L’histoire peu ordinaire de l’église Notre-Dame des Mines de Lens.
13FÉV
Merci à Anne Petit et Jean Claude Desprez pour l’aide apportée à la réalisation de ce texte
Avant la Première Guerre mondiale, la cité de la fosse 2 dite du Grand-Condé située le long de la route de Lille à Lens, était l’une des rares cités minières à ne pas posséder d’église.
La cité du Grand Condé, comme tout le reste de la ville, n’est plus que ruines à la fin de la Grande Guerre. Lors de la reconstruction, la Société des Mines de Lens décide de la doter d’une chapelle dépendante de la paroisse Saint-Léger.
La chapelle, placée sous le vocable de Saint-Wulgan, est inaugurée le 1er novembre 1921,
Saint Wulgan, archevêque de Cantorbery, était un évangélisateur Anglais du VIIe siècle qui aurait traversé la Manche pour « semer la bonne parole » dans le nord de la France. Traversant les villages de l’Artois, il arrive à Lens où son zèle pour la population et les malades fut souligné, puis il se retira à Arras où il mourut vers 570. Son corps fut transporté à Lens dans la Collégiale Notre Dame. La ville et le Chapitre de Lens choisirent Saint Wulgan pour patron tutélaire. Sa statue côtoie celle de Notre-Dame des mines dans l’église.
La chapelle est construite dans un ensemble comprenant un dispensaire, une salle de patronage et des logements pour les sœurs de la communauté franciscaine. Elle comprend deux petites ailes surmontées d’un étage couvert de plaques de fibrociment.
Entre les deux ailes se dresse le clocher à la base carrée qui part du sol. Chaque face est ornée d’un relief en forme de treillage.La chambre des cloches hexagonale aux ouvertures en bois est surmontée d’une pointe munie de quatre petites lucarnes. À l’extrémité de la flèche, la croix est au centre d’une rose des vents.
Saint Wulgan deviendra une paroisse en 1932. C’est à cette époque que l’abbé Logez a l’idée de créer une revue mensuelle qu’il appelle « Le messager de Notre-Dame des Mines » qui est vendue 50 centimes.
En 1935, Marc Montaigne, un ingénieur au service des plans aux mines de Lens et également sculpteur, offre à la paroisse une statue de Notre-Dame des Mines, réplique de celle surplombant le toit de la chapelle de l’ermitage Saint-Julien des Causses, près d’Alès. Montaigne a ajouté sur le socle de la statue des bas-reliefs représentant les mineurs de fond au travail.
Chaque année, lors des processions, des mineurs portent la statue de Notre-Dame des Mines dans les rues de la cité du Grand-Condé.
La chapelle ne cessera d’accueillir de plus en plus de fidèles à tel point qu’à la fin des années 50, elle est trop exiguë pour le nombre de pratiquants. De plus, elle s’abîme depuis que les HBNPC ont cessé de l’entretenir. Alors, en mars 1959, les familles de mineurs de la cité prennent l’affaire en main ! Une soixantaine de Gueules Noires se prennent en charge et entreprennent des travaux pour démolir la chapelle et, sur ses fondations, construire une nouvelle église.
Une souscription est ouverte, des dons affluent de partout : de Lourdes, d’Annecy, de la côte d’Azur, de Bretagne, et même de Tahiti. Le Général De Gaulle lui-même, parrain d’une petite Yvonne née dans les corons, participe au financement. Les mineurs ont une autre idée : vendre des « briques », qui sont en fait des dessins réalisé par Maurice Bienfait comportant l’inscription « Aidez les mineurs de la fosse 2 de Lens pour la construction de l’église de Notre-Dame-des-Mines ».
C’est à l’architecte diocésain, l’abbé Fernand Pentel, que l’on demande de dessiner les plans. Il réalise « un édifice circulaire pour rassembler une communauté rapprochée du chœur en un même mouvement ». Lorsque la maquette est rendue publique, on est étonné de l’audace de la construction dont l’architecture très moderne contraste avec les autres églises de Lens.
Alors peuvent débuter les travaux. Après une dernière messe de Noël célébrée le 24 décembre 1960, la chapelle est livrée à la démolition début janvier 1961. La première pierre de la nouvelle église est posée le 26 mars 1961 par Monseigneur Perrin, évèque d’Arras.
Les mineurs participent à la construction. Ils sont aidés par les entreprises locales qui apportent gracieusement leur savoir-faire et leur matériel. On peut citer entre-autres les noms de la maçonnerie Crépel, le Génie Civil de Lens, la métallerie Jacquemart ou encore les entreprises Graillier et Dumortier.
L’architecture d’avant-garde n’est pas la seule particularité de cette église. Des vitraux faits de dalles de verre coloré réunis par du ciment ont été réalisés par le père Pierre Cholewska (1922-2012), un moine bénédictin de l’abbaye de Wisques d’origine polonaise. Ses oeuvres aux couleurs vives agrémentent l’architecture d’une cinquantaine d’églises dont celles de Marles-les-Mines, Calonne-Ricouart ou encore du Saint-Curé-d’Ars à Arras ou Saint-Luc à Sainte-Foy-les-Lyon.
Treize vitraux ornent les parois des fonds baptismaux et 36 autres les murs de la nef. Un large vitrail circulaire installé au plafond offre une lumière splendide lorsque le soleil illumine le chœur.
La nouvelle église de la cité du Grand-Condé est bénie le 11 mars 1962 par Monseigneur Parenty.
En mars 1987, la paroisse Saint-Wulgan célèbre le 25e anniversaire de son église. L’abbé Edouard Fremy célèbre la messe après une procession dans les rues de la cité.
Au cours de cette procession, comme leurs parents il y a près de 50 ans, des mineurs en tenue de travail présentent la statue de Notre-Dame-des-Mines qui aujourd’hui encore est présente dans le chœur de « l’église ronde ».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.