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dimanche 18 août 2024

l’Hôtel Régina

 


  de Liévin (http://lechtimi62800.skyrock.com/) m’a fait parvenir un extrait d’un « Relais » de septembre 1982 (journal des HBNPC qui avait remplacé notre bon vieux « Notre Mine) avec de superbes photos sur le Centre de Vacances des Mineurs de Berck. Merci Christian et bravo pour ton blog.

   Je ne pouvais pas ne pas vous les faire voir :

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   De plus, cet article donne quelques précisions intéressantes sur l’histoire de l’hôtel :

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  Suite aux commentaires de Valère et Brigitte sur l’article sur La Napoule, voici donc présenté l’hôtel régina de Berck, autre centre de vacances des HBNPC.

Dans le contexte de la bataille du charbon après la libération, les toutes jeunes Houillères du Bassin du Nord/Pas-de-Calais mettent en place un ambitieux plan social afin d’attirer de la main-d’œuvre. Les réalisations vont de la construction de logements à l’organisation des vacances du personnel. Ainsi, deux centres de congés, le premier au château de La Napoule (Côte d’Azur), le second à l’hôtel Régina à Berck-Plage (Côte d’Opale) permettront d’accueillir à la mer, pendant plus de 40 ans, les mineurs et leur famille.

Comme pour La Napoule, c’était un tirage au sort qui désignait les familles de mineurs qui pouvaient bénéficier d’un séjour à l’hôtel Régina. Ils sont nombreux à y avoir connu leur premier repos et à avoir vu la mer pour la première fois…

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L’endroit avait été une maison de santé au début du 20ème siècle. 

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En 1952, les Houillères du Bassin du Nord et du Pas De Calais achètent cet hôtel à Berck Plage. C’est un immense bâtiment blanc, de style des grands hôtels, situé non loin de la plage. Les HBNPC le transforment en centre de Repos.

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Après des travaux de réparations et de mise en état, le centre fut mis en service le 4 Juin 1952. D’abord ouvert pour des séries de 200 personnes, il put accueillir, dès Août de la même année, 400 estivants à la fois, la totalité des chambres disponibles étant mise en service.

L’hôtel Régina a accueilli de nombreuses ouvriers et employés des houillères avec les congés payés, et plus particulièrement après la Seconde Guerre Mondiale. «  L’hôtel était exclusivement réservé aux mineurs et à leurs familles, raconte Romuald Vignon, l’actuel directeur. Le prix était en fonction de leurs ressources, et ils étaient choisis par tirage au sort . Ils arrivaient en nombre, n’étaient qu’entre mineurs, et c’était leurs seules vacances de l’année. Le Régina, est devenu une institution ».

« Ch’étot bien l’vie à l’Hôtel sans rien faire et cha, déjà ch’est surtout chés femmes qui l’appréciotent  grimmint» raconte un ancien mineur ; les balades sur l’avenue du Général de Gaulle, l’esplanade, la rue de l’impératrice, la place de l’entonnoir, la plage, le casino, le phare.

L’intérieur de l’hôtel, ce n’était pas le grand luxe mais tout était bien fonctionnel et largement suffisant pour des familles habituées à vivre dans les corons. 

La salle à manger …

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… et sa grande fresque murale 

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Le bar

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Une chambre 

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La cour 

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La salle de lecture 

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La salle de spectacle 

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Les cuisines

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Romuald Vignon, lui-même fils de mineur, a repris l’établissement en 1999, alors qu’il était selon lui à l’état de «taudis ». Après de gros travaux, les trois ailes de cette énorme bâtisse offrent en tout quatre-vingt-douze chambres. Aujourd’hui, certaines familles ou veuves de mineurs, un peu nostalgiques, continuent de venir en vacances à Berck et représente encore une grosse partie de la clientèle. « D’anciens mineurs continuent de venir, même souffrants. Beaucoup sont décédés à cause de la silicose, mais leurs veuves viennent toujours, elles ont autour de 80 ans. » 

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L’hôtel Régina aujourd’hui


On y croyait tous à cette finale ! Mais hier soir vers 23h00, tout était fini ! Un match à l’image de la saison : de bonnes choses, de très bonnes choses même mais aussi une inefficacité latente devant le but adverse et une grosse erreur de défense qui nous coûte un but. Mais où était encore Eric Chelle sur cette action ? On se demande s’il avait payé sa place pour assister d’aussi près à la reprise de la tête du monégasque.

Bon, la ferveur va retomber maintenant. Il va falloir finir la saison et aller chercher les 2 ou 3 points qu’il manque encore pour assurer définitivement le maintien. Et surtout faire confiance et laisser aux dirigeants le temps de nous préparer la saison prochaine.

Car des saisons, il y en aura encore, des matches de coupe aussi. Et Bollaert pourra continuer à vibrer. Et nous aussi pour notre club.

ALLEZ LENS

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Un Lensois ne doit jamais baisser la tête


Devant l’inefficacité totale du RCL (un seul but marqué sur pénalty en 5 matches), Wallemme était obligé de modifier quelque chose s’il ne voulait pas être de nouveau la cible de tous les sifflets et vociférations de Bollaert.

Lorsque j’ai vu la composition de l’équipe, je me suis dit qu’enfin il allait faire jouer un vrai avant-centre. Fini Jemma et sa maladresse permanente ou Edourdo, le seul avant-centre du monde à jouer 90 minutes sans tirer une seule fois au but (il l’a encore prouvé hier soir).

On retrouvait Toifilou Maoulida, le meilleur buteur du Racing de ces trois dernières années. On ne m’enlèvera pas de l’idée que ses non-titularisations sont uniquement dues à des problème relationnels avec le vieux Daniel Leclercq et son « fils spirituel » Wallemme. Il fallait d’ailleurs le voir dans les tribunes, celui qu’on appelait le Druide et qui n’est plus que l’ombre de lui-même : à chaque but, il se tassait chaque fois un peu plus dans son fauteuil présidentiel.

Et Toifilou a marqué les 3 buts. Trois buts qui assurent définitivement le maintien en Ligue 1. Il fallait voir la communion entre ce joueur et SON public. Après le second but, il est passé par dessus le grillage pour aller remercier les supporters de leur soutien.

Moi, je l’aime bien, Maoulida. Je ne rève maintenant qu’à une chose: le voir marquer à la 93ème minute de la finale de la Coupe de France contre PSG au stade de France le 1er mai prochain.

Après cela, Leclercq pourra aller tranquillement finir ses jours qu’on lui souhaite les plus nombreux possible à la Maison de Retraite, route de La Bassée.

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Toifilou Maoulida : I’m back
 


Mes premières vacances, je n’en ai pas de souvenir, c’était à La Napoule en 1953. J’avais un an. Tous les habitants des corons connaissait ce nom : La Napoule, synonyme de « vacances sociales ». 

Mes premières vacances en famille

 

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Les vacances : 

 

Le 5 mai 1947 le domaine du château Agecroft est acheté pour le compte des Houillères du Nord et Pas de Calais par Mr. Léon Delfosse, Directeur Général Adjoint. La même année, le centre de congés de La Napoule appelé également  » Château des Mineurs  » est ouvert aux ouvriers et employés des Mines et à leur famille pour un séjour de deux semaines.

Il y avait tant de demandes qu’un tirage au sort était effectué chaque année. Quelle fierté dans les maisons quand on apprenait que c’était son tour. 

Pour faciliter le séjour des vacanciers, les HBNPC avaient même émis un opuscule de quelques plages donnant des indications sur l’organisation du voyage et du séjour. On ressent dans ce livret que certains n’avaient jamais voyagé puisqu’on y trouve ce genre de recommandations : « A l’arrivée à la gare de La Napoule, détachez votre ticket SNCF « Aller » et conserver le « Retour ».

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Un petit livret pour ne rien oublier 

Dés 1950, 9600 personnes purent  en profiter  contre 2800 en 1948, première année complète de fonctionnement du Centre. La capacité d’hébergement de La Napoule était de 500 à 600 personnes, soit un rythme de plus de 10 000 vacanciers à l’année.

Pendant presque 40 ans, La Napoule a permis à quelques dizaines de milliers de familles de mineurs de découvrir des horizons et une région totalement différents des leurs, mais aussi d’apprendre à vivre pleinement la période des congés. C’était le soleil, le dépaysement, un autre climat mais aussi le voyage !

Le fait d’être servi à table a marqué les esprits. Les familles étaient servies comme des riches et comme ils n’allaient pas au restaurant c’était vraiment quelque chose de sensationnel. 

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Repas en famille servis à table 

Le château Agecroft :  

« Le Château des mineurs » est une grande bâtisse aux pierres rouges, aux murs crénelés, encadrée par deux tours carrées. Il fut construit entre 1918 et 1920 par Harry Leland de Lengley. C’est en mémoire de son grand père dénommé « Agecroft » qu’il nomma son château. 

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Le Château des Mineurs 

Des cheminées monumentales et de très grandes portes en fer forgé venant d’Egypte décorent l’intérieur. 

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La Salle à Manger 

La vue sur la baie de La Napoule depuis le Château est magnifique. 

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La baie 

C’est sur cette plage que j’ai pris mes premiers bains de mer en compagnie de mon père. 

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L’un de mes premiers bains de mer 

Il y avait une grande montée pour arriver au château qui devaient être épuisantes après une journée d’excustion. 

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La « montée des marches » 

Des grosses plantes grasses pointues (des agaves) ornaient cette escalade. C’est là que tout le monde a au moins pris une photo. 

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Nous aussi ! 

 

Aujourd’hui, la propriété s’étend sur 171 hectares mais le domaine d’Agecroft ne comprenait à l’origine que le château et ses dépendances implantés sur les 10 hectares de la propriété mais très vite huit grands baraquements, dits chalets, furent ajoutés.

Le premier de ces bâtiments,  » les Fougères « , comportait 48 chambres et fut ouvrit en janvier 1953; le second  » les Mimosas « , plus important avec ses 71 chambres, ouvrit ses portes en novembre 1955.

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Les Mimosas 

Un troisième bâtiment  » la Roseraie « , comptant 49 chambres, fut construit en 1963, ce qui en ajoutant les 17 chambres du château, portait le nombre à 185 chambres.

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La Roseraie 

C’est en 1977 que sont bâtis les Orangers et les Tamaris. Les tous derniers aménagements des Houillères datent de 1983.

La salle des fêtes, construite en 1956, disposait de 500 places; elle était insonorisée et climatisée.
Des soirées de variétés, des concours de chants, des bals, des séances de cinéma, etc…, y étaient organisés.

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La Salle des Fêtes 

Pour les plus jeunes, une garderie a également été construite.

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La garderie 

On pouvait également visiter la serre et ses nombreuses variétés horticoles.

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La serre 

 

Le transport : 

Pendant une trentaine d’années, les mineurs prirent un train spécial de la SNCF à Douai.
Très vite, dans la joie de partir en vacances, les relations étaient établies d’un compartiment à l’autre. En gare de Mandelieu, des groupes d’amis étaient déjà constitués.

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Le bonheur de partir 

A partir de janvier 1977, le transport pour La Napoule fut assuré par avion au départ de Lille-Lesquin.
Un samedi sur deux, entre 800 et 1000 voyageurs empruntaient toutes les deux semaines les Mercure ou Airbus d’Air Inter entre Lesquin et  Nice.

La grande majorité des voyageurs en profitaient pour faire leur baptême de l’air tout en gagnant une journée de vacances supplémentaire.

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Un vol de retour à Lesquin 


La Napoule aujourd’hui : 

En 1994 Charbonnages de France vend le château au CCAS (CE d’EDF). Dès 1995, 283 lits sont mis à la disposition des gaziers et électriciens. En juillet 1999: LA SOCIÉTÉ CIVILE DU DOMAINE D’AGECROFT est crée par les CE de EDF et de la RATP pour gérer le domaine : le château n’est plus celui des mineurs mais ouvert au public tout en perpétuant la tradition du tourisme social. 

 

On peut ajouter que de nombreux couples de mineurs, amoureux ou nostalgiques de la région, ont pris leur retraite à La Napoule et s’y sont installés. Il doit être surprenant que dans ce petit coin du midi entendre tout à coup : »Cha va, minloute ? « .

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Le Château a

       Il y a quelques années, j’avais écrit pour le site « Histoires de Chtis » quelques paragraphes racontant des souvenirs de jeunesse en rapport avec le sport et surtout le RCL.  A l’occasion d’un retour à Bollaert il y a quelques jours, ces textes me sont revenus en mémoire. Je les ai retrouvés, illustrés, un peu modifiés en précisant certaines choses ou en rectifiant quelques erreurs. J’y ai ajouté deux paragraphes. Ce sont donc ces quelques lignes que je vous propose, intitulées « Min Lens à mi ». 

   

     Habitant à la fosse 14, rue Lamennais exactement, le dimanche après midi, une fois tous les quinze jours mon père m’emmenait au stade Bollaert pour voir un match du RC Lens. A cette époque, on ne disait pas « On va à Bollaert » mais simplement : « On va au match ». Aller au match voulait tout dire, ça ne pouvait être qu’au Stade Bollaert pour voir l’équipe qui enflammait tous les corons. 

    Les matches avaient lieu à 15h00 car tous les stades n’étaient pas équipés d’installations de nocturne (Lens l’a pourtant été dès 1954). Donc, le dimanche, en tout début d’après midi, mon père me faisait monter sur le porte-bagages de sa Mobylette où il installait un siège pour enfants. 

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L’mobylette d’min père … et mi d’sus mais un peu avant qu’il m’emmène au match 

       Et nous voilà partis !       

       Déjà à cette époque, il fallait arriver de bonne heure car il y avait du monde, les bons résultats du club et le manque d’autres distractions à part le cinéma, attiraient un public composé essentiellement d’hommes et de garçons. Je ne me souviens pas avoir vu beaucoup de filles « aux matches ». 

      Nous, on allait toujours dans les « populaires » : elles se situaient en arc de cercle derrière les deux buts et composées de gradins en terre battue non couverts et debouts bien sur! 

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Plus tard, les populaires furent même scindées avec la création des « virages » 

Les gardiennes d’vélo 

    On arrivait par la route de Béthune et la cité des Fleurs, appelée aussi « la cité des pensionnés ». Dans la rue qui menait à l’entrée du stade, il y avait quelques maisons habitées par des retraités. C’est là que les gens déposaient leurs vélos ou leur vélomoteur. Ils avaient inventé le parking gardé! Nous, où mon père déposait sa Mobylette, c’était toujours la dernière maison avant l’entrée du stade. Contre vingt francs à l’époque (qui allaient devenir plus tard vingt centimes), une dame gardait l’œil sur les engins pendant toute la durée du match. « Y’a pas d’risques, j’chuis toudis là ! ». Rien ne prouve que pendant le match, elle restait toujours dehors à surveiller. De toute manière, il n’y avait jamais de vols ou de dégradations.

     Imaginez aujourd’hui déposer votre voiture dans un parking où il suffirait de dire un peu plus tard : « C’est celle là, la mienne » sans aucun reçu et qu’on vous tende les clés. C’est pourtant ce qui se passait à l’époque: personne n’aurait imaginé qu’on puisse lui voler son engin. 

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Du côté « ville », il y avait un grand « parking » pour les vélos. 

Le p’tit pont 

       Pour accéder au terrain par la « cité des pensionnés », d’où venait tous les gens des quartiers nord de Lens (fosses 9,11,12,14, etc …), il fallait passer par un petit pont qui surplombait les voies du Chemin de Fer des Mines. Sur ce pont, on allait à trois de front au maximum. Pour entrer au stade, ça allait encore, les arrivées étaient étalées. Mais pour sortir, il y avait plusieurs milliers de personnes à passer par cet entonnoir. Alors, on attendait son tour, sans se bousculer, sans se chamailler, en discutant avec les gens. Ca pouvait durer une demi-heure les soirs de grand match. Alors, ça discutait, chacun y allait de son analyse. Finalement, on avait assisté au match et on avait en plus les commentaires d’après match. Canal + n’a rien inventé ! Une fois passé, on allait récupérer son vélo ou sa Mobylette « Chez el’femme » et on rentrait.

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Le p’tit pont aujourd’hui : il ne reste de visible que l’accès, la voie du chemin de fer des mines est devenue l’allée piétonne Marc-Vivien Foé. A gauche, l’emplacement de la maison de la « gardienne de deux-roues ». 

Ch’est min garchon 

      Quelques années plus tard, on avait le droit d’aller au match tout seul, sans son père. On avait une douzaine d’années et c’était les premiers matches en nocturne. A cette époque, les gamins de 12 ans pouvaient sortir le soir sans aucun risque dans les corons. On y allait en bande avec tous les copains de la cité. Mais, il y avait un problème, à partir de 10 ans, il fallait payer demi-tarif. Alors, on attendait entre les caisses et le point de contrôle et on apostrophait les gens qui entraient au stade. « J’peux passer avec vous, M’sieur, s’il vous plait ? ». Tout le monde connaissait la combine. Les adultes nous prenaient par la main pour franchir le point de contrôle et disaient au gardien « Ché min garchon ! Y peux passer ? ». Et le gardien, pas dupe et qui nous voyait attendre depuis un quart d’heure devant lui répondait « Quel ache qu’il a, tin tchio ? 

- Y vient juste d’avoir 10 ans 

- Y’est bin grand pous’n'ache ». Et avec un clin d’oeil à l’adulte qui nous tenait par la main, il nous laisser entrer. Ensuite, il n’y avait plus qu’à attendre que les autres copains passent à leur tour avant d’aller se placer en populaire. 

Les « s’gontes » 

    Là où se situe toujours le kop lensois aujourd’hui se trouvait à cette époque là une petite tribune que l’on appelait « les s’gontes » (en français les secondes). Déjà à cette époque, c’est là que se trouvaient les supporters des « sang et or » avec leurs chants et leurs drapeaux. Les supporters d’aujourd’hui n’ont rien inventé, ils n’ont fait que moderniser (avec talent, il faut le dire) ce que faisaient déjà leurs grands-pères. 

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Les s’gontes vues du ciel 

    Je me souviens que pour nous qui étions toujours dans les populaires; c’était les jours de grand match impressionnant de voir toute cette foule agglutinée au centre de cette tribune, tout le monde était debout à l’époque.

      Je me souviens d’une réflexion qui nous avait fait éclater de rire d’un de nos voisins dans les populaires qui dit en regardant vers la tribune de secondes « y’in faut des kilos d’Palmolife pour laver tout cha ! ». 

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Il y avait moins de drapeaux mais la ferveur existait déjà 

Les branlées 

         Même si le but de ces textes n’est pas de raconter l’histoire du Racing mais plutôt les anecdotes s’y rapportant, on ne peut oublier les moments de jubilations lorsque les Sang et Or gagnaient avec la manière. Tous les anciens se souviennent des « branlées » que l’on a mis aux visiteurs (Lens-Le Havre 7-0; Lens-Bordeaux 8-1; Lens-Nice 4-0 et aussi le mémorable Lens contre Racing de Paris 10-2 dont 6 buts d’Oudjani lors de la saison 63-64); Ces soirs là, quand on rentrait chez soi, on se disait déjà : « Fier d’être Lensois ». 

    Je me souviens qu’à cette époque, l’introduction d’alcool n’était pas interdite dans les stades et qu’un dimanche après midi, Lens recevait Nantes sur un terrain « surgelé » et par une température d’environ moins 10. Le terrain était tellement dur que les Lensois ont joué en baskets car aucun crampon ne pouvait s’accrocher à la pelouse. Devant moi, dans les tribunes, il y avait deux hommes qui avaient pris « de quoi se réchauffer » et qui s’était engagés à vider une bouteille à chaque but de Lens. On a gagné 4-0. Ils ne devaient pas être très clairs en rentrant chez eux, ce soir là ! 

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Oudjani lors d’un match face à Nice 

La Clarville

     Mon père travaillait à « la Centrale de Vendin » où chaque année était organisée une loterie au profit de je ne sais plus qui. En 1962, on a eu la chance de gagner le premier prix. C’était une télé de marque Clarville, en noir et blanc, bien sûr. C’était une révolution dans la maison: plus besoin d’aller chez les voisins voir « La piste aux étoiles » ou les premières retransmissions des matches de Coupe d’Europe du grand Reims (dont je reparlerai plus tard). L’alimentation électrique était en 110 à cette époque et il y avait souvent des baisses de tension, surtout le soir. Sous la télé, il y avait un « survolteur » sur lequel il fallait actionner le bouton plusieurs fois pour empêcher la télé de s’éteindre. 

     L’inconvénient, c’était que lorsqu’on regardair un match où l’une des équipes avait un maillot bleu et l’autre un rouge, toutes les deux en short blanc, on avait du mal a voir qui jouait avec qui. Alors, le commentateur disait » Vous reconnaissez l’équipe de France à ses chaussettes, elles ont deux petits liserés blancs alors que les autres sont unies ». Tu parles, Charles !

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Notre « Clarville » ressemblait un peu à ça dans les années 60
 

Télé Dimanche 

    Le dimanche après midi, il y avait une émission de télé présentée par Raymond Marcillac qui s’appelait Télé-Dimanche. Un jour, avec mon père, nous sommes allés « au match » voir Lens-Reims. C’était le Reims de la grande époque avec Kopa, Fontaine… Le stade était plein comme un œuf. Nous, on avait trouvé une place dans les populaires, le nez plaqué contre le grillage juste à côté d’un poteau de corner. A 5 minutes de la fin, Lens menait 2-1. Mon père me dit : »Allez, c’est presque fini, on s’en va sinon on va être coincé au p’ti pont ». Nous voilà donc partis, on récupère la Mobylette et on rentre. Ma mère et mes sœurs regardaient Télé-Dimanche. « Qui c’est qui a gagné? demande ma mère. - Lens par deux buts t’à un ». A la fin de l’émission, la télé passe les panneaux des résultats de foot : Reims avait marqué 2 fois dans les 5 dernières minutes et avait gagné 3-2. Après ça, mon père n’est plus jamais parti avant la fin d’un match quitte à attendre une demi-heure au « p’tit pont ». 

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Télé Dimanche de Raymond Marcillac qui avait découvert Mireille Mathieu.

 

Le foot au « caté »      

        A cette époque, il y avait très peu de clubs structurés et la plupart des gamins qui jouaient au foot le faisait dans la rue : il y avait très peu de voitures. D’ailleurs, comme dans tous les corons, tous les gosses de la cité vivaient dehors jusqu’à la tombée de la nuit.
     Mais on avait aussi nos « matches du jeudi ». Quand on allait au catéchisme, le curé était un passionné de football et alors qu’on été partis plus de deux heures, on avait une demi-heure de « caté » et une heure et demi de foot sur le parvis de l’église du 12 (entre l’église et la rue Saint Edouard). Et là, par tous les temps, c’était des parties acharnées parfois à vingt contre vingt, entre ceux de la cité 12 contre ceux de la fosse 14. D’un côté le but était délimité par deux des pylônes de la clôture de l’église. De l’autre quatre bouts de bois ou quelques sacs ou vêtements faisaient office de poteau. Il n’y avait pas d’arbitre et si après un tir au but, quelqu’un criait « trop haut », tout le monde était d’accord pour annuler le but. Le curé relevait le bas de sa soutane pour jouer avec nous par tous les temps : soleil, pluie ou même neige. On revenait « tout crotés à l’mason ». C’est peut être pour ça qu’il y avait tant de monde au « catè » à l’époque. 

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Notre terrain de football « derrière l’église » 

Le sport ailleurs 

      Un peu plus tard, quand on avait fait sa communion, on n’allait plus à la messe. C’était « la tradition ». Alors, on se baladait avec les copains et on allait voir du sport. Souvent, c’était « au cimetière » où jouaient l’AS Lens (je pense que ce club existe toujours, ils avaient un stade auprès de ce qu’on appelle aujourd’hui le cimetière nord au bout de la rue Lamennais, là où reposent mes parents). Parfois, on avait des copains qui, étant meilleurs que nous, jouaient dans ce club. On allait les encourager. Ou alors, on allait aussi voir du basket « au cercle », rue des Marronniers à la fosse 12, derrière la salle Saint Laurent. Là aussi, c’était « à l’ancienne » : les matches se jouaient dehors par tous les temps sur un terrain en terre battue (il n’y avait pas de salles de sports), il n’y avait pas de remplaçants et, à la fin du match, on devait aller voir la table de marques pour savoir qui avait gagné car il n’y avait pas non plus de tableau d’affichage.

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Le stade de l’AS Lens ressemblait à celui-ci

 

L’pate à modeler            

       Mes frères et sœurs plus âgés pourraient vous le confirmer : quand j’étais gamin, j’étais un fervent de la pate à modeler. Et comme j’étais aussi fervent du Racing, il ne fallait pas grand-chose pour ces deux passions se réunissent. Sur une petite table située sous la fenêtre de la cuisine dans notre maison des Mines avaient lieu les répétitions des plus grands matches du championnat de France. Avec la pate à modeler, je fabriquais dix boules rouge et jaune, dix autres d’une autre couleur, deux différentes pour les gardiens de but et une noire pour l’arbitre. Les poteaux des buts, les bancs de touche et même le tableau d’affichage étaient aussi en pate à modeler. Et alors, une fois la fabrication terminée, le match pouvait commencer. Ca durait des heures et des heures et je ne sais pas pourquoi, à la fin, c’est toujours Lens qui gagnait ! 

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Les bâtons de pâte à modeler : des heures de matches ! 

Les lendits 

     Mais le stade Bollaert, c’était l’endroit mythique ! Et fouler sa pelouse une fois par an était une fierté et un honneur. Alors, quelle était notre joie quand, une fois par an, en fin d’année scolaire, on y présentait avec l’école un spectacle gymnique que l’on appelait « les lendits ». Tous les jeunes des écoles de Lens faisaient un tour d’honneur autour du terrain puis se présentaient devant la tribune d’honneur pour faire une exhibition de mouvements d’ensemble » que l’on avait répétés à l’école toute l’année. 

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Les Lendits à Bollaert dans les années 60 

J’suis « placeur » 

        Un peu plus tard, vers 15/16 ans, j’ai réussi à me faire embaucher comme placeur dans la tribune d’honneur du stade. On avait droit à une carte officielle de « Membre Actif » et on portait un brassard : le mien avait été cousu par ma mère avec des morceaux de tissus rouges et jaunes. On gagnait par match : 5 francs (plus les pourboires) et un exemplaire gratuit du journal « Sang et Or ». Puis, on avait le droit de voir le match de la tribune. Je me souviens avoir assisté à un match de gala avec des internationaux comme Kopa et Fontaine et il me semble le retour à Lens de Wiesniewski. C’était à l’occasion du jubilée de Bernard Placzek, qui joua 377 matches et fut longtemps capitaine du Racing. Ca reste un bon souvenir même si peu de temps après, Lens a abandonné le football professionnel pour ne le réintégrer que quelques années plus tard. 

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Sang et Or : le journal du Racing

 Sin dernier match            

       Si mon père est à l’origine de ma passion pour ce club, il était normal que je sois présent lors du dernier match qu’il est allé voir à Bollaert. Il me semble que c’était en 1972 lors de la légendaire demi-finale contre Bastia. Battus 3-0 à l’aller et surtout mal reçus en Corse (on a entendu dire que des voitures immatriculées 62 avaient été jetées dans le port de Bastia), les lensois, alors en 2ème division, voulaient laver cet affront. Bollaert était plein comme un œuf et même plus puisque qu’il y avait du monde sur les toits des tribunes, sur les pylônes des projecteurs et que l’on avait du mal à voir les limites du terrain tant il y avait de supporters le long des lignes (je pense qu’aujourd’hui, le match n’aurai pas eu lieu mais le holliganisme à la sauce PSG n’existait pas encore à l’époque). Lens marqua 1 fois puis une autre mais ne remonta pas le handicap de l’aller. Qu’importe, l’honneur était sauf et les Corses se sont longtemps souvenus de « l’accueil » des ch’tis. Une banderole reste dans mes souvenirs : le gardien corse était yougoslave et s’appelait Pantélic. La banderole disait « Pantélic, pends tes loques ». A-t-il compris ? Je ne le pense pas. 

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Lens-Bastia 1972 : le début du renouveau du Racing

Aujourd’hui            

     Je suis retourné à Bollaert il y a quelques jours. Il y a 50 ans, mon père m’y emmenait. Cette fois là, c’est mon gendre qui m’y a invité. Le temps passe ! C’est vrai que c’est beau : les couleurs, les tifos, les drapeaux, les chants, la Marseillaise Lensoise, les Corons à la mi-temps. Toutes les couleurs de Bollaert aujourd’hui  Mais j’ai l’impression qu’il manque quelque chose. Quoi ? Je ne sais pas. Le p’tit pont ? Les s’gontes ? Les gradins en terre battue ? Peut être quelques ch’tis de plus sur le terrain pour garder l’esprit lensois ? 

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Toutes les couleurs de Bollaert aujourd’hui

      La passion est toujours là pour ce club mais il y a aussi beaucoup de souvenirs et certainement un peu de nostalgie. Parce que cette équipe, c’est : « Min Lens à mi ! ». 

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