Mines de charbon de France
Les mines de charbon en France sont l'ensemble des charbonnages situés en France. L'extraction du charbon de terre (par opposition au charbon de bois) est très ancienne et remonte au moins au Moyen Âge mais connaîtra un développement important à la fin du xviiie siècle et surtout pendant la révolution industrielle dans la seconde moitié du xixe siècle. Notons que la France, malgré ses richesses, n'a jamais été auto-suffisante en charbon et que même au summum de la production dans les années 1960, elle a toujours importé du charbon étranger (venant du Royaume-Uni, d'Allemagne, de l’Union soviétique, de Pologne, etc.).
Les houillères ont été nationalisées par la loi no 46-1072 du qui crée l'établissement public Charbonnages de France. Mais plus de 200 petites exploitations échappèrent à la nationalisation, dont les principales étaient les exploitations de Faymoreau (Vendée), les mines de Lavaveix (Creuse), Manosque et Bois d'Asson (Alpes-de-Haute-Provence), le bassin du Briançonnais (Hautes-Alpes), les houillères de Ronchamp, etc.
La dernière mine privée en France se situait à Cruéjouls, dans l’Aveyron. Elle a fermé ses portes en 1988. L'exploitation cesse sur le territoire national en 2004, avec la fermeture de La Houve dans le bassin houiller lorrain.
Les bassins houillers[modifier | modifier le code]
Le décret du transfère les biens des différentes houillères du centre et du sud de la France (Auvergne, Loire, Provence, Dauphiné, Blanzy, Cévennes et Aquitaine) aux Houillères du Bassin du Centre et du Midi (HBCM) ; les Houillères de Bassin Nord-Pas-de-Calais (HBNPC) et de Lorraine (HBL) sont toutefois maintenues.
Le bassin du Nord-Pas-de-Calais[modifier | modifier le code]
Affleurant à la frontière franco-belge, le gisement s'enfonce progressivement vers l'ouest où il prend le nom de Sillon Sambre-et-Meuse, une fois la frontière traversée.
Son exploitation dans le département du Nord a débuté à Anzin au xviiie siècle. Mais les recherches en Artois étaient restées vaines, en raison d'un changement d'orientation des veines. C'est donc par hasard, en creusant un puits artésien qu'on en retrouvera la trace vers Oignies en 1841.
Cette découverte sera le point de départ d'une vaste campagne de prospection qui aboutira à la création de nombreuses compagnies minières.
L'exploitation du gisement déclinera à partir de 1960 et sera définitivement arrêtée en 1990.
Le bassin de Lorraine[modifier | modifier le code]
Le bassin houiller Lorrain est contigu avec le bassin houiller de la Sarre. L'activité a commencé au milieu du xixe siècle et a totalement cessé en 2004. En 2006 a été inauguré le Musée de la mine du carreau Wendel.
Le bassin de la Loire[modifier | modifier le code]
Le bassin houiller de la Loire, avec ses nombreux affleurements, fut historiquement le premier à être exploité en France. Il fut le principal producteur national de charbon durant la première moitié du xixe siècle. Vers 1860, il est définitivement rattrapé par le Nord-Pas-de-Calais, qu'il dépassa occasionnellement en période de guerre, lorsque les Allemands noient les mines nordistes en 1918, et qu'il faut plusieurs années pour les récupérer. L'appellation de " bassin houiller de la Loire " apparait début xixe siècle à la suite des travaux cartographiques de l'ingénieur des mines Louis Antoine Beaunier.
C'est à Saint-Étienne qu'était installé le siège des H.B.C.M. (Houillères des Bassins du Centre et du Midi).
Le bassin de Blanzy-Epinac-La Machine[modifier | modifier le code]
Les houillères de Blanzy sont à la fois les mines historiques de la région de Blanzy et une division de Charbonnages de France créée lors de la nationalisation. Elle regroupe alors trois bassins miniers exploités en Bourgogne, mais sans lien géologique entre eux : Blanzy-Montceau-les-Mines-Le Creusot (Saône-et-Loire), Épinac (Saône-et-Loire) et Decize-La Machine (Nièvre).
Exploité dès le Moyen Age, mais de façon industrielle à partir du xixe siècle et ce jusqu'en 1992 pour la mine souterraine et 2000 pour l'extraction à ciel ouvert, les houillères permettent l'essor de l'industrie sidérurgique et mécanique dans la région (notamment Schneider et Cie).
Le bassin des Cévennes : Gard et Hérault[modifier | modifier le code]
Le bassin houiller des Cévennes a la forme d'un triangle au nord d'Alès d'environ 200 km² autour du massif gneissique du Rouvergue. Il comprend trois bassins principaux : à l'Ouest la Grand'Combe (charbons maigres et anthraciteux), à l'est Bessèges (charbons gras) et au sud Rochebelle (charbons gras).
Le charbon des mines de charbon des Cévennes est extrait au moins depuis le milieu du xiiie siècle comme l'attestent de nombreuses minières appartenant aux seigneurs ou aux communautés religieuses. L'exploitation artisanale se développe jusqu'au XVIllème. C'est au xixe siècle que prirent forme les quatre principales compagnies minières : la compagnie des mines de la Grand' Combe créée à la suite d'une initiative prise en 1836 par le grand capitaine d'industrie français Paulin Talabot de regrouper différentes exploitations, la compagnie houillère de Bessèges qui reprend les concessions de madame de Suffren et la Cie des mines de Rochebelle créée par le maréchal Soult au début des années 1830 pour l'exploration du domaine de François Pierre de Tubœuf. Enfin la Cie des Mines de Portes et Sénéchas fut développée en 1854 par le financier Jules Mirès. Le décret du et les lois de nationalisation qui instituant les Houillères de Bassin des Cévennes organisent le transfert des biens des sociétés à l'État : compagnie des Houillères de Bessèges, Société des mines de Cessous, Compagnie des mines de La Grand-Combe, société des Houillères du Nord d'Alès (Mine de Ladrecht à Saint-Martin-de-Valgalgues), société des houillères de Rochebelle (Alès) ainsi que les houillères de Lalle (appartenant à M. Auguste Leydier) à Bessèges et les houillères de Trélys (au Martinet) et Palmasalade qui appartiennent à la compagnie des mines, fonderies et forges d'Alès. Le décret du viendra y adjoindre quatre concessions appartenant à l'État : Olympie, Malataverne, Les Pinèdes (Gard) et Doulovy (Ardèche).
Le , les HBC sont intégrées dans les Houillères de Bassin du Centre-Midi et deviennent « Unité d'Exploitation (U.E.) du Gard ».
Dans l'Hérault les zones de Graissessac et Camplong furent exploités.
Les bassins d'Auvergne[modifier | modifier le code]
Le Bassin du Dauphiné[modifier | modifier le code]
Le Bassin de Provence[modifier | modifier le code]
Les bassins de Midi-Pyrénées[modifier | modifier le code]
Mines de houille et lignite non nationalisées[modifier | modifier le code]
Trois vastes basins houillers français s'étendent dans la région des Pays de la Loire et n'ont jamais connu la nationalisation : celui de Vendée (notamment exploité à Faymoreau de 1775 à 1958), celui de Basse Loire (notamment exploité à Montrelais et dont la dernière mine, le site des Malécots, a fermé en 1964 en conservant un statut privé) et celui de Laval1.
Creuse : Le bassin de Lavaveix-Ahun était à l'est de Guéret et il a eu son apogée vers 1875 quand il employait 2 000 personnes et produisait 350 000 t de charbon par an. Il s'agissait de mines de fond (puits de 300 m)qui ont cessé leur activité vers 1960 après avoir produit 10 millions de tonnes de charbon. Le bassin de Bosmoreau, près de Bourganeuf, a d'abord été exploité par puits (260 m) puis à ciel ouvert. En 1951, 359 ouvriers ont extrait 264 000 t. La mine a fermé en 1958. Les houillères de Cublac avaient fermé avant la Première Guerre mondiale.
De nombreuses mines sont exploitées entre le xvie siècle et le xxe siècle dans ces deux régions bien que le gisement soit resté majoritairement inexploité. La principale exploitation est située en Haute-Saône, il s'agit des houillères de Ronchamp exploitées de 1744 à 1958. Elles ont eux deux fois de suite le puits le plus profond de France : le puits du Magny (694 mètres) en 1878 et le puits Arthur-de-Buyer (1 010 mètres) en 1900. À la nationalisation les puits en activité et la centrale sont confiés à EDF.
Le site du puits du Méglin est la dernière mine de charbon privée d'Auvergne (et l’avant-dernière du Massif Central) a fermé ses portes, le 2.
D'autres petites mines sont également exploitées dans les années 1940 et 1950 sans êtres nationalisées comme les houillères d'Aubigny-la-Ronce et de La Chapelle-sous-Dun en Bourgogne ou encore les houillères de Littry en Normandie.
Histoire[modifier | modifier le code]
Développement de l'industrie houillère[modifier | modifier le code]
La ressource minière de charbon est exploitée dès 1230 par les moines de l'abbaye de Cendras dans les mines de charbon des Cévennes3.
En France, Henri IV crée en 1601 la « Grande maîtrise des mines et minières de France » qui est dorénavant seule habilitée à accorder l'autorisation d'ouvertures de mines dans le royaume. Les galeries elles, ont été établies au xviie siècle. Mais c'est au xviiie siècle que l'utilisation du charbon se développe réellement.
La Compagnie des mines d'Anzin est l'une des premières grandes sociétés européennes, puis la Compagnie des Mines de la Loire extrait en 1844 près de 85 % du charbon de l’ensemble du Bassin houiller de la Loire (soit 1/4 de la production nationale) et emploie 4 000 mineurs, essentiellement à Rive-de-Gier, tandis que la production monte dans le Pas-de-Calais et vers Firminy à partir du milieu du siècle.
La stratégie malthusienne des compagnies débouche sur une pénurie de charbon dans l'hexagone, aggravée lorsque les allemands détruisent les puits pendant la première guerre mondiale. Pour trouver d'autres sources d'énergie et ne pas trop importer de charbon, l'État et la Bourse favorisent la multiplication par huit de la production hydroélectrique dans les années 1920, puis l'émergence du nucléaire dans les années 1960.
La révolution industrielle est permise par le charbon et elle conduit à l'augmentation exponentielle de l'exploitation minière, qui façonnera alors le paysage de 880 communes françaises situées dans 18 départements, sur le territoire desquelles s’étendaient 261 concessions d'exploitations minières, la plus importante étant le Nord-Pas-de-Calais4.
Dans les départements de la zone rouge, les communes seront souvent rasées et les installations des houillères totalement détruites (sabotées par les Allemands quand elles avaient été épargnées par les obus et bombes). Le bassin minier du nord s'en relève en quelques années, malgré des coûts d'exploitations plus importants qu'en Belgique et en Grande-Bretagne.
La fermeture des charbonnages[modifier | modifier le code]
Néanmoins, tous les gisements « faciles » ayant été totalement exploités, il a fallu descendre de plus en plus profondément, ce qui a fait fortement croître les coûts d'exploitation ; par exemple, le soutènement renforcé de la mine de Gardanne en fin d'exploitation a nécessité d'utiliser environ une tonne d’acier par mètre de galerie creusé et celle Merlebach en Lorraine demandait des conditions techniques de plus en plus complexes.
Un dernier et coûteux essai de relance du charbonnage français de 1981 à 1983 se solde finalement par un pacte charbonnier, signé en 1994 entre l’État et les organisations syndicales, prévoyant la fermeture des puits pour 2005. L'exploitation, bien que non rentable, s'est poursuivie pour des raisons sociales.
L’année 1990 marque l’arrêt des dernières machines des houillères du Nord-Pas-de-Calais et un plan social évalué par la Cour des comptes à neuf milliards de francs de l’époque soit environ 1,88 Md€ (valeur 2007 pour l'euro). La dernière mine française de charbon a fermé en à La Houve en Lorraine.
De 1999 à 2004, le charbon français est vendu à un prix inférieur à son coût d'extraction. Par exemple, selon la cour des comptes, en 2002, alors que la production était encore importante (1,6 million de t/an), le prix de vente était de 49,8 €/t alors que le coût de revient a atteint 222,8 €/t (4,5 fois plus) !
En Provence, la HBCM vendait à perte le charbon extrait de son plus gros site depuis 1996. Pour la mine de la Mure, le prix de vente était en moyenne 4 fois inférieur au coût d'exploitation durant les 3 dernières années d'exploitation, avant fermeture définitive en . Entre 1990 et 2007, l'État a selon la cour des comptes apporté 20 Md€ de concours à Charbonnages de France dit CdF (7,9 Md€ de dotations en capital et 12,1 Md€ de subventions) et a finalement dû payer avant la liquidation de CdF, une dette s’élevant à 2,4 Md€ en principal et 470 M€ en intérêts.
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