L’avenue Alfred Maës
20JAN
Le 28 janvier 1942, le Préfet du Pas-de-Calais approuve la décision du Conseil municipal lensois de donner à l’avenue de Liévin le nom d’avenue « Alfred Maës ».
Né à Saint Omer le 15 juillet 1875, Jacques Alfred Wilfrand MAËS est orphelin très jeune. A 13 ans, il part travailler aux mines de Lens où il est embauché à la fosse 2 d’abord puis à la fosse 11. Après son service militaire, il est réembauché à la fosse 1 « Saint Elisabeth ». Il adhère aussitôt au Vieux Syndicat d’Emile Basly et Arthur Lamendin. Il en deviendra rapidement un des leaders, délégué à la sécurité puis responsable du contentieux.
Devenu conseiller municipal dès 1904, il est élu maire de Lens puis député du Pas-de-Calais en 1928 après le décès d’Emile Basly.
On retient surtout du maire de Lens la construction de l’hôpital de la route de La Bassée en 1930 et du responsable syndical la création du dispensaire de la caisse de secours des mineurs sur le boulevard Basly.
Maintenu maire au début de la seconde guerre mondiale, ses fonctions lui permettent de réaliser des actes de résistance, notamment falsifier avec son ami Ernest Schaffner, directeur de l’hôpital, des cartes d’identité pour les malades et blessés juifs hospitalisés.
Maës connait sa dernière grande grève en juin 1941 : pour protester contre les décisions des Allemands, 80% des mineurs du bassin cessent le travail. Ce sera le dernier grand événement qu’il aura vécu : il décède à Lens le 17 août 1941 après une grave maladie dans sa maison familiale, rue Anatole France. Il est inhumé dans le caveau familial du cimetière de la route de Douai.
Au moyen âge, à l’emplacement de l’avenue Alfred Maës se trouvait le Grand chemin de Liévin à Lens (en opposition au Petit chemin de Liévin à Lens plus au sud où se trouve aujourd’hui la rue Notre-Dame de Lorette).
C’est en 1872 que l’ont voit apparaître le nom de « Route de Liévin » sur les fiches de recensement de la ville de Lens. Elle est composée quasiment en totalité de maisons de mineurs. Depuis une dizaine d’années, elle est traversée aux abords de Lens par la « ligne des houillères », une voie de chemin de fer qui relie Arras à Hazebrouck. Le passage à niveau est gardé par un certain Jean-Baptiste Hugot. Vers la fin du 19ème siècle, le passage à niveau est remplacé par un pont.
Au début du 20ème siècle, faisant partie du « Grand chemin n°58 », elle prend le nom sur le territoire de Lens de rue de la Bataille (ou rue du coron de la Bataille) en souvenir de la victoire de Condé. Ce serait en effet par cet axe que les troupes espagnoles se seraient enfuies après leur défaite en 1648 contre le prince de Condé.
Après la première guerre mondiale, l’artère est nommée Avenue de Liévin. Ce nom lui restera donc jusqu’en 1942.
L’avenue Alfred Maës débute au carrefour Bollaert. Son point de départ était marqué d’un côté par le jardin public appelé aujourd’hui square Chochoy et de l’autre par l’immense garage automobile Lallain.
Ensuite, l’artère passe sous le pont Césarine….
…. nommé ainsi (jamais officiellement il faut le dire) en mémoire de la tenancière d’un estaminet appelé « A l’arrêt du Tramway ».
Les nombreux voyageurs se désaltéraient au bar de Césarine Hennebois en attendant de prendre le Tortillard qui pouvait les emmener jusque Frévent en longeant au début de son parcours l’avenue de Liévin.
La rue de la Bataille, comme tout le secteur, est réduite à l’état de ruines lors de la Première Guerre mondiale.
Après la libération, c’est à partir de 1920 que les corons sont reconstruits.
Le pont Césarine est reconstruit et élargi pour supporter des voies du triage de la SNCF.
Un autre pont en béton armé supporte les voies du chemin de fer des mines de Lens. Il est détruit en 1992.
Un peu plus loin se dresse majestueusement la statue d’Emile Basly. Après le décès du maire de Lens en 1928, une souscription est ouverte pour faire ériger un monument en son honneur. Quelques années plus tard, une statue sculptée par Augustin Lesieux représentant Emile Basly dans sa célèbre posture est installée au carrefour Bollaert. Démontée et cachée des vautours allemands qui voulaient en faire fondre le bronze pendant la Seconde Guerre, elle est ensuite déplacée à la jonction de l’avenue de Liévin et la route d’Arras.
Pendant plusieurs centaines de mètres, l’avenue longe ces longues barres de corons.
Mais certaines habitations provisoires datant de l’après Seconde Guerre, de véritables taudis, perdureront jusqu’au début des années 60.
Beaucoup se souviennent que l’avenue a frôlé pendant des décennies les installations de la fosse 9 des mines de Lens et du stade-vélodrome Maurice Garin aujourd’hui disparus dans le cadre de l’arrivée du Louvre-Lens.
L’avenue Alfred Maës continue ensuite son chemin vers Liévin en jetant un coup d’œil à la jolie devanture art-déco du temple de l’église évangélique baptiste et en passant devant les écoles privées Sainte-Thérése et du Sacré-Cœur.
Juste avant d’arriver à Liévin, l’avenue flirte avec les petites maisons Camus de la cité du 9bis. A la fin des années 50, pour répondre à la pénurie de logements, les Houillères construisent pour les retraités ces maisonnettes selon le procédé « Camus » du nom de l’ingénieur qui a créé le principe. Les « Camus » dits bas comme celles de cette cité sont construites à partir de 1959.
Aujourd’hui, l’avenue Alfred Maës est empruntée autant pas les habitués que par les nombreux touristes qui viennent à Lens visiter le musée du Louvre-Lens.
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