Lorsque le 28 octobre 1878 dans une maison du chemin de la Bistade à Sainte-Marie-Kerque, madame Adeline Vanhoutte met au monde son deuxième fils Raphaël, elle ne se doute pas qu’elle est là à l’origine de l’un des faits divers les plus atroces qui se soient déroulés à Lens.
Adeline et son mari Wilfried possèdent une petite exploitation agricole qui ne permet pas de nourrir toute la famille surtout que trois nouvelles naissances vont vite venir agrandir la fratrie. Le jeune Raphaël grandit donc dans la ferme où règne la misère.
Quelques mois avant sa naissance, à quelques kilomètres de là, dans la petite commune de Watten était venu au monde le 5 novembre 1877 Victor Auguste Emile Rousselle. La famille de Victor n’est pas plus fortunée que celle de Raphaël. Sa mère n’a pas d’emploi et s’occupe de la maison et des trois enfants. Son père est « manouvrier ». Contrairement au journalier qui chemine de ferme en ferme, le manouvrier ne travaille que pour un seul fermier à qui il loue une petite maison et un lopin de terre.
C’est le cas également pour le père de la jeune Léonie Courtin qui, le 8 mars 1881, a vu le jour à quelques centaines de mètres de la famille Vanhoutte. Léon et Marie, ses parents, élèvent Léonie et ses trois frères à Sainte-Marie-Kerque, une commune rurale de 1400 habitants.
Après un an passé dans l’armée au lieu des trois habituels à cette époque (il est considéré comme soutien de famille), Victor Rousselle est libéré le 24 septembre 1901. Il rencontre Léonie Courtin et le 19 juillet 1902, le couple se marie en la mairie de Sainte-Marie-Kerque et s’installe dans le village. Quelques mois plus tard, Isabelle arrive au monde et l’année suivante, la famille s’agrandit avec la naissance de Marius. Il faut nourrir tout ce monde. Victor, comme son père est manouvrier. Il travaille souvent plus de 14 heures par jour, mais son salaire journalier de 3,50 francs ne suffit pas à assurer la subsistance de sa famille quand le pain coûte 30 centimes.
De plus en plus, les ouvriers agricoles quittent les campagnes pour les régions industrialisées. Dans le bassin minier, la Société des mines de Lens recherche de la main-d’oeuvre. Plus de 10 000 ouvriers et ouvrières y travaillent déjà, surtout des mineurs de fond. De plus, la compagnie propose un logement à ses salariés. Le couple Rouselle n’hésite pas. En février 1905, Victor se fait embaucher à la fosse 4 de Lens. La famille emménage à Avion, dans les corons de la rue Sadi Carnot.
Pendant ce temps, à Sainte-Marie-Kerque, Raphaël Vanhoutte vit misérablement et ses maigres revenus de journalier ne servent surtout qu’à apporter un peu plus de quoi vivoter à la famille. Le 14 novembre 1899, il est incorporé dans le huitième régiment d’infanterie de Saint-Omer. En tant que soutien de famille, il ne sert également qu’un an dans l’armée dont il est libéré le 23 septembre 1900 pour retourner à sa vie de misère.
C’est certainement le besoin d’argent qui l’incite à commettre un vol de 1000 francs. Il se fait prendre et est condamné par le tribunal de Saint-Omer le 4 janvier 1905 à un an de prison avec sursis. Alors, un an plus tard, à l’instar du mari de son ancienne voisine, il décide d’aller aussi tenter sa chance dans les mines de Lens où il se fait également embauché le premier février.
Étant célibataire, il ne peut lui être alloué de logement. Il est d’abord locataire au 47 rue Decrombecques à Lens.
Le 13 mars 1905, Rousselle est appelé par l’armée pour effectuer une période de formation de 28 jours d’instruction. Raphaël qui rend souvent visite à Léonie devient alors son amant. Victor ne s’aperçoit de rien et, à son retour, continue de travailler consciencieusement. Courageux, il est très apprécié de ses supérieurs. Raphaël Vanhoutte, lui, est un garçon renfermé, influençable et même un peu fainéant.
Le 6 juin, les Rousselle emménagent dans une maison au numéro 12 de la place Saint-Alfred, à deux pas de l’entrée du carreau de fosse 4. Léonie parvient à convaincre Victor de louer une chambre à Raphaël contre un petit loyer qui améliorera les ressources du couple. En juillet, Vanhoutte vient s’installer chez « ses amis ». Alors, on s’arrange. Le lit des enfants est descendu. Isabelle et Marius y dormiront près du lit des parents.
Victor et Raphaël ne sont pas du même poste à la mine. Cela facilite les relations entre le jeune célibataire et sa maîtresse qui vont durer plus de trois ans sans éveiller le moindre doute chez le mari. Une nouvelle période militaire appelle Victor loin de chez lui en août 1907. Le couple adultère en profite et commence à germer dans les idées de Léonie une idée morbide.
Le hasard va aider à la concrétiser. Le mardi 21 avril 1908, Victor travaille à la journée. Il doit terminer son service à 18 heures mais le cesse plus tôt. Arrivant chez lui vers 16 heures, il ne voit personne au rez-de-chaussée. Il se rend dans la chambre de son locataire et y trouve celui-ci au lit avec son épouse. Sa réaction de colère n’entraîne aucune violence, il préfère quitter la maison et se rendre dans l’estaminet le plus proche « chez Mirza » tenu par Marie Legrand dont l’époux, Louis, est mineur comme lui.
Pendant ce temps, Raphaël et Léonie conversent. Le retour inopiné de Victor va mettre en péril leur relation. Léonie demande à son amant de la protéger, car dit-elle, elle craint pour sa vie et celle de ses enfants. Il faut trouver une solution. C’est Léonie qui propose celle qui ne peut que convenir : éliminer le gêneur. La mort de Victor : ce n’est pas la première fois qu’elle évoque cette hypothèse, mais cette fois Raphaël, homme de faible personnalité, se laisse convaincre.
Il ne sert plus rien d’attendre maintenant que Victor est au courant de leur relation. C’est décidé, le mari gênant passera de vie à trépas cette nuit ! Léonie insiste : « Il y a une hache à la cave. Tue-le, mais ne le fait pas trop souffrir ».
Lorsque Victor rentre au bercail vers 20 heures, il a une discussion avec son épouse infidèle. « Il n’est plus question, lui dit-elle, que nous couchions ensemble ». Elle passera la nuit dans le grand lit avec sa fille Isabelle et lui s’allongera dans l’autre avec Marius. Raphaël, lui, est monté se coucher de bonne heure, n’osant pas affronter le regard de Victor. Auparavant, il a pris la précaution d’aller chercher la hache dans la cave et de la cacher dans sa chambre.
Vers minuit, il descend sans faire de bruit et se rend dans la chambre commune où il réveille doucement Léonie qui dort du sommeil du juste. Après lui avoir confirmé ses intentions, elle indique à son amant le côté du lit où est couché son mari et lui demande de prendre des précautions pour ne pas blesser son fils !
Vanhoutte se dirige vers le lit de Victor, lui touche le visage pour être certain de ne pas se tromper. Cela réveille l’infortuné, mais avant qu’il ne réagisse, il reçoit en pleine tête un violent coup asséné avec la lame de la hache.
Pendant que Raphaël traîne sa victime inconsciente jusque dans la cuisine, Léonie se lève, va chercher son fils réveillé par le bruit, le couche avec sa sœur et le berce jusqu’à ce qu’il se rendorme.
Puis elle rejoint son amant. Vanhoutte s’assure de la mort de sa victime en lui donnant quelques coups de hache supplémentaires. S’apercevant que feu Victor perd beaucoup de sang, il va chercher un sac au grenier pour lui envelopper la tête. Il l’habille ensuite puis le traîne dans la rue et l’abandonne près de l’estaminet des Legrand. S’apercevant que le cadavre est nu-pieds, il retourne chercher ses godillots puis revient les déposer à côté du corps.
Pendant ce temps, Léonie, dans la chambre, nettoie consciencieusement le sol et le bois de lit. Elle retire les draps et couverture souillés et les remplace par ceux qu’elle va chercher dans la chambre de Raphaël.
De retour à la maison, son amant jette dans la fosse d’aisance le sac qui avait servi à entourer la tête, essuie la hache et la remet à sa place dans la cave. Il aide ensuite Léonie à nettoyer le sol de la cuisine puis le couple va se coucher ensemble dans le lit occupé quelques minutes avant par le mari assassiné et, comble de l’ignominie, y ont une relation intime !
Le 21 avril 1908 vers 4 heures du matin, un mineur se rendant à la fosse passe derrière l’estaminet des Legrand. Dans le noir, il heurte un obstacle au sol. Pensant à un sac, il se baisse pour le ramasser et découvre l’horreur : un corps humain, la tête ensanglantée et les pieds nus. Le corps est si abîmé qu’il est méconnaissable.
Notre mineur s’en va aussitôt quérir la maréchaussée. Les gendarmes envisagent d’abord une rixe entre mineurs sortant de l’estaminet comme il en arrive de temps en temps lorsque le genièvre ou la bière ont coulé à flots. Cependant, les pieds nus et les traces sur le sol les incitent à penser que l’homme n’est pas mort là, mais a été traîné.
Dès le lever du jour, les gendarmes suivent la piste qui les mène tout droit devant la maison des Rousselle, au n° 12 de la place Saint-Alfred. Ils entrent dans la maison et découvrent un sol bien lavé et encore humide. Les enfants sont à table, Léonie est en train de leur préparer le petit-déjeuner. Raphaël descend de l’étage, il est à peine habillé et enfile ses vêtements de mineur comme pour se rendre au travail.
Les gendarmes demandent à la femme où se trouve son mari. Elle répond qu’il a quitté la maison la veille vers 5 heures du soir et qu’il n’est pas rentré depuis. Raphaël le confirme. Cependant, des voisins que le spectacle a attiré en nombre devant la maison, affirment que Victor a quitté l’estaminet vers 20 heures pour rentrer chez lui. Les représentants de l’ordre décident alors de visiter la maison. Dans la chambre du rez-de-chaussée, ils découvrent des traces de sang sur les boiseries de l’un des lits et sur le sol. Dans la chambre de Vanhoutte, ils soulèvent la couverture du lit et trouvent les draps ensanglantés.
Les gendarmes poursuivent leur inspection : sur le sol pourtant bien lavé de la cuisine, il y a aussi quelques traces de sang. Ils en découvrent également sur la lame et le manche de la hache qu’ils trouvent dans la cave. Le brigadier-chef se tourne alors vers Léonie et Raphaël et leur crie : « C’est vous les assassins ! ». Il fait venir son supérieur. Le lieutenant Coine arrive et confirme ; les preuves sont irréfutables, Victor Rousselle a été assassiné ici !
Le lieutenant arrête Vanhoutte et sa maîtresse ! Il les fait conduire à la gendarmerie de Lens sous bonne escorte, car la maison est toujours assiégée par les mineurs qui veulent lyncher Vanhoutte. Ils lui jettent des pierres et hurlent « À mort, tu as tué l’un des nôtres ! ». L’homme est prostré, honteux. Sa maîtresse semble totalement indifférente.
À la gendarmerie, Léonie prétend qu’elle a agi pour ne plus subir les violences de son mari et protéger ses enfants. Vanhoutte déclare avoir été influencé par sa maîtresse : « Un crime pour refaire leur vie ensemble » lui avait-elle promis.
Les amants terribles sont transférés le jour même à la prison de Béthune par le train de 15 h 40. La foule, qui a envahi la gare les accueille aux cris de « A mort les assassins ! ». Les dix gendarmes qui escortent le couple ont bien du mal à le protéger et le hisser dans la voiture. La même scène se reproduit à Béthune où plus de cent personnes les encerclent de la gare à la prison. L’air arrogant de Léonie excite encore plus les manifestants.
La justice ne traîne pas, le 22 juillet les « amants terribles » sont jugés par la cour d’assise du Pas-de-Calais à Saint-Omer sous la présidence de Maître Thuillier, conseiller à la Cour d’appel de Douai.
Léonie continue de prétendre qu’elle en est arrivée à cette extrémité à cause de la violence de son mari envers elle et les enfants. Les témoins, collègues de travail, supérieurs hiérarchiques et voisins de Rousselle la contredisent. Victor n’était pas violent et jamais aucun cri, aucune dispute provenant du 12 cité Saint-Alfred n’ont été entendus. Même Léonie était considérée comme une bonne ménagère, s’occupant bien de ses enfants et de sa maison.
Raphaël Vanhoutte n’a pas d’autres excuses à faire valoir que celle de s’être laissé entraîner par sa maîtresse.
Le médecin légiste qui a autopsié le corps rapporte que la victime portait au front une plaie de cinq centimètres profonde de plus d’un centimètre faite avec le tranchant de la lame. Ce premier coup fut mortel. Quatre autres plaies derrière la tête ont occasionné de multiples fractures et un enfoncement de la boite crânienne prouvant l’acharnement de Vanhoutte.
Le procès est expéditif. Dès le lendemain, le verdict est prononcé. Après un sévère réquisitoire de Maître Mouron, procureur de la République, viennent les plaidoiries des défenseurs, Maître Lefebvre du Prey pour Vanhoutte et Maître Leblanc pour Léonie. Le jury se retire, la délibération ne dure pas plus de vingt minutes. Le président annonce le verdict : la Cour, estimant que la veuve Rousselle pouvait avoir quelques circonstances atténuantes, la condamne aux travaux forcés à perpétuité. Quant à Raphaël Vanhoutte, il est jugé coupable de meurtre avec préméditation. Pour lui, ce sera la peine de mort.
Dans la salle qui retenait son souffle, un seul bruit : l’un des frères de Raphaël applaudit et crie « Bravo ! ». Alors que les deux condamnés montent dans le fourgon de police, ce même homme hurle vers son frère : « Adieu crapule. C’est ton frère qui te le dit ».
Vanhoutte est écroué à la prison de Béthune où il rejoint d’autres condamnés à mort « célèbres » pour leurs méfaits dans la région, les criminels de la bande à Pollet. Léonie Rousselle est incarcérée à la prison du Bon Pasteur à Saint-Omer. Il semble que personne ne se soit aperçu que son ventre s’est arrondi.
L’appel de Maître Lefebvre du Prey en faveur de Raphaël Vanhoutte est rejeté le 28 août par la Chambre criminelle de la Cour de cassation de Lille
L’assassin conserve néanmoins un petit espoir de ne pas voir sa tête tomber dans le panier au pied de la guillotine. À Paris, Aristide Briand, garde des Sceaux, soumet à l’Assemblée nationale un projet de loi visant à supprimer la peine de mort en France. L’unique argument : éviter le retour d’erreurs judiciaires comme cela s’est déjà produit plusieurs fois. Mais la grâce présidentielle accordée récemment à l’auteur d’un crime horrible : le viol suivi d’assassinat d’une fillette de 11 ans, a suscité la colère de la population. Le 8 décembre, par 330 voix contre 201, la Chambre des députés repousse le texte.
À la suite de ce vote, le président Armand Fallières, pourtant abolitionniste convaincu (il a gracié les 62 hommes condamnés à mort depuis le début de son mandat.), hésite à affronter l’opinion publique. En ce début d’année 1909, il y a 28 détenus voués à la guillotine en France. Le vendredi 8 janvier, il en gracie six dont Raphaël Vanhoutte. Il annonce avoir pris ces décisions après un examen minutieux de chaque dossier et en fonction de la nature des crimes, des antécédents, âges et état mental et physique des condamnés.
Le lendemain à 4 heures 30 à la maison d’arrêt de Béthune, tandis qu’il entend de sa cellule le bourreau Anatole Deibler s’activer aux préparatifs des exécutions de la bande à Pollet, Raphaël Vanhoutte reçoit la visite du directeur de la prison qui lui annonce la décision du président de la République.
Le mercredi 13 janvier, Vanhoutte quitte Béthune pour se rendre à Douai où lui sera notifié officiellement sa grâce et annoncé que sa peine de mort sera commuée en travaux forcés à perpétuité.
Il change de train à Lens où il est reconnu. Un journaliste de l’Écho du Nord assiste à la scène. « Mercredi, du train arrivant en gare de Lens à une heure 29 est descendu Raphaël Vanhoutte. Reconnu immédiatement par les voyageurs, l’assassin de Lens suscita une vive curiosité… Vanhoutte, qui n’était pas d’une santé robuste, nous a semblé très déprimé, il était dans un état de prostration compléte. Il jetait çà et là autour de lui des regards où se mêlaient l’inconscience et la crainte… Néanmoins, aujourd’hui, aucun cri hostile ne fut poussé. La fureur du premier moment a fait place à la pitié. »
Le condamné parle au journaliste : « Je ne me suis pas rendu compte de la monstruosité de mon crime. Je me suis souvent demandé pourquoi j’avais tué le mari de mon amie alors qu’il m’eut été si facile de tenir ménage avec l’épouse infidèle. Je n’ai aucune nouvelle de la femme Rousselle. Je ne sais où elle est ni ce qu’elle fait. Au bagne, je m’inquiéterai d’elle et demanderai à entrer en correspondance avec elle. Je me conduirai bien là-bas, je me montrerai docile et discipliné ».
L’article se poursuit ainsi : « A une heure 40, le forçat prenait place dans un wagon de seconde classe à destination de Douai. Bien pénible fut le passage du jeune gracié. À son départ de Lens, la pitié, plus que la haine l’accompagna car Vanhoutte passe pour un esprit simple poussé à la haine par la passion. »
Le condamné rejoint ensuite sa nouvelle cellule à la prison de la rue de Cuincy à Douai. Le 25 janvier à 11 heures 45, il est convoqué avec un autre condamné gracié, Joseph Philippart, dans la salle du parlement de Flandre du Palais de Justice où doit leur être notifier leur nouvelle peine.
« Le cérémonial est aussi pompeux en sa sévérité qu’en sa brièveté, lira t’on dans la presse. Le procureur a donné lecture des actes de grâce devant la Cour. Les gendarmes au garde-à-vous mirent l’arme sur l’épaule, baïonnette au canon et la reposèrent, la cérémonie terminée, avec une correction parfaite. Et ce fut tout. »
L’article précise ensuite que l’état de santé de Vanhoutte est des plus précaires et qu’il se pourrai bien qu’il ne fasse pas de vieux os au bagne.
Avant d’atteindre la Guyane, le condamné est transféré dans un wagon cellulaire de chemin de fer vers le point d’embarquement à Saint-Martin-de-Ré. Vanhoutte y arrive le 10 février 1909.
L’homme ne sera alors plus qu’un matricule, le numéro 6055. Il restera plusieurs mois les pieds enchaînés dans une grande cellule au milieu d’autres bagnards, Le 9 juillet, après avoir été tondu, il embarque à bord du navire « La Loire », un bateau spécialement aménagé pour le transport des condamnés, à destination du bagne de Saint-Laurent-Maroni. En 1909, ces bateaux de la Société Nantaise de Navigation achemineront vers la Guyane 435 condamnés aux travaux forcés que l’administration appelle des « transportés ».
Le bagne de Saint-Laurent-Maroni n’est qu’un dépôt temporaire. La plupart des bagnards sont envoyés dans les autres camps et pénitenciers. Seul un petit nombre reste à Saint-Laurent, les hommes considérés peu dangereux qui ne tenteront pas de s’évader. Ils sont employés dans l’administration (jardiniers, peintres, cuisiniers…). Raphaël Vanhoutte en fait partie.,
Sur l’imprimé de dépôt des condamnés aux travaux forcés le concernant, il sera écrit : « Conduite bonne ». Mais les dernières personnes à avoir l’avoir vu en métropole avaient raison. Sa faible constitution et la maladie auront rapidement raison de lui. Le 4 juillet 1911, l’assassin de Lens décède à l’hôpital de Saint-Laurent-Maroni. Il avait 33 ans.
Ce jour-là, son dossier de bagnard sera simplement barré en croix. Ainsi se termine pour l’administration « l’affaire Vanhoutte ».
A Saint-Laurent, il n’y a pas de cérémonie pour un bagnard décédé. Le corps de Vanhoutte est emmené en charrette « aux Bambous », nom donné à la partie réservée aux bagnards du cimetière communal. Il est enterré dans l’une des nombreuses fosses communes.
Le 7 janvier 1909, à la mairie de Saint-Omer, un certain Louis Berthe, comptable à la prison du Bon-Pasteur, vient déclarer la naissance de Léon Rousselle, fils légitime de Léonie Rousselle née Courtin et de feu son mari Victor Rousselle. Nous sommes là un peu moins de neuf mois après l’assassinat du mineur lensois….
Léonie abandonnera l’enfant et sera ensuite transférée à la prison centrale pour femmes de Rennes. Elle y finira ses jours le 20 février 1946 à l’âge de 65 ans.
Quant aux enfants présents le soir du crime, ils retournèrent à Sainte-Marie-Kerque où ils furent recueillis et éduqués par les parents de Léonie. Isabelle épousera en 1924 Jules Bertier un cordonnier du village, Marius sera, comme son père et son grand-père, manouvrier dans les fermes. Il épousera en 1931, une fille d’Eperlecques.
La famille de Raphaël Vanhoutte quitta définitivement Sainte-Marie-Kerque. Avec le décès à Helfaut, le 16 août 1985 de Léon, le troisième enfant de Léonie, se ferme définitivement le livre sur l’histoire des assassins de Lens.
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