Je me permets de reproduire un commentaire de Sylvie suite à un article sur l’Apollo. C’est vrai que ce cinéma mytique laisse et laissera longtemps énormément de souvenirs et même de nostalgie aux lensois de notre génération. Il aurait été dommage qu’il ne reste plus rien de cet édifice. Voici le commentaire émouvant de Sylvie :
« Que de parties de cache-cache, que de films passés en boucles, que de souvenirs… l’appartement était doté d’un ascenceur, quel luxe à l’époque. Je passais de la salle de profection où Mr Tétain cadré, la bonbonnière où à tour de rôle avec Mme Masclef et ma maman servaient; les caissières: ma grand-mère chérie, Nénette cette sorcière au grand coeur, Maman, les frangines histoire de se faire de l’argent de poche et les bureaux.. Mr Delaby mon regrété beau frère, mon papa parti trop tôt et pour finir Mr et Mme Bertrand grand oncle et grande tante qui inspirait la grandeur et le pouvoir…. Oui, que de souvenirs. Merci au créateur du site, même si les photos sont difficiles à voir. »
Pour elle, et pour tous ceux qui ont fréquenté et aimé ce cinéma, voici quelques photos que m’a fait parvenir Maurice Dhédin :
Et voici un agrandissement de la personne qui se trouve sur la scène sur la précédente photo. C’est un peu flou mais peut-être que Sylvie ou quelqu’un d’autre le reconnaitra :
Enfin, une autre photo de la facade de l’Apollo et de la place de la gare dans les années 50 :
Voici, trouvé sur la bibliothèque numérique Gallica de la Bibliothèque nationale de France, la une du Petit Parisien du 24 octobre 1932 : « L’inauguration de l’hôpital de Lens par M. Herriot, Président du Conseil ».
Le journaliste y relate toutes les festivités organisées autour de cette inauguration et le texte des discours d’Alfred Maës, maire de Lens et de E. Herriot.
Dans son allocution, le Président du Conseil souligne le martyre enduré par la ville de Lens et ses voisines lors de la première guerre. « 55000 français reposent dans le cimetière de Lorette mais aussi 120 000 anglais. Quand une terre a reçu autant des corps, de sang, on peut croire que la mort la marquera pour toujours ».
Puis M. Herriot fait l’éloge des paysans qui ont « redonné à cette terre la vie » avant de souligner qu’il est un ardent défenseur de la paix et qu’il prône pour la réconciliation franco-allemande.
Enfin il lève sa coupe à la santé du Pas de Calais, de Lens et de son maire « modèle de droiture et de probité ».
Cette fois, c’est Guy qui nous envoie cette superbe photo de la cité 11 :
(Photo propriété de M. Guy Richard, utilisation commerciale interdite)
On y voit la cité du 11 à ses tout débuts, vraisemblablement vers 1901. Les jardins sont déjà bien fournis mais certains ne semblent faire que de la monoculture. L’Avenue de la Fosse n’est encore qu’un chemin de terre où sont marqués les sillons des charettes. Cette photo est prise de l’angle de la rue de Normandie et est à rapprocher de celle-ci :
Les haies et les arbres sont à la même hauteur, le climat semble similaire. Un peu plus tard, l’Avenue de la Fosse est devenue « carrossable » :
Nota : le cliché du haut a été pris par Joseph Philibert Quentin (1857-1946), Taxidermistre de renom et photographe, né à Sainte Catherine-les-Arras, Président de la section photographique d’Arras qu’il avait fondée en 1897. A réalisé de nombreux clichés de la région de l’Artois et des mineurs dont certaines « au fond ». Voir Les dossiers de Gauheria, n° 3, 1991.
Quentin dans son atelier à Arras (original visible au Musée des Beaux Arts d’Arras)
Les articles parus sur ce blog suscitent souvent des réactions des internautes. Certains pour poser des questions, d’autres pour compléter certaines informations, d’autres encore pour évoquer des souvenirs ou pour me faire parvenir des photos.
Ainsi, c’est d’abord (et encore) Jean Marie qui me confirme que l’église Saint Pierre du 11 a bien été démolie en novembre 1987 et qui m’envoie deux photos de cette démolition :
Puis d’autres photos. La première du Jardin Public dans les années 60 (peut être pour les souvenirs romantiques de Maurice)
Puis de la cour de l’hôpital à la même époque :
Et enfin, une autre photo de la place de la Gare pleine de souvenirs avec en toile de fond, les chevalets et les terrils des fosses 9 et 11 :
N’hésitez pas à faire part de vos souvenirs, il aideront à alimenter ces blogs qui, gràce à nous tous, ont reçu plus de 56 000 visites à ce jour et dont près 140 000 pages ont été vues.
Les articles sur l’hospice et l’hôpital de Lens ont suscités quelques réactions.
Tout d’abord, un internaute m’a fait parvenir l’affiche de l’inauguration de l’hôpital :
On y découvre les festivités : outre le banquet et l’inauguraton de l’hôpital et la pose de la première pierre du pavillon des spécialités et de la maison de retraite (qui seront livrés en 1936), il était prévu un festival de musique avec 15 000 francs de prime, un feu d’artifice et une fête pour les malades à l’hôpital.
C’est à Maurice Mulard, architecte à Arras et L. Clerget, ingénieur-conseil à Paris que sont dus les bâtiments. Un réseau de souterrains reliait les différents pavillons.
Jean Marie quant à lui n’est autre que le neveu des concierges de l’hôpital. Ceux ci occupaient une loge située à gauche en regardant l’entrée par la Route de La Bassée.
La loge est sur la gauche (derrière le feu tricolore)
Voici le message de Jean Marie : « Bravo d’avoir pensé à cet article sur l’hôpital de Lens.
J’y suis sensible, non pas (heureusement) en tant que patient, mais pour avoir passé
des heures dans la loge des concierges.
En effet pendant plus de trente ans, mon oncle et ma tante, ont tenu la loge de concierge entre 1930 et 1960.
Des milliers de Lensois sont passés devant monsieur Pronier Joseph, grand invalide de la guerre 14. Toujours prêt à renseigner.
Dans la loge tante Margot a vu défilé une foule de médecins , d’infirmières venus prendre un instant de détente, en dégustant le café de « mère prune ».
Moi dans mon coin, de 45 à 60, je n’en perdais pas une miette quand ont leur rendait visite. »
Voici donc M. et Mme PRONIER, concierges de l’hôpital (photo publiée avec l’autorisation de Jean Marie K.)
Jean Marie ajoute que Joseph Pronier a ensuite été Conseiller Municipal à Lens.
Si vous avez aussi des souvenirs ou anecdotes qui vous reviennent en lisant cet article (ou un autre), n’hésitez pas à me le faire savoir. Ils serviront à compléter certains chapitres.
Avant le XII ème siècle l’hôpital de la Cauchie (qui fut appelé ensuite Hôpital de la Chaussée) semble être le plus ancien hôpital. Il est situé à l’extérieur des fortifications de la ville, aux environs de l’actuel carrefour Bollaert.
Sur ce plan de lens au XVIème siècle, on voit l’emplacement de l’hôpital dans la direction d’Arras
Sa vocation première est d’héberger les pèlerins en bonne santé. La Maladrerie lui a été rattachée au XIIème siècle devant la nécessité d’isoler les lépreux de la population saine et de limiter la propagation de l’endémie. Par lettre patente, en 1698, Louis XIV ordonna la réunion des biens et des revenus de la Madrerie et de la Cauchie avec l’hôpital du Bourg.
Celui ci est fondé au XIIIème siècle par Eustache Gambier. Il reçoit de nombreux dons de princes et de châtelains de l’époque et donc aussi les biens des hôpitaux de la Cauchie et de la Madrerie. C’est alors un établissement caritatif, ouvert aux nécessiteux qu’ils soient malades ou non.
De 1555 à 1838, l’hôpital de Lens est tenu par des religieuses franciscaines de Calais appelées « Sœurs grises » ou « grisonnes » car elles portaient des tenues grises. Elles avaient pour mission officielle : « Soigner les malades, instruire et endoctriner les enfants ». A quelques mètres de l’hospice, rue Bayard, se trouvait d’ailleurs l’école Saint Pacifique où certaines d’entre-elles enseignaient. En 1592, elles se firent construire un couvent près de l’hospice qui regroupa 30 sœurs. En 1866, le préfet du Pas-de-Calais leur rend officiellement hommage pour leur action pendant l’épidémie de choléra. Les sœurs franciscaines resteront au service des malades de Lens jusque dans les années 70.
Les sœurs franciscaines à l’hospice provisoire de Lens après la 1ère Guerre Mondiale
L’hospice est ensuite sous la tutelle du Procureur Général du Conseil d’Artois. A la révolution, en 1790, il est appelé « Hospice de l’Egalité » et n’est tenu que par des civils. Le couvent des sœurs grises est fermé. Quelques années plus tard , les communautés de franciscaines vont renaître et retrouvent leur vocation hospitalière. En 1879, les revenus de l’hospice sont de 34 000 francs dont 25 000 issus de bienfaisances.
C’est le 7 octobre 1900 que le ministre Millerand inaugure le bâtiment situé à l’angle de la rue de Lille. Le bâtiment est simple et fonctionnel : une cour d’entrée précédée d’un logement de portier; sur un côté les locaux de l’administration, de l’économat et la Chapelle. De l’autre côté , les «bâtiments, divisés en deux quariter sont destinés aux vieillards des deux sexes qui ont leur cours spéciales et un jardin de la longueur de l’établissement… où on a établi depuis quelques années une salle de bains ouverte au public». (source : Dictionnaire historique et archéologique du Pas de Calais,1879).
Le 20 décembre 1907, une convention est signée entre Emile Loubet, Président du Comité Central de Secours aux Victimes de la catastrophe de Courrières et Emile Basly, Maire de Lens, Président de la Commission d’administration de l’hospice. Cette convention a pour but d’offrir à l’hospice de Lens quatre lits au profit des veuves de la catastrophe de Courrières qui seront désignées par le Préfet. Elle sera attribuée au titre d’une rente de 2410 francs. Une autre somme de 1008 francs sera consacrée à l’achat de ces lits.
Cet argent provient d’une journée de courses organisée au profit des victimes sur hippodrome d’Auteuil le 5 avril 1906.
En 1910, l’hospice est agrandi, il se situe alors sur un espace entre les rues de l’hospice, Lamendin et du 14 juillet.
Un autre projet d’agrandissement est émis en 1912. Il est estimé à l’époque à 280 000 francs, mais ne verra jamais le jour.
Dès 1914, pour subvenir aux nécessités du conflit et soigner les nombreux blessés, un hôpital auxiliaire est créé dans les locaux des écoles Michelet et Campan, Boulevard des Ecoles.
Pendant la guerre, l’hospice est dirigé par madame Vandewalle. Comme les autres bâtiments de la ville, l’hospice est régulièrement bombardé par les «troupes alliées». Léon Tacquet raconte dans son ouvrage « Dans la fournaise de Lens » (Editions Gauhéria) : «Le 12 janvier 1917, à l’hospice, 5 obus de gros calibre tombés coup sur coup sur la salle des femmes où une vingtaine de malades étaient couchés. Au milieu de cet enfer, les religieuses et les gens de service sont parvenus à enlever les malades et à les porter dans les caves. C’est un vrai miracle qu’il n’y ait eu personne de tué : la partie ouest de l’hôpital est complètement détruite.».
Jusqu’à son évacuation, l’hospice reçoit de nombreux blessés français puis allemands. Le 7 avril 1917, les 32 derniers malades et blessés ont été évacués vers la gare de Billy-Montigny.
A la libération, l’hospice, comme le reste de la ville, n’est plus qu’une ruine.
Photo des archives nationales du Canada (Les Canadiens à Lens Editions YSEC)
Après la 1ère guerre, la Croix Rouge participe à l’implantation de baraquements provisoires à l’emplacement de l’ancien hospice. Ils contenaient 60 lits. La Compagnie des Mines créée aussi des dispensaires où les soins sont aussi assurés par des sœurs.
L’Union des Femmes de France (Société d’Assistance Militaire, Familiale et Sociale fondée en 1881) administre l’Hôpital de Lens dès 1919. Elle y soigne les habitants et distribue du linge et des vêtements aux familles de retour d’exode avec l’aide de la Croix Rouge dont la Présidente à Lens est Madame Cuvelette, épouse du Directeur des Mines.
En 1922, le Ministère des Régions Libérées décide de placer les hôpitaux sous la direction des communes. La ville reprend alors la gestion de l’hospice et ses locaux. Le Docteur Brulant prend la direction de l’hôpital provisoire en remplacement du Docteur Hemery. Il était entré à la Compagnie des Mines de Lens en 1891 comme médecin de la cité 8 et avait mis en place dès 1914 l’hôpital des Mines de Lens.
Entre 1919 et 1930, 9838 malades et blessés sont soignés dans ces baraquements. On y compte aussi 439 naissances. Les derniers malades les quittent le 22 novembre 1930 pour être transférés Route de La Bassée.
Lors de la réunion du Conseil Municipal du 11 octobre 1922, il est décidé construire Route de La Bassée un hôpital plus grand répondant aux besoins de la population. La première pierre fut posée le 28 avril 1926 et l’hôpital inauguré le 23 octobre 1932 par le Député-Maire de Lens Alfred Maës et le Président du Conseil Edouard Herriot. Après la visite du nouvel hôpital, les invités se dirigèrent vers l’école Berthelot ou fut servi un banquet.
Le menu du banquet (document obtenu auprès de Maurice DHEDIN)
Mais dès le samedi 22 novembre 1930 à 13 heures avait commencé le transfert des malades des baraquements provisoires de la rue de l’Hospice vers le nouvel hôpital de la Route de La Bassée. Comme moyen de transport, on utilise les ambulances de la Caisse de Secours mais aussi les voitures particulières de médecins et commerçants lensois.
Monsieur Marchand est alors le « Directeur-Econome » des Hospices Civils de Lens. Dès la semaine suivant le transfert, c’est avec fierté qu’il fait visiter, avec Alfred Maës, Maire de Lens, les nouveaux locaux aux élus des communes avoisinantes, à de nombreux médecins, au Président de la Caisse de Secours et à de nombreuses autres personnalités.
L’entrée de l’hôpital vers 1930
Depuis le Centre Hospitalier de Lens a grandi. Outre le fait que l’on prit en compte le bien-être des malades (disparition des chambres communes au profit des chambres à 2 ou 4 lits ou même individuelles, amélioration des services d’acceuil et de soins, embellissement de l’aspect extérieur par la mise en place de parterres bien fleuris, d’aires de jeu pour les enfants avec mini golf, etc …),
Un hôpital « très agréable »
il s’est enrichi avec la construction du Pavillon de Gériatrie Albert DUROT (1964); en 1968 d’un Institut de Formation en Soins Infirmiers (délocalisée en fin 2005) ….
Vue de l’hôpital vers 1960. La maison de Retraite n’a pas encore pris la place des jardins ouvriers
… en 1971 du Pavillon de l’Enfance; en 1974 du Pavillon de Psychothérapie, en 1979 du Pavillon André DELPLACE abritant le nouveau plateau technique de l’établissement; en 1984 du Pavillon de la Femme puis celui des Spécialités en 1994.En 1996 du Centre des Dépendances « Le Square » est créé puis virent le jour en 1999 de l’Unité de Chirurgie cardiaque de l’Artois et en 2000 de l’Unité de Radiothérapie.
Le CHL est souvent cité en exemple dans la presse ou même à l’ORTF où Etienne Lalou et Igor Barrère y consacrent l’un des dossiers de « Cinq Colonnes à la Une ».
Le Docteur Schaffner et Monsieur Morlé, Directeur du CHL dans les années 60
Le 22 mai 1960, Guy Mollet vint à Lens poser la première pierre de la Maison de Retraite. Située juste à côté de l’hôpital, elle ouvrit ses portes le 30 juin 1964 et pouvait accueillir 200 lits.
Dans les années 90, la maison de Retraite fut rattachée à l’hôpital.
Aujourd’hui, le Centre Hospitalier Ernest SCHAFFNER recouvre 12 hectares, a une capacité de 1150 lits et emploie 2800 personnes (sources site du CHL : http://www.ch-lens.fr/accueil.htm )
On ne peut parler du CHL sans évoquer le nom d’Ernest SCHAFFNER. Le Docteur Schaffner, grand professeur et médecin-chef dès 1929 et pendant de longues années de l’hôpital, fut à l’origine de la reconnaissance de la silicose comme maladie professionnelle (loi du 30 octobre 1946). Il a développé les dispensaires dans les corons et participé grandement à l’extension du Centre Hospitalier.
Les Dispensaires de la fosse 12 (rue Auguste Lefevre) et 14 (Place Cauchy) aujourd’hui
Victime de la radio-dermite, il dut être amputé d’une partie des membres supérieurs. Il fut de 1947 à son décès en 1966 Maire de Lens puis Député.
Dans son livre « Mineur de Fond » Augustin Viseux dit de lui: « Le Docteur Schaffner était d’une sensibilité émouvante. Je verrai cet homme pleurer au pied du lit d’un mourant comme il le fit à mon chevet en janvier 59 où tous me croyaient mort ».
L’hôpital de Lens porte depuis les années 60 le nom d’Ernest Schaffner.
Remerciements : au service « Archives-Documentations » de la ville de Lens
Ce matin vers 5h10, Florencio Avalos, 31 ans, a été le premier mineur chilien à sortir au cours de l’opération de sauvetage à la mine de San Jose. 32 autres vont suivre ce chemin tracé par la nacelle pour retrouver enfin l’air libre, la famille, la vie ….
Photo Reuters
Tous les »chtis » doivent aujourd’hui avoir une pensée pour tous les mineurs du bassin du Nord-Pas de Calais qui, eux, ne sont jamais revenus du trou. De la catastrophe de Courrières en 1906 à celle de Liévin en 1974, combien de mineurs ont laissé leur vie dans ces galeries qui, pour trop d’entre-eux, sont devenues leur tombeau ?
Les rescapés de Méricourt revenus à la surface 20 jours après la catastrophe
Liévin : 27 décembre 1974
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