Les mines d'asphalte du Gard
25/04/2020
Il existe dans le Gard, à Saint-Jean-de-Maruéjols-et-Avéjan près de Barjac, des gisements d'asphalte qui furent exploités jusque très récemment en mines souterraines. L'asphalte est une roche sédimentaire, généralement calcaire, imprégnée de bitume (hydrocarbures), qui s'est formé sous l'effet de la compression de ces deux matériaux. La teneur en bitume varie le plus souvent entre 7 et 13% environ.
Dès le troisième millénaire avant Jésus-Christ, les civilisations les plus anciennes ont eu recours, de façon intensive, à l'asphalte naturel pour assembler ou jointoyer les matériaux les plus divers : pierres, terre cuite, bois, chanvre...
L'utilisation de l'asphalte s'est généralisée en l'Europe de l'Ouest à partir du XVIIIe siècle avec la découverte de gisements importants, notamment en Suisse et en France. Son emploi sous la forme actuelle d'asphalte coulé, s'est développé à partir du XIXe siècle. En effet, la poudre issue du minerai d'asphalte donne, par élévation de température, un mastic ayant la propriété, dès refroidissement, d'être étanche dans la masse, mécaniquement résistant, et peu sensible au vieillissement.
Ce produit, tout à fait adapté aux besoins créés par l'essor industriel des XIXe et XXe siècles, est alors employé pour les étanchéités de bâtiment et d'ouvrages de génie civil, ainsi que pour la réalisation de voiries particulièrement robustes.
Source : site internet de la SMAC
Concessions de Saint-Jean-de-Maruéjols et du Rebesou (S.F.A.) - Saint-Jean-de-Maruéjols-et-Avéjan
La concession de Saint-Jean-de-Maruéjols a été attribuée le 4 juin 1859 à trois associés. L'exploitation de l'asphalte se faisait sur des affleurements ou par des travers-bancs. En 1872, la concession fut reprise par la «Société Française des Asphaltes» (S.F.A.) fondée par M. Vian. Elle fonça en 1896 le puits Bond profond de 54 m et le petit puits pour l'aérage. La S.F.A. poursuivit les travaux en fonçant en 1908, au nord de la concession, le puits Vian, profond de 120 m et mis en service en 1910. La concession du Rebesou (du nom du ruisseau la traversant) fut quant à elle attribuée le 26 février 1908 à une société dont le siège se trouvait à Londres. Elle fit donc appel à la S.F.A. pour l'exécution des travaux. Le gisement se compose dans ce secteur de plusieurs couches dont la puissance varie de 0,20 à 2 m. Le 30 décembre 1925, la S.F.A. racheta la concession du Rebesou et abandonna la zone sans cesse noyée des puits Bond et Vian. Elle débuta alors en 1931 le fonçage du puits Goldney de l'autre côté de la route. Il fut terminé le 12 novembre 1932 et mis en service en 1936. Le puits Bond fut conservé pour assurer l'aérage. Le puits Goldney fut relié par un travers-bancs de 500 m au puits Berry, profond de 210 m et ouvert en 1935. Jusqu'à la fermeture en 2008, le puits Goldney assurait l'exploitation du gisement : extraction de l'asphalte, accès du personnel et du matériel. Le puits Berry servait de puits de secours et d'aérage.
Source : «Les mines des Cévennes» de Michel Vincent
Lors de mon premier passage en mai 2009, le chevalement était encore équipé de ses câbles et un stock important d'asphalte était présent sur le site. En août 2010, les 2 puits ainsi que la machine d'extraction étaient en cours de «mise en sécurité», obligatoire dans le cadre de l'arrêt définitif des travaux. Je remercie M. Gandon, Directeur de la mine, pour son autorisation de visiter les installations jour du puits Goldney.
Le puits Goldney en 2009/2010
Le puits Berry en 2010
Retour sur le site de la S.F.A. en 2019
Le site du puits Goldney a été «nettoyé» de ses éléments annexes (matériel, réservoirs, trémies...). Toutefois la plupart des installations ont été conservées (chevalement et sa recette, salle des machines, bâtiments annexes). Le puits Berry est également préservé avec le petit local abritant le treuil d'extraction (mais ce dernier a été démantelé). Les deux sites ont été récupérés par la commune de Saint-Jean-de-Maruéjols-et-Avéjan dans l'attente d'un projet de valorisation. Les bâtiments du puits Goldney sont sous alarmes pour éviter toute dégradation complémentaire.
Concession de Foncouverte (S.M.A.C.) - Saint-Jean-de-Maruéjols-et-Avéjan
La concession de Foncouverte a été accordée le 11 août 1906 à la «Société des Mines d'Asphaltes du Centre» (S.M.A.C.) qui ouvrit trois chantiers. L'un d'entre eux, situé à l'est du village d'Avéjan, comprenait un grand plan incliné et le puits des Echelles qui servait pour le personnel. Fin 1907, plus au sud, fut foncé le puits Delamare, dans lesquels les ouvriers étaient en permanence confrontés à des venues d'eau. Il fut terminé en 1911, de même que de nombreux bâtiments comprenant : la recette, un triage, une chaudronnerie, des bureaux, la maison du directeur, des cités pour les ouvriers et une centrale électrique. L'abandon du puits Vian, dans la concession voisine de Saint-Jean-de-Maruéjols, accrut la venue d'eau au puits Delamare. Ne pouvant pas résoudre le problème, la société entreprit au printemps 1922 le fonçage du puits Alexandre, 500 m plus loin. Il fut mis en service en 1924. La société ne put étendre les galeries du puits Alexandre vers le nord en raison de la présence d'une source utilisée par les habitants. La pauvreté et l'épuisement du gisement eurent raison du puits Alexandre.
Le concessionnaire revint alors sur le carreau du puits Delamare, où, dans l'impossibilité de l'assécher, il débuta en 1925 le creusement du puits Oblique. Il s'agit d'une galerie de 268,40 m avec une pente de 45°C, terminée en 1928. Le minerai était remonté par un chariot à deux niveaux circulant sur des rails. Pour aérer les travaux du plan incliné, il fut décidé de le mettre en relation avec le puits Alexandre, qui devait servir au retour d'air et à la sortie du minerai.
La S.M.A.C. cessa ses activités d'extraction de l'asphalte dans la région en 2002. Le chevalement du puits Alexandre fut démonté pour être installé au musée de la mine de Rochebelle à Alès et tous les autres bâtiments ont été détruits. Il subsiste néanmoins quelques bâtiments du puits Delamare, mais surtout ceux du puits Oblique à l'architecture caractéristique datant des années 1960. Ce site fait actuellement l'objet d'un projet de réhabilitation.
Source : «Les mines des Cévennes» de Michel Vincent
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