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mercredi 28 février 2024

09/1948:Liévin, Grisou. 7 tués

 

09/1948:Liévin, Grisou. 7 tués

HOMMAGE AUX VICTIMES DU 7 DE LIEVIN
LE 10 SEPTEMBRE, VERS 10 HEURES, DANS LA VEINE LEONARD DU 7 DE LIEVIN, UNE EXPLOSION PROVOQUAIT LA MORT DE DEUX JEUNES PORIONS. SIX AUTRES MINEURS ETAIENT GRIEVEMENT BRULES. CINQ D’ENTRE EUX DEVAIENT SUCCOMBER DES SUITES DE LEURS BRULURES.
NOUS PUBLIONS CI-DESSOUS LE DISCOURS PRONONCE AUX OBSEQUES DU PORION DESAILLY PAR M. LALLIGIER, DIRECTEUR DES TRAVAUX DU FOND DU GROUPE. CET HOMMAGE, QUI MAGNIFIE LE COURAGE ET LA CONSCIENCE PROFESSIONNELLE DES TRAVAILLEURS DE LA MINE, S’ADRESSE A TOUTES LES VICTIMES DE CETTE PENIBLE CATASTROPHE.

C’est avec une profonde et douloureuse émotion que je viens ici, au nom de la Direction du groupe de Liévin,adresser un suprême hommage à Augustin Desailly, si tragiquement disparu. Alors que l’on pouvait espérer que la mort cesserait de frapper, au moment même où nous adressions notre adieu à ses camarades, Augustin Desailly succombait au mal et une cinquième victime s’ajoutait au triste bilan.Noble victime, morte à la tâche, morte à cause de son dévouement, car nul n’ignore que c’est en vrai chef, et comme tel sachant assumer les responsabilités, qu’il s’est efforcé de lutter contre le terrible danger qui venait de s’allumer dans son quartier. Efforts vains, certes, puisqu’ils l’ont retardé dans une retraite qui l’aurait sauvé, mais non inutiles, car de tels efforts au moment où le danger est imminent, menaçant pour tous, sont un exemple dont la grande famille des mineurs peut être fière.
Augustin Desailly, en ce tragique vendredi, est à sa tâche. Encourageant les uns. conseillant les autres, il esl tout à son métier de mineur qu’il connaît bien, car il l’exerce depuis 28 ans. Mais un jeune ouvrier, malheureuse victime lui aussi, vient le trouver ; le feu est à une galerie ; il y a danger. Immédiatement Desailly se rend sur les lieux, voit ce danger. Que va-t-il faire alors ? S’occuper de sa personne et abandonner la partie ? Gela lui aurail sans doute sauvé la vie. ” Mais ce n’est pas son genre. Il n’a qu’une préoccupation : sauver les ouvriers de son quartier et ceux de la fosse des terribles ennemis qui peuvent entrer en jeu : les explosions, les gaz asphyxiants. Il donne l’ordre aux ouvriers de la taille d’évacuer, mais il veut combattre le l’eu et il veut éviter la propagation du sinistre pour donner à ses ouvriers le temps de se mettre en sécurité — et puis il y a d’autres quartiers qui travaillent, ne savent rien et peuvent être en danger ; pour ceux-là aussi, il faut agir au plus tôt. Il lui faut de l’eau ; il court donner des ordres pour l’amener et puis quelques instants après revient sur le feu ; mais celui-ci a pris une grande ampleur, il ne reste aucun espoir d’agir immédiatement. Desailly se retire, rejoint les ouvriers restés avec lui dans le quartier, et c’est lorsqu’il arrive au pied de celui-ci qu’il est atteint avec six de ses camarades par l’explosion meurtrière. Grièvement brûlé, la douleur le terrasse ; mais lorsqu’au jour on lui prodigue les soins, c’est à ses ouvriers qu’il pense et dont inlassablement il demande des nouvelles et c’est pour lui une joie d’apprendre qu’une partie, dont ceux de la taille, a pu être sauvée. Quelle magnifique leçon nous a-t-il donné là ! En ces heures douloureuses où nous sommes étreints par une même émotion, comment ne pas nous unir dans un sentiment de fraternité autour des pauvres restes de cet homme de devoir et de courage. Car n’y a-t-il pas dans cette mort, où l’intérêt des camarades de travail a passé avant l’intérêt personnel, un bel exemple de cette fraternité qui doit animer tous ceux de la mine. La mine est, hélas ! toujours dangereuse et meurtrière, et c’est l’union des efforts de tous, ouvriers, agents de maîtrise, ingénieurs, c’est la confiance réciproque qui peut faire reculer les dangers qu’elle présente. La Direction du Groupe a perdu un de ses meilleurs porions; ses qualités professionnelles et de commandement étaient connues et appréciées. Les ingénieurs ont perdu un de leurs meilleurs collaborateurs très estimé. J’exprime ici leurs plus grands regrets et apporte leur douloureuse sympathie à la famille d’Augustin Desailly et à la corporation des employés. Ces derniers mots s’adressent, Madame, plus directement à vous et à vos enfants. En rappelant les vertus de votre époux regretté, celles qui sont apparues à l’heure du danger, son courage et sa valeur d’homme, j’espère, non pas apaiser une douleur qui ne peut l’être, mais vous montrer que vous n’êtes pas seule à le regretter. Autour de vous, s’élève toute la peine de ses ouvriers, de ses compagnons et de ses chefs. Puissent toutefois ces regrets unanimes être pour vous un réconfort dans cette épreuve. Je vous prie d’agréer, Madame, les condoléances attristées de la Direction du Groupe. A vous, mon cher Desailly, un dernier adieu.

LES VICTIMES :

DUFRESNES Henri.
THUMERELLE Victor.
DESAILLY Augustin.
LECOUSTRE Antoine.
NÉAUPORT André.
MORGIEL François.
DOMINICZAK Léon

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