A ce jour, l’ensemble des tomes du blog du lensois-normand a recueilli plus de 320 000 visites. Alors, rien que pour vous, quelques liens et nouvelles d’amis de ce lensois-normand.
Sur Internet, retrouvez d’abord un site superbe (bien que toujours en construction m’a dit son auteur, la petite fille du fondateur de la société) sur les transports Abel Biervois de Lens. Un historique complet, des documents inédits et une galerie photos superbe.
Autre site : le Racing Club de Lens vu autrement. »TeamFoot offre une tribune d’expression aux passionnés » annonce la page d’accueil du blog créé par un supporter du RCL exilé au Québec. C’est ici : http://www.teamfoot.fr/
Une artiste lensoise mérite qu’on aille à sa rencontre. Après avoir exposé ses peintures et sculptures à Liévin cet automne, Guislaine LEROSIER sera de la fête lors de l’inauguration des nouveaux vitraux de l’église Saint Amé du 3 de Lens à Liévin le 4 décembre prochain. Une exposition inspirée de la vie des mineurs.
Noël approche et la Société Chorale Lensoise va donner comme chaque année plusieurs concerts »Trompette, choeurs et orgue » dans la région. Les dates arrêtées pour l’instant sont :
– Le 6 décembre à l’église St Théodore de Lens (cité du 9).
– Le 13 décembre au Temple d’Hénin-Beaumont
– Le 14 décembre à l’église St Denis d’Avion
Vous pouvez retrouver la Chorale Lensoise sur Facebook : https://www.facebook.com/pages/Chorale-Lensoise/105714189490859?fref=ts
Un autre lien qui n’a rien à voir avec Lens (si, un peu quand même !) et dont je connais parfaitement l’auteur. Le travail du bois par le chantournage permet de réaliser jeux, jouets, décorations …. Quelques idées cadeau pour Noël ? C’est à voir ici : http://chantournage.over-blog.fr/
Enfin, le site des archives de la ville de Lens avec de magnifiques vidéos anciennes qui nous rappelleront l’histoire de Lens (les géants, les ducasse, l’Apollo, le patrimoine minier, le Tour de France, etc …). A voir absolument (http://www.villedelens.fr/histoire/les-archives-municipales.html)
Dans le cadre du centenaire du début de la Première Guerre Mondiale et de l’occupation de Lens par les allemands le 4 octobre 1914, le Services des Archives recherche toutes sortes de documents d’époque (objets, textes, photos, correspondances …). Si vous en possédez, contactez le service des archives par mail : adavid@mairie-lens.fr
On ne peut voir Lens sans la voir. Bien implantée face à la Place Jean Jaurès, tout près de l’Hôtel de Ville, l’église Saint Léger domine de toute sa hauteur la ville.
Imaginons nous à Lens au dixième siècle. La ville est rattachée à la Flandre et fait parti du comté de Boulogne et de Lens (ces deux comtés furent réunis qu’un jusqu’en 1049). La vie essentiellement rurale y est rude et l’homme vit dans un dénuement complet. Dans le bourg fortifié, les mendiants, les malades hantent les rues. L’insécurité est partout. Pour faire face à cette délinquance, les terribles sanctions sont prononcées par le tout puissant et omniprésent clergé qui possède le pouvoir de contraindre et de punir.
Les habitants redoutent, non seulement, les cataclysmes célestes et terrestres, signes de la colère divine, mais aussi les épidémies de lèpre et de peste noire. Ces épidémies sont vécues comme une punition du péché…
Face à ces tribulations, un seul espoir : la vie éternelle et paisible après celle vécue sur terre ! Pour prier et implorer la bonté divine sont construits des édifices religieux de plus en plus imposants. A Lens, on voit alors s’élever la Collégiale (où se trouve aujourd’hui le rond-point Van Pelt), l’église Saint Laurent (aux environs de l’Université Perrin) et l’église Saint Léger.
D’après ce que nous apprend Louis Dancoisne dans son ‘Précis de l’histoire de Lens’ paru en 1878, l’église Saint Léger est érigée dans la première moitié du dixième siècle. C’est vraisemblablement sous Eustache Premier, comte de Boulogne et de Lens qu’elle est construite.
On ne sait pas quelques sont les raisons qui ont donné le nom de Saint Léger à l’église de Lens. On peut supposer qu’elle fut érigée sur un sanctuaire dédié à Léodégar (nom franc de Saint Léger) dans les années qui suivirent sa mort en 680.
L’église possède quatre étages, un vaste portail, deux tourelles carrées avec un toit en forme de flèche, une tourelle d’escalier, le tout surplombé par un impressionnant clocher possédant à sa base un chemin de ronde et terminé par une flèche posée sur un toit à bulbe.L’étage renfermant les cloches est ouvert par de larges fenêtres sur ses quatre faces.
La Collégiale toute proche, tenue par des chanoines et des chapelains dépend du château. Une semaine par an, elle est ouverte au public et ses reliques exposées dans l’église Saint Léger. Là, elle sont vénérées par les pèlerins tandis »qu’un jongleur doit chanter jour et nuit devants les corps saints ». (Alfred Bucquet, Lens, son passé, ses houillères).
Un dessin paru dans les albums de De Croÿ nous fait découvrir Lens au début du dix-septième siècle. On y voit l’imposante église Saint Léger en plein centre du bourg fortifié. En 1647, Lens appartient alors aux Espagnols, l’église Saint Léger rayonne de toute sa splendeur.
Mais les guerres successives et les nombreux sièges dont fut victime Lens finiront par avoir raison de cette église.
Le 3 octobre 1647, après une lutte farouche, l’armée française mené par le maréchal Jean de Gassion (qui mourut lors du siège) reprend la ville de Lens aux espagnols. Un an plus tard, Lens est de nouveau espagnole après une bataille repmortée par l’archiduc Léopold de Habsbourg. Arrive alors la célèbre bataille de Condé et la victoire des armées françaises qui mettra fin à la guerre de trente ans.
Ces longs conflits ont laissé des traces. Lens et les lensois sont dans la misère. La ville n’a plus un sou et on ne peut réparer l’église totalement délabrée.
Il faut attendre la fin du dix-septième siècle pour que l’on se décide à la restaurer car elle menace de s’effondrer entièrement. L’architecte douaisien Anselme, qui est chargé de remettre en état la base, utilise une méthode originale : suspendre le clocher et le toit de l’église afin de travailler à sa base. Mais l’homme décède alors que les travaux sont à peine commencés. Ses successeurs n’ayant certainement pas le même talent, prennent moins de précautions et le tout s’écroule, ne laissant que ruines. C’est ainsi que disparaît la première église Saint Léger.
Lens reste alors plus de 300 ans sans église paroissiale. Ce n’est que le 28 mai 1776 qu’est posée la première pierre de la nouvelle église Saint Léger au même emplacement que la précédente. Les travaux sont financés par les biens propres de la paroisse et les dons des fidèles sans aucune aide extérieure. Ce sont les frères Leclercq, bâtisseurs à Aire sur la Lys qui construisent l’édifice.
Le 18 janvier 1780, dans ce qu’on appelle alors la Rue Large de Lens est inaugurée la nouvelle église Saint Léger. Imposante, tant par son architecture de style ‘Jésuite’ que par sa capacité, elle surplombe déjà le reste de la ville.
Composée d’un corps en longueur de 45 mètres et d’une tour, l’église est remarquable par sa façade. De part et d’autre d’un grand porche, se trouve la large tour carrée dont le premier étage comportant les cloches est ouvert sur chaque face par des fenêtres cintrées. Au dessus, on trouve l’horloge, présente également sur les quatre faces, qui est surmontée d’une toiture arrondie et d’un clocheton. Les soubassements latéraux sont en grès et supportent des contre-forts faits de briques et de pierres. Chaque côté est muni de cinq grands vitraux.
Jusqu’à la Révolution, un cimetière est attenant à l’église, près du presbytère, entre l’arrière de l’église et la rue de Douai. Plus tard, les défunts dépendant de la paroisse seront enterrés au cimetière de l’Hospice jusqu’à l’ouverture du cimetière-est vers 1830.
De nouveau, cette église va subir les faits de l’histoire de France. En 1789, la Révolution éclate : les églises appartiennent à l’Etat et les prêtres, élus par le peuple, doivent prêter serment à la Constitution.
Dès 1793, sous la Terreur, Mirabeau parle de la nécessité de la ‘déchristianisation‘ de la France : des prêtres sont déportés ou assassinés, d’autres contraints à abjurer leurs vœux, les croix et images pieuses sont détruites et les célébrations et fêtes religieuses interdites. Les objets religieux de Saint Léger sont enlevés et envoyés aux monnaies de Lille ou de Paris.
L’église prend alors le nom de ‘Temple de la Raison’. On y célèbre aussi des fêtes civiles et des ‘clubs révolutionnaires’ s’y réunissent. Le culte de la raison a pour vocation de remplacer le christianisme sous la Révolution française. Robespierre y mettra fin en mars 1794 et instaurera le culte de l’Etat Suprême.
On trouve aussi d’autres utilités à ce grand édifice : on le transforme en fabrique de poudre et on y emmagasine du fourrage.
Il faut attendre l’arrivée de Bonaparte qui, en ratifiant le Concordat du 8 septembre 1801, permet la restitution des édifices religieux au clergé. Saint Léger revient dans le giron de l’église catholique en 1803 et son premier curé en est le chanoine Leviez.
Arrive 1852 et le début de l’épopée charbonnière. La ville de Lens s’agrandit, le nombre d’habitants augmente considérablement en peu de temps. A elle seule, l’église Saint Léger ne peut accueillir autant de monde, surtout que pour être bien considéré par leurs patrons, les ouvriers mineur doivent assister à tous les offices du dimanche.
Alors, on voit apparaître en périphérie de la ville, dans les corons, d’autres églises construites par la Compagnie des Mines de Lens : Sainte Barbe dans la cité de la fosse 4 en 1896, Saint Pierre (cité du 11) et Saint Edouard (cité du 12) en 1901, Saint Théodore (cité du 9) en 1910 et Saint Vulgan (Cité du 2) en 1912.
1912 : Emile Basly, maire socialiste de Lens, décide de faire construire une nouvelle mairie à la place de celle bâtie en 1822 devenue trop petite. Pour cela, il réquisitionne le presbytère de l’église Saint Léger (situé où sera construit la poste après le guerre, rue Diderot) pour y installer les services municipaux.
Le 4 octobre 1914, les troupes allemandes envahissent Lens. Elle occuperont la ville exactement quatre ans jusqu’au 3 octobre 1918.
Dès qu’ils prennent le contrôle de la ville, les autorités germaniques décident de ne réserver l’église Saint Léger qu’à leur seul usage, l’interdisant totalement aux civils français. Léon Tacquet, dans son journal publié par Gauheria sous le nom de ‘Dans la Fournaise de Lens’ rapporte qu’ayant sollicité des allemands le droit de suivre la messe dans ‘son’ église, il y fut invité. Certainement afin de l’intimider ou de le ridiculiser, les allemands le firent placer au premier rang. Il dut ainsi, seul civil, écouter une messe interminable dite en allemand par un prêtre militaire devant 1500 officiers et soldats.
Pour les civils français, les messes sont dites dès mars 1915 dans les locaux de la maison Pollet-Dekoster rue Voltaire. A partir de Pâques 1916, les offices ont lieu dans les sous-sols de cette entreprise aménagés par des ouvriers chrétiens. Le chanoine Ocre décide d’appeler ce lieu ‘Saint Léger sous Terre’.
Car l’église Saint Léger, que les allemands appellent ‘Die Kathedrale’ reçoit rapidement les premiers obus. De nombreuses fois visée car étant à la fois un lieu de rassemblement et un poste d’observation pour les allemands (qui peuvent observer jusque Lorette), elle subit les premiers dégâts dès 1915. Sur la Grand’Place, les beaux commerces d’avant-guerre sont détruits, des débris, des pierres jonchent le sol. L’église a perdu l’une de ses tourelles, le chemin de ronde est inutilisable et les fenêtres du clocher sont éventrées.
A l’intérieur, les dégâts sont considérables : Les statues, le mobilier, la chaire, les orgues et les autels sont réduits en miettes.
L’église est complètement détruite lors d’un bombardement le 19 janvier 1916. Selon le notaire Tacquet et le chanoine Ocre, curé de Saint Léger, c’est entre 15 et 16 heures que les plus gros obus sont tombés sur l’église. L’édifice est percé de part en part, il ne reste plus un seul vitrail. Les voûtes se sont écrasées sur les dalles du sol. De cet édifice qui faisait la fierté des lensois, il ne reste qu’un lugubre squelette vacillant.
Lorsque les soldats anglais finissent par libérer Lens le 3 octobre 1918, ils ne découvrent que des ruines. Le premier journaliste à entrer dans Lens libéré, Albert Londres, écrit qu’après avoir découvert dans les décombres quelques pierres de soubassement en grès, »Nous avons décrété que c’était l’hôtel de ville et par là, nous avons reconnu que la petite montagne de brique tout à l’heure était l’église ».
Tandis que les premiers lensois revenus dans leur ville commence à rebâtir la cité, l’église, qui est devenue le tas de pierres et de débris le plus haut de Lens, reçoit la visite de nombreux ‘pélerins-touristes’, visiteurs venant de partout en France en voyage organisé et qui, contre une obole, peuvent venir ‘admirer’ les dégâts occasionnées par la guerre !
En attendant la reconstruction d’une nouvelle église, dès le 7 octobre 1919, les messes d’après-guerre sont célébrées dans un baraquement provisoire rue Diderot mis à la disposition de la paroisse par Félix Bollaert et son épouse.
En 1923, une chapelle provisoire en bois est inaugurée route de Béthune. Elle porte de nom de Chapelle Sainte Elisabeth et deviendra le lieu de rassemblement des catholiques polonais. En attendant la reconstruction de l’église du centre ville, elle sert d’église paroissiale.
A Lens, tout le monde n’est pas convaincu de la nécessite de reconstruire l’église Saint Léger. Le 17 juin 1921, il faut l’insistance d’Emile Basly (pourtant connu pour son anticléricalisme) pour que le Conseil Municipal vote à une très faible majorité l’adhésion de la ville à la société coopérative diocésaine d’Arras (créée quelques jours plus tôt afin de financer les reconstructions d’édifices religieux à l’aide d’emprunts), permettant ainsi de lancer le dossier. Le 9 juin 1923, le projet de reconstruction est accepté et signé par le maire de Lens.
Le 8 juin 1924, jour de communions solennelles, la première pierre de la nouvelle église Saint Léger est posée. (Source Gauhéria, dossier n°8, La Renaissance de Lens de Ginette Haÿ, 2007).
Près de deux ans plus tard, le 24 mai 1926, lundi de Pentecôte, Eugène Julien, l’évêque d’Arras procède à l’inauguration de la nouvelle église Saint Léger.
Ressemblant beaucoup à la précédente, son emplacement a été reculé de plusieurs mètres dans le cadre de l’élargissement de la Place Jean Jaurès. Face aux risques engendrés par les galeries de mine passant sous la ville, la structure n’est plus en pierres mais en béton armé et les murs sont ainsi moins épais, le portail d’entrée a été agrandi, des pierres d’angle blanches donne du relief à la façade. Au dessus du porche, une simple inscription : ‘‘Eglise Saint Léger – Détruite pendant la grande guerre 1914-1918. Reconstruite et inaugurée en 1928 ».
L’église est ainsi moins massive, plus élancée, les matériaux de couleurs différentes donnent un aspect plus moderne à l’édifice tout en conservant son style jésuite. Les travaux ont été effectués par l’entreprise Hoelbeke et Flitz de Béthune.
Sur les façades latérales, dix vitraux représentant des saints ont été offerts par des notables comme Félix Bollaert, Léon Tacquet, des entrepreneurs ayant participé à la construction et de simples paroissiens.
La chaire est inaugurée en 1928 et les grandes orgues terminées en avril 1930. Seul vestige de l’église d’avant 1918 : la statue de la Vierge Marie retrouvée dans les décombres, a repris sa place dans la chapelle des morts de la Grande Guerre où sont inscrits les noms des 726 militaires et 298 civils lensois tués lors du conflit.
En 1940, Lens est de nouveau occupé et les bombardements sur la ville vont reprendre. Le 23 mai 1940, une torpille éclate à l’intérieur de l’église, détruisant le mobilier et faisant éclater les vitraux.
En juin 1944, les lensois sont avertis par voie d’affichage que la présence qu’en cas d’alerte d’un guet dans le clocher de l’église Saint Léger signifie pour eux un »danger extrême » et qu’ils doivent rapidement rejoindre les abris. Le 11 août, Lens est de nouveau bombardé. Sur la place Jean Jaurès, la mairie chère à Emile Basly, reconstruite après la première guerre n’est plus qu’un tas de ruines et l’église toute proche est sérieusement endommagée. Mais cette fois, sa structure n’est pas détruite et ses blessures ne sont pas irréversibles.
En 1956, les 25 vitraux sont remplacés. Créés par Louis Gauffault, maître verrier, ils sont tous de forme géométrique. Celui représentant Saint Léger se trouve au fond de la nef et les vingt-quatre autres sur les faces latérales sur deux niveaux.
Les derniers travaux ont consisté au remplacement du dôme en 1981 et l’édifice a été totalement rénové en 1996.
L’église Saint Léger fait parti du paysage lensois depuis près de 1000 ans ; sans elle, il est certain que Lens ne serait pas Lens !
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