Rien à voir dans cet article avec le chant interprété par les supporters du Racing Club de Lens au stade Bollaert-Delelis en alternance avec ‘Les Corons’ de Pierre Bachelet.
La «vraie» Marseillaise fut écrite par Rouget de Lisle à Strasbourg dans la nuit du 25 au 26 avril 1792 à la suite de la déclaration de guerre entre la France et l’Autriche. Elle portait alors le titre de «Chant de guerre pour l’armée du Rhin». On a appris ça à l’école et c’est ce que raconte l’histoire de France officielle de ce qui allait devenir quelques années plus tard notre hymne national.
Depuis, cette version a sérieusement été mise en doute. La partition de cette œuvre n’aurait elle pas été écrite par ……. un lensois ?
Selon des historiens du 19ème siècle, la Marseillaise de Rouget de l’Isle serait ni plus ni moins un plagiat. Comme on sait que l’ami Rouget a largement ‘puiser’ les paroles dans des textes écrits … par d’autres, pourquoi n’en aurait il pas fait de même pour la musique ?
Beaucoup affirment aujourd’hui que le véritable compositeur s’appelle Jean-Baptiste Lucien Grison. C’est la thèse qui fut notamment soutenue en 1886 par Arthur Loth, un journaliste-historien catholique, dans ‘La Marseillaise, enquête sur son véritable auteur’.
Voyons ses arguments :
Parmi les rares œuvres qui restent de Grison, on trouve trois pages de musique avec la partition d’une cantate écrite par Grison sur des fragments des chœurs d’Esther de Racine dont l’air du début «Stances sur la Calomnie» correspond à notre Marseillaise.
Les archives sont formelles : «Esther» a été écrite cinq ans avant La Marseillaise.
Rouget est reconnu pour n’être qu’un médiocre violoniste. Comment aurait il pu composer un air aussi difficile et aussi savant ?
L’édition originale ne porte pas de nom d’auteur alors que Rouget signait toutes ses œuvres.
Selon Alfred Bucquet (Lens,son passé, ses houillères), vers 1864, un collectionneur mélomane artésien, Charles Vervoitte trouve à Saint Omer la partition d’une cantate écrite par Grison sur des fragments des chœurs d’Esther de Racine.
Jean-Baptiste Lucien Grison : un compositeur méconnu qui n’a laissé que peu de traces et dont quasiment toute l’œuvre a disparu. Il est né à Lens en 1746, fils d’Eugène Grison et de Jeanne Caboche. Son père, mélomane, lui enseigne les rudiments de la musique. Passionné et doué pour cet art, très croyant, le jeune Grison est enfant de cœur et fait partie de la scola (ensemble vocal de chanteurs a cappella) à la collégiale de Lens. Il entre à 17 ans à la Cathédrale de Saint Omer dont il devient le maître de musique de 1775 à 1787.
Vervoitte constate qu’une partie de la partition est identique à l’œuvre de Rouget de l’Isle : Esther est certes en do majeur et la Marseillaise en si bémol, mais la rythmique, le nombre de mesures, la tonalité sont exactement les mêmes. On a vraiment l’impression d’un copier-coller.
L’œuvre de Grison intitulée «Stances à la calomnie» est une ode à la gloire de Louis XIV.
Grison et Rouget de Lisle auraient-ils pu imaginer et créer le même morceau ? Fort peu probable. Rouget de Lisle s’est bien pour le moins fortement inspiré de l’œuvre de Grisons écrite cinq ans plus tôt.
Comment Rouget de Lisle a-t-il eu vent de l’œuvre de Jean-Baptiste Grison ?
Il est fort possible que le capitaine du génie Rouget de l’Isle ait stationné en garnison à Saint-Omer et directement côtoyé Grison ou entendu jouer cet air.
Grison est décédé en 1815 et n’a jamais revendiqué la paternité de cet hymne lorsqu’elle fut attribuée à Rouget de Lisle. Le moment était mal choisi : il ne pouvait après la Révolution de 1789 avoué avoir exalté la royauté et la religion sans risquer d’avoir la tête tranchée.
Malgré cela, on peut pratiquement affirmer aujourd’hui que notre hymne national est une ….
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