AMANT VALEUR
Amand Valeur est né le 12 juin 1870, à Lens (Pas-de-Calais) où son père exerçait la profession de pâtissier sur la Grand'Place. Il fait ses études primaires à l’école communale de Lens (dont les enseignants sont des frères des écoles chrétiennes) à l'époque de la création de la Compagnie des mines qui vient d'ouvrir ses premiers puits.
A la fin des années 70, les parents d'Amand contractent la variole noire (forme sévère de cette maladie caractérisée par la présence de lésions hémorragiques dans la peau) et décèdent tous les deux : sa mère le 22 août 1977 et son père en 1881.
Amand est élevé par son oncle et tuteur Charles Valeur, également pâtissier sur la Grand'Place, qui l’envoie suivre sa scolarité au Collège Saint-Joseph d’Arras et le dirige vers des études scientifiques.
La Grand'Place de Lens à la fin du 19e siècle
Brillant élève, Amand est bachelier ès-lettres à 18 ans. Après une année de service militaire, il devient stagiaire, comme Auguste Béhal quelques années auparavant, chez le pharmacien Alfred Wagon à Lens un peu contre son grès puisque lui voulait effectuer une carrière littéraire. Il termine son stage officinal à la pharmacie Famel à Paris. En 1892, en même temps qu’il valide son stage, il passe avec succès l’examen du baccalauréat ès-sciences.
Puis, il mène de front ses études à l’École supérieure de Pharmacie de Paris et à la Faculté des Sciences. Tandis qu’il obtient le premier prix de l’École avec la médaille d’or, il conquiert brillamment la licence ès-sciences physiques en 1895.
Deux ans auparavant, Valeur s’était présenté au concours de l’Internat des Hôpitaux et était arrivé le troisième. Il devient alors, au laboratoire de l’Hôpital du Midi, l’élève d’Auguste Béhal, alors agrégé libre de chimie à l’Ecole de Pharmacie et ami de la famille Valeur.
En 1898, Valeur acquiert le diplôme de pharmacien ; il est lauréat des hôpitaux de Paris avec la médaille d’or et obtient, au concours, un poste d’inspecteur des établissements classés du département de la Seine.
Peu de temps auparavant, Marcelin Berthelot se l’était attaché à titre de préparateur au Laboratoire de chimie organique de l’Ecole des Hautes-Etudes au Collège de France. Valeur y prépare en même temps son doctorat es-sciences qu'il obtient en 1900.
En 1901, Valeur passe brillamment le concours de pharmacien des Asiles de la Seine et est récompensé par le prix de chimie organique de la Société Chimique de France.Il publie de nombreux ouvrages sur ses travaux.
Le 2 juin 1902, il épouse Julie Douez qui n'est autre que la nièce d'Auguste Béhal. Ils auront deux enfants : Jacques en 1906 et Jacqueline quatre ans plus tard.
De 1902 à 1912, A. Valeur travaille à l’Ecole de Pharmacie où il collabore avec le professeur Charles Moureu. Ces deux maîtres effectuent en commun des recherches importantes pour la sciences. Valeur publie à cette époque de nombreux ouvrages sur ses recherches.
Amand Valeur dans son laboratoire
Les honneurs se succèdent pour A. Valeur : en 1913, de l’Académie des Sciences il reçoit une partie du prix Jecker puis est fait chevalier de la Légion d’honneur en 1914, à la suite des expositions internationales de Turin et de Gand où il avait été membre et rapporteur du jury.
Au concours d’agrégation de l’Ecole supérieure de Pharmacie en 1905, il obtient le titre d’agrégé après un concours particulièrement brillant. De 1912 à 1914, il est chargé de conférences préparatoires au cours de chimie organique.
Pharmacien-major pendant la guerre, il est appelé à Paris pour remplir les fonctions de Secrétaire Général de l’Office des produits chimiques et pharmaceutiques dont le professeur Béhal vient de prendre la direction et dont le rôle est d'assurer les besoins les plus urgents de l'économie française.
Il est aussi Secrétaire général de la Société Chimique de France quand M. Camille Poulenc, un grand industriel de la chimie, lui propose le poste de Directeur Général des Établissements Poulenc Frères qu'il a créé en 1900 avec ses deux frères et qui deviendront plus tard Rhône-Poulenc. Valeur n’a guère poursuivi ses recherches personnelles après la guerre, entièrement occupé qu'il était par la direction des usines Poulenc où il travaillera jusqu'à son décès.
Camille Poulenc, fondateur des Ets Poulenc Frères
En 1926, sa santé s’altère. Il tombe malade au retour de la visite d'une des usines du groupe. Il écrit alors 'La résurrection de Pierre Hugues', un ouvrage dédié à son beau frère dans lequel il fait par de ses réflexions sur la mort. En février 1927, atteint de broncho-pneumonie, Valeur s’alite. Il décède le 3 mars suivant.
Ses obsèques ont lieu au cimetière du Père Lachaise à Paris en présence de nombreuses personnalité de la science et de l'industrie. Dans la 'Chronique Pharmaceutique' du mois, on lira : 'La mort de Valeur est une perte irréparable pour la science française'.
Une rue de la Cité 14 porte son nom aujourd'hui à Lens.
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