Le centre de vacances Roger Latournerie
Centre de vacances Roger LATOURNERIE (06)
Le Centre de
vacances situé sur la Corniche des Serres de la Madone à Menton est
assurément une réalisation emblématique du régime minier de
l'après-guerre.
Il est né de la volonté opiniâtre d'un homme dont il porte le nom et qui
fut Président du Conseil d'administration de la Caisse autonome
nationale de la sécurité sociale dans les mines de 1947 à 1970 : Roger
LATOURNERIE.
Dans le prolongement de la construction de nombreuses œuvres (Maisons
pour handicapés, maisons de repos, pharmacies, colonies de vacances...)
il a souhaité créer un domaine qui offrirait aux mineurs et à leur
famille, et dans un site qu'il voulait exceptionnel, une destination de
vacances qui serait proportionnellement à la hauteur de la dureté des
métiers du fond.
Si l'ambition d'un tel projet a paru inaccessible et donc irréaliste à
certains administrateurs de la CANSSM de l'époque, sa force de
persuasion et son infatigable détermination ont fait tomber un à un les
obstacles qui en jalonnaient la réalisation.
Premier défi : trouver le lieu le plus approprié. C'est ainsi qu'en
accord avec le Directeur Général, Monsieur Paul HENRY, il envoya un
émissaire pour prospecter et trouver, le long de la côte
méditerranéenne, l'emplacement idéal.
La tâche fut ardue, mais finit par aboutir. Une prestigieuse propriété était effectivement à vendre : le domaine « CERNUSCHI ».
Avant le rachat par la CNASSM
Les « CERNUSCHI » étaient trois frères milanais de naissance.
L'aîné, Enrico (Henri), surnommé le Saint-Just de la révolution
italienne, s'exile en France en 1850. Naturalisé Français, il fait
fortune dans la banque et la finance. Après les massacres de la Commune
il entreprend de longs voyages en Asie d'où il ramène une
impressionnante collection d'objets d'art qu'il légua à la Ville de
Paris et qui donnera naissance, par la suite, au fameux musée Cernuschi
aux abords du Parc de Monceau.
Ici, c'est l'hôtel !
Le deuxième, Attilio, tout à la fois ingénieur et banquier, s'établit à
Londres. Il a pris l'habitude de passer ses vacances à Menton dans les
années 1860. Amoureux de la région, il acquiert sur la colline des
Serres de la Madone la Villa du Vellon ainsi que plusieurs terrains
attenants représentant au total plus de 10 hectares. Il y fait
construire la grande route privée constituée de 22 lacets partant du
Borrigo (nom de la petite rivière) et remontant toute la colline. La
déclivité est, en effet, importante puisque dans sa partie basse le
domaine est à une altitude de 15 m au-dessus de la mer et monte
rapidement pour atteindre 105 m dans le haut.
A sa mort, en 1894, son frère Cadet, Constantin, reprend la propriété.
C'est un ingénieur reconnu qui a construit de nombreuses voies ferrées
de par le monde (en Italie, en Espagne et jusque dans les Andes). C'est
lui qui va donner au domaine sa forme actuelle. Il fait, entre autres,
modifier la route dans sa partie haute.
Après la mort de Constantin CERNUSCHI, la propriété est rachetée par Monsieur Enéa CORBETTA, Chevalier comptable à Milan.
Ses trois enfants, Maria, Catterina et Carlo CORBETTA hériteront chacun
d'un tiers du domaine lors du décès de leur père le 21 février 1927.
Restés en indivision, la famille est toutefois dispersée. Maria
CORBETTA, épouse De NEEL, vit à Nice. Sa sœur, Catterina CORBETTA,
épouse RAVIZZIA, demeure à Milan, tandis que leur frère, Carlo CORBETTA,
réside à Cambridge en Angleterre.
Trente ans après la disparition de leur père, ils décident de se séparer de la propriété et de réaliser le partage.
C'est donc ce domaine qui est mis en vente à la fin des années 1950.
La Propriété CERNUSCHI - CORBETTA en 1951
La Mairie de Menton, attentive au devenir du site, envisage tout d'abord de protéger cet espace vert et d'en réserver une partie à la construction d'un programme de logements sociaux.
Mais le projet de la CANSSM a séduit la municipalité qui tient à
renforcer son positionnement en tant que ville de repos et de tourisme
comme le confiera quelques années plus tard son Sénateur-Maire, Francis
PALMERO.
Gestion par la CANSSM
Ainsi, la CANSSM achète le 10 avril 1958 le domaine pour y réaliser son
centre de vacances. A l'époque, le site comprend plusieurs bâtiments
anciens et inadaptés à la nouvelle destination du site. Parmi eux,
figurent la Tour qui servait jadis d'observatoire, le Campanin, la
Villetta, ou encore le Cairou posé au cœur d'une oliveraie centenaire,
etc...
Un repos au soleil bien mérité.
Il s'agit tout d'abord de les rénover pour y installer des logements
pour le personnel, une crèche et une garderie d'enfants, un service
d'infirmerie, un ensemble de garages et ateliers pour le service
d'entretien et une buanderie-lingerie où les hôtes trouvent l'équipement
nécessaire pour laver et repasser.
Lorsque cela est possible, des locaux sont aussi convertis en locaux d'hébergement.
Mais le plus gros de l'opération consiste en la construction de nouveaux bâtiments dont :
- un groupe de pavillons à caractère provençal d'un ou deux niveaux au nord de La Tour constituant le « village côte d'azur »
- un groupe de pavillons de style moderne d'un seul niveau situé en bordure du plateau dominant la route en lacets et représentant le «village méditerranée»
Tous ces pavillons comportent des logements de 1 à 3 pièces avec entrée indépendante et loggia.
- un immeuble collectif dénommé « les Océans » comportant quatre étages élevés sur Rez-de- chaussée. Les logements possèdent un ou deux pièces.
- un bâtiment central de 3 niveaux qui regroupe la partie réception (accueil, bar, cafétéria, salle polyvalente qui sert notamment à l'organisation de spectacles) avec en mezzanine certains locaux tels que la bibliothèque, un salon de lecture et de jeux et les bureaux administratifs, la partie restaurant et cuisines et enfin un niveau jeux pour les vacanciers avec solarium en terrasse.
- une aire de jeux et de détente comprenant une piscine de 25 m et des pataugeoires de diverses profondeurs avec cabines et douches, un bar et divers aménagements (terrain de volley-ball, jeux de boules...)
- un parking est aménagé à l'entrée de la propriété
A l'époque, le centre comporte ainsi 144 logements dont 67 chambres, 67 logements de 2 pièces et 10 de 3 pièces pour une capacité totale de 370 places pour les retraités. Le nombre de place est porté à 594 lors des périodes de vacances des familles.
La 1ère pierre est posée le 24 octobre 1969. Les travaux s'achèveront en 1973.
Cette année-là, le centre sera ouvert 3 mois aux retraités, mais
l'inauguration officielle aura lieu le 29 mai 1974 en présence de
nombreuses personnalités.
Dès son ouverture, la gestion du Centre est confiée par la CANSSM à « Villages Vacances Familles » (VVF), mais les opérations de réservation des séjours sont assurées par les Unions régionales des sociétés de secours minières sous l'égide de la Caisse autonome nationale.
Au début des années 1980, une parcelle de 2 hectares située au sud-ouest, non construite, est cédée. Elle avait été laissée en l'état dans la perspective d'y aménager éventuellement par la suite une zone de camping, projet qui fut abandonné. La propriété est ainsi réduite pour ne plus comporter que 80 711 m².
Au cours de l'année 1994, alors qu'il s'apprête à fermer pour 18 mois de
travaux, le Centre n'accueille pas moins de 10 000 vacanciers.
L'époque a changé, la concurrence aussi. Les attentes et les demandes
des affiliés du régime ont été entendues par le conseil d'administration
de la CANSSM. D'importants travaux de rénovation sont entrepris afin
d'améliorer le confort des chambres et la sécurité incendie du bâtiment «
les Océans » ainsi que l'accès aux services collectifs des personnes
handicapées, notamment le restaurant.
La réouverture aux affiliés a lieu le 22 juin 1996. Une cérémonie
officielle intervient sur place le 9 octobre 1996. Elle est l'occasion,
tout à la fois, de fêter l'achèvement de ces travaux et de commémorer le
cinquantenaire de la CANSSM.
En
1999, est réalisée la Cuisine d'été au-dessus de la piscine ainsi que
la rénovation d'une 1ère tranche des bâtiments « les 100 ». La 2ème
tranche intervient en 2001/2002.
La rénovation des « 500 » est faite entre 2002 et 2004 et celle des « 300 » entre 2003 et 2005.
La piscine est mise aux normes en 2003/2004. Des difficultés
surviendront en cours de chantier en raison de la présence d'une source
sous la piscine.
Par ailleurs, en 2003 est construit un mini-golf financé pour une part au moyen d'un legs effectué par un ancien agent de la Caisse autonome nationale, Madame Yvonne DEJOU décédée le 5 novembre 1994.
Enfin, en 2005, la Tour et le Campanin sont remis aux normes et les bâtiments dénommés les « cols » et les « 200 » sont rénovés.
Mais la réforme du régime minier intervenue en 2011, puis la décision confirmée en 2013 de transférer au 1er janvier 2014 la politique vacances du régime à l'Agence nationale pour la garantie des droits des mineurs (ANGDM) entraine la mise en vente de la propriété.
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