MEMOIRE-HISTOIRE-VILLE LENS ,LES MINES62/59:RCL: Patrimoine et industrie minière hors de France, [Roumanie:Bassin houiller de la vallée du Jiu

Roumanie: le Bassin houiller de la vallée du Jiu

23/10/2016

La vallée du Jiu est située dans le sud de la Transylvanie, dans le judeţ de Hunedoara, le long de la rivière Jiu qui coule entre les monts Retezat et les monts Parâng. En 1989, elle produisait 11 millions de tonnes de charbon avec 60 000 mineurs répartis dans 14 mines. En raison de la restructuration du secteur minier depuis le début des années 90, il ne reste aujourd'hui plus que 6 mines qui occupent environ 5 000 mineurs. La vallée du Jiu reste le principal centre d'extraction du charbon en Roumanie, mais elle est devenue une des régions les plus pauvres de Roumanie.

Les premières mentions du charbon de la vallée du Jiu remontent à 1782, mais la prospection ne débute réellement qu'en 1835. En 1840, sous la protection de l'Empire Austro-Hongrois, le baron Victor Maderspach et les frères Hofmann commencent l'exploitation des affleurements de charbon à Vulcan, Petroşani et Petrila. En 1854, les exploitations minières de la région sont réunies dans la "Societatea de Mine din Transilvania-Vest", rachetée plus tard par la "Societatea Anonimă de Mine şi Furnale din Braşov".
En 1885, les allemands J. Ritter et G. Gebert fondent la "Societatea de Mine de Cărbuni din Valea Jiuliu de Sus" basée à Vulcan, avec des implantations dans le nord du bassin à Dâlja, Iscroni et Vulcan, et dans l'ouest à Uricani et Câmpu lui Neag. Cette compagnie fonctionnera jusqu'en 1930 quand elle est absorbée par la "Societatea Petroşani".
En 1890, la "Societatea Anonimă de Cărbuni din Jiu-Uricani" est créée avec des capitaux hongrois. L'année suivante, elle s'associe avec des financiers français soutenus par la banque Crédit Lyonnais et change de nom pour devenir la "Societatea Anonimă de Mine şi Cărbun din Uricani-Valea Jiului" dont le siège est à Lupeni.
En 1894, la société hongroise "Societatea Anonimă de Mine de Cărbuni din Salgótarján", soutenue par la Wiener Bankverein, rachète toutes les mines et concessions de la "Societatea Anonimă de Mine şi Furnale din Braşov". A la fin du XIIe siècle, trois sociétés exploitent le charbon dans la vallée du Jiu : Societatea Salgótarján, Societatea Uricani-Valea Jiului et Societatea Valea Jiului de Sus.
En 1920, la société anonyme roumaine "Petroşani" est créée par deux groupes d'actionnaires : le groupe constitué des actionnaires de l'ancienne société Salgótarján soutenus par la Banque Commerciale Hongroise et un groupe de 19 grandes banques. En 1924, la société anonyme roumaine "Lupeni" est créée par un groupe de 12 banques roumaines, conjointement avec la "Societatea Uricani-Valea Jiului". Enfin en 1926 est créée la "Societatea carboniferă Lonea" propriété de l'Etat roumain. En raison de la crise économique en 1928, les premières mines sont temporairement fermées : Lonea I (1928), Lonea II (1930), Dâlja et Vulcain (1931). Le 29 mai 1931, les sociétés "Petroşani" et "Lupeni" sont fusionnées sous le nom de "Societatea Minieră Petroşani".
En 1948, les mines sont nationalisées et reprises par la société roumano-soviétique "SovRom Cărbune" créée par décret le 20 août 1949. Les mines fermées seront alors réouvertes : Lonea I et II la même année, Vulcan en 1951 et Dâlja en 1960. En 1953, la société "SovRom Cărbune" est liquidée ; le Ministre des Mines créé alors par décret le "Combinatul Carbonifer Valea Jiului" le 14 septembre 1956. Le combinat est successivement renommé "Centrala Cărbunelui Petroşani" en 1969, puis "Combinatul Minier Valea Jiului" en 1977. L'Etat communiste ne cessa d'augmenter la production de charbon jusqu'aux bouleversements politiques de 1989. En 1991, le "Combinatul Carbonifer Valea Jiului" est dissout et une nouvelle société est constituée : "Regia Autonoma a Huilei din România". Un long processus de restructuration des mines de charbon est alors engagé, et les fermetures se succèdent :
      • Lonea Pilier en 1994 (la mine fut créée en 1986)
      • Valea de Brazi en 1998 (ouverte en août 1986)
      • Câmpu lui Neag et Petrila Sud en 1999
      • Iscroni (Livezeni Sud) en 2001
      • Dâlja en 2004
      • Bărbăteni en 2005 (rattachée à la mine Lupeni, puis définitivement fermée en 2007)
      • Aninoasa en 2006
Entre-temps, le 20 novembre 1998, la Régie est transformée en "Compania Naţională a Huilei S.A. - Petroşani" (CNH). Pour se conformer aux directives européennes qui interdisent toute subvention au charbon après 2018, les mines ne pouvant pas redevenir rentables (Uricani, Paroşeni, Petrila) sont transférées en novembre 2012 dans la "Societatea Naţională de Închideri Mine Valea Jiului S.A." (SNIMVJ). Cette société est en charge de la fermeture de ces mines d'ici 2018. Le 18 décembre 2012, les 4 autres mines en activité (Livezeni, Vulcain, Lonea et Lupeni), ainsi que le lavoir central (les lavoirs des différents sièges ayant été fermés) et la station de sauvetage minier, sont transférées dans la "Societatea Naţională a Huilei S.A." (SNH). Enfin en 2013 la SNH est absorbée par la compagnie publique "Complexul Energetic Hunedoara S.A.". Le charbon est aujourd'hui principalement brûlé dans les centrales thermiques de Paroşeni et Mintia, depuis la fermeture des hauts-fourneaux d'Hunedoara et Călan.

Mina Aninoasa / Aninoasa

Etat : fermée en 2006
L'exploitation de la mine de charbon Aninoasa a commencé en 1885, et atteint son apogée dans les années 70, quand plus d'un million de tonnes sont extraites par an. Un téléphérique de 4200 mètres de long est construit en 1892 pour évacuer la production ; un deuxième suivra en 1914. Afin de poursuivre le développement de la mine, deux nouveaux puits sont foncés au sud à partir de 1962 et équipés de tours d'extraction en béton ; les travaux seront achevés en 1966. Dans les années 80, la production baisse autour de 500 000 tonnes par an. En 2000, le Gouvernement prend la décision de fermer la mine. La dernière berline de charbon sera remontée le 17 avril 2006. Le siège sud et ses 2 tours d'extraction a été intégralement rasé. Le site principal fait l'objet d'un projet de reconversion en musée ; le chevalement du puits a été restauré.

Mina Livezeni / Petroşani

Etat : en activité
Compagnie : Societatea Naţională a Huilei S.A.
La mine Livezeni est probablement la plus importante mine souterraine de la vallée du Jiu avec une production annuelle de plus de 300 000 tonnes de charbon et des réserves estimées à 20 millions de tonnes. La construction de la mine débute en 1967 et les premières tonnes de charbon seront extraites en 1972. Le 29 novembre 1980, une explosion dans la mine tua 53 personnes. En 1987, le puits d'aérage n°4 est converti en puits d'extraction pour la mine Petrila-Sud. Le lavoir est fermé en 1997 puis démoli.
La mine Livezeni compte aujourd'hui 4 puits : deux sur le siège principal, équipés de tour d'extraction en béton (extraction et service) et deux puits de service localisés à l'est de la mine dans le quartier Maleia ; un de ces puits est surmonté d'un chevalement en béton et sert pour l'aérage (retour d'air).

Carreau Maleia

Mina Lonea / Petrila

Etat : en activité
Compagnie : Societatea Naţională a Huilei S.A.
L'exploitation du charbon dans l'est de la vallée du Jiu débute en 1869 avec l'ouverture de la mine Lonea I. Suivront les mines Lonea II et Lonea III (Jieţ). Le puits Jieţ est foncé en 2 étapes : en 1873 puis entre 1894 et 1895. En raison de la crise économique, les mines Lonea I et Lonea II sont fermées en 1928 et 1930. Seule la mine Lonea III restera ouverte. Les mines Lonea I et II sont relancées en 1949 et deviendront la mine Lonea en activité de nos jours. En pleine période communiste, entre 1961 et 1965, de nombreux investissements sont réalisés pour moderniser la mine. En 1966, un nouveau puits d'extraction central équipé de skips, entièrement automatique, est mis en service. Le record de production est atteint en 1989 avec 1,304 millions de tonnes extraites.
Aujourd'hui le site principal comporte 3 puits : le puits central d'extraction surmonté d'une tour en béton, un puits de service équipé d'un ancien chevalement métallique, et un troisième puits à l'ouest du carreau, équipé d'un grand chevalement moderne et de skips pour l'extraction des stériles. Il ne semblait pas en fonctionnement lors de mon passage. Au sud du carreau principal, le puits Jieţ est encore utilisé pour le service (descente du personnel notamment).
Une particularité de la mine Lonea est son chemin de fer à voie de 790mm long d'environ 6 kilomètres entre le site d'extraction et les voies des CFR au niveau de la mine Petrila. Des trains composés de 6 wagons de 20 tonnes assurent plusieurs fois par jour le transport du charbon. Le réseau était initialement électrifié. Dans les années 80, les vieilles locomotives sont remplacées par des locos diesel Faur L45H encore en service de nos jours.

Puits Jieţ

Chemin de fer à voie étroite entre la mine Lonea et la mine Petrila

Mina Lupeni / Lupeni

Etat : en activité
Compagnie : Societatea Naţională a Huilei S.A.
En 1884, Rafael Hofmann obtient des concessions minières à Lupeni. Entre 1892 et 1902 sont ouvertes les mines 'Nord', 'Stefan', 'Victoria', 'Ileana” et 'Carolina' au nord, et les mines 'Sud' et 'Ella' au sud. En 1914, les mines 'Sud' et 'Ella' sont fermées, tout comme les mines 'Victoria' et 'Carolina' en 1931. Les autres exploitations formeront la mine Lupeni qui deviendra la plus grande mine de la vallée du Jiu. En 1930 est mis en service le plus grand et moderne lavoir de Roumanie. Il fermera en 2003 après la modernisation du lavoir central de Coroesti.
Le carreau de la mine est dominé par l'immense tour en béton assurant l'extraction du charbon. On y trouve aussi un puits de service muni d'un petit chevalement en béton, ainsi que deux téléphériques pour la mise à terril. Le principal puits de service (puits 12 - Ştefan) est situé sur une colline au nord, à proximité immédiate de la cité minière ; il est surmonté d'un joli chevalement portique dissymétrique. Ce puits a la particularité d'avoir sa recette 'jour' sous la surface, reliée au carreau principal par une galerie horizontale. Deux puits auxiliaires, équipés de petits chevalements métalliques d'un modèle courant dans la vallée, sont également visibles à l'est de la mine, en bordure de la route. Le plus éloigné, muni de ventilateurs pour le retour d'air, est à l'abandon. Le second semble encore utilisé.