C’est vrai que certains articles inspirent plus les internautes que d’autres. Ceux sur les sapeurs-pompiers de Lens ont fait réagir pas mal de monde. C’est d’abord Michel CADART, qui me signale avoir reconnu son grand-père Gaston CADART sur la photo de 1927, il était caporal de la Compagnie de Lens sous les ordres du Commandant Richard.
Puis Alain Hainault m’a encore envoyé deux nouvelles photos de la Compagnie de Lens vers 1975. Elles proviennent de Gérad POTIER, pompier et fils de pompier.
Un autre document datant de juin 1975 : il s’agit d’un article du Journal « La Voix du Nord » qui relate la fête familiale des pompiers de Lens. La Compagnie était alors dirigée par le Capitaine Pierre Perrissin.
Enfin, un journal de l’époque nous donne la composition de la table d’honneur du banquet des pompiers de Lens de 1907. Il y avait Le Capitaine Spriet, commandant de la Compagnie; M. Basly, Député-Maire de Lens; Evrard, Conseiller d’Arrondissement; Guilbert, Juge de Paix; Macaire, Conseiller d’Arrondissement de Lillers; Les Lieutenants Sauvage et Letombe; Richard, Président de la Fédération Musicale; Jean-Bart, Chef de la fanfare municipale; L’Adjudant Mercier; Thomas, Commissaire de Police; Rougerie, Secrétaire Général à la Mairie (dont nous avons déjà parlé) et Vermeersch, du Journal « Le Réveil du Nord ».
Connaissez vous l’Avenir de l’Artois ? C’est un journal qui, comme son nom l’indique, relate les informations concernant la région artésienne. Et bien, l’un de ses journalistes, Maxime Pruvost, m’a contacté après avoir visité mes blogs sur le net, afin de faire un article. Celui ci est paru aujourd’hui page 17 avec une annonce à la Une.
Merci à l’Avenir de l’Artois et à tous les internautes passionnés de l’histoire de Lens qui me font parvenir de nombreux documents. Sans eux, cette « petite » notoriété n’aurait pas pu exister.
Emile Carpentier est le papa de Martine, celle-ci m’a transmis beaucoup de documents qui m’ont aidé à faire le dossier sur les TCL.
Originaire d’Auchel où il est né le 6 juillet 1924 et habitant Loos-en -Gohelle, Emile, comme beaucoup de jeunes de son âge, commence sa carrière comme mineur. Quelques années plus tard, une maladie due au charbon le contraint à abandonner ce métier. Il ne le regrettera pas ! Pour arrondir ses fins de mois, il travaille aussi à ‘la Fabrique’ de M. Bauvin père où l’on produit de la chicorée.
Pendant la seconde guerre mondiale, Emile est envoyé comme STO dans une ferme en Allemagne. Peu de temps avant la libération, il bénéficie d’une permission. Il en profite pour se cacher afin de ne pas retourner travailler pour l’ennemi.
En 1957, il trouve une place de chauffeur aux TCL et reçoit donc sa carte d’adhérent à la Fédération Nationale des Chauffeurs Routiers.
Il vient alors habiter avec sa famille à Lens, dans un des appartements du 8, Place de République, le siège des TCL.
Les cars, Emile les emmène un peu partout. Arpentant aussi bien les routes du pays minier que du reste de la France, ses voyages l’emmènent parfois même à l’étranger (Pologne, Autriche).
C’est ainsi qu’en 1959, alors qu’il est dans les Alpes à Chapareillan un télégramme lui annonce l’arrivée de sa seconde fille, Madeleine. Les voyageurs se cotisent pour offrir au bébé un petit chapeau genre tyrolien qu’Emile a du être très heureux de lui ramener.
Vers 1965, Emile intègre la direction des TCL tout en continuant à conduire en cas de besoin. Son rôle est de s’occuper de l’embauche et de la formation des nouveaux chauffeurs, de la prospection pour l’achat de nouveaux bus (comme celui ci-dessous à Figeac dans le Lot) et de bien d’autres choses encore. On le trouve souvent le matin vers 4 heures au démarrage des bus pour contrôler que tout allait bien ou remplacer un chauffeur absent au pied levé.
Il représente les TCL dans diverses réunions comme ici auprès de l’Amicale des Cadres à Oignies en 1968.
En 1983, à l’hôtel de ville de Lens, Emile reçu la médaille du travail, échelon argent en même temps que son ami Jean Pierre LUCAS qui prendra la Direction des TCL après le départ de Louis Bauvin.
Il quitte les TCL en 1985 pour prendre une retraite bien méritée et décède en octobre 2004. C’est ainsi que se termine l’histoire d’Emile Carpentier «pour qui cette société était tout et la vie privée réglée en fonction des TCL» comme nous dit Martine.
M. et Mme Carpentier et leurs filles,
Martine et Madeleine
Avant de commencer cet article, je tiens à remercier deux personnes qui m’ont beaucoup aidé dans mes recherches : Martine Carpentier, fille d’Emile, employé aux TCL de 1957 à 1985 et Jean Pierre Lucas, ancien directeur de la Société dans laquelle il a passé plus de 40 ans. Merci aussi à Maurice Dhédin et Patrick Leleu (des Transports Jules Benoit) pour leur collaboration ainsi qu’au service des archives de la ville de Lens sans oublier Christian, toujours prêt à m’envoyer les photos de Lens que je lui demande.
En 1934, Monsieur Guilbault investissait dans quelques bus et traçait des itinéraires pour desservir des quartiers de Lens et des communes voisines au départ de la gare des Chemins de Fer du Nord.
Il devenait ainsi propriétaire de ces lignes et créait les Transports Guibault. Ceci explique pourquoi les anciens ont longtemps appelé les TCL, «les Guibault».
Sur cette photo de la Place de la gare d’avant la seconde guerre mondiale, on peut apercevoir sur la droite un bus jaune. Peut être s’agissait il d’un «Guibault».
En 1942, Louis Bauvin rachetait cette compagnie et la renommait : Les Transports en Commun Lensois (en abrégé TCL) étaient nés. Louis Bauvin était d’une famille de transporteurs puisque ses deux frères, Victor et Camille possédaient des entreprises de transport par camions.
Les TCL desservaient plusieurs lignes:
- Lens- La Bassée Salomé (par l’hôpital). Plus tard, cette ligne desservira la zone commerciale Lens 2.
- Lens-Libercourt par Harnes
- Lens-Carvin
- Carvin-Hénin Liétard (devenu Hénin-Beaumont)
- Carvin-Evin Malmaison
Sur cette photo de la place de la Gare, deux TCL côte à côte pour la ligne de Libercourt et un autre au fond pour La Bassée.
La ligne Lens-La Bassée, c’était notre ligne à nous, les habitants de la fosse 14. Notre arrêt de bus se situait au Café Carpentier. Pour aller au marché, en ville, au collège, presque tous les jours nous empruntions les TCL. Car pour nous, s’il n’y avait pas le bus, il ne restait que les pieds : pas de voiture à la maison ! L’arrêt de bus se situait sur la droite, au niveau de la voiture blanche, le Café Carpentier se situait où est la maison grise.
Nous connaissions par cœur l’intérieur des bus et leur odeur si particulière !
A cette époque, pour prendre le bus, il fallait, avant de s’installer, acheter son ticket au chauffeur. Celui ci utilisait alors cette ‘caisse enregistreuse portable’ pour imprimer le ticket :
Un ticket des TCL reconstitué d’après une photo transmise par Martine (l’impression était souvent moins nette que sur la photo) :
Ces machines ont été fabriquées à partir de 1950 par la société ALMEX implantée à Stockholm (Suède). Elles avaient l’avantage de posséder un double rouleau et servait donc autant à confectionner les tickets qu’à faire la comptabilité. Elles étaient surtout utilisées par les Chemins de Fer Allemands. ALMEX existe encore aujourd’hui et fabrique toujours des machines à confectionner des billets de transports en commun.
Le garage et les bureaux des TCL se trouvaient au n°8 de la Place de la République. Juste à côté se trouvaient les Transports Jules Benoit.
Les bus étaient garés dans un premier temps sur la place dans un alignement parfait.
Mais d’autres trouvaient place dans la cour de l’immeuble où ils étaient un peu à l’étroit.
Ces locaux possédaient des logements aux étages loués aux chauffeurs, C’est là qu’a habité la famille d’Emile Carpentier à qui sera consacré un chapitre spécial.
Depuis le début des années 90, cet immeuble est vide mais il reste toujours l’enseigne de la Société sur la devanture. La Ville de Lens envisagerait d’aménager ce secteur cependant, à ce jour, les locaux sont toujours propriété des descendants de Louis Bauvin.
Depuis la création de la Société, les bus étaient de couleur jaune. Il y eut des Renault, des Saviem, des Chaussons. Ici, M. Carpentier pose devant des bus des trois constructeurs :
Un Chausson
Un Renault
Un Saviem
Au tout début des années 70, M. Louis Bauvin décida d’aller acheter des bus d’occasion en Allemagne construits par l’Entreprise muniquoise «MAN». C’est au sein de cette entreprise qu’en 1897, un certain Rudolf Diesel inventa le moteur qui portera son nom. Les bus achetés par les TCL étaient bleu-ciel et blancs.
M. Bauvin trouvant cette couleur plus jolie et plus ‘commerciale’ que le jaune de l’époque, l’adopta définitivement, y compris pour ses autres bus comme ce Saviem :
C’est ainsi que l’on vit ces couleurs bleues et blanches circuler dans les rues de Lens :
Ou stationner dans ce qui deviendra la Gare Routière :
Chaque jour, les TCL assuraient aussi les transports scolaires de Michelet, Campan, Condorcet et des écoles privées et assuraient les ramassage des ouvriers mineurs se rendant dans leur fosse.
Les TCL, c’était aussi une agence de voyages qui proposait des excursions avec circuits à ses clients comme le démontre ce montage de dépliants publicitaires : L’Alsace, Les Alpes, les Pyrénées, etc, devenaient accessibles à tous le monde.
Ce qui donnait parfois l’occasion aux chauffeurs de poser devant leurs bus sur ces lieux de vacances.
Vers la fin des années 70, les TCL possédaient 68 bus. Le garage de la Place de la République devenait trop exiguë. C’est alors que fut utilisé pour le stationnement des autocars la «Fabrique». Se trouvant rue du Marais (rue du 19 Mars 1962 aujourd’hui), elle appartenait au père de Louis Bauvin qui y fabriquait de la chicorée. Il paraît que la ‘Chicorée Bauvin’ était célèbre à Lens dans la première moitié du 20ème siècle.
La cour de cette fabrique vit donc arriver les bus des TCL.
Des descendants de la famille Bauvin habitent toujours dans cette grande maison de briques aujourd’hui mais l’emplacement de garage a été remplacé par un immeuble.
En 1989, Monsieur Louis Bauvin quitte la Société et se retire dans sa maison à Givenchy. Il est remplacé par Monsieur Jean Louis Lucas. Celui ci n’est pas un inconnu puisqu’il est entré aux TCL en 1959. En 1983, il recevait, en compagnie d’Emile Carpentier entre-autres, la médaille du travail échelon argent en présence de Monsieur Delelis, Maire de Lens et Jean Claude Bois, Député.
En novembre 1989, les TCL deviennent une filiale de VIA-TRANSPORTS, le nouveau nom officiel est alors «TCL, Établissements de la STILL» suite à la création du service de transports intercommunaux par la communauté de communes de Lens-Liévin et dont la gestion est confiée à la STILL. VIA-Transports a également pris le contrôle de la Compagnie Westeel de Salaumines. Ci-dessous un car Westell roulant pour la STILL.
Après avoir envisager de déménager à la Cité Mongré et afin de regrouper ces deux entreprises, Monsieur Mariotte, Directeur de Via-TRANSPORTS s’adresse aux mairies de Lens et de Sallaumines pour obtenir un terrain à la limite de ces deux communes. La Ville de Lens est intéressée par ce projet qui mettra fin aux réclamations des riverains des rues du Marais et Etienne Dollet qui se plaignent de la pollution et du bruit occasionnés dès 4 heures du matin par les bus stationnés dans ce secteur.
Le Conseil Municipal donne son accord le 16 décembre 1993. Les 93 cars de Westell et les 20 des TCL rejoindrons donc cet emplacement. Le nouveau garage regroupera donc les 187 emplois issus des deux sociétés .
Au 1er janvier 1994, nouvelle appellation, la société s’appelle ‘TCL, Etablissement de Westeel’ : la fusion des deux filiales de Via-TRANSPORTS n’est toujours pas effective pour une question de différence du salaire horaire des chauffeurs dans les deux compagnies. Elles finirons par fusionner en 2002 et prendront le nom de ST2L Westeel comme l’indique ce bus.
C’est ainsi qu’après 60 ans à arpenter les rues artésiennes que se termine l’histoire des TCL. Mais ce nom restera longtemps dans les mémoires des lensois.
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