20 mars 1906, Lens
Ce sera une journée cruciale pour le mouvement. Le matin arrive à Lens le directeur du journal « L’ouvrier mineur allemand », Wyssmann, venu faire une enquête sur la catastrophe et voir comment répartir équitablement les fonds recueillis en Allemagne. Il apporte un premier secours de 5 000 marks (environ 6 000 F) pour les familles des victimes.
Vers midi, à la Maison du Peuple, conférence du jeune syndicat. Broutchoux appelle les deux organisations syndicales à fusionner et invite les grévistes à se rendre en masse à 14 heures devant la mairie pour réclamer l’entrée des délégués de sa Fédération au Congrès. La citoyenne Sorgues (à droite sur la photo ci-dessous) attaque le Vieux Syndicat, et surtout Basly.
20 mars 1906 14h00, Lens
Une longue colonne de grévistes se porte vers la place de la mairie de Lens où le congrès des délégués siège sous la protection de gendarmes à cheval. Les broutchoutistes ne sont pas admis à participer. Dehors, c’est le vacarme. 2000 manifestants, drapeau rouge, cravatés de noir, en tête, veulent forcer le barrage.
Une violente bagarre éclate ; Un gendarme s’empare d’un drapeau, les émeutiers ripostent. Broutchoux et deux de ses adjoints sont arrêtés.
Cependant, la réunion continue. Des fenêtres, les délégués peuvent voir la foule. Le jeune syndicat veut la fusion. A quoi, les amis de Basly rétorquent : « Impossible de fusionner avec le néant ». La discussion avec Elie Reumaux est animée, les directeurs des compagnies offrent une augmentation de 10 % aux mineurs de fond et 5% aux ouvriers du jour.
Les délégués repoussent à l’unanimité les propositions patronales et adoptent un manifeste particulièrement sévère contre « les anarchistes de Broutchoux ».
A la fin de la réunion, deux délégués sont reconnus et entourés par la foule. Ils sont aussitôt jetés à terre et piétinés. L’un arrive à se relever et se réfugie à l’intérieur de l’estaminet tenu par Beugnet, le trésorier du syndicat situé rue de … la Paix !!!
Beugnet s’oppose à l’entrée des manifestants, favorables à Broutchoux. Les manifestants hurlent, brisent tout. Les gendarmes interviennent, les refoulent sans ménagements et prennent position devant le café.
A la suite de cette échauffourée, le préfet interdit tout rassemblement …
21 mars 1906, bassin minier Ils sont plus de 50 000 à ne pas travailler. C’est le sommet de la grève dans le Pas-de-Calais. Ce
même jour, à la suite du Congrès tenu la veille à Lens, Basly informe
Reumaux, président de la délégation patronale, que les délégués des
Syndicats des mineurs du Nord, d’Anzin et du Pas-de-Calais ont décidé de
maintenir le programme des revendications présentées à Paris. 23 mars 1906 , Lens Elie Reumaux répond au syndicat que les Compagnies restent sur leurs positions. Basly est consterné. Pendant
ce temps, les partisans de Broutchoux continuent leurs « actions
d’éclat » et interviennent partout ou des mineurs travaillent comme à
Bruay.
25 mars 1906, Lens
La situation semble bloquée. Réunis en Congrès à Lens (école Condorcet), les délégués de chaque bassin examinent la situation. Décider de la poursuite de la grève ou de la reprise du travail: un rude dilemme. 15 000 mineurs sont rassemblés et attendent les délibérations. Après plusieurs heures de délibérations, le Congrès estime devoir procéder à une consultation individuelle par voie de référendum, seule procédure permettant aux ouvriers de se prononcer librement et aux responsables syndicaux d’avoir un reflet aussi exact que possible de l’opinion.
28 mars 1906, bassin minier
C’est le jour du référendum : partout dans le bassin minier, les mairies sont ouvertes pour cette consultation. Les maires eux-mêmes prennent le poste de Président de bureau de vote.
Le préfet les communique les résultats du référendum dans le Pas-de-Calais
POUR LA GREVE : 20 569
POUR LE TRAVAIL : 12 567
ABSTENTIONNISTES : 21 000 environ.
Les régions de Lens, Hénin, Béthune, Salaumines, Méricourt, Mazingarbe, etc … sont majoritairement pour la poursuite tandis que celles de Bruay et d’Auchel votent la reprise.
Les « Broutchoutistes » contestent ce résultat et affirment que le pourcentage pour poursuivre la grève est beaucoup plus important. Selon eux, les victimes de la catastrophe seraient encore inscrits sur les listes et donc considéré comme « non-votant ».
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