sur ce blog:VILLE LENS ,LES MINES62/59:RCL se trouve les anciennes photo de lens etant enfant de lens et les photo des fosses et travail de mon pere qui etai mineur:FIER DE CETTE VILLE ET METIER DE MON PERE,toute les photo ont étaient pris sur image et DARK-NET image: j ai mis le logo RED TIGERS au quel je suis menbre pour proteger mes photos,

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vendredi 16 août 2024

pompier et transport de lens

 


  C’est vrai que certains articles inspirent plus les internautes que d’autres. Ceux sur les sapeurs-pompiers de Lens ont fait réagir pas mal de monde. C’est d’abord Michel CADART, qui me signale avoir reconnu son grand-père Gaston CADART sur la photo de 1927, il était caporal de la Compagnie de Lens sous les ordres du Commandant Richard.

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  Puis Alain Hainault m’a encore envoyé deux nouvelles photos de la Compagnie de Lens vers 1975. Elles proviennent de Gérad POTIER, pompier et fils de pompier.

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  Un autre document datant de juin 1975 : il s’agit d’un article du Journal « La Voix du Nord » qui relate la fête familiale des pompiers de Lens. La Compagnie était alors dirigée par le Capitaine Pierre Perrissin.

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  Enfin, un journal de l’époque nous donne la composition de la table d’honneur du banquet des pompiers de Lens de 1907. Il y avait Le Capitaine Spriet, commandant de la Compagnie; M. Basly, Député-Maire de Lens; Evrard, Conseiller d’Arrondissement; Guilbert, Juge de Paix; Macaire, Conseiller d’Arrondissement de Lillers; Les Lieutenants Sauvage et Letombe; Richard, Président de la Fédération Musicale; Jean-Bart, Chef de la fanfare municipale; L’Adjudant Mercier; Thomas, Commissaire de Police; Rougerie, Secrétaire Général à la Mairie (dont nous avons déjà parlé) et Vermeersch, du Journal « Le Réveil du Nord ».


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  Connaissez vous l’Avenir de l’Artois ? C’est un journal qui, comme son nom l’indique, relate les informations concernant la région artésienne. Et bien, l’un de ses journalistes, Maxime Pruvost, m’a contacté après avoir visité mes blogs sur le net, afin de faire un article. Celui ci est paru aujourd’hui page 17 avec une annonce à la Une.

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  Merci à l’Avenir de l’Artois et à tous les internautes passionnés de l’histoire de Lens qui me font parvenir de nombreux documents. Sans eux, cette « petite » notoriété n’aurait pas pu exister.


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   Emile Carpentier est le papa de Martine, celle-ci m’a transmis beaucoup de documents qui m’ont aidé à faire le dossier sur les TCL.

   Originaire d’Auchel où il est né le 6 juillet 1924 et habitant Loos-en -Gohelle, Emile, comme beaucoup de jeunes de son âge, commence sa carrière comme mineur. Quelques années plus tard, une maladie due au charbon le contraint à abandonner ce métier. Il ne le regrettera pas ! Pour arrondir ses fins de mois, il travaille aussi à ‘la Fabrique’ de M. Bauvin père où l’on produit de la chicorée.

   Pendant la seconde guerre mondiale, Emile est envoyé comme STO dans une ferme en Allemagne. Peu de temps avant la libération, il bénéficie d’une permission. Il en profite pour se cacher afin de ne pas retourner travailler pour l’ennemi.

   En 1957, il trouve une place de chauffeur aux TCL et reçoit donc sa carte d’adhérent à la Fédération Nationale des Chauffeurs Routiers.

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   Il vient alors habiter avec sa famille à Lens, dans un des appartements du 8, Place de République, le siège des TCL.

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  Les cars, Emile les emmène un peu partout. Arpentant aussi bien les routes du pays minier que du reste de la France, ses voyages l’emmènent parfois même à l’étranger (Pologne, Autriche).

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 C’est ainsi qu’en 1959, alors qu’il est dans les Alpes à Chapareillan un télégramme lui annonce l’arrivée de sa seconde fille, Madeleine. Les voyageurs se cotisent pour offrir au bébé un petit chapeau genre tyrolien qu’Emile a du être très heureux de lui ramener.

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    Vers 1965, Emile intègre la direction des TCL tout en continuant à conduire en cas de besoin. Son rôle est de s’occuper de l’embauche et de la formation des nouveaux chauffeurs, de la prospection pour l’achat de nouveaux bus (comme celui ci-dessous à Figeac dans le Lot) et de bien d’autres choses encore. On le trouve souvent le matin vers 4 heures au démarrage des bus pour contrôler que tout allait bien ou remplacer un chauffeur absent au pied levé.

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  Il représente les TCL dans diverses réunions comme ici auprès de l’Amicale des Cadres à Oignies en 1968.

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   En 1983, à l’hôtel de ville de Lens, Emile reçu la médaille du travail, échelon argent en même temps que son ami Jean Pierre LUCAS qui prendra la Direction des TCL après le départ de Louis Bauvin.

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   Il quitte les TCL en 1985 pour prendre une retraite bien méritée et décède en octobre 2004. C’est ainsi que se termine l’histoire d’Emile Carpentier «pour qui cette société était tout et la vie privée réglée en fonction des TCL» comme nous dit Martine.

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M. et Mme Carpentier et leurs filles,

Martine et Madeleine



   Avant de commencer cet article, je tiens à remercier deux personnes qui m’ont beaucoup aidé dans mes recherches : Martine Carpentier, fille d’Emile, employé aux TCL de 1957 à 1985 et Jean Pierre Lucas, ancien directeur de la Société dans laquelle il a passé plus de 40 ans. Merci aussi à Maurice Dhédin et Patrick Leleu (des Transports Jules Benoit) pour leur collaboration ainsi qu’au service des archives de la ville de Lens sans oublier Christian, toujours prêt à m’envoyer les photos de Lens que je lui demande.

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  En 1934, Monsieur Guilbault investissait dans quelques bus et traçait des itinéraires pour desservir des quartiers de Lens et des communes voisines au départ de la gare des Chemins de Fer du Nord.

  Il devenait ainsi propriétaire de ces lignes et créait les Transports Guibault. Ceci explique pourquoi les anciens ont longtemps appelé les TCL, «les Guibault».

  Sur cette photo de la Place de la gare d’avant la seconde guerre mondiale, on peut apercevoir sur la droite un bus jaune. Peut être s’agissait il d’un «Guibault».

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   En 1942, Louis Bauvin rachetait cette compagnie et la renommait : Les Transports en Commun Lensois (en abrégé TCL) étaient nés. Louis Bauvin était d’une famille de transporteurs puisque ses deux frères, Victor et Camille possédaient des entreprises de transport par camions.

  Les TCL desservaient plusieurs lignes:

  • Lens- La Bassée Salomé (par l’hôpital). Plus tard, cette ligne desservira la zone commerciale Lens 2.
  • Lens-Libercourt par Harnes
  • Lens-Carvin
  • Carvin-Hénin Liétard (devenu Hénin-Beaumont)
  • Carvin-Evin Malmaison

  Sur cette photo de la place de la Gare, deux TCL côte à côte pour la ligne de Libercourt et un autre au fond pour La Bassée.

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  La ligne Lens-La Bassée, c’était notre ligne à nous, les habitants de la fosse 14. Notre arrêt de bus se situait au Café Carpentier. Pour aller au marché, en ville, au collège, presque tous les jours nous empruntions les TCL. Car pour nous, s’il n’y avait pas le bus, il ne restait que les pieds : pas de voiture à la maison ! L’arrêt de bus se situait sur la droite, au niveau de la voiture blanche, le Café Carpentier se situait où est la maison grise.

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   Nous connaissions par cœur l’intérieur des bus et leur odeur si particulière !

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   A cette époque, pour prendre le bus, il fallait, avant de s’installer, acheter son ticket au chauffeur. Celui ci utilisait alors cette ‘caisse enregistreuse portable’ pour imprimer le ticket :

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  Un ticket des TCL reconstitué d’après une photo transmise par Martine (l’impression était souvent moins nette que sur la photo) :

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    Ces machines ont été fabriquées à partir de 1950 par la société ALMEX implantée à Stockholm (Suède). Elles avaient l’avantage de posséder un double rouleau et servait donc autant à confectionner les tickets qu’à faire la comptabilité. Elles étaient surtout utilisées par les Chemins de Fer Allemands. ALMEX existe encore aujourd’hui et fabrique toujours des machines à confectionner des billets de transports en commun.

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   Le garage et les bureaux des TCL se trouvaient au n°8 de la Place de la République. Juste à côté se trouvaient les Transports Jules Benoit.

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  Les bus étaient garés dans un premier temps sur la place dans un alignement parfait.

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   Mais d’autres trouvaient place dans la cour de l’immeuble où ils étaient un peu à l’étroit.

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   Ces locaux possédaient des logements aux étages loués aux chauffeurs, C’est là qu’a habité la famille d’Emile Carpentier à qui sera consacré un chapitre spécial.

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  Depuis le début des années 90, cet immeuble est vide mais il reste toujours l’enseigne de la Société sur la devanture. La Ville de Lens envisagerait d’aménager ce secteur cependant, à ce jour, les locaux sont toujours propriété des descendants de Louis Bauvin.

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  Depuis la création de la Société, les bus étaient de couleur jaune. Il y eut des Renault, des Saviem, des Chaussons. Ici, M. Carpentier pose devant des bus des trois constructeurs :

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Un Chausson

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Un Renault

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Un Saviem

  Au tout début des années 70, M. Louis Bauvin décida d’aller acheter des bus d’occasion en Allemagne construits par l’Entreprise muniquoise «MAN». C’est au sein de cette entreprise qu’en 1897, un certain Rudolf Diesel inventa le moteur qui portera son nom. Les bus achetés par les TCL étaient bleu-ciel et blancs.

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  M. Bauvin trouvant cette couleur plus jolie et plus ‘commerciale’ que le jaune de l’époque, l’adopta définitivement, y compris pour ses autres bus comme ce Saviem :

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  C’est ainsi que l’on vit ces couleurs bleues et blanches circuler dans les rues de Lens :

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  Ou stationner dans ce qui deviendra la Gare Routière :

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  Chaque jour, les TCL assuraient aussi les transports scolaires de Michelet, Campan, Condorcet et des écoles privées et assuraient les ramassage des ouvriers mineurs se rendant dans leur fosse.

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  Les TCL, c’était aussi une agence de voyages qui proposait des excursions avec circuits à ses clients comme le démontre ce montage de dépliants publicitaires : L’Alsace, Les Alpes, les Pyrénées, etc, devenaient accessibles à tous le monde.

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  Ce qui donnait parfois l’occasion aux chauffeurs de poser devant leurs bus sur ces lieux de vacances.

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  Vers la fin des années 70, les TCL possédaient 68 bus. Le garage de la Place de la République devenait trop exiguë. C’est alors que fut utilisé pour le stationnement des autocars la «Fabrique». Se trouvant rue du Marais (rue du 19 Mars 1962 aujourd’hui), elle appartenait au père de Louis Bauvin qui y fabriquait de la chicorée. Il paraît que la ‘Chicorée Bauvin’ était célèbre à Lens dans la première moitié du 20ème siècle.

  La cour de cette fabrique vit donc arriver les bus des TCL.

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  Des descendants de la famille Bauvin habitent toujours dans cette grande maison de briques aujourd’hui mais l’emplacement de garage a été remplacé par un immeuble.

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  En 1989, Monsieur Louis Bauvin quitte la Société et se retire dans sa maison à Givenchy. Il est remplacé par Monsieur Jean Louis Lucas. Celui ci n’est pas un inconnu puisqu’il est entré aux TCL en 1959. En 1983, il recevait, en compagnie d’Emile Carpentier entre-autres, la médaille du travail échelon argent en présence de Monsieur Delelis, Maire de Lens et Jean Claude Bois, Député.

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  En novembre 1989, les TCL deviennent une filiale de VIA-TRANSPORTS, le nouveau nom officiel est alors «TCL, Établissements de la STILL» suite à la création du service de transports intercommunaux par la communauté de communes de Lens-Liévin et dont la gestion est confiée à la STILL. VIA-Transports a également pris le contrôle de la Compagnie Westeel de Salaumines. Ci-dessous un car Westell roulant pour la STILL.

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  Après avoir envisager de déménager à la Cité Mongré et afin de regrouper ces deux entreprises, Monsieur Mariotte, Directeur de Via-TRANSPORTS s’adresse aux mairies de Lens et de Sallaumines pour obtenir un terrain à la limite de ces deux communes. La Ville de Lens est intéressée par ce projet qui mettra fin aux réclamations des riverains des rues du Marais et Etienne Dollet qui se plaignent de la pollution et du bruit occasionnés dès 4 heures du matin par les bus stationnés dans ce secteur.

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  Le Conseil Municipal donne son accord le 16 décembre 1993. Les 93 cars de Westell et les 20 des TCL rejoindrons donc cet emplacement. Le nouveau garage regroupera donc les 187 emplois issus des deux sociétés .

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   Au 1er janvier 1994, nouvelle appellation, la société s’appelle ‘TCL, Etablissement de Westeel’ : la fusion des deux filiales de Via-TRANSPORTS n’est toujours pas effective pour une question de différence du salaire horaire des chauffeurs dans les deux compagnies. Elles finirons par fusionner en 2002 et prendront le nom de ST2L Westeel comme l’indique ce bus.

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   C’est ainsi qu’après 60 ans à arpenter les rues artésiennes que se termine l’histoire des TCL. Mais ce nom restera longtemps dans les mémoires des lensois.

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   En fouillant dans le passé de l’Histoire de Lens, on se rend compte qu’il est fait d’une multitude d’histoires : des grandes histoires et des petites histoires.

   Celle qui nous concerne aujourd’hui, à peine romancée, nous narre la dernière journée de la vie d’un brave représentant de commerce, Achille Claveleux (ce n’est bien sur pas la véritable identité de notre héros du jour). Notre homme, qui aurait pu ne rester qu’un illustre inconnu, est entré dans l’Histoire de Lens le jour même où il terminait la sienne.

   Le 25 janvier 1931, le Tribunal de Béthune rend son jugement dans l’affaire opposant la veuve Claveleux à Madame Savaete, propriétaire d’une brasserie à Fauquembergues, 16 rue de Fruges.

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A Fauquembergues, la Brasserie Savaete se trouve dans le grand bâtiment blanc avec le porche en arcade

   Claveleux est voyageur de commerce pour le compte de la brasserie depuis plusieurs années. Voyageur de commerce dans une brasserie : où voulez vous qu’il vante les qualités de sa bière, ce brave homme ? Dans les établissements où on en boit, bien sur.

   Claveleux et son épouse habitent Fournes-en-Weppes. En ce jeudi 11 octobre 1928 un peu avant neuf heures, il quitte son domicile à bord d’un véhicule automobile qui lui est prêté par la brasserie et dont il a rempli le coffre d’échantillons de ce breuvage dont il doit vanter les mérites.

   Sa mission aujourd’hui : visiter quatre clients à Hénin-Liétard, des estaminets, bien sur. Claveleux arrivera chez le premier d’entre eux à… 18h30 !

   L’itinéraire le plus court est le plus logique aurait du le faire passer par Carvin et Courrières. Mais voilà, vers neuf heures trente, Claveleux est aperçu alors qu’il entre dans la gendarmerie de … Liévin, loin de sa route.

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La Gendarmerie de Liévin se trouvait alors avenue des Grands Bureaux

   Que va-t-il y faire ? On ne le saura jamais. Peut-être s’est-il perdu et cherche auprès de la marée-chaussée de quelle manière reprendre le droit chemin.

   Il quitte la gendarmerie vers onze heures, le coffre un peu plus léger. Et comme pour aller de Liévin à Hénin, il n’y avait pas la rocade à cette époque, il semble qu’il se perde de nouveau. Est-ce l’excuse qu’il trouverait si on lui demandait pourquoi on le voit passer sa journée dans des estaminets de Lens, de Loison ou de Vendin-le-Vieil ?

   Quelle journée éreintante pour notre brave représentant ! Il arrive enfin à Hénin vers 18h30 et ‘visite’ ses quatre clients. Grâce au talent d’Achille, à vingt heures, son carnet de commande est plein. Sa patronne va encore être contente, il est l’un de ses meilleurs vendeurs.

   La journée est finie ! De Hénin, il va enfin pouvoir rentrer chez lui après cette longue journée de … travail.

   Hé bien non ! Jugeant certainement qu’il n’avait pas encore assez ‘vendu’, il retourne à Lens à bord de son véhicule. Il doit encore lui rester quelques échantillons houblonnés dans le coffre.

   Peut-être veut-il simplement vérifier comment les clients apprécient la bière qu’il a vendue au commerçant. On le retrouve au comptoir du café François, du côté de la Place du Cantin qu’il quitte vers vingt-et-une heures. Le commerce doit être difficile car on ne trouvera aucune commande du patron de cet estaminet dans les papiers d’Achille.

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La place du Cantin telle qu’Achille a du la voir une dernière fois

   De la place du Cantin, la route de Lille, Carvin, il devrait être rentré à la maison avant vingt-deux heures.

   Mais les chemins de Claveleux semblent vraiment tortueux. Une heure plus tard, on le retrouve remontant le Route de La Bassée à bord de son véhicule, l’esprit somnolant certainement dans les vignes du Seigneur et la vessie surement bien pleine.

   En arrivant du côté des corons de la cité de la fosse 14, le véhicule de notre homme tamponne brutalement une voiture hippomobile pourtant munie de ses lanternes de signalisation.

   Le choc a du être violent car Achille passe aussitôt de vie à trépas. Ainsi se termine la laborieuse dernière journée de travail d’un homme totalement investi dans sa mission.

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Les corons de la route de La Bassée au niveau de la cité de la fosse 14

   Le Tribunal de Béthune estimant que Dame Savaete n’a donné à Achille aucun délai ni aucun horaire précis pour effectuer sa mission, qu’elle ne lui a pas précisé d’itinéraire à prendre, que ses ‘clients’ tenant des estaminets ne peuvent être visités que pendant leurs heures d’ouverture parfois tard le soir, que le fait de ne pas avoir enregistré de commandes ne signifie en rien qu’Achille n’ai pas rempli sa mission de représentant, donne raison à la veuve Claveleux et reconnait donc que le décès de son mari est bien consécutif à un accident de trajet.

   La propriétaire de la brasserie est condamnée à lui verser une indemnité correspondant à 20% du montant annuel du salaire de feu notre représentant de commerce.

   Ceci devrait lui permettre de se consoler de cette ‘mort subite’ et d’offrir à son défunt une belle…. mise en bière !

mort subite


    Regardez bien ce petit garçon en culottes courtes qui fait sa communion privée dans les corons de Lens.

Le descendant d'un Lensois brille au Québec dans Humour les3en62

     Qui pouvait imaginer à l’époque que 55 ans plus tard, c’est à l’autre bout de l’Atlantique qu’un de ses petits fils deviendrait une star ? Là-bas, le sport national n’est pas le football (ou le soccer comme ils l’appellent), c’est le hockey sur glace. Leur équipe favorite n’est pas le RC Lens (que personne ne connait d’ailleurs à part quelques français expatriés) mais les Canadiens de Montréal qui, tous les week-end, font vibrer des milliers de québécois au Centre Bell.

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  Lui ne joue pas encore aux ‘Canadiens’ mais ça viendra un jour tant il est doué. Déjà, il porte fièrement son nom dans le dos de son chandail (maillot en français). 

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   C’est chez le «Mistral de Laval» (une ville de la banlieue de Montréal) qu’il évolue où il est dans la catégorie des «Novices B». Et pas mal du tout d’ailleurs ! Son objectif lors de chaque match : «le jeu blanc», c’est à dire pour un gardien ne pas encaisser le moindre but de toute la partie. Et il y arrive, le bougre ! Il lui est même déjà arrivé de remporter la «rondelle du match» (la rondelle est appelée palet en France), c’est à dire être désigné le meilleur joueur de la rencontre et repartir fièrement à la maison avec le précieux trophée.  Nul doute qu’à ce moment ses parents et ses sœurs doivent être fiers de lui. Son papy aussi !!!!

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hospital et le petit garcon


    La mémoire est une fonction du cerveau très compliquée. Pourquoi un souvenir stocké pendant des années ressurgit un jour à la simple vue d’un document, d’un objet ou d’une image ? C’est ce qui m’est arrivé il y a peu de temps. La découverte, au service des archives municipales de Lens de la photo d’une ancienne salle d’opération de l’hôpital Schaffner a fait revenir à la surface l’histoire totalement véridique ci-dessous.

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   Les années cinquante touchent à leur fin. Dans un coron de la cité de la fosse 14, un petit garçon a mal au ventre depuis plusieurs jours. Sa maman décide de faire quérir le médecin des mines.

   Le docteur Montagne arrive, son éternelle cigarette vissée au bec. La maman explique : ″Mal au ventre, vomissements, température…″.

   Le docteur fait allonger le garçon sur la table de la salle à manger et l’ausculte. Son verdict : ″Appendicite, opération, hospitalisation.″ Il s’assoit, allume une nouvelle cigarette et rempli les papiers.

   Quelques jours plus tard, le petit garçon est couché dans une chambre à deux lits de l’hôpital cher au Docteur Schaffner. Il n’a pas peur, il est plutôt impressionné par toutes ces personnes en blouse blanche qui s’occupent de lui. Dans le lit voisin, un autre garçon, un ‘vieux’ de treize ou quatorze ans qu’il connait de vue. Il doit être aussi de la ‘fosse 14’.

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   Le lendemain, deux hommes en blancs viennent chercher le petit garçon, le couche sur un chariot, le sangle, le conduisent à travers les couloirs de l’hôpital, prennent les ascenseurs.

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   Le petit garçon est installé dans une grande salle bizarre où on l’allonge sur une table. Une énorme lampe est allumée au dessus de lui et l’éblouit. Une dame lui parle gentiment, lui fait une piqure dans le bras. Au revoir…  il dort.

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   La suite, c’est sa maman qui lui a raconté beaucoup plus tard. Le jour de l’opération, dès l’heure du début des visites autorisées, elle arrive dans la chambre. Le lit du garçon est défait, les couvertures jetées de travers. Où est-il ? Elle interroge son voisin de lit. ″Ils l’ont repris, son cœur s’est arrêté de battre !″. La maman a les jambes coupées, elle s’effondre sur le lit !

   On vient vite la rassurer, le garçon va bien. Il a eu un problème au moment de se réveiller et est en salle de réanimation. Peu de temps après, il est de retour dans sa chambre et se demande pourquoi tant d’agitation et de larmes autour de lui. On ne saura jamais ce qui s’est passé. On apprendra plus tard qu’au moment de lui ouvrir le ventre, un cas urgent est arrivé et que son opération a été retardée de quelques heures. Est la cause du malaise ?

   Aujourd’hui, le petit garçon est devenu vieux mais quand il passe devant l’entrée de l’hôpital de Lens, sur la route de La B

   Lorsque j’ai appris le résultat du tirage au sort des seizièmes de finale de la coupe de France de football, de nombreux souvenirs me sont revenus. Le RC Lens affrontera dans quelques jours l’équipe de Bastia. Loin de vouloir relancer d’anciennes rancœurs ou des envies d’affrontements, je ne peux laisser passer l’occasion de relater cette page d’histoire, de notre histoire à nous, les lensois.

   Je me retrouve tout à coup quarante-deux ans en arrière, le dimanche 14 mai 1972.

   Quelques années auparavant, notre RC Lens a bien failli mourir. Les HBNPC, ‘les mines’ comme nous disions, vivaient leurs derniers moments et avaient décidé de grandes coupes dans leurs finances. Le Racing était sacrifié comme l’avaient été la quasi-totalité des chevalets de nos cités.

   Et pas de Mamadov en ces temps là ! C’est le Maire de Lens d’alors, André Delelis, qui prend les choses en main. Lens ne pouvait se passer de la seule attraction qui, toutes les deux semaines, attirait des milliers de mineurs ‘aux matches’.

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   Le club continuerait d’exister, d’abord en vivotant dans le championnat de France des équipes d’amateurs. Au début des années soixante-dix, une réforme de l’organisation des compétitions permet au RCL de disputer le championnat national, la seconde division de l’époque qui regroupait en deux groupes des équipes professionnelles et les meilleurs clubs amateurs.

   C’est dans ce championnat qu’évoluent les Sang et Or lors de la saison 1971-1972. Plutôt pas mal, d’ailleurs : ils terminent la saison à la troisième place.

   La Coupe de France s’ajoute au plaisir des supporters. Les équipes de Quevilly, Châteauroux, Mantes-la-Ville et du Red-Star de Saint Ouen subissent la loi des joueurs lensois.

  Ils sont plutôt talentueux, ‘nos’ joueurs et possèdent surtout l’esprit d’équipe et la volonté de s’en sortir des hommes du pays minier.

   Point de recrues issues d’autres continents à cette époque. Nos renforts  étrangers viennent d’un pays connu et ami : la Pologne. C’est souvent de là-bas que sont arrivés ceux qui, au fond, grattaient les parois noires et poussiéreuses des galeries avec les mineurs français. Ils sont venus et se sont installés, faisant du Bassin Minier leur seconde patrie.

   Dans l’effectif du club de 1972, les Lannoy, Lhote, Macquart, Hédé ou Elie côtoient plusieurs joueurs d’origine polonaise, de ‘la deuxième génération’ comme on dirait aujourd’hui : Kalek, Cieselski, Marzalec, Janizewski, Wolniak, Zuraszek.  Leur entraîneur aussi était venu de là-bas pour extraire l’or noir avant d’avoir la chance d’être repéré d’abord comme un excellent gardien de but puis comme un très bon meneur d’hommes : Arnold Sowinski.

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   Pour élever le niveau de l’équipe, les dirigeants ont fait venir deux joueurs du pays de la mer Baltique. Nos immigrés d’alors se nomment Eugenius Faber et Richard Gregorczyk, deux hommes qui symboliseront le renouveau du Racing.

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   Leur talent et leur courage exemplaire font de ces deux joueurs des pièces indispensables de l’effectif. Ils sont donc présents lors du match ‘aller’ de cette demi-finale de la Coupe de France au stade Furiani de Bastia le 10 mai.

   L’ambiance est électrique. Les jeunes joueurs lensois sont impressionnés, l’arbitre peut-être aussi.

   Peu de lensois verront ce match : il n’y a pas de retransmission télévisée à l’époque. C’est l’oreille collée au transistor que les lensois apprennent par Jean Crinon, le fougueux et explosif reporter de Radio Lille que les bastiais remportent le match pas trois buts à zéro.

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   Mais les lensois apprennent aussi que l’ambiance en dehors du terrain a été terrible. Un climat ‘anti-Lensois’, issu d’un climat ‘anti-continent’ régnait partout en ville. On racontera que des voitures immatriculées ‘62’ ont été jetées dans le port de Bastia. Humiliés, battus et vexés, tous les lensois le sont alors.

  En réponse, pour le match ‘retour’, ils vont se mobiliser. Henri Trannin, dirigeant emblématique du club, lance un appel au peuple. Ce n’est pas le RCL qui a été humilié en Corse, c’est tout le Bassin Minier. Il faut que les ‘gueules noires’ se regroupent et prouvent au pays entier qu’ils ne sont pas morts.

   La veille du match, une indiscrétion permet de savoir que la délégation corse passerait la nuit à l’Hôtel de Flandre, près de la Gare. La nouvelle fait tâche d’huile. Les lensois se relaient sous les fenêtres, utilisent tous les moyens pour faire du bruit : klaxons, trompettes, pétards, tonneaux roulés sur les pavés…. A tel point que les responsables du club corse décident de faire transférer leur délégation à Arras afin de pouvoir dormir un peu.

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   Le dimanche 14 mai, les lensois mangent tôt bien que le match ne soit programmé qu’à dix-sept heures. Il faut être de bonne heure au stade pour avoir une place car il n’y a pas encore de réservations. On sait aussi que l’on va rester plusieurs heures debout : les places assises, ‘c’est pour les riches’ !

premiere

   De notre maison des corons de la fosse 14, nous partons à pied. Près de quarante-cinq minutes de marche ne nous font pas peur. De toute manière, on n’aurait pas trouvé de place pour se garer, même pour ma petite 4L.

   Nous descendons par la Route de La Bassée en groupe. Mes sœurs, des copains, celui qui allait devenir mon beau-frère, celle qui allait devenir mon épouse et mon père qui, a soixante-dix ans, n’aurait surtout pas voulu rater cet événement de portée ‘lensoise’. Ce fut son dernier match à au stade Bollaert.

   En passant devant la gare Sainte Elisabeth et le carreau de la fosse 1 fermée et remblayée l’année précédente, on sent que la tension monte. Ce ne sera pas un match ordinaire ! Tout Lens est là. Nous serons plus de 22000 dans les gradins, serrés comme des sardines.

   A l’entrée, on achète le journal du club, ‘Sang et Or’ que l’on conservera en souvenir.

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   Nous avons trouvé des places ‘en secondes’, la tribune couverte de tôles face à la tribune officielle. C’est là que se regroupaient déjà les groupes de supporters.

seconde

   La foule est partout : sur les toits des tribunes, sur les poteaux d’éclairages, dans les arbres mais aussi sur la pelouse même tout proche des lignes délimitant l’aire de jeu. Aujourd’hui, il est certain que l’arbitre du match, Monsieur Debroas, n’aurait pas donné le coup d’envoi de la rencontre pour des raisons de sécurité.

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   Lorsque les équipes pénètrent sur la pelouse, c’est une bronca énorme : le stade Bollaert en tremble sur ses bases. Chaque action lensoise est vivement encouragée. Chaque action corse est huée et sifflée.

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   Le gardien de but corse d’origine yougoslave se nomme Pantélic. Une grande banderole est installée derrière le but : ‘Pantélic, pends tes loques’. L’homme passera la rencontre à sauter pour éviter les nombreux pétards lancés dans ses jambes par les spectateurs sous les yeux quasi indifférents de quelques rares policiers. Sur une autre banderole était écrit : ‘Allo Napoléon, ici Waterloo’’.

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   Dans les tribunes, un petit groupe d’hommes est repéré comme étant des supporters corses. Quelques lensois avaient prévu : des litres d’eau se déversent sur eux avant qu’ils ne soient aspergés de sacs de farine !

   Mais tous ces événements ne sont en aucun cas méchants, il n’y aura aucun blessé, aucune bagarre. Cette ‘revanche’ n’est finalement qu’une grande fête comme seuls les chtis savent en faire.

   Le déroulement du match ne restera pas le principal des souvenirs. Lens marqua deux fois en première mi-temps par Faber et Zuraszek. Après chaque but, la pelouse est envahie par ces milliers d’inconditionnels.

   La deuxième mi-temps ne permet pas aux joueurs du RCL de marquer le troisième but tant espéré. La partie se termine avec une élimination mais avec le sentiment que les gens du Pays Noir ont, devant toute la France, largement lavé l’affront de Furiani.

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  C’est fini ! Les spectateurs quittent le stade lentement, serrés les uns contre les autres le long de la rue menant au pont Césarine comme lors d’une procession funèbre. Parmi les nombreux commentaires, on entend souvent : ‘On a