Lorsque j’envisage d’écrire un article sur la carrière cycliste du lensois d’adoption Maurice Garin, je me dis: ‘Quelques lignes, quelques photos et ce sera vite fait!’. Mais au fur et à mesure que mes recherches avancent, je m’aperçois que Garin, ce n’est pas seulement le premier vainqueur du Tour de France. Cet homme a eu une vie sportive et extra-sportive passionnante et pleine d’évènements parfois croustillants.
Alors, voici, à l’heure où le 99e vainqueur de la Grande Boucle 2012 va être connu et où, en même temps, le vélodrome qui porte son nom à Lens est appelé à disparaître, comment a vécu Maurice GARIN.
Maurice Garin est né le 3 mars 1871 à Arvier, commune située à 800 mètres d’altitude dans le Val d’Aoste en Italie. Quatrième d’une famille de neuf enfants et fils d’un laboureur et d’une servante d’hôtel, il eut une enfance misérable.
En 1885, la famille Garin décide de quitter ce monde de misère pour aller ‘chercher fortune’ ailleurs. Selon certaines sources, Maurice aurait été recruté alors par un ramoneur français, sa petite taille lui permettant de monter à l’intérieur des conduits de cheminée. Il exerce ce ‘métier’ d’abord en Savoie. Cette profession et sa taille (1.61 m pour 60 kg) lui vaudront plus tard sur les routes de France le surnom de « Petit Ramoneur ». On ne sait comment il atterrit ensuite à Reims en 1886 puis en Belgique. En 1889 à 18 ans, après la mort de son père, il recueille sa mère et ses frères et sœurs et s’installe à Maubeuge.
Effectuant toujours ses déplacements sur son vélocipède, il se prend de passion pour le sport cycliste. En 1892, un dirigeant du club de Maubeuge le remarque alors et l’invite à s’engager dans une course de 200 km, Maubeuge-Hirson et retour. Garin termine 5ème sur un vieux vélo qu’il a trouvé d’occasion. Cela l’encourage à pratiquer ce sport avec plus d’intensité : il achète une machine neuve pour 850 francs et se lance alors dans la compétition.
On crut longtemps que c’est à cette époque que Maurice Garin devient français. Mais en 2004, un journaliste du journal italien ‘La Gazzeta dello Sport’ affirme avoir retrouvé l’acte de naturalisation de Garin qui date de 1901. Cette information s’est ensuite révélée exacte. Les victoires de Garin de la fin du 19è siècle sont donc à mettre au crédit de l’Italie.
En 1893, il remporte sa première ‘grande course’ avec Dinant-Namur-Dinant en Belgique. Il enchaine avec les 800 kms de Paris au vélodrome des Arts Libéraux. Il s’installe alors à Roubaix où il prend une licence au club vélocipédique de la ville et devient professionnel dans l’équipe de la marque de cycles ‘La Française – Diamant’ à qui il restera fidèle toute sa carrière.
Aussi à l’aise sur piste que sur route, sa carrière cycliste s’envole avec de nouveaux succès en 1894 : le Grand prix d’Avesnes-sur-Helpe, Paris-Saint Malo et, sur piste, les 12 heures de Paris et les 24 heures de Liège. Il est sélectionné pour le match France-Belgique des 500 km à Bruxelles où il contribue largement à la victoire tricolore en étant le seul coureur à ne pas mettre pied à terre pendant toute la course.
L’année 1895 commence dès janvier avec une course de préparation de100 km au vélodrome de l’Est de Paris où il termine 3ème. Il devient le 4 février le nouveau recordman du Monde des 500 km derrière ‘entraîneur humain’ en 15 h 02′ 30 ».
Il enchaine par deux victoires aux 24 heures de Paris sur le vélodrome des Arts Libéraux puis au vélodrome d’Hiver où il réalise 701 km en 24 heures malgré la pluie et une température hivernale. Un journaliste de l’époque conclue son article ainsi: ‘Il est venu beaucoup de monde … pour faire une chaleureuse ovation aux vainqueurs, Garin a même été porté en triomphe’. Il est maintenant reconnu comme un grand champion.
Puis retour sur la route avec de nouvelles victoires dans Lille-Boulogne, Lille-Calais et Guingamp-Morlaix-Guingamp.
En 1896, après avoir remporté de nouvelles épreuves comme Liège-Thuin, Tourcoing-Béthune, Paris-Le Mans ou Douai-Doullens-Douai, il se présente au départ du premier Paris-Roubaix qui se déroule ‘derrière machines multiples ou bicyclette‘ (terme du règlement de l’époque). Encore en tête à Seclin, il se fait reprendre et termine 3ème derrière Fischer et Meyer.
Il se console sur les 252 km du ‘Paris-Mons’ qu’il gagne en 10h 23′ devant Frédérick.
La première grande victoire qui le fera admettre définitivement parmi les ‘Forçats de la Route’ sera la seconde édition de Paris-Roubaix en 1997.
58 coureurs (dont 32 professionnels) se présentent au départ à 6h15 de la Porte Maillot à Paris sous une pluie battante. A Doullens, il compte 25 minutes de retard sur un duo composé de Cordang et Frederick. Connaissant parfaitement le secteur et très à l’aise sur les pavés, il rejoint les deux hommes et se présente avec le seul Cordang sur la piste du Vélodrome de Roubaix où 6 tours de piste sont à accomplir. Son adversaire chute à quelques centaines de mètres de l’arrivée et c’est en roue libre, sous les ovations des spectateurs, que le ‘régional’ Garin remporte l’épreuve en 5h 13′ 5 ».
Cette année là, il gagne deux autres courses nationales : Paris-Royan et Paris-Cabourg.
En 1898, il est Président d’Honneur du club ‘La Pédale Roubaisienne’. Devenu plus routier que pistard, il se concentre sur de grands objectifs en se préparant dans des courses locales qu’il remporte aisément comme Valenciennes-Nouvion ou Douai-Doullens-Douai.
Un article de presse de 1898 relate que lors de l’épreuve des 48 heures de Roubaix, Garin a remporté le ‘record gastronomique’ à défaut de la course. Le journaliste écrit : ‘Il a boulotté en 24 heures 21 côtelettes, plusieurs kilos de riz, quelques omelettes, le tout additionné d’eau de Vichy et de bols de thé’.
Ce ‘régime’ pas très diététique ne l’empêche pas de triompher de nouveau dans Paris-Roubaix en 3h 58′ 16 » et avec 29 minutes d’avance sur le second, Stéphane.
Lors de l’arrivée de Garin au vélodrome de Roubaix; la toiture de la buvette s’est effondrée sous le poids d’une centaine de personnes qui s’y était installée pour voir l’arrivée. Il y eu une douzaine de blessés dont certains grièvement.
Quelques semaines plus tard, il s’attaque pour la première fois à cet énorme morceau qu’est le ‘Bordeaux-Paris’ où il termine second derrière Rivierre. Son bon appétit est de nouveau mentionné dans cette dépêche de l’époque: ‘Garin, minuit treize, est tombé peu avant Angoulème. S’arrête, mange des œufs puis repart’.
1899 voit de nouvelles victoires pour Maurice Garin : Tourcoing-Béthune et les 24 heures de Paris où il accomplie au Parc des Princes 684 kms. Il finit second du Bol d’Or au vélodrome Buffalo de Paris.
1900, l’année du nouveau siècle, il ne gagne pas de grandes courses mais obtient tout de même quelques places d’honneur :2e de Bordeaux-Paris (qu’il termine à moins d’une minute du vainqueur J.Fischer) et du Bol d’Or et 3e de Paris-Roubaix.
Il abandonne peu à peu la piste (qu’il ne rejoint que pour des besoins ‘alimentaires’) pour mieux se consacrer aux épreuves sur route. Devenu donc français, il fait un triomphe dans le Paris-Brest-Paris de 1901. 25 coureurs professionnels et 114 ‘touristes-routiers’ prennent le départ le 16 août à 4h 53. Garin arrive au Parc des princes le 18 peu après 9 heures alors que tout le monde ne l’attend qu’à partir de midi.
Il racontera lui-même à un journaliste que lors de cette course, il faillit abandonner entre Saint-Brieuc et Guingamp lors qu’il se trouva face à un troupeau de vaches encadré par deux voitures ‘sans lanterne’. Emporté par son élan, il se retrouva au milieu des bovins qui, effrayés, faillirent le renverser et le piétiner.
Il chute de nouveau à quelques encablures de l’arrivée et entre sur le vélodrome du Parc des Princes avec un cuissard déchiré et une belle plaie au genou gauche.
Maurice Garin gagne en 52h11′, battant Gaston Rivierre de 1h55. Hippolyte Aucouturier, le Suisse Michel Frédérick et l’Américain Charly Miller terminent dans cet ordre. Une fois passé la ligne, il reçoit le bouquet du vainqueur des mains de l’une de ses sœurs.
C’est après cette course que Maurice Garin annonce qu’il quitte Roubaix pour s’installer à Lens où il va se remarier.
Il a prévu que les gains ramassés lors de ce Paris-Brest-Paris (20 000
francs) vont lui permettre d’ouvrir un commerce de cycles dans la cité
artésienne.
Mais bien que sous contrat avec ‘La Française’, il a fait appel à un autre sponsor qui lui assure assistance nourriture et soigneurs pour moins cher. ‘La Française’ menace de lui intenter un procès et demande 25 000 en dommages et intérêts. Finalement, un accord est trouvé à l’amiable et Garin reste sous contrat avec son équipe initiale et la représentera dans son magasin de Lens.
C’est aussi à partir de cette épreuve que des suspicions apparaissent le concernant. Il faut dire qu’à l’époque, de nombreuses ‘tricheries’ entachent la réputation des courses cyclistes. Il est de notoriété publique que certains coureurs usent de divers stratagèmes pour améliorer leurs performances. Point d’EPO ou de transfusions sanguines à l’époque, les tricheries sont plus ‘rudimentaires’. Les coureurs ne sont pas suivis pendant tout le trajet; seuls certains points de contrôle attestent de leur passage. Dans les grandes courses, ces contrôles sont si éloignés les uns des autres que des coureurs font parfois une partie du chemin en voiture ou même en train en faisant faire le trajet en vélo par un cycliste leur ressemblant physiquement. Les ‘remorquages’ par voitures ou engins motorisés sont aussi très courants.
C’est donc le second de ce Paris-Brest-Paris, Rivierre, qui va porter réclamation contre Garin. Prenant pour témoin un commissaire de course, il accuse le nordiste de s’être accroché longuement à une voiture et d’avoir fait rouler son jeune frère César à sa place pendant un long trajet.
Jugeant la déclaration du commissaire peu précise et sans preuve, la Commission Arbitrale ne modifiera pas l’ordre d’arrivée de cette course.
En 1902, il quitte donc sa femme et ses 5 enfants pour s’installer à Lens et se remarie. Son frère César, né en 1879, le rejoint quelques années avant de partir à Wattrelot. César est aussi coureur cycliste (il remportera quelques places d’honneur sur Paris-Roubaix notamment) et ‘monte d’ordinaire le tandem à pétrole qui ‘tire’ son frère ainé’ selon la presse de l’époque.
Cette année là, le Petit Ramoneur remporte Bordeaux-Paris en 19 heures 41′ 20 » à une moyenne de 30km/h et avec plus d’une heure d’avance sur le second, Lesna. Il peut même se permettre de s’arréter à plusieurs reprises pour se restaurer.
C’est donc tout naturellement qu’il s’engage pour le premier Tour de France, course cycliste créée par le journal ‘L’Auto’ dont le directeur-rédacteur en chef de l’époque, Henri Desgrange en devient organisateur. En préparation, quelques jours avant, le néo-lensois a disputé une course aux points au vélodrome d’Aix-les-Bains.
Sur le Tour. il porte le brassard numéro 1. Le 1er juillet 1903 le départ de la course est donné à Montgeron, devant le café-restaurant ‘le Réveil Matin’.
Les coureurs prennent la destination de Lyon à 15h16. Garin, capable de rouler deux cents kilomètres sans boire ni manger, écœure ses rivaux dès la première étape en effectuant un Paris-Lyon de 467 kilomètres en 17 heures et 45 minutes.
Il remporte les deux dernières étapes entre Bordeaux et Nantes le 13 juillet, puis entre Nantes et Paris le 18 juillet et s’adjuge le Tour après avoir parcouru 2 428 km, à la vitesse moyenne de 25.679 km par h. Son avance est de 2 heures 49 sur le deuxième Pothier, ce qui reste à ce jour le record du Tour. Sur les 60 partants, seuls vingt-et-un coureurs sont à l’arrivée; le dernier classé a pour nom Millocheau et termine à … 64 heures et 57′ de Garin.
L’épreuve s’achève au Parc des Princes où les coureurs terminent ce que l’on appelle pas encore ‘La Grande Boucle’ par un tour d’honneur et une remise des prix (les gains du lensois s’élèvent à 6 075 francs). 20 000 spectateurs sont présents pour acclamer Maurice GARIN et ses suivants.
Maurice GARIN avec son soigneur et l’un de ses fils
Le 25 juillet, de retour à Lens, où il tient depuis plusieurs années un magasin de cycles (située dans l’actuelle rue René-Lanoy), il est accueilli à sa descente de train par plusieurs milliers de personnes qui défilent avec lui dans la ville. Il est reçu à l’hôtel de ville par le maire, Émile Basly.
Aucun autre résultat marquant n’enrichit son palmarès cette année là. Sa meilleure place sera 4è de la course Toulouse-Bordeaux.
En 1904, Garin effectue un début de saison plus que discret. Bien qu’inscrit, il ne prend pas le départ de Paris-Roubaix. A 33 ans, se concentre t-il sur le Tour de France ?
Bien préparé, le héros lensois, est encore le plus fort du peloton dans ce Tour : une étape et le classement général. La rivalité est aussi plus intense, Lucien Pothier, son second et coéquipier à ‘La Française’ n’est qu’à 3 mn 28 sec, le troisième est ‘le petit frère’ César à 1 h 51′.
Ce Tour a été l’objet de nombreux incidents dus à la passion naissante
pour cette épreuve et au chauvinisme de certains. A Lyon, les coureurs
sont attaqués à jets de pierre et gourdins par les ‘supporters’ du
champion local André Faure. A Nîmes, le régional F. Payan ayant été
disqualifié, la foule inonde la route de milliers de clous ! (Ça ne vous
rappelle pas certains faits récents ?). Des bruits courent selon
lesquels les dirigeants de ‘La Française’ n’ont pas apporté uniquement
une aide matérielle à leurs coureurs (les frères Garin et Pothier) …..
Le 2 décembre après de multiples réclamations, comme ses trois suivants au classement, Garin est disqualifié par l’Union Vélocipédique de France pour tricherie. C’est donc, Cornet, initialement 5e à près de 3 heures de Garin qui figurera au Palmarès du Tour de France.
Plusieurs coureurs sont suspendus à vie dont Pothier. Garin écope de deux ans. Cela sonnera la fin de sa carrière malgré une tentative de retour lors d’un Paris-Brest-Paris en 1911 à l’âge de 40 ans (il terminera 10e).
En 1905, il quitte Lens pour ouvrir un commerce de cycles à Chalons-Sur-Marne mais fait rapidement faillite et revient dans la capitale du Pays Minier où il ouvre au 21 Rue de Lille (rue Lanoy aujourd’hui) un magasin de ‘vélocipèdes et de machines à coudre’. Quelques années plus tard, il est propriétaire d’un garage au 116 Route de Lille qu’il nomme ‘L’Economique’.
Victime des bombardements, le garage sera détruit pendant de la Seconde Guerre Mondiale mais l’ex-petit ramoneur le fera reconstruire au même endroit et le tiendra jusqu’à sa mort.
Le dimanche 16 août 1908, l’ex-champion est l’organisateur d’une course Douai-Lens-Douai appelée le Grand Prix Garin. Il offre au 1er amateur de la course montant une bicyclette ‘Maurice Garin’.une prime de 30 francs.
En 1911, les organisateurs de Paris-Roubaix ne l’oublient pas. Le 3 avril, la célèbre course passe par Lens où un point de contrôle est installé au Café des Sports, rue de Lille, un établissement qui appartient également à Maurice Garin. La presse annonce que ce point de contrôle sera ouvert de midi à …. minuit et demi !
Lors de la première guerre mondiale, il est mobilisé mais cela ne l’empêche pas, bien qu’à cours d’entraînement, de courir quelques épreuves de vétérans comme ‘Le Critérium des Ancètres’ en 1917 sur 50 km autour de Saint Germain en Laye.
Toujours passionné de cyclisme, il donne le départ du Paris-Brest et retour en 1921 et en 1923, on le retrouve dans la banlieue parisienne pour une course de 100 km appelée :’Les Critérium des Vieilles Gloires’ organisé par le journal ‘l’Echo des Sports’.
En 1936, il est aussi au départ de la course Paris-Lens qui sera remportée par Roger Schoon et dont l’arrivée se trouve sur la piste du vélodrome de l’Avenue de Liévin construit quelques années plus tôt sur décision de la Municipalité d’Alfred Maës.
L’ ex-petit ramoneur crée après la Seconde Guerre une équipe à son nom qui porte les couleurs rouge et blanche. Le Néerlandais Piet Van Est appartient à cette équipe lorsqu’il remporte les Bordeaux-Paris de 1950 et 1952.
En 1953, il est l’invité du Cinquantenaire du Tour de France. Il est à Montgeron pour une reconstitution du départ de 1903. Puis à l’arrivée à Paris où, près un tour d’honneur au Parc des Princes et une série de photos avec le vainqueur de l’année Louison Bobet, Garin signe des autographes où il écrit : ‘Maurice Garin, vainqueur des Tours de France 1903 et 1904′, démontrant ainsi qu’il n’a jamais accepté son déclassement lors de la seconde édition.
La fin de vie de Maurice Garin ne semble pas avoir été facile pour lui et ses proches. Est ce suite au décès de son frère en 1951 puis de sa dernière épouse Désirée en 1952 que, selon certaines sources, il serait ‘devenu fou’ et errerait certaines nuits dans les rues de Lens ‘à la recherche du commissaire de course’ ?
Il meurt à Lens le 19 février 1957 à l’âge de 86 ans. Il est inhumé dans le tombeau familial au cimetière est.
Le 31 janvier 1964, lors d’une réunion de Conseil Municipal, la proposition du Député-Maire Ernest Schaffner de donner au stade-vélodrome de l’Avenue Alfred Maës le nom de Maurice Garin est adoptée.
Lors du centenaire du Tour de France, en 2003, l’épreuve passe par Arvier, son village natal où un monument en son honneur est érigé et La Poste française émet un timbre de collection le représentant.
Beaucoup d’honneurs pour celui qui n’a jamais accepté avoir été sali un certain 2 décembre 1904!
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