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mardi 13 février 2024

Les polonais dans le bassin minier conférence mineurs du monde

 

Les polonais dans le bassin minier conférence mineurs du monde

L’IMMIGRATION POLONAISE DANS LE BASSIN MINIER DU NPDC

L’EXEMPLE DE LA CITÉ QUÉNEHEM DE CALONNE - RICOUART

Conférence d’Henri DUDZINSKI 04 / 09/ 15 CALONNE - RICOUART

Cette conférence d’Henri DUDZINSKI, Consul honoraire de Pologne bien connu dans la région, clôture la série de manifestations organisées par la Municipalité de CALONNE-RICOUART pour le quarantenaire de la catastrophe de l’explosion du terril de la fosse 6 (26 août 1975). Le Maire, Ludovic GUYOT, ouvre la soirée en remerciant le public nombreux constitué principalement d’anciens de la cité Quénehem et de quelques personnalités (Bertrand COCQ, Simon COLLIER, Bernard BECLIN, comédiens patoisants) ; il rappelle tout ce que son équipe municipale a concocté pour cet anniversaire funeste qui a été finalement l’occasion de rappeler tout ce qui s’est passé dans ce quartier si typique de la ville qu’on appelait ̎la Petite Pologne ̎.

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La Salle des Fêtes au 1er étage de l’Hôtel de Ville est bien remplie. Photo GT

L’arrivée de la famille d’Henri DUDZINSKI à CALONNE-RICOUART

Henri DUDZINSKI, journaliste à la Voix du Nord, est le Consul honoraire de Pologne depuis 2013, date à laquelle l’Ambassade de Pologne a fermé son Consulat de LILLE situé Boulevard Carnot. La fonction est passionnante et très prenante car les descendants des ‘’polaks’’ sont encore très nombreux dans le Bassin minier et il faut sans arrêt raviver la flamme pour que l’épopée de leurs aïeuls (parents, grands-parents, arrière-grands-parents) ne tombe pas dans l’oubli. Henri commence son exposé en rappelant ses origines calonnoises. Ceux qui deviendront ses grands-parents maternels arrivent séparément à Quénehem en 1922, une cité minière dont la construction commencée en 1920 n’est pas terminée : son futur grand-père, né en 1902 en Allemagne, habite rue d’Arras (il sera tué à la mine en 1942) et sa future grand-mère, née en 1908, emménage rue de Béthune, la rue en dessous, c’est la rue des commerçants du bas de la cité. A l’époque, la moitié-est du Bassin Minier (de LIÉVIN à VALENCIENNES) est encore dévastée à la suite de la Grande Guerre mais les nombreuses fosses de la moitié-ouest (d’AUCHEL à GRENAY) qui sont intactes sont exploitées au maximum (en 1923, la fosse 6 de CALONNE-RICOUART ouverte depuis 1908 est l’une des plus importantes d’Europe). Il faut plus de main d’œuvre pour la Mine et la Compagnie de MARLES, en vertu de la convention franco-allemande du 9 septembre 1919, est autorisée à aller démarcher les mineurs ̎polonais ̎ de Westphalie ; ce sont des ouvriers déjà qualifiés et rompus au dur métier du fond. La France leur est présentée comme le pays des Lumières, de la Liberté et des Droits de l’Homme ; on leur dit qu’ils seront plus respectés qu’en Allemagne où on leur interdisait notamment de parler polonais dans la rue. La nouvelle cité Quénehem est envahie par les Polonais (95% des 1600 habitants), les rares familles françaises qui complètent la population se sentent un peu étrangères et elles comprennent vite que c’est à elles de s’intégrer dans cette nouvelle communauté qui compte bien garder ses habitudes de vie, ses coutumes, ses fêtes, sa cuisine, ses musiques, … Ce quartier-est de la ville de CALONNE-RICOUART devient pour quelques décennies ̎la Petite Pologne ̎!

La Cité Quénehem entre les terrils du 6 (au centre) et du 2 (en arrière-plan). Au premier plan, la Cité du 6 ; on voit le puits 6 à droite au centre et les puits 6 bis et 6 ter à la base du terril. Le siège 2 qui sera rénové en 1956 se trouve sur la gauche devant la rue de Béthune (c’est la plus longue de Quénehem).

Quelques rappels concernant les immigrations polonaises

1) Les trois partages de la Pologne

L’histoire de la Pologne est parsemée de luttes incessantes avec ses voisins (Autriche, Prusse, Russie, Suède, Turquie). Après une occupation russe au début du XVIIIème siècle, le royaume est partagé une première fois en 1772 entre la Russie, la Prusse et l’Autriche, une seconde fois en 1793 et il est finalement rayé de la carte en 1795. La Pologne n’existe plus à cette date. La partie occidentale du pays avec POSEN (aujourd’hui POZNAN), DANTZIG (aujourd’hui GDANSK) et BRESLAU (aujourd’hui WROCLAW) devient prussienne, la partie méridionale avec VARSOVIE et CRACOVIE autrichienne et la partie orientale avec MINSK, LEMBERG (LVOV, aujourd’hui LVIV) et VILNA (aujourd’hui VILNIUS) russe. Voici d’ailleurs une anecdote macabre : la très célèbre Sissi (1837-1895), épouse de l’Empereur d’Autriche François-Joseph, Impératrice d’Autriche, Reine de Hongrie et de Bohême, fera construire une caserne des lanciers à OSWIECIM ; celle-ci deviendra en 1940 AUSCHWITZ 1 Stammlager (le camp de concentration qui sera complété en 1941 par AUSCHWITZ 2 Birkenau, le camp d’extermination, et AUSCHWITZ 3 Monowitz, le camp de travail).

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1772 source wikipédia Maciej Szczepanczyk

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1793 source wikipedia Halibutt

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1795 source wikipedia Halibutt-Sneecs

2) Les polonais arrivés dans le Nord/Pas-de-Calais avant la première guerre mondiale

De 1870 à 1914, beaucoup de jeunes polonais qui ne supportent plus le partage du grand pays de leurs ancêtres quittent les anciens territoires ; c’est ainsi que 4.500.000 d’entre eux émigrent pendant cette période, principalement vers les USA (60%), vers l’Europe de l’Ouest (France, Angleterre, Belgique) mais aussi vers le Canada, l’Australie et l’ Amérique du Sud. Un peu plus de 600 familles arrivent dans le Bassin Minier du Nord/Pas-de-Calais à BARLIN (Pas-de-Calais) en 1909 et à LALLAING, GUESNAIN et WALLERS (Nord) en 1910 ; en 1914, la communauté polonaise dans le Nord compte 4000 personnes dont 1400 à LALLAING. D’autres s’installeront dans les régions charbonnières de la Loire et du Midi, des ouvriers agricoles se feront embaucher dans nos campagnes et quelques intellectuels viendront vivre à PARIS.

Parmi les mineurs polonais du Nord, il convient de citer l’un d’entre eux qui a eu un destin hors du commun : il s’agit de Tomasz OLSZANSKI, d’origine autrichienne, qui arrive en France en 1909 à AUBOUÉ (Meurthe et Moselle) pour travailler dans les mines de fer. Il adhère à la CGT au Parti Socialiste. Il part à LALLAING avant le début de la guerre et il rejoint le Jeune Syndicat des Mineurs de BROUTCHOUX (anarchiste opposé au Vieux Syndicat de BASLY). Il se battra dans l’armée française pendant le premier conflit mondial. Après le fameux Congrès de TOURS en 1920, il rejoint le Parti Communiste. En 1922, il prend la nationalité française et devient permanent syndical l’année suivante. Reconnu responsable de troubles et de complots en tout genre contre le patronat des Mines, il sera arrêté, jugé, dénaturalisé et expulsé de France vers la Pologne avec sa femme et ses cinq enfants en 1934 en même temps qu’Edouard GIEREK qui deviendra Premier Secrétaire du Parti Ouvrier Unifié polonais (équivalent de 1er Ministre) de 1970 à 1980.

3) Les polonais se battent dans les deux camps pendant la première guerre mondiale

Dès le début de la 1ère Guerre Mondiale, de nombreux ressortissants polonais de France (ouvriers, intellectuels, commerçants) et quelques volontaires étrangers affluent chez nous pour se battre au côté des Alliés ; on les rassemble dans le 1er Régiment de marche de la Légion Étrangère, on les appelait ‘’les Bayonnais’’ (Bajończycy) car ils ont effectué leur instruction à BAYONNE. La plupart d’entre eux trouveront la mort le 9 mai 1915 dans les combats autour de NEUVILLE-ST VAAST où il y a un lieu du souvenir, le Monument des Bayonnais, où se fera une réconciliation officielle entre la Pologne et l’Allemagne le 9 mai 2015 (centenaire de la bataille) ; c’est l’une des plus grandes fiertés d’Henri DUDZINSKI qui a même obtenu de BERLIN l’entretien de la nécropole polonaise qui est à trois kilomètres au nord du grand cimetière allemand de NEUVILLE-ST VAAST. Il est à noter aussi que des Polonais de l’armée française se sont battus contre des Polonais enrôlés dans l’armée allemande en 1914 en Champagne et en 1915 en Artois. Entre 300000 et 500000 soldats sont ainsi tués dans les deux camps au cours du conflit sur les fronts occidentaux et orientaux, on peut affirmer que leur mort n’a pas été inutile puisqu’elle a aidé à la création du nouvel état le 11 novembre 1918. La Pologne a gagné le droit de renaître grâce au sang de ses fils disparus.

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La nécropole polonaise de NEUVILLE-ST VAAST. Photo GT

4) La naissance de la Pologne et la Polonia vers la France

Le nouvel état polonais naît le 11 novembre 1918, le jour du Traité de VERSAILLES. La Pologne devient (pour seulement vingt ans, hélas, jusqu’au traumatisme de 1939…) un état souverain, ses habitants sont enfin libres mais les temps sont durs ; il est difficile de nourrir tout le monde et le Gouvernement ne retient pas les jeunes Galiciens et Silésiens qui veulent aller travailler dans les Mines de France, ils arriveront en même temps que les Westphaliens. La Polonia (immigration polonaise massive) vers la France commence donc en 1921, elle s’échelonnera sur plusieurs années. L’entrée sur le territoire, la sélection et la répartition dans les régions se font à TOUL (Meurthe et Moselle). Depuis 1909, les Préfectures concernées connaissent la valeur et le courage des mineurs polonais, l’intégration devrait donc se faire rapidement. Il est prévu dans les accords signés avec la France que les familles seront accueillies dans des cités minières (existantes, en construction ou temporaires), qu’on leur proposera d’emblée un apprentissage de la langue française et qu’elles pourront créer un tissu associatif spécifique (c’était interdit en Allemagne). Il est sous-entendu que la communauté sera particulièrement surveillée par les gardes des Mines qui devront signaler au Patronat les noms des fauteurs de trouble éventuels. Bien accueillis dans leur pays-hôte, bien logés, normalement aussi bien payés que les Français, rassemblés en communautés, autorisés à garder leurs habitudes de vie (c’est ce que pensent les Compagnies…), les Polonais sont alors invités à faire leurs preuves au travail… et c’est ce qu’ils feront pendant des décennies forçant souvent l’admiration de leurs collègues français.

L’installation des familles polonaises dans le Bassin Minier

1-C’est la révolution dans les corons !

Des bataillons de Polonais débarquent subitement dans les cités prévues pour les accueillir et cela crée d’emblée une sacrée animation. Ceux qui viennent de Westphalie arrivent avec leurs meubles, ceux qui arrivent de Silésie et de Galicie n’ont que leurs violons et leurs bandonéons. On arrive à Quénehem à pied après être descendus de la micheline en gare de VIS À MARLES, le défilé ininterrompu affole les rares familles françaises déjà présentes. La nouvelle communauté s’installe, on est venu ses artisans (coiffeurs, tailleurs, boulangers, bouchers, charcutiers, …), avec ses commerçants (beaucoup de juifs…), ses instituteurs et ses curés payés par les Compagnies. Tout ce petit monde s’organise rapidement : on est libre, on a du boulot, on nous laisse maintenir nos traditions car on est presque entre nous, que demande le peuple ? Les Français découvrent très vite de nouveaux plats (la kapusta ou choucroute au vinaigre, les kluski ou petites faluches à réchauffer à la vapeur, les pierogi ou ravioles de chou et de champignons, les plenze ou galettes de pommes de terre, …), une charcuterie vraiment appétissante (la metka ou saucisse fumée, la melona ou saucisse cuite, la krakowska ou saucisson fumé, la szynkowa ou saucisson au jambon, les sossiskis, la leberka ou pâté de foie fin en boyau, le smalec ou saindoux aux lardons frits, la kiszka ou boudin noir, …), des produits vinaigrés (les rollmops de hareng, les ogórki kiszone ou gros cornichons salés) et bien sûr une pâtisserie pour le moins bourrative qui n’a rien à voir avoir ce qu’ils connaissaient déjà (le placek ou gâteau aux pommes recouvert de cramble, les pączki ou beignets frits remplis de marmelade de pruneau, les chrusciki ou gâteaux secs torsadés cuits à la friture, le makocz ou gâteau roulé aux graines de pavot, etc...).

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Appétissant, le makocz, mais déconseillé pour les régimes !

Source wikipedia Bartekbas

Bataillons de bouchers-charcutiers et de serveuses chez Stanislaw BUDZYNSKI,

Boulevard Gambetta à MARLES-LES-MINES. Photo fournie par Bertrand C.

2-Les relations avec les Français dans les cités minières à majorité polonaise

On communique comme on peut au début avec les Français qui apprennent à leurs hôtes le patois local en échange de quelques grossièretés ( ̎cholera ̎et ̎kurwa mać ̎ entre autres…) qui fusent lors des disputes. La plupart des Polonais apprennent vite la langue de leur pays d’accueil à part certains qui espèrent retourner au pays après quelques années dans les Mines et qui préfèrent mettre leurs enfants dans les écoles polonaises plutôt que françaises. On reconnaît à l’accent les familles qui viennent d’Allemagne car elles parlent un mélange germano-polonais et celles qui viennent de Silésie ou de Galicie, les querelles entre elles ne sont pas rares. Avec les Français minoritaires, tout se passe bien mais ces derniers se sentent quelquefois en milieu étranger dans les magasins qui foisonnent autour des cités et où on ne parle pas leur langue. Il y a beaucoup de familles nombreuses chez les mineurs, rien d’étonnant de voir les amourettes se multiplier dans les corons mais les mariages franco-polonais sont rares dans les premiers temps, il faudra attendre au moins une génération pour en voir quelques-uns. Au fond de la mine, on crée des équipes de Polonais habitant dans le même quartier et encadrés par des porions Polonais (c’est un souhait des autorités religieuses et du Consulat de LILLE créé en 1925) et c’est donc la langue maternelle qu’on parle dans les tailles. Leurs rendements sont bons (trop bons parfois pour leurs collègues français…), ils ne se plaignent pas et ne militent pas trop dans les syndicats à obédience communiste comme la CGT, certains préfèrent la CFTC catholique et moins radicale.

3-Intégration sociale de la communauté polonaise dans la ville L’isolement de la communauté polonaise dans les cités qui lui sont attribuées l’empêche de nouer des liens avec les habitants des autres quartiers de la ville. La cité polonaise est un ̎ghetto ̎ où on vit en vase clos. Dans son rapport du 11/10/29 écrit au Ministre de l’Intérieur, le Préfet du Pas-de-Calais s’en inquiète :

̎Les Polonais travaillant aux mines, vivant en groupe, n’ont que peu ou pas de rapports avec nos ressortissants. Loin de les rechercher, ils s’efforcent de vivre uniquement entre eux, encouragés en cela par leurs ministres du culte et par leurs autorités consulaires elles-mêmes […] Quelle est l’aptitude de l’immigrant polonais à s’assimiler ? La réponse est nette : aucune, quant au présent du moins ; j’ai dit plus haut que le Polonais ne recherchait pas la compagnie de l’ouvrier français. Cette observation se vérifie même durant les heures de travail. Au fond de la mine comme sur le carreau ou à l’atelier, un mur invisible les sépare. Un bref salut, et c'est tout ! À l’issue de la journée, chacun s’en va de son côté. L’estaminet ne les rapproche même pas, non plus que le sport ; les sociétés polonaises, nombreuses pourtant, n'organisent jamais de matches ou de rencontres avec les sociétés françaises. Et si, d'aventure, un Polonais épouse une Française ou vice versa, le jeune couple sera tenu discrètement à l'écart. En ce qui concerne les enfants, il faut bien constater un phénomène identique. Les récréations ne les réunissent pas. Polonais et Français forment des jeux séparés et notre langue elle-même que les jeunes Polonais apprennent si facilement est impuissante à opérer un rapprochement. ̎

Ce tableau est un peu trop noir car la communauté ne pose pas beaucoup de problèmes au reste de la population. Les Polonais travaillent bien, ils sont courageux, ils apprennent vite le français, ils sont propres et leurs enfants sont bien élevés et très sérieux à l’école. Cependant, lorsque la grande crise mondiale partie des Etats Unis arrive en France au début des années 30 et que le chômage grimpe en flèche créant misère et désolation dans le monde ouvrier, un climat de xénophobie et de nationalisme s’instaure et les Polonais sont montrés du doigt : ils apparaissent comme ̎des concurrents pour les travailleurs français ̎, les Polaks deviennent indésirables et affublés de tous les défauts (délinquants, alcooliques, suppôts des curés, briseurs de grève, …). Le nombre d’immigrés nouveaux passe de 86000 en 1930 à 8000 en 1932. La crise économique s’aggravant, le Chef de l’Etat, Albert LEBRUN, désigne l’ancien Président de la République, Gaston DOUMERGUE, pour créer un gouvernement d’union nationale qui ne fera pas dans la dentelle en menant une politique d’austérité et de répression ; beaucoup de Polonais dénoncés comme des agitateurs sont expulsés manu militari par trains entiers vers la Pologne. Ce n’est qu’en 1936 avec l’arrivée au pouvoir du Front Populaire que ces exactions punitives cesseront.

4-La religion

La plupart des Polonais sont très catholiques et fréquentent assidûment leurs chapelles (cette pratique religieuse contraste avec celle des mineurs français qui sont plutôt laïcs pour ne pas dire ̎anticléricaux ̎).

Les curés polonais sont arrivés en même temps qu’eux et ils sont payés par les Compagnies minières (les mauvaises langues diront que c’est ce qui explique leur soumission aux Directeurs des fosses…). Les offices sont célébrés en latin et en polonais, les messes sont des moments de recueillement pour tous les fidèles qui connaissent les chants religieux par cœur. Dans les chapelles, on célèbre les obsèques, les baptêmes, les communions mais aussi les mariages. Ces derniers sont grandioses, les festivités durent une semaine : on chante et on danse dans les maisons, dans les rues, dans les jardins et les musiciens (violon, bandonéon) s’en donnent à cœur joie ; bien entendu, la vodka coule à flot mais comme il n’y a pas de voitures et qu’on couche sur place, ce n’est pas très grave ! Le curé est bien sûr invité aux festivités le premier jour, sa bénédiction est la certitude que le mariage sera heureux ! Les enfants doivent aller au catéchisme quatre années durant au cours desquelles on commente l’Evangile tout en donnant une éducation religieuse : à la fin de la troisième, ils passent leur Confirmation et à la fin de la quatrième, à 12 ans, c’est la Communion solennelle, un moment merveilleux pour les jeunes dont le principal cadeau est la première montre mécanique offerte par le parrain et dont on est très fier. Les passages réguliers au confessionnal sont indispensables pour se purifier des péchés accomplis en récitant quelques ̎Ojcze nasz (Notre Père) ̎ et ̎Zdrowaś Maryjo (Je vous salue, Marie) ̎. Pour les grands-mères (ce sont les plus assidues aux messes), c’est une grande fierté de reconnaître un petit-fils dans les enfants de chœur. Pour ces derniers, ce n’est pas de la rigolade car il faut être à l’heure pour ̎se déguiser ̎en enfilant une aube longue ridicule, servir le vin du prêtre, lui apporter le grand livre, agiter la crécelle à des moments bien déterminés, porter les récipients en laiton qui contiennent l’encens pour les bénédictions et les hosties pour les pêcheurs repentis, faire les quêtes, … et on se fait enguirlander par le curé au moindre écart car il faut que tous ces rituels soient accomplis dans les règles, il ne faut surtout pas décevoir les fidèles…

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L’église St Stanislas de MARLES-CALONNE-RICOUART en 2015. Photo GT

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Les communiants polonais de MARLES-LES-MINES et de CALONNE- RICOUART le jour de la Pentecôte 1964 sur les marches de l’église St Stanislas qui se trouve juste sur la limite entre les deux communes. Au premier rang, ̎les petits anges ̎ du curé. Photo GT

5-Les fêtes catholiques polonaises

En plus des fêtes religieuses classiques, il faut signaler le Dyngus (Śmigus Dyngus ou le Lundi Mouillé) ; c’est un rituel obligatoire qui a lieu après la messe du Lundi de Pâques et qui crée des moments de franche rigolade attendus toute l’année : tout le monde se guette et s’asperge avec de l’eau contenue dans des bouteilles ou des casseroles, il est préférable d’être bien équipé (bottes, parapluies, imperméables) quand on sort dans le coron ce jour-là ! Comme en Pologne, on célèbre la Sainte Barbara (Sainte Barbe) des mineurs de charbon et parfois la Sainte Kinga (Sainte Cunégonde) des mineurs de sel.

6-Les associations chrétiennes

La plupart des Polonais militent dans des associations la plupart du temps catholiques donc sous le contrôle du curé. Ce sont des groupes folkloriques (chorales et danseurs en habits de pays avec leurs musiciens) ou des associations de jeunes comme les Scouts, les Sokols (ou les Faucons, clubs de gymnastique) ou les Jeunesses Catholiques (KSMP). Leur objectif est bien sûr de maintenir les traditions mais aussi de faire voyager leurs membres : représentations, rassemblements de jeunes, compétitions sportives amicales, pèlerinages à LISIEUX ou à LOURDES, universités d’été appelées ̎Week-end’y ̎organisées par Edouard PAPALSKI (Président national des KSMP qui habitait dans la Cité du Rond-Point à MARLES-LES-MINES …).

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Les KSMP DE MARLES en représentation à AUCHEL le 10/06/45. Photo GT

Sokols de Noyelles ous Lens

source wikipedia ivanP

Scouts de Quénehem CALONNE-RICOUART en 1958. Photo ZHP France

Au milieu des années 60, les Oblats polonais de VAUDRICOURT (prêtres missionnaires qui ont fondé là l’Institution St Joseph et qui officient dans les chapelles du Bassin Minier) achètent 5 ha de dunes à STELLA-PLAGE avec leurs primes de démobilisation et commencent à y faire bâtir un village de vacances qu’ils ont appelé ̎Stella Maris ̎(l’étoile de la mer). Tout commence avec des tentes de l’armée américaine et des baraquements construits par les bénévoles polonais (mineurs, Scouts, KSMP, Sokols, …). Au début des années 70, il faut bâtir des bâtiments en dur pour accueillir les vacanciers de plus en plus nombreux. Animations le jour, cuisine polonaise et bal tous les soirs sont les raisons de ce succès. Stella Maris existe encore aujourd’hui, il s’est bien modernisé et accueille toujours de nombreux touristes. 

L’entrée de Stella Maris en 2007. Photo GT

7-La musique polonaise et les salles de bal

Qui ne connaît pas Stéphane KUBIAK et François KMIECIK ? Ils en ont eu des disques d’or !!! Le premier était spécialisé dans la musique que certains ont appelée ̎CHTISKI ̎ (airs polonais traditionnels bien rythmés sur lesquels Stéphane écrivait des paroles décrivant des situations de tous les jours souvent comiques comme do La Bassée, Jasiu moj (Mon Jean), Maryna gotuj pierogi (Marie, cuis les pierogi), Wiwat wesele (Vive mariage) ou Sto lat (cent ans) ou des situations mélancoliques chantées en franco-polonais (Ma mélodie d’amour, Marie la Polonaise, La paloma adieu…). François KMIECIK, c’était plutôt une musique bien léchée souvent instrumentale avec un bandonéon qui donnait le rythme, des violons qui pleuraient et des cuivres qui déchiraient la nuit. Ces deux groupes ont eu un succès phénoménal. Après le décès de Stéphane en 2007, le groupe KUBIAK a été repris par son fils Christian qui a modernisé un peu le répertoire en gardant les succès polonais d’antan ; le bandonéon de François s’est arrêté de battre la mesure un jour de 1992 neuf ans avant sa mort, ses musiciens se sont alors dispersés dans d’autres orchestres.

L’orchestre Kubiak dans les années 60. Scan de pochette col GT

L’orchestre Kmiecik dans les années 70. Scan de pochette col GT

D’autres groupes ont aussi eu beaucoup ce succès : Iskra Bruay (les créateurs d’Annie), Boleslaw NOWAK, Boleslaw ADAM, Rudy KRAKOWSKI, Edek KWIATKOWSKI, Frank MARCY(NIAK), Claude MUSZCZYNSKI, Jerzy Mak pour ne citer que les plus connus. Lucy ADAM, fille de Boleslaw, a été la voix polonaise de Radio Lille, une voix chaude et langoureuse ; elle chante encore de temps en temps dans les églises polonaises ou à Stella Maris à plus de quatre-vingts ans. Tous les groupes se produisaient dans des salles mythiques et y drainaient des centaines de danseurs. Citons-en quelques-unes : Salle Polonia à CALONNE-RICOUART, Salle Écho à Quénehem, Salle Lys à MARLES-LES-MINES, Salle Paloma à BRUAY-EN-ARTOIS, Salle Pawlak à BULLY-LES-MINES, Salle de l’Espérance à CALONNE-LIÉVIN, L’ Alcazar à HARNES, salle de la fosse 2 d’OIGNIES, Salle du patronage de la cité Bruno à DOURGES, L’ Alcazar à LOURCHES, … Chaque communauté polonaise avait sa propre salle de bal qui était remplie tous les week-ends.

8-La presse polonaise

Narodowiec est un journal qui a été créé en 1909 par Michel KWIATKOWSKI à HERNE (Bassin de la Ruhr en Allemagne) pour les familles des mineurs polonais. Il est arrivé en France avec les immigrants un peu après 1921. Le journal a été tiré à l’imprimerie de LENS (101 rue Emile Zola) de 1924 à 1989. Au seuil de la guerre 39/45, il se vend à 40000 exemplaires par jour. Pendant le conflit, le tirage est suspendu mais il reprend de plus belle à la Libération où on atteint 60000 exemplaires (2ème rang régional après la Voix du Nord). Le journal se veut apolitique et chrétien mais beaucoup d’articles dénotent un anticommunisme profond. Les parents lisent les informations régionales et celles qui concernent la communauté polonaise mais les enfants dévorent les aventures et les facéties de Rafal Pigulka (Professeur Nimbus). D’autres journaux concurrents ont moins de succès : ̎Wiarus Polski ̎(Le vaillant combattant polonais) lié au Parti Ouvrier nationaliste polonais et ̎Glos Wychodzcy ̎ (La Voix de l’Emigré) qui n’a pas duré longtemps. Il est à noter que ̎la Tribune ̎, l’hebdomadaire parisien de la CGT, a sa rubrique consacrée aux ouvriers polonais. Avec la récession minière et une clientèle qui ne se renouvelle pas (les jeunes lisent plutôt les journaux français), les ventes de Narodowiec baissent sans cesse et le dernier numéro paraîtra le 18 juillet 1989.

Anecdote : dans chaque cité polonaise, il y avait des commères qui savaient tout sur tout (les petits potins sans intérêt, les amourettes des jeunes, les conflits familiaux, …), on les surnommait ̎les Narodowiec ̎!

A gauche, le n°1 de Narodowiec en Allemagne. A droite, le fameux Pigulka.

Images Henri DUDZINSKI

9-Les sportifs polonais

Beaucoup de très bons footballeurs polonais sont arrivés en France au moment de l’immigration. Certains étaient titulaires dans les clubs allemands de Westphalie (Rot Weiss ESSEN, SCHALKE 04, Borussia DORTMUND, FC COLOGNE…) et ils deviennent les joueurs de base des équipes qui vont se constituer en France. Le niveau sportif est donc très bon. Les clubs polonais ne peuvent affronter les Français dans un même championnat car la FFF (Fédération Française de Football) ne tolère pas les équipes qui contiennent plus de trois joueurs étrangers. Les rencontres sont donc amicales, un club comme le KS Pogons AUCHEL bat en 1925 des grands clubs nordistes comme l’Olympique Lillois (qui sera le premier champion de France en 1932-1933) et l’US BOULOGNE, fait match nul avec le RC LENS et l’US DUNKERQUE et domine les Grasshoppers de ZÜRICH par deux fois. La PZPN (Fédération Polonaise de football en France) est créée en 1927. Un championnat rassemblant les meilleures équipes est organisé, il durera jusqu’au milieu des années 50. Citons quelques clubs : Pogons AUCHEL, Océan CALONNE-RICOUART, Wicher HOUDAIN, Unia BRUAY EN ARTOIS, Olympia DIVION, Fortuna HAILLICOURT, Wiktorja BARLIN, Urania NOEUX-LES-MINES, WISLA HERSIN-COUPIGNY, Fortuna BETHUNE, Rapid OSTRICOURT, Ruch CARVIN, Gwiazda LENS, Polonia WAZIERS… La plupart de ces clubs seront dissous en 1952, certains intégreront la FSGT (sport ouvrier) ou la FFF. Les deux grands clubs semi-professionnels (les joueurs étaient salariés aux Houillères) du Nord/Pas-de-Calais sont le RC LENS et l’US VALENCIENNES-ANZIN ; les meilleurs clubs amateurs du Bassin Minier pendant l’épopée charbonnière ont été l’US AUCHEL (champion de France en 1946, finaliste en 1936 et 1950), le Stade Béthunois (champion de France en 1938 et 1949), l’US BRUAY-EN-ARTOIS (Finaliste en 1939 et 1955). Voici les footballeurs d’origine polonaise du Nord/Pas-de-Calais qui sont devenus internationaux :

NOMS

SURNOMS

CLUBS FORMATEURS

SÉLECTIONS

PÉRIODES

KOPASZEWSKI Raymond

KOPA

US NŒUX-LES-MINES

45

1952-1962

LECH Georges

Carabiniers BILLY-MONTIGNY

35

1963-1973

WISNIEWSKI Maryan

US AUCHEL

33

1955-1963

SYNAKOWSKI Maryan

MARYAN

US AUCHEL

13

1961-1965

BUDZYNSKI Robert

US AUCHEL

11

1965-1967

STACHOWICZ Édouard

STAKO

SC ANICHE

3

1959-1964

JADREJAK Joseph

Wicher HOUDAIN

3

1946-1947

SZKUDLAPSKI Théodore

THEO

CS AVION

2

1962-1963

KOZAKIEWICZ Casimir

KOZA

RC LENS

1

1961-1962

KRAWCZYK Richard

ES BULLY-LES-MINES

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1967-1968

Mais il n’y a pas que des footballeurs qui se sont distingués au niveau international. Dans d’autres sports populaires (athlétisme, cyclisme, boxe, hand-ball, basket-ball, boxe,…), il y a eu de nombreux exploits réalisés par des jeunes issus de l’immigration polonaise du Bassin Minier du Nord/Pas-de-Calais. La liste serait trop longue pour les nommer tous. Citons quand même deux immenses champions :

  • Michel JAZY (athlétisme, coureur de demi-fond) formé à l’Étoile OIGNIES : neuf records du Monde (mile, 2000 m, 2 miles, 3000 m, 4 x 1500 m), médaille d’argent aux JO 1960 au 1500 m, champion d’Europe du 1500 m en 1962, champion d’Europe du 5000 m en 1966.

  • Jean STABLINSKI (cyclisme) : Champion du Monde 1962, Champion de France 1960, 1962, 1963, 1964, Tour d’Espagne 1958, Tour de Belgique 1965, Paris-Bruxelles 1963, Amstel Gold Race 1966, Grand Prix d’Isbergues 1966, etc… Une stèle a été érigée en son honneur en 2008 dans la trouée de WALLERS-ARENBERG (passage obligé de la célèbre classique PARIS-ROUBAIX).

Les débuts de KOPA à REIMS en 1952. Article Equettes

Palmarès de KOPA :

ballon d’or européen 1958,

trois Coupes d’Europe des clubs champions (1957-1958-1959) avec le Réal MADRID,

champion de France avec le Stade de REIMS (1953-1955-1960-1962),

champion d’Espagne 1957-1958 avec le Réal MADRID,

45 sélections en équipe de France, 18 buts, 23 passes décisives.

Michel JAZY en 1965. Photo wikipédia 

Dutch National Archives, The Hague, Fotocollectie Algemeen Nederlands Persbureau (ANeFo)

Jean STABLINSKI (1932-2007). Photo wikipédia

www.nationaalarchief.nl

10-La seconde guerre mondiale

Dès le 1er septembre 1939 (jour de l’attaque nazie sur la Pologne), l’ambassade de Pologne essaie de mobiliser les 130000 jeunes Polonais résidant en France qui pourraient prendre les armes. Au bout de trois semaines, la Pologne est vaincue et n’existe plus, partagée une nouvelle fois entre l’Allemagne et l’URSS. 50000 soldats seront finalement mobilisés. Une première division est formée à COËTQUIDAN en Bretagne puis une seconde à PARTHENAY, on retrouve de nombreux volontaires du Bassin Minier dans ces deux unités qui constituent l’Armée Polonaise en exil sous les ordres du Général PISKORSKI. Celle-ci se battra aux côtés des Français et des Anglais dans la Campagne de Norvège à NARVIK où un Corps expéditionnaire a été envoyé pour barrer la route du fer suédois de KIRUNA aux Allemands car c’est des ports de cette région que partait le minerai vers l’Allemagne pour devenir de l’acier dans les immenses usines de la Ruhr. La campagne (avril-mai 1940) fut un succès mais cette première victoire remportée contre les Nazis se révèlera inutile. Le Corps expéditionnaire doit être rapatrié pour se battre en France à la suite de l’effondrement du front dans les Ardennes. Après la défaite de juin 1940, les divisions polonaises sont dissoutes ; le Général PISKORSKI part pour LONDRES où il commence à reconstruire une armée avec les soldats qui l’ont suivi et d’autres volontaires, celle-ci atteindra 100000 hommes qui combattront sur plusieurs fronts : Armée ANDERS en Afrique du Nord (TOBROUK) et en Italie (MONTE CASSINO), Division blindée MACZEK au sein de l’Armée canadienne en Normandie (FALAISE), dans les Flandres (HESDIN, ST OMER, CASSEL, STEENVOORDE, Mont des Cats, YPRES), en Hollande (BREDA) et en Allemagne (WILHELMSHAVEN).

Mémorial polonais de la poche de FALAISE où fut encerclée la VIIème Armée allemande (août 1944). Photos GT

A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, très peu de ces glorieux combattants dont beaucoup venaient du Bassin Minier du Nord/Pas-de-Calais retourneront au pays car la Pologne qui a retrouvé son intégrité doit faire partie du Bloc de l’Est et passer sous tutelle soviétique. C’est une nouvelle occupation qui commence et que ne supportent pas des hommes qui se sont battus à l’extérieur pendant cinq ans, celle-ci va durer quelques décennies.

En marge des combats, il convient de rappeler un évènement sinistre qui s’est passé à LENS : la rafle des Juifs du 11/09/42. En 1940, la communauté du Bassin Minier compte environ 1000 membres qui sont venus presque tous de Pologne dans l’entre-deux guerres. Au moment de l’invasion, beaucoup passent en Zone Libre car ils savent ce qui les attend (ils connaissent le sort qui a été réservé aux Juifs de Pologne) ; il en reste à peine une petite moitié quand les Allemands arrivent. Comme dans toutes les zones occupées par les nazis, les lois antisémites sont appliquées illico et de façon implacable. Les biens des juifs sont spoliés et confisqués et leurs libertés considérablement réduites car c’est une race considérée comme inférieure. A partir de juin 1942, tous doivent porter le brassard avec l’étoile jaune. Le 11 septembre 1942, à peine deux mois après la rafle du Vel d’Hiv à PARIS où 13000 juifs ont été arrêtés et déportés, c’est le tour de la communauté du Bassin Minier. 467 personnes sont rassemblées à LENS, elles finiront par être envoyées à AUSCHWITZ, seulement 18 d’entre elles en reviendront

11-Les descendants des immigrants polonais

Dans les années 20, environ 700000 Polonais émigrent vers la France. Certains repartent au bout de quelques années et d’autres ont été expulsés au milieu des années 30 ; en 1936, il en reste 508000 en 1931 et 423000 en 1936. Les immigrants sont principalement des ouvriers agricoles ou des mineurs westphaliens. On estime en tout à 185000 le nombre de travailleurs Polonais dans le Nord/Pas-de-Calais en 1931: 110000 dans le Pas-de-Calais (dont 90000 dans le Béthunois-Bruaysis) et 75000 dans le Nord. Cela représente, en comptant les épouses et les enfants, plus de 500000 personnes dans le Bassin Minier. Dans la première génération, peu se sont fait naturaliser mais leurs descendants nés en France acquièrent automatiquement la nationalité française. Aujourd’hui, il y a encore beaucoup d’habitants dans la région qui ont un nom d’origine polonaise. Cependant, la disparition progressive des premières générations et la multiplication des mariages mixtes avec les Français ont fait que les traditions se sont perdues et qu’on ne parle plus guère le polonais dans les chaumières. Les jeunes se soucient peu de leurs origines car ils n’ont pas (ou très peu) vécu l’épopée du charbon qui s’est arrêtée à OIGNIES en décembre 1990. Il semble qu’il y ait une prise de conscience parmi les descendants qui ont plus de soixante ans car ils sentent bien qu’ils sont les derniers témoins d’une époque révolue et qu’après leur départ, on ne parlera plus beaucoup de l’immigration polonaise dans le Bassin Minier du Nord/Pas-de-Calais, ce ne sera qu’un détail de l’histoire de la région…

Un grand merci à Henri DUDZINSKI pour cette conférence très intéressante mais aussi très émouvante.

A la fin de la conférence, Wanda PATERNOGA, une Remis à Henri DUDZINSKI le drapeau de la Société de Tir de Calonne-Ricouart fich

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