il fera donc parti des 104 députés socialistes mais les Français ayant fait le «bon choix» (expression dans le discours du président Giscard d'Estaing de Verdun-sur-le-Doubs), la droite garde la majorité à l'Assemblée Nationale malgré les divergences entre gaullistes et giscardiens. Au plan national, pour la première fois le Parti Socialiste obtient un score supérieur à celui du Parti Communiste, ce qui a pu être interprété comme une validation pour l'avenir de la stratégie de François Mitterrand que soutien André Delelis contre la majorité des membres socialistes de la Fédération du Nord Pas-de-Calais.

   La situation de l'emploi dans la région est de plus en plus catastrophique. En 1978, on compte 9 200 demandeurs d'emploi à Lens soit 17 % de la population active. Le 11 octobre 1978 est décrétée une opération 'Villes Mortes' dans tout le bassin minier qui associe les ouvriers et employés, les commerçants et même des patrons de PME. Le but est d'attirer une nouvelle fois l'attention du gouvernement sur la situation locale. 116 000 signatures sont recueillies et envoyées à Paris. Le 20 octobre, à Arras, 50 élus demandent à l'Etat un 'Plan de Sauvetage Urgent' ; le 4 décembre, jour de la Sainte Barbe, un convoi de 70 véhicules encercle la Préfecture d'Arras. ''Ce n'est qu'un début, dira André Delelis. Dans le Nord, on est calme mais puisqu'on nous accule au désespoir, il faut s'attendre à tout''. (L'Unité – 8 décembre 1978).

   Sa popularité, André Delelis la doit à sa proximité avec ses administrés

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   L'homme est omniprésent en ville : que ce soit avec les anciens, les jeunes, les enfants, dans les associations, lors de manifestations officielles, dans les crèches, les stades ou avec les habitants des corons et les commerçants : André Delelis est avant tout un homme de terrain.

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   Alors qu'à l'Assemblée nationale, il appartient à la commission des affaires culturelles, se profilent les élections présidentielles de 1981.

  En avril 1979, le Parti Socialiste tient son congrès à Metz. Pour la direction du parti François Mitterrand et Michel Rocard s'opposent. André Delelis confirme son soutien au premier contre l'avis de Pierre Mauroy qui lui est soutenu par la Fédération du Nord Pas-de-Calais et les anciens de la SFIO. Mitterrand parvient à résister à l'alliance Rocard-Mauroy en s'alliant au CERES de Jean-Pierre Chevènement et garde les rênes du Parti. Lors du congrès extraordinaire de Créteil, qui se déroule en janvier 1981, il est officiellement désigné candidat du PS avec 83,64 % des voix.

   Les élections présidentielles ont lieu les 26 avril et 10 mai 1981. L'année 1980 a été une très mauvaise année pour l'économie française et le gouvernement de Raymond Barre semble impuissant. L'inflation reprend de plus belle, la production industrielle baisse, la croissance est faible et le déficit commercial a quintuplé depuis le 'choc pétrolier'.

   L'élection présidentielle voit s'affronter dix candidatures dont Mitterrand (André Delelis est de nouveau le directeur de campagne départemental), Marchais, Giscard d'Estaing et Chirac. Giscard d'Estaing avec 28,31 %, et le candidat du PS avec 25,84 % s’affrontent pour le second tour. Le 10 mai 1981, François Mitterrand est élu Président de la République avec 51,76 % des suffrages exprimées soit 15 708 602 voix.

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  Le 21 mai, Pierre Mauroy est nommé Premier Ministre. Dans le gouvernement qu'il forme, André Delelis est désigné pour le poste de Ministre du Commerce et de l'Artisanat. ''Cela a été une grande surprise, je ne m'y attendais pas du tout. Le 22 mai 1981, Mitterrand doit annoncer son gouvernement. Moi, je suis à Lens, en mairie, où je reçois les habitants dans ma permanence. Je reçois un coup de fil, je reconnais la voix de François Mitterrand m'annonçant que je vais être ministre sans un délai de réflexion. J'ai cru à une plaisanterie, à une imitation, mais c'était bien lui''.

   Le vendredi 29 mai, on se bouscule dans la salle Richard de l'Hôtel de Ville : à l'initiative des adjoints et conseillers municipaux, une réception est organisée pour fêter la nomination d'André Delelis à son poste de Ministre.

 

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  Mais la fête n'a qu'un temps car François Mitterrand ayant dissout l'Assemblée Nationale, des nouvelles élections législatives ont eu lieu les 14 et 21 juin 1981. Le nouveau ministre se présente toujours dans la 13ème circonscription du Pas-de-Calais. Il est de nouveau opposé au communiste Jules Tell, le RPR présente cette fois Maurice Chevalier. 53 304 électeurs sont appelés aux urnes.

   André Delelis n'a besoin que d'un seul pour se faire réélire largement avec 55,9 % des voix (23,7 pour le PC et 18,6 au RPR). A Lens même, il recueille plus de 64 % de suffrages.

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   Confirmé dans son poste de Ministre du Commerce et de l'Artisanat dans le second gouvernement de Pierre Mauroy, il laisse sa place de député à son suppléant et adjoint à la Mairie de Lens, Jean Claude Bois.

   Sa grande fidélité à Mitterrand fait qu'André Delelis, lui l’anticommuniste convaincu, se retrouve dans l'équipe qui dirige le pays avec quatre ministres membres du PC : Charles Fiterman (Transports), Anicet Le Pors (Fonction publique), Jack Ralite (Santé) et Marcel Rigout (Formation professionnelle).

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   Il aura marqué son passage au Gouvernement en propo-sant des lois qui, fait rarissime, ont été votées à l'unanimité tant à l'Assemblée Nationale qu'au Sénat.

   Elles concernent le statut des conjoints des commerçants et artisans, la création d'un fond de financement pour la formation continue des artisans, une aide financière à la création d'emplois et la protection des petits commerces de proximité face à l'hégémonie de la grande dis-tribution.

   Pour la ville, être ministre lui a permis d'obtenir la Chambre de Commerce et d'Industrie de l'arrondissement de Lens. Celle ci s'implante provisoirement au premier étage de la gare Routière avant de rejoindre le 14 septembre 1984, ses nouveaux locaux de la rue Elie Reumaux.

   Le dimanche 18 octobre 1981 Lens reçoit Lech Walesa. Sur le parking du stade Bollaert, devant plus de 5000 personnes, une messe est célébrée. Elle est suivie d'un spectacle assuré par les groupes folkloriques polonais de la région. Puis André Delelis s'adresse au leader de Solidarnosc : « Cher ami, vous représentez l'ensemble du peuple polonais et nous sommes heureux de vous dire que nous avons suivi votre action depuis le début. Tout ce que vous avez fait avec vos camarades de Solidarnosc, a permis de rendre à la Pologne sa fierté et a permis à la nation polonaise de montrer au monde qu'elle existait encore. Je suis heureux et fier d'être membre d'un gouvernement qui a été le premier à venir en aide au peuple polonais».

   Le même jour en Pologne, un certain général Jaruzelski devient premier secrétaire du parti ouvrier unifié polonais ......

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  Lens continue sa mutation : la ville récupère en 1981 les terrains où étaient implantés les installations des mines de la fosse 1, du dépôt et de l'ensemble ferroviaire.

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   Des projets existent pour cette friche située au cœur de la ville entre la Route de Béthune, le carrefour des Grands Bureaux et le stade Bollaert. Déjà, la salle Jean Nohain a été rénovée, un parking créé pour le stade Bollaert. On devrait y trouver prochainement une zone commerciale, un espace hôtelier et une médiathèque. Pour cela, un budget de 14 millions de francs est débloqué. Au centre ville, la Rue de Paris devient la première rue piétonne de Lens.

   En 1982, la Municipalité décide d'abandonner Grossouvre comme centre de vacances pour les colonies organisées par la ville. Notre Dame du Pré, en Savoie, à 40 km d’Albertville et 120 km de Grenoble est choisie. A 10 min de la station de la Plagne, ce centre possède l'avantage d'être utilisé autant l'été que l'hiver.

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  Le stade Bollaert reçoit en 1984 deux matches de foot-ball du Championnat d'Europe des nations de football. Pour cela il fait peau neuve avec l'amélioration de l'éclairage, l'ajout d'un étage de 3 600 places à la tribune d'Honneur, et surtout la construction d'une nouvelle tribune de 20 000 places debout appelée Delacourt, du nom d'un ancien président du club de supporters du RCL Le stade Bollaert devient alors un stade carré, «à l'anglaise» d'une capacité de 51 000 places.

   Pour y accéder une entrée supplémentaire est créée en plein centre ville, sur la rue Bollaert. Pour cela, il a fallu abattre la célèbre gare Sainte Elisabeth, l'ancien point de départ de la voie ferrée des mines reliant Lens à La Bassée ainsi que le pont qu'elle franchissait pour rejoindre les Grands Bureaux.

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   Le 11 février 1983, on assiste à la création du Syndicat Mixte pour la Promotion de l'Activité Economique de Lens dont André Delelis devient Président. Ce syndicat dans lequel sont partenaires la ville de Lens, La Chambre des Métiers d'Arras et la Chambre de Commerce et d'Industrie est chargé de promouvoir et d'encourager l'implantation d'entreprises mais aussi d'aménager puis de louer des ateliers ou des usines dans les parcs d'activité de la ville. Il sera à l'origine de la création de 2600 emplois en 10 ans.

   Les dimanches 8 et 13 mars 1983 voient un nouveau scrutin municipal qui a lieu cette fois à la proportionnelle. Refusant toujours toute alliance avec les communistes, la liste d'André Delelis est opposée d'une part à celle de ''l'Union de la gauche'' dont le leader est Marcel Barrois et qui est composée de membres du PC et du MRG (Mouvement des Radicaux de Gauche) et d'autre part à une liste représentant les partis de droite emmenée par Michel Roger.

   Ceci n'empêche pas qu'une nouvelle fois, un seul tour suffit pour élire une majorité de socialistes au conseil municipal. Sur les 19 627 suffrages exprimés, la liste PS l'emporte largement avec 10 495 voix (55%) et comptera 31 élus. La liste PC-MRG ne recueille que 3249 voix (16,55%) et 3 élus et est même devancée par la liste de droite qui aura 5 élus (5583 voix, 28,44%).

   Après ces élections municipales largement perdues par la gauche au niveau national, l'incapacité du gouvernement à résoudre les problèmes de l'inflation et du chômage (1 500 000 demandeurs d'emploi en France) et la crise monétaire, Pierre Mauroy décide d'abandonner le Programme Commun pour mettre en place une politique de rigueur incarnée par le ministre des Finances Jacques Delors. Les ministres communistes décident de quitter le Gouvernement.

  ''Mauroy ne me propose qu'une place de Secrétaire d'Etat. J'espérai mieux après le travail fourni et les résultats obtenus au Ministère du Commerce et de l'Artisanat au cours de ces deux années. Je lui ai répondu :''Si c'est ça, je rentre à Lens''. Ensuite, c'est par la radio que j'ai appris que je n'étais plus ministre.'' (Entretien avec M. Delelis – Mai 2012).

L'adieu au charbon :

  Le 26 avril le Président François Mitterrand est en visite à Lens. Dans le discours qu'il prononce à l'Hôtel de Ville, il confirme l'arrêt prochain et définitif de l'exploitation du charbon. ''Le charbon français n'est pas de taille : il n'a pas la teneur suffisante pour ne pas coûter trop cher pour une production trop faible par rapport au charbon d'exportation... Je préfère le dire moi-même ... arrive le moment où la concurrence n'est plus possible''. Il annonce la création du Fond d' Industrialisation du Bassin Minier (FIBM) dont le but est d'assurer la rénovation du bassin par l'encouragement à l'implantation d'entreprises aux technologies innovantes et de développer la formation professionnelle liée à ces nouvelles technologies. ''On assiste à ce phénomène d'une jeunesse, comme celle du Bassin Minier, qui doit être absolument disponible pour tous les emplois modernes. Ces industries devront être là pour que les générations qui auront suivi l'effort courageux et parfois héroïque des mineurs aient bien le droit de rester sur la terre de leurs pères''.

   Il annonce également un plan de développement de l'enseignement (qui conduira à la création de l'Institut Universitaire de Technologie à Lens).

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   Christian Daubresse, Adjoint au Maire raconte : ''J'ai été marqué par cette visite, par cet homme absolument extraordinaire !! André Delelis avait demandé à ses adjoints de se placer en file à la porte d'entrée de la mairie. J'étais le premier : Mitterrand , accompagné de nombreuses personnes, est entré et André Delelis nous a présentés !!! Je crois que je n'oublierai jamais le regard de Mitterrand, quand il m'a serré la main : le regard du président, c'était "au carré" !!! J'ai eu l'impression qu'il me jaugeait, au plus profond de moi. J'ai présenté mes respects : je crois que ma voix était très très basse pourtant il m'en faut beaucoup pour être impressionné.''.

   André Delelis est élu sénateur du Pas-de-Calais le 25 septembre 1983. Dans cette chambre il est nommé membre de la commission des affaires étrangères le 5 octobre 1983.

  Il n'en est pas moins actif pour sa ville : 1984 voit à Lens de nouveaux changements avec la création du Centre Social Vachala près de la Résidence Sellier ; au centre ville, la place de la République est mise sur trois niveaux afin d'augmenter le nombre de places de parking gratuites (826 au lieu de 400) et le stade Bollaert reçoit donc deux matches de football internationaux (Belgique-Yougoslavie le 13 juin et Allemagne-Roumanie le 17) qui attirent en ville plus de 70 000 spectateurs. Les travaux de rénovation de 'Bollaert' avaient entraîné la construction d'un terrain de football supplémentaire près de la rue Paul Bert, le Stade Tassette.

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   Validé par la Conseil Municipal le 14 février 1980, le COSEC (Complexe sportif évolutif couvert Jean Jaurès) ouvre ses portes rue Léon Blum, dans la cité 11, près du CES du même nom. Cette grande halle de sport de 1000 m2 permet la pratique du tennis, du volley-ball, du basket-ball et du hand-ball par les élèves du CES et les associations sportives. Une aire de jeux de 800 m2 et un logement de gardien lui sont adjoints.

   Le 14 septembre, la Chambre de Commerce et d'Industrie quitte la gare routière pour un immeuble flambant neuf sur l'Avenue Elie Reumaux.

 

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  Afin d'améliorer la circulation entre le rue de Londres et l'avenue du Grand Condé, le Conseil Municipal décide de créer un nouvel axe routier qui emprunte l'ancien tracé du chemin de fer des Mines. Cette rue, appelée rue Hector Laloux du nom du résistant lensois fusillé en 1942, est inaugurée le 15 novembre 1985.

 

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  Dans le cadre de la ''Politique de la Ville'' voulue par le Gouvernement, des travaux de rénovation sont faits à la Grande Résidence et à la résidence Sellier dès le début des années 80 : création de sas d'entrée des immeubles, éclairage public, réfection des chaussées, aménagements d'espaces verts. Cette politique de la ville comporte aussi un volet social avec des aides pour les associations des quartiers (animations, culture, sports

   Décidé en 1982 par le Conseil Municipal, l’extension de l'Hôtel de Ville se termine au début de l'année 1984 avec la mise en service de l'aile sud. La construction de cette annexe sur trois niveaux a été confiée à l'architecte lensois, M. Michel Dupire.

 

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   L'Hôpital Ernest Schaffner continue aussi à se développer : après le pavillon Nayrac pour la psychiatrie en 1975 et le pavillon Delplace en 1979, c'est au tour du bâtiment de maternité et de rééducation d'ouvrir en 1984.

   Ça continue de bouger aussi du côté de la reconversion industrielle du Bassin Minier : pour conseiller, financer et accompagner les entreprises industrielles ou de service à l’industrie qui créent des emplois durables et investissent dans la Région Nord-Pas de Calais, la FINORPA (Société Financière du Nord et du Pas-de-Calais) est créée le 19 mai à l’initiative de l’État avec comme partenaires le Groupe Charbonnages de France, la Région Nord-Pas de Calais et des investisseurs régionaux. Selon un bilan établi en 1990, la FINORPA a bénéficié d'une dotation de 100 millions de francs de l’État pour chacune des années 1984 à 1990. FINORPA a contribué à créer ou à maintenir en six ans plus de 20 000 emplois, soit un nombre d'emplois supérieur à ceux supprimés par les H.B.N.P.C. pendant la même période.

   Le 31 décembre 1985 voit la naissance de la Soginorpa, (Société de Gestion Immobilière du Nord-Pas de Calais), filiale des HBNPC. Elle a pour vocation, avec des aides de l'Agence Nationale de l'Habitat, la gestion des habitations des houillères en la séparant des activités industrielles des HBNPC. En sept ans 38 000 logements sont améliorés. Dans le même temps, les corons changent peu à peu d'aspect : les ayants droit des mines n’en occupent plus que 60 % et sont remplacés progressivement par des locataires 'civils'.

   Le 25 janvier 1986, Laurent Fabius, encore Premier Ministre pour quelques semaines, vient à Lens pour poser la première pierre de l'Institut Universitaire de Technologie. Cette IUT, réclamée par André Delelis depuis 1967 et promise par François Mitterrand lors de sa visite à Lens en 1983, est construite, selon les plans de Henri Guchez (concepteur également du Centre Historique de Lewarde) sur le terrain où se situait le centre de formation professionnelle des houillères, près de la Route de Béthune, entre les cités 9 bis et 12. L'investissement s'élève à 2 millions et demi d'euros (financé par la Région, le Département, l'Etat et le FIBM) pour une capacité initiale de 250 places.

   A cette occasion, la rue où se trouve l'entrée de l'IUT qui portait le nom de 'Chemin Perdu' devient la rue de l'Université

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   Cette construction, gage de l'avenir de Lens et de sa jeunesse, ne fait pas oublier l'évènement qui a lieu une semaine plus tard. C'est en effet le 31 janvier 1986 à la fosse 4 que descendent les mineurs lensois pour la dernière fois. Il n'en restait qu'une centaine seulement, chargés surtout du démantèlement des installations de sous-sol. 1849-1986 : pendant 137 années, le charbon, qui a fait de Lens la capitale du Pays Minier, a fait vivre des millions de personnes. Il en a tué aussi des centaines et exploité beaucoup. Une page se tourne définitivement. La ville, qui comptait huit puits de mine sur son territoire va tourner définitivement la page. L'après midi, dans les rues de Lens, le syndicat CGT organise une manifestation qui ressemble plutôt à une marche funèbre.

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   Après cette ultime descente des mineurs, les HBNPC organisent pendant quelques jours une opération «mine ouverte». Elle permet à près de 1600 personnes, dont de nombreux jeunes collégiens et lycéens de Lens, de descendre 'au fond' afin qu'ils conservent le souvenir des souffrances de leurs anciens, de ceux qui étaient fiers d'être mineurs malgré la difficulté et la dangerosité du métier.

 A. Delelis et les autres élus PS du Bassin Minier :

  1986 fut aussi l'année des premières élections législatives à la proportionnelle. Le lensois Jean Claude Bois perd sa place de député du Pas de Calais. Au niveau national, la gauche perd ces élections et Jacques Chirac devient Premier Ministre de la cohabitation.

   En 1987, le gouvernement de Jacques Chirac demande à Jean Paul Lacaze un rapport sur l'état du patrimoine minier. Les conclusions sont loin de plaire aux élus du bassin :« Les villes minières ne sont pas des villes comme les autres, elles sont nées pour et par le charbon ; la disparition du charbon les condamne pour nombre d’entre elles à la disparition».

   Le but du Premier Ministre est de réduire considérablement les crédits GIRZOM obtenus de haute lutte par les élus locaux en 1970. Dans le même temps, le plan de la SOGINORPA (qui dépend alors du Ministère de l'Industrie) prévoit la destruction pure et simple de 30 000 maisons des mines. Le 27 juin 1987, une grande manifestation a lieu à Lens contre ces projets du Gouvernement.

  La proposition d’André Delelis (publiée par Nord-Matin le 16 novembre 1987) d’une communauté urbaine rassemblant 80 communes et qui irait ''de Bray-sur-Escaut à Bruay-en-Artois'' serait une réponse à ces attaques et permettrai de franchir une nouvelle étape dans la coopération intercommunale entre les villes minières. Jean Pierre Kucheida, Maire de Liévin (depuis le décès d'Henri Darras en 1981) lui emboite le pas et soutien cette proposition dont il en revendique aussi la paternité. En tant que maires des deux villes les plus importantes du bassin minier, ces deux hommes apparaissent comme les plus sérieux prétendants à la présidence de cette communauté urbaine. André Delelis propose alors que Noël Josèphe (Président du Conseil Régional et maire de Beuvry) en devienne le Président. Noël Josèphe apparaît moins lié au courant Percheron-Kucheida au sein de la fédération et surtout, moins gênant que le maire de Liévin pour le maire de Lens.

   Ces divergences et concurrences au sein du Parti Socialiste sur l’organisation et la présidence de cette union intercommunale (mais aussi les réticences des élus communistes) feront qu'elle ne verra jamais le jour. André Delelis considèrera cela comme l'un des échecs de sa carrière.

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   1987 : l'un des vœux d'André Delelis est réalisé : la rocade minière fait maintenant la totalité du tour de Lens (et de Liévin) par l'ouverture du rond-point d'Eleu-dit-Lauwette et l'élargissement de la RN 58 à l'ouest de Liévin. Cette liaison permet de se rendre du centre de Lens vers Arras sans être obligé de passer par le rond-point Bollaert, souvent saturé.

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Le rond-point d'Eleu

   C'est aussi en 1987 qu'est inauguré le lotissement de la rue de Rome appelé 'Lotissement Horizon' sur un ancien terrain de houillères acquis par la ville. L'amélioration de l'habitat lensois continuera par la création de la Résidence Jules Mousseron (du côté de l'avenue Van Pelt), la rénovation de la cité des Fleurs (ancienne cité 12bis), des anciennes résidences Baptiste Lebas et de la Perche ainsi que par la rénovation des cités minières.

   Toujours en 1987, à la Grande Résidence ouvre le Centre Sportif Louis Fauquette (nom du fondateur du club de tennis lensois) : tennis (3 cours couverts) , pétanque, boules lyonnaises et même le jeu très prisé des lensois les jours de ducasse, le javelot peuvent y être pratiqués.

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   Pendant les 32 années passées à la mairie de Lens par André Delelis, ce ne sont pas moins que 6 salles de sports, 13 terrains d'évolution sportive et 6 stades neufs qui ont été construits.

   Comme il l'avait promis en 1983, François Mitterrand est de retour à Lens ce jeudi 28 janvier 1988. Il vient inaugurer l'IUT. Dans le discours qu'il prononce ce jour là, après une première partie très politisée où il égratigne la politique menée par le gouvernement de Chirac, il ajoute : ''Je souhaite donc qu'une ville comme Lens soit véritablement dotée de l'équipement dont elle a besoin. Je l'ai dit aux étudiants, tout à l'heure : formation, modernisation, si vous réunissez ces deux pôles, vous aurez préparé pour la France de la fin de ce siècle, une génération puissante, maîtresse des secrets de la matière, capable de promouvoir toutes les richesses de l'esprit. Et ce que je sais des Français me laissent penser qu'ils seront alors parfaitement capables, non seulement de supporter, mais de dominer les concurrencesNous sommes ici dans un IUT ; remercions l'Université qui assume cette charge, ses dirigeants, ses enseignants. Encourageons ces élèves, vos fils et vos filles. Travaillons à la réussite de notre vie municipale, comme le fait le maire de cette commune''.

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   Deux ans plus tard, l'IUT ouvre un département Gestion des Entreprises et des Administrations. Elle sera rattachée à l’Université d’Artois en 1993, année où un département Informatique est ouvert.

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   Cette même année, sur le territoire de Vendin, près de l'aérodrome de Lens-Bénifontaine, est construit un crématorium à l'initiative du District Lens-Liévin. Il s'agit à l'époque du deuxième du département.

    L'élection présidentielle française de 1988 permet à François Mitterrand d'être réélu pour un deuxième mandat de sept ans. Il l'emporte au second tour de scrutin face à Jacques Chirac, son Premier ministre de cohabitation. L'écart est important :16 704 279 voix et 54 % pour le Président sortant contre 14 218 970 voix et 45,98 % pour le candidat du RPR.

   Après sa réélection, François Mitterrand applique pour la seconde fois à l'article 12 de la Constitution le 13 mai 1988, et dissout l'Assemblée Nationale. Les élections législatives sont organisées les 5 et 12 juin de nouveau par circonscriptions : les résultats vont dans le sens du chef de l'État avec le retour de la gauche aux affaires. Michel Rocard est nommé Premier Ministre. Dans la 13ème circonscription du Pas de Calais, Jean Claude Bois, soutenu par André Delelis, retrouve facilement son siège de Député puisqu'il est élu dès le premier tour avec près de 52% des suffrages.

   Dans la foulée, de nouvelles élections municipales arrivent en 1989 : elles sont prévues les dimanches 12 et 19 mars mais comme d'habitude, les lensois ne se dérangeront qu'une seule fois. Dès le premier tour, la liste socialiste avec à sa tête André Delelis (qui se présente pour la 6ème fois) recueille 56,9 % des 16 329 bulletins exprimés (9295 suffrages). Le taux d'abstention, similaire à celui au niveau national (environ 30%) n'a donc pas nui aux socialistes. Ses adversaires sont les communistes de Marcel Barrois (2496 voix, 15,3 % et 3 élus) et les Gaullistes de Michel Roger (4538 voix, 27,8 %, 5 élus).

  C'est aussi en 1989 que le District Lens-Liévin décide d'unifier et de gérer les transports en commun routier. C'est la création de la STILL, société de transport agissant dans le cadre de service public. Les sociétés d'autocaristes qui se partageaient depuis l'entre-guerre les dessertes urbaines et inter-communales vont maintenant travailler, tout en conservant leur identité, sous la même bannière.

del046Un bus Westeel roule pour la STILL

   La bibliothèque muni-cipale est devenue trop exigüe pour les quelques 1800 inscrits. En juin 1987, le Conseil Municipal décide d'en construire une nouvelle sur l'ancien terrain du dépôt ferroviaire des mines qui se trouvait près de la fosse 1. Ce grands édifice de plus de 2500 m2 sur 3 niveaux a une capacité de 52 000 documents. C'est le ministre de la Mer, Jacques Mellick, qui l'inaugure en compagnie d'André Delelis le 25 février 1989.

   L'école de musique municipale qui était hébergée rue François Gauthier depuis les années 80 doit, vu le nombre d'élèves en constante augmentation (environ 300 en 1990) déménager. Elle trouve un local rue Romuald Pruvost, face à la maison d'André Delelis dans l'ancienne bibliothèque municipale. Elle devient alors l'école de musique Frédéric Chopin.

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   Quelques mois plus tard, le 8 septembre 1990, est inauguré le lycée professionnel Robespierre, dans la rue Léon Blum de la cité du 11 en présence de Lionel Jospin, Ministre de l'Education Nationale. Oeuvre de l'architecte lensois Milan Martic, il accueillera dès la rentrée 650 élèves préparant BEP ou BAC professionnels.

   Les relations entre André Delelis et la fédération socialiste du Pas de Calais ne vont pas en s'arrangeant. Le maire de Lens n'a sans doute jamais oublié l'attitude de Daniel Percheron lorsqu'en 1973, avec Jean Pierre Kucheida, il a bouté les anciens de la SFIO (dont Guy Mollet) du bureau fédéral pour prendre le pouvoir local et devenir plus tard Président de Région. Le divorce entre les deux hommes est consommé lors d'une réunion au cours de laquelle ils s'invectivent sévèrement. D. Percheron quitte son poste d'adjoint pour aller se faire élire Conseiller Municipal à Liévin sur la liste de son ami Jean Pierre Kucheida. A. Delelis prend cela comme une confirmation de sa trahison.

   Une nouvelle lutte se déroule en 1990 : dès janvier, le Gouvernement de Michel Rocard prend la décision de confier aux élus du bassin minier la gestion du patrimoine des houillères dans le cadre d’une Société d’Économie Mixte qui aura pour mission de gérer les 80000 logements de la Soginorpa. Une réunion est organisée le 15 février 1991 entre les 33 membres socialistes des bureaux des districts afin de désigner leurs représentants à la Sacomi. La candidature d'André Delelis est rejetée. Celui-ci conteste alors la validité du vote qu’il dit joué d’avance et accuse directement les membres de la majorité fédérale. Marcel Wacheux, le maire de Bruay, lui aussi candidat, est également écarté au profit de Jean Pierre Kucheida. Devant l’intransigeance des dirigeants locaux du parti, il démissionne du PS en avril.

   En 1998, André Delelis déclarera à un journaliste :«Moi, j’avais toujours dit "ne demandez pas à devenir propriétaires", et ils n’ont pas voulu m’écouter. Ils ont voulu être les gérants de ce patrimoine, et ils ont mis le plus mauvais d’entre eux, qui s’appelait Kucheida. Parce que Kucheida est un bon député, c’est un homme actif et dynamique, mais c’est un homme pervers.». Cette année là, lors de la création de la Communauté d’Agglomérations de Lens-Liévin (qui remplace le District de Lens-Liévin) André Delelis démontrera qu'il a encore de l'influence localement en faisant battre Kucheida pour le poste de Président pour faire élire le MRG Jean-Marie Alexandre, Maire de Souchez.

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De l'Université Perrin à la Coupe du Monde de Football :

   L'une des plus belles réussites d'André Delelis est sans aucun doute la faculté Jean Perrin en novembre 1981. Installée dans les anciens 'Grands Bureaux' des Houillères, cet immense édifice à l'architecture remarquable de l'entre deux guerres, édifié au pied de la Route de la Bassée vers 1930 par la puissante Compagnie des Mines de Lens accueille l'Université d'Artois qui prépare les étudiants dans le domaine des Sciences et Techniques aux licences, master et doctorat. Afin de préserver le patrimoine qu'est ce magnifique bâtiment devant lequel se trouve un immense parc à la française, les travaux de rénovation n'ont affectés que la partie arrière de l'édifice pour un coût total de 4 725 000 euros. André Delelis dira : ''De la Maternelle à l'Université, maintenant, l'ensemble de la formation est accessible aux jeunes lensois sans avoir l'obligation de quitter leur ville''.

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   C'est aussi au tout début des années 90 qu'ont été érigés deux centres d'affaires dans le centre ville : l'un dans la rue Emile Zola, près de la Route de Lille comprend trois bâtiments, l'autre sur la Route de Béthune comprend 1200 m2 de bureaux. Appelés, les forums Zola et Bollaert, ils abritent autant des services publics comme 'Pôle Emploi' et des entreprises du secteur tertiaire (architectes, conseil juridique,...).

  Dans la cité des Arbres, (cité 12-14) est inaugurée le 14 mars 1992 la salle René Houdart. Orientée en priorité vers le tennis de table, cette salle remplace la vétuste Salle Saint Laurent, siège de 'l'Amicale des cités 12-14' créée dans les années 50 par des employés des HBNPC.

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   La population lensoise vieillit : entre les années 60 et 80, l'augmentation du nombre de personnes de plus de 60 ans a été de 13 %. C'est pour répondre à cette demande que le 20 mai 1992 la MAPAD Désiré Delattre (Maison d'Accueil pour Personnes Âgées Dépendantes) a ouvert ses portes. Située rue Charcot, elle peut accueillir à son ouverture 80 personnes en hébergement médicalisé. Les personnes agées peuvent aussi être accueillies dans les foyers Louis Voisin (rue Galilée, cité 12) et Jean Moulin, proche de la MAPAD.

   André Delelis a maintenant 68 ans : il décide de ne pas se représenter aux élections sénatoriales du 27 septembre. Désormais, il se consacre uniquement à la ville de Lens. Ville de Lens qui continue à se développer dans le domaine des services (nouveau bureau de poste à l'emplacement des anciens Ets Renard, près de l'église Saint Leger), des soins (ouverture du bâtiment des spécialités chirurgicales au C.H.L. Ernest Schaffner où il est le président du Conseil d'Administration), de la formation (ouverture de l'IG21 rue Jean Souvraz), d’aménagements importants à la Grande Résidence où de nombreux logements sont vides (chaussées, espaces verts, éclairage et destruction de six tours).

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   En juin 1995 de nouveau sont organisées les élections municipales. Comme c'est devenu une habitude à Lens, les électeurs ne se déplacent qu'une seule fois. Dès le premier tour le 11 juin, la liste socialiste d'André Delelis obtient la majorité absolue. Sur les 15 378 bulletins valables, elle récolte 8740 suffrages (56, 8 %) et aura donc 31 élus. Ses adversaires traditionnels, le RPR de Michel Roger (2873 voix) et le PC de Jean Paul Decourcelle (1532 voix) n'obtiendront que 3 et 2 sièges au Conseil Municipal. Pour la première fois, le Front National sera aussi représenté avec 3 élus (2233 voix). Sur la liste menée par André Delelis figure pour la première fois un certain Guy Delcourt qui est dès son arrivée promu Adjoint au Maire, chargé de la Culture.

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    Le Commissariat de Police de Lens existe depuis 1962 dans la rue de la Gare, près de la Caisse d'Epargne. Le ministère de l'Intérieur envisageant une réorganisation régionale avec une augmentation des effectifs à Lens, ce local devient trop petit. La ville lui cède alors un terrain de 3500 m2 sur avenue Van Pelt afin d'y édifier un nouvel Hôtel de Police mais, dans le cadre de la restructuration du quartier Van Pelt, pose quelques obligations à l'architecte Gilles Neveux Les travaux débutent en 1996 et les locaux mis à la disposition des forces de l'ordre fin avril 1998, juste avant la Coupe du Monde de football.

    C'est pendant cette même année 1998 que la Municipalité loue le Stade Bollaert pour une assemblée des témoins de Jéhovah. Devant la polémique qu'engendre cette manifestation en ville, la Maire de Lens répond : ''Dans la laïcité, on retient ce que nous enseignent les anciens, les laïques et ce que m’a appris le socialisme démocratique et l’humanisme. J’ai toujours été tolérant à l’égard de tous. Je suis athée. Mes parents m’ont élevé ainsi. J’ai été néanmoins le maire ouvert à toutes les religions. J’ai fait mettre une mosquée à la disposition des musulmans. J’ai fait rénover les églises. .

   Tout le temps que cette association des Témoins de Jéhovah ne sera pas interdite, elle disposera comme elle l’entend du stade Bollaert dans des conditions que nous déterminerons. Faites les interdire et après, nous nous inclinerons devant les lois de la République Française.'' (Régis Dericquebourg, Interview d’André Delelis 1998 ).

     Dans le même ordre d'idée, André Delelis a demandé plusieurs fois l'attribution de la Légion d'Honneur aux sœurs de la communauté religieuse de Vendin-le-Vieil en raison de leur disponibilité et de leur total dévouement envers la population minière. Il notera en juin 2012 que le triple refus par les autorités de l’État équivaut pour lui-même à un échec. C'est aussi pour cette raison qu'il refusera pour lui-même cette distinction.

   Depuis le 10 novembre 1992, le Comité français d'organisation de cette Coupe du Monde de Football 1998 existe pour étudier et régler tous les aspects de l'évènement. Parmi les terrains retenus pour les rencontres, le stade Bollaert est désigné pour être l'une des scènes de cet évènement. Les travaux commencent en 1995. Les installations sont modernisées et mises en conformité avec les exigences de la FIFA (Fédération Internationale de Football Association) : vestiaires, sécurité, équipements en télécommunications, loges ... Conformément à ces nouvelles normes, la tribune Trannin est rasée et reconstruite et les autres sont aménagées afin que le stade ne comporte plus que des places assises. La capacité de l'enceinte est ainsi réduite à 41 649 places.

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    Mais ces travaux auront d'autres conséquences : en 1997, André Delelis est mis en garde à vue et inculpé pour délit de favoritisme lors du chantier de rénovation du stade. Il est condamné à une forte amende mais dira un peu plus tard : ''Si le tribunal a reconnu certaines fautes, il a aussi estimé que dans cette affaire, il n'y a eu pour aucun élu local d'enrichissement personnel ou de corruption, ce qui est très important pour nous''.

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A. Delelis à sa sortie du tribunal

       Le succès de la Coupe du Monde est immense pour la ville et la région. Six matches du tournoi se déroulent à Lens dont le huitième de finale à suspense entre la France et le Paraguay le 28 juin.

    Malheureusement, cette fête est gâchée lorsque le gendarme Daniel Nivel est sauvagement agressé par une bande de hooligans allemands le 21 juin 1998 rue Romuald Pruvost après le match entre l' Allemagne et la Yougoslavie.

   Cette fête du football avait été précédée d'une autre à Lens. Appelé par A .Delelis en 1988, Gervais Martel est président du Racing Club depuis 10 ans; poste dans lequel il a succédé à Jean Honvault. Après une nouvelle période difficile sur le plan sportif et financier il a, avec l'aide de la municipalité et de son maire, reconstruit le club, comblé son déficit et l'a fait remonter en première division en 1991.

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   Alors, le RC Lens connait la plus belle période de son histoire avec des qualifications pour des coupes d'Europe en 1995 et 1996. La plus belle page du club, entraîné alors par l'ancien joueur lensois Daniel Leclerc, s'inscrit le 9 mai 1998. Au cours d'un match disputé à Auxerre, un jeune 'chti' Yohann Lachor (il est né à Aire-sur-la-Lys) inscrit pendant la deuxième mi-temps un but qui donne au RCL le titre de Champion de France de football pour la première fois de son histoire.

   Au retour des joueurs à Lens, ils sont plus de 30 000 fans a envahir le Stade Bollaert à 3 heures du matin pour acclamer leurs champions. Après une nuit qui fut très courte dans beaucoup de foyers, la fête continue. Le lendemain, un tracteur suivi d'une remorque peinte aux couleurs Sang et Or traverse difficilement la ville parmi la foule en liesse pour transporter les joueurs et leurs dirigeants qui sont reçus à l'Hôtel de Ville par le conseil municipal avec André Delelis en tête. Lui qui a toujours apporter son total soutien au club est fou de joie comme l'ensemble de la population.

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    Seule déception : aucun joueur lensois ne sera sélectionné pour défendre les couleurs de la France lors de la Coupe du Monde. L'année suivante, le RCL remportera la Coupe de la Ligue professionnelle en battant en finale au Stade de France l'équipe de Metz.

   Tout semble aller pour le mieux à Lens. Aussi, c'est une surprise pour beaucoup lorsqu'on apprend, le 23 septembre 1998 qu'André Delelis a décidé de mettre un terme à se carrière politique et d'abandonner son poste de Maire de Lens. Lui qui disait : ''Ma passion, c'est la mairie ... le mandat de maire procure d'immenses satisfactions, c'est celui auquel je tiens par dessus tout'' donne sa démission lors de la séance du Conseil Municipal du 14 octobre. En préambule à cette réunion, il prononce une allocution dans laquelle il dit notamment :'' Il ne faut jamais quitter la vie publique, quand on a l'âge, sur un échec. Il ne faut jamais partir non plus lorsqu'on est diminué physiquement et qu'intellectuellement vos moyens diminuent à tel point qu'à l'oeil nu, ça se voit ou ça s'entend''. Lors de cette séance, il désigne lui-même son successeur et c'est ainsi que Guy Delcourt est élu Maire de Lens.


Une succession pour le moins difficile :

   André Delelis quitte aussi la présidence du District Lens-Liévin et se retire dans sa maison de la rue Romuald Pruvost. De loin, il continue de suivre les actions de ses successeurs et n'hésite pas à donner son avis dans un blog qu'il tient sur Internet. Les relations entre lui et la nouvelle municipalité se tendent au point qu'il dit à qui veut l 'entendre : ''Je suis fier de mon bilan pendant 40 ans. Je n'ai fait qu'une erreur : celle du choix de mon successeur''. Lors d'une réunion de section du PS à Lens en 2008, il invective vertement Guy Delcourt en lui disant que n'être élu Maire de Lens qu'au deuxième tour doit être considéré comme une défaite de sa politique (la liste PS a été élue au 2ème tour avec 48,4 % des suffrages exprimés). Depuis, ses relations avec la Mairie et la section de Lens du PS sont rompues : on ne lui renouvelle pas sa carte de membre du parti (selon la section lensoise, il aurait été exclu du PS).

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   Au mois de mai 2011, André Delelis participe à la commémoration du trentième anniversaire de l'élection de François Mitterrand. Cette manifestation se déroule à Liévin devant la stèle du souvenir aux mineurs tués au travail. Malade, diminué physiquement, il tient néanmoins un discours dans lequel il rappelle ses années de lutte pour arriver jusqu'à la victoire de 1981. Ce sera là la dernière apparition publique d'André Delelis.

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   Depuis, il fait de nombreux trajets entre sa maison et l'hôpital : la maladie des os dont il souffre le fait souffrir. Cela ne l'empêche pas de continuer à travailler pour le plaisir comme quand il accepte d'établir un dossier complet sur sa carrière et sa vie politique pour la présente biographie.

   Le 3 septembre 2012, André Delelis est de retour chez lui après une nouvelle hospitalisation. Le soir, il regarde à la télévision un match de football entre 'son' équipe, le RC Lens et le club d'Angers. Son épouse dira qu'il s'est endormi dans son fauteuil, ce qui ne lui arrivait jamais lui, le passionné de football. C'est comme un signe : le lendemain matin, un communiqué annonce qu' André Delelis est décédé au cours de la nuit à l'âge de 88 ans.

   De nombreuses personnalités témoignent de leur émotion ou de leur tristesse. Parmi eux, ses anciens ''adversaires socialistes'' Guy Delcourt, Daniel Percheron, Jean Pierre Kucheida mais aussi Jean Luc Mélanchon, Pierre Mauroy, Martine Aubry, Jean Claude Bois et le Président François Hollande qui dira : «Il fit de la défense de l'identité du Nord de la France son combat le plus constant ».

   Beaucoup confirment qu' André Delelis allait toujours au bout de ses convictions et n'admettait pas d'être contredit dans ses choix. Il était capable de détester celui qu'il adorait peu de temps auparavant si celui-ci osait le contredire, s'opposer à ses décisions ou géner ses ambitions.

   Les lensois lui rendent un vibrant hommage en venant nombreux saluer sa dépouille dans la chapelle ardente dressée dans le hall de la mairie de Lens. Le samedi 8 septembre, une cérémonie est organisée devant l'hôtel de ville. Des personnalités politiques, sportives et une foule de 300 personnes y assistent. C'est un adieu à celui qui fut pendant trente deux ans aux commandes de ce qu'on appelait 'la Capitale du Pays Minier' lorsqu'il en a pris les rênes. Avant que son corps ne soit emmené pour être incinéré au funérarium de Vendin, un groupe de supporters habillé en Sang et Or interprète l'air de la chanson de Pierre Bachelet «Les Corons».

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   Quelques jours plus tard, le stade Bollaert est plein aussi d'émotion lorsque tous les supporters des Sang et Or rendent un hommage à celui qui a tant fait pour le club en présence de sa fille Dominique.

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 Sur la proposition faite par Gervais Martel reprise par de nombreux lensois, passionnés ou non de football, le Conseil Municipal décide, quelques jours plus tard, de donner au stade mythique du RCL le nom de 'Stade Bollaert-Delelis''.

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André DELELIS

53 ans de syndicalisme et de politique

 

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