Sur la place pavée, le marché bat son plein…
Toutes les ménagères, leurs maris s’ils sont rentrés du travail, leurs enfants si ce fameux marché est un jeudi, se rendent sur les deux places de notre commune.
Là, de 14 h. à 19 h., les acheteurs défilent, non par centaines, nous serions trop modestes, mais par milliers, formant une foule bariolée et grouillante. A côté des Français déambulent, plus nombreux encore : Polonais, Tchèques, Nord-Africains, Italiens, Belges…
Et les forains s’époumonent. Et les acheteurs s’affairent. Et les billets bleus, reçus si allègrement ce matin, valsent, valsent, une danse éperdue qui donne aux marchands, venus quelquefois de très loin, de Paris, de Rouen, de Dijon même, un « bagout » intarissable et un sourire toujours épanoui. Mais ce soir, les ménagères songeuses feront le bilan de leurs dépenses !
Quatre à cinq heures durant, les commerçants vantent leur camelote, et, crédules, les acheteurs se laissent tenter et emportent des sacs à provisions pleins à craquer, dans lesquels le café tient la place d’honneur. Après cette demi-journée de va-et-vient, au milieu des cris et des rires, il fera bon déguster, avec quelques voisines, dans la petite maison au carrelage net, aux vitres brillantes, une bonne tasse de ce délicieux café comme seules les femmes de chez nous savent en faire.
Si vous n’êtes pas convaincus, venez donc faire un tour chez nous un jour de quinzaine. Vous serez accueillis de façon charmante. Nos mamans ne manqueront pas de vous verser bien vite « une petite goutte de café » afin de vous réconforter. Peut-être apprendrez-vous à chanter aussi :
Le mineur pensionné
Depuis plusieurs mois, ses cinquante ans sont sonnés. C’est fini ! le vieil ouvrier ne reverra plus le fond de la mine. Quel changement ! C’est une nouvelle vie qui commence. Il est tout perdu. A l’heure où il partait au travail, on le voit souvent sur le seuil de la porte, regardant passer ceux dont la carrière n’est pas terminée. De temps en temps, il en interpelle un dans son patois :
« Eh ! j’Gusss, in sin va gagner s’croute !» (1)
Pour passer le temps, l’après-midi, il joue aux cartes avec d’autres camarades pensionnés. Il demande des nouvelles de ceux qu’il ne voit plus. Il raconte les éboulements qu’il a vus et où il a failli être enseveli. Il raconte aussi, qu’un jour, s’étant absenté pour maladie, l’ouvrier qui le remplaçait a été tué.
Il retrace sa vie laborieuse. Sous son costume de toile bleue, il se redresse fièrement en disant : « C’est avec ce costume que j’ai rempli tout mon devoir ! »
Ecole de filles de Basly,
Loos-en-Gohelle.
Le certificat d’études
Nous voici déjà arrivées à la veille de l’examen. Les vingt candidates sont très énervées et font déjà des projets pour les jours qui suivent. Elles rendent leurs livres, les unes avec regret, les autres avec soulagement. Mercredi matin, une candidate était absente : la nuit, le docteur avait dû faire une piqûre de pénicilline à Jessie Brongniart ; ses compagnes avaient les larmes aux yeux. Enfin, la camionnette emmena la petite troupe à Liévin. Le soir, nous attendions avec impatience le retour de nos camarades. De loin, on entendit des refrains entraînants et l’on vit soudain s’agiter des drapeaux. Nous devinions qu’il n’y avait pas d’échec.
Le lendemain, de bonne heure, on vit les joyeuses lauréates parcourir les rues et écrire sur les murs : « Vive Madame Boucis ».
Dans l’après-midi, elles vinrent toutes en chœur remercier les maîtresses de l’école, en chantant :
Au certificat d’études,
Monsieur l’Inspecteur a dit :
Remettez votre cahier, votre cahier, votre cahier,
Et remettez votre cahier,
Vous avez bien travaillé !
Zim boum ira la-la-la (bis)
Fous avez bien travaillé !
Ecole de filles,
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