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dimanche 18 août 2024

ville La braderie de Lens de 1946

 


   1945, Lens est libéré. Il faudra des années pour effacer les stigmates de ce second cataclysme qui a touché les lensois 30 ans à peine après le premier.

   Mais pour l’heure, les esprits sont tournés vers la relance du pays et les mineurs sont au premier plan.

   Dès le 28 août 1944, le communiste Henri Martel les avait appelés depuis Londres à gagner la « bataille du charbon ». Le général De Gaule en visite à Lens a aussi insisté sur la nécessité de relancer la production.

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   Le communiste Auguste Lecœur remporte les élections municipales des 29 avril et 13 mai 1945. Il participe à un gouvernement d’union nationale dans lequel il est nommé secrétaire d’Etat à la production charbonnière.

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   Le mineur est désigné « premier ouvrier de France » mais dans les fosses, il est contrôlé, surveillé, épié par des militants de la CGT qui interdisent toute protestation : « Travailler d’abord, revendiquer ensuite ».

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   C’est dans ce contexte qu’a lieu la première grande braderie d’après guerre en juin 1946. Dans les rues de Lens, des chars décorés évoquant la grandeur de la France mais surtout la mine et les mineurs défilent tout en assurant la propagande de la politique du moment.

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   Cette frénésie à la production ne durera pas. Lecoeur sera battu aux élections municipales de 1947 par le Docteur Ernest Schaffner ; les ministres communistes seront chassés du gouvernement et entreront dans une opposition qui mènera jusqu’aux grandes grèves de 1948.

 


   L’occupation par les allemands du nord de la France a privé le pays de la moitié de sa production charbonnière. Les compagnies des régions occupées depuis le début du mois d’octobre 1918 voient aussitôt l’exploitation arrêtée.

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   Dès les premiers jours d’occupation, l’ennemi entreprend de détruire les moyens d’extraction sous des prétextes d’ordre militaire. L’armée s’empare des matériaux et des machines et incendie les installations au sol. Dès le début de 1915, les troupes françaises et anglaises tentent de déloger les allemands de Lens, leurs obus abiment sérieusement les puits.

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   En septembre 1915, les troupes alliées reprennent Loos et libère la fosse 15 des mines de Lens. Devant la menace de devoir se retirer plus, les allemands décident d’anéantir totalement les moyens de production. En octobre et novembre 1915, ils dynamitent tous les cuvelages des fosses de Lens et de Liévin. Les explosions se situant au niveau dans la partie calcaire au dessus des veines de houille, ont pour conséquence d’inonder totalement les galeries.

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   C’est vers la fin de l’occupation que les destructions sont les plus importantes.  Après avoir jeté dans le puits tout ce qu’ils ne pouvaient emporter, les soldats allemands déposent méthodiquement dans toutes les fosses des charges d’explosifs détruisant ainsi toutes les machines, les chaudières, les chevalets.

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   Dès l’été 1917, les compagnies du Nord et du Pas-de-Calais se regroupent pour étudier les mesures à prendre pour la reconstruction. La direction de ce groupement est confiée à Ernest Cuvelette, le directeur des mines de Lens. Avant même la fin du conflit, des pompes de dénoyage et des treuils électriques ont été commandés par Elie Reumaux, en exil en Belgique.

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   A la libération, on constate que tous les puits des mines de Lens et de Liévin sont totalement inondés et les installations de surface irrécupérables. Vient alors le temps de la reconstruction. Elle s’effectue avec une rapidité surprenante, au vu de l’ampleur des destructions.

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   Les compagnies de Lens et de Liévin entreprennent la construction de centrales de production électrique. Dans un premier temps, les deux compagnies se fournissent en électricité auprès de la centrale de Béthune où des groupes supplémentaires ont été mis en place et par la construction d’une centrale à Dourges avant de pouvoir réutiliser la centrale de Vendin-le-Viel.

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   L’année 1919 est consacrée au déblaiement des ruines, à la reconstruction du réseau ferroviaire, au dégagement des routes et à l’aménagement d’abris et de logements provisoires pour les ouvriers employés à la reconstruction.

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   Débute ensuite le dénoyage. Les compagnies ont créé la Société Civile de Dénoyage des Houillères du Pas-de-Calais. On estime à 100 millions de mètres cube le volume d’eau à enlever : des rivières sont élargies, des aqueducs provisoires sont montés.

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   Les cuvelages percés ne permettent pas de se contenter d’aspirer l’eau des galeries, elles se rempliraient aussitôt. Il est donc entrepris de forer autour du cuvelage des sondages verticaux et d’y faire couler du ciment très liquide. En durcissant, ce ciment entourera ainsi le cuvelage d’une gaine protectrice. Dans certains puits, ce ne sont pas moins de 1000 tonnes de ciment qui sont coulées.

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   Dans les galeries, des fissures permettent à l’eau de se déverser d’un puits à l’autre ne dépendant pas toujours de la même compagnie. Alors, les compagnies de Lens et de Liévin entreprennent de commencer le dénoyage simultanément. Pour cela 19 pompes sont utilisées, montées sur des chevalets en bois. Ces opérations débutent en novembre 1920.

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    Ces chevalets de bois permettront dès la fin du dénoyage de reprendre l’extraction avant la construction des chevalets définitifs.

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   Au printemps 1921, les travaux de dénoyage sont terminés et l’exploitation peut reprendre dans les galeries supérieures des puits.

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   Dès la libération, la société des mines de Lens entreprend la reconstruction des maisons dans les cités. Pour cela, elle ouvre sa propre briqueterie. Fin 1920, 1200 maisons sont sorties de terre et en 1925, 12 000 logements, les écoles, les églises, les dispensaires sont reconstruits.

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   Ernest Cuvelette a profité de ces circonstances pour moderniser l’appareil productif. Les  puits sont maintenant équipés d’un grand chevalement métallique particulier aux mines du Pas-de-Calais ou d’un autre type plus modeste construit dans un matériau d’avenir, le béton armé. La grande cheminée qui caractérisait les fosses du 19ème  siècle a disparu puisque  la machine d’extraction  ne fonctionne plus à la vapeur mais à l’électricité.

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   En 1925, bien que les dirigeants des compagnies prétendent que la loi adoptée le 23 avril 1919 concernant la journée de 8 heures et de la semaine de 48 heures ait considérablement fait baisser la production individuelle, le bassin minier a retrouvé son niveau de 1913. En 1928, la société des mines de Lens est la troisième capitalisation française derrière la Banque de France et Saint-Gobain. L’action qui valait 420 francs en 1913 et qui était tombée à 110 francs en 1915 en vaut 532 cette année là.


   Cette histoire aurait pu être tirée d’un film, d’une pièce de théâtre ou d’un roman mais elle est réelle. Alors, découvrons ensemble qui est « l’assassin de la fosse 4 » telle que la presse de l’époque nous l’a rapportée.

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    En 1905, Victor Roussel se fait embaucher à la fosse 4 des mines de Lens. Il reçoit un logement dans les corons de la place Saint-Alfred. Marié à Léonie Courtin, il a deux enfants : Isabelle, 5 ans et Marius, 4 ans. Le maigre salaire de mineur ne suffit pas à nourrir toute la famille. Le couple décide en juillet 1907 de louer une chambre sous les toits à Raphaël Vanhoutte, un jeune homme qui vient également de se faire embaucher à la fosse 4.

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   Raphaël Vanhoutte, un gars au casier judiciaire déjà chargé, ne tarde pas à devenir l’amant de la femme Roussel.

   Le 21 avril 1908 vers 4 heures du matin, un mineur se rendant à la fosse passe derrière un estaminet de la place Saint Alfred lorsque, dans le noir, il heurte un obstacle au sol. Il découvre qu’il s’agit du corps d’un homme, la tête ensanglantée et les pieds nus. Les godillots se trouvent à quelques mètres du cadavre. Notre mineur s’en va aussitôt quérir la maréchaussée.

   Les gendarmes arrivant sur les lieux envisagent d’abord une rixe entre mineurs sortant de l’estaminet comme il en arrive de temps en temps lorsque le genièvre ou la bière ont coulé à flot. Cependant des traces sur le sol les incitent à penser que l’homme n’est pas mort là mais a été traîné. Ils suivent la piste qui les mène tout droit devant la maison des Roussel, au n° 12 de la place Saint-Alfred.

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   Ils y découvrent Léonie en train de préparer le petit déjeuner des enfants et son locataire à peine habillé enfilant ses vêtements de mineur. Lorsqu’ils demandent à la femme où se trouve son mari, elle répond qu’il a quitté la maison la veille vers 5 heures du soir et qu’il n’est pas rentré depuis. Raphaël le confirme mais des témoins, attirés nombreux par le sordide spectacle, affirment qu’à 5 heures, Victor était au fond de la mine en train de gratter le charbon.

   Les gendarmes préviennent leur supérieur. Le lieutenant Coine arrive et inspecte les lieux : les sols de la cuisine et de la chambre des parents ont été lavés récemment mais quelques traces de sang sont restées. Montant dans la chambre de Vanhoutte, il soulève une couverture jetée à la hâte sur le lit et s’aperçoit que les draps sont en désordre et tachés de sang. Poussant un peu plus ses investigations, il descend à la cave et là, près du tas de charbon, il découvre une hache de mineur également souillée de sang.

  Les preuves sont formelles, Victor Roussel a été assassiné ici ! Le lieutenant arrête Vanhoutte et sa maîtresse ! Les deux amants sont emmenés au poste sous la protection des gendarmes car les mineurs tentent de molester Vanhoutte, lui jettent des pierres et hurlent ‘’A mort, l’assassin !’’. Les amants seront ensuite incarcérés à la prison de Béthune.

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   L’enquête établira les faits. Victor, en rentrant de la mine un peu plus tôt que prévu, découvre Vanhoutte et sa femme au lit. Aussitôt une violente dispute éclate à l’issue de laquelle Victor se couche dans sa chambre avec son fils tandis que l’épouse infidèle rejoint le lit des enfants avec sa fille. Vanhoutte se retire dans sa mansarde à l’étage.

   Vers minuit, Vanhoutte se lève, descend et rejoint sa maîtresse. Il lui demande comment elle envisage l’avenir. Celle-ci rétorque qu’il n’y a qu’une solution : tuer immédiatement le mari gênant mais, ajoute-t-elle, ‘’en faisant attention de ne pas blesser son fils couché à côté de lui‘’ !

   Vanhoutte prend sa hache de mineur et se dirige dans la chambre, palpe les deux têtes pour ne pas se tromper et assène un coup violent sur celle de Victor. Puis, il le tire dans la cuisine où il l’achève de plusieurs coups de hache sur le crane.

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   Pendant ce temps, la toute nouvelle veuve tire son garçon du lit et le recouche avec sa fille. Elle demande à l’assassin de se débarrasser du corps. Vanhoutte couvre la tête du mort avec un sac pour contenir le sang, l’habille tant bien que mal et le traîne jusque derrière un estaminet puis, s’apercevant que le mort est pieds nus, retourne chercher ses godillots.

   Léonie entreprend de laver les sols de sa cuisine et de la chambre. A son retour, Vanhoutte jette le sac qui a servi à couvrir la tête dans la fosse d’aisance, retire les draps tâchés du lit de Roussel et met les siens à la place. Puis le couple se recouche dans le lit où dormait il y a quelques minutes encore leur victime ! Ils sont à peine réveillés lorsque les gendarmes frappent à leur porte.

  Le ‘’amants terribles’’ sont jugés le 22 juillet devant le tribunal du Pas-de-Calais à Saint-Omer.

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   La veuve Roussel prétend qu’elle en est arrivée à cette extrémité à cause de la violence de son mari envers elle et les enfants. Vanhoutte n’a pas d’autres excuses à faire valoir que celle de s’être laissé entraîner par sa maîtresse.

   C’est le président Mourou qui prononce le verdict : Raphaël Vanhoutte est condamné à mort et Léonie à la réclusion à perpétuité.

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   Le 9 janvier 1909, à la prison de Béthune, quatre hommes de ‘la bande à Pollet’, des bandits d’Hazebrouck, sont guillotinés. Le même jour, alors qu’il entend les préparations pour leur exécution de sa cellule, Vanhoutte reçoit la visite du procureur de la République qui lui annonce que la veille, le président Fallière a signé sa grâce et a transformé sa peine en travaux forcés à perpétuité.

  Le 13 janvier, Vanhoutte quitte la prison de Béthune pour être transféré au bagne. Un journaliste du ‘Petit Parisien’ le rencontre en gare de Lens. Il écrira :

  J’ai pu voir, hier, en gare de Lens, le condamné à mort gracié, Vanhoutte, que des gendarmes transféraient de Béthune à Douai. L’assassin nous a paru considérablement déprimé. Sa constitution peu robuste a eu à souffrir du séjour de la prison. Les voyageurs qui avaient reconnu le brigand se pressaient autour de lui. Nous avons pu recueillir ses impressions : ‘’J’ai toujours espéré la clémence présidentielle. D’ailleurs, ne suis-je pas assez puni ainsi ? Me voilà déshonoré à tout jamais. J’ai fait le malheur des miens’’.

  A une personne qui lui demande si, le jour où il tua Roussel, il songea aux conséquences de son acte, Vanhoutte répond : ‘’Je n’y ai jamais pensé. Je me suis déjà bien souvent demandé depuis mon incarcération pourquoi j’avais tué Roussel alors qu’il m’était si facile de vivre en compagnie de son infidèle épouse. Dès que je serai au bagne, je m’inquiéterai d’elle et lui écrirai. Je m’attacherai à me bien faire considérer pour obtenir quelques faveurs’’.

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    Le mardi 27 janvier 2015, l’église du Millenium de Lens est classée monument historique. L’occasion de revenir sur sa construction.

   En 1919 un baraquement en bois est construit route de Béthune sur un terrain en face de la  fosse n°1 des mines de Lens. Appelée d’abord chapelle St Edouard (pour remplacer l’église de la cité de la fosse 12 en ruine), cette construction sert aussi de lieu de culte jusqu’à la reconstruction de l’église Saint Léger.

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   A partir de 1923, la chapelle reçoit le nom de Sainte Élisabeth et est remise en état par la communauté polonaise. Les messes y sont célébrées en français et en polonais.

   Au début des es 60, le besoin d’une église purement polonaise à Lens se fait sentir. C’est le père Przybysz qui officiait dans la paroisse dans les années 40/50 qui est à l’initiative de la construction de l’église : la chapelle devenant de plus en plus vétuste et risquant à tout moment de s’écrouler.

   Le prêtre fait bâtir une salle près de la chapelle pour les activités culturelles des paroissiens, mais aussi avec l’idée qu’elle serve provisoirement de lieu de culte au cas où la construction d’une nouvelle église se concrétise.

   C’est alors que le comité national polonais du Millénaire décide de construire une église symbolisant le millénaire de la chrétienté polonaise. Lens, bastion de la polonité du bassin minier du nord de la France, est choisi. Les décisions du comité national sont accueillies avec enthousiasme. La communauté polonaise de Lens crée un comité de soutien pour la construction de l’église et chaque polonais du bassin minier et même du monde entier, dans la mesure de ses moyens participe à la réalisation de ce projet pharaonique. 150 millions d’anciens francs sont rassemblés pour financer le chantier.

   Les pères Czajka et Lewicki ainsi que Messieurs Kwiatkowski père et fils, directeurs successifs du journal polonais Narodowiec (voir ici : sont les principaux artisans de la construction.

   En 1965, la chapelle est rasée et l’année suivante (année du millénaire de la Pologne catholique), la première pierre de l’église est posée. Le dimanche 16 avril 1967, avec la consécration de l’église, c’est l’ensemble de la communauté polonaise de Lens mais aussi de tout le Bassin Mineir qui est à l’honneur.

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   L’histoire complète de la construction de l’église du Millenium est relatée par Henri Dudzinski dans le dernier numéro de la revue Gauheria que l’on peut se procurer sur le site de l’association : http://gauheria.canalblog.com/

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   Avec l’église du Millenium, la ville de Lens compte aujourd’hui quatre monuments historiques avec la gare, la maison syndicale et les grands bureaux des mines (aujourd’hui université Jean Perrin).

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    Aujourd’hui, lorsque les touches de votre clavier inscrivent sur la page d’accueil de Google les mots ‘jardin public de Lens’, les liens qui apparaissent vous envoient vers le parc de l’université Perrin, les anciens grands bureaux des mines.

    Or pour beaucoup de lensois, le jardin public, le vrai est celui qui se trouve entre le carrefour Bollaert et le Pont Césarine et que certains appellent maintenant ‘le square Chochoy’ alors qu’aucune décision officielle ne lui ait jamais donné ce nom.

    Le jardin public laisse pour beaucoup de lensois et de lensoises le souvenir du lieu où l’on flânait, rarement seul, souvent bien accompagné et où l’ont s’asseyait sur les bancs publics ‘en se fichant pas mal du regard oblique des passants honnêtes’.

    Voici l’histoire du jardin public de Lens.

Du relais de poste aux pépinières

   Dans la première moitié du 19ème siècle, à la croisée des chemins de Liévin à Lens et d’Arras à Lille, à l’ouest des remparts de la ville de Lens dans le quartier Saint Laurent se trouvait un relais de poste aux chevaux et une auberge installés dans une ancienne ferme entourée de champs.

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   Aussitôt sa constitution en 1852, la Société des Mines de Lens achète de nombreuses parcelles dans le secteur et devient propriétaire des bâtiments. Elle transforme les locaux et y installe ses bureaux centraux et un logement pour son directeur, Edouard Bollaert.

   A la fin du siècle, un plus grand édifice est construit quelques centaines de mètres plus au nord et les services centraux de la compagnie minière  y déménagent. L’ancien relais est abandonné.

   Après la première guerre mondiale, Arthur Choquet (1875-1951), ancien élève de l’École nationale d’horticulture de Versailles est nommé chef des jardins et plantations de la compagnie minière avec le grade d’ingénieur horticole. Afin de produire les arbres, arbustes et autres plantations nécessaires à l’ornement des cités, des gares, des parcs et des jardins, il  propose à Edouard Bollaert de créer une pépinière avec des grandes serres à l’emplacement de l’ancien relais où les effets de la guerre ont tout détruit. C’est à l’époque un site privé dont l’accès est interdit au public.

   Ces pépinières sont encore exploitées par la société des mines de Lens lorsque la seconde guerre mondiale éclate. Les murs qui entourent le site en rendent la vue impossible de l’extérieur.

Le Jardin de la Pépinière

   Lors de la nationalisation des compagnies de charbonnages en 1946, les HBNPC décident d’abandonner la pépinière. Un accord verbal est conclu entre les Houillères et la municipalité d’Auguste Lecœur. Celle-ci décide d’aménager le secteur quasiment détruit par les bombardements pour en faire un espace public de promenade et dénomme le lieu ‘Jardin de la Pépinière’. Voici ce qu’en dit le maire de Lens d’ l’époque : « Notre jardin public : Réalisation obtenue grâce à la volonté et aux démarches municipales, notre jardin public est vite devenu un lieu de promenade pour les lensois.  Ses parterres et ses allées fleuris font l’admiration des nombreux visiteurs.

     Ceux qui critiquaient notre initiative parce que paraît-il, les gens allaient tout démolir sont bien obligés de convenir que les lensois aiment leur jardin et même qu’ils le surveillent. Le bac à sable qui fait la joie des tous petits, le terrain de jeu avec ses balançoires, ses cordes à pas-de-géant qui font le bonheur des bambins sont également grandement appréciés par les mamans qui peuvent surveiller leurs petits loin de la poussière et des voitures de la rue.

     Et le coin des vieux n’est pas le moins fréquenté. Les jeux de boules installés par la municipalité ont de nombreux adeptes et les manilleurs y passent des après-midis agréables. C’est là une des réalisations dont nous pensons avoir le droit d’être fier ».

     Alors, allons faire un tour dans le jardin de la Pépinière en 1946 :

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     Cela n’empêche par Auguste Lecœur d’être battu aux élections municipales de 1947. En 1949, l’équipe de son successeur, le Docteur Ernest Schaffner adopte la proposition de ce dernier de louer le Jardin de la Pépinière aux HBNPC en vue de régulariser la situation juridique de ce terrain. Le bail est signé pour 18 ans pour un loyer d’un montant d’un franc par an.

    La municipalité déclare dans un bulletin de 1953 avoir encore amélioré  le jardin de la Pépinière en « ouvrant le jardin public sur la voie publique par l’exécution d’une clôture grillagée et d’une porte donnant sur la voie d’accès au stade Bollaert ». Elle ajoute : « Cette réalisation a amélioré l’aspect du carrefour et permet aux usagers de la voie nationale 25 à grande circulation d’admirer les parterres et plantations du jardin ». Elle précise que ces travaux ont été entièrement réalisés par les employés municipaux.

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Déménager ou modifier ?

   Au début des années 60, la circulation automobile au niveau du carrefour Bollaert oblige la municipalité à prendre des dispositions. Elle envisage l’ouverture d’une seconde voie en direction d’Arras et de Liévin et donc de revoir les plans du secteur. Elle adopte le projet d’Ernest Schaffner de déplacer le jardin public près du pont de Douai sur le site de l’ancienne piscine, détruite lors des bombardements de la seconde guerre mondiale.

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   Après le décès brutal du Docteur Schaffner en septembre 1966, André Delelis, le nouveau maire fait enterrer ce projet. Le jardin public restera au carrefour Bollaert. Pour élargir la chaussée, il est alors décidé de rogner sur le trottoir et de créer à la place une allée entre les arbres et le jardin lui-même.

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   Le bail avec les HBNPC étant arrivé à expiration, un nouveau est signé le 1er janvier 1967 pour une location annuelle renouvelable par tacite reconduction. Le jardin s’améliore par la création d’une petite fontaine.

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  En 1981, le jardin public devient officiellement une ‘’zone d’espace vert protégé’’ et le 29 juin, le Conseil Municipal approuve la proposition de rachat de cet espace de 16 500 m2 par la ville aux Houillères pour un franc symbolique.

  Trois ans plus tard, une salle est construite pour être mise à disposition des associations. Elle porte le nom de Bernard Chochoy, ancien maire de Lumbres et sénateur du Pas-de-Calais.

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  Il faut ensuite attendre près de 20 ans pour voir de nouvelles modifications importantes au jardin public. Il est complètement redessiné en juillet-août 1988. A cette occasion, les grilles qui l’entouraient sont enlevées et une grande fontaine au centre d’un arc de cercle installée. Le coût des travaux s’élève à 3 millions de francs (460.000 euros).

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   Derrière les terrains de tennis, une stèle rappelle que c’est dans ce lieu que le 11 août 1944, 18 employés (16 femmes et 2 hommes) de la Coopérative des Mines de Lens ont péri sous les bombardements ‘alliés’.

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L’impact du Louvre-Lens

   Avec l’ouverture du Louvre-Lens, un cheminement pour les piétons et les cyclistes est créé de la gare au musée. A cette occasion, le trottoir du jardin public est de nouveau élargi à quatre mètres. Une voie de déambulation destinée aux piétons y a été aménagée, une bande cyclable créée et l’éclairage public remplacé.

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   Dans cet espace vert, un lieu idéal pour faire une petite pause désaltérante sur le chemin du musée, une fontaine est installée en mai 2013.

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     En lien avec la CALL, la société Veolia Eau – Eaux de l’Artois a sollicité des artistes régionaux pour sa réalisation. La proposition de Raoul Csizmadia, artiste habitant à Avion, a été retenue. La fontaine, faite de bois et d’acier pour une meilleure intégration dans le contexte environnemental, mesure quatre mètres de haut et permet de distribuer en permanence de l’eau potable plate et gazeuse à une température de 10º.

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   Raoul Csizmadia nous parle de son œuvre : ‘’ La borne fontaine de Lens a été nommée « Perles de pluie’’. Elle représente une grande goutte d’eau et quatre bulles d’air qui évoquent l’eau plate et l’eau gazeuse. Véolia dans son appel d’offre voulait une sculpture qui met l’homme devant son avenir : protection de la nature et de l’environnement. L’eau et l’air ont bien convenu à leur désir. Une autre borne au jardin public de Liévin s’appelle ‘’Gouttes de rosée’’, symbolique de deux feuilles d’arbres et des gouttes de rosée dessus toujours dans le même esprit.

     C’est la communauté de commune qui a assisté Véolia et c’est ensemble qu’ils m’ont désigné car j’avais déjà sculpté les Pigeons de Liévin, une flamme de la résistance toujours à Liévin et une sculpture croisière à Arras (avenue Kennedy). J’ai aussi livré une sculpture pour les 21 mineurs tués en 1965 à Avion en inox miroir. Je fais travailler une quinzaine de personnes à des degrés divers (des informaticiens, chefs soudeur, manutentionnaires mais aussi les terrassiers, grutiers, électriciens, ingénieurs, camionneurs, spécialistes laser). L’industrie et l’art peuvent se compléter et chacun doit trouver son compte ‘’.

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   L’eau distribuée peut être collectée dans des flacons spécialement mis à disposition dont l’assemblage des différents éléments est réalisé dans un établissement à caractère social : l’ESAT Ernest Schaffner de Lens (Etablissement et Service d’Aide par le Travail).

Et ensuite ?

   Lors d’une réunion public en 2011, M. Guy Delcourt, alors maire de Lens, avait répondu à la question d’un riverain que le jardin public du carrefour Bollaert n’était pas menacé …. pour l’instant. Les modifications qui sont encore à venir dans ce secteur (dont le percement d’un second passage sous les voies de chemins de fer) confirmeront-elles cette affirmation ?

   Le jardin public restera-t-il non seulement un lieu de promenade mais aussi un espace où de nombreux lensois retrouvent parfois avec nostalgie leurs souvenirs d’antan ?

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   Remerciements pour leur collaboration à cet article : Aurélie David, responsable du service des archives de la ville de Lens, Maxime Pruvost et Raoul Csizmadia.


Aujourd’hui, il n’y a pas de défilé pour la fête du travail, tout est calme en ville et dans les corons. ″Lens est devenue la ville la plus sage de France″ dira un journaliste parisien. Il faut dire que les militaires sont partout comme en ville et dans les corons.

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Depuis le 10 mars et la catastrophe qui s’est produit dans les galeries de la Compagnie des Mines de Courrières, les mineurs sont en grève.

De nombreux troubles ont eu lieu ces jours derniers. On a frôlé l’insurrection lorsque les extrémistes menés par Benoit Broutchoux ont manifesté violemment en ville. Un militaire, le lieutenant Lacour a même été tué par une pierre lancé par un manifestant.

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Georges Clemenceau, le ministre de l’intérieur, a interdit toute manifestation pour le 1er mai Le préfet Dureault était à Lens hier où il a réglé avec le général Chamer, commandant des troupes, les derniers points concernant la journée du premier mai : aucun rassemblement, aucune manifestation, aucun cortège ne seront tolérés.

Mais le Jeune Syndicat de Broutchoux maintient son défilé.

1mai 03

Ils ne seront que quelques dizaines à se rassembler devant la maison du Peuple, rue de Paris mais vite dispersés par la troupe. Emile Basly, qui est à la fois le maire de Lens et le représentant du Vieux Syndicat plus modéré,  a appelé au calme et damandé aux mineurs de rester chez eux.

La foire de Liévin, prévue aujourd’hui, a aussi été annulée.

La grève s’essouffle depuis quelques jours. Les mineurs sont fatigués et leurs enfants ont faim. Les négociations sont toujours en cours mais dix-sept mille mineurs sont retournés au travail ce matin car le 1er mai n’est pas encore un jour férié, il ne le sera qu’en 1947. Lorsque les mineurs remontent du fond et sont raccompagnés chez eux par la troupe, quelques grévistes les attendent pour les huer mais il n’y a plus d’incident.

1mai 04

Le bruit coure que Basly aurait demandé publiquement la reprise aux conditions exigées par les compagnies. Pourtant, les revendications du début de la grève sont loin d’être satisfaites. En outre, Elie Reumaux, le directeur de la Société des Mines de Lens affirme qu’il sera procédé à des licenciements pour les responsables des grèves.

Dans une salle de la cité de la fosse 12, Casimir Beugnet fait le point devant cinq cents mineurs. Malgré les dernières déclarations de la direction, les ouvriers crient :  »Nous voulons travailler, assez de grève ! ». Pour la première fois, une assemblée décide de la reprise du travail à Lens. Elle sera suivie de beaucoup d’autres.

Un Premier Mai pas comme les autres à Lens ……………

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    Le guide émotionnel du territoire de Lens-Liévin vu et raconté par ses habitants est sorti mercredi dernier. Il a été présenté par M. Sylvain Robert, Président de la CALL et maire de Lens et M. Bertrand Petit, Président de Pas-de-Calais Tourisme.

   Géré de main de maître par Mélanie Martini, chargée de projets à la mission Louvre-Lens Tourisme, ce guide est issu d’une idée de la directrice artistique de Strange Cargo, Brigitte Orasinski qui en avait déjà publié un sur la ville de Folkestone.

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   Initié par la Mission Louvre-Lens, on trouve dans ce recueil près de quatre cents histoires très courtes qui sont autant de témoignages vécus par le passé et reliés à un site connu ou inconnu, important ou minime du territoire de la Communauté d’Agglomérations de Lens-Liévin. Chaque texte est illustré d’une photo d’aujourd’hui de ce même site.

    Le lensois normand et quelques amis comme Bernard Ghienne, Christian Vallez,  Gérard Tredez Maurice Devos, Muriel Labenda, Serge Barrois ont eu le plaisir de participer à la rédaction de certains textes en compagnie de célébrités locales comme Guy Delcourt ou Daniel Leclercq.

   Le guide est disponible à Lens, au musée du Louvre bien sur mais aussi au Furet du Nord, Boulevard Basly et à l’Office de Tourisme de Lens-Liévin, rue de Lille.

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Aujourd’hui débute une série de photos décrivant quelques endroits de Lens à des époques différentes. L’occasion de comparer ce qu’était Lens avant avec le Lens de maintenant avec  peut-être un peu de nostalgie ….

Cette première série concerne quelques artères du centre-ville. Bonne promenade.

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   Avant la première guerre mondiale la ville de Lens possédait au centre ville deux écoles d’enseignement supérieur : Condorcet pour les garçons et Campan pour les filles. Elles encadraient l’Institut Michelet sur le boulevard des Écoles.

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    Pendant la première guerre mondiale, les locaux des écoles n’échappèrent pas au désastre et furent transformés en ruines.

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   Aussitôt la ville libérée, la reconstruction des bâtiments scolaires fut l’une des priorités de la municipalité d’Emile Basly. Dès 1922, la nouvelle école Condorcet ouvrait ses portes, étalant son imposante façade sur le boulevard. L’école Campan donnait alors sur la rue Romuald Pruvost.

   La ville consacra 1,6 millions de francs de l’époque à la reconstruction de ces deux établissements.

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   Condorcet abritait, en plus de ses classes d’enseignement supérieur, l’École Enseignement Primaire Supérieur Professionnel (EPS). Quelques années plus tard des ateliers et des classes d’EPS furent construits à part. L’école Condorcet est alors agrandie pour recevoir 600 élèves en 1932.

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    En 1945, les écoles Condorcet et Campan deviennent les Collèges Condorcet et Campan.

   Dès la Libération, Auguste Lecœur, élu maire communiste de Lens, écrit : ‘’Le collège Condorcet est nettement insuffisant compte tenu de la population et du rayonnement de notre ville. Nous entendons poursuivre activement la réalisation du projet de construction du collège dont les études ont déjà été entreprises’’.

   En 1948, le Docteur Ernest Schaffner succède à Lecœur dans le fauteuil de premier magistrat. Il reprend ce projet.

   En 1953, le bulletin municipal annonce : ‘’La municipalité d’Ernest Schaffner, jugeant les locaux du collège Condorcet trop exigus pour absorber les enfants de la population de Lens et des environs décide de construire un nouveau collège’’.

   Les travaux commencent en mai 1955 sur des terrains d’une surface totale de près de 2,7  hectares achetés par la ville dans le secteur du Marais, à l’extrémité de l’Avenue Raoul Briquet. Un plan d’ensemble du secteur est présenté à la population.

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  En septembre 1955, le nouveau collège Condorcet accueille ses premiers élèves. Seul le bâtiment A est ouvert, les autres seront fonctionnels pour la rentrée suivante.

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  A terme, il comportera six bâtiments renfermant des classes, un secrétariat, une cantine, un cabinet médical, des logements et un gymnase attenant à un terrain de sport en plein air.

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  L’entrée principale des élèves se situe au rond point de l’avenue Raoul Briquet face à la caserne des pompiers. Une autre est ouverte vers le parking de la rue Delots où les élèves rejoignent les bus de ramassage.

  Le bâtiment A, du côté de l’avenue Raoul Briquet comporte sur ses 82 mètres 12 classes réparties sur trois étages. Il est entièrement occupé dès la rentrée de 1955.

   Perpendiculaire au premier, le bâtiment B (rue Etienne Dolet) est long de 48 mètres et comprend l’entrée des services: administration (bureau du Principal, de l’économe, secrétariat), la salle du Conseil et la bibliothèque. A l’étage, on trouve des logements pour les enseignants. Devant ce bâtiment est aménagé un parking.

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   Le bâtiment C est parallèle au premier, ses 95 mètres abritent les classes spécialisées (physique, chimie) et l’enseignement ménager. Il est ouvert en septembre 1956. Ces trois constructions encadrent une cour de 4500 m2.

   Le bâtiment D se situe au centre du complexe, il ne fait que 57 mètres et abrite 16 classes destinées à l’enseignement du second cycle  et donne d’un côté sur une seconde cour de 1500 m2.

   De l’autre coté se trouve le bâtiment E renfermant une cantine prévue pour 1000 repas journaliers et un cabinet médical. Dans son sous-sol se trouvent la chaufferie et … un garage à vélos de 50 m2.

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   Le bâtiment H, rue du 14 juillet abrite les logements du personnel de l’établissement.

   A ses côtés se trouve le gymnase de 800 m2 comprenant tous le nécessaire pour les sports d’intérieur (agrès de gymnastique, terrains de basket, hand-ball, volley et tennis) ainsi que des vestiaires individuels et collectifs avec douches.

   Entre le gymnase et le bâtiment D se trouve un terrain de sport de plein air en terre battue (il sera bitumé quelques années plus tard) avec piste d’athlétisme.

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   Afin que les jeunes gens du bassin minier poursuivent leurs études dans un cadre agréable, la municipalité agrémente le collège : pelouses, arbres, fleurs ….

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   Sans oublier le jet d’eau sur le rond point face à l’entrée où les élèves aiment se détendre en attendant la reprise des cours.

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   Une fois terminé, ce collège accueille pour la rentrée scolaire 1956, près de 2000 élèves.

   Dès lors, Ernest Schaffner demande avec insistance au gouvernement de nationaliser Condorcet afin d’en faire un lycée.  Cette requête aboutit  et, lors d’un voyage dans le Nord-Pas de Calais en 1959, le Général De Gaulle inaugure à Lens le tout nouveau Lycée Condorcet.

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   Une anecdote est restée dans beaucoup de mémoire des jeunes lensois de l’époque. Désirant saluer les élèves présents dans la cour du lycée, le Général De Gaulle a voulu se pencher par une fenêtre qu’il croyait ouverte (ce qui prouve que le ménage avait été fait avec grande aaplication). Il heurta la vitre et une légère entaille au front nécessita quelques soins et un pansement.

   Quelques célébrités sont passées par le Lycée Condorcet. Parmi elles, on peut citer : Daniel Percheron, Président de la Région Nord-Pas de Calais, Jean Claude Mailly, Secrétaire Général du syndicat FO, Philippe Lefait, journaliste à France Télévision, Michel Grailler, pianiste de jazz, Jacques Secrétin, champion d’Europe de tennis de table et les footballeurs du RCL dans le cadre de la formation ‘Sport-Etudes’ : Jean Guy Wallemme ou Philippe Vercruysse.

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Aujourd’hui, nous sommes à Lens le dimanche 4 octobre … 1914.

Depuis début août la guerre est déclarée, la ville et les puits de la Société des Mines tournent au ralenti depuis le départ des nombreux mineurs mobilisés. Les allemands sont aux portes de Lens. Certes, nous en avons déjà vu depuis le début de la guerre : d’abord ce jeune officier arrogant venus avec quelques complices début septembre pour menacer et voler les lensois et les lensoises. Puis ces mouvements de troupes, ces officiers envahissant l’ambulance installée dans l’école Condorcet pour y faire prisonniers les soldats français blessés.

Nous avons vu passer aussi dans notre ville ces malheureux réfugiés fuyant Douai et ses environs. Ils prennent la direction de Saint Pol sur Ternoise où ils pensent être en sécurité. Ces jours derniers, ils sont de plus en plus nombreux. Ils font une halte devant la mairie où Emile Basly, notre maire, leur donne un peu de nourriture avant qu’ils ne reprennent la route.

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Depuis hier, d’autres groupes qui veulent fuir l’ennemi viennent de communes voisines : Sallaumines, Méricourt, Harnes ou Loison. Les évènements qu’ils nous relatent incitent aussi beaucoup de lensois  à prendre le chemin de l’exode. Aujourd’hui, nous ne sommes plus que 16 000 en ville contre 35 000 il y a encore un mois.

Les troupes allemandes qui ont traversé Lens nous ont laissé une mauvaise impression et nous font craindre le pire en cas d’invasion. Il y a quelques jours, nous avons repris espoir en voyant arriver un régiment de goumiers nord-africains. Mais ils sont repartis avant-hier en nous promettant toutefois de revenir bientôt.

Nous avons peur. La ville est isolée : aucun train ne circule, la navigation est interdite sur le canal, la poste ne fonctionne plus. Comme il n’y a plus de journaux il nous est impossible d’obtenir des nouvelles des combats dans la région.

Aurons-nous encore du pain pour longtemps ? Nous avons appris que les frères Deligne, les derniers meuniers de Lens, se sont enfuis hier emportant des pièces de leur moulin à gaz afin de l’empêcher de fonctionner.

Hier dans la journée, un escadron de dragons est arrivé et s’est dirigé vers Loison en prenant position à la sortie de Lens sur la route de Lille et dans le quartier du Marais. Cette nuit, une compagnie de chasseurs à pied cyclistes est entrée en ville. Les soldats ont se sont postés entre le pont de Douai et la gare, le long du canal. Ils veulent, nous a-t-on dit, reprendre le cimetière où se trouve des troupes allemandes.

Ce matin peu avant la messe de 6 heures, nous avons entendu les premiers tirs d’artillerie du côté du pont de Douai et vers Loison. Les allemands avançaient vers le canal. Quelques groupes tentaient de le traverser en barque mais étaient encore repoussés par nos soldats qui utilisaient les wagons des mines comme abri. La fosse 5 vers Avion était déjà occupée par l’ennemi.

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A 6 heures, les cloches de l’église Saint-Leger ont sonné pour annoncer la messe. Peu de lensois s’y sont rendus. Le chanoine Occre a d’ailleurs aussitôt renvoyé ses fidèles et leurs a conseillé de rester chez eux. Les seuls qui osèrent sortir ne le firent que pour fuir vers Saint Pol sur Ternoise. Pourtant, on raconte que quelques lensois intrépides seraient montés au sommet du clocher de l’église St Léger pour assister aux combats.

Cette bataille faisait rage le long du canal. Nous avons appris que Madame Julia Olivier, qui habite le chemin du Halage a été la première lensoise à périr sous les tirs allemands.

Dans la matinée, les soldats de l’escadron de dragons se replièrent dans la cité du Vieux Condé, près de la fosse 2. L’ordre leur a été donné de se regrouper avec les chasseurs sur la place de la République. Les premiers soldats allemands ont alors réussi à traverser le canal.

Vers 11h00, les troupes françaises reçurent l’ordre de se replier vers Liévin et les collines de Lorette. L’un des dragons, Henri Fernand, originaire de Blois n’en eut pas le temps, il a été abattu sur la place de la Gare. Il est le premier soldat français mort à Lens. A midi, toutes les troupes françaises avaient abandonné la ville nous laissant à la merci des envahisseurs.

Pourtant les allemands continuèrent à pilonner la place de la République faisant une deuxième victime civile, Monsieur Brutsaert.  A la fin de la journée, on comptera 6 victimes civiles lensoises. Les habitants se sont terré dans les caves. On a vu des maisons en flamme dans le quartier de l’Abattoir.

Dans l’après midi, on constata une légère accalmie. Il n’y avait plus aucun soldat français en ville. Des troupes allemandes se sont positionnées au pont de Douai, dans le quartier du Marais et sur la route d’Avion. Elles attendaient l’ordre d’entrer en ville. De nombreux lensois profitèrent de ce répits pour entasser ce qu’ils pouvaient sur des chariots de fortune qu’ils attelèrent rapidement pour fuir la ville.

Monsieur Thellier de Poncheville est allé à Sallaumines où il tient une brasserie. Il a aussitôt été intercepté par un colonel ennemi qui l’a promptement renvoyé à Lens afin de remettre à Emile Basly l’ordre de se présenter rapidement au quartier militaire allemand.

Le maire est arrivé à Sallaumines à 4 heures. Il a immédiatement été fait prisonnier; l’officier allemand le rendant responsable du fait que des civils lensois auraient tiré sur des soldats de l’armée germanique et seraient montés dans le clocher de l’église.

Il a ordonné à Basly de parapher deux messages pour la population que Thellier de Poncheville a apportés à Lens et fait afficher à la mairie. Le premier concerne l’interdiction faite à la population de pénétrer dans l’église, le second menace les lensois des pires répressions en cas de manifestations.

C’est après avoir obtenu l’assurance qu’aucun soldat français ne restait dans la ville que, vers cinq heures du soir, le commandant des forces allemandes donna l’ordre à ses troupes d’entrer dans Lens.

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Toute la soirée, les lensois assistèrent au défilé de militaires ennemis. Par groupe, les soldats du Reich se rendirent dans les écoles et autres bâtiments publics ou privés afin d’y installer leur bivouac. Les officiers choisirent les plus belles maisons de Lens comme logement,  exigeant de l’habitant gite et repas bien arrosé. D’autres se sont rendus à l’hôtel des Voyageurs et ont exigé de se faire servir un copieux repas.

Pendant ce temps, du côté de la cité de la fosse 11, le médecin-chef de l’hôpital des mines évacuait vers Arras dans un train de marchandises quarante-huit militaires français gravement blessés afin de les soutirer à l’ennemi.

Vers neuf heures, dans la nuit, on a pu distinguer un convoi de civils encadrés de militaires venant de Sallaumines, longer le canal et prendre la route d’Arras. Parmi ces civils se trouvait Emile Basly.

On ne sait aujourd’hui combien de temps durera cette occupation : des jours, des semaines, des mois ? Mais on imagine qu’elle sera pénible et difficile à vivre pour les lensois. Ce que nous ont rapporté les réfugiés des communes voisines nous font craindre le pire. Ils définissaient les soldats allemands d’ivrognes rustres, arrogants, tyranniques, voleurs et même violeurs …


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