La rue Edouard Bollaert
14JAN
La rue Edouard Bollaert reçu ce nom après le décès du tout premier agent général de la Société des mines de Lens. Edouard Jacques François Bollaert, né le 26 décembre 1813 à Bailleul (59), est le gendre d’Amé Tilloy et le neveu de Jules Castelyn, de riches industriels lillois co-fondateurs et actionnaires de la compagnie minière lensoise.
En 1856, quatre ans après la constitution de l’entreprise, il est nommé agent général, c’est-à-dire directeur de la société. Edouard Bollaert fait beaucoup pour la prospérité de la société minière : sous sa gouvernance, la compagnie passera de 299 ouvriers pour une production de 62 000 tonnes en 1856 à plus de 10 000 ouvriers et 2 700 000 tonnes de houilles en 1896.
Mais il est aussi celui qui réprime les grèves et punit les meneurs avec une grande sévérité en faisant appel à la troupe, en licenciant sur le champ les grévistes et en les chassant ainsi que leur famille de leur logement : après la grève de 1893, ce ne sont pas moins de 600 familles qui sont expulsées des corons.
Edouard Bollaert décède d’une congestion pulmonaire le 7 janvier 1898 à l’âge de 85 ans alors qu’il est toujours en activité.
Le maire de Lens Eugène Courtin qui est aussi son ami et actionnaire de la compagnie houillère de Liévin, approuve la proposition de la Société des mines de Lens de donner son nom à la rue où se trouvent les bureaux centraux des mines.
Cette rue est tracée sur une partie qui, au 18ème siècle, s’appelait le Grand chemin d’Arras à Lille. Faisant partie du Faubourg Saint-Laurent, elle était limitée au nord à la jonction des chemins de Béthune et de La Bassée et au sud par le croisement avec le Grand chemin d’Arras et le Chemin de Lens à Liévin. Sur cette carte, on remarque (en vert) la construction qui abritait les tous premiers bureaux de la compagnie minière, un ancien relais-poste.
Dans la seconde moitié du 19ème siècle, les mines de Lens deviennent propriétaires de tout le secteur. Au nord, on y perce la fosse 1 Sainte-Elisabeth. Au sud, la fosse 4 sera mise en service en 1864.
Le relais-poste étant trop étroit pour une entreprise se développant aussi rapidement, des grands bureaux sont construits au nord de la rue.
Ils seront agrandis dès le début du 20ème siècle. Deux étages et le doublement de la surface au sol en font un bâtiment remarquable. L’ancien relais poste deviendra la demeure du l’Agent général, donc d’Edouard Bollaert.
Plus tard, la grande propriété laissera place aux pépinières de la compagnie puis, après la seconde guerre, au jardin public (appelé un temps les jardins de la Pépinière).
Lors des grèves de 1906 qui ont fait suite à la catastrophe des mines de Courrières, c’est dans cette maison que l’épouse et la bonne d’Elie Reumaux, successeur d’Edouard Bollaert comme directeur de la Société, ont été agressées par les anarchistes sympathisants de Benoit Brouchoux.
Derrière les nouveaux Grands bureaux sont installés les ateliers de la compagnie qui emploie de nombreux ouvriers et ouvrières.
La rue est traversée par deux voies ferrées. Au nord, celle de la ligne Lens-Violaines (exploitée dès 1853 mais qui ne sera ouverte au transport des voyageurs que le 29 juillet 1883) nécessite la construction près de la fosse 1 d’un dépôt des machines puis plus tard d’une gare pour les voyageurs. Au sud, la voie qui traverse la rue permet de rejoindre e réseau ferré minier à la gare de Lens des chemins de fer du Nord.
En janvier 1915, un obus tombe et explose dans la salle des archives des Grands bureaux déclenchant un incendie qui détruira le bâtiment. Les bombardements qui suivirent jusqu’en 1918 achevèrent de rendre le secteur à l’état de ruines.
Avant la première guerre, la route d’Arras est dans le prolongement direct de la rue Bollaert.
Lors de la reconstruction, certains itinéraires sont modifiés après un accord entre la ville et la compagnie minière. Afin de laisser la place à l’agrandissement du triage de la SNCF, l’origine de la route d’Arras est déviée vers l’ouest et la route de Liévin. Dans le même accord, les passages à niveau sont supprimés. C’est ainsi que naissent le pont Césarine sur l’avenue de Liévin et celui de la rue Bollaert.
A la fin des années 1920, les Grands Bureaux seront reconstruits plus au nord de la rue Edouard Bollaert, sur la côte Saint-Laurent.
A l’emplacement des anciens grands bureaux et des ateliers sont édifiées des habitations pour les directeurs et ingénieurs dans un secteur que les mineurs nommeront « la vallée des rois ».
En 1926 sera construite la nouvelle gare Sainte-Elisabeth : une magnifique architecture à colombages bien dans le style art-déco des années 20.
Cette gare a un temps abrité des services de la mairie de Lens en attendant la reconstruction de l’Hôtel de Ville. Elle disparaîtra en 1984 après que Charbonnages de France l’ai vendue à une société immobilière qui la fera abattre pour construire à sa place des immeubles.
Dans la rue Bollaert se trouvaient le magasin principal de la coopérative des mines de Lens. Lors du bombardement du 11 août 1944, le personnel de ce commerce, en tentant de rejoindre un abri, fut fauché par une bombe. 18 employés dont 16 jeunes femmes périrent ce jour là.
Aujourd’hui, la rue Bollaert, encadrée par le carrefour des Grands Bureaux et le rond-point Bollaert n’est plus qu’un axe de circulation desservi par peu de commerces. Elle ne retrouve un peu d’animation que lorsque des matches de football sont organisés au stade qui porta le nom de Félix Bollaert (le fils d’Edouard) avant de devenir depuis quelques années le stade Bollaert-Delelis.
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