Les grands bureaux des Mines
Les Grands Bureaux
Mines d'Aniche (détruits)
Mines de L'escarpelle
Les "Grands Bureaux" sont le centre de la partie administrative d'une société minière. C'est à cet endroit que siège la Direction et que se prennent toutes les décisions d'orientation de la production. On retrouvait donc dans ces grands bureaux la direction de la Compagnie, des secrétariats, la trésorerie générale notamment mais aussi des architectes, des géomètres et des ingénieurs
Mines de Lens
Mines de Marles
C’est dans ces bâtiments que toutes les actions de fond (fonçage, raval, action sociale...) sont décidées. Les grands bureaux ont toujours été la vitrine de la Compagnie. On montrait sa puissance grâce à l’architecture du bâtiment et à sa taille. Le meilleur exemple se trouve à Lens avec le bâtiment des Mines de Lens véritable château d’une facture remarquable, en comparaison au petit bâtiment des mines de la Clarence.
Mines de Meurchin
Mines de La Clarence
Mines de Courrières
Les grands bureaux de la société des mines de Lens
Aujourd’hui propriété de l’Université d’Artois, l’actuelle Faculté des Sciences Jean Perrin abritait autrefois les “Bureaux centraux de la Société des Mines de Lens”.
Impressionnant, comme nom !
Mais le bâtiment l’est tout autant. Après la découverte d’une veine de charbon à Lens en 1851, la Compagnie des mines de Lens fut, jusqu’au milieu du 20ème siècle, la compagnie la plus productive du bassin minier du nord.
D’ailleurs, les grands bureaux de la compagnie évoluèrent et s’agrandirent à mesure de ce succès croissant. Installés d’abord dans un ancien relais de poste, les services administratifs déménagèrent dans de nouveaux bâtiments construits spécifiquement pour eux, non loin de la fosse n°1 de Lens. Durant la Première Guerre Mondiale, ils furent totalement rasés par des obus, tout comme les fosses, les logements ouvriers et le réseau ferroviaire.
“La Société des Mines de Lens (SML) est créée en 1852 pour exploiter la concession de Lens. À sa tête, de riches industriels et négociants lillois du textile et du sucre désireux de diversifier leur capital et de s’approprier la matière première nécessaire au fonctionnement de leurs usines. Les fosses s’ouvrent alors les unes après les autres autour du centre-ville et dans les communes alentour. Afin d’accueillir l’importante main d’œuvre nécessaire, des cités minières qui fonctionnent de manière autarcique sont édifiées autour de ces différentes fosses. Cette nouvelle industrie transforme radicalement le paysage local. Cette nouvelle industrie transforme radicalement le paysage local. Lens, bourg rural d’environ 3000 habitants en 1852, se mue rapidement en grande cité industrielle et compte près de 36000 habitants – l’équivalent de la population actuelle – en 1914.”
Brochure de l’Office de Tourisme.
Après la guerre, on donna la priorité à la remise en état des fosses de charbon et à la construction de logements indispensables pour les mineurs et leurs familles.
Mais au milieu des années 1920, on décida de construire de nouveaux bureaux, plus grands, plus beaux, plus imposants, entourés de grands jardins, afin d’exprimer la puissance retrouvée de la Société des Mines de Lens après les destructions de la Première Guerre mondiale. La réalisation des plans des nouveaux bâtiments fut confiée à l’architecte de la reconstruction, l’indéboulonnable Louis-Marie Cordonnier (aidé de son fils Louis-Stanislas).
Si vous vivez dans le Nord ou le Pas-de-Calais, il y a de grandes chances que vous ayez déjà croisé sans le savoir l’une des œuvres de Louis-Marie Cordonnier.
Après la Première Guerre Mondiale, cet architecte a réalisé de nombreux hôtels de ville, bâtiments industriels et églises de la région, souvent dans un style néo-régionaliste ou néo-flamand.
Il est notamment le créateur de la basilique de Notre-Dame de Lorette, de la chambre de commerce et de l’opéra de Lille, ainsi que les grands édifices de la Société des Mines de Lens.
En savoir plus
Les nouveaux bureaux, construits dans un style inspiré de la renaissance flamande, ouvrirent en 1930. Si l’ossature utilise un matériau moderne et économique, le béton armé, la façade de 81m de long et 30m de haut est couverte d’un parement de briques, de travées et de pignons, pour composer un décor régionaliste imposant.
Les murs côté cour sont presque dénués d’ornement, mais possèdent de grandes baies vitrées pour laisser entrer la lumière dans les bureaux. Ils sont nettement plus fonctionnels.
C’est dans ces bâtiments que furent organisés, jusqu’à la fin de l’exploitation du charbon en 1990, le travail dans les fosses, la transformation, le transport et la commercialisation du charbon ainsi que la vie quotidienne des mineurs et de leurs familles (logements, œuvres sociales…).
Au sommet de sa puissance dans les années 1930, la Société des Mines de Lens possédait une vingtaine de fosses en activité, mais également des usines pour la production d’électricité, la carbochimie et la fabrication d’agglomérés, une cokerie, des lavoirs et sa propre briqueterie. Elle employait plus de 17.000 hommes et femmes. Dans ses cités – qui comptaient environ 10.000 logements ouvriers – vivaient plus de 40.000 personnes, en comptant les enfants.
En 1990, les grands bureaux furent achetés par la Ville de Lens pour un franc symbolique puis aménagés pour l’installation de la Faculté des Sciences Jean Perrin. Les locaux furent transformés, la disposition des pièces changea, la plupart des carrelages et les décors de mosaïques en lambris des couloirs disparurent.
Au rez-de-chaussée, un grand hall ouvre sur l’escalier d’honneur qui permet de rejoindre les étages. Il est éclairé par un immense vitrail Art déco réalisé par le maître-verrier lillois Pierre Turpin.
Les deux salles du rez-de-chaussée furent utilisées pour accueillir diverses manifestations (bals, examens, cérémonies de remise des médailles du travail, banquets, etc.).
Au premier étage se trouvaient les bureaux des ingénieurs et des dessinateurs.
Le second étage était appelé “étage noble” ou “de prestige” : il accueillait les bureaux de la direction et leur secrétariat, une bibliothèque, ainsi que les espaces de réunion et de réception.
Le troisième étage et les combles étaient destinés aux bureaux des géomètres et aux archives.
Si les lambris ou les ferronneries ouvragées des rampes d’escaliers sont eux-aussi d’inspiration néo-renaissance, le reste de la décoration intérieur est nettement plus influencé par l’Art Déco : décors géométriques des garde-corps en fer forgé, chapiteaux des colonnes de la galerie, staffs du plafond à caissons et luminaires…
Le second étage est le plus luxueux, le plus raffiné. Une vaste galerie desservait les bureaux du directeur et de ses collaborateurs, la salle du conseil d’administration, la salle à manger et le fumoir. Ici, le décor est somptueux, les salles sont immenses, les matériaux sont nobles : parquet Versailles, cheminées en marbre, lambris en bois précieux, imposants miroirs, mobiliers et luminaires stylisés. La SML voulait en mettre plein les yeux !
Pour l’ameublement, les architectes firent appel à l’atelier Majorelle de Nancy et à des entreprises artisanales régionales qui créèrent du mobilier dans le style de l’époque, l’art déco.
Certains décors sont spécifiques, tels les motifs floraux stylisés qui ornent le meuble et les encadrements de portes du fumoir, ou les lampes de mineurs sur les boiseries de la salle du conseil d’administration.
La SML commanda également des luminaires et des ferronneries représentant des fossiles que l’on retrouvait dans le charbon : des fougères et de petits mollusques.
En 1931, le peintre Tellier représenta une fosse en activité. Le tableau trône encore au-dessus de la cheminée de la salle de réception.
Le jardin de 3 hectares fut créé par Achille Duchêne, un paysagiste parisien renommé. Le meilleur endroit pour les admirer est “l’étage noble” du bâtiment, réservé à la direction.
“Les bureaux centraux étaient directement reliés au réseau ferré privé de la Société des Mines de Lens afin que les dirigeants et actionnaires puissent facilement se rendre sur les différentes fosses, usines et cités de la Société. Grâce au quai aménagé dans la partie sud-est du jardin, les personnalités reçues par la SML pouvaient rejoindre directement les espaces de réception des grands bureaux en traversant le jardin.
L’usage de ce jardin clôturé d’un mur est à l’origine réservé aux administrateurs et aux actionnaires de la Société des Mines de Lens. L’interdiction faite aux employés d’accéder au jardin à cette époque traduit sans ambiguïté la conception des dirigeants de la SML en matière de hiérarchie et de respect de l’autorité.”
Brochure de l’Office du Tourisme
La sculpture de Ferenc Nagy installée dans le jardin en 1994 rappelle aux promeneurs le travail des hommes, sans qui l’immense bâtiment n’aurait pas eu de raison d’être.
Les Grands Bureaux de la Société des Mines de Lens sont inscrits à l’inventaire des Monuments Historiques depuis 2009.
Ils sont l’un des 353 éléments du Bassin minier Nord-Pas-de-Calais inscrit au Patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2012.
Aux abords des grands bureaux, vous pouvez trouver une concentration de belles demeures qui étaient, à l’époque, réservées aux dirigeants, ingénieurs et employés de la Société des Mines de Lens.
Pour en savoir plus, lisez la brochure de l’Office du Tourisme.
INFORMATION PRATIQUE
Adresse : 2 route de La Bassée 62300 LENS
Des visites guidées sont organisées par l’Office du Tourisme de Lens-Liévin.
Les jardins des Grands Bureaux sont ouverts en accès libre de 9h à 18h l’été, de 10h à 17h l’hiver.
Puisque vous êtes dans le coin :
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