Le 11 avril, les derniers habitants se rassemblent devant la mairie installée dans les locaux de la Banque de France, rue de la Paix. Des convois de 350 personnes sont constitués et s’ébranlent chacun leur tour vers une destination inconnue sous la conduite de hussards à cheval.
Le long de la route qui mène à Sallaumines, ce n’est que misère et désolation. Des femmes, des enfants, des vieillards tentent d’avancer péniblement dans le bourbier sur des routes défoncées par les bombardements et traversent le lugubre cimetière-est aux tombes dévastées. Ils ont pris avec eux le strict minimum, ils n’avaient droit qu’à un seul bagage. Certains ont volontairement détruit les objets qu’ils ne pouvaient emporter pour que les Allemands ne puissent pas s’en emparer.
Lors de la traversée du pont de Douai, un enfant glisse de la charrette où il était agrippé. Le chargement bascule et tombe sur lui, le blessant à mort. Sa maman tente de lui porter secours. Voyant que cela allait retarder le convoi, un soldat allemand écarte la pauvre femme, saisit le corps inerte de l’enfant et le jette dans le canal. La mère n’a d’autres ressources que de plonger dans l’eau glacée du canal. Elle ne remontera jamais.
Les Allemands qui organisent les départs réalisent un dernier forfait. Obligeant Émile Basly à tout abandonner sur place, prétextant qu’ils n’avaient pas de véhicules à lui fournir, ils en profitent pour piller les locaux de la Banque de France et y dérober la recette municipale estimée à 98000 francs, les archives de la ville, les livres et objets d’art appartenant à la commune.
Le 12 avril à midi, officiellement, il ne reste plus aucun civil dans la cité. Des témoignages rapporteront que quelques habitants se sont terrés dans les décombres afin de ne pas être évacués. On n’en retrouvera aucun.
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