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vendredi 1 mars 2024

Patrimoine et industrie minière hors de France,Belgique:Bassin houiller du Centre

 

Belgique: bassin houiller du Centre


Entre Mons et Charleroi, le bassin houiller du Centre ponctue le sillon charbonnier qui court du Borinage à la Basse Sambre. La ville de La Louvière est considérée comme le centre de cette région. La fusion de plusieurs facteurs, dont la prédominance du charbon, le développement de voies de communication (chaussées, chemin de fer, canal du Centre), l'alliance avec le capital, la consolidation des mutations technologiques de la Révolution industrielle et l'essor démographique, conduit le bassin du Centre vers un intense rayonnement industriel qui s'amorce dans la première moitié du XIXe siècle.

Charbonnages du Bois-du-Luc : la fosse Saint-Emmanuel - Houdeng-Aimeries (La Louvière)

L'histoire du Bois-du-Luc débuta le 14 février 1685 avec la création de la société du Grand Conduit et du Charbonnage d'Houdeng. C'est en 1807 qu'elle prendra le nom de Société du Bois-du-Luc. Elle comptait alors 5 puits (Sainte-Barbe, le Bois, le Moulin, l'Avancée et la Grispagne). Durant la première moitié du XIXe siècle, la société investit dans le rachat de plusieurs charbonnages et lance le fonçage de la fosse Saint-Emmanuel entre 1835 et 1843. Elle comprendra 2 puits, l'un pour l'extraction (profond de 558 mètres), l'autre pour l'épuisement et sera mise en service en 1846. Parallèlement, entre 1838 et 1853, la société fit construire face à la fosse Saint-Emmanuel, une imposante cité en forme de trapèze pour 'fidéliser' ses travailleurs. Cette fosse est l'une des plus prospères et représente un des témoignages les plus accomplis du paternalisme en Europe.
Le site se développa progressivement : entre les deux puits, est construit au début du XXe siècle, un bâtiment qui abrite la salle des porions, la lampisterie et les bains-douches des hommes. Le puits d'extraction est équipé en 1913 d'un superbe chevalement qui présente la particularité d'être intégré dans le bâtiment du puits. La salle du ventilateur et la sous-station électrique viennent compléter les installations en 1920. Le site comprenait également un triage-lavoir et des fours à coke aujourd'hui disparus.
Comme la plupart des charbonnages belges, la société manqua de rentabilité et ferma la fosse Saint-Emmanuel le 31 décembre 1959. Les puits servirent encore pour l'exhaure jusqu'à la fermeture le 15 juin 1973 de la fosse du Quesnoy à Trivières, ultime siège appartenant à la S.A. des Charbonnages du Bois-du-Luc. Ce fut aussi le dernier siège à extraire du charbon dans la région du Centre.
Le site à l'abandon fut racheté en 1979 par la Région Wallonne et, après restauration, il fut ouvert au public en 2000, dans le cadre del'Ecomusée du Bois-du-Luc.Je remercie toute l'équipe de l'Ecomusée, et plus particulièrement Karima H., pour avoir permis la réalisation de ce petit reportage.


Charbonnages de Ressaix : le triage-lavoir de Péronnes et le Saint-Albert - Binche

La concession du Ressaix fut octroyée en 1864. Par la suite, de nombreuses et belles opérations de rachats permirent aux Charbonnages de Ressaix de devenir une des sociétés les plus puissantes du bassin du Centre. En 1923, la production était de 1 000 000 de tonnes par an ; une politique de concentration et de fermeture de puits fut alors lancée. A partir de 1935, il ne restait plus que 5 sièges en exploitation.
Après la seconde Guerre Mondiale, la Société des charbonnages de Ressaix, Peronnes et Saint Aldegonde décida de concentrer sa production sur deux de ses sièges : Sainte Marguerite et Saint Albert. De lourds investissements sont engagés avec les crédits du plan Marshall : construction du triage-lavoir de Péronnes et refonte totale du siège Saint-Albert. En 1959, Ressaix et Péronnes fusionnèrent avec d'autres sociétés pour former la Société des Charbonnages du Centre, ce qui n'empêcha pas l'arrêt de l'extraction en 1969.

Le triage-lavoir de Péronnes fut mis en service le 20 septembre 1954 et concentrait le traitement des produits de 2 charbonnages situés à proximité : Saint-Albert et Sainte-Marguerite. Il était entièrement automatisé et avait une capacité de traitement de plus de 400 t/h. Il fut abandonné en 1969 à la fermeture des puits, après seulement 15 ans de service. L'imposant bâtiment fut alors vidé de ses équipements ne laissant plus que les structures en béton. Classé en 2003, il fut partiellement restauré, mais le projet initial ayant été abandonné, son avenir est toujours incertain.

Le puits Saint-Albert était à l'origine un ancien puits assez vétuste et peu rentable. Il fut modernisé en 1954 avec la construction d'une importante tour d'extraction en béton. A son sommet, elle est équipée d'une machine d'extraction Alsthom-Thiriau à poulie Koepe de 3 300 CV. L'extraction se faisait par 2 cages à 4 étages pouvant remonter depuis -800 mètres 4 berlines de 2 500 litres pour un volume de charbon extrait de 3 000 tonnes par jour.
Après la fermeture en 1969, le puits Saint Albert fut maintenu en état et réutilisé par la société Distrigaz qui transforma, comme à Anderlues, le complexe minier de Ressaix-Péronnes en un immense réservoir de stockage de gaz naturel. Je remercie la sociétéFluxysaujourd'hui propriétaire du site, et notamment Monsieur Bourguignon, pour l'autorisation de visite et les nombreuses explications.


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