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dimanche 18 août 2024

histoire

 


Mai 1968 a mobilisé les travailleurs et aussi certains élèves du Lensois. La ville de Lens a vécu au rythme du travail arrêté, des grèves, et des manifestations. L’historien Claude Duhoux avait alors 16 ans et était scolarisé au collège Michelet de Lens. Il se souvient n’avoir plus eu cours et être allé manifester avec des lycéens.

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Un peu partout dans la région, les élèves se mobilisaient en faveur de la grève. Photo d’illustration Voix du Nord.

À 16 ans, le jeune Claude Duhoux ne s’intéressait pas beaucoup à la politique. Pourtant, il s’est pris au jeu de la manifestation, se souvient-il aujourd’hui. « À cette époque, effectivement je ne m’intéressais pas trop à cela. Mai 68 a démarré sans qu’on s’en rende compte. Mon père était délégué syndical, il suivait un peu la politique, mais nous les jeunes, on ne s’y intéressait pas. Dans les corons, il n’y avait pas d’étudiants. Pour mon père, c’était des gosses de riches, qui s’amusaient à faire la révolution. J’étais scolarisé à Michelet, et ma soeur se trouvait juste à côté, car les garçons et filles étaient encore séparés. J’étais en 3e, elle en 4e. Au lycée Condorcet, les élèves n’allaient plus en cours. Ma soeur n’était pas contente, car nous continuions à aller en cours, et pas eux », se souvient Claude Duhoux, qui, presque du jour au lendemain, s’est mis à prendre part au mouvement.

L’arrêt des cours, avant une manifestation pacifique

« Un beau jour, d’une idée commune spontanée, on n’est pas entrés en classe, on est tous restés assis dans la cour. Ça a duré une après-midi. Dès le lendemain, les profs ne nous faisaient plus classe. On était dehors, on passait nos journées à attendre. Puis, quelque temps après, les élèves de Condorcet ont décidé d’aller manifester devant la mairie. On a décidé d’aller les rejoindre. On l’a proposé à nos profs, on voulait faire comme les autres, il n’y avait pas de connotations politiques pour nous. De toute façon, on n’avait pas cours. Nos profs ont tout de suite accepté. Ils ont voulu y aller pour nous encadrer. Christian Daubresse, un de mes profs, m’avait dit que c’était pour éviter les accidents », se remémore le Lensois, qui allait ainsi participer à sa première manifestation.

« On s’y est rendus en rang. On a manifesté, il n’y avait pas vraiment de slogans. À 16 h 30, on s’est tous dépêchés de rentrer pour pouvoir prendre nos bus. Mon père, ça ne lui plaisait pas qu’on manifeste en ville. Un week-end, on a appris qu’il y avait eu un mort à Paris. À partir de ce moment-là, mon père a décrété que c’était trop dangereux d’aller à l’école. Alors on restait à la maison, on jouait avec les copains dans la rue. » Pour Claude Duhoux, Mai 68 a finalement dans ses souvenirs comme un goût de « vacances ».

     À l’usine Finalens, tout le monde était en grève

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À l’époque, Bernard Duhoux (Laloux) était plus âgé que son frère de Claude Duhoux, aujourd’hui historien. Il travaillait chez Finalens, une usine chimique, filiale des houillères à Douvrin. Il se souvient avoir joué à la belote dans l’entreprise pendant Mai 68.

« L’usine, comme toutes celles de France, a dû s’arrêter de tourner autour du 20 mai, jusqu’au 4 juin. Je suis approximatif sur le début de la grève car j’étais en congés à partir du 18 mai. Je suis parti en vacances et, au retour, il n’y avait plus de train pour rentrer. On a donc dû trouver une solution dans la famille. Comme beaucoup d’autres, l’usine était occupée, il y avait une surveillance organisée par le personnel 24 h sur 24. Je me souviens d’avoir fait deux postes, après-midi et nuit. Des équipes de surveillance tournaient en permanence dans l’usine. Le reste du temps, c’était discussions et belotte. Nous étions nombreux à chaque prise de poste pour démontrer notre intérêt à la grève. Nous restions une demi-heure, puis on rentrait. »


    Dans un article du journal La Voix du Nord du 3 octobre 1978, était retranscrit le texte dans lequel Alfred Bucquet avait relaté son voyage à Lens en 1918. Il fut l’un des tous premiers civils à passer une nuit dans les ruines de la cité.

   Alfred Buquet, instituteur pour les Mines de Lens à l’école de la cité Saint-Pierre, revient à Lens le 22 octobre 1918. Cela fait exactement 18 jours que les Allemands ont été chassés et que les troupes anglaises ont posé l’étendard de la liberté sur les ruines de la ville.

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   L’auteur de « Lens, son passé, ses houillères » raconte :

   « En permission à Saint-Hilaire Cottes dans ma famille, j’entreprends mon pèlerinage à Lens … Le train ne va pas plus loin que Bully. Par Grenay, j’arrive à pied là où se trouve un poteau indicateur «Saint-Pierre». Pour les Anglais, notre cité n’est ni Lens, ni Loos, ni Liévin mais Saint-Pierre.

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   Je continue à avancer. La route est entretenue par les Anglais pour leur ravitaillement. J’ai laissé à gauche la fosse 16. Il n’y a plus que la carcasse en fer et des tôles percées comme des écumoires. Les murs en briques sont abattus. Le carreau de la fosse est bouleversé par les tranchées et les trous d’obus. Du terril vers le 11, de la fumée : il brûle.

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    J’avance jusqu’à la maison du chef-porion et descend l’avenue derrière l’église puis vers l’école et la rue d’Artois jusqu’à l’avenue de la fosse. Les maisons sont toutes fortement touchées, bon nombre n’existent plus tels les écoles des filles, l’atelier de couture, la coopérative, les cabarets, la maison de l’ingénieur et de chef-porion, l’église et le presbytère et l’école des garçons.

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   La sixième classe, celle en bordure de l’avenue de la fosse, est debout à hauteur des murs, les autres classes n’ont plus que les fondations. Et encore ! Elle est remplie de pierres. Au milieu, un puits avec une échelle. J’y descends 8 à 10 mètres en m’éclairant avec mon briquet. Je me trouve dans une galerie qui aboutit à deux chambres souterraines masquées par des couvertures puis un deuxième puits par lequel je remonte. Je suis dans le jardin scolaire, il est transformé en cimetière allemand : 200, 300 tombes ?

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   Je reviens vers ce qui fut ma maison, mon bureau, ma bibliothèque. Tout est rasé. La cave est devenue le rez-de-chaussée. On entre par le jardin scolaire. La pente du terrain a permis de faire la même chose avec la cave du presbytère : tout le chemin de croix est remisé dans l’escalier, un caveau est plein de bouteilles vides. Autour de l’église, il y a des tombes de civils tués par les bombardements en 1915. Mon jardin est dévasté, les murs de clôture abattus. Je ne retrouve rien des objets qui nous ont appartenu.

   Du carreau de la fosse 11, le sol apparait bouleversé, chaotique. Tranchées et boyaux, sapes et abris, blockhaus bétonnés, chevaux de frise, barbelés s’enchevêtrent à perte de vue parmi les milliers de trous d’obus. De-ci de-là, quelques squelettes d’avions, des cadavres de chevaux, des véhicules brisés, de menus objets hétéroclites, pauvres choses de la vie des tranchées.

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   La cote 70 rendue célèbre par les communiqués anglais est bouleversée par d’immenses cratères. Je continue vers Lens par le Chemin Manot et la route de Béthune. La fosse 12, le puits 12bis, l’hôpital (des mines) : rien ne reste que des carcasses en fer. L’eau ruisselle le long de la route de Béthune vers le fossé Sigier (cours d’eau artificiel qui reliait avant la guerre les fosses 3, 3 bis, 9, 12 et 1 des mines de Lens). Elle déborde de la fosse 12. Toutes les fosses sont donc noyées puisqu’elles communiquaient entre-elles.

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   Je descends la rue Bollaert jusqu’au boulevard des Ecoles (Bd Basly aujourd’hui). J’arrive à l’église Saint-Léger qui n’est plus qu’une grosse motte de débris d’où émergent quelques colonnes brisées. J’y grimpe, je n’aperçois que ruines ! La ville n’est plus qu’un amas informe de gravats ; aucun pas de mur ne domine.

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   Les rues ont disparu … Rue Bollaert, Boulevard des Ecoles, Rues de Lille et de Douai : plus d’arbres. La plaine de Lens a bien la forme d’une cuvette ; rien ne domine plus assez pour en rompre le dessin.

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   Le soir est venu. Où loger ? J’ai vu des gendarmes anglais près de la brasserie Shinckel, rue Decrombecque. J’y vais et les joins dans la cave. Ils m’indiquent dans la rue de la Porte d’Arras l’endroit aménagé pour les relais. Je m’y installe mais suis bientôt délogé par les rats. Je n’aime pas ce voisinage et préfère aller coucher au 11 où le cabinet du docteur m’a semblé plus confortable. Il pleut un peu mais bon …

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   Un groupe d’Anglais est logé dans la cave. J’adopte une des couchettes. Je suis un moment à m’endormir, il me semble entendre des souris. Quand je me réveille, il fait jour. Je parcours un peu la cité. Vers 10h00, je suis au passage à niveau de Loos en route vers Angres. Les voies ferrées sont restés mais il manque de nombreux rails.

   Depuis hier, je n’ai pas vu 10 civils. Je traverse le 3 de Lens (cité Saint-Amé à Liévin), descend dans Liévin et arrive à Angres. Des ruines, rien que des ruines, plus rien d’intact ! (…)

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   Je reprends la route, je traverse le cimetière, les tombes sont brisées, les cercueils sont ouverts, les ossement baignent dans l’eau de pluie. Je rejoins la route d’Arras à Béthune. La colline de Lorette est dévastée, la chapelle n’existe plus. C’est le bled avec d’innombrables trous d’obus et aussi des tombes de soldats.

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   Sitôt sur la grande route, je remarque que les champs ont été cultivés. Le contraste est poignant … Je suis resté là un long moment à regarder. Rien ne gène la vue. Je ne vois personne : aucun être vivant, que des oiseaux ! Sur les hauteurs à ma gauche se dressent les carcasses de la fosse 11 de Béthune (située à Grenay) et celles des fosses 16, 11, 12 et 14 de Lens. Plus loin, le 8 et les usines de Vendin. La cité Saint-Pierre retient mes regards avec ses squelettes de maisons alignées aux flancs de la côte 70.

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   Je repars par Aix-Noulette qui a bien souffert aussi. Je regagne la gare de Bully où j’ai un train pour Lillers. Je rentre à Saint-Hilaire à la nuit bien fatigué mais bien décidé à raconter en détail tout ce que j’ai vu. »

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   Les manuels d’histoire rapportent que Robert II d’Artois dit « le Noble » fut inhumé en l’abbaye de Maubuisson à Saint-Ouen-l’Aumône en 1304. Mais aucun ne mentionne que sa dépouille fut d’abord conservée dans un tombeau provisoire à Lens.

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   Son père, Robert 1er est décédé lors de la bataille de Mansourah le 9 février 1250 lors de la septième croisade. C’est sur cette base que l’on sait que c’est cette année là que Mathilde de Brabant mit au monde Robert II dont la date de naissance n’est pas connue exactement.

    L’orphelin devient donc dès sa naissance comte d’Artois. Il est élevé par sa tante Béatrice de Courtrai et est nommé chevalier pas son oncle Louis IX dit Saint Louis alors qu’il n’a que 17 ans. Bien que résident dans son château d’Hesdin (détruit en 1553 par Charles-Quint lors de la bataille de Thérouanne) , Robert II fit de nombreux séjours à Lens.

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   En 1270, il participe à ses premiers combats lors de la croisade de Tunis.

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   A la demande du roi Philippe III qui a succédé à Saint Louis quatre ans plus tôt, il participe au siège de Pampelune en 1274 puis se bat en Italie en 1282 où il devient régent du royaume de Naples.

   En 1296, c’est Philippe IV le Bel qui l’envoie combattre en Guyenne puis en Flandres. Après avoir séjourné à Lens avec sa garnison, il défait les troupes flamandes à Furnes en août 1297, s’empare de Lille et de la plupart des villes de la Flandre maritime. Deux ans plus tard, c’est à Pont-à-Vendin qu’il remporte une nouvelle victoire contre les flamands mais son fils est tué lors de la bataille.

   Le 11 juillet 1302 à Courtrai, il est de nouveau à la tête de 50 000 soldats face aux armées de Guy de Dampierre composées hâtivement de 20 000 hommes, la plupart bourgeois et artisans flamands inexpérimentés et armés essentiellement de lances et de pics.

   Robert II, certain d’une rapide victoire face à ces « amateurs », lance sa cavalerie au galop vers les lignes ennemies sans vouloir écouter ceux qui proposaient de les contourner. Il n’imagine pas que Guy de Dampierre a positionné ses hommes derrière un large fossé boueux qu’il a fait dissimuler par des branchages. Les premiers cavaliers français basculent dans le fossé, s’embourbent. Les suivants viennent s’encastrer dans cet amas d’hommes, de chevaux, de ferrailles. Tous sont empêtrés dans leurs lourdes armures et ne peuvent de dégager…. Les Flamands n’ont plus qu’à les frapper, les massacrer, les achever ! Des centaines de seigneurs sont tués lors de ce désastre.

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   L’histoire nous rapporte que Robert II est l’un des rares combattants à franchir le fossé. Il réussit même à s’emparer d’un étendard flamand. Il se trouve encerclé par les troupes de Guy de Dampierre. Mis à terre, il retire et tend son gant en signe de sa reddition. Les flamands, peu habitués aux usages de la chevalerie, le frappent, le blessent à de nombreuses reprises puis l’achèvent d’un coup de glaive qui le transperce.

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   Son corps, retrouvé trois jours plus tard, est transporté à l’abbaye de Groeninge de Courtrai. Ce n’est que deux ans plus tard, le 2 octobre 1304 que sa fille Mahaut, devenue comtesse d’Artois, fut autorisée à récupérer la dépouille. Elle envoie Jacquesmart de Villers la quérir et la ramener dans son fief de Lens. Le cercueil, posé sur un tapis vert et recouvert de couvertures bleues, de draps d’or et de serge noire, met trois jours à rejoindre Lens où il arrive par la Cauchie (route de La Bassée aujourd’hui). Il traverse toute la ville, passe devant l’église Saint-Laurent avant d’entrer à l’intérieur des remparts par la porte du Bourg. Après être passé devant la maison de ville et l’église Saint Léger, le cortège parvient à la collégiale de Lens qui se trouve sur la motte châtelaine (emplacement approximatif du rond point Van Pelt aujourd’hui).

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   Devant les chanoines entourant le cœur de l’église Notre Dame, Mahaut reçoit officiellement les restes de son père. Le cercueil est placé sous une pierre tombale en marbre gravée à Douai.

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   Le 9 décembre 1304, la dépouille de Robert II est exhumée pour être transférée en la cathédrale d’Arras où les obsèques du comte sont solennellement célébrées. Elle sera ensuite transportée à l’abbaye de Maubuisson pour y être inhumée le 20 décembre. Cet édifice subit le même sort que la collégiale de Lens : en 1797, il fut vendue à trois entrepreneurs qui procédèrent à sa démolition afin de récupérer les matériaux. Il ne reste aujourd’hui de cette abbaye que quelques bâtiments réhabilités mais aucune trace du tombeau de Robert II d’Artois.

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   A la fin de la Première Guerre Mondiale, les lensois reviennent en nombre dans leur ville. Ils veulent la reconstruire, la faire renaître de ses cendres. Aucune maison n’est habitable en 1919, les premières familles revenues vivent dans les caves. La Société des mines de Lens et la municipalité d’Emile Basly font édifier des logements pour les ouvriers affectés à la reconstruction et pour les familles lensoises de retour. Importés par l’armée américaine, ces habitations sont en forme de demi-lune en taule sans aucun confort même pour des lensois peu exigeants.

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   Au début de 1919, le gouvernement néerlandais, pays qui est resté neutre durant tout le conflit, crée une association « Retour au Foyer » et offre à la France trois millions de florins afin de reloger les populations sinistrées. Après la visite effectuée par les délégués de la conférence pour la Paix en avril, il a été décidé que cette somme serait affectée à l’édification de deux cités, l’une à Lens, l’autre à Liévin. Une société de construction est créée, elle a pour nom « Société anonyme franco-hollandaise d’Entreprise générale du bâtiment ». C’est l’ingénieur français Paul Dislère qui en est le président.

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   L’état néerlandais a également participé à l’édification de baraquements pour accueillir les services médicaux en remplacement de l’hospice de Lens détruit.

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   Une enquête d’utilité publique conclue au bien fondé de l’édification de 300 maisons en bois sur un territoire de près de seize hectares situé sur les communes de Lens et de Loison-sous-Lens du côté de la fosse 2, de part et d’autre de la route de Lille. L’État se désigne locataire des terrains (il les achètera aux propriétaires en 1926).

   Les maisons sont importées de Hollande en en pièces détachées. Elles proviennent de bâtiments utilisés pendant la Grande guerre dans les camps hollandais de Waschkolk à Nunspeet et du Vluchtoorp d’Uden où étaient hébergés des familles de réfugiés belges.

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  Les bâtiments, trop grands pour les besoins de la cité, ont été retaillés pour concevoir des petites maisons familiales. La mise en place et la construction sont assurées par des ouvriers français salariés de l’Etat dirigés par l’ingénieur hollandais Hendrik Sangster et son architecte Van den Harend qui réalisent les plans de la cité.

   Sangster sera secondé par son épouse Willy Warnaars dont les premières tâches seront de préparer les repas pour les ouvriers et d’assister les familles à emménager. Le couple habitera dans l’une des toutes premières maisons construites dans la cité et madame Sangster donnera à Lens, naissance à leur premier enfant le 4 juin 1921.

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   Dès l’été 1919, la construction peut commencer mais est rapidement arrêtée. Le 12 novembre 1919 à l’Assemblée Nationale Emile Basly, le maire de Lens qui habite lui-même dans une maison provisoire en bois, interpelle violemment Clémenceau, le président du conseil des ministres : « Le gouvernement hollandais avait décidé de construire à Lens 346 maisons provisoires. Les dispositions avaient été prises pour qu’elles soient construites pour l’hiver. Elles ne seront pas réalisées du fait qu’il est impossible au gouvernement d’affecter au chantier le nombre d’ouvriers nécessaire et d’acheminer les matériaux jusque Lens. Les promesses que vous avez faites à Lens ne peuvent rester lettre morte mais il est temps d’agir » et ajoute : « Le devoir qui s’impose à la France est de donner un abri suffisant à la population ouvrière que l’industrie attend ».

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   En 1920, les travaux reprennent et s’accélèrent. Les petites maisons poussent comme des champignons.

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   Au mois de novembre 1920, John Loudon, ambassadeur des Pays Bas à Paris vient se rendre compte lui-même de l’avancée des travaux. Près d’un an et demi plus tard, le 12 juin 1921, il remet officiellement à Emile Basly une cité pratiquement terminée où pourront être logées près de 2000 personnes.

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   Les maisons sont des baraquements en bois à double paroi entre lesquelles ont été maçonnées des briques. Elles possèdent des toits pentus faits de carton bitumé recouvert d’une épaisse couche de goudron. Devant chacune, un petit jardinet où les locataires cultiveront quelques légumes ou planteront des fleurs . D’ailleurs, Emile Basly comparent ces maisonnettes à celles construites par la France notamment dans la cité Chouard : « Contrairement aux maisons de la Cité hollandaise, il pleut dans toutes les pièces, il n’y a pas de cabinet d’aisance. Les abords de la cité sont recouverts de dépôts et de résidus ». Pourtant, les habitations de la cité hollandaise sont loin d’avoir tout le confort, il n’y a pas de raccordement au gaz ou à l’électricité et pas d’eau courante. Les habitants se fournissent à l’une des sept pompes installées dans les rues.

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   La cité hollandaise, ce n’est pas seulement ces habitations toutes peintes de couleurs vives cernées d’un petit jardinet destinées aux familles. Dix dortoirs pouvant héberger chacun 12 personnes sont réservés aux célibataires. On trouve également dans la cité trois écoles (garçons, filles et maternelles), une hôtellerie avec une grande salle des fêtes, dix chalets pour recevoir des commerces et en son centre, un coquet square de la Reine.

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   De plus, l’association néerlandaise « Retour au foyer » fournit aux familles qui emménagent mobilier et ustensiles de première nécessité : tables, chaises, lits, buffet, draps, batterie de cuisine …

   Ce 12 juin 1921 donc, la ville de Lens est en effervescence. De nombreuses personnalités sont présentes le jour de l’inauguration : Emile Basly, le maire de Lens, le commandant Fontana représentant M. Millerand, le secrétaire de la préfecture du Pas-de-Calais, le sous-préfet de Béthune, monsieur Stirn ainsi que Jules Lugol, sous-secrétaire d’Etat aux Régions Libérées.

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   John Loudon dit à ce dernier : « Je n’ai pas de clef à vous remettre comme dans les anciens temps mais j’ai le cœur de la Hollande à vous offrir ». Sur le banc du suare de la Reine, une plaque est découverte. On peut y lire : « 1919-1921. La Cité hollandaise fut érigée, pour les sinistrés de la Grande Guerre, par le royaume des Pays-Bas, avec le concours du gouvernement français ».

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   Après les discours et les toasts au cours desquels une nouvelle passe d’armes a lieu entre Basly et Lugol au sujet des autres habitations provisoires de la commune, les fillettes de l’école entonnent quelques airs avant que l’ambassadeur des Pays Bas ne leur face une distribution de bonbons.

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   Dans le Gauheria n°36, en août 1996, René Meurisse, un ancien habitant de la cité raconte : « Février 1922. Différentes boutiques ouvrent les unes après les autres : épicerie, boucherie, boulangerie, lingerie. Des artisans s’installent : menuisier, peintre, maçon, vitriers. On trouve même un rempailleur de chaises. Un cinéma et un estaminet complètent cet ensemble. Dans la plupart des foyers, le chef de famille est soit mineur à la fosse 2, soit ouvrier aux Tréfileries. Une véritable communauté se forme, des liens familiaux, professionnels ou de simple voisinage entretiennent une agréable convivialité. »

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   Mais très vite, cette cité tant louée par les autorités se dégrade : le gel fait exploser les canalisations et la moitié des pompes à eau est inutilisable, le goudron des toitures se fissure et laisse pénétrer l’eau dans les habitations, les peintures extérieures s’écaillent, les clôtures sont volées ou démontées par les locataires pour en faire du bois de chauffage. Les bains-douches, qui devaient être alimentés par une éolienne qui n’a jamais fonctionné, sont vandalisés, les baignoires sont dérobées. Ils finiront par être rasés sans n’avoir jamais servi.

   Au cours d’une séance du Conseil général le 29 septembre 1926, Emile Basly demande à l’Administration des Régions libérées qui perçoit les loyers des habitants de « prendre rapidement les mesures nécessaires à l’entretien des maisons, notamment en les faisant repeindre et de mettre en état de viabilité les rues en établissant un filet d’eau permettant l’écoulement des eaux pluviales et ménagères et en assurant de façon permanente l’entretien et le nettoyage des rues. »

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   En 1928, c’est le conseil municipal qui vote à l’unanimité l’envoi au préfet d’une lettre de protestation contre une substantielle augmentation des loyers décidée par l’Etat qui « n’a pas cru se conformer lui-même à la loi sur les lotissements ».

  En 1930, la cité est enfin alimentée en électricité. C’est la Compagnie la Saint-Quentinoise qui effectue le raccordement des maisons au réseau de 110 volts.

  Au début des années 1930, la municipalité conduite par Alfred Maës fait construire tout près de la Cité hollandaise l’école Emile Basly. Selon le maire de Lens, c’est une nécessité engendrée par « l’accroissement de la population consécutif à la construction de l’imposante Cité hollandaise où dans des écoles provisoires, les enfants étaient logés étroitement dans des locaux exigus manquant d’hygiène et de confort ».

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  Au printemps 1936, Paul Sion, conseiller général, déplore le manque de moyens de la part de l’Etat pour l’entretien de la Cité hollandaise : « Aucun crédit n’a été alloué pour l’entretien des chemins, réparation de pompes, des baraquements et l’enlèvement des ordures ménagères. De ce fait, les habitants de la cité vont se trouver dans une situation pitoyable l’hiver prochain ». Il demande à ce que la cité devienne propriété des communes qui en assureraient l’entretien. La ville de Loison-sous-Lens devient propriétaire de 9 hectares et 188 maisons pour 260 000 Francs et le bureau de bienfaisance de la ville de Lens d’un peu plus de 4 hectares et 173 habitations pour 280 000 Francs.

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   En octobre 1939, à l’emplacement des écoles détruites sont installés des abris afin que les habitants puissent se réfugier en cas de bombardements. En 1943, jugeant ces abris pas très sécurisants, les jeunes de la cité en creusèrent d’autres à 20 mètres de profondeur.

   De nombreux lensois habiteront ces logements « provisoires » pendant plus de quarante ans. En mars 1969, le conseil municipal d’André Delelis approuve le tracé de la rocade minière. Celle-ci passe au milieu de la cité hollandaise, pratiquement à la limite de Lens et de Loison-sous-Lens. Le 19 mars 1970, la ville de Lens autorise la vente des terrains au syndicat intercommunal gestionnaire de la construction de la rocade.

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  La cité est éventrée, ne reste sur le territoire de Lens que quelques maisons devenue masures, la ville décide de reloger les habitants dans des petites habitations modernes à peu de distance de là et crée la Résidence Anne Frank.

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  La Résidence Anne Frank est inaugurée le 15 avril 1970 en présence de monsieur Hoop-Scheffer, ambassadeur des Pays-Bas en France. En souvenir de la cité rasée, deux artères de la résidence Anne-Franck sont appelées « rue Rembrandt » et « rue de Rotterdam ».

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   Depuis cette époque, c’est à Loison-sous-Lens qu’il faut chercher ce qu’il reste de la cité hollandaise.

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  Aujourd’hui, quelques petites maisons rappellent un peu l’architecture de l’époque. Les rue d’Amsterdam, de la Couronne, du prince d’Orange, du ministre Loudon ou encore de Zuyderzee restent parmi les rares signes qui rappellent qu’il a près de 100 ans, le pays des tulipes est venu en aide aux sinistrés lensois.

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   Bonjour, je me présente. Je me nomme Séraphin Bouthemy, je suis né le 12 juillet 1808 à Lens. Mon père était ouvrier-tanneur et moi en cette année 1951, je suis concierge à la mairie. Je suis chargé de vous présenter ma ville.

   Lens n’est qu’un petit bourg de 2750 habitants pas très riche bien que 41 personnes soient considérées comme rentières d’après le dernier recensement. Pour beaucoup d’autres, c’est la misère, l’oisiveté.

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   La vie se concentre principalement autour de l’imposante église Saint-Léger. Autour de la place sur laquelle elle s’ouvre, on compte quelques commerçants : deux boulangeries, trois boucheries, quelques épiceries, une pharmacie, deux marchands de vin et même un vendeur de bonbons. C’est surtout l’habillement et les tissus qui font commerce : quatre marchands de laine, autant d’étoffes, cinq tailleurs, deux chapeliers et un perruquier. Ce domaine génère quelques emplois puisque la ville possède une blanchisserie, trois couturières, deux repasseuses, trois peigneurs et deux fileurs de laine, un teinturier, deux dentellières. Dans la rue de la Place, il y a aussi le magasin de Joseph Guffroy, le « marchand de nouveautés » !

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  Parmi les autres magasins, on trouve un serrurier, deux cordonniers, un horloger. Les autres artisans sont un peu plus éloignés du centre, ils sont surtout dans le Grand Faubourg : des ébénistes et tourneurs sur bois, des couvreurs, un maçon, un vitrier, un tanneur, un tonnelier, un vannier, un ramoneur, quelques menuisiers, deux fabricants de chandelles et même un bucheron. Le métal est également travaillé à Lens par un ferrailleur, deux ferblantiers et trois chaudronniers.

   Nous avons aussi deux fabriques d’huile et une autre de sel. La fabrication de bière engendre quelques emplois puisque nous possédons à Lens cinq brasseries appartenant à messieurs Crespin, Delagranville, Douchet, Durot et Saudemeont. La bière est vendue dans les 14 estaminets de la commune, on en trouve certainement aussi chez les quatre aubergistes.

   Sur la place Verte, un marché a lieu une fois par semaine dans la halle aux grains et dans la rue de la Place, en face de l’église, un marché aux victuailles et tissus a lieu les premiers samedis de chaque mois.

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   Mais la principale activité de la ville reste l’agriculture. D’ailleurs notre maire, monsieur Guislain Decrombecque, élu peu après l’arrivée de Louis Napoléon Bonaparte au pouvoir, est lui-même l’un des plus grands agriculteurs de France, il vient d’obtenir la médaille d’or à la dernière exposition nationale. Il a rendu fertile la plaine de la Gohelle si aride il y a encore quelques dizaines d’années. Il possède également une sucrerie, une fabrique de tuiles et de briques, une distillerie dans laquelle il produit du genièvre.

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   Il est également le propriétaire, à la croisée des chemins d’Arras et de Liévin, d’un relais de poste aux chevaux. La diligence publique reste le seul moyen de voyager puisque notre ville n’est pas encore desservie par le chemin de fer et que notre canal a été remblayé il y a maintenant 60 ans.

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   Il y a cinq ans, une compagnie de chemin de fer privée a bien envisagé de créer une voie de chemin de fer entre Hazebrouck et Fampoux, près d’Arras et passant par Lens mais elle a fait faillite. Peut-être qu’un jour la toute puissante Compagnie des chemins de fer du Nord décidera de relier notre bourg à son réseau.

   La ville a également vu disparaître ses remparts et son château au siècle dernier. Il ne reste que les portes vers les chemins de Lille, de Douai et d’Arras en souvenir des temps anciens.

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   La suppression du canal a eu pour conséquence la fermeture des trois moulins qu’il alimentait. Il ne reste qu’un seul meunier à Lens à l’entrée nord de la ville, sur la route de Lille, Monsieur Bonvarlet. Un de mes amis y travaille, il est « chasse manée », c’est-à-dire qu’il va chez les particuliers recueillir les manées (gerbes de blé à moudre) pour les porter au moulin.

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  Pas moins de 34 exploitations agricoles sont recensées dans la commune, de la plus petite à la plus grande. D’ailleurs, près de 20% des habitants (hommes, femmes, enfants) sont des journaliers, ces ouvriers de ferme que l’on embauche et que l’on ne paye que lorsqu’il y a du travail. Ces personnes résident pour la plus part en dehors des anciens remparts, dans des masures insalubres en campagne. Dans les rues du bourg, il n’est pas rare de rencontrer quelques mendiants.

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  L’église catholique est toujours aussi influente sur notre ville bien que le couvent des frères Recolets, fermé pendant la révolution de 1789, n’ait jamais été rouvert. Le doyen du diocèse de Saint-Léger est le Père Amé Crespin. Il est secondé par un prêtre et un vicaire. L’école communale est dirigé par le Père Pierre Buron, son adjoint qui fait fonction d’instituteur est le frère Théodore Colin. A l’hospice, six religieuses franciscaines assistent le Docteur Testu. Il y a un autre médecin, le docteur Carlier en ville ainsi qu’une sage-femme. Ils n’ont pas pu faire grand-chose il y a deux ans lorsqu’une épidémie de choléra a tué des centaines d’habitants.

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   La police est assurée par 6 gendarmes aidés dans leurs tâches par trois gardes-champêtres. Nous avons également un juge de paix et deux huissiers de justice.

   On nous dit qu’il y a des entreprises qui effectuent des sondages dans les bois du côté du Faubourg Saint-Laurent. On y aurait trouvé du charbon à 150 mètres de profondeur.

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   Des sondages, il y en a un peu partout dans la région depuis qu’à Oignies il y a 9 ans, on a trouvé de la houille dans le parc du château de Madame De Clercq. Cette année, on a commencé à exploiter à Courrières la première fosse du Pas-de-Calais.

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   Ah ! Si seulement, les veines de charbon du sous-sol lensois étaient exploitables ! On pourrait voir peut-être une société minière se créer à Lens. Cela sortirait la ville de la misère et donnerait un travail mieux rémunéré à tous ces pauvres journaliers…


 e de son ami photographe Laurent Bouvier.

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   58 textes sur l’histoire : des grandes invasions du Moyen Âge aux conflits du 20e siècle, de la Révolution française aux grèves des mineurs, de l’épopée charbonnière à la difficile reconversion, de la victoire de Condé à l’ouverture du Louvre-Lens, de l’essor du protestantisme à l’influence du catholicisme.

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   Ces textes sont illustrés de superbes photographies représentant ces sites tels qu’ils sont aujourd’hui. Des grandes villes aux petits villages, des splendides édifices aux graffitis gravés dans la pierre, des magnifiques châteaux aux multiples cités ouvrières, des somptueuses églises aux modestes chapelles, des remarquables monuments aux simples stèles, des statues des puissants personnages aux stèles des illustres inconnus, des sites miniers aux espaces verts, tout est représenté avec l’amour de cette région.

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   Le livre, des 272 pages au format 20cm x 20, est en vente au prix de 22 euros sur le site de l’éditeur : les Lumières de Lille ou à commander dans toutes les bonnes librairies de la région.

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   Bonne lecture et à bientôt

 


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  « Je m’appelle José Louis Beyeart. Je suis né à Lens au numéro 134 de la rue du Bois le 1er octobre 1925 à 23 heures dans une famille de mineurs. Peu de gens me connaissent à Lens. Pourtant, à ce jour, je suis le seul natif de la capitale du Pays minier à avoir été sacré champion olympique.

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   Mon père, d’origine belge, était accrocheur à la fosse 4 des mines de Lens. Nous habitions dans les corons de la cité où ma mère faisait des ménages pour tenter d’arrondir les fins de mois. En 1931, devant la dureté d’une telle vie et les salaires de misère, ma famille décide de déménager en région parisienne où mon père s’établit comme cordonnier. Il m’apprend le métier et m’emploie dans l’entreprise familiale de Pantin.

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   A la fin de la guerre, en 1945, je me lance dans le cyclisme. L’idée m’est venue après avoir réparé une paire de chaussures qu’un coureur avait déposée à la boutique. Je m’entraîne au Vel d’Hiv. Je deviens un bon amateur avec une 3ème place dans le championnat de France de 1945 et quelques podiums dans des courses nationales.

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   Sélectionné pour les courses de qualification aux Jeux Olympiques de Londres de 1948, je termine 3ème de l’épreuve sur route. Je rejoins donc mes coéquipiers Alain Moineau, Jacques Dupont et René Rouffeteau dans l’équipe de France. Mais j’ai bien failli ne jamais aller à Londres. Bagarreur, fêtard, fréquentant souvent le poste de police, le maire de Pantin s’est fait tirer l’oreille pour signer mon « certificat de bonne conduite », document indispensable pour participer aux Jeux Olympiques.

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   Le vendredi 13 août 1948 vers 11h30, me voici donc au départ de l’épreuve sur route cycliste des jeux olympiques de Londres. Je ne figure pas parmi les favoris. Mon rôle est surtout d’aider notre leader Alain Moineau qui est avec l’italien Aldo Ferrari en tête des pronostics des bookmakers.

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   La course a lieu dans les allées du parc du château de Windsor, une piste très étroite en terre et graviers plutôt qu’une route. Les 194,633 kilomètres vont être pénibles pour le peloton d’autant plus qu’une pluie diluvienne s’abat sur la course dès le départ.

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   Le peloton part prudemment. Les chutes et les crevaisons sont nombreuses. Les abandons se multiplient.

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   Au 8ème des 17 tours de circuit, je m’échappe du peloton avec 7 autres coureurs. Les conditions de course font que le peloton, désordonné par les chutes et les crevaisons, ne nous rattrapera pas. Je suis en compagnie de Nils Johansson (Suède), Gerrit Voorting (Pays-Bas), Lode Wouters et Léon Delathouwer (Belgique), Bob Maitland et Gordon Thomas (Grande Bretagne) et Jack Hoobin (Australie).

   Sachant que je n’avais que très peu de chance au sprint, je tente de lâcher mes compagnons d’échappée à deux kilomètres de l’arrivée. Pour cela, je joue au plus malin. Je sais que lorsqu’un coureur empoigne son bidon pour se désaltérer, ses adversaires en font autant, pensant à une courte trêve dans la course. Je fais donc le geste et lorsque je vois les autres saisir leur bidon, je lâche le mien et fonce. J’ai ainsi pris une cinquantaine de mètres d’avance. Ils ne m’ont pas revu.

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   Je passe en solitaire sur la ligne d’arrivé devant l’officiel qui brandit le drapeau olympique et remporte la médaille d’or. Le hollandais Voorting et le belge Wouters, dépités, prennent les deuxièmes et troisièmes places.

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   Avec mes coéquipiers, nous remportons également la médaille de bronze par équipe.

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   Je suis porté en triomphe par les supporters français et mon entraîneur Georges Speicher.

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   On me dit que le Duc d’Edimbourg veut me rencontrer. Je lance « Dites lui que je ne reçois qu’entre sept et neuf heures » mais accepte avec joie ses félicitations.

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   Mon retour en France est triomphal et je fais la une des journaux.

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   Quelques semaines plus tard, à Valkenburg (Pays bas), je termine 8ème du championnat du monde amateur.

   Je décide de passer professionnel. Je le resterai deux ans dans l’équipe « Helyett » sans vraiment percer. Mon palmarès ne se compose que d’une victoire dans le Grand Prix de l’Echo d’Alger en 1949, une autre dans celui d’Isbergues et une 47ème place au tour de France en 1950 à 3 heures et 12 minutes du vainqueur, le suisse Ferdi Kubler.

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   Ce tour, je l’ai disputé dans l’équipe d’Ile de France. J’avais pour leader un certain Robert Chapatte.

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   En octobre 1951, je traverse l’Atlantique pour aller en Colombie participer à un critérium à l’occasion de l’inauguration du vélodrome de Bogota. J’y reviens en 1952 pour courir et remporter le tour de Colombie.

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   J’ai alors décidé de rester dans ce pays où il m’est arrivé pas mal d’aventures …… Mais cela est une autre histoire. »

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   Dans quelques semaines, Jean Pierre Mortagne vous proposera l’histoire complète de José Beyaert et tout particulièrement de ses 40 années passées en Colombie. Le livre sortira aux Editions ‘Les Lumières de Lille’.


Samedi dernier, je me suis rendu à Lens à l’occasion des journées européennes du patrimoine. Beaucoup d’animations étaient organisées dans le secteur. Il a donc fallu choisir.

Première visite de la journée dans les locaux de Pas-de-Calais Habitats qui ont abrité en leur temps le dispensaire de la Caisse de Secours des Ouvriers et Employés des Mines de Lens.

A voir l’article sur ce dispensaire ici : http://lelensoisnormandtome3.unblog.fr/2012/01/24/le-dispensaire-de-la-caisse-de-secours-des-mines-de-lens/

Sous le beau ciel bleu lensois, une façade joliment rénovée mais qui a conservé son aspect d’origine :

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Le superbe vitrail de Raphaël Lardeur magnifiquement rénové. 

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   Dans l’ancienne salle du conseil d’administration, les bas relief évoquant le monde de la mine et les malheurs de la guerre ont été conservés :

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   Puis direction les Grands Bureaux, ou plutôt l’université Jean Perrin, pour une visite guidée de main de maître et agrémentée des sketches réalistes et historiques interprétés par la troupe des Baladins de Lille. Quand on pense que ce bâtiment était voué à la démolition par Charbonnages de France et n’a été sauvé que par la volonté d’André Delelis et de ses élus municipaux !

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  Un rapide repas sur le pouce et direction l’église Saint Théodore de la cité 9 avec une rencontre avec Claude Dryburgh devant la maquette qu’il a réalisé de la fosse 9 des mines de Lens.

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   Ensuite direction Loos-en-Gohelle pour un passage au musée Alexandre Villedieu et ses souvenirs des combattants de la Première Guerre mondiale.

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 Avec une maquette de la fosse 14 des mines de Lens, celle de la cité de ma jeunesse !

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Un passage devant la stèle en mémoire d’Émilienne Moreau, l’héroïne de Loos.

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Et enfin, découverte du nouveau mémorial canadiens de la Côte 70 et de l’arbre de la Mémoire

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Une journée bien remplie et à renouveler en 2018 …. sur d’autres sites !


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   Cette cité est construite à la fin des années 30 par la Société des Mines de Lens pour ses pensionnés.

   A cette époque, un mineur partant à la retraite devait obligatoirement quitter son logement. Il n’y avait cependant que très peu d’habitations de disponibles, les familles de retraités devaient alors soit quitter la ville soit habiter chez leurs enfants dans des maisons déjà surchargées par des familles nombreuses.

   Alors que la reconstruction des cités minières est terminée après le cataclysme de la première guerre mondiale, Félix Bollaert, président du conseil d’administration de la Société des Miens de Lens décide de construire sur un espace libre entre les fosses 1, 9 et 12bis et tout près du stade des Mines, une cité de petites maisons pour ses « chers pensionnés de la société ». La cité est appelée « cité Saint Albert » du prénom du Docteur Barrois donné au chevalet de la fosse 12bis toute proche. C’est après la nationalisation qu’elle devient la cité des Fleurs.

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   Il ne fut jamais remonté la moindre gaillette du puits 12bis puisqu’il n’a toujours servi qu’à l’aérage. Il a été percé en 1904 et servait donc à ventiler les galeries de la fosse 12. Reconstruit en béton armé après la première guerre, il servit jusqu’en 1976 lorsqu’il fut remblayé puis détruit en 1984.

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   A l’emplacement du carreau de la fosse 12bis existe aujourd’hui un parc d’activités de l’artisanat.

   Sur un plan de Lens en 1937, on peut voir tracé le projet de construction des premières maisons. A l’origine, il n’y a aucun commerce, aucun service dans cette cité ; juste quelques espaces verts avec bancs et terrains de boule.

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   Chaque maison d’un seul niveau est entourée d’un petit jardinet (à imaginer là où se trouvent maintenant des allées menant aux garages). C’est vraiment une cité de retraités.

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   Félix Bollaert ne verra pas son inauguration puisqu’il décède en 1936 laissant son nom au stade des Mines.

   La cité n’est accessible que de la route de Béthune par la rue des Cytises au niveau de la gendarmerie et par la rue des Œillets. La rue des Rosiers rejoint rejoint le Chemin Manot (aujourd’hui rue Léon Blum) aux abords de la cité du 11.

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   De l’autre côté, la ligne de chemin de fer de Lens à Hazebrouck empêche tout accès … jusqu’en 1951 lorsqu’un pont est construit à l’extrémité de la rue des Lilas juste en face de l’église Saint Théodore qui permet de rejoindre la cité du 9.

   Ce pont a sa propre histoire. Quelques temps après sa construction, il prit le nom non-officiel de « Pont Verdière », après le décès du doyen de la cité, Louis Verdière, dont le convoi funèbre fut le premier à emprunter ce pont pour rejoindre l’église Saint Théodore.

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  C’est entre la cité des Fleurs et la route de Béthune que les HBNPC ouvrent le 14 mai 1946 leur centre de formation dont la mine-image, une galerie reconstituée, est aménagée dans un long souterrain étroit de 250 mètres taillé dans la craie qui avait été percé pour servir d’abri lors de la seconde guerre mondiale.

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  A cette occasion, une artère est créée face au monument aux morts des mines de Lens, elle porte le nom de « Chemin Perdu ».

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   Le centre a définitivement fermé ses portes le 31 août 1985 et le 25 janvier 1986, Laurent Fabius, premier ministre, posait en ces lieux la première pierre de ce qui allait devenir l’IUT.

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   L’Institut Universitaire de Technologie, installé jusque là dans des locaux provisoires, ouvre ses portes en septembre 1987 et accueille 300 jeunes. A cette occasion, le Chemin Perdu devient la rue de l’Université.

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  Dans les années qui ont suivi la Libération, des nombreux mineurs ses cités se rendaient au stade Bollaert par la cité des Fleurs et une étroite passerelle à l’extrémité de la rue des Tulipes. C’était une bonne occasion pour les retraités de cette rue pour se faire un peu d’argent de poche. Contre une petite pièce de monnaie, le supporter pouvait déposer son vélo ou sa mobylette dans le jardin, à l’abri des vols.

  Aujourd’hui encore, dans une cité des Fleurs rénovée et agrandie, quelques ornements devant ces basses maisons rappellent que la cité avait été construite à l’origine pour ceux qui avaient contribué à la fabuleuse aventure de l’épopée charbonnière.

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   Cet article n’aurait pu être complet sans l’aide précieuse du personnel du service des archives de la ville de Lens. Un grand merci à toute l’équipe.

   Tous ceux qui s’intéressent aujourd’hui à l’histoire de Lens savent que le pont Césarine doit son nom à la tenancière d’un estaminet qui se trouvait aux environs de cet emplacement avant la première guerre mondiale.

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   Mais qui était donc cette fameuse Césarine ?

   La famille Hennebois, du nom de naissance de Césarine, est une vieille famille artésienne implantée depuis plusieurs siècles surtout à Montigny-en-Gohelle et à Lens.

   Vers 1840, le grand-père paternel de Césarine, Jean François, est cabaretier dans le faubourg de Douai (rue de Varsovie aujourd’hui). Il a deux fils : César, horloger et Armand, le père de Césarine qui est alors boulanger.

    Armand part en Belgique, à Antoing, une petite cité francophone de la province belge du Hainaut sur les rives de l’Escaut où il se forme au métier d’horloger. Il revient à Lens et installe son commerce dans la rue du Chapitre (emplacement actuel de l’Avenue Van Pelt). Son épouse, née Louise Couvreur, s’occupe de leurs 15 enfants. Césarine Sophie Hennebois est la seconde de la fratrie. Elle est née le 18 septembre 1843 à 23h30.

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  Son dernier frère, Jean Baptiste a à peine deux ans lorsque le 30 avril 1867, Césarine épouse Louis Flament, un mineur lensois dont le père Joseph est cultivateur dans le Petit Faubourg (que l’on pourrait situer aujourd’hui vers la rue Decrombecque). Les parents des époux se connaissent depuis longtemps : le père de Césarine a été cité comme témoin lors de la déclaration de naissance de Louis. Les jeunes mariés habitent dans la rue de la Gare. C’est là que l’on trouve les premières traces du métier de cabaretière de Césarine.

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    C’est chez ses parents qui entre temps ont déménagé vers la rue de Liévin (rue Romuald Pruvost de nos jours) qu’elle accouche le 22 juin 1868 d’une première fille Rose. Trois ans plus tard naîtra Marie Louise. En 1876, on retrouve la famille dans la rue de la Paix où Césarine et son époux tiennent un estaminet qui fait également pension.

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   Le 29 janvier 1885, Louis Flament décède. Césarine habite alors avec ses deux filles dans la rue de Bataille (aujourd’hui Avenue Alfred Maës), où elle tient le fameux estaminet qui forgera sa réputation. En 1889, Césarine épouse en secondes noces Jules Deleury, un chaudronnier. Cinq ans plus tard, le 8 mai 1890, sa fille Rose épouse à Lens Henri Gérard et le 8 avril 1893, sa seconde fille épouse Louis Duflot, ajusteur aux chemins de fer du Nord et fils de cultivateurs habitant Écaillon près de Douai.

  Fait courant à l’époque, les parents du marié et un oncle de Marie Louise cité comme témoin, ayant déclaré ne savoir ni lire ni écrire, n’ont pas paraphé l’acte de mariage.

  A l’époque, la configuration des artères n’est pas celle d’aujourd’hui. La route d’Arras est dans le prolongement de la rue Bollaert. Un pont qui ne s’appelait bien sûr pas encore Césarine mais « pont des Chemins de fer du nord » existe dans la rue de la Bataille depuis la mise en service de la ligne Lens-Hazebrouck par la compagnie ferroviaire en 1860.

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  C’est tout près de là que se trouvait l’estaminet de notre Césarine avant la première guerre mondiale.

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 La popularité de Césarine arrive un peu plus tard lorsqu’est mis en service le Tortillard Lens-Frévent. A partir du mois d’octobre 1895, chaque jour, des mineurs et d’autres clients viennent patienter dans son estaminet appelé « L’arrêt du tramway » en guettant le passage du petit train.

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 L’attente est parfois un peu longue car il faut dire que ce Tortillard ne respecte pas souvent ses horaires.

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   Césarine tiendra son commerce bien au delà le décès de son second mari survenu le 16 décembre 1904. Le 4 octobre 1914, les troupes allemandes envahissent Lens. Le Tortillard cesse de fonctionner le même jour. Césarine n’aura plus jamais l’occasion de le regarder passer.

   On peut imaginer que c’est à ce moment qu’elle part en exode comme de nombreux lensois. On la retrouve à Lillers où elle se réfugie.

   Le 21 mars 1915, des aviateurs allemands lancent des bombes sur Lillers; sept personnes civiles, dont trois femmes, sont tuées. Ce sera le dernier acte de guerre vu par Césarine. Elle décède quelques jours plus tard, le dimanche 28 mars à l’âge de 62 ans.

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   Dans son journal paru aux éditions Gauheria sous le titre « Dans la fournaise de Lens », le notaire Léon Tacquet rapporte à la journée du 24 septembre 1916 : « Une bombe est tombée hier, au pont du Chemin de Fer du Nord, en face de chez Drony, chez Césarine ». Savait-il qu’au moment où il écrit ces lignes Césarine n’était plus de ce monde ? Léon Tacquet connaissait Césarine pour avoir reçu et validé le contrat de mariage de sa fille Marie Louise en 1893.

   Le 21 octobre 1921, la ville de Lens concède à son gendre Louis Duflot, époux de Marie Louise, un espace dans le cimetière-est, route de Douai. Le corps de Césarine est rapatrié dans sa ville natale pour y être inhumé. Elle repose en compagnie de Louis Robert Duflot, son petit fils décédé à 17 ans quelques jours seulement après l’armistice, le 17 novembre 1918 à Bully-les-Mines où ses parents s’étaient réfugiés.

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   Dès 1919, la voie ferrée vers Hazebrouck est rétablie par le Cinquième Génie et le pont est reconstruit au dessus des ruines encore fumantes. Il est plus large que le précédent afin de pouvoir supporter une partie des voies du triage.

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   Quand ce pont a-t-il pris le nom de Césarine ? On ne le sait pas. Dans certains documents, il est nommé « pont de la Bataille » comme le nom de la rue dans laquelle il se trouvait avant la guerre. Mais pour les lensois, il est et sera toujours le « Pont Césarine ». La première fois que l’on trouve ce nom dans les délibérations du conseil municipal de Lens date du 3 décembre 1920 lorsqu’est évoqué la mise en service d’un éclairage sous le pont.

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   Au début des années 1920, un spectaculaire accident attire de nombreux curieux. Un déraillement provoque la chute d’une locomotive sur la route alors que son tender, arraché par l’accident, reste en suspension accroché au pont. L’histoire ne nous dit pas s’il y a eu des victimes.

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   Quelques années plus tard, un pont en béton est construit par les Mines de Lens près du pont Césarine. Il permet de relier par des voies ferrées les fosses 1 et 9 au triage de la gare de Lens.

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   Il sera détruit en juillet 1992 après la fin de l’exploitation charbonnière pour laisser place au pont tel que nous le connaissons aujourd’hui.

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   Jusque dans les années 60/70, l’emplacement de l’estaminet de Césarine abritera pendant de longues années un café que les habitants préféreront toujours appeler le café du pont Césarine. Aujourd’hui, les locaux sont occupés par une agence immobilière.

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   Sur le mur de soutien du pont du côté du jardin public que l’on appelle aujourd’hui le square Chochoy, une plaque rappelle que c’est ici, au pont Césarine que le 11 avril 1942, trois mineurs résistants ont attaqué un poste de garde allemand et tué une sentinelle.

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 Bientôt ouvrira à quelques centaines de mètres du pont Césarine un autre ouvrage, le pont Tasette qui offrira une alternative à la circulation routière. Mais jamais il ne pourra faire oublier aux lensois l’extraordinaire histoire de ….

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