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dimanche 18 août 2024

histoire

 


   Lens, capitale du charbon ? Oui mais ce ne fut pas la première richesse de la commune.

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  Au début du 14ème siècle, Lens est sous l’influence d’une Châtellenie (un territoire tenu, exploité et protégé autour d’un château à motte gouverné par l’aristocratie locale refusant l’autorité du roi de France). Elle appartint alors à la maison de Lens jusqu’en 1312 quand elle passa par mariage à celle des Récourt.

   En 1392, en pleine guerre de 100 ans, des moulins sont construits à Lens, des moulins à ‘waide’.

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   ‘Waide’ est un mot du vieux patois picard tiré du nom allemand ‘Waid’ qui signifie pastel. Le waide (appelé aussi guède ou pastel des teinturiersdésigne à la fois une plante herbacée bisannuelle originaire d’Asie qui poussait en abondance dans la plaine d’Artois et en Picardie et le colorant que l’on en tirait. Dans la plaine de la Gohelle autour de Lens, on trouvait le waide dans les nombreux marais entourant la ville. Obtenu après broyage et fermentation des feuilles, le waide fut pendant des siècles la seule teinture naturelle bleue à pouvoir être produite. Les trois couleurs de base étaient alors le rouge, le blanc et le noir. Le bleu était utilisé mais il ne devint une couleur à la mode qu’à partir du 12ème siècle.

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  Si la Picardie (principalement l’Amiénois et le Santerre) était un espace important de production de waide, les fabricants de Lens avaient une grande réputation et le commerce du waide fut pendant plusieurs siècles une source de revenu intéressante. Les artisans lensois allaient même jusqu’à fournir des riches flamands comme ceux de Bruges. Les ventes s’effectuaient sur le ‘franc marché’ sous une halle d’où étaient expédiées les marchandises vers les villes voisines par le canal de la Souchez (creusé au 13ème siècle) ou en charrette. Outre le waide, on y vendait draps, toiles, cuirs, mercerie, grains, viande et épicerie.

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  Le commerce du waide était règlementé : un teinturier ne pouvait en vendre plus de quatre barils par semaine. Vers 1550, les règles sont : ‘’chacune balle pesant 200 livres ou environ, estimé le 100 pesant, 7 livres 10 sous’’.

  Au 16ème siècle, Lens était désignée ville étape. Ce privilège imposait à tous les marchands et négociants étrangers à y séjourner avec en compensation la possibilité de vendre leurs marchandises sur le marché une heure avant l’ouverture officielle. C’est ainsi que l’indigo fut importé en provenance des colonies d’Amérique puis d’Inde où sa culture à grande échelle le rendait très compétitif. Il supplanta le waide et sonna le glas des teinturiers lensois. Vers 1612, les autorités lensoises demandèrent en vain l’interdiction de l’indigo. Celui-ci prit de l’extension et les moulins  à waide de Lens furent petit à petit abandonnés.

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   Lorsque l’on quittait les classes maternelles pour aller ‘à la grande école’, on avait droit pour la première fois au porte-plume qu’il fallait tremper dans l’encrier de porcelaine placé dans un trou de notre bureau.

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   Ce n’est que quelques années plus tard que l’on pouvait enfin utiliser un stylo-plume. Pour la plus part d’entre nous, il avait été offert à l’occasion de notre communion. La bouteille d’encre ‘Watermann’ accompagnait le cadeau car nos stylos ne possédaient pas encore de cartouches !

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   Mais l’encre, ça fait des tâches sur le cahier et ça ne sèche pas immédiatement. Au début de l’année scolaire, le maître nous donnait parmi nos fournitures quelques feuilles de papier buvard. Il en fallait plusieurs car nos buvards devenaient vite souillés.

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  Alors, pour en avoir un peu plus ou pour faire jalouser les petits copains, certains apportaient en classe des buvards publicitaires. Il fallait faire attention parfois à ne pas se faire prendre à les utiliser car certains maîtres les interdisaient formellement. La punition était la confiscation et un mot pour les parents sur le cahier.

  Mais bravons cette interdiction pour une fois et souvenons nous des buvards publicitaires des commerçants lensois.

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  Article réalisé avec l’aide de Jean Claude Kasprowicz d’après le livre ‘Eglise du Millenium’ du père Jan Domanski.

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   Lors de la première guerre mondiale, l’église St Léger est totalement détruite. Sitôt la libération, Félix Bollaert, alors administrateur de la Société des Mines de Lens fait construire derrière les ruines de l’église un baraquement de bois qui devient le premier lieu de culte d’après guerre.

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   Dès 1919, c’est sur un terrain appartenant à la Société des Mines de Lens, face à la fosse 1 sur la route de Béthune, qu’est construite une chapelle. Elle est destinée à accueillir les offices de la paroisse Saint Léger. Cette chapelle porte alors le nom de ‘Chapelle St Edouard’ (du nom d’Edouard Bollaert, le père de Félix).

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  La chapelle Saint Edouard est inaugurée en 1921 par le Chanoine Henneguet, archiprêtre de Lens accompagné de Félix Bollaert et d’Elie Reumaux, le directeur des Mines de Lens.

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   Dès 1920, de nombreux mineurs arrivent de Pologne avec leur famille pour travailler dans les mines. Après la reconstruction de l’église Saint Leger inaugurée le 24 mai 1926, la chapelle devient le lieu de culte de la paroisse Sainte Elisabeth et est principalement dédiée à la communauté polonaise.

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   Abimée lors de la seconde guerre mondiale, la chapelle est remise en état par la communauté polonaise lensoise.

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   Dès le début des années 50, le père Przybysz estime que la chapelle devient de plus en plus vétuste et même dangereuse pour les paroissiens.

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  Le père Przybysz fait construite une salle afin d’y organiser des activités culturelles et le catéchisme. La salle, bâtie en 1952 selon les plans de l’architecte lensois M. Révillon, pourrait aussi servir de lieu de culte en attendant une éventuelle nouvelle église.

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   C’est au cours d’une session du Comité National du Millénaire de la naissance du catholicisme en Pologne qu’est décidée la construction d’une église à Lens. Un accord intervient avec les HBNPC qui acceptent de vendre le site à la condition « de chauffer exclusivement au charbon ou au coke tous les bâtiments qui seraient érigés sur ce terrain ».

   En 1963, un comité de soutien pour la construction de l’église est créé et présidé par Michal Kwiatkowski père, le fondateur du journal Narodowiec, le journal de la communauté polonaise imprimé à Lens, rue Emile Zola depuis 1920. A sa mort le 21 mai 1966, c’est son fils qui prend la présidence de ce comité. Une collecte organisée parmi la communauté polonaise de Lens rapporte 3 millions de francs.

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   La mission catholique polonaise intervient auprès de l’évêque d’Arras afin d’obtenir l’autorisation de construire cette église mais rencontre certaines réticences à l’évêché. Pour certains, il est préférable de construire des églises françaises et non réservées à des communautés minoritaires ! Le projet de création d’une ZUP à Lens, (la future Grande Résidence) permet d’envisager l’implantation d’une église dans ce secteur ! C’est finalement l’évêque d’Arras Mr Huygues qui autorise la communauté polonaise à construire ‘son’ église. Il délègue son architecte Jacques Durand.

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   En juin 1965, la vétuste chapelle est rasée et les travaux commencent.

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   L’église est terminée en 1966, année du millénaire du baptême de Mieszko 1er, premier duc historique de Pologne qu’il a placé sous la protection de l’Église catholique afin d’écarter la suzeraineté allemande.

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   De plan rectangulaire, l’église qui peut accueillir 400 personnes, s’ouvre sur un vaste parvis qui l’isole de la route de Béthune. Sa structure est constituée de deux volumes triangulaires aux pointes opposées, superposés. L’un est élevé en brique pleine, l’autre en brique pleine et en verre. La charpente et l’ossature du bâtiment sont en métal. La couverture est en tôle d’acier galvanisé. Le revêtement intérieur des murs et de la couverture est en lame de bois.

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   C’est l’architecte artiste-verrier Andrej Kulesza qui conçu les vitraux « tout en triangles, tout en lumière » qui représentent d’un côté un chemin de croix et de l’autre l’histoire de la Pologne catholique.

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   La statue en marbre blanc du Christ située sur le mur derrière l’autel a été réalisée par  Waldemar Wesolowski et Wictor Pawlikowski à Neuville-Saint-Vaast dans la propriété du boulanger lensois Stefan Fogler.

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   Dans les fondations de l’église du Millenium a été déposée le 24 avril 1966 une pierre provenant des catacombes de Rome et bénie par le pape Paul VI.

   Selon Michal Kwiatkowski fils, « l’église du Millenium évoque une double relation : d’un côté, celle de la Polonia (l’ensemble des émigrés polonais) vivant en France avec sa patrie d’origine et, d’un autre, celle de la Pologne avec le monde chrétien ». Elle a également une valeur politique. La Pologne des années 60 est sous l’influence de l’URSS. L’église apparait comme un symbole de résistance au régime communiste. Dans un des vitraux, se trouve l’aigle royal portant une couronne alors que le gouvernement polonais a peu de temps auparavant retiré celle de son emblème.

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  L’église du Millenium, que beaucoup de lensois appellent encore « l’église polonaise », est consacrée par la cardinal Rubin le 16 avril 1967 et dédiée à Notre-Dame de Czestochowa, la Vierge Noire de Jasna Gora, en Silésie.

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  Suite au dossier présenté par Henri Dudzinski, consul de Pologne et Paul Pawlak, président de Millenium 2000, le ministère de la culture inscrit  le 27 janvier 2014 l’église du Millenium de Lens à la liste des Monuments Historiques.

 


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   Après les destructions de la première guerre mondiale, Lens se reconstruit petit à petit. La priorité est d’abord donnée aux logements, aux administrations et aux commerces, ce n’est qu’après que l’on pense aux loisirs. En 1921, au numéro 39 de la rue de la Gare, près de l’hôtel de Flandres se construit l’édifice qui abritera le cinéma Majestic.

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   Lors de la fête de l’inauguration, c’est la célèbre Damia, celle qu’on appelait la tragédienne lyrique et qui sera la Marseillaise dans le Napoléon d’Abel Gance en 1927, qui assure le spectacle après une première partie composée d’attractions originales de comiques, de magiciens et d’acrobates.

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   Construit face à l’emplacement d’un autre cinéma d’avant la première guerre tenu par M. Huberty-Favier, l’architecture art-déco de l’édifice est remarquable.

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   La salle est également magnifique et rappelle celles des plus beaux théâtre de Paris. Elle peut accueillir 850 personnes au parterre et 300 au balcon. La façade est rehaussée quelques années plus tard pour en faire l’une des plus belles architectures de Lens. L’établissement est tenu par M. Distinguin qui a tenu à composer son personnel de mutilés et de veuves de guerre.

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  En 1923, Eugène Godart est le directeur du Majestic et le gérant est Gustave Baeldé avant que Jean Sigrant ne prenne la direction du cinéma en 1926. Les premiers films projetés par le Majestic sont muets. L’orchestre est dirigé par M. Charrier qui sera remplacé l’année suivante par Octave Aubry, premier prix du conservatoire de Lille en 1902.

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   Le Majestic ne propose pas que des séances de cinéma mais aussi des opéras, des opérettes ou des pièces de théâtre. En 1924, les séances sont composées ainsi : une introduction musicale par l’orchestre suivie d’un film d’actualités, d’un court métrage (souvent de Charlie Chaplin) et d’un épisode du feuilleton du moment. Après l’entracte, l’orchestre accompagne un numéro de music-hall suivi du grand film du jour avant de conclure le spectacle par une dernière interprétation musicale. Quelques années plus tard, les séances sont composées d’un court-métrage suivi de numéros de music-hall et du grand film après l’entracte que les spectateurs sont invités à passer au bar du cinéma pour y déguster une bière du Loup d’Alsace.

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   En 1928 , le Majestic offre 5 séances par week-end dont deux en matinée le dimanche à 14h30 et 17h00.

   Six autres salles de cinéma apparaissent à Lens entre 1925 et 1930 : le Casino rue de Paris qui appartient aussi à la Société Lensoise de spectacles dirigée par M. Bœuf, le cinéma de la Maison Syndicale (qui deviendra le Cantin), l’Eden-Cinéma, l’Eldorado, le cinéma Buffe et le Lensiana.

casino rue paris

Cantin

   En 1930, de nouveaux sièges sont posés dans la salle. Il sont fabriqués par les Etablissements Rompais Frères à Harnes qui fournira également une autre société cinématographique lensoise, les cinémas Bertrand qui, rapidement concurrencera le Majestic.

sieges rompais

   En août 1931, Joseph Bertrand annonce la construction d’une salle face à la gare de Lens. L’année suivante, il inaugure l’Apollo, une des plus grandes salles de France. La société Bertrand rachète alors le Majestic et le Casino.

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  Lors des bombardements de la deuxième guerre mondiale, la rue de la Gare, comme d’autres quartiers de Lens, est très abîmée.

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  Le Majestic est totalement détruit et ne sera pas reconstruit après la guerre. Aujourd’hui, à son emplacement se trouve un immeuble comprenant des commerces en rez-de-chaussée. Son architecture cubique semble bien terne par rapport au bel édifice que fut le Majestic.

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           Le 11 février 1852, la Société des Mines de Lens est créée. Bien que son premier puits ne produise pas encore (les premières remontées de houille auront lieu en décembre 1853 à la fosse Sainte Elisabeth), les résultats des sondages sont encourageants et laissent envisager une rapide prospérité.

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            Pour héberger sa direction et ses services administratifs, la compagnie minière achète un relais de poste situé à l’emplacement actuel du square Chochoy au carrefour Bollaert.

            A la fin du siècle, la Société est l’une des plus riches entreprises de France. Elle possède maintenant de nombreux terrains autour de la fosse 1 dans ce qu’on appelait auparavant le bois de Lens. Edouard Bollaert est alors désigné agent général de la compagnie.

            L’ancien relais de poste devient rapidement trop exigu. Un nouvel édifice est construit dans le faubourg Saint Laurent entre la Route de La Bassée et le Grand Chemin d’Arras à Lille pour installer les bureaux centraux. L’édifice, couvert de briques rouges, est d’un seul niveau au toit mansardé, d’une architecture symétrique par rapport au grand porche d’entrée. Derrière le bâtiment se trouve une petite cour.

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            Afin d’y loger son agent général, la compagnie fait l’acquisition d’une maison voisine de ses locaux près de  laquelle passent chaque jour les ouvriers qui travaillent dans les ateliers situés derrière ces immeubles (où se trouve aujourd’hui la Chambre de Commerce).

GB 1003

            En 1906, alors que près de là onze cents mineurs meurent dans des conditions affreuses dans les mines de la compagnie de Courrières, la Société des Mines de Lens qui a acheté celle de Douvrin, continue de se développer et d’enrichir ses actionnaires. Elle a maintenant créé son réseau de chemin de fer, possède son propre quai de chargement sur le canal de la Deule à Vendin-le-Vieil, quelques usines, exploite alors quinze puits et gère plus de huit mille employés et ouvriers.

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            Elle a besoin de plus d’espace pour ses locaux de direction et ses services administratifs. Les Grands Bureaux sont donc agrandis dès 1907. Le corps du bâtiment initial, dont le porche d’entrée est élargi, est conservé. L’ardoise a remplacé la tuile sur la toiture.  Il est ajouté deux étages au bâtiment initial afin que l’architecture soit identique aux deux nouvelles structures construites sur sa droite, à l’emplacement du logement de l’Agent Général qui est à ce moment Elie Reumaux. Les nouvelles constructions, devant lesquelles a été posée une grille, sont légèrement en retrait des anciennes. Les motifs et les tours de fenêtres sont peints en blanc afin de donner plus de relief à l’immeuble.

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            La construction est imposante. La compagnie minière veut démontrer sa présence et sa puissance au moment où elle doit lutter sur le plan social avec des élus socialistes lensois comme Emile Basly, le maire, également syndicaliste et ancien mineur de fond.

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            Lors de la première guerre mondiale, la ville de Lens, occupée par les troupes allemandes dès octobre 1914, est l’objet de nombreux bombardements de la part des alliés. En janvier 1916, un obus tombe dans la salle des archives met le feu à l’édifice qui est totalement détruit.

            Léon Tacquet dans son journal ‘Dans la fournaise de Lens’ (édité dans le dossier de Gauheria n°7)  écrit à la date du 6 janvier 1916 : « Ce sont les Grands Bureaux qui ont brûlé totalement. Il n’en existe plus que quelques murs branlants ! C’est encore une épouvantable catastrophe pour la compagnie ».

            Des majestueux Grands Bureaux, il ne reste que des ruines lorsque la ville est libérée le 4 octobre 1918.

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            A la fin de la guerre, Ernest Cuvelette qui a remplacé Elie Reumaux, s’attache à reconstruire les mines de Lens. Dans un premier temps, les services administratifs, la direction et les ateliers sont installés dans des baraquements en bois qui avaient servi de quartier général aux troupes alliées après la libération de la ville.

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            Mais ils deviennent vite trop exigus face à la rapidité de la reconstruction : les dirigeants et les services administratifs sont délocalisés à Meurchin dans les locaux qui furent ceux de la compagnie rachetée par celle de Lens.

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            Pour Ernest Cuvelette et ses administrateurs, il faut rebâtir des bureaux de direction à Lens : l’ouverture de cet édifice marquera la fin de la reconstruction des Mines de Lens. Le quartier Sainte Elisabeth est redessiné. Une rue est percée pour rejoindre l’angle des routes de Béthune et de La Bassée à l’avenue du Quatre-Septembre, elle portera le nom d’avenue Elie Reumaux.

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            Les voies ferrées sont rétablies et des ponts remplacent les passages à niveau. Les ateliers et un dépôt de locomotives sont reconstruits de l’autre côté de la rue Bollaert, derrière la nouvelle gare Sainte Elisabeth. A l’emplacement des anciens bureaux centraux sont édifiées des habitations pour les directeurs et ingénieurs dans un secteur que les mineurs nommeront « la vallée des rois ».

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            Pour les nouveaux Grands Bureaux, Cuvelette choisit un emplacement particulier : la butte de la côte Saint Laurent.  De tous les endroits de Lens, on voit les Grands Bureaux; c’est toujours l’idée de démontrer la puissance de la compagnie minière et son influence sur la ville qui motive cet emplacement.

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            Le chantier commence en juillet 1928. C’est l’Entreprise de Génie Civil et Travaux Publics de Lens qui en est chargée. L’architecte Lillois Louis-Marie Cordonnier (à qui on doit aussi, entre autre, la reconstruction des églises  Saint Edouard (cité 12) et Sainte Barbe (cité 4) a établi les plans. Il est secondé par son fils Louis-Stanislas qui est certainement plutôt chargé de l’aménagement intérieur du bâtiment.

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            Les travaux nécessitent jusqu’à deux cents ouvriers qui se relayent d’août à décembre 1928. Le bâtiment est édifié bloc par bloc à la main par des hommes montés sur d’énormes échafaudages car aucune grue n’est utilisée.

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            Dès le mois de septembre 1929, les premiers services intègrent les Grands Bureaux mais les travaux ne sont totalement terminés qu’en 1930. La crise de 1929 étant passé par là, les finances de la compagnie des mines de Lens ne permettent pas d’organiser une inauguration officielle.

            L’architecture de ce bâtiment de 8700 mètres carrés est très originale. La façade de près de 82 mètres est tout à fait représentative du style local de l’époque : ses trois pignons s’élèvent à 35 mètres. Les murs, qui ont nécessité 23 cubes de béton sont recouverts de briques de parement fabriqués à la briqueterie de la compagnie à Douvrin.  De style régionaliste, on peut voir des détails de type art-déco comme les petites lucarnes de la toiture, les campaniles, les fenêtres ‘windows’ ou les formes géométriques dans un bâtiment aux lignes très flamandes.

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            Les constructions en forme de rectangle entourent deux cours fermées.

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            L’administration centrale, des salles de réception, la comptabilité, les bureaux des ingénieurs du fond et du jour, les services de paye, les géomètres et une imprimerie sont installés dans ce véritable château.

            Face au carrefour des routes de La Bassée et de Béthune (qui deviendra bien sûr, le carrefour des Grands Bureaux), des gardes en uniforme impeccable installés dans leur guérite près des grilles filtrent les entrées. Hors de question de pénétrer dans le parc en voiture, ce privilège n’est accordé qu’aux dirigeants et ingénieurs de la compagnie.

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            Deux autres entrées donnent accès à la propriété. A l’ouest, la maison du gardien, la route de La Bassée est utilisée par les visiteurs ou les salariés convoqués. Côté est, rue du Pôle Nord (rue Souvraz aujourd’hui), une autre entrée est réservée aux véhicules de direction. Une maison sert de logement de fonction pour le chauffeur du directeur.

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            Lorsqu’un visiteur est autorisé par le garde à pénétrer dans cette immense propriété, il est d’abord frappé par le style de la bâtisse et l’impeccable jardin à la française parfaitement entretenu. Il se dirige vers l’entrée par une allée pavée qui contourne le jardin.

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            Une fois franchie la grande porte en fer forgé, il a l’impression de pénétrer dans un hall de cathédrale. Là, un huissier cérémonieux et impassible le contrôle et le dirige. Il se sent tout petit en proportion de la hauteur des plafonds du hall. Un immense et large escalier permet d’accéder aux étages.

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            Au rez-de-chaussée, de chaque côté de l’entrée principale il découvre deux salles totalement symétriques à demi enterrées. Dans l’une d’elles étaient prévus un musée et une bibliothèque qui ne virent jamais le jour. Ces salles servent à organiser des bals, des banquets ou d’autres festivités. Dans ces pièces sont célébrées les victoires du Racing Club de Lens, fêtés les mineurs médaillés le jour de la Saint Barbe, récompensés les retraités par la dotation d’une lampe de mineur, réunis les enfants des corons venus passer le concours des bourses des Mines.  Après la seconde guerre, la ville de Lens n’ayant plus de salle des fêtes municipales, loue à plusieurs reprises ces pièces pour ses propres manifestations.

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            Des bureaux occupent tout le premier étage. Longs, larges et hauts couloirs au parquet lustré, portes et soubassements en chêne sculptés parfaitement cirés, pièces spacieuses éclairées par une suite de vastes fenêtres, plafond à caissons, luminaires originaux de style art-déco.

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            Ce premier étage, où travaillent une centaine d’employés, héberge les ingénieurs du fond et de jour, les dessinateurs, les géomètres des bureaux d’études, soit une bonne centaine de cadres et d’agents de maîtrise.

            Au second se trouve l’immense bureau du directeur digne d’un hall de gare. C’est là que notre visiteur a rendez-vous. Un appariteur l’invite à patienter et lui propose de s’asseoir sur la banquette de velours rouge de la salle d’attente.

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            Quelques minutes plus tard, c’est par une double porte matelassée de cuir cloutée de cuivre qu’il pénètre dans une immense pièce aux magnifiques boiseries de chêne.

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            Notre visiteur aura t-il le loisir d’admirer les caches radiateurs en fer forgé, les armoires en chêne sculptées sur place, les motifs gravés dans les parements de bois comme cette lampe de mineur ?

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            Ces armoires, banquettes, boiseries intégrées dans le décor sont conçues par les ateliers de Louis Majorelle dont la marque figure toujours sur le mobilier.

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            Juste à côté du bureau du directeur se trouve la salle du conseil d’administration. C’est là que les décisions importantes pour le fonctionnement de la compagnie et pour la vie des mineurs se prennent. Un peu plus loin un lieu de détente avec fumoir et bar.

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            Enfin la très grande salle à manger. La table installée dans la longueur permet au directeur d’admirer la peinture de Raymond Tellier qui représente une cokerie en pleine activité. Au plafond, on admire le grand lustre d’un mètre soixante entièrement fait de fils de verre.

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            Tout est grand, tout est impressionnant pour qui pénètre pour la première fois.  »C’est une véritable cathédrale » entend-on. D’ailleurs, les vitraux qui se trouvent sur la façade arrière ne rappellent-ils pas ceux des grandes basiliques du moyen âge ?

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            Peut-on imaginer l’état de stress dans lequel devait se trouver le simple mineur à qui quelques reproches devaient être faits lorsqu’il était convoqué par ‘son ingénieur’ aux Grands Bureaux ? Si la peur l’oblige à se rendre aux toilettes, il pourra néanmoins admirer les murs couverts de mosaïques dans le plus pur style art-déco.

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            De la fenêtre de leurs bureaux, le directeur et ses adjoints peuvent admirer le magnifique parc. Ce jardin ‘à la française’ de plus de trois hectares a été conçu par le paysagiste parisien Achille Duchêne. Ardent défenseur du jardin régulier d’inspiration Renaissance ou Classique, il dessina plus de six mille jardins dans le monde entier.

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             Ils devaient être nombreux les jardiniers pour tailler régulièrement les arbres et arbustes plantés dans ces parterres tracés en forme de carré ou de losange aux allées rectilignes. Pour Duchêne, paysagiste de la haute société, tout le parc ne doit être que nature et forme géométrique : aucune statue, aucune fontaine ne vient l’agrémenter.

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            Cet espace appartient à la compagnie et à elle seule. Notre visiteur n’aura pas le loisir de s’y promener pour se détendre. Afin d’affirmer sa propriété, la Société des Mines de Lens entoure sa propriété de murs de briques de plus de deux mètres, d’une haie de troènes et de grands arbres afin qu’il ne soit pas visible de la route.

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            Au fond du parc, on peut encore voir les marches qui menaient au quai du chemin de fer privé : les directeurs utilisaient le train des mines pour se rendre sur les sites industriels et miniers de la ligne Lens–Violaines. Ce quai fut nommé ‘Quai de l’Impératrice’ en hommage à l’Impératrice Eugénie, épouse de Napoléon III.

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            Aujourd’hui, le parc est géré par la ville de Lens qui en a fait un jardin public séparé du bâtiment par une grille et accessible par une porte ouverte avenue Elie Reumaux. C’est un lieu de promenade et de détente également pour les étudiants de la faculté.

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            Près de la grille d’entrée du parc, la statue du Mineur nous accueille. Elle a été installée là afin que l’on n’oublie pas ceux qui descendaient à leur risque et péril dans les entrailles de la terre. Statue en bronze de Fernec Nagy, elle représente le mineur, torse nu, la lampe à la main, la barrette sur la tête et le pic sur l’épaule, prêt à descendre au fond.

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            Durant la seconde guerre mondiale, les Grands Bureaux sont réquisitionnés par la Kommandantur qui construit des blockhaus près du bâtiment.

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            Les sous-sols sont transformés en cachots et on peut imaginer les atrocités qui ont pu s’y produire lors d’interrogatoires de mineurs résistants, notamment après la grande grève de 1941.

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            Peu avant la Libération, c’est aux Grands Bureaux que se réfugient des soldats allemands poursuivis par des FFI quelques jours avant l’entrée dans la ville des troupes alliées.

            Le 17 mai 1946, le Parlement vote la nationalisation des houillères et crée les ‘Houillères du Bassin du Nord et du Pas-de-Calais’ (HBNPC). Le directeur de la Société des Mines, Maxime Bucher est démis de ses fonctions et envoyé à l’école des Mines à Douai. Victorien Dauguet, communiste et ‘cégétiste’ est nommé Président du Conseil d’Administration des HBNPC. Jean Dumay puis Raymond Chaix seront les premiers directeurs-délégués du groupe de Lens qui deviendra vite groupe de Lens-Liévin et installent leur siège dans les Grands Bureaux.

            Quelle belle victoire pour les nouveaux dirigeants, dont beaucoup sont issus du syndicalisme minier, de se retrouver assis dans les fauteuils de ceux qui les ont opprimé pendant des dizaines d’années. Mais la victoire est éphémère car après les grèves de 1948 qui ont laissé de tristes souvenirs dans les corons, ils sont évincés pour une ‘reprise en main’ des HBNPC par le gouvernement.

            Les Grands Bureaux ne seront donc jamais la propriété des mineurs. Une défiance existe toujours envers ce lieu où il ne fait pas bon être convoqué. Les employés de ce siège sont toujours appelés dans les corons ‘les cols blancs’.

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            Même Cafougnette, le héros du poète mineur Jules Mousseron ira de sa petite moquerie ainsi résumée : Invité par un ami à visiter Paris, celui-ci lui demande de se décoiffer devant la tombe du soldat inconnu car, dit-il, « C’est là que repose un homme mort pour la France ». Plus tard, passant avec cet ami devant les Grands Bureaux de Lens, Cafougnette lui demande de se décoiffer à son tour. Devant la surprise du parisien, il ajoute : « C’est ici que se reposent trois cents personnes mortes de fatigue à force de me pas travailler ! ».

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            Au début des années quatre-vingt dix, Charbonnages de France, propriétaire des lieux, vit ses dernières années. Ses finances ne lui permettent pas de conserver cet énorme édifice et les impôts qui vont avec (sa dette, estimée à deux milliards et demi d’euros sera reprise par l’État en 2007). A Lens, plus aucun mineur ne descend au fond depuis le 31 janvier 1986. Le 21 décembre 1990, à Oignies, une page de l’histoire de la région s’est tournée avec la fermeture définitive du dernier puits des HBNPC.

            La démolition des Grands Bureaux, devenus inutiles, est envisagée par Charbonnages de France mais la municipalité de Lens et son maire, André Delelis veulent conserver ce site pour ce qu’il représente pour la population  minière et pour préserver cette œuvre architecturale.

            Mais que faire de cet immense édifice ? Un des premiers projets est de le transformer en hôpital. Une étude est même réalisée par un médecin parisien mais, devant le montant des travaux, l’idée est vite abandonnée.

            François Mitterrand lors de sa visite à Lens en 1983, annonce la fin de l’exploitation charbonnière mais promet d’apporter l’aide de l’Etat à la reconversion du bassin minier et notamment à la formation des jeunes.

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            André Delelis décide alors de transformer les bâtiments en Université et au début des années 90, l’Université d’Artois rachète l’édifice pour le franc symbolique : les Grands Bureaux deviendront la Faculté Jean Perrin qui abritera le siège du pôle scientifique de l’Université.

            L’Université ouvre ses portes à la rentrée d’octobre 1992.

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            Les travaux n’ont surtout concerné que la partie arrière de l’édifice afin de conserver sur sa façade l’architecture d’origine.

            A l’intérieur, on ressent toujours l’atmosphère qui devait régner dans cet immense château. On admire le savoir-faire des artisans de l’époque.

            Gilles, qui a eu l’occasion de travailler sur le chantier de reconstruction nous dit : « Au rachat des bâtiments par l’Université d’Artois, je me suis occupé de la remise en chauffe de cette édifice : remplacement des chaudières, remise en état des radiateurs en fonte, etc. J’ai découvert un bâtiment rempli de souvenirs : les parquets, les luminaires, les meubles réalisés sur place, miroirs, ou les faux placards ou derrière se cachaient des bureaux secrets, les sous sols. L’architecte responsable de cette rénovation (Mr Kupcik de Lens) a su garder le cachet de cette bâtisse. Ce chantier fait partie de mes meilleurs souvenirs: chaque jour nous découvrions des trésors issus du travail de nos anciens (menuisiers, plâtriers, chauffagistes, plombiers, maçons) et on comprend que les Mines à cette époque avaient de l’argent et les hommes du temps pour réaliser de belles choses« .

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            De nos jours, les anciens grands bureaux font l’objet d’un circuit touristique organisé par l’Office de Tourisme Lens-Liévin. On peut ainsi admirer ce qui reste de ce travail des artistes des années 1920 : les vitraux, le mobilier, les portes en chêne sculptées, les sols de parquets ou de carrelages, les luminaires de style art-déco et même les mosaïques des toilettes…

            Mais beaucoup de ces trésors ont disparu entre la fin des HBNPC et la reprise par la ville : tapisseries, tentures, peintures, mobilier …..

            Les jeunes qui ont la chance aujourd’hui d’étudier dans ce lieu mythique savent-ils qu’ici, au siècle dernier, se décidait le sort et même la vie de milliers de mineurs et de leur famille ?

            Ici, dans les …. Grands Bureaux.

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            A voir aussi sur les Grands Bureaux de Lens la brochure conçue par le Pays d’art et d’histoire de la Communauté d’Agglomération de Lens-Liévin.

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           Certaines photos de cet article m’ont été transmises par M. Bernard Bourdon, un ami rencontré lors d’une visite des Grands Bureaux de Lens il y a quelques années.

 


   Marcelle Devred serait une jeune lensoise qui aurait été envoyée en déportation en 1914 où elle aurait subit la cruauté de ses geôliers allemands et été amputée d’une jambe à l’âge de 14 ans.

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   Après la guerre, elle devient chanteuse et entame une tournée dans toute la France. Elle interprète des airs de cette partition : ‘’Tour de France d’une petite martyre de guerre’’ parue aux éditions Dommel dans lesquels elle raconte en musique ses quatre années de captivité.

   Mais  il y a toujours eu des doutes sur la véracité de ses propos. Nulle part ailleurs, dans les écrits, dans les souvenirs de l’époque on ne trouve trace de ce drame. Aucune femme ou jeune fille de Lens n’a été déportée dès 1914. Selon les nombreux écrits de l’époque, seulement 300 civils du nord de la France choisis parmi les notables (hommes et femmes) n’ont été déportés en Allemagne qu’en novembre 1916. Après un accord signé entre les gouvernements français et allemand, ces otages sont rapatriés en 1917 en zone occupée.

   De plus, selon la page de couverture de cette partition, notre Marcelle serait née le 2 septembre 1902 à Lens. Or, dans les actes d’état civils de Lens du début du siècle, on ne trouve nulle part le nom de Devred (J’ai consulté les archives du Pas de Calais de 1898 à 1904).

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   Donc l’histoire d’une jeune femme incarcérée de 1914 à 1918 en Allemagne, martyrisée, volontairement amputée semble très peu vraisemblable.

   Cette partition est introuvable aujourd’hui. Je n’en ai trouvé que la couverture sur un site de ventes  en ligne.

   Étonnant pour un tel témoignage, non ?

   Alors récit véridique ou affabulation ? Le doute subsistera toujours.


   1956 à Lens : 11 ans après la Libération, les derniers stigmates de la guerre sont effacés. Le maire de Lens, le Docteur Ernest Schaffner décide d’organiser les « fêtes de la Renaissance ». Elles seront jumelées avec le cinquantenaire du Racing Club de Lens et verront les baptêmes des deux géants lensois Taraderuse et Rosalie Tata.

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   Le samedi 3 juin 1956 à midi précise, les commerçants du centre-ville de Lens se retrouvent dans la salle Tabarin de la place Jean Jaurès afin de procéder au baptême de leur géante Rosalie Tata qui est en fait la représentation de Rosalie ABRASSART (1855-1932) qui,  pendant la première guerre, venait chaque jour de Bully-les-Mines pour vendre  ses biscuits sur Lens afin de subvenir aux besoins de sa famille. (Information reçue de M. Alain Oudre, arrière petit-fils de madame Abrassart).

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   Dans la soirée du samedi, les Sapeurs-Pompiers de la ville de Lens, accompagnés de ceux du Groupe Lens-Liévin des mines ouvrent la route à une grande retraite aux flambeaux suivie d’un grand feu d’artifice sur la place du Cantin.

   Le dimanche matin, une course cycliste est organisée. Appelée le « Rallye des Cités », elle parcoure toutes les cités minières avant l’arrivée finale sur la place Jean Jaurès vers 11h00. Juste à temps pour que les coureurs puissent assister au baptême de Taraderuse.

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   Devant la mairie, l’animateur de radio Alex Ponchant anime la première partie du spectacle puis monsieur Ernest Schaffner reçoit officiellement Taraderuse en l’hôtel de ville. Après la cérémonie officielle du baptême, Maurice Carton, président du Supporter Club Lensois remet au géant l’insigne de l’association.

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   A 15h00, alors qu’au stade Bollaert débute un match de barrage de championnat entre les équipes de Lille et de Valenciennes, le grand défilé se met en marche dans les cités minières du 12, du 14 et du 4 avant de se regrouper rue Emile Zola.

   Les trottoirs du centre-ville sont noirs de monde lorsqu’à 16h30 démarre le cortège du carrefour Bollaert précédé d’une caravane publicitaire. Il empruntera les Boulevard Basly et toutes les grandes artères de la ville, passant par les places de la Gare et du Cantin avant de se regrouper sur la place de la République où il se disloquera le cortège vers 19h30.

   En tête du défilé prônent nos deux nouveaux lensois, Taraderuse et Rosalie Tata, accompagnés de leur ami valenciennois Binbin.

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   Dans le cortège défile aussi un autre géant de Lens. Il a été élaboré par les ouvriers des Cableries-Tréfileries Lensoises de la rue de Londres appelés plus communément les Laminoirs. Ce géant appelé d’abord Vulcain recevra rapidement le surnom de « Ch’Guss Tréfil ».

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   Ils sont suivis de nombreux chars tels les Volendammers, un groupe hollandais, les Diables de Renaix, les trappeurs de l’Alaska, la fanfare amoureuse d’Annay, l’union des colombophiles lensois, les accordéonistes des Cols Bleus d’Avion, les Gilles et Gais Lurons Quaregnonais en Belgique, l’Amicale Corporative  ou encore les Amis de la fosse 8.

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   Dans ce défilé, on fête aussi le cinquantenaire du RC Lens avec les chars du ‘Supporter Club Lensois’. Le bureau de l’association et les sections  de quartier ont chacun construit le leur.

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   Le dimanche soir, les jambes commencent à être un peu lourdes mais cela n’empêche pas les lensois d’assister au spectacle de nuit entièrement gratuit offert par le Comité d’Organisation des Fêtes de Lens. Présenté par Alex Ponchant et Jacques Mars de l’Opéra de Paris, on assiste à des numéros de de fantaisistes, d’équilibristes, à des ballets et à la surprenante ‘bombe humaine’ , l’homme obus lancé d’un canon !

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   Le spectacle se termine par un tour de chant de John William et sa célèbre chanson ‘Si toi aussi tu m’abandonnes’.

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   Dans son édition de la semaine suivante, ‘Notre Mine’, le journal des HBNPC félicite  » toutes les sociétés qui ont véritablement fait assaut d’imagination, d’humour et de fantaisie pour lui donner de bout en bout la cocasserie, la truculence allant de paire avec les bons géants Taraderuse, Rosalie Tata et Binbin ». Et d’ajouter : « Il est salutaire de vivre et de se détendre sans contrainte comme le font les enfants : la carnaval et ses traditions en sont un des moyens les plus efficaces ».

   En marge, le Racing Club de Lens a organisé une tombola avec deux voitures comme lots principaux. C’est au stade Bollaert que monsieur Léon Mercier, habitant rue Gambetta reçu les clés de la 403 Peugeot tandis que monsieur Paul Courtecuisse, un retraité de la cité Chouard recevait celles de la 2CV Citroën.

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Et n’oubliez pas d’inscrire dans vos agendas :

Le Carnaval des géants Lensois 2016

Le retour de Taraderuse et Rosalie Tata

Dimanche 11 septembre 2016,
A 11h00, place Jean Jaurès

Baptêmes des géants lensois, Taraderuse et Rosalie Tata

  à partir de 14h00
La parade des géants dans les rues de Lens


   Il y a cent ans exactement, les lensois n’avaient certainement pas très envie de fêter la nouvelle année. Les bombardements incessants, les brimades des troupes allemandes, les difficultés de ravitaillement, les morts par dizaines ajoutés au temps glacial de ces premiers jours de janvier les obligeaient à vivre dans la peur, la faim et le froid.

   Alors, pour ne pas oublier ce qu’on vécu les lensois du début du 20ème siècle, voici une série de photographies de Lens aux alentours du 1er janvier 1916, il y a 100 ans …..

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Des troupes entières de prisonniers français sont emmenés vers l’arrière

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Le canal de Lens et les débris de péniches

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Les tranchées devant la fosse 11

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Les allemands installent une ‘grosse Bertha’ dans une usine

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Les habitations subissent les bombardements

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La rue de Lille

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La gare est inutilisable

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Des soldats allemands font constater les dégâts occasionnés par les bombardements français

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Les fanfares allemandes pavoisent dans les rues de Lens

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L’église Saint Léger

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Des soldats allemands dans les ruines d’une fosse

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L’église Saint Pierre de la cité 11

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Les carreaux de fosses sont abandonnés

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Ils seront finalement entièrement détruits

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La mairie en construction au début du conflit

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La rue Victor Hugo

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Des prisonniers français travaillent au déblaiement sous les ordres allemands


   1945, Lens est libéré. Il faudra des années pour effacer les stigmates de ce second cataclysme qui a touché les lensois 30 ans à peine après le premier.

   Mais pour l’heure, les esprits sont tournés vers la relance du pays et les mineurs sont au premier plan.

   Dès le 28 août 1944, le communiste Henri Martel les avait appelés depuis Londres à gagner la « bataille du charbon ». Le général De Gaule en visite à Lens a aussi insisté sur la nécessité de relancer la production.

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   Le communiste Auguste Lecœur remporte les élections municipales des 29 avril et 13 mai 1945. Il participe à un gouvernement d’union nationale dans lequel il est nommé secrétaire d’Etat à la production charbonnière.

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   Le mineur est désigné « premier ouvrier de France » mais dans les fosses, il est contrôlé, surveillé, épié par des militants de la CGT qui interdisent toute protestation : « Travailler d’abord, revendiquer ensuite ».

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   C’est dans ce contexte qu’a lieu la première grande braderie d’après guerre en juin 1946. Dans les rues de Lens, des chars décorés évoquant la grandeur de la France mais surtout la mine et les mineurs défilent tout en assurant la propagande de la politique du moment.

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   Cette frénésie à la production ne durera pas. Lecoeur sera battu aux élections municipales de 1947 par le Docteur Ernest Schaffner ; les ministres communistes seront chassés du gouvernement et entreront dans une opposition qui mènera jusqu’aux grandes grèves de 1948.

 


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   En 1930, la société des mines de Lens crée une filiale, la Société Financière de Lens (FINALENS) au capital de 40 millions de francs dont le but est de gérer financièrement tout ce qui n’est pas lié directement au charbon. Selon Ernest Cuvelette, le directeur de la compagnie lensoise, ‘’Il lui est dévolue la tâche de donner aux installations industrielles (produits chimiques, etc.) dont les bases ont été jetées par Lens tous l’essor désirable. C’est une entreprise considérable, digne au demeurant du passé et des traditions de cette grande compagnie’’.

   La compagnie minière émet des titres dont elle offre une partie à ses actionnaires à raison d’une action Finalens d’une valeur de 500 francs à tout possesseur de 25 actions de la société minière. Dès 1932, le capital de Finalens est porté à 100 millions de francs.

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   Dès 1930,  sur un terrain appartenant aux mines de Lens sur la commune de Douvrin débute la construction d’une ‘usine Claude’ appelée ainsi puisque basée sur les procédés du chimiste et inventeur industriel Georges Claude (1870-1960 ; créateur de Air Liquide, inventeur de tubes au néon, il est aussi à l’origine de la création de la société Grande Paroisse). Les travaux sont confiés au Génie Civil de Lens.

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   L’accès se fait par la route de Lens, après la traversée de la cité Victor Dejong : quelques maisons réservées au personnel identiques aux corons des cités minières. Victor Dejong était un résistant, employé à Finalens, qui fut  fusillé le 27 Mars 1943 à la Citadelle d’Arras.

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   La première spécialité de l’usine de Douvrin est la fabrication d’engrais ammoniaqués. Elle est alors la plus importante de France dans ce domaine et produit 80 tonnes par jour. Après des débuts difficiles sur le plan financier (en partie dus à la crise de 1929), la société Finalens réalise un bénéfice de 5,5 millions de Francs en 1935 et jusque 7 millions de 1937 à 1940.

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   En 1932, les ouvriers de l’usine voient passer de nombreux avions au dessus de leur tête. Il s’agit d’exercices de protection du site en cas d’attaque aérienne. Ces manœuvres sont organisées par un militaire célèbre … le maréchal Pétain !

   En 1946, l’usine de Douvrin entre dans le giron des Charbonnages de France après la nationalisation des compagnies minières. Mais la société financière de Lens continue d’exister et reste propriétaire des terrains.

   En 1959 est créé un atelier de fabrication d’acide sulfurique. L’usine, précurseur dans la fabrication des engrais azotés liquides, produit également de l’ammoniac et des engrais azotés solides (sulfate, nitrate et urée) jusqu’en 1965.

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   En 1967, le groupe CDF-Chimie (Société Chimique des charbonnages de France) est créé et rassemble, au niveau national, toutes les activités chimiques liées au charbon dans les bassins miniers. Il englobe alors l’usine de Douvrin que tout le monde continue d’appeler Finalens.

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   En 1969 est construite une unité d’acide phosphorique d’une capacité de 200 tonnes par jour ; une parcelle de 20ha est consacrée à l’épandage du phosphogypse sous le nom de champ de gypse, l’acide sulfurique résiduaire y étant aussi rejeté, de même que du fluorure de calcium sous forme de boues.

   L’usine de  Douvrin d’une superficie de 33 hectares est découpée alors en différentes zones :

- la première zone dans laquelle il y a encore des bâtiments, aujourd’hui cédés à d’autres entreprises avec des activités légères

- la deuxième zone, la plus grande, sur laquelle il y avait une bonne partie des activités des ateliers de production d’ammoniac

- une zone intermédiaire où il y avait des ateliers de production de sulfate et de nitrate,

- la zone des lagunes, sur laquelle il y avait les terres bleues,

- l’ensemble de la zone des dépôts de gypse (cela provenait de l’atelier d’acide phosphorique).

- le quai de déchargement de 220 mètres de longueur sur le canal d’Aire à la Bassée

   Le 30 juin 1970, la Société Immobilière Argenteuil le Parc (filiale du Groupe Industriel Marcel Dassault) rachète la société Finalens et l’usine de Douvrin est alors dirigée par Grande Paroisse en vertu d’un contrat de location-gérance.

   La baise de la production de houille et l’arrivée d’installations plus grandes donc plus rentables condamnent les usines comme celle de Douvrin qui arrête sa production en 1982. Les installations sont démontées, il ne reste sur place qu’un hangar, le portail d’entrée, deux bâtiments et la bascule.

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   L’entreprise Grande Paroisse, filiale d’Elf-Atochem, propriétaire de la friche de Douvrin suite à des restructurations dans la chimie française au cours des années 1980 a dû procéder à la dépollution complète des terrains selon un arrêté préfectoral du 17/10/1995 prescrivant la remise en état du site. Rétia, filiale de Total, a en charge la dépollution avant de revendre le terrain à un autre industriel.

   Actuellement, le site est divisé arbitrairement en deux zones : une zone dite cessible sur laquelle Grande Paroisse a un projet de valorisation du terrain et une zone dite non cessible sur lequel se trouve l’ancien dépôt des phosphogypses. Pollué chimiquement, le site produit en plus de la radioactivité. Les taux relevés ne sont certes pas très élevés mais l’autorité de sûreté nucléaire les fait surveiller.

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   La reconversion du site ‘ex-Finalens’ n’est pas aisée. Seules deux entreprises y sont jusqu’alors installées.

-       Campo-Club, uns société de loisirs sportifs sur le site de l’ancienne cantine du personnel elle-même transformée en terrains de badminton et  clubhouse

-       La société NIBS France spécialisée dans la fabrication de pièces techniques à base de matières plastiques

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   Un projet de zone artisanale est envisagé sur une partie du site, une trentaine d’hectares pourraient y être consacrée, l’autre partie toujours pas dépolluée serait transformée en un espace paysagé.

Remerciements à la ville de Douvrin, à l’association APPHIM et à mon frère Bernard, ancien salarié de Finalens.

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