Le 10 mars 1906, la plus importante catastrophe minière d’Europe, dite catastrophe de Courrières fit officiellement 1.099 morts.
Alors qu’il y a un mois on nous annonçait la candidature du bassin minier au patrimoine mondial de l’UNESCO, la commémoration de ce triste évènement historique sera peut être sensiblement occultée par des préoccupations d’un futur proche.
Même si Beuvry n’est pas directement lié à ce drame, notre devoir de mémoire doit rester intact envers ces victimes, celles de toutes les autres catastrophes minières, mais aussi pour le sacrifice des mineurs de fond (en particulier sur leur santé).
À 6 h 34, le samedi 10 mars 1906, un terrible bruit sourd et une secousse se font sentir en surface des puits de mines, des nuages de poussières sortent des fosses… Un coup de grisou suivi d’un coup de poussière d’une rare violence ravagent en quelques secondes 110 kilomètres de galeries communes aux trois fosses et situées sur les territoires de Billy-Montigny (fosse n° 2 dite Auguste LAVAURS), Méricourt (fosse n° 3 dite LAVALERESSE ou Charles BOCA), Noyelles-sous-Lens et Sallaumines (fosse n° 4/11 dite Sainte-Barbe ou Charles DEROME). Les trois puits de Mines touchés faisaient partie du groupe minier de la société de courrières.
Quelques mineurs parviennent à remonter et à donner l’alerte. Les secours sont organisés rapidement. La nouvelle d’un coup de grisou se répand dans les corons comme une traînée de poudre. Vers les puits sinistrés, c’est aussitôt la course, la ruée d’épouses, de mères, d’enfants et de parents, de mineurs. Devant le carreau des fosses les grilles sont fermées. La foule s’agite, menace d’envahir le carreau de fosse. Les gendarmes ont peine à la contenir.
Quarante-huit heures après la catastrophe, les sapeurs-pompiers de Paris arrivent sur les lieux, épaulés par les sauveteurs des compagnies de la Ruhr qui sont équipés d’appareils respiratoires d’une conception nouvelle. |
Terrible bilan : 1 099 victimes, des familles entières sont décimées.
L’accident fit officiellement 1 099 morts sur près de 1 800 mineurs descendus ce jour-là.
Mais le bilan réel est probablement supérieur en raison de la présence de travailleurs « irréguliers » dont le décès n’a pas été imputé à cet accident. Pris au piège, la plupart des ouvriers sont morts asphyxiés ou brûlés par les nuées ardentes de gaz toxiques.
En fin de journée, seulement 576 mineurs étaient parvenus à s’échapper de la catastrophe.
Treize rescapés seront remontés le 30 mars du puits N°2 de Billy-Montigny, après 20 jours d’errance au fond de la mine, et un dernier le 4 avril, soit 25 jours après la catastrophe. Il n’y aura pas d’autres rescapés !
À ces pertes il faut ajouter le décès d’au moins seize sauveteurs. |
Pourquoi une telle catastrophe ?
Deux causes essentielles expliqueraient le désastre : le coup de grisou et le coup de poussière.
Le grisou est un gaz composé essentiellement de méthane. Il présente un énorme risque à cause de son caractère explosif au contact d’une étincelle (on a mis en cause l’utilisation des lampes à feu nu).
Le coup de poussière correspond à l’inflammation violente de grandes quantités de poussière de charbon en suspension. Cette combustion très rapide se propage et engendre avec elle une surpression et une explosion.
Cette catastrophe serait due à la combinaison de ces deux phénomènes.
Par ailleurs, la compagnie minière avait pratiqué d’importants travaux pour réaliser l’interconnexion entre ses différents puits. Ce dispositif, sensé permettre l’évacuation des mineurs, entraîna la propagation de l’incendie dans les différentes fosses.
Plus jamais ça !
Cette catastrophe fut suivie de nombreuses polémiques. On accusait la compagnie de Courrières d’avoir poursuivi l’exploitation de la mine alors qu’un incendie, découvert trois jours plus tôt, n’avait pas encore été complètement maîtrisé. La gestion de la crise fut également critiquée, notamment la décision de l’ingénieur en chef des mines, de stopper les recherches d’éventuels rescapés, trois jours seulement après l’explosion. Des manifestations et des grèves, éclatèrent. Ce mouvement social déboucha sur l’instauration du repos hebdomadaire. De plus, la catastrophe a entraîné des actions de prévention avec en particulier des sessions de formation. En 1907, le premier poste central de secours du bassin Nord-Pas-de-Calais est créé à Liévin. On y forme des équipes spécialisées de sauveteurs et on y étudie les risques dus au grisou et au poussier. Les lampes à feu nu sont bannies au profit des lampes dites de sûreté (lampes Davy). |
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